De l'autre coté du miroir
Prologue
« Roxas ! Dépêches toi donc ! ».
« Oui ».
Son tablier le suivit dans sa course effrénée mais contrôlée. L'assiette reposant entre ses mains, il franchissait les tables sans s'arrêter, connaissant par cœur le restaurant. Rien de cet endroit n'avait de secret pour lui. Zigzagant même entre les divers clients, les chaises, son équilibre ne faiblissant pas.
Se baissant afin de poser le plat sur la table, il remercia les clients, avant de se relever prestement, avec une presque-grâce. Embarquant son plateau sous le bras, il rejoignit la cuisine ou un autre plat l'attendait, inlassablement. Une fois de plus, il refit son rôle de serveur.
Il entendit la voix grave de son père l'appeler de la cuisine. Il se retourna, en soupirant grossièrement. Passant la prochaine commande à Sora, le barman, et son frère occasionnellement, avec un haussement d'épaule. L'autre lui répondit de même, avec un sourire caché. Ses yeux d'un bleu profond retrouvèrent ceux de son client préféré. Derrière ses lunettes discrètes, Sora regardait l'homme qui lui servait de petit ami, accompagné d'autres personnes afin de manger quelque chose, lui jeter pareillement des petits regards discret. Le blond soupira face à tant de niaiserie.
Lui, il n'avait encore rencontré personne, homme ou femme. Il y avait bien eut Reno, mais cela n'avait pas duré tellement longtemps. Reno était bien trop…excentrique ? Trop énergique, dérangeant. Il ne cessait de parler. Un mois ca va, deux c'est trop. Reno avait donc pris ses affaires un matin d'automne sous un regard faussement désolé. Bah. On n'a vingt-cinq ans qu'une fois.
Ses parents, directeurs d'un restaurant hautement coté au sein de la ville de Paris, lui avait fourni une bonne éducation, il n'avait nullement manqué de rien non plus. Lui et son frère avait été accueilli dans les plus belles écoles de cette magnifique ville, grâce à cette magie qu'était l'argent ; on leur avait donné accès à tant de choses que si peu obtiennent. Ne se refusant rien, ils avaient finalement décidé de suivre la voie familiale plutôt que de partir, comme Roxas le souhaitait tant, ne supportant plus son père. Sora l'avait raisonné une bonne année durant, avant de finir par le menacer, étant à bout d'argument. L'ainé, le blondinet, avait finalement accepté, ne supportant néanmoins pas, malgré ses airs de froid, de s'éloigner de cette personne qu'était son frère. Il avait vingt cinq ans, et le garçon, Sora, qui était devenu un homme aux yeux envoutants venait d'arriver sur ses vingt-deux ans. Si jeunes, et si matures. L'argent leur avait pourri leur vie, avait comblé leurs minables vies de bourge. Car l'argent donne les moyens, mais pas l'amour. Ca ne remplace pas la famille, les amis.
On leur demandait tant, et on leur avait donné tellement trop. C'était presque logique.
Tapant avec rage son essuie sur la table à coté de la porte du directeur, Roxas frappa trois coups, avant de rentrer. Son père, Cloud le salua de la tète.
« Bonjour père ». Il s'asseyant négligemment dans le fauteuil de cuir, en face du bureau de son paternel, qui releva la tete de son livre de compte, souriant.
« Tu fais du bon travail ».
« Merci » articula difficilement le plus jeune. Etrangement, ces temps-ci, son père semblait vouloir s'occuper plus de lui, ce qu'il ne faisait pas avant. Il y avait surement une raison derrière toutes ces attentions. « Mais tu ne m'appelles pas pour me dire ça, une simple tape sur l'épaule suffirait, n'est ce pas ? ».
« En effet ». Il ferma son livre de compte, avant de relancer ses yeux sur son fils, « Demain nous accueillerons un client très important. Axel Kinra, directeur de Fire Danse Company. Il est très jeune. Vingt neuf ans. Célibataire, sans enfants. Je compte sur toi pour l'accueillir comme il se doit ».
