Titre : Cœurs Sauvages
Auteur : KimieVII
Genre : shônen-ai
Rating : T
Source : Final Fantasy VII.
Couple : L'un des prénoms commence par Z et l'autre se termine par D... Oh allez, un petit effort voyons ! Zack&Cloud of course !
AU : Univers comparable au japon féodal. A quelques détails près. Aucun lien avec FFVII par contre.
Beta reader : je cherche une bonne âme disponible é.è
Disclaimer : Les personnages et l'univers sont la propriété de Square Enix. L'idée m'a été inspirée par les doujinshi Rinka et Karma, ainsi que les illustrations du mois de Mars et d' Avril du calendrier 2008/2009 de Ryô Akizuki - Yûbinbasya.
Il s'agit d'une histoire que j'écris pour mon propre contentement et dans le simple but de divertir. Je ne tente en aucun cas de m'approprier les droits d'auteurs ou de faire de l'argent sur cette fiction.
Notes : Me voilà avec une nouvelle fiction. Comme dit un peu plus haut, il s'agit d'un alternate universe se déroulant dans un univers comparable au japon féodal. Je tiens vraiment à dire que je n'ai aucun mérite pour le thème de cette fiction, car l'idée m'a été inspirée par les oeuvres citées un peu plus haut de Ryô Akizuki. Ce n'est donc pas moi qui ait eu l'idée originale de faire une histoire sur Zack et Cloud à l'époque Edô et tout le mérite revient à cette grande auteur. Malgré avoir précisé ceci, je ne me sens pas à l'aise de pomper ainsi chez les autres. Même si mon histoire n'a rien à voir avec ce qu'elle a écrit(encore heureux. J'ai quand même mes idées à moi !), elle reprend tout de même les thèmes d'un japon médiéval et de Zack et Cloud associés au chien et au renard. Et reprendre ainsi les idées des autres me fait énormément culpabiliser... J'avais cependant très envie de publier cette fiction, et c'est en tombant sur une fiction anglaise (tout bonnement magnifique) qui reprenait également la période d'Edô pour faire évoluer Zack et Cloud que je me suis finalement décidée à publier la mienne. Et ce qui est fait est fait.
Je précise enfin qu'il s'agit d'une courte fiction qui ne dépassera probablement pas les cinq chapitres. Raison pour laquelle je me permets de la publier alors que je n'ai pas encore fini mes oeuvres en cours. Merci maintenant à vous si vous prenez la peine de vous attarder sur ce premier chapitre. Je vous en serai très reconnaissante. Par contre, je n'ai encore aucune idée de combien de temps il va me falloir pour poster le chapitre deux. Je suis cependant très motivée (surtout parce qu'elle est courte en fait -teuheu-) pour cette fiction alors j'ose espérer que la suite ne tardera pas trop. Merci pour votre lecture et excusez-moi pour les fautes que je sais présentes malgré ma relecture x.x
Quelques mots de vocabulaires (définition sommaire) :
zōri : Sandales en paille de riz.
Yukata et kimono : Vêtements de tous les jours portés par les japonais avant l'occidentalisation. Le yukata est plus léger que le kimono et est plutôt porté en été.
Sashimi : Tranche de poisson cru.
Cœurs Sauvages
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xXx
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Un cri au crépuscule d'une battue.
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« "Il est là !"
"Tu es sûr ?"
"J'ai vu quelque chose bouger dans ces buissons !"
"Hé ! Il a fui par là, venez !" »
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Les cris, hauts et forts, irrespectueux, réveillaient toute la sylve. Les lueurs incandescentes dansaient entre les branches et les feuilles parées de leur chaude tenue d'automne. Et à mesure que le lourd son du martèlement du sol par une vingtaine de zōri s'éloignait, plus l'éther se faisait noir, étouffant tous sons et mouvements dans un silence immobile, rampant entre les souches et figeant dans son obscurité les derniers fourmillements de la brune. La forêt et toute la vie qu'elle abritait entre ses nombreux et touffus arbustes, entre ses hauts et solennels troncs, reprenaient leurs droits. Les couleurs s'effaçaient jusqu'à ce que la dernière torche au vacillant feu follet ne puisse plus que se confondre avec l'une des myriades de lucioles de la voûte opalescente. La nuit et le silence étaient tombés, les cris dissipés. Pourtant, la tanière de mousse grouillait de vie.
