Alors, tout d'abord bonjour à tous. Il s'agit de ma première fanfiction (ou en tout cas la première que je publie) alors j'espère que vous serez indulgent. =)
Summary : Un mois de bonheur seulement avait passé depuis leur grande victoire. Mais l'ennemi veille, et certains devront apprendre que tout n'est pas toujours aussi simple qu'il ne le paraît, lorsqu'une nouvelle attaque semble foudroyer la ville. Devront-ils de nouveau reprendre les armes et abandonner leur repos si mérité ? Et si tout était à recommencer ?
Mon histoire se situe environ un mois après la fin de la quatrième saison, donc après l'extinction du SuperCalculateur et la défaite de Xana.
Rating K+, mais si quelqu'un pense que je devrais changer, dite-le-moi, j'avoue ne pas être encore tout à fait sûre de comment je dois les répertorier. Quand je lis une fanfic je ne regarde pas souvent. =(
Disclaimer: Je ne possède bien évidemment pas Code : Lyokô (ce serait trop beau…). Croyez-moi que sinon, on en serez à la saison 16. Vraiment.
Je ne gagne pas non plus d'argent pour ces écrits, c'est juste pour profiter et faire profiter.
SPOILER : Cette fanfic tient compte des événements des quatre saisons et du double épisode "Le Réveil de Xana". Quiconque n'a pas tout vu court le risque d'être spoilé à de nombreuses reprises.
De plus, l'introduction contient un résumé, ou plutôt, une description, d'un point de vue extérieure, des deux derniers épisodes (en très court). Ça n'explique cependant pas ce qui arrive, ça décrit juste certains évènements, mais ça reste vague. Cependant, vous n'avez pas besoin de lire l'intro pour comprendre l'histoire, alors si vous voulez éviter tout risque de spoils, passez au Chapitre 1, juste en dessous.
Mais assez de blabla. Enjoy !
Introduction
D'un violent coup de pied, il fit basculer son adversaire, qui tomba au sol dans un bruit sourd.
- Ça faisait longtemps qu'j'en rêvais ! déclara-t-il, restant d'humeur joueuse malgré la situation.
Il n'eut cependant pas le loisir de se réjouir plus longtemps aussitôt, le beau brun se releva dans un bond, le sourire aux lèvres, semblant invincible.
Il ne le lui laissa même pas le temps de réagir : il lui octroya un coup d'une puissance surhumaine qui l'envoya valser à l'autre bout de la salle.
- Ulrich !
Le corps de l'étudiant choqua violement contre le mur, avant de retomber sur quelques caisses en bois, qui explosèrent sous son poids. Inanimé, ni lui, ni la jeune japonaise qui observait la scène, incapable de bouger, ne purent empêcher l'esclave de Xana de s'approcher lentement de sa proie, savourant sa victoire contre celui qu'il avait souvent considéré comme son plus grand adversaire, aussi bien au combat qu'en amour.
C'est dans un rire machiavélique qu'il tendit sa main vers celui qui, bientôt, ne serait plus qu'un amer souvenir, alors qu'il créait entre ses doigts une sphère gorgée d'électricité, prêt à éliminer définitivement l'allemand.
Sans doute avait-il crié victoire trop vite…
- Aelita, lance le programme, maintenant !
Le jeune homme ferma les yeux, au même moment où les doigts frèles de la jeune fille se posèrent pour la dernière fois sur l'écran de la voûte céleste.
Le corps du brun commença à se convulser, devant les yeux ébahis de celle qu'il aimait, alors que de sa bouche sortait un spectre noir. Si l'asiatique espérait secrètement qu'il ne disparaîtrait dans les circuits électriques, comme toujours il l'avait fait, elle constata cependant, à sa plus grande stupeur, que l'incroyable quantité d'énergie électrique recrachée par son compagnon se regroupait, formant un énorme nuage noir, qui prit l'aspect d'un homme. Cet être surréaliste poussa alors un cri, empli de fureur et de désespoir, alors que son cobaye tombait lui-même à genoux, son corps ne supportant plus la douleur qu'on lui infligeait.
Ulrich fut à la fois réveillé par un hurlement inhumain que par les bras de son amie, qui l'enlaçaient. C'est avec de durs efforts qu'il ouvrit les yeux, avant de découvrir un spectacle absolument horrible. Le spectre noir se contorsionnait, luttant désespérément pour sa survie, sentant toutes ses forces l'abandonner, comme lui abandonnait le corps de son esclave.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? articula-t-il à grande peine à la jeune geisha.
- J'en sais rien…
L'aspect du monstre changea soudain, se transformant en un visage, à l'aspect presque humain. Il émit un dernier râle, puissant, sonore, avant de prendre la forme du signe d'œil que tout deux ne connaissaient que trop bien. Subitement, la fumée noire s'évapora lentement dans l'air.
Les deux adolescents, toujours serrés l'un contre l'autre, se jetèrent un coup d'œil perplexe, refusant de comprendre ce qui venait bien d'arriver.
Pas très loin de là, devant un énorme ordinateur, un autre enfant scrutait ses écrans, incapable de croire ce qu'il venait lui-même de réaliser.
- C'est… c'est pas possible…
Immédiatement, il remit la petite oreillette qu'il portait en place et, parlant dans son micro, s'adressa à celle qui venait de sauver ses meilleures-amis, en dépit de ce qui lui était le plus cher, et dont il put entendre les sanglots étouffés.
- Aelita ? Nous avons gagné. Xana a était vaincu ! … Je te ramène à la maison…
La jeune brune se redressa doucement, lâchant enfin les bras de celui qui serait toujours plus pour elle qu'un ami, observant, encore suspicieuse, le corps que Xana venait d'abandonner.
- William… ?
Le buste du garçon bascula en avant, choquant violement contre le sol, sous les yeux stupéfaits de celle qu'il aurait aimé considérer comme son amie. Il ne se releva pas.
- William !
ººº
- Alors, qui est pour l'extinction du SuperCalculateur ?
Yumi, sans hésitation, fut la première à lever la main, suivie de près par Aelita, puis Ulrich. Odd, bon dernier, comme d'habitude, fit enfin savoir son accord.
