Fanfic que je publie sur twilonger et que je publie enfin ici :) Elle est censée se passer dans l'univers d'Aventures -où je prends mes libertés, haha- bien plus tard. Et elle est dédiée à Elwensa, ma manière de dire que j'aime ses dessins ^^ je vous conseille d'aller voir ce qu'elle fait sur son twitter ou deviantart 3

bref bonne lecture !

La jeune fille restait aux aguets, prêtant la moindre attention à tout bruit suspect. La forêt était dense, s'y perdre était monnaie courant. Sans compter les multiples dangers qui y résidaient, des bêtes sauvages et autres monstres qui attaquaient tous les humains osant s'aventurer ici.

Autrement dit, l'endroit parfait pour s'entrainer.

Elle banda son arc et leva la tête, observant les arbres entre ses cheveux blonds. Il était tout près, elle l'avait entendu. Elle avança prudemment, tout en étant sûre d'elle. Elle était peut-être jeune, mais pas inexpérimenté ! Au contraire. Et il le fallait bien, si elle voulait un jour être aussi forte que son idole, dont les actes héroïques étaient connus de tout le royaume.

Elle l'avait rencontré la première fois lorsqu'il lui avait sauvé la vie, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Se promenant dans une des villes du royaume, il avait fallu d'une seconde d'inattention à ses tuteurs pour qu'elle ne disparaisse, enlevée par des kidnappeurs. Après tout, c'était vrai qu'elle restait une princesse elfique… et il était apparu, tout de rouge vêtu, entre des flammes, comme les rumeurs disaient à son sujet. Encore trop jeune, elle n'avait que des souvenirs flous de cet évènement. Mais elle se rappelait nettement qu'il avait posé sa veste rouge sur ses épaules, et l'avait ramené au château, en la tenant dans ses bras.

Depuis, elle était décidée à ce qu'il soit fier de lui avoir permis de continuer à vivre. Et un jour, le peuple ferait ses louanges, autant qu'il faisait les siennes !

Un « crack » interrompit ses pensées, et Elwensa se figea sur place. Distraite, elle avait marché sur une branche, et, évidemment, la créature l'avait entendu. Et il l'a vit. Elle n'avait plus beaucoup de temps pour réagir, elle allait lui foncer dessus. Pour la dévorer. Et Elwensa n'avait pas spécialement envie de servir de repas.

Elle courut dans le sens inverse, slalomant entre les arbres, et sortit sa courte épée de son fourreau. Mais elle sentant les vibrations que la bête faisait en se déplaçant, elle sut que ça ne suffirait pas. L'elfe ne s'était pas attendue à ça ! Ces créatures-là n'approchaient jamais autant des habitations humaines !

La chose était entièrement verte, se confondant avec le décor, et ressemblait à un insecte, mais de deux mètres. Un corps tout en exosquelette, elle avait une petite tête avec des antennes et de gros yeux noirs : une bouche monstrueuse, d'où sortait sa bave acide. Deux pinces aux jointures de la bouche étaient prêtes à mordre sa prochaine victime. Ainsi que ses 2 longs bras et ses 4 pattes, fins et coupants comme des rasoirs, qui la cherchaient.

En bref, elle était en très mauvaise posture. Mais fuir ne servirait à rien, l'insecte était trop rapide. Elle allait devoir y faire face. Elwensa ferma les yeux et inspira, se concentrant. Elle connaissait le point faible de ces créatures, mais elle n'aurait malheureusement qu'une seule chance. Et elle n'était pas décidée à mourir aujourd'hui.

Elle passa entre les arbres, cherchant un bon emplacement pour lui sauter dessus. Elle n'avait que très peu de temps pour réfléchir, la bête l'ayant déjà repérée. Celle-ci finit justement par arriver droit en sa direction, ne lui laissant plus le temps d'hésiter. En une fraction de seconde, elle sauta contre un tronc grâce à son agilité d'elfe, pour prendre de l'élan et se retrouvait au-dessus de l'insecte géant. Et d'un grand coup, enfonça son épée dans la tête du monstre.

