Bonjour à tous !

Me voici de retour pour une nouvelle fiction, cette fois-ci de moi. Je n'abandonne pas du tout Plutôt à Serpentard, simplement j'ai ressenti l'envie d'écrire quelque chose à moi - et cette idée me trotte dans la tête depuis quelques mois déjà.

Oui, c'est encore une de ces histoires de fan de Harry Potter qui est transportée à Poudlard. Cependant, je compte plutôt me concentrer que sur la romance - bien qu'il y aura un pairing avec Severus ensuite, comme le résumé l'indique. Cela ne se fera pas tout de suite, loin de là. Je compte les faire galérer, tous les deux.

Je ne sais pas si cette fiction sera très longue, pas trop longue ou courte, en fait, j'ai tendance à laisser les personnages avoir leur vie propre, et je me laisse porter par mon imagination. J'espère qu'elle vous plaira, en tous cas.

Ce n'est probablement pas si judicieux de ma part de commencer une fiction alors que je suis véritablement débordée en ce moment, mais que celui ici sait maîtriser son inspiration me lance la première pierre!

Quoi qu'il en soit, j'espère que ça vous plaira. Et si ça ne vous plaît pas, ce n'est pas grave. Ne vous gênez pas pour me dire ce que vous en pensez!

Nastesiasama


Théa Johnson n'était pas réputée pour sa patience, ni pour son bon caractère. Enfant, elle avait toujours mis un point d'honneur à faire savoir à son entourage que quelque chose ne lui plaisait pas, à grand renfort de cris et de pleurs ; en grandissant, cette pratique n'étant plus vraiment socialement acceptée, elle s'en remit aux classiques bougonnements, haussements de ton et froncements de sourcils.

Mais là, elle n'avait personne pour écouter son mécontentement ; elle fronça les sourcils en direction de l'herbe humide sur laquelle elle était inconfortablement assise. Comment avait-elle bien pu arriver là ? Elle se souvenait clairement qu'elle était chez elle quelques heures plus tôt ; après être rentrée du travail, elle s'était assise sur son canapé, avait reposé ses jambes meurtries, et puis elle se retrouvait dans un endroit qui ne ressemblait décidément pas à son appartement, ni à son quartier, ni même à sa région.

Le soleil venait de se lever et dardait ses timides rayons sur ce qui semblait être une sorte de parc. Plongée dans l'obscurité un peu plus loin, une haute forme noire surplombait la plaine, encore inconscient de l'aube. Une cabane se tenait sur la droite de Théa, et derrière elle, la lisière menaçante d'un bois touffu.

N'ayant rien de mieux à faire, la jeune femme se leva, épousseta d'un air mécontent son pantalon un peu humide et se dirigea vers la cabane.

Elle était de toute évidence assez ancienne, et un rien branlante, ce qui lui donnait un charme tout particulier. Théa colla son oreille contre le battant pendant une minute ou deux, et n'entendit absolument rien ; puis elle frappa à la porte, et rien ne se produisit non plus à l'intérieur. Haussant les épaules, elle abaissa la poignée, qui grinça un peu, et entra dans la cabane.

Cette dernière n'était composée que d'une seule pièce, assez spacieuse, et le plafond était assez haut. Contre un mur, un lit aux proportions étonnantes ; Théa pourrait tenir dedans avec ses deux petites sœurs, et dormir confortablement.

Une cheminée trônait contre un autre mur ; des bûches neuves s'y tenaient, comme attendant d'être allumées. Curieusement, Théa remarqua qu'il n'y avait rien pour embraser le tout ; ni allumettes, ni briquet, ni lance-flamme, rien.

Elle était en train de contempler les dizaines de choses insolites qui pendaient au plafond, et elle faisait glisser entre ses doigts ce qui semblait être du crin de cheval, mais bien plus doux, résistant, et d'une couleur argentée, quand un aboiement de chien retentit et que la porte s'ouvrit.

'Voilà, Crockdur, on a terminé pour ce matin,' dit une voix grave et rocailleuse. Théa sursauta et se retourna, apeurée, et l'homme gigantesque s'arrêta sur le pas de la porte.

Il était immense, bien plus grand qu'un être humain normal ; et une barbe touffue ornait ses joues pour retomber jusque sur son torse. Ses cheveux hirsutes étaient tant bien que mal plaqués sur les deux côtés de son crâne, et un chiot se tenait à son côté, semblant anormalement grand pour un chiot, mais anormalement petit aux côtés de son maître.

