Disclaimer : Albator, Clio, Maetel, Warius, Doc, les marins de l'Arcadia et les militaires du Karyu, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.

Bob l'Octodian et son Metal Bloody Saloon appartiennent à Aerandir Linaewen à qui je les emprunt le temps de quelques clin d'oeil.

Les autres personnages sont à bibi

1.

Doc posa une bouteille devant son jeune client à la chevelure d'un roux incendiaire.

- Ca faisait longtemps que tu n'étais pas venu, Aldie, fit-il, sur un léger ton de reproche.

- Le boulot… En plus des interventions, j'ai une montagne de formalités à remplir en tant que leader de l'Unité ! Et entre la famille, le sport et la drague, il ne reste pas vraiment de temps pour le plaisir tout court !

- Comment vont les tiens ?

- Au mieux. Durant l'année qui vient de s'écouler, tout est rentré dans l'ordre, sourit le jeune homme. Enfin, Dankest nous manquera à jamais, c'est certain, mais je pense que c'est le genre de mort qu'il aurait souhaitée : ne pas se réveiller d'une sieste…

- On a suivi les obsèques à la télévision, pour la partie publique, vu la personnalité qu'était ton grand-père, dit doucement le vieux médecin en lui servant un autre verre. Bien qu'on ne l'aie pas vu, j'imagine que ton père était en coulisses ?

- Oui, il était présent, évidemment, nous a rejoint au cimetière pour l'inhumation. Il fuit comme la peste toutes ces manifestations, les heureuses comme les douloureuses. C'était loin d'être le grand amour entre Dankest et lui, ce qui est peu de le dire, mais je sais qu'il respectait l'ingénieur et l'homme d'affaires, et que cela l'a peiné. Et puis, maman était tellement effondrée… Elle ne s'en est d'ailleurs toujours pas remise, assure cependant au mieux la direction de Skendromme Industry. Enfin, c'est ainsi… Tu es bien placé pour le savoir, Doc, que cela ne sert à rien de ressasser le passé ! Excellente, cette bouteille, tu as un nouveau fournisseur ?

- Il se pourrait que tu le connaisses : un gamin roux qui se rend régulièrement à Gun Frontier.

- Aucune idée de qui tu parles ! gloussa le jeune homme.


La soirée, s'était tranquillement poursuivie, Torko couché derrière le bar, Mi-Kun en boule entre ses pattes avant.

- Tout baigne, côté travail ? reprit Doc après qu'Elyangre aie fini l'assiette de pâtes qu'il lui avait servie. Tu n'en manques pas, à ce que tu m'as dit en arrivant !

- Avec le procès de Berkauw tout proche, dans trois mois, le Palais de Justice est déjà sous très haute surveillance et les Unités de plusieurs Bureaux seront mobilisées pour assurer autant la sécurité des personnes présentes que celle de Berkauw car plus d'un voudrait lui faire la peau !

- C'est le monde à l'envers, grommela Ban, choqué.

- Hé oui, Doc, même lui a le droit à de la protection, soupira de fait Aldéran en réduisant en miettes une innocente biscotte dans son poing rageur. Enfin, ce ne sera pas mon Unité qui devra se charger d'escorter son Fourgon Pénitentiaire.

- Encore heureux !

- Plus grand-chose ne m'étonne…

- Tu sembles un peu désillusionné, toi, remarqua encore le médecin en posant une main apaisante sur la sienne.

- J'ai dit que tout avait retrouvé sa place, mais ça stagne aussi depuis, avoua le jeune homme. Je déteste quand rien ne progresse. Ne fais pas attention à ma mauvaise humeur, je ne suis pas de très bonne compagnie ce soir.

- D'où la raison pour laquelle tu es venu ici, sourit Doc. Tu as très bien fait ! Quant à ton humeur, j'ai eu affaire à bien pire ! Oups…

Aldéran vit soudain les marins de l'Arcadia bondir sur leurs pieds, sourire radieux aux lèvres, un peu tétanisés aussi, et une seule personne pouvait leur faire cet effet !

- Visite surprise, papa ? lança le jeune homme sans se retourner.


Après être venus saluer leur capitaine, les marins ne s'étaient plus attardés à La Bannière de la Liberté, laissant discrètement le père et le fils en compagnie de Doc.