Au loin, il pouvait entendre le tintement régulier des gouttes qui frappaient la roche d'une caverne humide, le coassement sourd d'une grenouille, le bruissement fragile d'un mille-pattes et le vif battement d'ailes d'un héron cendré qui venait de prendre son envol. De tous ces faibles murmures, les violents cris étrangers avaient piqué son ouïe, revêtant ainsi la cause de ce qui l'avait appâté hors de chez lui, et alors déclencheurs à son insu de l'écoulement du ruisseau qu'était son destin. Maintenant plus rien ne pouvait arrêter celui-ci jusqu'à sa proche embouchure, emportant avec lui l'innocente créature qui allait plonger dans son paisible lit. Tout en déambulant entre des centaines d'inquiétants point lumineux le guettant dans leurs retranchements, il continuait de chercher. S'évertuant à cette pressante tâche car il pouvait toujours la sentir, cette peur qui se tapissait dans un recoin de ce sanctuaire végétal. Un cri de détresse errait entre ces hauts pieds rugueux, et il était bien décidé à trouver qui pouvait bien se recroqueviller d'effroi dans leur ombre et pourquoi. Le hululement d'une chouette l'amena soudain à lever la tête. Fausse alerte, rien d'offensif. Mais il valait mieux rester prudent, le danger guettait à tout instant en terrain sauvage. Encore accrût lorsque l'obscurité posait ses droits sur le domaine. Il continua donc sa prospection.
Quelques pas de velours sur le sol sec et tapissé. Son museau devant un petit buisson. Il avait senti, c'était de là qu'émanait ce sentiment incroyablement frénétique de peur. Durant quelques secondes, il resta immobile devant la luxuriante broussaille et rien ne bougea autour de lui tout le long de cet instant. Il passa donc à un mouvement plus présomptueux et enfonça sa truffe un peu plus loin à l'intérieur du végétal. Un mouvement inconfortable non loin de lui suivit aussitôt cette initiative. Devant ses deux yeux luisants se tenait un jeune renard, replié sur lui-même dans une position de défense face à l'intrus. Ses babines le menaçaient, retroussées devant une multitude de petites dents bien aiguisées, et bien que la bête montrait des crocs et sifflait ou crachait pour tenter d'intimider son ennemi, ses prunelles averties et les tremblements qui parcouraient tout son émacié petit corps trahissaient un affolement et une paralysation sans pareille. Cependant, le jeune chien au doux pelage bistre se confondant avec l'horizon à cette heure, bien loin d'être intimidé par la pauvre créature figée de terreur, daigna s'approcher un peu plus. Ce fut le pas de trop. Ne pouvant en supporter d'avantage, le jeune renard n'écouta que sa frayeur et prit la fuite avant que son pisteur n'ait eu le temps d'en faire un de plus. En baissant les yeux dans le nid désormais désert où l'animal avait trouvé refuge, il découvrit quelques tâches sombres maculant des brindilles fendues .
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Du sang.
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La créature canine ne s'était pas trompé, le jeune animal était blessé, raison pour laquelle il se devait de le retrouver le plus rapidement possible. Il s'élança donc dans la direction vers laquelle la créature au fauve pelage roux et neige avait disparu, et tout en remontant un chemin parsemé de quelques taches pourpres à divers endroits, guidé par ce sang frais, il retrouva rapidement sa trace.
Le jeune paniqué était bien mal en point et pouvait à peine marcher. Allongé de fatigue sur le sentier, il semblait crispé de douleur et tremblait comme une feuille ballotée dans le vent d'hiver. Son petit coeur se cognant sans répit à un rythme endiablé contre sa poitrine, il avait trop mal pour bouger, pour fuir. Alors que son poursuiveur se rapprochait inexorablement de lui, il cacha le monde à sa vue, trop apeuré pour lui faire face.