'Tiens, bah bonjour mademoiselle ! Qu'est-ce que tu fais hors du château ? Tu n'as pas cours ?' demanda-t-il d'une voix aimable en accrochant une arbalète sur un clou sur le mur.

'Euh, je...' balbutia Théa. 'Cours? Je, euh... Je ne sais pas? Je me suis retrouvée ici il y a une dizaine de minutes, est-ce que vous pouvez me dire où on est?'

'Eh bien, tu es chez moi, ma grande,' dit le géant d'un air bonhomme en embrassant du regard sa cabane.

'Euh, oui,' dit Théa d'un air aimable en essayant de contrôler les battements frénétiques de son cœur, 'mais c'est où, chez vous?'

Le géant fronça les sourcils et Théa déglutit.

'Mais enfin, on est sur les terres de Poudlard,' dit-il d'un ton perplexe. Tu n'as pas vu le château? Comment tu es arrivée ici?'

'Si je le savais,' dit Théa d'un air morne. 'Je me suis retrouvée là sans savoir comment, et je suis entrée, je ne savais pas que c'était chez vous. Je suis désolée.'

Puis elle repassa ce que le géant avait dit.

'Attendez une minute. Poudlard?'

'La plus grande école de magie du monde, pour sûr,' dit le géant avec un grand sourire attendri. 'J'ai l'honneur d'en être le garde-chasse depuis plusieurs années déjà. Tu n'es pas une élève, donc?'

Théa le regarda quelques secondes d'un air interdit, et s'assit machinalement sur une chaise dont l'assise lui arrivait presque aux côtes. 'Non,' souffla-t-elle. 'Je ne suis pas une élève.'

'Tu es une Moldue? Les Moldus ne peuvent pas voir le château, normalement,' dit Hagrid d'une voix inquiète. 'Je me demande si les barrières sont tombées. Il faut que j'en parle au Professeur Dumbledore.'

'Je voudrais bien vous accompagner, s'il vous plaît,' dit Théa d'une petite voix. Si c'était un rêve, autant le suivre et espérer se réveiller le plus vite possible.

'Bien sûr,' dit le géant. 'Comment tu t'appelles? Moi, c'est Rubeus Hagrid, mais tout le monde m'appelle Hagrid.'

Théa faillit dire 'je sais' mais se ravisa à temps. 'Enchantée, je m'appelle Théa Johnson.'

'De même, Théa,' dit Hagrid d'un ton bourru. 'Je ne sais pas si le Professeur Dumbledore est au château aujourd'hui, mais c'est un jour de classe, il devrait y être. Suis-moi.'

Théa suivit Hagrid hors de sa cabane et put contempler la forme noire qu'elle avait vu un peu plus tôt. La lumière avait fait son bout de chemin et illuminait les hautes tours et les fenêtres de ce qui semblait de plus en plus être bel et bien Poudlard, et Théa, malgré son incompréhension totale de ce qui lui arrivait, ne put s'empêcher d'être impressionnée. Le château était magnifique.

Hagrid la mena en lui faisant la conversation à propos de tout et de rien, et Théa, ravie d'écouter, le laissa parler jusqu'à ce qu'ils grimpent les escaliers en marbre et passent l'immense porte à double battant.

Le hall était gigantesque, et il était magnifique. Une autre paire de portes en face de l'entrée menait probablement à la Grande Salle – du moins, c'était ce qu'imaginait Théa – mais Hagrid la mena à droite, vers des escaliers.

L'ascension fut aussi déroutante qu'éprouvante. Les escaliers bougeaient. La jeune femme fut prise de peur à l'idée d'être déséquilibrée pendant son ascension par un escalier capricieux, et se concentra plutôt sur les tableaux qui discutaient entre eux et la regardaient d'un air curieux. Hagrid lui expliqua que les escaliers bougeaient selon leur propre bon vouloir, mais qu'en général ils étaient assez cléments avec les habitants du château.

