Disclamer : Teen Wolf et ses personnages ne m'appartiennent pas, seule cette histoire peut m'être attribuée. Le récit contient des relations homosexuelles et des scènes sexuelles graphiques. Libre à vous de lire ou de vous abstenir.
SE JETER À L'EAU
CHAPITRE 1
La boîte n'était pas très pleine. Il n'y avait pas de cadres, pas de déchets que l'on garde seulement en souvenir. Il y avait qu'une boite à photos et les livres auxquelles il tenait les plus. Une balle de crosse pourrait s'y être glissée mais c'était tout. A peine trois cartons. Un de vêtements et deux de livres. Voilà à quoi se résumait sa vie à Beacon Hills.
Il n'osa pas tourner la tête vers son ordinateur. Il gisait dans un coin de la pièce. L'écran éclaté, quelques touches se baladant sur la moquette bleue de la pièce. Il avait honte. Il se rappelait le sourire d'heureux de son père lorsqu'il avait enfin pu offrir à son fils ce à quoi il aspirait depuis ses quatorze ans. Stiles ne comptait plus les nuits que son père avait passées au poste pour pouvoir le lui acheter. Pour lui acheter le meilleur. Il regarda finalement ce qu'il restait de la pomme rétroéclairée et soupira. Son père avait compris. Son père comprenait toujours. L'hyperactif aurait préféré qu'il lui passe un savon, qu'il lui fasse la gueule. Mais rien. Il avait contenté de hausser des épaules. Et cela n'atténuait en rien la culpabilité de l'adolescent.
Il prit finalement son carton par les poignées prévues à cet effet et descendit les escaliers déposant ce dernier sur une pile d'autres.
Sa Jeep l'attendait devant la maison. Il y chargea les derniers cartons et alla rejoindre son père sur le perron. Il regarda une dernière fois son salon vide. Ne restait que quelques meubles recouverts par un drap blanc, qui seraient donnés à une œuvre de charité. Il se détourna et sentit la main de son père dans son dos, il prit une grande inspiration et se dirigea sans se retourner vers sa voiture. Il n'accorda pas un regard aux insultes taguées sur sa porte de garage ou encore à sa boite aux lettres broyées sur le sol. Cela n'avait plus d'importance. Il commençait une nouvelle vie.
Le trajet fut long. Son père n'avait pas choisi leur futur domicile au hasard. Il avait cherché à mettre le plus de kilomètres possible entre eux et Beacon Hills. Depuis son ordinateur de boulot, il avait supprimé tous les comptes, tous les abonnements aux réseaux sociaux et aux blogs que possédait Stiles. Il l'avait effacé d'Internet. Table rase.
Ils arrivèrent finalement à Lynnfield, une petite bourgade très boisée et parsemée de nombreux lacs dont les photos n'offraient qu'une pâle copie de leur beauté.
La voix agaçante du GPS s'élevait dans la voiture, leur demandant de faire demi-tour toutes les deux minutes. Ils finirent par l'éteindre, à bout de nerfs et essayèrent vainement de se repérer grâce à leur carte routière. Vous avez déjà vu un aveugle conduire ? Imaginez. C'était exactement ce que ça donnait avec en prime une carte routière en guise de pare-brise.
Si vous avez déjà vu un aveugle conduire, vous devez savoir qu'il y a toujours des dommages collatéraux. Et ce fut le cas. Une route boisée où il n'y était censé avoir personne, une mauvaise visibilité et voilà.
Stiles arrêta précipitamment sa Jeep et descendit immédiatement, enfin après avoir retiré sa ceinture qu'il avait oublié de déboucler.
-Oh mon dieu, je suis désolé je ne vous avais pas vu !
Il se précipita sur la silhouette encore au sol qui se révéla être un adolescent.
-Vous allez bien ?
-Ouais. Ouais ça va !
Le jeune avait le regard un peu perdu, grand et basané, il semblait avoir poussé trop vite. Ses cheveux étaient un peu en indien, longs et souple ils descendaient dans sa nuque jusque derrière ses oreilles. Son ton était confus et ses yeux chocolat avaient du mal à se fixer sur un point précis.
-Vous êtes sur ? Vous voulez qu'on vous emmène à l'hôpital ?
-Non pas l'hôpital. Ça va je vous assure.