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C'était la fin.
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Les diffuses formes et couleurs de la nuit regagnèrent cependant au trot son champ de vision, lorsque, étonné, il sentit un doux lapement contre sa patte droite au lieu de canines s'enfoncer dans sa chair. Le chien qui l'avait poursuivi se tenait près de lui, la gueule penchée contre sa patte cassée et sa langue léchant la plaie qu'il s'était faite à cet endroit avec beaucoup de douceur et d'application. Pour le moins déstabilisé sur le moment, le renard se laissa cependant faire tout en dévisageant ce curieux poursuivant. C'était un bel animal d'une taille et d'une carrure raisonnable. Sa silhouette ressemblait beaucoup à celle d'un loup à ceci près qu'il était tout de même plus petit que ces redoutables solitaires. Son pelage était d'un beau noir cendré qui luisait sous les rayons de la lune. Quant à ses iris, ils semblaient détenir une forme d'aura réconfortante dans ce mélange d'étincelles de malice, d'étoiles d'entrain et de croissants d'affection. Le petit renard n'aurait su dire pourquoi, mais il lui semblait percevoir un souffle inoffensif émanant de ce chien qui le mettait à l'aise. Curieux paradoxe avec ce qui lui tirait douloureusement les entrailles, la présence de l'autre le réconfortait presque. Pouvait-il se sentir protégé par sa présence ? Cela seul malheureusement ne suffisait pas à obtenir la confiance du fuyard. Il ne savait toujours pas ce que la bête lui voulait, ni si elle ne lui ferait pas le moindre mal. Cependant, le chien s'était maintenant allongé à son côté et sa langue avait quitté la plaie désormais propre pour laper le haut de son cou dans un geste affectueux. Le résultat attendu par ces caresses réconfortantes ne tarda pas à pointer le bout de son nez quand le renardeau se roula instinctivement d'épuisement en boule contre sa gorge, et s'endormit en silence entre ses pattes. Visiblement, les simples et tranquillisants coups de langue berceurs avaient gagné la confiance du petiot, enfin assuré qu'il n'était plus en danger. Avec un regard soulagé, le jeune chien posa sa tête sur le dos de son nouveau protégé pour lui tenir chaud et ferma les yeux. Il ne s'endormit pas pour autant, à l'affut du moindre bruit suspect, prêt à bondir pour sauver leur peau.
Lorsque les chauds et doux rayons lumineux caressèrent son visage à travers un feuillage cramoisi, le terrifié fugitif de la nuit précédente souleva lentement ses paupières avant de bâiller un peu. Conscient du poids qui l'enveloppait dans un souci de protection, il leva les yeux sur l'inconnu, toujours présent. Celui-ci semblait toujours dormir, ses bras entourés autour de son dos et sa tête au-dessus de la sienne. Il se rendit alors compte que lui-même agrippait de ses mains le yukata bleu pâle du jeune homme. Ce n'était en effet plus contre un chien qu'il se retrouvait blotti, mais contre un bel homme aux alentours de ses vingt ans, la chevelure aussi ombragée qu'une feuille entièrement recouverte d'encre, hérissée de mèches qui chatouillaient la naissance de sa nuque et de son front. Toute cette harmonieuse et élégante silhouette, aux formes amples et à l'allure aussi solide que la carrure de ses poursuivants, vêtue d'un simple yukata et d'un sabre présentement masqué par le fourreau qui reposait sur sa hanche droite.
Lui-même avait retrouvé apparence humaine et avait troqué son beau pelage cuivré pour une peau pâle et nacré, des cheveux ensoleillés tout aussi échevelés de mèches sauvages, et une pièce de tissu beige. Maladroitement, il tenta de se relever et cria légèrement de douleur lorsqu'il utilisa son poignet cassé pour appui. Le gémissement, bien que très faible, suffit à titiller le sommeil de l'autre homme qui ouvrit les yeux à son tour.
"Tu es réveillé ?", lui sourit-il chaleureusement.