Plusieurs minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant une gargouille à l'air assez hideuse, et Hagrid prononça distinctement le mot de passe – Chocogrenouille. Théa soupira discrètement et redressa les épaules. Si c'était un rêve, ce serait bien qu'elle se réveille, maintenant. La jeune femme se rappela certaines notions à propos des rêves lucides. Si elle savait qu'elle était dans un rêve, normalement, elle devrait pouvoir influer dessus et lui faire devenir ce qu'elle voulait. Elle essaya de changer la gargouille en danseuse étoile par la force de sa volonté, mais rien. Frustrée, elle soupira encore une fois, et, la gargouille s'étant décalée d'un air grincheux, elle posa le pied à la suite d'Hagrid dans l'escalier en spirale qui jouait les escalators.

Lorsque Hagrid frappa deux coups sur la lourde porte de chêne au sommet, le 'entrez' ne se fit pas attendre. Théa, ayant l'étrange conviction d'avoir rendez-vous avec son destin, suivit Hagrid dans le bureau.

Le Professeur Dumbledore – du moins, il lui ressemblait pas mal, avec ses longs cheveux blancs et sa barbe de la même couleur, les lunettes en demi-lunes, le nez aquilin – n'était pas seul dans son bureau. Un jeune homme aux cheveux gras et noirs (c'était tout ce que pouvait voir Théa de là où elle était) était assis dans le fauteuil confortable en face de son bureau. Dumbledore se leva et sourit à Hagrid, avant de lancer à Théa un air interrogatif.

'Bonjour, Hagrid,' dit-il d'un air bienveillant. 'Que me vaut le plaisir de ta visite?'

'Professeur Snape, monsieur. Bonjour, Professeur Dumbledore. Je rentrais de ma patrouille dans la forêt et quand je suis rentré chez moi, cette jeune femme était à l'intérieur. Elle n'a pas l'air de vraiment savoir ce qu'elle fait là, alors je vous l'ai amenée. Je m'en vais, maintenant, j'ai à faire, une licorne s'est battue avec un Sombral et c'est pas beau à voir. Théa, si on se recroise, tu me diras si tu as eu les réponses à tes questions.'

Théa essaya de lui dire de rester, la bouche sèche, mais la porte se referma vite derrière lui, et elle se retrouva face à face avec le Professeur Dumbledore et avec le Professeur Snape, qui s'était levé à son tour.

'Euh...'

'Asseyez-vous, très chère,' dit Dumbledore d'un ton badin sans parvenir à masquer l'étincelle de curiosité dans ses yeux bleus. 'Comment puis-je vous aider?'

Théa s'assit et baissa les yeux sur ses genoux. Voyons, elle était ridicule. Si elle avait su tenir tête à son patron alors qu'il l'accusait de tirer au flanc, elle pouvait faire face à un Dumbledore bienveillant, surtout qu'elle était probablement en train de rêver.

'Alors, voilà, je... J'étais chez moi après une journée de travail, et j'ai dû m'endormir, et je me suis retrouvée ici. Je suis à moitié persuadée que c'est un rêve, mais d'un autre côté, ça me semble vraiment réaliste, alors je suis un peu perdue, euh...'

Quelle éloquence, grimaça Théa dans son esprit. 'En fait, je veux dire que ça pourrait bien être un rêve, parce que je connais ce monde.'

Dumbledore échangea un regard avec Snape. Théa garda ses yeux rivés sur le vieil homme, consciente que Snape lisait dans l'esprit des gens – et elle n'avait pas envie de le risquer pour l'instant. Puis elle se rappela que Dumbledore aussi, et elle baissa les yeux sur ses genoux.

'Vous connaissez ce monde? Comment ça?'

'Je l'ai lu.' Théa se rendit compte du regard perplexe de Dumbledore sans même lever les yeux, et elle se racla la gorge. 'Là d'où je viens, Poudlard, tout votre monde, est dans un livre. Dans une série de livres, en fait. Très gros succès. Beaucoup d'argent à la clé. Les rêves de toute une génération.'

Elle leva les yeux vers Dumbledore, dont les iris semblaient la sonder, comme aux rayons X. Puis il détourna les yeux, et eut un hochement de tête imperceptible envers Snape, qui était hors de son champ de vision.

Elle eut une soudaine révélation.

'Hé!' s'exclama-t-elle, énervée. 'Qu'est-ce qui vous permet d'utiliser la Légilimencie sur moi?'

Le regard soudain mal à l'aise de Dumbledore la conforta dans son raisonnement. Elle fronça les sourcils et déporta son regard vers les tableaux qui peuplaient les murs, tous profondément endormis.

'Quoi qu'il en soit,' dit Théa après quelques secondes de malaise, 'je n'ai aucune idée de ce que je fais ici.'