Il se remit sur ses jambes et offrit un sourire aux deux hommes avant de partir à toute allure vers les bois. Stiles le regarda partir, grimaçant à la démarche boitillante et au sang qu'il croyait discerner à travers le jean du jeune homme.
Ils remontèrent en voiture et la carte fut rangée dans la boîte à gants.
-Bizarre ce garçon...
-Je crois que tu lui as tapé dans l'œil. Et pas que dans l'œil.
-Papa...
-Oh je plaisante fiston !
-Je n'en reviens pas que tu me parles de garçon comme ça.
-Moi non plus mais qu'est-ce-que tu veux, on s'adapte.
Le shérif se tourna vers son fils et le vit sourire, il n'aurait voulu perdre ça pour rien au monde. Son fils ne souriait plus que rarement. Depuis qu'il était entré au secondaire, son visage s'était fermé. Il rentrait souvent couvert de bleus après "être tombé". Il ne sortait pas après les cours, ni le week-end. Sa vie se résumait au trajet maison, lycée puis lycée, maison. La solitude comme seule amie, il ne vivait que pour les cours et pour son père.
Un jour il lui avait demandé cinq dollars et le shérif en avait été si content qu'il lui en avait donné quinze avec une tape dans le dos et un "Amuse-toi bien". Stiles les yeux fixés sur la route suivait le même cheminement de pensées. Il se rappelait de ce jour là et des paroles de son père. Mais il ne s'était pas amusé, les joueurs de l'équipe de crosse peut-être, mais pas lui. Ils avaient ri en entendant ses côtes se briser sous leurs coups de pied ou en voyant ses larmes rouler le long de son visage alors qu'il fixait l'objectif de la caméra.
Les mains de Stiles se crispèrent sur le volant et son sourire disparut. Il sentit la main de son père sur la sienne contre l'accélérateur mais ne put se détendre. Les souvenirs trop vifs battaient ses tempes et rongeaient ses nerfs.
-Tourne à droite fiston ça doit être là.
Entre les arbres partait un petit sentier au bout duquel on pouvait voir un bout de leur nouvelle habitation. La boite aux lettres bien plantée dans le sol et un peu bancale les défiait d'entrer, comme inclinant la tête à leur passage. L'hyperactif engagea la voiture dans l'allée sous le sourire amusé de son père qui regardait la langue de son fils poindre d'entre ses lèvres.
La dernière chose que voulait Stiles serait d'abîmer sa précieuse Jeep. Il prenait le virage prudemment, concentré. L'habitude viendrait mais pour l'instant, il lui paraissait bien sec.
Ils débouchèrent sur une cour recouverte d'épine de pins marron, respirant la convivialité, un petit air de Suisse ou de Canada empreint dans l'air. Stiles déboucla sa ceinture et se propulsa de la voiture. Il fut accueilli par le sol mou et respira à plein poumon l'odeur des pins. Son père posa sa main sur son dos et l'encouragea à avancer vers leur nouvelle demeure. Celle-ci était aussi grande voire plus grande que l'ancienne, elles se ressemblaient beaucoup excepté que celle-ci était tout en bois. Comme un chalet. Elle était intégrée dans une bute : le rez-de-chaussée et les étages dessus et le sous-sol, garage et réserve de bois en dessous. L'hyperactif fut surpris de trouver l'intérieur totalement meublé ; c'était moderne tout en restant dans le thème boisé et chalet. Tout semblait confortable notamment le canapé recouvert d'un plaid au motif à carreaux et à l'allure rugueuse ou encore le foyer chargé de bois de la cheminé, qui n'attendait qu'une flamme pour les réchauffer. Stiles sourit et visita toute la maison. Finalement lorsqu'il eut vu toutes les pièces, il supplia son père pour avoir la chambre du bas. La chambre du bas était une pièce de taille moyenne, sans particularité aucune, mis à part les fenêtres qui donnaient sur le lac à quelques dizaines de mètres de là. Les chambres du haut étaient plus grandes et possédaient chacune leur salle de bains, et pourtant, le fils du shérif avait totalement craqué pour leur petite sœur.
Le shérif n'avait rien dit et avait pris quartier dans l'une des chambres à l'étage. Lui-même était assez content du choix de Stiles, il avait tout d'abord pensé que son fils choisirait l'une des chambres du haut et que pour respecter son intimité, il hériterait de celle du bas mais encore une fois le jeune homme l'avait surpris. Et lui avait offert cette chambre dont le balcon donnait sur l'avant de la maison et les bois environnants.