Elle retomba en roulé-boulé dans l'herbe, tout près des racines d'un arbre. Allongée, elle tourna la tête, et ses yeux s'agrandirent, tandis que le reste de son corps se figea.

La créature bougeait encore.

Son épée n'était pas assez loin dans son crâne pour la blesser mortellement. Et la bête fonça sur elle, emplit sans doute d'un sentiment de vengeance. Si cette dernière pouvait en ressentir, des sentiments…

C'était la fin.

Par un réflexe idiot, elle ferma les yeux, le nez dans l'herbe et attendit que la mort arrive, les mains sur sa tête.

Mais rien ne se passa. Pas pour elle en tout cas. Un cria atroce déchira le ciel, et ses paupières se relevèrent d'elle-même. Et Elwensa eut bien du mal à croire ce qu'elle voyait.

Un homme se tenait sur la créature au sol, visiblement morte, puisqu'elle avait changé de couleur pour du noir. L'odeur infecte de brûlé qui emplissait ses narines ne laissait aucun doute sur la cause de sa mort. Mais la jeune elfe ne portait aucune attention à la chose. Non, elle ne voyait que ce sauveur, tout de rouge vêtu. Ses cheveux bruns et sa barbe étaient plus longues, mais c'était bien lui. Celui dont on parlait tant dans le royaume, celui qui lui avait sauvé la vie –et qui venait de le faire pour la deuxième fois-, l'idole qu'elle admirait depuis l'enfance…

Il descendit du corps de l'insecte, et s'avança vers elle, pour s'accroupir à son niveau.

-Tu vas bien ? demanda-t-il d'une voix inquiète, en lui tendant la main.

Balthazar Octavius Barnabé, dit B.o.b.

-Merci, mais vous pouvez partir.

Bob restait de marbre, hormis son regard, qui ne pouvait cacher son antipathie envers cet homme. Il le connaissait bien, trop bien : son air hautain n'avait quitté ses souvenirs. Dans ses habits chics de châtelain, et de sa voix autoritaire de chef d'un pays. Il ne voulait que le meilleur pour son peuple, il le savait, mais malgré ça… non, lui et Bob n'avaient pu s'apprécier, clairement. Car pour lui, en vu de son statut de demi-démon, il était une menace.

-Vous savez, dit-il de son calme et nonchalement, je n'aurai pas à intervenir si vous saviez prendre soin d'elle.

Il jouait discraitement avec un crâne décoratif posé sur la lourde table ronde en bois, tout en évitant son regard. Cette pièce servait de réunion pour les nombreux tuteurs, il le savait. C'étaient sur ces chaises que se prenaient toutes les décisions importantes. Et c'était ici qu'il avait gardé le souvenir le plus douloureux de sa vie. Ses décors lui rappelaient bien trop de choses.

-Nous avions une promesse, lui rappela l'autre homme.

Il releva la tête, et une légère lueur rouge passa dans ses yeux foncés. Non, ça non plus, il ne l'avait jamais oublié. Comment aurait-il pu ?

-Je sais mais, eut juste le temps de dire le demi-démon.

-Non Balthazar, l'arrêta-t-il, nous savons tous les deux que vous restez dans ce pays pour elle. Que vous la surveillez en cachette.

Il grimaça. Il n'aimait pas se faire interrompre. Et encore moins qu'on découvre ses « plans » aussi facilement. Evidemment qu'il veillait sur elle, de loin, mais malgré les histoires des petites gens sur sa personne, il s'était pensé discret. Après tout, il avait réussi à cacher son côté démon, jusqu'à qu'il n'y ait qu'une poignée de personnes au courant. Mais visiblement, le royaume avait des espions partout.

-Parce que je connais votre incompétence, sourit gentiment Bob, et votre princesse serait morte par deux fois si je n'avais rien fait.