'Je dois vous avouer, Miss...?'

'Johnson.'

'Je dois vous avouer, Miss Johnson, que je n'en ai pas la moindre idée non plus.'

'Ah.'

'Miss Johnson,' dit une voix profonde venant de sa droite. 'Comment savez-vous pour la Légilimencie?'

Théa se tourna vers lui. Il était à moitié retranché contre le mur, et la sondait de ses yeux d'obsidienne. 'Je l'ai lu. Et je sais aussi que vous êtes un expert en la matière, Professeur Snape, bien que votre spécialité soit l'Occlumencie.'

Snape haussa les sourcils, et Théa détourna le regard. Il lui semblait jeune – pas plus de vingt trois ou vingt quatre ans, bien qu'il avait l'air très fatigué, et très... vieux, en un sens. Pourtant, au début de Harry Potter, si ses calculs étaient justes, il avait déjà trente et un ans. La jeune femme se rendit compte distraitement qu'elle se souvenait étrangement bien des détails de la saga, même si elle ne s'était pas vraiment replongée dans les bouquins depuis quelques années déjà. Peut-être toutes ces années de relecture intensive et d'échanges sur Internet avec d'autres fans avaient-elles laissé une empreinte profonde sur sa mémoire.

'Je dois vous avouer, Miss Johnson, que les causes de votre arrivée ici me sont incompréhensibles,' dit Dumbledore d'une voix songeuse. 'Du moins, pour l'instant.'

'Alors nous sommes deux,' dit Théa avec un petit sourire.

A sa grande confusion, elle commençait à croire que ce n'était pas un rêve, que tout était bien réel. Et le plus étrange, c'était que cela ne la paniquait pas plus que ça. Comme si elle était investie d'une mission, ou de quelque chose dans le même genre. Ce qui n'était pas moins inquiétant.

'Professeur,' dit-elle sur une impulsion soudaine. 'Pensez-vous que je peux utiliser la magie?'

Dumbledore croisa les mains sur son bureau, et la regarda un instant, songeur. 'Je ne sais pas, Miss. Voudriez-vous essayer?'

Théa pesa le pour et le contre et hocha la tête, un vent d'anticipation lui parcourant l'esprit.

Dumbledore ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit une baguette. Elle était d'une couleur mordorée, et Théa se demanda brièvement où était la baguette de Sureau.

'Voici une baguette de rechange que je garde au cas où,' dit-il en la posant devant elle. 'Vous pouvez essayer, disons, quelque chose d'inoffensif, comme un Wingardium Leviosa ou un Lumos. Quand vous serez prête.'

Théa prit la baguette entre ses mains et la regarda un instant avant de la lever dans sa main droite. Elle murmura 'Lumos' et à l'extrémité de sa baguette, une lumière tremblota un instant.

Snape ricana, et Théa lui jeta un regard mauvais.

'Très bien, très bien, Miss Johnson ! Je ne doute pas que la lumière sera plus intense avec quelques heures d'entraînement. La magie est un art délicat, comme le sait très bien Severus, et lui-même ne maîtrisait pas tous les sortilèges du premier coup,' dit Dumbledore d'un ton jovial. 'Bien, bien. Je suppose que le temps que nous trouvions les raisons qui vous ont amenée ici, vous allez devoir rester, j'en ai bien peur. Quel âge avez-vous, si ce n'est pas indiscret?'

'J'aurai vingt-deux ans le mois prochain, Monsieur.'

Dumbledore tapota son bureau d'un air pensif.

'Vous êtes trop vieille pour être une élève, même en dernière année,' dit-il pensivement. 'Je me demande...'

Il marqua une longue pause, plongé dans ses pensées, et Théa risqua un regard vers Snape. Il semblait mécontent de ce que Dumbledore venait de dire, et lui jeta un regard méprisant. Théa haussa les épaules. Après tout, selon les livres, même s'il était un héros, il était aussi un être extrêmement désagréable. Elle n'était pas surprise.

'Oui, je pense que nous allons devoir demander au Professeur McGonagall. Severus, si tu veux bien?'

Snape hocha raidement la tête et attrapa un pot sur le manteau de la cheminée avant de lancer une pincée de poudre verte dans l'âtre vide. Les flammes, de la même couleur, montèrent immédiatement, et Snape s'agenouilla avant de passer sa tête dans la cheminée.