Jérémie esquissa un sourire. Ils avaient eu bien du mal à se faire à l'idée que leurs années d'aventures et de combats étaient bel et bien finies, cependant, la raison avait était plus forte que la nostalgie, et tous étaient désormais décidés à en finir avec ce qui aurait tant de fois pu leur couter la vie.
Faisant demi-tour, il plaça sans plus une once de regret sa main sur la manette servant à éteindre le SuperOrdinateur, et l'abaissa. Immédiatement, une série d'alarmes sonnèrent, voulant les prévenir de ce qui aurait pu être une forte erreur plusieurs mois auparavant mais qui, désormais, n'était plus qu'une délivrance.
L'immense appareil commença à se refermer, jusqu'à disparaître complètement dans une trappe se trouvant au sol. Lorsqu'il y fut entièrement inséré, la trappe se referma sur elle-même. Sur elle se trouvait toujours ce signe, que chacun d'entre eux espérait ne plus jamais revoir.
L'œil de Xana.
Chapitre 1
Elle s'étira longuement, n'ayant encore laissé qu'à moitié le Pays des Rêves. Elle fut d'ailleurs tentée d'y rester, mais un bref coup d'œil à son réveil l'en dissuada : 7h00. Dans une heure, elle commencerait les cours, et elle devait encore se lever, se doucher, s'habiller et petit-déjeuner.
Elle quitta alors son lit paresseusement, et regroupa les vêtements qu'elle porterait aujourd'hui : une longue robe mauve à capuche, et, en dessous, des pantalons de laine roses. Bien que cela lui donnait un air assez vieux-jeu, elle aimait cette combinaison : cela lui donnait une apparence plus mature, plus rationnelle, moins innocente. Loin de la princesse en détresse qu'elle avait été.
L'adolescente sortit de la chambre qu'elle ne partageait avec personne, un vrai plaisir pour elle, surtout à cause de ses nombreux cauchemars, qui aurait sans doute dérangés une potentielle compagne de chambre. Après avoir refermé la porte à clé, elle se dirigea en direction de la salle de bain des filles. Par chance, il était encore assez tôt pour ne pas avoir à attendre trop longtemps : il n'y avait pas de queue, et la salle de douche était vide. Sans attendre, elle se glissa dans une cabine et, après s'être dénudée et avoir laissé ses vêtements de côté, elle se plaça sous un jet d'eau, qu'elle s'empressa de mettre en marche.
Son corps frissonna. Il lui fallut bien quelques secondes pour se faire au contact de l'eau froide sur sa peau, cependant, elle apprit à apprécier cette sensation. Après cet instant d'adaptation, elle entreprit de démêler sa courte chevelure rose, afin de la lisser le plus possible. Elle trouvait très agréable de se shampouiner, de se masser doucement le cuir chevelu, cela la détendait tellement… Et rien ne pouvait égaler la sensation de bien-être que l'on ressentait lorsque l'on était propre. Vraiment, elle ne regrettait en rien sa vie passée dans le SuperCalculateur…
Une fois qu'elle se fut lavée, elle s'habilla, tout en jetant un coup d'œil à sa montre : 7h15. Elle avait était rapide. Le temps de se coiffer et de ramener sa chemise de nuit à sa chambre, et elle pourrait rejoindre la cantine afin de manger. D'ailleurs, il était temps qu'elle sorte : elle entendait des voix féminines dans la salle de bain. On allait bientôt la presser de laisser sa place.
Elle salua chaleureusement Emilie Leduc et son amie, Anaïs Piquet, qui venaient d'arriver. Cette-dernière gagna d'ailleurs sans attendre la douche qu'elle venait d'emprunter.
Emilie et elle discutèrent un instant de tout et de rien, se coiffant ensemble devant le grand miroir qui occupait la plus grande partie de la petite salle. Elles n'étaient pas extrêmement proches, mais la jeune anglaise avait toujours trouvé la collégienne agréable. Il fut cependant temps pour elle de quitter les lieux et, avec un dernier salut, elle se dirigea à nouveaux vers sa chambre, où elle laissa ses affaires.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le self-service. Quelques élèves s'y trouvaient déjà, la plupart encore à moitié endormis. Ah, pas facile, le lundi matin…
C'était d'ailleurs le cas de son ami Odd, dont les yeux se fermaient d'eux-mêmes. Malgré tout, cela ne l'empêcha pas d'engloutir son petit-déjeuner comme si il n'avait pas mangé depuis une semaine (alors que la jeune fille se souvenait parfaitement lui avoir laissé la moitié de son steak la veille au soir), au risque de s'étrangler, sous les yeux amusés du jeune allemand qui l'accompagnait.
Sa meilleure-amie se trouvait également là, juste en face du jeune Stern. Evidemment, en tant que demi-pensionnaire, elle avait déjà petit-déjeuné chez elle, cependant, elle avait chapardé quelques biscuits à Ulrich, et les grignotait, le regard rieur. Ce fut d'ailleurs la seule à apercevoir l'anglaise, qui les rejoignait machinalement, ses deux amis masculins la tenant dans leur dos.
- Salut, Aelita ! Bien dormie ?
- Ouai ! Mais je serais bien resté dans mon lit une heure de plus…
- Ça, je ne te le fais pas dire. L'italien bailla, s'étouffant à moitié avec un bout de croissant. Le lundi, ça devrait être interdit.
La jeune fille sourit. Odd avait une telle façon de voir les choses…
Après avoir pris place aux côtés de la japonaise, Aelita s'étira longuement. Oui, le lundi était bel et bien un crime contre l'humanité…
C'est alors qu'elle remarqua l'absence d'un membre essentiel du groupe, en tout cas à ses yeux.
- Et Jérémie ?
- Aucune idée. Fit Ulrich, prononçant enfin ses premiers mots pour la belle. On a toqué à sa porte mais il n'a pas répondu.
- Je parie qu'il s'est encore endormi devant son écran ! s'amusa Odd.
- C'est possible…
Aelita soupira. Vraiment, il ne perdrait jamais ses mauvaises habitudes… Combien de fois lui avait-elle dis et redis que bien manger et bien dormir était très important pour son développement, surtout à leur jeune âge ? Et puis, que pouvait-il bien faire, tant de temps à son ordinateur ? Il n'avait plus de programme à créer pour lutter contre Xana cette époque était belle et bien passé…
- Enfin bref. Elle soupira, secouant doucement sa belle chevelure. Sinon, et vous, comment ça va, aujourd'hui ?