Albator s'était installé au comptoir, à côté de son rejeton et Ban avait ouvert une bouteille de red bourbon

- Comment se fait-il que tu sois là ? ne put s'empêcher de questionner rapidement Aldéran. J'ai croisé maman avant de venir ici en virée et elle ignorait…

- Et je compte sur toi pour ne pas l'avertir ! jeta son père avec un regard noir.

Le jeune homme fronça les sourcils, comprenant parfaitement que c'était lui – et lui seul – que son père était venu voir et cela le surprenait autant que cela l'inquiétait !

Pour le confirmer, comme si c'était nécessaire, le pirate serra les poings et se leva sitôt avoir vidé son verre.

- Allons chez toi, Aldéran ! Merci pour le godet, Doc !

- Toujours à votre service, capitaine ! sourit le vieux médecin qui pourtant était à présent tout aussi intrigué et préoccupé que le jeune homme qui avait payé son addition.

Aldéran récupéra le bagage de son père au taxi qui l'avait amené pendant que ce dernier réglait la course avant de venir prendre place dans son sportif tout-terrain couleur d'émeraude.


De retour à son appartement, Aldéran était directement passé dans la cuisine.

- J'entends ton ventre gargouiller jusqu'ici ! Si tu étais arrivé un peu plus tôt au bar, tu aurais eu droit aux pâtes de Doc, un régal !

- Je ne lui connaissais pas ces talents culinaires… Pas plus que je n'étais au courant des tiens. Encore une des multiples choses que j'ai ratées ! Je le regrette, sincèrement, tu sais.

- Inutile de battre ta coulpe, cela ne changera rien à ce qui appartient au passé, commenta le jeune homme, sans aucune acrimonie cependant, tout en fouettant les œufs pendant que les légumes fondaient dans une poêle en attendant qu'il fasse sauter l'omelette. Et si tu en viens à te flageller pour tes erreurs, pour me plaire, c'est que tu es dans un sacré pétrin !

Pendant que son fils continuait d'épicer ses préparations, le pirate se versa un autre verre de vin, appréciant la production des vignobles privés de feu son beau-père.

Aldéran prit le verre qu'on lui avait servi, le vidant à moitié d'un trait.

- Tu sais que tu n'as pas besoin de m'amadouer. Je suis grand, maintenant. C'est plutôt mon style de faire de la lèche pour obtenir les services de mon interlocuteur, ne t'abaisse pas à ça. C'est indigne de toi et tu sais que si tu as besoin de moi, je ferai tout !

Albator sourit enfin.

- Je ne l'ignore pas. Mais il me coûte de te débaucher, sans t'offrir un peu de baume pour ce cœur que j'ai tellement meurtri !

- Ca va, je te l'ai dit, insista son fils en lui servant son repas fumant. Que me veux-tu ? Que puis-je faire pour toi ?

- Pas ce soir. Demain, enfin, dans quelques heures, atermoya encore son père après avoir jeté un coup d'œil à sa montre – ce qui ne fit que faire davantage gamberger son rejeton ! Je t'en dirai plus au petit déjeuner, ou au dîner… Enfin, si je peux loger ici ?

- Mes chambres sont toujours prêtes…

Ce fut alors au tour d'Albator de tiquer devant la mine de son fils qui s'était assombri, attristé, sans pouvoir le dissimuler.

- Ayvanère ? risqua-t-il entre deux bouchées.

- On a un peu parlé, enfin façon de dire, via nos messageries, peu après que Sky aie retrouvé une véritable mobilité. Mais, c'est le néant complet depuis six mois… Elle ne répond pas à mes appels et n'accuse pas davantage réception de mes messages… Oui, on a fait la paix, mais il semble que malgré tout nos chemins demeurent divergents… Rien que du normal vu qu'elle est si loin.

Aldéran se racla la gorge.

- Elle mentait, quand elle est venue nous prêter mainforte pour Berkauw, mais depuis il est inévitable qu'elle aie quelqu'un de cher à son cœur ! Au moins, je la devine heureuse et c'est ce qui importe… Papa, qu'y a-t-il de si grave pour que tu n'oses pas m'en affranchir ouvertement ! ? Je peux tout entendre, et tu le sais !

- Je vais mourir… Il me reste peu de temps, avoua alors Albator.