Bonjour/Bonsoir à tous ! Ça faisait un bail que je n'étais pas venue sur ce fandom et encore plus que je n'avais rien écrit dessus.

Mais je reviens (parce que le lynx revient toujours) en vous laissant un petit quelque chose qui devrait continuer sans trop de problème pour le moment.

Les reviews sont hautement appréciés. Je rappelle pour ceux qui ne le savent pas encore que la review est le régime de base de l'auteur de fanfic, sans ça, il perd toute motivation, devient tout mou et se retrouve incapable de taper correctement sur un clavier, ce qui est quand même la loose quand on écrit.

Bonne lecture.


Kanzaki corporation.

Mai observa les lettres immenses sur la devanture du building. Elle était obligée de se tordre le cou pour tenter d'apercevoir les étages supérieurs. Ces immeubles l'avaient toujours rendus nerveuse. Ayant grandi dans une petite ville, la démesure de ces bâtiments lui filait le vertige et le tournis. Et dire que son frère travaillait ici et l'attendait en ce moment quelque part là-haut.

58ème étage, lui avait-il indiqué après l'avoir invitée à le rejoindre.

Rien que le chiffre suffisait à lui faire peur.

J'espère qu'il y a un ascenseur, fut sa seule pensée relativement cohérente alors qu'elle s'apprêtait à pénétrer dans le bâtiment par la porte tournante.

Sa robe de soirée l'obligeait à marcher à petits pas. Ses ballerines, achetées pour l'occasion, n'avaient pas eu le temps d'être faites et lui faisaient mal aux pieds, juste au-dessus du talon. Elle était partie du principe que ça ne durerait que quelques heures et qu'elle pourrait tenir durant ce temps. Elle se trouverait un coin tranquille, un peu à l'écart du reste des invités qui seraient certainement plus huppés qu'elle.

Sa démarche peu assurée la fit flancher en montant les trois marches menant aux portes vitrées. Elle allait tomber quand on la rattrapa par le bras et l'aida à se redresser. En levant les yeux vers son sauveur, elle remarqua d'abord son sourire.

- Eh bien, qu'est-ce que ce sera lorsque vous aurez bu quelques verres ? Demanda-t-il.

Il n'y avait ni méchanceté, ni moquerie dans sa voix. Seulement l'intonation d'une blague complice. Mai lui rendit un sourire gêné qui devait ressembler à un rictus ridicule.

- Merci beaucoup, fit-elle en replaçant quelques mèches de cheveux qui s'étaient échappées de son chignon.

Elle se sentait comme une fillette face à cet homme bien habillé et propre sur lui. A force de cotoyer Tate qui revenait souvent de ses entraînements avec des bleus et en sentant la transpiration, elle avait presque oublié à quoi ressemblait un homme séduisant et propre sur soi. Il y avait bien son frère, mais ce n'était pas la même chose.

- J'imagine que vous vous rendez à la réception au 58ème ?

- En effet.

Il lui sourit à nouveau et lui tendit son bras. Face à son regard interrogateur, il dit tout simplement:

- Vos chaussures ont l'air de vous poser problème. N'ayez pas peur, tout le monde n'y verra que du feu, au moins jusqu'à l'ascenseur.

Voilà qui répondait à sa première question. Elle se sentit stupide d'avoir pu croire qu'il n'y avait rien pour grimper à plus d'une centaine de mètres de hauteur.

Une fois à l'intérieur, la sensation de vertige ne la quitta pas. Le hall était immense et malgré l'heure, deux hôtesses d'accueil se tenaient derrière le comptoir en bois massif. Elles s'inclinèrent poliment à leur approche en leur adressant des formules de politesse compliquées que Mai n'avait jamais entendues. Elle le fit savoir à son guide.

- Vraiment ? Vous n'êtes jamais venue ici ?

- Jamais.

- Vous devez pourtant connaître quelqu'un qui travaille ici pour avoir été invitée ce soir.

- Mon frère est trader ici.

- Votre frère ?

Il l'observa un instant.

- Les mêmes yeux que Tokiha Takumi, je me trompe ?

- Haha, on nous fait souvent la remarque, rit-elle en se frottant l'arrière du crâne.

