Ce recueil de fanfictions est écrit dans le cadre de la 6ème nuit du FoF (Forum Francophone: forum ludique d'entraide et de discussions autour de la fanfiction). Il s'agit d'écrire un texte sur un thème, en une heure. N'hésitez pas à venir faire un tour pour discuter de tout et des fanfictions notamment. Le lien est dans mes auteurs favoris.

Ce chapitre concerne le thème "canard"


Il observait les gens tomber autour de lui. Et c'était étrange. Au lieu de fuir, au lieu de se protéger, il ne pouvait que regarder autour de lui. Autour de lui, où les sorts volaient en tous sens, où les couleurs étaient bien plus jolies du côté des Aurors que du côté de ses pairs.

Des pensées saugrenues s'imposaient à son esprit. On lui avait dit un jour que les moldus avaient une croyance, à propos de la mort. C'était un animal incompréhensible mais amusant, le moldu. Toujours est-il qu'ils pensaient qu'au seuil de la mort, on revoyait défiler sa vie.

Mais ils avaient tort, ce n'était pas étonnant. Parce que s'il était en train de voir sa vie défiler, alors elle aurait été bien tordue. Lui, tordu, il l'était. Mais sa vie était droite. Il avait choisi un cap qu'il n'avait jamais abandonné.

Alors il se demandait d'où lui venaient ses étranges pensées.

Etait-ce un souvenir ou un délire de son imagination, cette impression que sa mère lui avait un jour donné le surnom de canard ?

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Il se demanda si c'était pour la couleur de ses cheveux ou parce qu'il était en train de barboter dans son bain, à l'époque. Ou alors, sans raison. Mais c'était sans doute étrange de se demander pourquoi ce petit nom, alors qu'il était au beau milieu d'une bataille.

Peut-être était-ce parce que sa mère venait de tomber sous les sorts des Aurors ?

Non. Ce n'était pas sa vie qui défilait sous ses yeux, c'était la mort. Celle des autres, pour l'instant.

Draco se dit que les moldus mériteraient son courroux. Ils ne semblaient dire que des bêtises. Mais pour moment, il n'était plus le chasseur. Il était le chassé. Etait-ce son père qui lui avait raconté que les moldus chassaient le canard ? Etait-ce la vengeance du destin qui faisait que ce soir, il était le chassé ? Les moldus allaient l'abattre, au travers des baguettes de ceux qui se proclamaient de la lumière.

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Comme ces animaux pouvaient être des objets de décoration empaillé, comme les moldus appréciaient leur plumage – étranges animaux que ces moldus – lui était chassé ce soir et servirait de trophée pour celui qui l'abattrait. Sa chevelure blonde, héritage d'une longue lignée de sorciers puissants, était le plumage coloré qui s'arracherait parmi les vainqueurs. Ou pas. Les sorciers n'étaient quand même pas aussi bizarres que les moldus.

Mais quand même. Lui, comme son maître et ses partisans, se faisait tirer dessus comme des canards.

Il aurait préféré avoir l'esprit envahi d'un autre animal. Ça aurait été plus classe qu'il pense à l'expression « tirer comme des lapins » plutôt qu'à l'expression « tir au canard ». Lui, le bourreau des cœurs, lui qui connaissait intimement la plupart des jeunes femmes qui lançaient des sorts contre lui, devait être reconnu pour ses performances amoureuses… Pas comme un animal traqué.

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Et puis. C'était quand même un vrai manque de savoir-être que d'être comparé à un canard.

Cet animal se dandinait dés qu'il posait le pied au sol. Ah… Peut-être que ce détail fonctionnait avec lui, grande déchéance. Hé bien, cet animal couinait stupidement. Et les moldus en avaient fait un jouet en caoutchouc ridicule. Mais en même temps… Peut-être que la torture du Lord le faisait couiner, parfois. Souvent en fait. Il criait comme un goret, plutôt. Et ça manquait sans aucun doute d'élégance.

Alors peut-être qu'un canard n'était pas si mal, peut-être sa mère avait-elle raison en lui donnant ce surnom. Peut-être aussi que survivre comme jouet en caoutchouc pour ces dames ne serait pas si mauvais, s'il mourait aujourd'hui…Et il volait bien, après tout. Il aurait été capable de voler plusieurs jours et plusieurs nuits. Surtout pour fuir. Il aurait aimé pouvoir s'envoler loin, ce soir. Aller se prélasser dans un pays chaud.

Mais il faisait froid et il était trempé. Eau ? Sang ? Larmes. Peu importait. Il aurait pu barboter comme un canard, vu comme le sol était meuble…

Tiens. Son père venait de tomber, juste devant lui. Il venait de lui agripper la robe en levant le visage vers lui. Peut-être aurait-il voulu lui dire quelques mots ? Ah ben non. Seul un râle était sorti de la gorge du patriarche Malfoy. C'était laid. Il aurait pu faire ça avec plus de classe.

Il ne restait plus grand monde, autour de lui. Il était visible. Sans doute plus que visible en voyant les regards des Aurors se tourner massivement vers lui. Ah ! Oui. Il avait perdu sa capuche pendant que son père tirait sa robe de Mangemort.

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Ses cheveux blonds étaient beaux, mais sans doute un peu voyants, aussi.

Dans un sursaut salvateur, Draco s'accroupit alors que toutes les lumières volaient en direction de là où sa tête s'était trouvée, quelques secondes auparavant. Peut-être la bonne expression était-elle « tirer son épingle du jeu » ?

Ou peut-être pas. Est-ce qu'accroupi ainsi, il ne ressemblait pas plus encore à un canard qu'avant ? Il ne put s'empêcher de rire bêtement.

La peur avait un effet étrange sur les gens. Mais ils ne voyaient pas leur vie défiler, ça non.

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Mais rire était une perte de temps, surtout sur un champ de bataille. Alors les Aurors et les combattants de la lumière ne le loupèrent pas, cette fois. Et Draco fut touché.

« Tu as de si beaux cheveux, mon canard. »

Le canard s'écroula au sol. Et les cheveux imprégnés de sang et de boue n'étaient plus si beaux, finalement.


Si ça vous a plu - ou pas, n'hésitez pas à laisser une petite trace de votre passage ^^

Lena.