Titre: I Remember
Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent pas et bien sûr cette fic ne se veut pas un manque de respect pour les véritables personnes. Il faut simplement pardonner mon imagination bien fertile !
Notes: Pour cette fic, je me sers de certains éléments qui proviennent directement du livre de Stephen Ambrose donc si certains détails vous échappent (pour ceux et celles qui auraient vu la série, mais pas lu le bouquin) pas d'inquiétude! Ça reste fluide et facile à comprendre :) Autrement, je suis aussi allé piger sur Wikipédia (je sais que ce n'est pas une source fiable, mais bon nous sommes sur FF quand même…) pour des informations supplémentaires. Voilà c'est tout! Bonne lecture! :)
...
Se balançant doucement de l'avant vers l'arrière dans sa chaise à bascule, Joseph Liebgott profitait des rayons du soleil et du vent qui caressait doucement son visage. Tout était paisible autour de lui. Seuls les craquements que produisait chaque mouvement de la chaise en bois venaient perturber le silence naturel. Ceci ne venait en aucun cas déranger le vétéran dont l'esprit se trouvait à un tout autre endroit, dans un autre espace-temps. Installé sur le porche avant de sa maison il profitait de la nature dans toute sa splendeur tout en se laissant envahir par des souvenirs bien précis qui le ramenaient des années en arrière. S'il se concentrait assez, il parvenait encore à sentir l'odeur de sueur de ses compagnons d'armes et arrivait même à voir leurs visages. Il se souvenait…
Ah ça oui il se souvenait…
…
Il se souvenait de ces courses d'endurance qui duraient des miles et des miles. Il se rappelait du poids de son équipement et la manière dont son casque lui donnait des démangeaisons au cuir chevelu lorsqu'il suait trop. Il entendait encore la voix de Sobel lui crier après parce que son arme n'était supposément pas propre. Il se remémorait parfaitement le Camp Toccoa en juillet 1942 et des mois qui avaient suivis. Et de la sensation forte qu'il avait éprouvée lorsqu'il avait effectué son premier vrai saut et la satisfaction qu'il avait eue lorsqu'il avait acquis ses fameuses ailes. Mais surtout…
Il se souvenait de David Webster. L'Einstein de service, le diplômé d'Harvard, le fils de riches, le mec qui parlait dans un anglais trop poli et trop parfait. Il ne le méprisait pas (jamais), mais il ne l'aimait pas vraiment non plus (pas au début). Disons simplement qu'il ressentait une pointe de jalousie à chaque fois qu'il se trouvait à proximité, car autrement il n'y prêtait pas vraiment attention. Mais lorsqu'il l'entendait s'exprimer dans son langage si intellectuel, les dents lui grinçaient. Sa culture et son intelligence étaient trop… Trop pour l'armée. Enfin… Il y avait d'autres hommes intelligents (Winters, Nixon et plusieurs autres), mais l'intellect de Webster était à la limite de l'agacement. Il respirait la bonne fortune et si Lieb n'avait pas eu de chance dans son éducation il enviait (sans doute trop) celle de son comparse.
Cela ne l'avait pas empêché de démontrer ses prouesses physiques et d'obtenir ses ailes. Comme tous les autres, il avait survécu au Camp Toccoa et s'il avait cru lire un peu d'appréhension dans les yeux de Webster lorsqu'ils se trouvaient à bord du C-47 durant la nuit du débarquement, Lieb était plus excité que jamais. Il n'ignorait pas les accidents, les catastrophes et autres fatalités dont il pourrait être victime, mais il était animé d'une nouvelle joie : celle de pouvoir tuer des nazis. Il transpirait la fierté juive par tous les pores de sa peau et il avait attendu ce moment depuis le début de la guerre si bien qu'il tenait à peine en place. Il ne lâchait pas son sourire en coin et jetait souvent des regards aux autres qui soit dormaient, l'ignoraient ou se trouvaient dans leurs propres songes. Ce dernier cas s'appliquait à l'intello de service.
