Nouvelle fic, nouveau fandom. Avec des délais de publication normaux, si tout va bien, car j'ai de l'avance ! si, si. J'espère que cela vous plaira.
Pairing : Charles/Erik
Résumé : UA – Il faut près d'un an à Charles pour retrouver ses jambes après la plage. Il se jette à corps perdu dans son projet de bâtir une école pour les mutants, sans jamais recevoir une seule fois des nouvelles d'Erik ou de Raven. 10 ans plus tard, ils se rencontrent encore. Au cours d'une bataille, Charles est blessé et prisonnier ; mais à son réveil, il ne se souvient pas de la dernière décennie.
Genre : angst, romance, amitié.
Disclaimer: pas à moi, blablablabla...
A Lupiot, parce que tout est de sa faute. Encore un grand merci à Azh aussi si elle passe par là.
How to save a life
Step one you say we need to talk / He walks you say sit down it's just a talk / He smiles politely back at you / You stare politely right on through / Some sort of window to your right / As he goes left and you stay right / Between the lines of fear and blame /You begin to wonder why you came /Where did I go wrong, I lost a friend / Somewhere along in the bitterness / And I would have stayed up with you all night / Had I known how to save a life
Let him know that you know best / Cause after all you do know best / Try to slip past his defense / Without granting innocence / Lay down a list of what is wrong / The things you've told him all along / And pray to God he hears you / And pray to God he hears you
I
Hank avait souvent maudit le nom d'Erik depuis la Troisième Guerre mondiale qui n'avait pas eu lieu.
Erik ne s'était pas contenté de leur tourner le dos et d'embrasser une cause qui laissait dans son sillage une traînée de cadavres, il avait emmené Raven et Angel avec lui. Il avait laissé Charles saigner dans le sable, le dos et le cœur brisés. Ce jour-là, Erik et Raven avaient brisé quelque chose à l'intérieur de Charles. Hank ne savait pas ce que c'était exactement mais il n'était pas certain que cela puisse être réparé.
Hank se souvenait mal des jours ayant suivi la fusillade de Charles. Les bateaux ennemis virant de bord, les laissant essoufflés et effrayés sur la plage, Moïra suppliant ses supérieurs de leur envoyer des secours et Charles – oh Charles – Charles mourant lentement.
Le Hurleur était revenu à la réalité le premier ; retournant au vaisseau invisible et le ramenant. Ils avaient monté Charles à bord, le plus doucement possible. Hank se souvenait du poids dans ses bras, du sang qui tâchait son uniforme et de la voix de Charles, cassée et délirante qui appelaient tour à tour sa sœur et son meilleur ami.
A l'hôpital, les médecins les avaient accueillis par des mines sévères et inquiètes. Pendant vingt quatre heures, ce qui restait des X-men avaient hanté les salles d'attentes sans savoir si Charles survivrait à ses blessures. Bloqué dans le vaisseau, Hank n'avait jamais autant maudit la fourrure bleue qui l'empêchait de marcher parmi les hommes et d'être aux côtés de ses amis. Il s'était morfondu tout seul, songeant à Erik, à Raven, à tout ce qui avait été perdu, en moins de dix minutes.
Charles avait survécu.
La première chose qu'il avait demandé avait été de parler à Erik ou à Raven. Alex avait dit à Hank que Charles avait d'abord refusé de croire que sa sœur et son ami étaient partis puis il leur avait demandé (ordonné) avec un sourire paisible de le laisser dormir un peu.
Le lendemain, il n'avait plus parlé ni d'Erik ni de Raven et personne n'avait osé aborder le sujet avec lui.
Commencèrent alors les mois les plus douloureux de l'existence de Charles Xavier.
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Charles n'avait jamais connu de douleur qui puisse ne serait-ce que s'approcher de la souffrance que son dos lui infligeait. Il avait connu des souffrances mentales épouvantables (le seul souvenir de la mort de Shaw suffisait à le faire frémir d'horreur au point de rendre le contenu de son estomac) mais rien de comparable. Les drogues des médecins n'étaient qu'à moitié efficaces et le laissaient fiévreux et délirant, perdu dans sa douleur ou dans la tête des autres, jusqu'à en oublier qui il était.
