Nouvelle fic de ma composition sur ce couple fétiche. J'aime ce couple historique! Ils sont si beaux, magnifiques... Cette fic risque d'être un peu étrange, je fais intervenir un dieu dedans. Je verse donc un peu dans le fantastique... Enfin vous verrez!
Enjoy!
Le soleil se couche sur l'étendue vaste et désertique, une pleine aride où nulle eau ne prend sa source, où nulle plante n'arrive à pousser. On croirait qu'ici, en ce lieu, tout meurt. Rêve et espérance ne sont plus que des murmures dont nous devons oublier l'existence au profit de cette rage de vaincre, de vivre. Dans ce désert, c'est tout ce qui importe. Nous rationner pour nous sustenter, faire en sorte que ce périple ne s'écourte pas prématurément. Il faut que nous soyons forts pour la bataille, invincibles. Les soldats, l'armée d'Alexandre Le Grand, voués à le suivre jusqu'au bout du monde si cela lui chantait. Et tous savaient que son rêve le plus cher était justement de conquérir le monde. Combien de temps encore ces hommes tiendront-ils ? Combien de temps jusqu'à ce qu'une révolte n'éclate ? Alexandre est bon et généreux mais il a trop souvent tendance à oublier qu'il n'est pas le seul dans ce jeu grandeur nature. Ses hommes ont une famille, ils veulent la rejoindre… mais sous la volonté de leur seigneur, leur voix ne compte pas, ou si peu… Mon roi devient de plus en plus fou à mesure que Chronos étend son emprise sur nous et sur le monde…
Mais je le suivrais n'importe, je le suivrais jusqu'au bout du monde, comme je le lui ai promis.
Du haut de cette falaise surplombant toute une partie du campement, je regardais le mouvement incessant de ces hommes allant et venant, profitant cette dernière nuit avant que l'horreur de la guerre ne les rattrape. Ils rient, ils boivent et discutent. Ils s'amusent tout simplement. Je suis moi-même heureux de les voir de si bonne humeur. Mais…
Oui, une ombre s'étend dans mon cœur, comme chaque fois que la rumeur d'un nouvel affrontement s'étend devant mes prunelles. Chaque fois la même angoisse m'étreint le cœur, me terrifiant. Plus Apollon s'éloigne avec son char, faisant descendre le voile de la nuit, plus ce mauvais pressentiment m'étouffe. Je voudrais l'ignorer, le cacher loin dans ma mémoire, dans mon âme, l'enterrer, le jeter au loin, mais plus je tente cette prouesse, plus cette appréhension grandit. Je ne peux être que la victime de la puissance des mes angoisses, de cette certitude grandissante que demain sera un jour noir. Quelque chose de terrible va se produire et le principal acteur de ce drame n'est autre qu'Alexandre lui-même.
Comment lui dire de ne pas aller se battre ? Comment lui faire comprendre à lui, le fils de Zeus, que s'il part demain, il ne reviendra pas ? Il rira de moi, m'expliquera que ma peur est infondée mais tellement… belle. Cette peur le touchera comme chaque fois, et comme chaque fois il me prendra dans ses bras, me donnant une douce étreinte avant de poser ses lèvres sur les miennes, essayant par là de sceller toute terreur mal placée.
La peur guide les hommes, dit-il. Pourquoi n'irait-il pas ce battre dans ce cas ? Tout le monde doit mourir un jour, alors pourquoi n'irait-il pas affronter ses ennemis ? Et surtout… Pourquoi abandonner sa quête maintenant ? Il se ferait passer pour un lâche doublé d'un peureux. Il ne veut pas donner cette image de lui-même. Alexandre l'invincible ! Je ne peux m'empêcher d'être en colère en songeant à cela. Il se croit si puissant, fils des dieux, qu'il en oublie à quel point il est humain.
Mortel.
Quel idiot ! Le jour où un glaive le remettra à sa place, il sera trop tard. Ce jour, j'en suis certain, arrivera plus tôt que prévu. Je dois lui dire, lui confier ce pressentiment, quitte à me faire passer pour un imbécile amoureux. Il doit savoir.
Je fixe encore cette boule qui descend dans l'horizon, l'enflamment de mille couleurs, de mille feux. Je trouve cela tellement magnifique. Seulement je suis rapidement troublé par une voix douce.