La guerre n'avait pas été tout à fait comme il l'avait imaginé. Bien sûr il ne s'était pas attendu à un lit douillet et à une bonne bière tous les soirs. Cependant, il ne se serait jamais attendu à ce qu'il se rende aussi loin. Sa rage contre les Allemands l'animait toujours comme au premier jour et il se disait que c'était probablement cette animosité qui l'avait gardé en vie. Il avait été blessé et il l'avait eu sa Purple Heart. Il avait même réussi à obtenir une promotion au sein de la Easy, chose dont il était assez fier. C'était sans doute la seule reconnaissance qu'il avait réussi à obtenir jusque-là dans sa vie. Et Webster lui ? Rien à envier. Pas de promotion, pas de médaille non plus. Il ne se portait jamais volontaire lors des missions, ce qui ne lui valait pas beaucoup de mérite. Au final, Lieb se disait qu'il préférait son éducation plutôt qu'à celle de son frère d'armes qui semblait préférer se garder intact plutôt que de s'investir réellement dans son devoir de soldat. Une décision peu digne pour un paratroop selon Joe.
Sauf qu'à Haguenau, au courant du mois de janvier 1945 il changea d'avis.
L'épisode de Bastogne était terminé et c'était une véritable libération pour Lieb. Bien qu'il fît toujours aussi froid dans la ville où les hommes avaient été conduits, le confort des appartements qui leur avait été attribué était d'un luxe sans égal. Le trou de souris gelé était déjà bien loin dans l'esprit du jeune Joe qui s'était laissé tomber lourdement sur le lit qu'on lui avait offert, faisant ainsi grincer le vieux sommier. Il venait à peine de pousser un soupir de quiétude lorsqu'il avait entendu des pas faire irruption dans la chambre silencieuse. Il avait relevé la tête et…
Webster. Ce putain de Webster absent durant les semaines d'horreur de Bastogne. Blessé peu de temps avant cette bataille, l'intello avait eu un passe-droit pour rester en vie, lui faisant gagner une Purple Heart par la même occasion. Il avait raté les multiples pluies d'obus, le manque de nourriture, l'inconfort des trous, le froid incessant, les silhouettes non identifiées dans l'obscurité, la peur constante d'être surpris par l'ennemi, la perte de frères, les nuits courtes et les longues journées…
Joe avait bondi sur ses pieds et son visage s'était retrouvé à quelques millimètres à peine de celui de son comparse militaire. Les yeux de Webster s'étaient agrandis par la surprise tandis que ceux de Lieb scrutaient le nouveau venu avec un dégoût évident. En près de trois ans, ils avaient dû se parler à quelques prises et si Joe avait toujours été poli (avec les petites irrégularités qui constituaient son langage) là il dégageait autre chose.
- Tiens donc… Qui voilà…
- On… Ahum on m'a dit que j'allais être ton colocataire pour le temps qu'on allait être ici. Tu as un problème avec ça ou… ?
Devant le silence de Joe qui l'observait toujours aussi attentivement, Webster se sentit mal à l'aise.
- Joe… ?
- Ouais j'ai compris. J'ai pas trop le choix hein ! Tâche juste de ne pas trop me parler de Shaktruc pigé ?
Webster avait froncé les sourcils avant de contourner Joe et de déposer son bagage militaire sur le second lit de la chambre. Lieb ne l'avait pas quitté des yeux et était resté aussi droit que lorsqu'il s'était retrouvé devant Sobel à Toccoa.
Il lui fit la gueule durant les jours qui avaient suivi et il tâcha de ne pas se tenir trop près de lui lorsqu'ils étaient en mission ensemble. Les autres ne semblaient faire de cas sur le retour du soldat. Ils discutaient avec lui, rigolaient, mangeaient, fumaient… Mais Joe s'y refusait catégoriquement. Il avait beau avoir sauté avec eux en Normandie et avoir combattu en Hollande, il avait l'impression qu'il n'était plus des leurs. Bastogne l'avait profondément marqué, beaucoup plus qu'il n'osait l'admettre et le fait que lui n'ait pas été là changeait la donne. Il n'avait pas souffert comme lui, il n'avait pas passé des heures à prier pour que tout s'arrête, pour que la terre arrête de trembler à chaque impact des attaques ennemies et pour que le sang de ses frères arrête de couler. Il n'avait pas été prisonnier de semaines de crasse, de famines intenses ou encore d'états de fatigue si avancés qu'il n'avait plus les réflexes assez rapides pour se défendre ou se protéger. Non il avait profité d'un bon lit confortable, de jolies infirmières pour s'occuper de lui, du temps libre pour lire ses merdes littéraires, écrire des lettres à sa famille et plus encore. Cet écart de situation frustrait Joe au plus haut point et il n'arrivait pas à se départir de sa colère, se contentant simplement d'étouffer le feu qui brûlait en lui.