Il aurait tout donné (sa santé, ses jambes – qui le porteraient de nouveau peut-être, avaient déclaré les médecins – sa fortune ou son nom) juste pour avoir Raven et Erik à ses côtés.
Charles ignorait ce qu'il serait devenu sans le soutien de Hank, l'affection timide de Sean et Alex, la maladresse de Moïra. Mais au fond, quand il était honnête avec lui-même, Charles admettait que ce qu'il voulait réellement, c'était Erik et Raven, dans le manoir comme avant.
Charles n'était pas vraiment du genre à s'accrocher à des promesses gravées dans le sable, ni à s'apitoyer sur son sort. Il s'accorda une nuit une nuit pour pleurer sa sœur et Erik, pour regretter ce qui avait été dit et qui n'aurait pas dû l'être, les silences qui auraient dû être comblés.
Puis, il s'acharna à devenir Professeur X, l'homme dont les jeunes mutants comme Sean et Alex avaient besoin.
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« Charles, as-tu vu Moïra ? demanda Hank – non, le Fauve.
-Elle est repartie ce matin, » répondit Charles d'une voix calme.
Hank fronça les sourcils.
« Je savais qu'elle devait retourner à Boston, mais elle a dit hier qu'elle resterait au moins – »
Il s'interrompit en voyant l'expression du visage de Charles.
« Charles…
-Je l'ai fait pour notre sécurité, Hank », dit Charles, d'une voix froide qui lui ressemblait
à peine. « Après ce qu'il s'est passé sur la plage, il vaut mieux que la CIA ne puisse pas nous
retrouver.
-On va rester cachés, alors ? » soupira Hank.
Bien malgré lui, Hank conjura dans sa tête le souvenir de Raven, droite et rayonnante, à l'aise dans sa peau bleue (souviens-toi, Hank. Mutants, et fiers de l'être). Charles dut saisir le sentiment de Hank, car il répondit sur un ton résigné.
« Pour le moment, mon ami. »
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Hank avait lu des tonnes et des tonnes de livres et vu de nombreux films. Il était persuadé que la meilleure façon de rester discret était de se cacher en pleine vue, au vu et au su du monde.
« Une école, Charles. Si tu veux aider des jeunes comme Alex et Sean, une école serait le meilleur moyen de leur apprendre à contrôler leurs pouvoirs. Dieu sait qu'il y a de la place dans cet endroit pour accueillir des étudiants.
-Une école de mutants ? » répéta Charles, incrédule.
Hank sourit. Il sentait que l'idée plaisait à son ami.
« On peut dissimuler ça en école privée. En école privée spéciale » précisa-t-il.
Les yeux de Charles brillaient à présent d'intérêt.
« Une école privée spéciale ? Pour surdoués par exemple ? »
- C'est une très bonne idée, Hank. »
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Avoir un projet dans lequel se jeter, au-delà de la douleur de la rééducation, fit des merveilles au moral et à l'humeur de Charles. Et si Hank le surprenait toujours avec un air pensif lorsqu'il passait près de la chambre de Raven ou d'Erik, trois mois plus tard, ces moments se faisaient plus rares, ou peut-être plus discrets.
Alex et Sean avaient décidé de rester avec eux et de les aider à construire l'école. Alex était en train de transformer le bunker en salle d'entraînement. Le projet l'enthousiasmait et quand venait l'heure du dîner, il pouvait passer près d'une heure à détailler avec un sourire excité ce qu'il faudrait faire pour transformer l'abri nucléaire en espace d'entraînement (qui porterait le nom de code de « Salle de Survie »).
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Après la plage, Hank ne dormit guère pendant longtemps. Chaque craquement, chaque bruissement de branche, chaque ombre bougeant sous la lune le faisait sauter hors de son lit, tous crocs dehors. Il se précipitait à la fenêtre pour scruter l'extérieur, comme s'il s'attendait à voir le visage grimaçant d'Azazel venu les tuer dans leur sommeil. Parfois, lorsqu'il se levait pour déambuler dans les couloirs, il s'attendait à moitié à voir Raven dans la cuisine en train de manger de la crème glacée ou Erik revenir vers sa chambre après une partie d'échecs nocturne avec le professeur.