- Niquel. Assura l'allemand. Une autre nuit normale, pour une matinée normale, assurant une bonne journée normale.
Si cela pouvait avoir l'air ennuyant, il obtint pour toute réponse trois sourires éclatants. Si tous avaient craints de s'ennuyer, après deux années dédiées à combattre le mal en… programme (!), la vérité était que cela leur faisait du bien. Avoir une adolescence normale, pour grandir et murir, sans avoir à craindre sans cesse une attaque pouvant causer leur mort, et celle de milliers de personnes, c'était… reposant.
Aelita y resongeai d'ailleurs, tout en attaquant son croissant. Bientôt un mois qu'ils avaient éteint le SuperCalculateur. Elle s'était finalement remise des tragiques évènements survenus, grâce à l'appui constant de ses amis, et surtout, de Jérémie, qui la couvait d'attentions. Évidemment, son père lui manquait, comme toute sa vie avant d'avoir était virtualisée pour la première fois sur Lyokô, ou tout simplement avant la disparition de sa mère, mais elle était tout de même bien tombée. Et s'était forgé une nouvelle famille. Quatre amis, quatre frères, pour qui elle donnerait tout, et qui le lui rendraient, elle en était sûre. Ils l'avaient déjà prouvés tant de fois…
Enfin… quatre ? Vraiment ?
L'apparition dans le réfectoire d'un jeune homme aux cheveux bruns lui fit perdre le fil de ses pensées. Yumi également l'aperçu et, automatiquement, détourna le regard en direction de Odd, faisant mine d'écouter la blague que celui-ci racontait à Ulrich, qui ne se doutait de rien. Sa réaction ne surpris pas vraiment l'étudiante. Évidemment…
William.
Il avait était dur pour le groupe de pardonner le jeune homme de sa coopération avec Xana, l'entité maléfique qui avaient pris contrôle de son corps, plusieurs mois auparavant. Si Yumi faisait des efforts pour le traiter correctement, et commençait même à l'apprécier de nouveau, Ulrich, lui, l'évitait comme un pestiféré. Odd continuait à le trouver cool, et rien dans son caractère ne semblait indiquer qu'ils avaient été de durs ennemis.
Jérémie était plus aimable avec lui. Depuis le premier jour, il avait trouvé le garçon courageux, et son côté rebelle l'impressionnait. Le pardonner n'avait pas était trop compliqué pour lui. Après tout, en quoi était-il sa faute, s'il était tombé entre les « pattes » de la terrible méduse ? Bien entendu, s'il avait pris compte des conseils et mises en gardes d'Aelita et de lui-même…
Et Aelita ? Elle avait été la première à le défendre au sein du groupe, quand même Odd et Jérémie le toisait durement. William n'avait pas eu de chance. Point barre… Elle savait que, s'il le pouvait, il réparerait milles fois ses erreurs. Mais évidemment. C'était impossible. Car, désormais, Xana n'était plus…
Mais n'était-ce pas là une raison de plus pour tourner la page, et oublier cet épisode fâcheux ? Si, sûrement. Elle espérait que ses deux amis le comprendraient rapidement…
Lorsque leurs regards se croisèrent, elle lui dédia d'ailleurs un sourire amical, qu'il lui rendit sans attendre. Cependant, il ne prit pas la peine de tenter une approche, sachant qu'il n'était pas la bienvenue à la table de l'agréable jeune fille. Se retournant, il rejoignit une autre table, où se trouvait d'autres garçons de son âge, bien que se tenant volontairement à l'écart, visiblement songeur. Aelita trouvait cela dommage. Mais à quoi bon l'obliger à passer un mauvais moment, entouré d'un allemand rancunier et d'une japonaise fuyante ?
La japonaise en question, ne supportant d'ailleurs plus le sentiment de culpabilité qu'elle avait ressenti lorsqu'elle avait vu les deux jeunes pris dans leur salut silencieux, se leva, sous le regard curieux de ses camarades.
- Bon, il commence à se faire tard, je vais aller voir Jérémie. Il va finir par arriver en retard.
- C'est clair. Ulrich jeta un coup d'œil à sa montre. Il est 8 heures moins le quart passé. Il a encore le temps de manger s'il se dépêche, par contre, c'est mort pour la douche.
- Tu veux que je t'accompagne ? proposa la demoiselle aux cheveux roses, en parti pour ne pas laisser son amie seule, et en partie parce qu'elle était pressée de revoir son petit génie.
- Non, ne t'inquiète pas. Mange, ce ne sera qu'un instant.
Sur ce, elle salua ses amis, et quitta la salle, sentant peser sur elle le regard insistant et pensif de William, alors qu'elle pensait sérieusement à entamer une fois pour toute une petite discussion avec lui. « C'est ridicule d'encore lui en vouloir » pensait-elle, rejoignant l'avis de sa meilleure-amie. « Lyokô, Xana, tout ça, c'est du passé… Je devrais passer à autre chose. »
Elle courut le plus vite possible vers le dortoir des garçons, afin de laisser le temps au blond de petit-déjeuner avant les cours, et pour cela, il lui faudrait se presser. Et puis, elle ne tenait pas tant que ça à tomber sur Jim…
En moins d'une minute, elle fut devant la porte de l'informaticien. Les probabilités qu'elle ne se soit trompé de chances étaient à vrai dire inexistantes. Combien de fois, durant leurs années de lutte, avait-elle servi de QG aux membres du groupe ?
Elle toqua trois coups à sa porte, obtenant autant de succès qu'Ulrich avant elle. Son deuxième essai ne fut pas plus concluant, ce pourquoi elle décida de le réveiller en personne.
- Jérémie ? Mieux valait prévenir, peut-être n'était-il pas vêtu, ou dans une situation gênante qui aurait impliqué qu'il préféré ne pas répondre. Je vais entrer…
La combattante ne fut pas très surprise par ce qu'elle voyait. L'adolescent était avachi sur son clavier, étant visiblement tombé de fatigue en plein travail. La petite lumière clignotant sur son écran noir indiquait qu'il avait laissé son ordinateur et son écran allumés, mais que tout s'était mis en veille, après un long temps sans les utiliser. Allez savoir depuis combien de temps il s'était assoupi…
Il fut cependant sorti de son sommeil si lourd par une main affectueuse qui le secouait doucement, pour ne pas le brusquer.