Leur installation ne mit que deux jours. Enfin, la montée des meubles restant leur pris deux jours. Stiles n'en pouvait plus de rire en regardant son père tourner la notice de montage dans tous les sens.
-Papa, je te rappelle que c'est censé être un bureau pas un piano !
-Très drôle Stiles, mais est-ce-que c'est de ma faute s'ils s'amusent à écrire ces foutues notices en néerlandais !
-Langage !
Le shérif eut un petit rire. C'était à se demander qui de lui ou de Stiles était l'adulte. L'adolescent prit le relais et finit la plupart des meubles entamés par son père.
Ils tombèrent tous deux dans le canapé, un air épuisé au visage. Le shérif avait dans la main une canette de bière contre une de soda chez Stiles.
Le soir, l'adolescent ne sut pas si c'était lui qui tombait sur son lit ou si c'était son lit qui tombait sur lui tellement la fatigue sur ses épaules semblait lourde. Il sourit en sentant son corps s'enfoncer dans le matelas, il ne se lassait pas de son nouveau lit.
Les vacances de la Toussaint se finissaient dans à peine trois jours et Stiles ne savait pas s'il était prêt autant physiquement que psychologiquement. Il n'avait pas eu une bonne expérience avec le secondaire jusque-là et il ne savait pas comment appréhender sa rentrée. Il ne savait pas ce qu'il devait changer pour être aimé. Lorsqu'il était arrivé au lycée, l'un de ses seuls ami, Isaac, avait déménagé le laissant seul dans la foule. Il avait même compté les jours qui le séparaient de la fin de l'année, mais ils étaient si nombreux. Il avait perdu le fil, ou peut-être était-ce le nombre de coups qu'il oubliait. Les nombres se ressemblaient tellement, si nombreux. Et c'est en comptant, les images défilant les unes après les autres dans son esprit, que Stiles s'endormit.
Le réveil sonna trois jours plus tard sur un matin brumeux. L'hyperactif se prépara savourant le silence ambiant. Il prit soin de remettre une bûche dans le foyer presque éteint avant de prendre son café, les yeux fixés vers le lac. La différence de température et l'air ambiant se creusait de jour en jour et un brouillard opaque envahissait le moindre espace entre les arbres. Les sons y étaient absorbés et tout semblait paisible et calme. Son sac à l'épaule il remonta l'allée menant à la route. Il regarda la boite aux lettres bancale et donna un bon coup de pied dedans pour la remettre en place. Il attendit quelques minutes s'amusant de la fumée blanche qu'il expirait. S'il avait eu six et non dix-sept ans, il aurait sûrement mis deux doigts devant sa bouche, tenant une cigarette aussi longue qu'imaginaire. Le bus arriva finalement et arracha la moitié des branches qui débordaient sur la route avant de se garer à un poil de Stiles. Le fils du shérif soupira. Sa vie venait de défiler devant ses yeux. Littéralement. Il avisa le chauffeur qui lui adressa un regard ennuyé avant de lui indiquer le fond du bus d'un mouvement de main. L'adolescent était peu habitué aux transports en commun, mais sa Jeep était actuellement indisponible. Son père n'avait plus de voiture de fonction et avait donc besoin de la sienne pour se rendre au poste. C'était bien sur temporaire, le temps qu'il prenne ses marques et que l'ancien shérif lui cède le bureau, la voiture et la plaque.
La tête de Stiles vibrait contre la vitre tandis que le bus s'arrêtait à un stop. Ses écouteurs se tombèrent de ses oreilles et il se hâta de les remettre ainsi que sa capuche. C'est vrai que ce n'était pas franchement le meilleur moyen de se faire des amis en jouant l'asocial, mais il préférait être ignoré que stigmatisé. Quelques élèves montèrent encore mais aucun de se préoccupa de lui ce qui lui tira un soupir de soulagement à la sortie de l'autocar.
Les mains dans les poches il jeta un œil à son nouvel établissement. Il était illuminé dans la faible clarté et à travers l'humidité ambiante, ça avait quelque chose de réconfortant.