- Je savais que je te trouverais ici.
- Tu me connais. répliquais-je sans me retourner.
- Certes. Tu aimes observer le soleil se coucher. Tout comme se lever.
- Il est la preuve que je suis toujours à tes côtés, Alexandre. murmurais-je en daignant enfin tourner les talons pour lui faire face. Il me sourit comme toujours. Je sais qu'il attend quelque chose de moi, un geste, une étreinte, comme nous le faisions si souvent avant les batailles, comme si cette étreinte risquait d'être la dernière. Tout ceci est tellement ironique, tellement stupide ! Il dit ne pas craindre la mort et pourtant tout dans ses gestes et ses décisions me prouve le contraire. Il craint Hadès.
- Je crains seulement qu'il t'emporte, Hephaïstion.
Je grimace doucement, une sorte de sourire mêlé à un autre sentiment, bien plus sombre. Il me connait vraiment trop bien. Pas besoin de mot pour qu'il comprenne ce qui me préoccupe. Ou tout du moins, c'est devenu tellement récurent qu'il ne peut pas vraiment ce tromper. Je veux dire… Il sait qu'à la veille de chaque combat, j'ai peur pour lui. Il ne s'avance donc pas trop dans ses paroles. Et je ne le prends pas pour un télépathe.
- Tu réfléchis trop Héphaïstion. Cesse de te tourmenter ainsi et vis cette nuit comme tu le fais si bien durant toutes les autres.
- Tu ne pourras jamais m'empêcher de m'inquiéter pour toi.
- C'est vrai, seulement cela m'attriste de voir mon général préféré se ronger les sangs. Calme-toi, mon tendre ami.
Je fronçais les sourcils. Ces mots, bien que réconfortants, ne me calment pas. Au contraire. Il ne m'écoute pas. Il reprend en s'avançant vers moi, posant sa main sur mon visage, contre ma joue. Je le laisse faire…
- Ton inquiétude me touche profondément, Amour. Mais tu sais ce que j'en pense.
Je ne réponds pas à cette demi-provocation, pas tout de suite. Quelques secondes à attendre encore. Mon visage est impassible, je ne laisse filtrer aucune émotion, ce qui le déstabilise légèrement. Il n'est guère habitué à me voir aborder une telle expression. Il plongea ses yeux sombres dans les miens, s'avançant encore et tentant ce qui aurait pu fonctionner en un autre jour. Oui, ses lèvres tentèrent de trouver leur place sur les miennes.
Echec cuisant : je me retournai avant même qu'un effleurement ne se fasse sentir. Pour qui me prenait-il ? Pensait-il réellement que ma colère pouvait fondre aussi facilement ? Pensait-il qu'il était aussi aisé de m'amadouer ? Pas aujourd'hui, pas cette nuit. J'étais bien décidé à faire entendre ma voix.
- Héphaïstion ?
- Ne pars pas demain. Ne combats pas. Tu mourras demain, j'en suis certain.
- Souvent, tu as dit cela. Je suis toujours devant toi. répliqua-t-il sur un ton implacable, lassé par mon comportement.
- A t'entendre on dirait que je dis beaucoup trop de chose.
- Hephaïstion…
- Faut-il que je me mette à genoux, que je t'implore de ne point partir, d'abandonner cette idée de guerre ?
Je mis le geste à la parole, sachant par avance que mon amant refuserait de me voir à ses pieds. Ca lui permettra peut-être de prendre conscience que je ne rigole pas. Je suis sérieux depuis le début. Cela, il ne s'en rend compte que maintenant. Il me redresse brusquement, me prenant par le bras. Il me regarde un instant et passe ses bras autour de mon cou, m'offrant une douce étreinte.
- Je ne peux pas abandonner. Tu le sais. Tout comme tu sais que je refuse de t'abandonner. Je ne mourrais pas, mon tendre Patrocle. Pas temps que tu seras en vie.
- Puisse les dieux entendre tes mots Alexandre, car lorsque le glaive te transpercera les chairs, tu n'auras que la rapidité des médecins pour te sauver.
Sans plus de cérémonie, je me dégageai de lui, coupant court à la discussion.
J'avais le dernier mot.