- Jérémie ? Oh, Jérémie…
- Huuum ?
- Allez, Boucle d'Or, réveille-toi, c'est l'heure… Il reste un quart d'heure à peine avant le début des classes.
Le garçon l'observa un moment, l'air absent avant de se redresser sur sa chaise, et de s'étirer difficilement. Il appuya machinalement sur le bouton lui permettant de rallumer son ordinateur, afin de l'éteindre dignement. Pendant ce temps, Yumi, en bonne amie, jeta un coup d'œil à l'emploi du temps du jeune génie, qui trainait sur son bureau, et pris la liberté de ranger dans son cartable les livres dont il avait besoin, bien qu'elle ignorait quels classeurs ou cahiers il utiliserait pour ses cours du jour. Il s'en chargea lui-même, après s'être assuré que son ordinateur (particulièrement lent, aujourd'hui, peut-être pour avoir était délaissé toute une nuit) s'éteignait, fidèle à sa demande. C'est alors qu'ils se dirigeaient tout deux vers le couloir, lui encore un peu patraque, qu'un détail lui revint à l'esprit. Yumi le surprit à le dévisager, l'air soudainement abasourdi.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Comment tu m'as appelé ?
- Boucle d'Or. Elle lui sourit, voyant où il voulait en venir. Ça, ça devait le changer de l'éternel « Einstein » d'Odd.
- D'accords, mais pourquoi ?
- Ben, avec ton habitude de dormir comme ça en bossant… Tu vas bientôt dormir en cours comme Odd !
- Ah… « La Belle au Bois Dormant », tu veux dire ?
- Euh, possible. Son ton se fit moins assuré, consciente qu'elle venait de dire une bêtise. Je suis pas très forte en culture française.
- Culture Européenne, tu veux dire. Et Américaine, au moins du Nord. Ça m'étonne que cela ne soit pas connu aussi en Asie…
- Eh bien, peut-être bien. Tu sais, les contes, tout ça, c'est pas vraiment mon truc…
C'est tout en discutant sur les différences culturelles de leurs deux pays d'origines qu'ils se dirigèrent à grands pas vers le réfectoire, ou il ne devait plus rester un seul croissant. Jérémie avait cependant pris garde de refermer sa porte à double tour avant de suivre la japonaise.
Ainsi donc, aucun des deux ne put voir comme l'écran de son ordinateur, pas encore complétement éteint, se brouillait, dévoilant un signe mal défini, qui aurait sans doute donné la chair de poule au groupe entier…
ººº
Elle le regardait bailler aux corneilles avec amusement, tout en se demandant à quel moment il se rendrait compte que le bout du microscope ne pointait pas du tout son expérience.
- On n'y voit rien !
- Tu comptes viser ta main depuis là, Jérémie ?
Les deux enfants se regardèrent un instant, l'un sans comprendre, l'autre se retenant pour ne pas rire aux éclats. Après quelques secondes de doutes, il finit par jeter un coup d'œil à ses doigts, où il tenait toujours le petit bout de feuille qu'ils étaient censés observer. Il grommela quelque chose qu'elle ne compris pas, avant de rectifier sa préparation, plaçant enfin l'objet sous l'objectif, prêt à l'étudier.
Aelita le laissa faire, toujours souriante. Il était rare de voir le jeune Belpois se comporter d'une façon aussi maladroite, surtout pendant un cours de chimie… Que diable fabriquait-il dans sa chambre, pour être aussi à bout ?
- Tu es sûr que ça va, Jérémie ?
- Je n'ai pas encore tout à fait régler le microscope, tu veux le faire toi-même ?
- Non… Enfin, si, évidemment, si tu veux. Je voulais parler de toi, est-ce que tout va bien ? Tu as l'air très fatigué, ces derniers-temps, très absent…
- Ah, ça…
Il continua à tripoter son appareil, cherchant ses mots.
- Je fais quelques recherches personnelles, et ça me prends pas mal de temps, mais ça va.
- C'est la deuxième fois qu'on te réveille juste avant la sonnerie. Tu ne vas pas tenir le coup longtemps…
- Bah, on a vu pire, non ?
Le soupir las de son amie le fit se détourner de son expérience un instant.
- J'ai dit quelque chose ?
- Jérémie… On s'est enfin débarrassés du plus grand danger pour l'humanité, après deux ans de dure labeur, et toi, tu passes ton temps à bosser. Pourquoi est-ce que tu ne te reposes pas un peu ? Donne des vacances à ton cerveau, il te remerciera.
- Aelita…
- Écoute, on s'est à peine vu, ces derniers jours. On passe de moins en moins de temps ensembles. Je ne veux pas avoir l'air égoïste, mais j'aimerais bien que tu décroche un peu de tes écrans de temps en temps…
Les yeux fermés en signe de frustration, elle pinça les lèvres. À peine gagnaient-ils le droit d'être heureux que celui qu'elle aimait le plus se renfermait sur lui-même. Un vrai obsédé du travail. Elle ne supportait pas cela… Si au moins il la laissait l'aider ! … Mais non, ces travaux étaient inconnus du groupe, et il tenait à tout faire seul. Secret défense.
Une paire de mains chaleureuses vinrent serrer tendrement les siennes. Elle releva doucement la tête, et posa son regard las sur son petit génie. Celui-ci lui offrait un sourire doux, comme cherchant à s'excuser.
- Désolée, Aelita… Je ne voulais surtout pas te donner l'impression que je te rejetais. Si tu y tiens, cette après-midi, on pourrait faire un tour ensemble. Et si tu insistes, je dormirais même, promis.
- Dans ton lit ?
- Ça, je ne peux pas te le promettre…
Elle retint difficilement un rire, afin de ne pas alerter le reste de la classe, qui travaillait toujours au travail que leur avait imposé Mme Hertz pour cette heure de cours.
Finalement, peut-être n'y avait-il pas de quoi s'inquiéter…
Ce n'est que lorsque la cloche sonna qu'un petit détail lui revint en mémoire lui arrachant un nouveau sourire. Si Jérémie avait du mal à suivre en Chimie, sa matière préférée, comment allait-il se débrouiller pour l'heure suivante ?