À son arrivée, il passa directement dans le bureau de la gestionnaire qui lui remit, emploi du temps, casier et autres documents. Il en prit rapidement connaissance avant de s'engouffrer avec une grande inspiration d'encouragement, dans le couloir.
Aucun élève ne semblait remarquer à quel point les couloirs étaient étroits. Le jeune homme ne pouvait pas faire un pas sans heurter quelqu'un. Malgré la masse compacte qui envahissait le hall, il put facilement rejoindre sa première classe ou l'attendait son professeur de maths. Il prit une table près de la fenêtre à environ la moitié de la classe et attendit que les autres arrivent. À chaque personne qui entrait, il priait pour que personne ne lui réclame sa place et personne ne le fit. Il sortit son téléphone sous la table et envoya un SMS à l'un des seuls numéros de son répertoire.
« J'aurai bien besoin d'une dose de courage là. Je viens d'arriver dans mon nouveau lycée et je t'avoue que je flippe un peu. J'ai retrouvé la photo dont je te parlais hier, je te l'enverrai par mail. Bon souhaite moi bonne chance le cours va commencer. »
Son portable vibra et il sourit alors qu'il voyait la réponse de Isaac. Un unique smiley mais c'était tout ce qu'il lui fallait pour affronter la journée. Il s'apprêtait à ranger son téléphone lorsqu'il vibra une seconde fois
« Souris, quelqu'un pourrait tomber amoureux de ton sourire. »
Il se dépêcha de répondre avant d'éteindre son téléphone et de le jeter au fond de son sac
« Comme qui ? »
Il était encore penché dans son sac lorsqu'une voix l'interpella.
-Excuse moi mais tu es assis à ma place
Le jeune homme fixa la paire de baskets face à ses yeux puis se releva ne sachant pas s'il devait s'excuser ou tenir tête à son interlocuteur. Ses yeux plongèrent dans des yeux familiers et Stiles soupira de soulagement. Son interlocuteur sourit face à son hébétude avant de s'asseoir à la table ajacente à la sienne. Stiles voulut parler mais la sonnerie retentit à cet instant. Le cours se passa sans encombre et il put finalement parler à son voisin lors de l'interclasse.
-Isaac. J'y crois pas qu'est-ce que tu fais là ? Je ne savais pas que tu étais par ici.
-C'était une surprise. Ton père m'a en quelque sorte gardé à l'œil et il a pensé que déménager en terre pas totalement inconnue te ferai du bien.
-Mon père...Il est génial. Bon dis-moi comment toi tu t'es retrouvé ici.
Le visage d'Isaac se ferma et il ne répondit pas, se contentant de presser Stiles à sa suite dans les couloirs. Ils arrivèrent à l'heure en cours d'anglais. La prof, une cinquantenaire de petite taille tenait la poignée de la porte, prêtre à fermer lorsque les deux adolescents s'engouffrèrent dans la salle. Stiles s'assit à côté d'Isaac.
La prof longea les rangs, saluant les élèves qu'elle avait déjà eu en classe puis son regard bleu se posa sur lui. Elle pinça légèrement les lèvres.
-Et bien ? Qu'attendez vous pour monter sur l'estrade et vous présenter ?
Isaac se tourna vers son ami l'air désolé et celui-ci se dirigea épaule voûté vers le tableau. Il sentit comme un coup dans l'estomac avant d'être pris de vertige et de sentir ses mains commencer à trembler. Lorsqu'il fut face à la classe, il eut tout le loisir d'observer ses nouveaux camarades, seulement, il ne le fit pas trop occupé à essayer de gérer ses tics face au public. Finalement, c'est bien planté sur le sol, les mains dans le dos qu'il débuta.
-Bonjour. Mon nom est..
La prof le coupa d'un reniflement moqueur.
-Écoutez attentivement jeune homme. Que vous ne pensiez pas spontanément à vous Présenter à la classe lorsque vous êtes nouveau c'est un fait. Mais se présenter en anglais en cours de français c'est autrement plus insolent.
Stiles leva les yeux au ciel et une vague de soupirs amusés lui parvint dans les rangs
-Bien. Mon nom est Stiles Stilinski, je suis fils unique et j'ai dix-sept ans. Je suis originaire de Beacon Hills et viens d'emménager avec mon père à Lynnfield.