Même si Théa connaissait le procédé, elle ne put retenir un frisson devant cette scène pour le moins inhabituelle. Snape marmonna quelques mots, et se releva ; quelques instants plus tard, le feu ronfla, et une femme en sortit.

La description des livres étaient fidèles au Professeur McGonagall ; elle était vêtue d'une longue robe verte et elle arborait un chignon serré, ainsi que des lunettes carrées. Elle se tourna vers le professeur Dumbledore d'un air agacé.

'Albus, je vous signale que j'ai cours dans une dizaine de minutes. Si ce n'est pas urgent, j'ai deux douzaines de crapauds à préparer.'

'Mes excuses, Minerva,' dit Dumbledore d'un ton badin, 'mais c'est assez urgent, et en tant que Directrice Adjointe, vous méritez d'être là. Voici Théa Johnson, et elle a une histoire des plus particulières...'

Tandis que Dumbledore expliquait la situation au Professeur McGonagall, Théa se désintéressa brièvement de la conversation et promena son regard sur les instruments étranges qui peuplaient les étagères de part et d'autre du bureau. Certains sifflaient, d'autres ronronnaient comme des chats ; et d'autres encore étaient étrangement silencieux, comme s'il y avait une aura de quiétude autour d'eux.

'Eh bien,' dit le Professeur McGonagall d'un air intéressé, 'c'est bel et bien une histoire étonnante. Miss Johnson, vous nous connaissez donc d'un livre?'

'Euh, oui, Professeur,' dit Théa en se replongeant dans la conversation.

'Pouvez-vous... Eh bien, désolée du terme, mais... Le prouver?'

Théa jeta un coup d'œil incertain vers le Professeur Dumbledore.

'Je vais d'abord vous demander, Monsieur, en quelle année sommes-nous? C'est que certaines informations seraient plutôt sensibles si elles étaient révélées trop tôt.'

'Très compréhensible, Miss,' dit Dumbledore d'un ton badin, comme si elle lui demandait quel temps il faisait dehors. 'Nous sommes en 1983.'

'D'accord,' dit Théa, bouleversée. 'Euh... Remus Lupin est un loup-garou, et vous trois faites partie de l'Ordre du Phénix.'

McGonagall échangea un regard étonné avec Dumbledore.

'Personne n'est censé être au courant en dehors de l'Ordre, pour Remus...' murmura-t-elle d'un air perplexe.

'D'un autre côté,' dit Snape d'une voix un peu méprisante, c'est une information aisément accessible pour qui a des affinités avec les Mangemorts et Fenrir Greyback.'

'Non mais vous m'avez bien regardée?' s'exclama Théa sans réfléchir. 'Vous pensez vraiment que j'ai l'air d'un Mangemort, avec ma tenue de... Moldue? Vous voulez que je vous le prouve, vraiment? Non, parce que je pourrais vous le prouver, Professeur Snape, mais je ne suis pas sûre que ça vous plaise vraiment. Vous êtes sûr?'

Snape la regarda d'un air hautain. 'Je demande à voir.'

Théa jeta un regard mal à l'aise vers le Professeur McGonagall. Elle n'aimait pas ce Snape, c'était certain, mais elle ne voulait pas non plus parler de son passé tortueux alors qu'elle n'était absolument pas censée le savoir pour l'instant. Heureusement, la vieille femme parut comprendre.

'De toute façon, mon cours va commencer,' dit-elle d'un air charitable. 'Je vous laisse. Et Albus, n'oubliez pas de me tenir au courant concernant la suite des évènements, je trouve cette histoire tout à fait intéressante. Miss Johnson, Severus, au plaisir.'

En quelques instants, elle fut partie, et Snape continua.

'Eh bien, Miss Johnson? J'attends vos preuves?'

Le ton dédaigneux sur lequel cette phrase avait été prononcée enleva à Théa tout scrupule.

'Vous étiez amoureux de Lily Evans, et vous êtes un espion pour l'Ordre du Phénix. Votre Patronus est une biche, et c'est de votre faute si les parents Potter sont morts,' dit-elle d'un ton venimeux.

Snape pâlit, et son regard, qui un instant vacilla, montra une si grande douleur que Théa regretta à l'instant ce qu'elle venait de dire. Elle rougit.

'Je suis désolée, Professeur,' dit-elle d'un ton hésitant. 'Je ne voulais pas vous faire de mal.'