ººº
Le génie s'écroula sur la chaise à une table de la cantine, la même que le groupe avait occupé ce matin, absolument exténué, sous les coups d'œil moqueurs de ses camarades. Evidemment, le cours de Gym. Il n'y avait pas pensé… Si ses performances n'étaient pas d'elles-mêmes très bonnes, le spectacle que donnait le jeune informaticien après une nuit de veille et un petit-déjeuner se résumant à trois biscuits et deux gorgées de lait était proche du pitoyable. Vraiment, qu'elle matinée…
- Tu vas m'écouter, quand je te dirais d'aller te coucher à l'heure, maintenant ?
- Oui, madame…
- Pourquoi faire ? Le voir s'écraser entre deux discours fastidieux de Jim, désolé, mais je trouve que ça éveille un peu le cours.
- Ulrich…
- Au lieu de dire des bêtises, s'exclama Jérémie, visiblement dérangé par ces moqueries qui le tenaient pour cible, quelqu'un saurait où est Yumi ?
Aelita préféra se taire, et sirota son jus de fruit, laissant les garçons se charmader. Elle avait effectivement vu la jeune fille venir en direction du self… en compagnie d'un garçon brun qu'elle ne connaissait que trop bien. Et elle savait que certains membres du groupe n'en serait pas très heureux… contrairement à elle. Est-ce qu'elle comptait enfin faire la paix avec son camarade ? Elle l'espérait…
Comme pour répondre à ses questions silencieuses, les deux jeunes entrèrent ensemble dans la grande salle, se souriant amicalement, ce qui lui mit du baume au cœur. Bien entendu, cela ne fit pas le même effet sur son ami Allemand, qui reposa son couteau à côté de son assiette, toisant le petit « couple », presque agressif.
- Qu'est-ce qu'il lui veut celui-là encore ?
- Oooh, tout doux Ulrich, tu t'détend ! tonna l'italien. Elle n'a pas un flingue pointé sur sa tête, il me semble. Personne ne la force. Ils discutent, c'est tout. Elle a bien le droit.
- Tsh, tu parles, elle acceptera tout simplement jamais que c'est un bon à rien, ce mec…
- Oh oh, chantonna son ami, serais-tu jaloux du beau brun ténébreux, mon cher Ulrich ?
- N'importe quoi…
- Allez, avoue ! Tu es jaloux ! Jaloux ! Jaloux !
- Ça suffit Odd !
Son exclamation furieuse fit taire la plupart des conversations du self-service, toutes les têtes se tournant vers la table du petit groupe, curieux de savoir ce qui avait bien pu provoquer une telle agitation chez un garçon réputé comme froid et calme.
Au comble de son malheur, Ulrich sentit se poser sur sa nuque les yeux noirs de Yumi et ceux, d'un bleu intenses et profonds, de William. Si Aelita et Jérémie préférèrent se faire tout petit, Odd, lui, était aux anges, comme à chaque fois qu'il obtenait un tel résultat en taquinant son meilleur-ami sur son sujet préféré : l'amour passionnelle qu'il portait à sa soi-disant « meilleure-amie ».
Ulrich souffla longuement, tentant de récupérer son calme, et c'est d'une voix tranchante mais posée qu'il déclara :
- Odd, je te répète pour la dernière fois que Yumi et moi, on est copains, et c'est tout.
- Ouai, c'est ça…
- Odd…
- Ça va, ça va. Mais tu sais, personne n'y croit plus…
Alors que le calme revenait dans la salle, Yumi, elle, lança à sa meilleure-amie un coup d'œil interrogatif : que se passait-il donc ? Celle-ci se contenta d'hausser les épaules, visiblement gênée, puis s'intéressa à Jérémie, fuyant visiblement quelconques explications. Cela n'eut pour effet que de préoccuper un peu plus la belle.
- Tu ferais mieux d'y aller. Ça barde, là-bas. Si tu n'es pas là pour les retenir, il va y avoir des blessés…
« Toujours aussi plaisantin, ce William. » pensa-t-elle. Il avait dit cela avec un petit sourire en coin, pas du tout dragueur, ce qui la ravissait. Avait-il abandonné une fois pour toutes ses idées de conquêtes ?
- J'en ai bien peur. Pourquoi ne te joins-tu pas à nous ?
L'invitation sembla le surprendre. Que Aelita ou Jérémie ne se risque à lui faire ce genre de proposition passait encore, mais de là à que Yumi s'y mette… Par quel miracle avait-elle donc décidé de le réintégrer au sein de son groupe ?
Le sourire de Yumi le fit douter, cependant, il savait quelle réponse lui donner dès que la question avait été posée.
- J'en serais ravie, mais non. J'ai à peine le temps de manger, en faîte, je te rappelle que j'ai était calé pour toute l'heure du repas, enfin, la punition commence dans… trois minutes. Il sourit, rebelle, comme toujours.
- Mon Dieu, mais qu'est-ce que tu as ENCORE fait ?
- Moi ? Rien. C'est Jim qui est trop susceptible…
Elle leva les yeux au ciel. Elle n'avait jamais connu quelqu'un capable de se mettre dans le pétrin avec une facilité aussi déconcertante que le beau Dunbar. Comme si cela faisait partie de son organisme, se trouver des problèmes. Même eux, lorsqu'ils se battaient contre Lyokô, étaient plus discrets. Enfin, disons qu'ils cherchaient surtout à ne pas se faire remarquer, afin que l'on ne découvre pas leur secret…
- De toute façon, je n'aurais pas était la bienvenue.
Lorsqu'il sentit peser sur lui son regard triste, il s'empressa de trouver comment s'en tirer le mieux possible. Et il savait parfaitement comment détourner la conversation en sa faveur…
- Je ne pense pas que ton Ulrich en aurait était ravi…
L'asiatique hoqueta, outrée. Comment cela, « son » Ulrich ? Son regard noir n'eut pour toute réponse qu'un clin d'œil malicieux.
- Allez, Ciao, ma belle !
Sans trop savoir quoi penser, elle finit par prendre quelques nourritures, et rejoignit sa table, ou l'ambiance électrique était finalement tombée, entre les blagues obscènes d'Odd et les explications compliqués de Jérémie, qui essayait de prouver à Ulrich que la Physique Quantique était à la portée de tout le monde (ma foi sans grand succès). La fuite de Dunbar l'avait même fait oublier le petit spectacle qu'Ulrich avait involontairement offert à tous.