Le chef du pays ne parut pas apprécier cette remarque, sûrement parce qu'il avait justement raison. Il continua de sourire sous le regard désapprobateur de l'autre.

-Et c'est votre faute, accusa-t-il, vous lui avez donné des idées stupides, d'aventures inutilement dangereuses…

-Eh bien, déclara Bob malicieux en soutenant son regard, comme on dit : tel père, telle fille.

Un léger silence suivit sa maxime. Il voyait bien que son interlocuteur tentait de retenir ses insultes. Oh non, ils ne s'aimaient pas du tout.

-C'est une future reine. Elle ne peut pas se le permettre.

-Oui, je pars, comprit-il sans qu'il le dise, c'était notre promesse non ? il y a 16 ans ? Je devais rester loin d'elle.

Il lui tourna le dos. Observant la porte ouverte, devant lui. Le chemin était tout tracé. Comme il y a tant d'années.

-Et en échange, termina Bob, vous ne lui diriez jamais que je suis son père.

Et le semi-démon quitta la salle. Sans un au revoir. Comme la dernière fois.

C'était une grande chambre, que n'importe qui aurait trouvé démesuré. Mais tout y était décoré avec une certaine affection. Les murs en pierre étaient remplis de dessins, et les étagères de livres visiblement anciens, ainsi que des armes, mais qui semblaient surtout décoratives. La seule fenêtre était couverte d'un épais rideau, rouge vif, comme le personnage qui semblait lui-aussi vivre dans cette chambre. En tout cas, grâce à l'imagination de la jeune fille qui dormait dans ces lieux.

C'était lui, que les dessins représentaient principalement, aux côtés des cartes illustrant le monde. Et hormis la pierre et le bois, la chambre ne possédait que de deux couleurs rouges ou or. Comme l'alliance inconsciente d'un duo. Tout inspirait à partir à l'aventure, et tout montrait l'impossibilité à le faire. Car les seuls souvenirs d'aventure n'étaient qu'imaginatifs.

C'était bien la chambre d'une adolescente, qui, malgré tout, semblait parfaitement heureuse en cet instant. Elle avait un sourire aussi grand qu'un croissant de lune, et ses yeux brillaient à mesure qu'elle racontait de ce qui lui était arrivé.

-Et il était impressionnant ! déclara Elwensa pleine d'admiration.

Incapable de rester en place sur sa chaise, elle donnait quelques difficultés à sa servante debout dans son dos. Celle-ci essayait vainement de coiffer ses longs cheveux blonds.

-Vous pourriez cesser de vous agiter princesse ?

-Vous croyez que je pourrais le revoir ? questionna-t-elle en ignorant cordialement sa question.

La brosse s'arrêta sur le haut de sa tête. Etonnée, la princesse leva les yeux.

-Je ne sais pas Elwensa, répondit la femme sincèrement, ce n'est pas genre d'homme à rester très longtemps au même endroit.

La princesse elfe baissa les yeux, se repliant légèrement sur elle-même. Elle avait tant de fois rêver de ce moment et… ! Elle soupira, et se mit à observer ses mains d'un air absent. Et son corps recouvert d'une robe qui ne lui convenait pas. Oh, bien sûr, quiconque l'aurait vu dans ces jolis vêtements, vêtu telle la princesse elfe qu'elle était, n'aurait cessé de lui faire des louanges. Sauf que ce n'était pas elle, ça.

Depuis son enfance, aussi loin que remontait ses souvenirs, on ne lui parlait que de ce trône auquel elle était destinée. Etant fille unique, elle était la dernière de la lignée. Pour l'instant, le pays était dirigé par ses tuteurs, qui s'en occupaient le temps qu'elle ait l'âge requis. Et cette date se rapprochait dangereusement.

Elle aurait aimé avoir des parents, pour la guider, malheureusement, Elwensa ne les avait jamais connus. Sa mère et son père étaient tout morts peu après sa naissance. De sa mère la reine elfique, ses tuteurs en parlaient souvent, ainsi que son propre peuple. Ils la désignaient toujours comme un être plein de bonté, sage et patient.