Snape se détourna et, le dos raide, s'adressa à Dumbledore. 'Il ne fait aucun doute qu'elle sait des choses, comme si elle les avait lues, en effet. Maintenant, que fait-on?'

'Professeur, je suis vraiment désolée,' dit Théa encore une fois, contrite.

Dumbledore lui jeta un regard bienveillant. 'Ne vous en faites pas, Miss Johnson, notre Severus n'est pas un modèle d'amabilité non plus. En ce qui concerne votre situation, vous ne pouvez pas être une élève, de toute évidence. Le plus logique serait de vous faire passer pour une assistante, car même si nous n'en prenons plus beaucoup, ce procédé était jadis très utilisé à Poudlard. Cela dit, vos lacunes en magie – ne vous en faites pas, ce n'est pas votre faute – excluent pour l'instant les matières comme les Sortilèges ou la Métamorphose...'

Snape jeta à Dumbledore un regard d'avertissement, et Théa suivit l'échange silencieux entre eux, captivée.

'Êtes-vous douée en chimie Moldue, Miss Johnson?'

Théa hocha la tête.

'Je voulais devenir chimiste, avant. J'avais de très bonnes notes à l'école, en tous cas.'

Dumbledore hocha la tête.

'Albus...' siffla Snape.

'Vous serez notre nouvelle assistante en Potions,' dit Dumbledore d'un air joyeux. 'Oui, décidément, je pense que c'est la meilleure solution.'

'Albus!' s'écria Snape.

'Ne proteste pas, Severus, ma décision est prise!' continua Dumbledore. 'Severus vous donnera des cours accélérés pour que vous puissiez gérer les trois premières années, ça ne devrait pas être trop compliqué. Je suis sûre que vous apprendrez très vite. Il va vous falloir une robe de sorcière, et...'

'Albus, c'est absolument hors de question.'

Dumbledore l'ignora, et Théa soupira intérieurement. Le vieil homme avait l'air du genre têtu, et elle commençait à se résigner, passé le premier instant de choc. Après tout, elle avait longtemps rêvé, en lisant Harry Potter, de suivre des cours de Potions, tant elle trouvait ça passionnant.

'Severus, tu traiteras Miss Johnson comme ton égale, j'espère,' dit Dumbledore d'un ton ferme. 'Je ne m'attends pas à ce que vous deveniez les meilleurs amis du monde, mais j'espère tout au moins une certaine cordialité entre vous. Et jamais de discorde devant les élèves, bien sûr. Ils ne doivent pas savoir que nous autres, professeurs, sont des êtres humains,' dit-il en gloussant. 'Miss Johnson, je suis désolé de vous imposer cette situation, mais le monde extérieur est toujours dangereux, malgré la défaite de Voldemort il y a quelques années. Certaines personnes seraient prêtes à tout pour accéder aux informations que vous détenez, et il est de bon ton que vous soyez venue directement ici. Officiellement, vous serez une ancienne élève de Poudlard, vous avez reçu votre diplôme il y a huit ans, ce qui exclut toute forme de reconnaissance de la part des élèves qui sont présents en ce moment. Les membres de l'Ordre du Phénix dans le personnel seront informée des tenants et aboutissants de votre venue ici, sous Fidelitas. Je serai le Gardien du Secret. Il serait bien que vous participiez vous aussi au sortilège, mais je ne vous force à rien. Une dernière question. Avons-nous de bonnes raisons de penser que Voldemort n'est pas mort et a des chances de revenir un jour?'

Théa pesa le pour et le contre avant de décider que cette révélation n'était pas trop dangereuse.

'Je pense que oui, Monsieur.'

'Très bien,' dit Dumbledore comme si elle lui avait dit que les chats faisaient miaou. 'Severus, il y a des quartiers à côté des tiens qui sont libres, n'est-ce pas? Je te demande d'y mener Miss Johnson dès maintenant. Théa, bienvenue à Poudlard.'

Un peu éberluée, Théa se leva. 'Merci, monsieur,' dit-elle d'une voix incertaine.

Dumbledore lui sourit. 'Allez-y, maintenant, les enfants,' dit-il d'une voix joyeuse.

Snape ouvrit la porte, et la tint pour Théa, ce qui, pensa-t-elle, était plutôt bon signe. Une fois en bas des escaliers, il se mit à marcher tout droit dans un couloir, et Théa le suivit précipitamment.

Eh bien, se dit-elle, ça promet.