Hank haïssait ces moments où il arpentait les couloirs, inquiet et insomniaque, ressassant les derniers mois avec inquiétude, et se demandant pourquoi, pourquoi Magnéto ne les avait pas encore attaqués.
A une ou deux occasions, il surprit Alex en train de faire le tour du château, aussi inquiet que lui. Ils échangeaient un regard et finissaient leurs rondes ensemble, mais ils ne prononçaient jamais un seul mot. Au petit matin, ils ne parlaient pas de leurs angoisses nocturnes. Hank soupçonnait Alex de se trouver aussi ridicule que lui-même, à sursauter à chaque craquement du manoir.
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Ce fut Charles qui mit un terme à leurs angoisses nocturnes et les aida à retrouver le sommeil. Cela se passa ainsi :
C'était une nuit de janvier particulièrement froide. Une de ces nuits noires qui mettaient Hank sur le qui-vive et le faisait réfléchir à toutes les alarmes et les systèmes de sécurité qu'il pouvait installer sur la propriété de Charles. Sa chambre était tapissée de plans et de notes sur lesquels il travaillait quand il avait le temps.
Il se passerait encore plusieurs mois avant qu'ils ne soient prêts à recruter des élèves ou de nouveaux X-men. La télépathie de Charles était à vif et il avait peur de ce que son esprit blessé pourrait faire s'il utilisait Cérébro. Hank ignorait si ses reluctances étaient dues à la douleur physique aussi vive qu'au premier jour, ou à la blessure béante laissée par la trahison de Raven et d'Erik. Probablement les deux, mais Hank aurait volontiers parié sur la deuxième hypothèse. Charles craignait-il ce que son inconscient ferait à Raven si jamais il la retrouvait grâce à Cérébro ?
Hank n'en savait rien, et un peu honteux il estimait que cela valait mieux ainsi. Il ne savait pas quoi dire à Charles. Raven lui manquait terriblement et la pensée que Magneto allait la transformer en meurtrière raciste lui glaçait les sangs. Il n'osait imaginer ce que Charles pouvait ressentir.
Pour dissiper ces pensées morbides, Hank alla faire son tour dans le château. Au détour d'un couloir, il rencontra Charles. Celui-ci était dans son fauteuil roulant et lévitait à quelques centimètres du sol. Il sortait de la chambre d'Erik.
Hank songea à se dissimuler mais c'était vraiment idiot de vouloir se cacher d'un télépathe.
- En effet, approuva la voix mentale de Charles, amusée.
A haute voix cette fois, Charles lui demanda s'il était encore sujet à des insomnies nocturnes. La question était plus polie qu'autre chose, car Charles connaissait déjà la réponse
- J'ai cru entendre du bruit dehors, répondit Hank.
Charles lui jeta un regard compatissant. Hank eut la vague impression de n'être qu'un enfant de huit ans venu trouver ses parents pour qu'ils vérifient que le croque mitaine n'avait pas élu domicile dans son placard.
- Je doute fort que la Fraternité nous gracie de sa présence, dit doucement Charles.
- Comment tu peux en être aussi certain ? demanda Hank
Charles lui adressa un sourire triste.
- Erik ne veut rien d'autre que protéger les mutants. Il n'a aucune raison de s'attaquer à nous. Il ne fera rien au manoir.
- Il a une curieuse façon de le montrer, grommela Hank en considérant l'état de santé de Charles dont la dégradation n'était due qu'à la folie meurtrière de Magnéto.
- Tant que nous ne contrarions pas ses projets, il ne fera rien, soutint Charles. Et ne t'inquiète pas, si quelqu'un doté de mauvaises intentions venait à s'approcher du manoir, je le saurai. Tu peux dormir tranquille, mon ami. Cet endroit est protégé.
Hank hocha doucement la tête et retourna se coucher. Ses insomnies furent moins fréquentes après cette conversation.