Le reste du repas se passa sans altercation majeure, tous étant occupés à préparer la suite de leur journée. Il leur restait plus d'une heure avant la reprise des cours, et ils n'avaient pas l'intention de la passer à relire leurs leçons.
- Pourquoi on n'irait pas faire un tour au terrain de foot ? proposa Ulrich en délaissant son plateau du côté des plats sales. Histoire de nous défouler un peu.
- Hors de question. Fit Jérémie, catégorique. J'ai eu assez de sport pour aujourd'hui.
- Faut dire que depuis qu'on a plus à contrer d'attaques, tu as perdu le peu de formes qu'il te restait ! Courir derrière un virus, ça booste, quand même !
- Et si on allait en salle de musique ? J'aimerais vous faire écouter mes nouveaux mixages, histoire d'avoir un avis. Proposa la jeune fille aux cheveux roses
- Ça me va.
- Je crois que je les ai laissés dans la chambre de Jérémie, hier…
- Désolé Aelita, avec tout le boulot que j'avais je ne l'ai pas encore écouté. Partez devant, je cours le chercher et je reviens.
Sur ce, le groupe se sépara, Jérémie d'un côté, ses camarades de l'autre. Ils n'étaient plus qu'à quelques pas de leur objectif quand Aelita se frappa le front.
- Oh ! Je crois que j'ai oublié mon classeur dans les vestiaires !
- Bah, je ne pense pas qu'on va te le voler, tu sais…
- Je préférerais tout de même aller le chercher tout de suite. Fit Aelita. Histoire de ne pas arriver en retard en maths.
- D'accords, mais fait vite…
Sur un hochement de tête, elle s'exécuta, et fila en direction du gymnase, laissant ses derniers compagnons seuls.
- Bon, fit Ulrich. Quelqu'un d'autre a quelque chose à dire, ou on peut y aller ?
- Pas la peine de se presser, tu sais. Yumi leva les yeux au ciel. On n'a ni la musique, ni la mixeuse…
ººº
Les grandes portes du gymnase s'ouvrirent lentement, dans un long grincement métallique. Elle jeta quelques coups anxieux aux alentours, mais ne vit aucune trace de Jim, ni d'aucun autre professeur.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Son cœur failli manquer un battement, lorsque cette voix, qui lui était familière, l'interpella depuis l'autre côté de la salle. Là se trouvait un adolescent à la longue crinière noire et désordonnée qu'elle connaissait plus que bien.
- William ! Tu m'as fait peur !
- Désolé ! il rit un instant, avant de se reprendre. Mais tu n'as pas répondu à ma question.
- J'ai oublié quelque chose dans les vestiaires. Et toi ?
- Puni. Il roula ses yeux dans ses orbites, en signe de protestation.
Effectivement, Aelita pu observer que l'ado était occupé à remonter le cheval de bois, sur lequel les élèves devaient faire de nombreuses pirouettes et qui avaient était visiblement détruit. D'autres longs bouts de bois, d'origine pour elle inconnu, mais plutôt fins, se trouvaient également au sol.
- Qu'est-ce que c'est que ce fourbi ?
- Jim m'a demandé de remonter quelques appareils, et m'a laissé seul. Ne t'inquiète pas, il n'est pas là pour te réprimander si tu fouines, vas-y sans crainte.
- Il t'a laissé seul et tu bosses quand même ?
- Euh, tu sais, je n'ai pas l'intention de rester puni jusqu'à la fin de ma vie…
Finissant là leur conversation, la jeune fille gagna les vestiaires. Elle n'eut pas de mal à retrouver son classeur, aussi rose que ses cheveux. Elle s'apprêtait à saluer le jeune homme, craignant trop l'arrivé de son professeur pour lui proposer de l'aider, lorsque, soudainement, les lumières s'allumèrent.
- C'est toi qui as fait ça ? On ait en plein jour, tu sais…
- Non, je n'ai rien touché, je t'assure…
Aelita leva les bras et son classeur en l'air, signe évident de son innocence. William fronça les sourcils, et chercha en tous sens l'auteur de cette petite farce. Avant qu'il n'ait trouvé sa réponse, les lumières commencèrent à clignoter de façon frénétique.
Quelques mois auparavant, Aelita aurait alerté Jérémie, cependant, elle mit ça sur le compte d'un court-circuit, et haussa les épaules.
- Bah, un problème électrique sans importance…
- Il faudrait tout de même couper le courant, on ne sait jamais, ça pourrait griller un fusible.
- Je m'en charge.
Sans qu'ils ne le sachent, le gymnase n'était pas le seul touché par ce problème de fusibles. Ulrich, Yumi et Odd, tranquillement assis dans la salle des fêtes, attendant leurs compagnons qui tardaient à venir, remarquèrent le même phénomène. Étrange. Cela le fut d'autant plus lorsqu'ils entendirent un son mélodieux raisonner derrière eux. La radio s'était allumé toute seule, vite suivie d'un petit piano électrique, et du mixeur. La situation empira lorsque les haut-parleurs se prêtèrent au jeu, augmentant considérablement le volume, le rendant insupportable.
- Mais qu'est-ce qui se passe ?! s'écria Yumi.
- J'en sais rien ! fut la seule réponse qu'elle put obtenir, d'un Ulrich consterné.
Tous sentirent leur tympan vibrer de manière horriblement douloureuse lorsque le volume atteignait son maximum. Les ondes sonores faisaient vibrer les murs, et ils sentaient leurs corps vibraient également. Si l'explosion de la première fenêtre fut l'un des éléments décisif, ce fut l'ordre du blond qui les fit quitter la salle pour de bon.
- On se tire d'ici !
Aussitôt, ils bondirent sur pied, et coururent aussi vite qu'ils le pouvaient, cherchant à établir le plus de distance possible entre eux et cet enfer musical…
Au même moment, Jérémie relevait la tête, perplexe. La sonnerie annonçant normalement le début et la fin des cours s'était mise en marche sans raison, bien vite suivie par l'alerte incendie. Les lumières du couloir et des chambres avaient également commencées à clignoter. Par prudence, il décida de quitter le bâtiment des chambres, mais, se trouvant déjà dans la sienne, il trouvait bête de la quitter sans le précieux CD-Rom de sa musicienne d'amie. Il s'approcha donc de son bureau, et s'en empara sans plus attendre.