Sauf qu'un jour, Webster en eut marre. Dans un élan de spontanéité, il avait confronté Joe dans leur chambre en lui posant la question que Lieb redoutait : qu'est-ce qu'il avait fait pour mériter un tel comportement de sa part ? Incapable de se faire consumer plus longtemps par sa rage étouffée, Joe lui déblatéra tout ce qu'il avait sur le cœur, toute la jalousie qu'il éprouvait à son égard autant sur le plan de la classe que de son absence à Bastogne. Webster encaissa tout sans dire un mot, non sans avoir une expression surprise et triste à la fois. Aveuglé par son flot d'émotions qu'il déversait à la gueule de l'intello, Lieb n'arrêtait plus d'insulter et de blâmer celui qui se trouvait devant lui. Et il continua jusqu'à ce que Web finisse par quitter les lieux.
Après cet épisode, ce fut le silence radio des deux côtés pendant deux jours entiers. Ils évitaient le regard de l'autre et n'échangeaient aucun mot mis à part pour le travail. Bien sûr, les autres n'étaient pas au courant de leur situation, même si Lieb croyait que certains avaient dû entendre des bribes de leur conversation (disons qu'il n'avait pas réussi à garder une voix calme). Si c'était le cas, personne n'intervenait, ce qui n'était pas une si mauvaise chose aux yeux de Joe. Quoi qu'il en soit, ce mutisme cessa une nuit où Webster le réveilla en pleine nuit.
Mine de rien, il en avait des choses à dire le petit intello. Et si au départ Lieb n'avait voulu rien entendre, il se laissa convaincre par son comparse qui poursuivit son discours malgré le dos tourné de son interlocuteur. Webster s'excusait. De ses études universitaires. De sa blessure qui lui avait épargné Bastogne. Il avouait se sentir extrêmement coupable de la mort de Muck et de Penkala et qu'il était désolé des horribles blessures de Toye et Guarnere et de l'état mental de Compton. Il affirmait avoir préféré être à leurs côtés durant ces moments pénibles plutôt que d'avoir été enfermé dans un hôpital, prisonnier de son lit à cause de sa blessure dans un endroit qui sentait la putréfaction et la mort et dont le personnel était tout sauf accueillant et charmant. Il n'avait pas voulu être dans l'armée, mais il avait accepté ce défi pour sauver son pays et ainsi mettre son grain de sel dans cette période douloureuse. Il avait voulu faire sa part tout simplement. Rater des combats ou des missions faisait partie des éventualités que représentait cette part. Il n'avait pas choisi d'être blessé tout comme il n'avait pas choisi d'être né de gens éduqués et riches. Il avait eu envie d'aventures, de connaître la camaraderie et de tisser des relations qu'il savait qu'il ne connaîtrait jamais par la suite.
Ses aveux avaient attendri Lieb qui avait finalement fait face à son colocataire. Il se sentit coupable de la scène qu'il lui avait faite, mais aussi des pensées si négatives qu'il avait eues à son égard. Au fond, Webster n'était pas un mauvais gars : il avait juste beaucoup de veine c'est tout. Après un court silence, Joe s'excusa à son tour et avoua que Bastogne avait été un moment difficile pour lui. Il ne comptait pas extrapoler davantage, préférant retrouver sa couchette que de discuter toute la nuit sur un sujet qui de toute manière n'avait plus d'importance, mais Webster l'encouragea à parler. Joe hésita avant de finalement lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il lui raconta les moments pénibles qu'il avait vécu sur le front, les cauchemars qu'il avait en permanence depuis ces événements, comment il se sentait coupable d'être encore en vie alors que les autres non, à quel point il détestait les Allemands et leur manière de penser… Tout. Absolument tout. Au fur et à mesure qu'il prolongeait son discours, il se sentait mieux plus libre. Il fallait dire qu'il n'avait pas souvent eu l'occasion de dire ce qu'il ressentait depuis qu'ils étaient débarqués en Europe, mais une chose était certaine : ça faisait un bien fou. Et Webster l'écoutait d'une oreille attentive, sans l'interrompre.