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Charles mit près d'un an pour retrouver l'usage de ses jambes. Il rejeta tous les conseils des médecins, persuadant son corps faible de se soumettre à sa volonté. Chaque séance de rééducation se terminait au prix d'immenses souffrances, mais rien n'aurait pu le faire renoncer.
Durant cette année, Hank, Alex et Sean réorganisèrent le château de Westminster, créant des salles de classes, des dortoirs pour accueillir des étudiants, un terrain de sport – sous lequel Hank s'employa à construire un hangar pour le BlackBird. Au bout d'un an, le manoir était plus que jamais prêt à recevoir ses premiers étudiants.
Durant cette année, ils n'entendirent jamais parler de Magnéto ou de la Fraternité.
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Les premiers élèves furent accueillis deux ans après les événements de la plage. Il y avait Alice, huit ans et demi. Cérébro les avait guidés jusqu'à cette fillette, enfermée dans une cave par ses parents, terrifiés par l'intangibilité de leur fille, qui avait tendance à devenir invisible, lorsqu'elle était embarrassée. Charles avait retenu Alex de mettre le feu à la maison avec la plus grande peine du monde. Les Greengrass ne s'étaient pas fait priés lorsque Charles leur avait parlé de l'école, pour enfants spéciaux. Les X-men savaient hélas que le cas de Alice était loin d'être unique, et qu'il devait exister des dizaines et des dizaines de jeunes mutants, perdus, incompris et maltraités. Cela ne fit que renforcer leur détermination pour les trouver.
Après Alice, il y eut Iona, une gamine de treize ans qui était aussi souple et rapide qu'un chat. Et Sammy, un garçon de onze ans qui pouvait marcher sur les murs, comme une araignée. En moins de six mois, dix élèves hors du commun suivaient les cours de Hank, Charles, Sean et Alex. C'était exactement comme ils l'avaient imaginé. Peut-être ne faisaient-ils pas une grande différence, (du type que celle qu'Erik voulait), mais au moins, pour ces dix enfants, Westchester était une maison, une famille, un sanctuaire.
Toutefois, en deux ans, une chose n'avait pas changé : l'urgence avec laquelle Charles parcourait les journaux du soir, écoutait les bulletins radio, ou le journal télévisé, dans l'espoir ou la hantise d'entendre parler des exploits de Erik.
Mais pas une seule fois, ils n'entendirent parler d'un crime que l'on pût imputer à Erik ou à ses acolytes. Les X-men n'avaient aucune idée de ce que leur ancien ami pouvait tramer.
Quand il y pensait, cela inquiétait Hank, car il savait qu'Erik n'oublierait jamais ses projets de vengeance, et son ambition de libérer le genre Mutant. Aux côtés de Charles, Erik avait appris la patience, et cette longue inaction ne pouvait signifier qu'une chose : Magnéto attendait son heure et œuvrait dans l'ombre.
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Charles rêvait d'Erik parfois.
Deux ans après les événements de la plage, les rêves continuaient, et le professeur X commençait à se demander s'ils disparaîtraient un jour.
/ - Echec et mat, dit Erik, en plaçant son cavalier en E8.
Charles contemple le plateau de jeu et grimace sa défaite.
- Cela fait trois victoires pour moi, mon ami.
- Tu peux en compter une de plus.
Et Charles se penche au dessus des pièces, les renverse au passage et pose un baiser, simple et chaste au coin des lèvres d'Erik. Lehnsherr tourne la tête, et le presque baiser, devient un vrai, bouche contre bouche./
Charles se réveilla en sueur. Il attrapa le verre d'eau qu'il y avait sur sa table de nuit et jura lorsque ses mains tremblantes le firent tomber par terre. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait un rêve pareil ; et la réaction après ce genre de rêve était toujours la même : un mélange d'amertume, de dégoût et de regrets - et peut-être caché tout au fond, y avait-il une once de désir pour ses yeux bleus et fiers et cette bouche arrogante.
Non, il ignorait s'il serait jamais libre de l'emprise d'Erik. Ou s'il le voulait.
Et, parfois, dans la brume du réveil, Charles rêvait d'oublier l'année 1962.