C'est alors qu'il remarqua que son ordinateur ne s'était toujours pas éteint. Cela détourna son attention du possible risque qu'il courait en restant dans l'édifice. L'écran s'était brouillé, montrant diverses teintes de rouges et de noir. Il eut l'étrange sensation que l'appareil tentait désespérément de lui faire parvenir une image, sans qu'il ne soit capable de savoir quoi.
Ce n'est que lorsqu'il sentit ses poils se hérissaient sur sa peau qu'il remarqua la tension électrique qui planait dans l'air. Il put d'ailleurs observer des étincelles jaillirent de son modem, alors que son écran perdait définitivement la bataille, s'éteignant enfin dans un bruit semblable à une petite explosion.
Complétement alerté cette fois, Jérémie pressa le CD contre son torse, et s'échappa de la salle, courant plus vite que Jim n'avait jamais pu le voir, tentant d'échapper aux étincelles qui jaillissaient désormais des ampoules, qui ne pouvaient plus supporter une telle tension…
Un peu plus loin de là, dans une maison de bonne famille, Akiko Ishiyama venait de finir son repas. Elle avait encore du manger seule, ses deux enfants déjeunant au lycée Kadic, et son mari était encore à son usine. Bien que manger seule ne la dérangeait pas, elle était parfois lasse de cette solitude imposée, presque tous les jours.
La japonaise se releva lentement, s'étant trouvé jusque-là agenouillée à une table basse d'allure nippone, et récupéra ses bols et ses baguettes, avant de gagner la cuisine, où elle entreprit de les nettoyer.
C'est à cet instant qu'un étrange événement survint : alors qu'elle rangeait une bouteille d'eau dans son frigo, elle remarqua que celui-ci ne dégageait aucune lumière. Relevant la tête, elle sonda sa cuisine, en quête de réponses. Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions que les lumières de la salle commencèrent à clignoter. Après un rapide coup d'œil, elle remarqua que toute la maison subissait le même phénomène.
Inquiète, elle se dirigeait vers le générateur de sa demeure, lorsqu'une série de voix l'interpella. Au-dehors, juste devant chez elle, quelques voisins s'étaient réunis autour de lampadaires qui avaient eux aussi commencé à clignoter en plein jour. Les exclamations provenant des maisons voisines l'informèrent qu'il s'agissait sans doute d'un souci propre à toute la communauté.
Quelques secondes plus tard, elle put entendre la télévision du salon prendre vie sans aide extérieure, et quelques bruits sans doute provenant de son micro-onde.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
Elle obtint malheureusement vite une réponse à son murmure. Les cris commencèrent à fuser dehors, lorsque les premiers lampadaires explosèrent. Ce fut ensuite au tour des lumières de sa cuisine. Elle perçut des cris apeurés chez ses voisins de gauche. Puis, ce fut la brulure. Quelque chose venait d'exploser prêt d'elle, et avait atteint son bras gauche.
Poussant un cri de stupeur, la quarantenaire ouvrit rapidement la porte de sa demeure et en sortit, se dirigeant à toute vitesse vers la rue, pour n'y voir qu'un scénario de terreur : des câbles téléphoniques commençaient à jaillir des étincelles, la laissant pantoise devant un tel spectacle, qu'elle n'avait jusque-là jamais vu.
Une pression sur son épaule l'en détourna.
- Vite, il faut partir!
Sans même savoir de qui il s'agissait, Akiko le suivit, en quête d'un endroit calme où se réfugier.
Les derniers lampadaires explosèrent juste dans son dos.
Dans le gymnase, cependant, la situation n'était pas encore aussi critique. Evidemment, les alarmes s'étaient bel et bien enclenchés, mais aucun autre accident notoire n'avait encore était observé.
- Tu crois que c'est une bonne idée de tout couper sans permission ? demanda Aelita, nerveuse. Cette situation lui rappelait trop de mauvais souvenir, et cela commençait à sérieusement la stresser.
- Ce serait mieux, je pense.
- Très bien…
Sans un mot de plus, elle se dirigea vers la buanderie, dont elle connaissait l'emplacement, et stoppa devant le disjoncteur. Si elle avait pu deviner que la situation dans les autres bâtiments était encore pire, évidemment, elle aurait trouvé son geste bien inutile, mais dans son innocence, elle suivit le conseil de William. Ayant posé son classeur sur un banc, elle ouvrit la petite trappe, et observa les divers boutons, ainsi qu'un petit écran dont elle ignorait la fonction (peut-être donnait-il des informations sur les changements effectués) se demandant lequel couperait le courant pour tout le gymnase.
- Tu trouves ? s'enquit William, toujours occupés avec ses travaux de bois.
Les yeux verts de la jeune fille se posèrent sur l'un des petits boutons, qu'elle reconnut comme étant celui qu'elle recherchait.
- Oui, c'est bon, je l'ai.
Si elle avait pu voir les étincelles électriques vibraient autour de l'appareil, sans doute n'aurait-elle pas levé la main vers lui, mais elles étaient encore trop faible pour qu'elle les aperçoit depuis son angle de vue. C'est donc sans hésiter qu'elle s'empara de la manette et l'abaissa.
Elle sentit immédiatement le courant électrique gagner son corps, et le parcourir, cherchant désespérément à en sortir, la laissant momentanément incapable de bouger. Elle n'eut même pas la force de crier, subjuguée par l'intense douleur qui la gagnait, alors que son cœur battait à toute allure, prêt à exploser.
Alors qu'elle était déjà presque inconsciente, elle sentit un coup violent la frapper en plein ventre, ravivant sa douleur à cet endroit, et son corps maigre s'écroula de ton son long, pris de tremblements.
Elle eut juste la force d'ouvrir les yeux, pour apercevoir une silhouette grande et élancée, aux cheveux noirs, et armée d'un long bout de bois. Celle-ci voulu lui sourire, mais n'en eut pas l'occasion, comme la jeune fille ne put le prévenir du risque qu'il courait.