Je marchai un long moment, rejoignant ma tente bien après que la nuit fut tombée. Je me déshabillai pour me glissai sous la couverture fine, essayant, cherchant vainement le sommeil. Je me tournai et me retournai inlassablement jusqu'à ce que Morphée daigne venir me voir. Dans tous les sens du terme. Il m'envoya un rêve, un cauchemar d'une terrible violence et d'un réel incroyable. J'avais la sensation de vivre cela, ce combat. Mes muscles me faisaient souffrir et me plaies ne cessaient de saigner. Je voyais tout… Jusqu'à la mort terrifiante du roi. Frappé à maintes reprises, assaillit par ses ennemis, incapable de se relever. Dans ce rêve, je voyais le visage de la mort, d'Hadès. Je voyais mon amant les yeux vides, fixant un point, un endroit que je ne tarderais pas à rejoindre… Dans ce rêve, Alexandre était mort.
Le rêve se tordit et je me retrouvai dans cette tente qui était la mienne. Bien que sachant que je dormais encore… Oui tout ceci n'était qu'un rêve et pourtant… Je me réveillai en sursaut dans ce rêve, le cœur battant beaucoup trop rapidement, le corps en sueur. Et dans les brumes de ce cauchemar, une autre réalité traversa mon esprit : je n'étais pas seul sous ma tente. Avec une rapidité dictée par les années de combat, je sortis une lame, menaçant l'inconnu du tranchant. Un inconnu ayant les traits de mon compagnon, de mon roi. Il me fixait avec un regard bienveillant, presque tendre. Je restai un instant avec cette dague levée, pointée sur sa gorge avant de l'abaisser. Quelque chose m'échappait. Je plongeai mes yeux dans les siens et un violent frisson me traversa. Tout mon corps me hurla de reculer, de fuir immédiatement. Cet homme n'était pas Alexandre. Il avait les mêmes traits mais ce n'était pas lui. Mon Alexandre ne pouvait avoir des yeux pareils. Il ne pouvait pas non plus avoir cette sorte de lumière intérieure… une lumière presque divine.
- Ce que tu vois est la réalité. Ce que tu as vu se passera demain. Ton pressentiment est une certitude. Alexandre mourra demain.
- Qui êtes-vous ?
Son sourire me fit manquer un battement. D'un simple sourire, il venait de me répondre. C'était un dieu. Tout simplement.
- N'y a-t-il aucun moyen de le sauver ? demandais-je d'une vois étranglée, soudain gêné par ma nudité, même dans un rêve.
- Dès le moment où je t'ai donné cette vision, je t'ai donné le pouvoir de changer ce futur. Il n'appartient qu'à toi de le sauver.
- Mais…
- Pourquoi il me prend l'envie de t'aider ? Parce que si Alexandre meurt tu te laisseras mourir également.
- Je ne comprends pas… Quel intérêt pourrait avoir nos vies ? Pourquoi désirer nous garder en vie ? Vous êtes des dieux, peu vous importe si nous survivons ou si nous périssons.
- Tu fais erreur Héphaïstos. Les dieux aiment les hommes et leur caractère éphémère. Les dieux aiment leur faire des présents pour les remercier de leur dévouement.
- Il ne me semble pas… Je ne mérite pas votre prédiction… Je ne suis qu'un guerrier, non une pythie. Aucune de mes offrandes ne vous étaient destinées à vous particulièrement. Alors pourquoi ?
- Alexandre n'est pas le seul à t'aimer Héphaïstos. Tu es aussi aimé des dieux.
Il me sourit à nouveau et se pencha, me donnant un chaste baiser sur mon front, me bénissant par ce geste, me donnant sa bénédiction. Je ne comprenais pas grand-chose, je ne pouvais assimiler tout ça. Un dieu m'apparaissait en rêve, un dieu me donnait, me disait l'avenir, me donnant par là le moyen de le changer… et m'assurait que les dieux m'appréciaient. Qu'il m'appréciait. De plus, pourquoi m'appeler par le nom du dieu du feu, Héphaïstos ? Trop de choses en un instant… Sa voix mélodieuse me tira de mes pensées, il murmurait :
- A ton réveille, tu te souviendras de tout ceci. Libre à toi d'en discuter avec qui tu voudras. A présent… Dors du sommeil du juste.
Alors? Verdiqute?
La suite bientôt. j'espère xD