Il jeta à nouveau un regard à Isaac et celui-ci se débattait avec son trieur, ses cahiers et classeurs. Il sourit légèrement avant de regagner sa place.
Mr Stilinski, vous pouvez retourner à votre place, votre présentation était correcte.
Bien sûr qu'elle n'était pas correcte. Elle était parfaite. La classe de français avec Mademoiselle Morell avait été sa préférée dans son ancien lycée et elle avait fait de lui un expert.
Le cours fut long et rasoir. Isaac obtint une heure de retenue le premier jour pour ne pas avoir le livre exigé par la liste de manuel reçue l'année précédente. Stiles essaya de le dérider et ce ne fut qu'au déjeuner qu'il réussit à lui faire perdre son air sombre. Il n'y avait pas d'employé de service au self. Ce n'était que de grand buffets où tous pouvaient se servir et étonnement, il n'y avait aucun problème, le système était rôdé. L'hyperactif suivit le blond à une table où celui-ci lui présenta plusieurs personnes. Tous lui sourirent d'un air accueillant et le fils du shérif se sentit pour une fois à sa place, surtout quand Boyd, l'armoire à glace au visage figé, étira lui aussi ses lèvres en une grimace. À ce qu'il avait compris, Boyd était avec Erica et Lydia, la jolie rousse de la bande vivait une relation à distance, aussi passionnée que tumultueuse. La jeune femme avait cet air un peu supérieur mais on voyait dans son regard qu'elle aimait chaque membre de sa petite bande, même s'ils n'étaient pas des plus élevés dans l'échelle sociale estudiantine. Elle s'intéressait vraiment aux autres malgré ses allures futiles et détachées. Pendant que tous discutaient, Stiles sortit un livre de son sac ainsi qu'un feutre noir et s'y plongea, ses lunettes sagement vissées sur le nez. Il commença à souligner des phrases et ajouter des annotations dans la marge avant de sentir comme un picotement dans son dos. Il se retourna et fixa les tables derrière lui. Il put y voir plusieurs personnes, assises, occupées à rire. L'un d'entre eux jouait avec une pomme verte, la faisant rouler entre ses doigts avec précision et vitesse. C'était son regard que Stiles sentait dans son dos. Et ces yeux ne se décollaient pas de lui. Stiles fixa le regard vert du brun et la gêne monta en lui sous forme de rougeurs sur ses joues. L'adolescent se retourna à sa table ou Lydia le regardait, un petit sourire narquois au coin de lèvres. Elle fit bien attention à ce que personne ne les écoute avant d'entamer une conversation.
-Lui, c'est Derek Hale. À côté c'est Ethan et à côté son frère jumeau Aiden. Le gars en bout de table avec ses cheveux en indien, c'est Scott, il sortait avec ma meilleure amie Allison l'année dernière et je l'ai rencontré quelques fois, il était assez sympa, mais il a beaucoup changé cet été, surtout après le départ d'Allison, et beaucoup disent de lui que c'est un connard. Sinon la fille à sa gauche qui le dévore du regard, c'est Kira, elle est arrivée cet été et depuis, ils sont inséparables. Je crois que Scott essaie d'oublier Allison avec elle mais peu importe...
-Et Derek...
-Il est célibataire, oui.
-Ce n'est pas ce que j'allais dire. Juste pourquoi il me fixe comme ça ?
-Tout le monde aime la nouveauté. La question est plutôt pourquoi tu n'as pas remarqué qu'il n'y avait pas que lui qui te fixait ?
Stiles tourna la tête et à chaque fois que ses yeux en rencontraient d'autres, leur propriétaire baissait la tête gêné. Il se tourna vers Lydia dont la malice atteignait désormais non seulement son sourire mais aussi ses yeux.
-Donne-moi ton numéro, je t'enverrais tout ce que tu as à savoir pour survivre ici. Au passage, j'adore ton T-shirt.
-Merci, je suppose.
La rousse lui rendit son portable qu'il lui avait donné pour qu'elle lui donne son numéro. Le châtain était un peu gêné à l'idée qu'elle voit son répertoire presque vide, mais elle ne dit rien et lui sourit amicalement.
-Tu lis quoi ?
L'adolescent lui montra la couverture du livre la jeune femme fronça fronça les sourcils.
-Runners, mais il ne sortait pas en mars ?