Quelques câbles électriques s'étaient effectivement mystérieusement décroché de leurs emplacements, et se dirigeaient vers le corps de son sauveur, afin d'en finir avec ce gêneur. Sentant son poil se hérisser, le jeune homme se retourna, et, faisant face à cet ennemi hors du commun, n'hésita pas une seconde avant de planter son arme en boit dans le disjoncteur.
Aelita eut juste le temps d'apercevoir une soudaine expression de stupeur sur le visage de William, après que celui-ci ne soit défendu, et qui le laissa immobile. Mais elle n'eut pas le temps de se demander ce qui l'avait tant surpris.
Car son acte eut deux conséquences : affaiblir définitivement l'appareil, dont la plus grande quantité d'énergie s'était déversée dans Aelita, et le faire perdre ses moyens. Les ampoules explosèrent toutes en cœur, envoyant sur les adolescents une grande quantité d'étincelles meurtrières.
- Viens, vite, faut pas rester là !
Sans douceur, il s'empara du corps meurtri de l'adolescente, et la traina tant bien que mal hors de la buanderie. Il se servi de son classeur rose pour ouvrir les deux portes du gymnase, afin de ne pas toucher cette surface de métal qui aurait pu être également chargée d'électricité, et de gagner l'extérieur où, l'espérait-il, ils seraient à l'abri.
Les deux gamins s'écroulèrent au sol, à bout de souffle. William ne se souvenait pas d'avoir jamais couru de cette manière, mais les nombreux retours vers le passé qu'il avait subi y étaient sans doute pour beaucoup. Il ne se trouvait cependant pas à plaindre, et jeta un coup d'œil inquiet à Aelita, qui gisait entre ses bras, visiblement inanimée.
À sa grande surprise, l'adolescente bougea. Elle avait retrouvé ses forces à l'instant même où les ampoules avaient grillé, comme si d'une libération il s'agissait. Ils l'ignoraient tout deux, mais les nombreux incidents causés dans les autres bâtiments avaient également cessés.
- Aelita… ça va ?
L'adolescente gémit. Si l'électricité ne parcourait plus son corps, le souvenir de la douleur perdurait. Elle essaya de se redresser, mais abandonna son essai dans un petit cri, se tenant fermement aux épaules de William. Elle se tint le ventre, une grimace de souffrance se dessinant sur son visage.
- Oh… il comprit tout de suite où était le problème, et prit un air coupable. Désolé, Aelita… Je ne voulais pas te frapper ainsi, mais si je t'avais touché, on se serait électrocuté tous les deux, et je ne sais pas si quelqu'un nous aurait tiré de là. Et si j'avais fait doucement, j'aurais craint que cela ne suffise pas à te séparer de la décharge…
- Ce… ce n'est rien. Balbutia-t-elle. M-Merci… de m'avoir tiré de là.
- Ne me remercie pas pour ça…
Ils restèrent là un long moment, ignorant les cris et l'agitation venant du reste du collège Kadic, cherchant tous deux à se remettre de leurs émotions.
William fut le premier à rompre le silence, d'une voix hésitante.
- Aelita ?
Il n'obtint pas de réponse tout juste une pression sur son bras, lui indiquant qu'il avait son attention.
- C… C'était lui, n'est-ce pas ?
L'adolescente referma les yeux, et respira doucement, afin de ne pas montrer à quel point elle était nerveuse. Son ton fut sec, clair.
- Nous l'avons vaincu, William. Détruit. Il est inoffensif. N'existe plus.
- Mais, Aelita… la décharge, les lumières, les étincelles…
- Un problème de tension. Ça peut arriver.
Elle cherchait à se montrer sûre d'elle, afin d'effacer les doutes de son ami, et de le ramener à la raison.
Ou alors, cherchait-elle plutôt à se convaincre elle-même ? Ses doigts se serrèrentautour du cou de l'adolescent, alors qu'elle se forçait à contenir des larmes de rage et de peur.
À sa grande surprise, William répondit à cette pression en la serrant plus fort contre lui, comme un grand-frère voulant rassurer sa sœur dans le noir. Sa voix montrait beaucoup plus d'assurance que celle, tremblotante, de l'enfant à la chevelure rose.
- Aelita. Il prononça ses mots lentement, de manière à être sûr qu'elle comprenne. Aelita, ce n'était pas une simple décharge électrique. Pas juste un problème de fusible. Les câbles se sont décrochés juste pour se jeter sur moi et m'électrocuter. Ils m'ont ATTAQUÉ, Aelita.
- Non…
William observa d'un regard attendri comme la jeune fille se recroquevillait, les yeux clos, et le serrait contre elle comme si elle avait peur qu'il ne s'échappe et rejoigne à nouveau celui qui avait contrôlé son esprit, autrefois. Elle ne cherchait même plus à retenir ses larmes, qui coulaient désormais abondamment le long de ses joues pales. Il hésita un instant à les effacer du bout des doigts, avant de songer que c'était peut-être un geste de tendresse trop poussé. Tous deux n'étaient pas si proches…
Pourtant, lorsqu'elle s'abandonna complétement à ses bras, il n'hésita plus à la redresser, et à la tenir contre son torse, la serrant de toute ses forces contre lui, et caressant doucement son dos et ses cheveux, afin de lui donner le réconfort dont elle avait tant besoin. Il lui murmura quelques paroles apaisantes lorsqu'elle éclata en sanglot, lui promettant que tout irait bien, qu'ils arrangeraient tout, comme tant de fois ils l'avaient déjà fait. Ensemble. Comme toujours.
Aelita ne songeait même pas au fait que son attitude pourrait être une trahison envers Jérémie si Sissi lui avait offert ses bras à cet instant, elle s'y serait blotti sans remords. Elle ne cherchait que la chaleur du corps de William, et des bras robustes pour la protéger, et pour l'emmener loin de ce cauchemar, dont elle espérait vite se réveillait. Car oui, tout ceci ne pouvait pas être autre chose qu'un cauchemar.
Un cauchemar, sa réalité, qu'elle avait abandonnée un mois auparavant et qui, désormais, reprenais vie.
Aucun d'entre eux n'entendit le bruit d'un corps tombé sur le sol, quelques mètres plus loin, caché derrière des feuillages, ni celui de pas, qui détalèrent vers les bois. Comme ils n'avaient pas remarqué le regard qui avait pesé sur eux depuis plusieurs minutes.
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