Bonjour ! Ceci n'est que le prologue d'une fic à laquelle j'ai pensé en me posant des questions sur les mages bleus. On sait qu'il y a Saroumane le Blanc, Gandalf le Gris, mais aussi Radagast le Rouge, et les magiciens bleus Pallando et Alatar.
Je me suis toujours demandé ce qu'ils étaient devenus, on dit juste que ces deux derniers sont partis à l'est. D'accord, mais comment et pourquoi ? J'ai commencé à imaginer, puis l'intrigue de ma fic s'est formée dans mon esprit et j'ai commencé à l'écrire.
Tout commence donc à Númenor, peu avant la chute du royaume, alors que Sauron est prisonnier dans la tour du roi.
J'espère que vous apprécierez.
DISCLAIMER : Aucun personnage ne m'appartient, tout est à J. R. R. Tolkien, sauf Tangadion et Andúniel.
Chapitre 1 :
La flèche noire
Appuyé contre le mur du couloir, Tangadion attendait que sa sœur aînée Andúniel le rejoigne. Le petit garçon de huit ans avait hâte d'en finir. Sa sœur était l'une des plus grandes guérisseuses de Númenor. D'aucuns affirmaient qu'elle avait le pouvoir de guérir les blessures des vivants autant que celles des morts.
Tangadion devait admettre qu'il jalousait sa sœur. Les Númenoréens étaient considérés comme les plus grands humains de ce monde, car les Valars, pris de pitié devant les pertes qu'ils avaient endurées durant la Grande Bataille, leur firent don d'une longue vie, des pouvoirs physiques et mentaux accrus, ainsi que de nombreux talents et savoirs qui jusque-là n'avaient été accordés qu'aux elfes.
Le petit se regarda dans le reflet du seau d'eau posé à ses pieds. Il n'était qu'un enfant vêtu d'une petite tunique grise, avec des cheveux noirs hirsutes et des yeux gris acier.
« Tang ? »
L'enfant leva les yeux. Et comme à chaque fois qu'il croisait les beaux yeux argentés de sa sœur, il se sentit apaisé. C'était une jeune femme d'une vingtaine d'années, aux longs cheveux brun sombre, vêtue d'une robe bleu argenté, la tenue des guérisseuses de la cité. Son visage était mince et reflétait une douceur candide. Il ne fallait toutefois pas s'y fier, car dans ses yeux se lisait une malice redoutable.
Sa sœur n'était pas digne de sa jalousie, non, elle ne méritait que son amour. Car c'était cela qu'elle inspirait. Elle dégageait une aura incroyable, qui inspirait aux gens l'espoir et l'envie de croire en eux-mêmes.
« Viens, allons-y », dit-elle en lui tendant la main.
Acquiesçant, l'enfant souleva son seau et la suivit à travers les escaliers du palais. Ils descendirent jusqu'aux donjons.
Comme à chaque fois qu'il y descendait, Tangadion se sentit gagné par un malaise anormal. L'air se faisait plus froid, l'atmosphère plus sombre, pourtant les torches accrochées aux murs auraient dû éclairer davantage le chemin.
Il se souvint d'une histoire qu'il avait lue dans un livre, comme quoi il existait un monde souterrain qui accueillait les âmes tourmentées.
Tangadion avait beau savoir qu'il était en train de descendre un vulgaire escalier du palais, il ne pouvait s'empêcher de faire cette comparaison.
Enfin, sa sœur et lui arrivèrent devant une épaisse porte de métal couverte de chaînes. Deux gardes férocement armés l'encadraient.
La jeune femme leur dit quelque chose dans une langue inconnue. Tangadion avait appris de sa mère qu'il s'agissait du Sindarin, la langue des Elfes. Les Elfes… D'autres êtres incarnant la perfection que l'enfant avait toujours rêvé d'atteindre.
« Tu es trop exigeant envers toi-même », lui répétait souvent sa sœur.