En croisant son regard, elle se rendit compte à quel point il était profond. Quasiment indéchiffrable. Il n'y avait que son sourire pour témoigner d'une quelconque marque de sympathie venant de sa personne, et le fait qu'il l'ait sauvée d'une cheville foulée quelques instants auparavant. Face à ça, le regard trop franc de Tate lui manqua.

Il l'entraîna un peu à l'écart, dans un couloir latéral au milieu duquel se tenait une jeune femme. Cette dernière tenait une feuille à la main et se trouvait devant l'ascenseur. Deux personnes y étaient déjà.

Son compagnon du moment s'arrêta face à la femme et lui décocha un sourire charmeur. Ce à quoi elle répondit par un rictus qui semblait affirmer qu'elle allait lui sauter à la gorge si jamais il faisait ne serait-ce qu'un pas de travers. Mai se sentit tout à coup mal à l'aise.

- Pièce d'identité, déclara la brune à l'air revêche dont le badge "Security agent" apparut sur sa poitrine alors qu'elle ramenait ses cheveux en arrière d'un geste de la main.

Dans l'ascenseur aux portes toujours ouvertes, une femme pouffa.

- Qu'est-ce qu'il y a ?! aboya l'agent.

Ce à quoi la femme qui avait rit répliqua :

- Vous devez être nouvelle. Demander sa pièce d'identité au grand patron de la boîte, c'est une gaffe splendide.

- On m'a dit de checker tout le monde. Je check !

- Et vous faites très bien, déclara l'homme au bras de Mai. J'aime que mes employés soient consciencieux et fiables.

Il lui tendit sa carte d'identité.

- Quel est votre nom ?

- Kuga, répondit-elle sans le regarder.

Elle lui rendit sa carte après avoir vérifié sa liste et regarda Mai.

- Vous aussi, mademoiselle.

- Bien entendu.

Elle fouilla un instant dans son sac à main pour en tirer son porte-feuille. Elle sourit en voyant sa carte. La photo là-dessus datait de quelques années déjà et son physique de lycéenne l'amusait toujours.

Kuga s'en saisit sans fioriture et hocha la tête après avoir coché son nom sur la liste.

Ils pénétrèrent dans l'ascenseur.

- Alors comme ça vous êtes Kanzaki ? Demanda-t-elle, impressionnée que ce soit le patron d'une boîte pareille qui lui ait tenu la main et la porte à la fois.

Sans compter qu'il faisait extrêmement jeune.

- Lui-même.

- Et le tout nouveau dirigeant de cet immense empire financier, continua la femme qui s'était moqué de Kuga.

- Je ne crois pas vous connaître, fit Kanzaki en se tournant vers elle.

Les cheveux noirs coupés aux épaules, les yeux dorés derrière une paire de lunettes à monture carrée, elle était vêtue d'un costume trois pièces à peine plus cintré que celui que portait Kanzaki. Elle tira une carte d'une poche intérieure et la lui tendit.

- Harada Chie, journaliste de profession. Je suis là pour couvrir l'événement qui attire tout le gratin de la ville.

- Et quel gratin... soupira la seconde femme dont les cheveux teints en rouge juraient affreusement contre les parois métallisées de l'ascenseur.

Sa robe n'arrangeait rien à la situation, tout aussi écarlate que sa chevelure. Mai la classa immédiatement dans la catégorie de ces femmes fatales dont il faut se méfier dans les films. Trop confiantes, et souvent trop malignes. Elle décida instinctivement qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle passerait la soirée loin d'elle. Le plus loin possible. Avec un buffet plein de petits-fours entre elles deux.

Kanzaki ne rendit pas la carte mais la glissa à son tour dans la poche sur la poitrine de son veston. Chie ne sembla pas s'en offusquer.

- J'espère vous offrir un moment agréable à raconter dans votre journal.

- Nous l'espérons tous, répliqua Chie.

Mai ne sut pas pourquoi, mais elle sentait que l'intonation de la journaliste était fausse. Une douleur à son talon détourna son attention et elle n'y pensa plus, trop occupée à serrer les dents et à pivoter sa cheville dans une vaine tentative de déloger la douleur. Elle vit la femme aux cheveux rouges lui jeter un regard moqueur.