Mais ils ne parlaient jamais de son père, jamais. Elle avait évidemment posé des questions, mais on lui offrait toujours la même réponse : « c'était un homme bon qui aimait sincèrement ta mère, c'est tout ce que tu dois savoir ». Elle n'en avait jamais su plus.

-Mais si vous vous dépêchez Elwensa, finit par lui dire sa servante, vous pourriez peut-être le rattraper.

Le sourire de la jeune fille revint soudainement, ainsi que son enthousiasme, et elle sauta sur ses pieds sans hésiter. Tirant sur sa robe pour lui permettre de courir, elle quitta précipitamment sa chambre. Sous les yeux bienveillants de l'autre femme.

Evidemment, elle avait reçu des ordres, de la retenir autant que possible, mais pouvait-on vraiment interdire à une fille de voir son père ?

Chaque pierre le ramenait dans un passé révolu. Ces murs gardaient des souvenirs heureux, mais qui lui semblaient bien tristes à présent. Tout ça l'emplissait d'une profonde mélancolie, et il avait bien hâte de s'en aller, pour quitter cet état. Ce dernier n'était si désagréable, mais cela lui rappelait également des regrets, et des remords. Sa place n'était plus ici, et ce depuis longtemps.

Mais au moment de tourner à un couloir, une voix le stoppa. Une voix qu'il reconnut. C'était presque une évidence, qu'il ne pouvait pas lui échapper, n'est-ce pas ? Pas sans un au revoir. Pas cette fois.

Il lui fit face, et eut l'impression de voir un fantôme. Une femme, belle comme le jour et la gentillesse même. Qui l'avait accueilli, dans son pays et dans son cœur, malgré tout ce qui pouvait les opposer. Et qui l'avait quitté, le jour qui aurait dû être le plus beau de leur vie.

Le jour de la naissance de leur fille.

-Balthazar ? répéta Elwensa.

Elle était maintenant devant lui, et la fixait de ses yeux innocents. Qui étaient pourtant identiques aux siens, où l'innocence pour lui n'avait vraiment existé.

-Oui princesse ? répondit-il poliment, en s'inclinant légèrement.

-Je…

Elle détourna les yeux, hésitant, visiblement. Elle enroulait ses yeux, près du corps, nerveuse. Puis elle le regarda de nouveau, un peu plus sûre d'elle.

-Je voulais vous remercier. De m'avoir sauvé.

-C'est normal.

Il ne rajouta rien d'autre. Il ne devait pas rester trop longtemps ici, il aurait déjà dû partir. Et si on les surprenait ? Tous les servants étaient bien sûr au courant que Bob n'avait pas le droit de discuter avec la jeune princesse. Même en ignorant la raison exacte de cette interdiction.

-Je dois partir, pressa-t-il, c'était un…

Elwensa ne le laissa pas finir, se blottissant brusquement contre lui. Surprit en premier lieu, il sourit tendrement, et l'entoura de ses bras. Le temps leur parut à tous les deux long, et très court. Mais puisqu'il le devait, Bob s'écarta, et frotta affectueusement les cheveux de la jeune fille.

-Tu es quelqu'un de bien Elwensa, un jour tu feras de grandes choses. Et un jour tu seras une reine mémorable.

Il détestait les adieux, et se dit malgré sa promesse qu'ils se reverraient un jour. Car imaginer le contraire serait trop dur. Insupportable.

-Reste comme tu es, fut son dernier conseil.

Il posa une main sur son épaule, lui offrant un sourire, qu'elle ne parut pas comprendre, et il fit volteface. Il sentait son regard toujours sur lui, et il tenta de garder son sourire.

Oh ma tendre Gwendoline, songea-t-il, si tu pouvais voir notre fille.

Elle te ressemble tant.

Que j'ai en mal.