Le jeune blond ne répondit rien et se contenta de fixer son poignet douloureux. Instantanément, le second comprit et se leva lui-même avant de tendre une main au blessé pour l'aider à faire de même. La seule réponse qu'il reçut du farouche garçon se révéla une morsure à l'un de ses doigts. L'hémoglobine s'évada en une fine bille écarlate qui sillonna jusqu'à l'extrémité de l'ongle, s'éclata sur ses lèvres, roula contre la canine coupable et mourut sur le sol poussiéreux.
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Réagi.
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Il n'avait pas réagi. Pas même poussé un cri ou frémit lorsque sa peau avait été déchirée et ses nerfs tourmentés. Au lieu de cela, il le regardait avec un croissant à la place des lèvres. Une courbe qui l'invitait à ne pas le craindre. Car aucun de ses gestes n'évoquait l'hostilité ou la menace. La main fut alors acceptée par une autre, plus timide et surtout repentante, son propriétaire terriblement confus. Le croissant s'élargit et la poigne se raffermit, scellant la confidence. En moins de deux, les deux hommes se retrouvèrent tous deux sur leurs pieds. Le brun examina alors celui qu'il avait chercher la veille et s'exclama sympathiquement.
"Tu es dans un état déplorable ! N'aurais-tu rien mangé depuis des jours ? Et regardez-moi ce kimono ! Tout sale et déchiré. Il faut aussi qu'on s'occupe de ton poignet. Ma résidence n'est pas très loin, laisse-moi t'y conduire."
Et ceci dit, il prit la main qui ne faisait pas souffrir le blond dans la sienne et l'entraîna à travers bois à un rythme rapide. Emporté par cette rivière d'occurrences qui ne lui laissait pas même le choix, le rescapé qui semblait dans ses dernières années d'adolescence se laissa conduire sans protester, plutôt surpris par le comportement de l'étranger. Pourquoi faisait-il tout cela pour lui ? Il ne le connaissait même pas !
Il était vrai qu'ils ne se connaissaient pas. Et pourtant, il lui semblait qu'un courant, un lien infime les nouait malgré eux. Quelle était la nature de ce ruban ? Il n'aurait su le dire. Tout comme il ignorait comment expliquer cela mais l'homme qui l'attirait vers sa maison ne lui paraissait pas tant que cela un étranger. Il ne fallait pas non plus oublier cette confiance et ce sentiment de réconfort qu'il avait presque glissé naturellement en lui. Mais surtout, et c'était probablement ce qui aurait dû l'intriguer le plus, ni lui ni l'autre n'avaient eu l'air surpris de se découvrir sous leur forme humaine. Comme s'ils avaient toujours su et compris au moment où ils s'étaient rencontrés qu'ils appartenaient à la même espèce. Et pour tout cela, il se convainquit que rien ne semblait plus évident que de suivre cet homme chez lui en cet instant.
Ils arrivèrent rapidement devant l'immense demeure du chien de la veille. Située en pleine forêt, elle était tellement grande que le blond se frotta à plusieurs reprises les yeux pour être certain qu'il ne s'agissait pas d'une illusion. Un magnifique jardin peuplé de cerisiers, d'érables et de pins entourait la demeure qui se constituait de quatre grands pavillons reliés par des corridors couverts au centre desquels se tenait un bâtiment central. Derrière la résidence, devant la pièce principale, se tenait un lac recouvert de petites îles liées entre elles par des ponts de bois. Tous très plats et simples à l'exception d'un, exagérément arqué, vernis de rouge et dont la rambarde avait été sculptée en de gracieuses figures d'ornementation, ils formaient tous un engageant dédale entre les exquis rejetons de la flore aquatique de ce jardin d'eau. Le pont le plus tape à l'œil était sans nul doute le plus important, car il reliait le plus large des lopins de terre du lac à la berge. Et tout autour de ce reposant circuit aqueux, les arbustes et les végétaux, dans leurs tons les plus sanglants, chantaient par les voix des nombreux oiseaux qui les peuplaient, tous guidés par le mélodieux chant d'un rossignol sur une branche lointaine.