- On ne monte pas ? Demanda-t-elle finalement au bout d'une minute.

- On attend encore du monde, commenta simplement Kuga, les yeux toujours rivés sur sa fiche.

- Oh, allez ! Ils n'auront qu'à prendre le prochain, fit la femme aux cheveux rouges.

Kuga lui décocha un regard glacial.

- On attend.

L'autre ne répondit rien et se contenta de sortir une lime à ongle de son sac à main.

- Je peux savoir qui manque à l'appel ? Questionna Chie en se penchant en avant sur la fiche de Kuga.

Cette dernière eut un geste de recul.

- Vous l'verrez bien.

- Vous pouvez nous le dire, intervint Kanzaki. Je doute qu'il y ait des secrets à cacher en ce moment.

- Cela veut-il dire qu'il y en a dissimulés à d'autres instants ? Commenta Chie en remontant ses lunettes sur son nez.

La jeune homme lui offrit un sourire étincelant.

- Quelle grande entreprise n'a pas de secret ?

- Vous commencez à me plaire.

- Oui, et bien, à moi vous ne me plaisez pas, lâcha Kuga alors que Chie tentait encore de lire par-dessus son épaule.

- Peut-être, mais à vous, on ne vous demande pas votre avis. Qui manque-t-il alors ?

L'agent de sécurité baissa les yeux sur sa fiche et commença à énumérer des noms :

- Sanada Yukariko, Kurauchi Kazuya et Fujino Shizuru.

- Aaaah... soupira Chie. Miss Fujino en personne.

Mai se demanda ce que cette « miss » pouvait bien avoir de particulier pour avoir attiré l'attention de la journaliste en si peu de temps. En revanche, elle vit parfaitement à quel point Kuga avait eut du mal à avaler sa salive une seconde auparavant.

Un bruit de talons se fit entendre au tournant du couloir et Mai se dévissa la tête pour voir s'il s'agissait de la-dite miss Fujino. Ce ne fut qu'un jeune homme, monté sur chaussures à talonnettes bruyantes sur le sol impeccable. Il avançait les mains dans les poches, l'air un peu bonhomme et un sourire béat aux lèvres.

Kanzaki alla à sa rencontre en lui tendant une main franche.

- Et bien, mon cher Kazuya, j'espère au moins que c'est une après-midi avec mademoiselle Higurashi qui vous a mis dans cet état.

L'interpellé rougit brièvement puis éclata de rire avant de serrer la main tendue.

- Il faut au moins ça ! Comment allez-vous ? Un peu tendu de devoir parler devant près de trois cent personnes ce soir ?

Mai sentit un frisson lui parcourir le dos. Trois cent personnes ! Et dire qu'elle avait du mal à prendre la parole devant toute son équipe au restaurant dès qu'il ne s'agissait plus de donner des directives.

- Je ne vous ferai pas ce plaisir de me voir bafouiller en public, répliqua Kanzaki en cédant le passage à Kazuya qui s'engouffra dans l'ascenseur aux côtés d'une Chie au regard inquisiteur.

La femme aux cheveux rouges s'impatienta :

- Qu'est-ce qu'elles font les deux greluches ?

- Ferme-la ! Répliqua Kuga en surprenant tout le monde.

- Un peu de respect, intervint Kanzaki. Ça vaut pour toutes les deux.

Mai se dit qu'elle n'aurait jamais osé contredire un ordre dissimulé de ce genre. S'il n'avait pas élevé la voix, le jeune homme avait bien fait comprendre qu'il ne tolérerait pas un autre écart de ce genre. Cependant, les deux jeunes femmes se fixèrent d'un air hargneux pendant quelques secondes encore, ce qui semblait ravir la journaliste. Kazuya, quant à lui, faisait comme Mai, et essayait de se faire tout petit, en silence.

La tension retomba un peu et ils entendirent enfin des voix féminines venir dans leur direction.

- Un pas devant l'autre. A votre rythme. Il ne faudrait pas vous blesser.

- C'est gentil à vous de m'attendre et de m'accompagner.