« Je le ferai ». Autrement dit, Cloud lui demandait de plaire à l'homme. Sinon il aurait demandé à Sora, bien plus gentil et prévenant que lui. « Est-ce tout ? ».
L'homme hocha la tête, avant de lancer un sourire à son fils. Roxas fit comme si de rien n'était. Il se releva et quitta la pièce dans un silence. Il referma la porte, laissant son père seul. Encore.
« Alors ? » lança rapidement le jeune frère, tandis qu'il servait quelqu'un au comptoir.
« Bah. Demain, client important, plaire ».
« Oh, okay ». Ils haussèrent les épaules dans un même geste. C'était bien leur père.
« Je n'en peux plus, Sora ».
« Nous arriverons bientôt, non ? ».
« Certes. Mais ou est papa ? ».
Le silence lui répondit.
« Votre père a rendez-vous avec le chef de l'industrie Tears and More. Il est indisponible » lui répondit un homme.
Les deux frères ne savaient même pas qui c'était. Leur père embauchait chaque fois de nouveaux 'agendas vivants', comme s'amusait à les appeler Roxas.
Roxas baissa la tête, aussitôt suivit de son frère. La voiture sauta sur une pierre. Les jeunes hommes hoquetèrent, avant de retourner dans leur nostalgie passagère.
« Roxas ? » fit sa mère, une main sur l'épaule de son fils, inquiète.
Il se dégagea poliment, avant de lui sourire. « Ca va » répondit-il, les yeux dans le vide.
« Des commandes t'attendent. Va ».
« Oui. A bientôt ».
« A bientôt mon fils… ».
Sa vie, c'était un feuilleton télévisé, digne du dernier siècle. Il n'avait jamais appelé ses parents par 'papa', ou 'maman'. Ce n'était soi-disant pas digne de leurs rangs. Car tous les enfants de leurs rangs manquaient d'amour. Et tous les adultes de leurs rangs ne le voyaient pas. Les classes sociales normales croyaient que l'argent rimait avec bonheur. C'était tellement faux. L'argent, au lieu de combler, creusait un vide, qu'on remplissait avec des billets verts, en vain. Mais c'était un 'secret'. Partagé par toute la société hautaine, qui faisait néanmoins comme si de rien n'était.
Reprenant son sourire qui hésitait entre chaleureux et habituel, c'est-à-dire forcé, Roxas se rua sur les plats en attente. Il était payé pour ça, autant faire son travail correctement.
~x~o~x~ o~x~o~x~
Le jeune blond se baladait sur les quais, comme souvent en sortant éreinté du travail. Beaucoup de clients étaient venus aujourd'hui, voulant tel ou tel plats, plus ou moins lourds. Ses chaussures craquaient sur le ciment, ou quelques petits cailloux régnaient, tandis qu'il regardait, complètement absorbé, les bateaux partir. Peut-être un jour le laissera-t-on partir pour un meilleur avenir, lui aussi. Mais surement pas, il ne fallait pas rêver. Qu'avait-il donc à faire autre part que près de sa famille ? Il ne pouvait pas : les jeunes hommes de bonnes familles ne se conduisent pas comme ça. Quoiqu'il disait, faisait, il devait se rendre à l'évidence : C'était son père, sa famille, qui lui avait ouvert les portes de tout. Autant ces bars luxueux, ou la moindre bouteille coute le salaire mensuel, voir annuel, d'un professeur, autant dans ces croisières, longues et pénibles pour certaines, trop courtes et distrayantes pour d'autre, autant que toutes les pouffiases qu'il avait rencontré au par avant, trop attiré par ses yeux bleu, mais surtout par son odeur qui dégageait la bienséance et l'argent.