Devant d'un tel panorama, la seule pensée qui traversa l'esprit de l'invité en ces lieux, embrumé par tant de splendeur, demeurait que l'homme qui l'avait trouvé devait être immensément riche pour posséder une telle habitation. Cependant, il n'osa pas poser la question et se contenta de le suivre à l'intérieur de l'imposante maison.
"Le bain est par ici. Dois-je t'accompagner ?"
Devant l'éhontée proposition du brun, l'adolescent eut soudainement le plaisir de recevoir de jolies couleurs, toutes aussi automnales que la végétation alentours, sur l'ensemble de son visage. Il se retourna, outré.
"P... Pervers ! Je peux très bien me laver tout seul !", montra-t-il des crocs, avant de claquer d'un geste ferme au nez du brun la porte désignée un peu plus tôt comme étant celle conduisant au bain.
En se frottant la nuque, le porteur de sabre resté dans le couloir sourit doucement.
"Pervers... ? Je ne m'attendais pas à ça pour le moment où j'allais entendre ta voix pour la première fois.", souffla-t-il avant de laisser un petit sourire songeur étirer ses lèvres, amusé par la réaction du garçon, aussi sauvage en tant que renard qu'en tant qu'humain.
En sortant un peu plus tard du cabinet, rafraichi et reposé à son tour, le jeune guerrier retrouva son hôte dans le pavillon central. Celui-ci l'attendait sagement, à genoux sur les tatamis qui recouvraient le sol de la pièce. Alors qu'il fixait ses mains posés sur ses genoux, ses oreilles, à l'ouïe fine, lui annoncèrent l'approche d'un individu. Il releva alors aussitôt la tête pour constater que le propriétaire le rejoignait au centre de la chambre. Il s'agenouilla ensuite à ses côtés et lui fit signe de tendre son bras affaibli. L'adolescent s'exécuta et le membre fut recueillit avec beaucoup de précaution entre les palmes de son soigneur.
"Comment t'es-tu fait ça ?", demanda-t-il, en sortant de la petite boîte qu'il avait apportée un rouleau de tissu.
Il déroula une bande d'une vingtaine de centimètres et commença à l'enrouler autour du poignet torturé. Aucune réponse ne daigna se présenter à la question, le blessé se contentait de regarder de côté, ses mèches ambrées voilant aux yeux inquisiteurs une partie de son visage incliné vers les moelleux matelas qui s'étendaient sur toute la largeur de la pièce. Le plus âgé soupira discrètement.
"Bien, si tu ne veux pas m'en parler, peux-tu au moins me donner ton nom ?"
Cette fois-ci, le questionné remua les lèvres.
"En quoi cela peut-il vous intéresser ?", souffla-t-il au tatamis plus qu'au brun.
"Je veux te connaître", répondit sincèrement l'homme à cela.
Surpris par les paroles du guerrier, l'infirme oublia le tatamis et croisa le bleu perçant des orbes qui le fixaient sans animosité.
"... Cloud", souffla-t-il très bas sans pouvoir cacher la couleur traîtresse caramélisant ses pommettes cette fois, avant de tordre la bouche à la petite caisse de pansements, probablement ravie de recevoir une telle grimace embarrassée.
D'allègres petits hoquets sur sa droite l'exhortèrent à ramener une farouche mine vexée vers le guilleret plaisantin.
"Quoi ?", s'offusqua-t-il d'indignation sous la honte qu'il sentait grimper à toute vitesse vers ses joues.
"Rien, c'est un très beau prénom. Original, unique et beau. J'aime beaucoup."
"Oh...", rougit de plus belle celui dont le nom se prêtait si bien à décrire les humeurs du ciel, "Aïe", gémit-il toutefois l'instant d'après.
"Excuse-moi, je t'ai fait mal ici ? J'ai dû tirer un peu trop fort...", s'excusa le brun en desserrant un peu la bande autour de l'articulation meurtrie.