- C'est la moindre des choses. On ne peut pas laisser une femme enceinte jusqu'aux yeux porter son enfant et un sac à main à la fois.

- Il y eut un rire léger. Mai vit Kuga adopter une position nettement plus rigide. Droite comme un soldat au garde-à-vous. Chie pencha de nouveau la tête hors de l'ascenseur, sourire ravi au visage.

Deux femmes, dont l'une semblait soutenir l'autre, les rejoignirent à une allure lente. Et pour cause, l'une d'elle avait le ventre gonflé d'une maternité à venir. Dans un avenir que Mai estima comme proche.

Cette fois, ce fut Kazuya qui alla récupérer le sac et prendre le relais pour soutenir la femme enceinte.

- Sanada, Fujino, déclara simplement Kanzaki lorsqu'elles arrivèrent à son niveau.

Cet accueil parut un peu glacial à Mai mais elle comprit vite le ton employé quand elle vit les deux femmes s'incliner légèrement en avant et Kanzaki faire de même. Autre région, autres mœurs se pensa-t-elle. Pensée qui se confirma en entendant l'accent de Kyoto dans la voix de Fujino Shizuru qui leur souhaitait le bonsoir.

- Et ce petit Ishigami ? Demanda Kazuya à celle qui, par élimination, devait être Sanada Yukariko. C'est pour bientôt ?

- Pas pour de suite. Encore un peu plus d'un mois à attendre.

Mai fixa son ventre rond, réfléchissant au fait qu'il y avait un petit humain là-dedans. Des souvenirs de la grossesse de sa mère alors qu'elle portait encore Takumi lui revinrent. Elle se souvint qu'elle adorait poser ses mains d'enfant sur le ventre de sa mère et sentir son petit frère bouger. Si elle avait été seule avec Yukariko, elle lui aurait bien demandé si elle pouvait faire pareil avec elle. Les futures mères disaient rarement non. Mais à sept dans un ascenseur, elle passerait pour quoi ? Hors de question.

L'accent de Shizuru s'éleva à nouveau :

- Bonsoir Natsuki.

Natsuki ? Son regard se porta sur Kuga qui n'avait pas bougé, comme si elle avait voulu se transformer en statue. Tous les yeux étaient fixés sur l'agent de sécurité dont les mains tremblèrent légèrement.

- J'ai dit : bonsoir Natsuki, répéta Shizuru avec un soupçon de taquinerie dans la voix.

- B... Bonsoir, lâcha finalement la brune.

- Je t'ai connu plus franche.

- Bordel ! Pas au boulot, Shizuru ! Éclata soudainement Kuga.

- Soyez sage pour une fois, coupa Kanzaki avec un ton très paternel Elle met un point d'honneur à bien se tenir – avec quelques écarts, peut-être - mais ce n'est pas une raison pour la pousser à bout.

Shizuru lui répondit par un rire d'enfant qui contrastait fortement avec son allure de jeune femme bien dans sa peau. La peau blanche, le port de tête droit, les cheveux longs, elle aurait pu être la parfaite représentation de la beauté à la japonaise si elle n'avait pas eu les yeux d'un rouge dérangeant et la chevelure si claire. Elle n'en dégageait pas moins une impression d'assurance et de confiance en soi écrasantes.

Yukariko, alors en train de discuter avec Kazuya, était la plus occidentale d'entre toutes avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds coupés courts. Et bien que future mère, elle ne semblait pas beaucoup plus âgée que Mai ou Natsuki. Cette dernière terminait d'ailleurs d'inspecter les pièces d'identité des derniers arrivants, plus par souci du protocole que par réelle conviction. Elle les leur rendit finalement et leur fit signe de monter dans l'ascenseur qui semblait rétrécir au fur et à mesure qu'il se remplissait.

Natsuki resta à l'extérieur.

- Tu ne montes pas ? Interrogea Shizuru sans l'intonation rieuse que Mai avait entendue plus tôt.

- Pas plus de sept personnes à la fois, argumenta son vis-à-vis. Et je tiens à passer une bonne soirée, rajouta-t-elle alors que les portes se refermaient.


Début des problèmes au prochain chapitre. Il faut bien qu'il se passe quelque chose à un moment donné ;)