Le bruit des chaînes tira l'enfant de ses pensées. Il suivit sa sœur à travers d'autres couloirs, descendit avec elle d'autres escaliers jusqu'à enfin atteindre une porte grillagée.
Comme à chaque fois, l'enfant s'assit sur la dernière marche et la regarda entrer dans cette pièce noire. Il ne savait pas grand-chose de cet endroit, sinon que le prisonnier qui s'y trouvait venait du Mordor. Quelqu'un qui s'était fait capturer sans livrer bataille, enchaîné puis emmené ici, dans les profondeurs de la tour du roi de Númenor.
Soudain, sa sœur ressortit de la pièce et lui dit d'attendre, qu'elle avait oublié une herbe médicinale nécessaire pour la potion que le prisonnier devait ingurgiter.
Resté seul, l'enfant hésita. Il aurait aimé s'en aller, cet endroit lui filait la chair de poule ! Et les bruits qui provenaient de la pièce ne le rassuraient pas. Quelqu'un, ou plutôt quelque chose respirait fort là-dedans, sans doute un dragon !
« Qui est là ? »
Tangadion poussa un cri de peur. La voix qui avait prononcé ces mots était forte, impérieuse, mais aussi cruelle et emplie de haine.
« Montre-toi ! »
Submergé par le pouvoir dans cette voix, l'enfant se leva et marcha jusqu'à l'entrée de la cellule.
Il vit, à travers l'obscurité, deux yeux rouges flamboyants le fixer.
« Oh ? Un enfant… » La voix se fit moins grave, et cela soulagea Tangadion. Pour une fois, il était heureux de ne pas représenter grand-chose.
« Dis-moi, petit… Où est partie la femme qui devait me soigner ? »
Tangadion aurait aimé rebrousser chemin, s'éloigner de cet être qui le terrifiait. Mais il demeurait scotché à ses yeux, et à l'obscurité qui l'enveloppait. Il ne voyait pas le reste de son corps.
« Ma sœur va revenir », dit-il.
« Ta sœur ? Alors, tu es Tangadion. Le frère d'Andúniel, n'est-ce pas ? Le roi Ar-Pharazôn m'a parlé de vous, les enfants de l'un de ses cousins. »
Le petit fronça des sourcils. Le roi avait parlé de sa famille à ce… cet être ? ! Impensable !
« Vous êtes qui ? » demanda l'enfant, méfiant.
Les yeux bougèrent dans l'obscurité, se faisant plus hauts. L'obscurité se fit moins dense, et Tangadion put alors discerner un grand corps sombre, recouvert d'une armure noire.
« Sauron, seigneur du Mordor. »
Un vent froid et puissant parut balayer la pièce. Pétrifié par le froid et la terreur, l'enfant ne répondit rien.
« Ta sœur a plus de cran que toi, elle ne se laisse pas submerger par mon aura. Tu fais un bien piètre frère pour elle », dit Sauron, ricanant.
Piqué au vif, l'enfant détourna le regard.
« Le roi et ma sœur sont forts, et jamais personne ne vous fera sortir de là. Vous n'avez que ce que vous méritez. »
« On dit qu'Andúniel peut communiquer avec les morts et apaiser leurs âmes pour les guider vers l'au-delà. Elle a toujours un visage si calme et doux… Je me demande de quoi elle aurait l'air, si elle était ravagée par la haine et la douleur. »
Une heure plus tard, Tangadion bondit de marche en marche jusqu'à la sortie de la tour et ouvrit grand les bras vers le ciel, heureux de retrouver la lumière du soleil.
« Dis, grande sœur, pourquoi on doit le soigner ? » demanda-t-il, alors que sa sœur et lui marchaient vers les jardins du palais.
« Parce que c'est un prisonnier de guerre, et que le roi le veut vivant pour l'interroger. »
« Je l'aime pas, moi. Il me fait peur, grande sœur. »
« C'était autrefois un Maiar, Tang. Alors, il faut le pardonner. Sans l'influence de Melkor, il n'en serait pas là, aujourd'hui. »
Frère et sœur tournèrent la tête vers la tour et la regardèrent un moment en silence, avant de partir vaquer à leurs occupations.