Il s'assit sur un banc un plus loin, sortit un livre qu'il ne commença pas à lire. Il aimait l'air marin, empli d'iode. Enfin, pas le genre d'air qui vous entourait sur un voyage en mer plus que luxueux, mais cet air là, mélangé au travail. Aux gens qui se démenaient chaque jour à cet endroit afin de donner de quoi manger à leur famille. Lui, il avait tout. Une petite cuillère en argent dans la bouche. Lui n'avait pas besoin de se salir, de rentrer chez lui tout en pensant à la fin du mois. L'aurait-il même fait, il n'y aurait pas de quoi s'inquiéter, il avait bien assez.
Il se releva, et reprit sa route, son manteau volant au gré du vent violent. Roxas remit sa capuche en sentant quelques gouttes d'eau tomber sur lui. Il releva les yeux au ciel, en se demandant pourquoi.
Ce n'était vraiment pas une journée terrible.
~x~o~x~ o~x~o~x~
Le lendemain :
Le blondinet enfila finalement son tablier, un peu au dessus des cuisses. Remettant ses mèches rebelles au meilleur endroit qu'il trouvait sur le moment, il sortit, et rejoignit son père. C'était aujourd'hui qu'Axel Kinra venait, ils devaient discuter des gouts de ce dernier, afin de faire le plus de répercutions.
Roxas écoutait attentivement son père, qui lui citait toutes les bonnes attitudes à avoir avec leur client potentiel du jour. Ecoutant à moitié, le châtain réfléchissait à l'image qu'il se faisait de cet Axel. Surement un gros, comme tous les autres. Il n'aurait pas le sens des mesures, écraserait son monde. Il soupira doucement, mais son frère ainé le remarqua et lui lança un regard d'excuse. Sora lui sourit, avec sa moue : « ce n'est rien, ne t'inquiètes pas ». Après tout, il était au bar, il n'avait pas besoin de savoir comment se comporter avec le client, à part chaleureusement, et de savoir quelles boissons il aimait. Et dire que Roxas devait lui écouter. S'il ne réussissait pas ce client, ils se feraient surement jeter du restaurant. Quoiqu'ils connaissaient bien trop les clients, leurs habitudes. C'était kif-kif en fait.
Seulement, quand Axel Kinra arriva, il n'était pas du tout comme l'avait imaginé les deux autres hommes. Voila pourquoi leur père l'avait appelé 'original'.
Il avait des cheveux assez longs pour un homme, quoique retenu en une sorte de queue de cheval pour l'occasion. Mais surtout, il était rouge. Rouge. Ca tachait dans le paysage, enfin. Il était grand (quoiqu'il n'était pas fort dur d'être plus grand que Roxas) et fin. Il possédait une aisance à parler, ainsi que du charisme. Sous ses yeux, couleur émeraude, deux petits losanges noirs sur sa peau se différenciaient. C'était un mélange assez spécial, mais très beau. Plaisant même. Roxas se secoua intérieurement. L'homme s'avança vers lui, s'éloigna de ses cadres et autres, afin de pouvoir diner seul à seul avec lui, et de conclure un contrat important.
« Bonjour, enchanté de vous rencontrer » salua l'homme, avançant sa main, que Roxas serra. Il avait une voix grave, mais sans l'être trop. Très agréable.
« Venez. Nous allons nous asseoir à cette table-ci » proposa le plus jeune, entrainant le plus âgé à sa suite. Il ouvrit une porte et entra dans la pièce réservée aux clients importants.
« C'est une très belle pièce » constata l'ainé.
Le plus jeune se retourna, lui sourit, et hocha la tête.
-END-
Voilaa, le prologue est terminé !
Cela fait longtemps que je n'ai plus écrit de Kingdom Hearts :O. J'espère que je ne me suis pas trompée dans les caractères, ni que je le ferai :s. N'hésitez pas à me prévenir ! : )
Voila, c'est donc le prologue qui s'achève ici, j'espère que vous suivrez la suite ^^.
Merci et bisous ! (et bonnes vacances à tous).