"Quoiqu'il en soit, je suis enchanté de faire ta connaissance, Cloud", continua-t-il avant de faire un nœud avec le bandage à présent achevé et de le tapoter doucement du doigt, assurant ainsi l'accomplissement de la tâche.
"Et voilà, j'ai fini", se félicita-t-il en lui adressant un grand sourire dévoilant toutes ses dents. Sourire que le plus jeune des deux hommes trouva un peu trop satisfait pour un simple soin qui ne demandait pas de compétences hors du commun ou quelconques notions approfondies de médecine. Cependant, il ne recala pas la reconnaissance qui était apparue avec la gentille attention et tout en le regardant, un peu déconcerté par cette image rayonnante de liesse, il tourna une fois de plus la tête de côté. Silencieux pendant un moment, il grommela enfin un merci entre ses dents.
"Tu as faim ?"
Cloud devait admettre qu'il était même affamé. Depuis qu'il s'était enfui de sa cage, il n'avait rien avalé et après tant de fuite et d'émotions, son estomac n'aurait pas été contre un petit encas. Au contraire même, la simple mention du mot "faim" venait de lui extirper une longue plainte apitoyante et il dut se tenir le ventre pour tenter de cacher cet affreux gargouillement. Décidément, ses pommettes étaient bonnes pour rester aux tons de la saison.
Le guerrier à ses côtés rit un peu, gentiment, et ébouriffa de sa main la belle crinière fauve de cet inhabituel visiteur.
"Semblerait-il. Je vais te préparer quelque chose, attends-moi là, d'accord ?", lui sourit-il affectueusement avant de se lever pour quitter la pièce.
Cloud songea que c'était le meilleur moment pour fuir d'ici. Non pas qu'il n'appréciait pas la compagnie de ce curieux guerrier qui habitait seul ici, mais il avait toujours peur et ressentait ce besoin de fuir, fuir et toujours fuir. Quelque part. Loin. Très loin, le plus loin possible. La menace continuait de le guetter et il le savait. Il pouvait la ressentir. A cela s'ajoutait qu'il ne se sentait pas à l'aise non plus ici. Ce n'était pas sa maison et elle était bien trop grande pour lui. Le problème était que s'il filait, où allait-il pouvoir se réfugier ? Qui le protègerait si ces hommes le retrouvaient ? A cette pensée, il eut soudain un haut de coeur et agrippa fébrilement son kimono. Son coeur avait recommencé à courir, à voler à tire d'ailes et de la sueur perla sur son front. La pensée qu'on puisse le rattraper le pétrifiait, lui donnait la nausée. Il en vint à se sentir étrangement seul dans la pièce et se surprit à souhaiter le retour de son hôte le plus rapidement possible.
Ce fut finalement ce désir et l'odeur de la cuisine qui parfumait à présent une bonne partie de l'aile droite de la résidence qui le retinrent sur place après une attente interminable. Il lui semblait que s'il ne mangeait pas quelque chose rapidement, son ventre le lancinerait tant qu'il serait prêt à se jeter sur la première bestiole venue. A son soulagement cependant, son cuisinier fut enfin de retour et l'invita à changer de pièce.
Cloud se leva gauchement et le suivit entre les différents longs et étroits corridors avant de pénétrer dans un nouveau pavillon dont les murs étaient chaudement habillés de charmantes tapisseries de soie rouge-orangée, sur lesquelles différentes aires d'un jardin et quelques animaux sauvages avaient été représentés. Cloud ne put s'empêcher de laisser vagabonder son regard sur chacun des murs et fixa un long moment un renard poursuivi par une bande de chasseurs. Avant qu'il ne s'en rende compte, il avait commencé à frémir et ce fut la voix de son hôte qui le tira de son hypnotisme. Le guerrier l'invitait à s'asseoir à une petite table, basse, ne pouvant visiblement accueillir plus de quatre personnes. Cloud secoua un peu la tête et tout en serrant machinalement son kimono avec plus de force qu'il ne l'imaginait, il s'agenouilla sur l'un des deux coussins rouges posés de part et d'autre de la table. Son bienfaiteur, installé en face de lui, l'invita à se servir des différents mets qui avaient été déposés devant eux.