Ils ignoraient tout de la construction des temples pour Melkor, et des liens qui s'étaient lentement mais sûrement formés entre le roi et Sauron, dans sa cellule.
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Dans son rêve, il faisait noir et des serpents essayaient de l'atteindre pour le mordre, alors qu'il se débattait pour rejoindre la lumière.
« Tang ? Tang, réveille-toi ! ! ! »
Le petit fut réveillé en sursaut par sa sœur. Elle était en chemise de nuit et avait l'air affolée. Son chien Lass était assis sur son lit, et regardait lui aussi sa sœur avec l'air ahuri.
« Lève-toi, il faut qu'on parte, vite ! »
Sans trop comprendre comment, le petit se retrouva dans les bras de sa mère et s'éloigna de sa chambre, où son chien restait assis sur le lit.
Lorsque toute la famille sortit de la maison, ils se retrouvèrent mêlés à une foule affolée, qui courrait dans toutes les directions en criant de peur.
Partout on courrait, criait, se bousculait, certains marchaient sur les autres… Tangadion leva les yeux vers le ciel et vit qu'il était sombre, très sombre. Ce n'était pas naturel. Il avait déjà assisté à des orages, mais jamais d'une telle ampleur !
Il réalisa soudain que la maison n'était plus sûre, que son chien y était resté, lui ! Pris de panique, il se mit à crier son nom.
« Lass ! Lass ! »
Dans la chambre, le chiot au pelage argenté bondit du lit, descendit les escaliers, franchit la porte encore entrouverte et se mit à courir à travers la foule, essayant de rejoindre son petit maître.
Toute la famille arriva bientôt près du port, où un bateau était amarré. Ici, la mer était agitée, des rafales fouettaient leurs visages, les aspergeant de fines gouttelettes d'eau de mer.
« Dans la cale, vite ! » cria le père.
« Allez, Tang ! » cria la mère.
« LASS ! LASS ! » continuait de crier l'enfant.
Une fois en sécurité dans la cale avec sa sœur et sa mère, Tangadion voulut remonter les escaliers pour aller sur le pont chercher son chien, mais son père referma la trappe.
Soudain, un puissant fracas retentit, et tout le bateau fut ébranlé.
« C'était quoi, ça ? » demanda la mère, inquiète.
« Je ne sais pas… » dit Andúniel. « Je vais voir. »
Elle ouvrit la trappe et recula, de justesse, pour laisser une boule de poils trempée entrer dans la cale. Tout heureux, Tangadion accueillit son chiot dans ses bras et se mit à le serrer contre lui, attendant qu'il cesse de trembler.
Saisissant son arc et une flèche, Andúniel sortit lentement de la cale. Malgré le vent et la pluie qui fouettaient son corps et collaient ses vêtements à sa peau, elle traversa le pont, cherchant son père du regard.
Soudain, elle l'aperçut, debout contre le gouvernail. Il semblait affalé dessus. Inquiète, elle s'approcha et posa la main sur son épaule. Il se retourna mollement. Et là, avec horreur, elle vit son visage couvert de brûlures.
Un sombre ricanement dans son dos la fit encore plus plonger dans la terreur. Elle se retourna, et là, elle le vit.
« Sauron ! »
Elle arma son arc, prête à le tuer. Il ouvrit grand les bras en ricanant.
« Tire, n'hésite pas ! Une vulgaire flèche ne me fera rien, à peine une piqûre de moustique. »
« Vous avez tué mon père ! »
« Non, ce sont les Valars qui l'ont puni, pour avoir participé à la construction d'un des temples de Melkor. Ton roi a osé défier les Valars, et voilà le châtiment. »
Andúniel sentit ses mains trembler, et pas à cause du froid. C'était donc vrai, les rumeurs étaient fondées : Sauron avait empoisonné l'esprit du roi. Et maintenant, Númenor allait disparaître.