Ils avaient fini par s'asseoir sur le lit de Lieb. La conversation se prolongeait. Joe ignorait depuis combien de temps il était là à se lamenter de son sort, mais cela ne semblait pas déranger l'intello qui restait sage et tranquille. Lorsqu'il eut terminé de parler, Web eu un moment de silence à son tour avant de répondre à son interlocuteur, tâchant de le rassurer du mieux qu'il le pouvait. Après tout, même s'il se sentait seul au monde dans cette galère il ne l'était pas vraiment. Ils étaient tous prisonniers de cette situation terrible et morbide et c'était en s'unissant qu'ils pourraient vaincre le mal planétaire dans lequel ils étaient plongés. Joe fut d'accord et offrit un sourire sincère à Web qui posa sa main par-dessus la sienne. Étonné de cette gestuelle qui ne lui était pas familière entre hommes, Joe fronça légèrement les sourcils tandis que Webster restait impassible. Ils se contemplèrent pendant quelques secondes et si le juif resta sur ses gardes, l'autre s'avança doucement vers lui.
- Qu'est-ce que tu fais… ?
- Je ne sais pas…
Les yeux de son camarade étaient rivés sur sa bouche et son visage était dangereusement proche du sien. Pris d'une panique soudaine, Liebgott se leva dans un geste brusque.
- Non !
Webster se leva à son tour et exprimait désormais la même panique.
- Je suis désolé ! Je ne voulais pas…
- Ça ne se fait pas ces choses-là ! coupa sèchement Lieb. Bon sang qu'est-ce qui t'est passé par la tête Webster ?
- Rien ! Je m'excuse, sincèrement ! Ça ne se reproduira plus.
- Rah, ça va, ça va ! Retourne te coucher. On a assez discuté, je pense.
Il toisa son frère d'armes avec un air de dégoût tandis que Webster se remettait au lit. Il resta debout quelques secondes avant de lui aussi retourner en dessous des draps. Sauf qu'il ne cessait de regarder l'autre qui, toujours gêné, finit par lui tourner le dos. Lieb ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Qu'est-ce qu'il avait voulu faire exactement ? Il connaissait la réponse à cette question, mais refusait catégoriquement d'y penser. Il finit par s'endormir, mais son sommeil fut perturbé par des rêves étranges qui consistaient à une reprise en boucle de la scène qu'il avait vécue. Heureusement, la séquence coupait toujours au même endroit évitant ainsi à Joe de vivre le moment tant redouté. Le lendemain, il se fit réveiller par Malarkey. La première chose qu'il fit fut de regarder en direction du lit de Webster qui était vide.
- Tu pensais que j'étais un boche ou quoi ? T'as une drôle de tronche Joe.
- Non t'inquiètes. T'as pas la gueule d'un mec que j'ai envie de tuer Don.
Il lui fit son habituel sourire et Malarkey éclata de rire.
Ce jour-là, il tâcha d'éviter Webster même s'il ne pouvait s'empêcher de l'observer. Il ne voyait rien de différent dans son comportement tout comme il ne le voyait pas en train de se rapprocher d'un autre soldat d'une manière non conventionnelle. Les autres ne faisaient pas de cas quand ils se retrouvaient en sa présence. Était-il donc le seul sur qui Webster avait usé de son comportement étrange ? Difficile de savoir. Cependant, il remarquait que dès que l'intello posait ses yeux sur lui (souvent par mégarde) il détournait rapidement le regard et ses joues prenaient une teinte légèrement rosée. Cette attitude faisait froncer les sourcils de Joe.