Il y avait bien cinq ou six plats différents, tous plus alléchants les uns que les autres, présentés esthétiquement avec un soin et un goût prononcé dans une vaisselle de céramique dont les coloris s'assortissaient entre le bleu et le rouge verni. L'ensemble s'apparentait à une toile impressionniste peinte à l'aide d'une kyrielle de couleurs appétissantes et la table aurait pu s'apparenter à un feu d'artifice de pigments et de senteurs. Tout ceci était si joliment disposé et tout semblait si délicieux que Cloud, un moment frappé par ce repas digne d'un prince se demanda s'il avait seulement le droit d'y toucher, ou encore si c'était bien à son égard qu'avait été préparé tout cela. Osant à peine effleurer les beautés qui restaient avant tout un délice pour les yeux, la faim finit tout de même par l'y pousser, et encouragé par les paroles du chef, il piqua légèrement dans un plat de boulettes de poisson farcies aux légumes et quelques tranches de sashimi dans un autre avec ses baguettes.
"Pourquoi... "
Confronté à cette question inattendue, le brun releva rapidement la tête, attentif. Pourquoi quoi ? Il était déjà tellement exceptionnel d'entendre la voir de son convive que le soldat se sentait transporté de joie, attendant vivement la suite de l'interrogation.
"... Pourquoi faites-vous tout cela pour moi... ?", finit enfin Cloud.
Ce n'était pas exactement ce à quoi le samouraï s'était attendu, mais il devait admettre qu'il comprenait l'embarras de cet être qu'il avait retrouvé perdu et fragile dans son bois. Après tout, ils ne se connaissaient pas.
En posant ses baguettes et son bol sur la table, il leva son index.
"Premièrement, pas de vous avec moi. Cela me donne le sentiment d'avoir un statut élevé par rapport à toi et ce n'est pas le cas. Ensuite, pour répondre à ta question. J'avoue que je ne sais pas trop moi-même... J'ai entendu ton cri de détresse hier soir. Un cri et une peur que je ressentais dans tout mon être et qui m'ont poussé à te chercher, inlassablement. J'avais juste le sentiment que je devais le faire et je voulais connaître la nature d'une telle peur, l'apaiser, consoler, réconforter. ... Je crois que c'est simplement pour cette raison, oui. Plus que tout je voulais être là pour ce qui me semblait m'appeler. Ce cri, il était pour moi, c'est tout ce que j'ai pensé. Et puis aussi... Nous sommes tous deux des gardiens, n'est-ce pas ? Alors je pense que c'est juste naturel pour moi de continuer ce que j'ai commencé.", sourit-il doucement.
Et voilà. C'était tombé. Ce dont aucun des deux n'avait parlé mais qu'ils savaient néanmoins. Ces mots avaient enfin franchi le pas de ses lèvres... Ils étaient tous deux des gardiens. En toute honnêteté, c'était la première fois que Cloud rencontrait quelqu'un comme lui. Et cela ne l'avait pas surpris pour autant. Pourquoi ? Il fut alors happé hors de ses questionnements quand la voix du maître de maison résonna de nouveau dans la silencieuse salle.
"Je suis réputé pour être très bon cuisinier, tu sais ? Alors fais-moi plaisir et mange maintenant.", lui sourit-il entre deux bouffées de riz.
Cloud se surprit à sourire. Toujours cette sensation étrange qu'il n'arrivait pas à expliquer, mais en présence de cet homme il se sentait à l'aise et ce mouvement, pourtant anodin, de fendre ses lèvres en une gracieuse boucle, il ne se souvenait plus l'avoir fait depuis un âge trop lointain pour qu'il se rappelle de la dernière fois.
Ce sourire n'échappa pas à son hôte qui rida légèrement son front en plissant des yeux dans une joie imprégnée de triomphe.
"Tu es tellement plus resplendissant quand tu souris...", fit-il part de ses pensées au jeune homme, "Tu devrais savoir que tu as une très belle voix aussi. J'aimerais l'entendre plus souvent", l'encouragea-t-il encore en posant de nouveau son bol de riz sur la table pour pencher la tête de côté, reposant sur son poing droit, contemplant ainsi à son aise celui qui partageait son repas.