« Je ne compte pas rester pour y assister, je repars. Et j'ai besoin de ce bateau », dit Sauron en croisant les bras.
Soudain, des aboiements étouffés retentirent sous leurs pieds. Sauron baissa légèrement les yeux puis les redressa en ricanant.
« Ta famille est en dessous ? Que c'est touchant ! La courageuse guérisseuse affrontant Sauron pendant la chute de Númenor ! »
Il se retourna pour marcher vers la trappe de la cale, quand la voix d'Andúniel l'arrêta.
« Je vous interdis de bouger ! »
Sauron la regarda avec mépris, puis se pencha pour saisir l'anneau de la trape. Andúniel n'y tint plus.
Elle ferma les yeux et tendit la corde de son arc. La flèche parut se nimber d'une lueur bleutée, puis elle fendit l'air.
Sauron se redressa brusquement et hurla de rage, un hurlement évoquant celui d'un loup blessé. Il n'en fallut pas plus pour que Lass aboie de nouveau, et que le reste de la famille se mette à crier.
Sauron se retourna vers la jeune femme avec un air fou de rage.
« Tu vas me le payer, petite peste… »
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Ignorant les suppliques de sa mère, Tangadion sortit de la cale. Il remarqua alors une chose : le bateau avait quitté le port, il voguait au milieu de l'océan. Et ensuite, il y avait des traces de brûlure et du désordre sur le pont, comme si une lutte avait eu lieu.
Il aperçut soudain sa sœur qui marchait vers lui, les bras ballants, sa chemise de nuit couverte de sang. Elle tomba lentement à genoux devant lui.
« Grande sœur ! »
« Andúniel ! Mon dieu, tu es blessée ! » dit sa mère, courant près d'elle.
« Ce n'est rien… Nous sommes sains et saufs… » dit la jeune femme d'une voix affaiblie par la douleur.
Elle tourna la tête vers les ruines en flammes de Númenor. La mer commençait à monter. Bientôt, elle formerait un tsunami qui engloutirait les restes. La jeune femme put apercevoir deux autres bateaux qui s'éloignaient de la cité dans d'autres directions. Au moins, quelques-uns d'entre eux auront survécu. Mais lui, il avait sauté à l'eau, après l'avoir sauvagement battue. Ses pouvoirs de médium n'auront rien pu faire, pas même le ralentir ! Juste un peu l'énerver.
« Grande sœur, il faut te soigner ! Utilise tes pouvoirs », dit Tangadion.
« Non, je n'ai plus assez de forces…Écoute, Tang… Prends cette pointe de flèche… Brûle-la avec ma dépouille, elle renferme une petite partie de l'énergie vitale de Sauron… J'emporterai… ce maigre butin… avec moi dans l'au-delà… pour montrer aux Valars… qu'il y a encore de l'espoir. »
Tangadion ne regardait pas la pointe de flèche noire dans la main de sa sœur, mais son beau visage crispé par la douleur et l'effort.
La jeune femme eut un dernier soubresaut, puis elle ferma les yeux et tout son corps se mit à tomber, lentement, vers le sol.
« Grande sœur… GRANDE SŒUUUUUUUR ! »
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Quelques jours plus tard, sur les rives de la Terre du Milieu, les survivants de Númenor, un bûcher fut installé, et à son sommet on déposa le corps de l'une des plus illustres guérisseuses royales, Andúniel, fille de Sadron.
Tandis que les flammes dévoraient le corps de la jeune femme, la pointe de flèche cachée sous ses mains jointes se mit à briller d'une lueur noire.
« Flèche noire… Je t'emmène avec moi en enfer », murmura un esprit dans le vent.
Un cri parut retentir dans le vent, provenant de l'est. Tangadion frissonna. Il ne connaissait que trop bien cette voix, pour l'avoir déjà entendue dans les ténèbres.
Tout était fini, désormais. Il ne croirait plus jamais en la Lumière.
Et voilà ! Vous en pensez quoi ? Je continue ou pas ?