Ayant peur que ce qui était arrivé la nuit précédente se produise de nouveau, Lieb eut de la difficulté à s'endormir ce soir-là. Un peu comme la veille il ne lâchait pas Web des yeux tandis que l'autre semblait déjà être au pays des rêves. Il allait s'endormir lorsque quelqu'un fit irruption dans la chambre avant de se précipiter sur le lit de Webster. Les yeux grands ouverts, Joe demeura silencieux dans l'obscurité.
- Web! Web amène ton cul t'a été choisi pour une mission !
Il reconnut la voix de George Luz malgré les légers marmonnements de Webster qui se réveillait. En moins de deux minutes, Joe se retrouva seul dans la chambre et il tomba endormi presque aussitôt, rassuré que rien de louche ne soit arrivé. Quand il se réveilla le lendemain, le lit de son colocataire était toujours vide. Il n'en fit pas de cas et s'habilla avant d'aller rejoindre les autres. Des corvées particulières l'attendaient et il croisa Webster qui avait une mine affreuse : il semblait avoir passé une très mauvaise nuit. Il passa à côté de Joe sans même le voir avant de poursuivre son chemin vers les douches.
Ce soir-là, ce fut au tour de Joe d'être choisi avec d'autres pour une mission assez importante : elle consistait à franchir la ligne ennemie par bateau afin de faire des prisonniers. Elle l'occupa une grande partie de la nuit. Il se contenta de faire son boulot au meilleur de ses capacités et ne laissa aucune pensée pour autre chose venir le déconcentrer. Seulement, les événements vécus (en particulier la mort du jeune Eugene Jackson) ne laissèrent pas Lieb de marbre qui, comme tous les autres présents, eu un grand sentiment de colère lié à une tristesse qu'il ne parvenait pas à définir. La guerre commençait sérieusement à l'écœurer.
Trop crevé pour passer sous la douche, il fuma une dernière clope avant de se mettre au lit.
- Ça va ? demanda une voix dans le noir.
- Comme ça peu, répondit simplement Joe.
- J'ai pas réussi à dormir. Ça pétait de partout… Tout le monde va bien ?
- Pff quelle question stupide. Bien sûr que tout le monde ne va pas bien. Y'a eu des morts comme à chaque fois.
Il était crétin l'intello ou quoi ?
- C'est pas ce que je voulais dire…
- Écoute tu prendras les nouvelles demain matin ok ? Moi j'ai envie de dormir.
Joe remonta un peu plus les draps par-dessus lui avant de fermer les yeux. Aussitôt une image du visage brûlé de Jackson lui revient en tête, le forçant à ouvrir les paupières.
- Eh merde… grommela-t-il en poussant un soupir.
- Toi aussi hein ?
Légèrement surpris Joe se tourna vers le lit de Webster.
- Moi aussi quoi ?
- Tu les vois. Tu les entends. Et quand tu finis par t'endormir, ils viennent te chercher. Je sais ce que c'est, je vis la même chose tous les soirs. Rares sont les nuits complètes que j'ai eues.
- Si t'as essayé d'embrasser tous les mecs avec qui tu parles, normal que tu ne dormes pas souvent, supposa Joe.
Il n'arrivait pas à croire qu'il avait finalement dit le mot auquel il pensait depuis le début, mais qu'il n'osait s'avouer.
Embrasser…
- Je ne savais pas ce que je faisais, rétorqua Web.
- Mon cul ouais…
- J'étais sur le coup de l'émotion et… Je pense simplement que j'ai essayé de nous changer les idées.
Joe eut un rire moqueur.
- Bah ça marché ! Bravo Einstein. Essaie juste d'être moins fleur bleue la prochaine fois d'accord ? J'suis pas comme les mecs d'Havard moi. Si t'es pas une gonzesse avec des gros nénés, t'auras pas de chance avec moi.
- Mais je suis pas aux hommes !
- Je me fiche bien que tu sois aux chèvres, aux femmes, aux hommes ou aux enfants. T'avises plus de me faire ça. Jamais. Sinon je te jure Webster que je vais te buter.
- Tu sais très bien que j'ai pas…
- Bonne nuit, coupa Joe avant de fermer les yeux de nouveau.
Voilà au moins qui avait le mérite d'être clair.