Le sourire du gardien renard s'effaça alors aussitôt et il se défendit par un grognement contrarié.
Contrit, l'hébergeur s'excusa.
"Très bien, je n'insisterai pas."
Il n'était pas question de pousser trop vite le jeune blond à s'ouvrir à lui. Il attendrait que le moment arrive naturellement. Le repas se continua donc dans le silence et le spadassin ne cacha pas un soupir de déception.
Lorsque chacun des plats fut en grande partie vidé, principalement par l'invité qui avait littéralement dévoré plus que mangé les trois quarts du repas, et que l'eau de la carafe fut entièrement puisée, l'adulte se leva et le second fit alors de même.
"J'ai cinq grandes chambres différentes ici. Tu peux dormir dans celle qui te plaît", l'informa l'amphitryon avant de se rapprocher un peu de lui, "Mais avant cela, j'ai un marché à te proposer."
Plus qu'intrigué par cette curieuse et énigmatique réplique, Cloud leva les yeux vers l'aîné qui continua.
"Reste en ma compagnie et non seulement je te laisserai vivre ici, mais je te protègerai également contre ce que tu crains."
L'adolescent resta coi pendant dix bonnes secondes. Abasourdissement aurait été un mot trop faible pour décrire la surprise manifestée dans l'écarquillement extrême de ses yeux. Il papillonna des paupières trois fois avant que ses cordes vocales ne vibrent de nouveau et qu'un son se rapprochant fortement d'un gargouillement n'arrive enfin à remonter du fond de sa gorge.
"Gw... Quoi ?"
L'ahurissement laissa rapidement place à l'agacement et un sourire ironique poussa le coin de ses lèvres tandis qu'il lui semblait voir plus clair dans le jeu du brun.
"Un animal de compagnie en somme ?"
Le gardien des lieux ne put s'empêcher de sourire une nouvelle fois devant la réaction du jeune homme et souffla en secouant de la tête.
"Libre à toi d'appeler ce statut comme tu le souhaites, mais sache que je te demande juste de rester à mes côtés. C'est la seule chose que j'attends. Pour être honnête avec toi, c'est la solitude qui est la cause de cette offre. On m'a désigné pour garder cette résidence il y a un peu plus d'an maintenant. En tant que chien gardien dont l'esprit veille sur ces lieux depuis des siècles, je ne pouvais pas refuser. Mais je vois peu de monde ici. Et je m'ennuie. Or il se trouve que j'apprécie ta compagnie."
"J'accepte", se prononça rapidement l'objet du marché.
Il savait ce que c'était que d'être seul. Et de son côté, il ne voulait plus rester dans la position fort inconfortable dans laquelle il se trouvait actuellement. Dans la crainte de se faire attaquer.
Alors cet homme qui lui proposait sa protection... Cloud ne pouvait nier qu'un rapide coup d'œil à la stature du combattant ne laissait aucun doute quant à sa valeur sur un champ de bataille. Qui plus est, il avait déjà en partie gagné un brin de confiance venant de lui. Sa proposition était honnête, raison pour laquelle il avait osé accepté, le ventre ficelé, le cœur au galop. Et maintenant le cran de retour dans les talons, le sang aux joues et le regard fasciné par ses mains, il attendait la suite.
Surpris par une décision aussi rapide, celui qui avait soumis un accord releva ses pupilles étincelantes alors agrafées à ce qu'il devait désormais appelé son pensionnaire, puis lui sourit gentiment.
"Ta décision me comble de joie, Cloud. Tu seras donc désormais sous la protection du grand et puissant chien gardien de ces lieux, le vaillant guerrier Zack Fair l'intrépide, pour te servir", s'inclina-t-il bien bas en jouant des mains et des bras devant le jeune Cloud qui se tortilla presque, non seulement sous l'envie de rire face aux grotesques mimiques du facétieux, mais aussi d'embarras par rapport à une telle situation.