-Tu connais ?
-Oui, j'attends sa sortie depuis un an, je l'ai découvert grâce à un flyer. Il est bien ?
-Pour l'instant, c'est sans mentir le meilleur livre que j'ai lu.
-Comment tu l'as eu ?
-Ah ça c'est un arrangement avec une maison d'édition. Une amie de mon père y travaille et m'envoie les livres en avance. Je dois en faire une critique et y laisser des annotations, ce qui va ou ne va pas. Je lui renvoie et elle me renvoie un livre propre, le livre final avec plus de deux mois d'avance.
-Tu penses que tu pourrais lui parler de moi ?
-Si tu veux, une fois que j'ai fini je te le passe, tu fais tes annotations en bleu et je l'appelle avant de lui renvoyer pour lui demander deux exemplaires.
-Ça ne va pas la déranger ?
-Ça m'étonnerait, j'ai du mal à commenter les personnages féminins, tu pourrais le faire.
Elle lui sourit, hocha la tête et lui piqua ses lunettes puis tira le livre à elle.
-Je lis juste quelques pages. C'est bien ce que je pensais. Les lunettes c'était pour la frime.
Le brun sourit et leva les yeux au ciel en croquant dans sa pomme. Il se sentait à sa place.
Après le déjeuner, Isaac l'informa qu'ils allaient en sport. Au grand désespoir de Stiles, ce fut natation, mais il était dispensé de ce cours, n'ayant pas ses affaires pour son premier jour. Il se contenta de s'asseoir un peu à l'écart du bord. Le maître-nageur l'appela faire un peu connaissance avec lui et lui demanda de situer son niveau sur une échelle d'un à dix. Ils discutèrent presque une demi-heure avant qu'il ne soit relâché et puisse retourner s'asseoir. Isaac s'assit à côté de lui, lui non plus n'avait pas ses affaires et une nouvelle d'heure de colle s'ajoutait à son palmarès de la journée.
Plus loin, Derek pianotait sur son téléphone, insensible du regard de Stiles, posé sur lui.
-Il est dispensé au trimestre.
Isaac qui avait capté le regard du brun lui avait apporté la réponse à sa question muette.
-Et toi, ça t'arrive souvent d'oublier tes affaires ?
-Toutes les semaines, je ne suis pas fan de l'eau, la perte de contrôle, je ne veux plus...enfin tu sais.
-Ouais.
Ce fut la seule chose que put dire Stiles.
Il oubliait souvent par quelles circonstances, lui et Isaac étaient devenus amis. C'était grâce ou à cause du père d'Isaac. Il ne savait pas quel terme utiliser. Son père avait un jour amené un Isaac de treize ans chez lui en lui annonçant qu'Isaac resterait quelques jours et c'était devenu un mois, presque deux. Il avait partagé son lit avec le blond grappillant dans son sommeil des informations sur ce qui l'avait mené dans ce lit. Le congélateur, la violence, tout était venu au compte-gouttes, des cauchemars jusqu'au récit total par son père et par son ami. Isaac était devenu son ami et Stiles le sien. Après deux mois, il était parti en foyer et finalement, il avait été adopté et avait déménagé à Lynnfield avec sa famille d'accueil. Enfin c'est ce qu'il avait appris aujourd'hui. Il regarda vaguement les amis de Derek se mettre en position sur les plots de départ. Contrairement aux autres élèves, ils ne traînaient pas les pieds pour y aller. Plus encore leurs sourires se faisaient carnassiers alors qu'ils se défiaient. Lorsque le sifflet de l'entraîneur retentit tous plongèrent dans un mouvement synchronisé et en moins d'une trentaine de secondes atteignirent le mur opposé. Scott avait une légère avance, venaient ensuite Aiden puis Ethan et pour finir Kira la seule fille du groupe. Stiles regarda sa montre avec stupéfaction. Vingt-deux pour Scott. Sachant que c'était l'adolescent qu'il avait renversé en voiture, il ne devrait pas aller aussi vite. Encore une fois Isaac répondit à sa question muette.
-Ils font partie de l'équipe de natation du lycée. On a pas perdu un match depuis qu'ils sont là. Et là encore tu n'as rien vu, ce ne sont pas les meilleurs nageurs.
-Qui alors ? Ce n'est pas possible d'aller aussi vite.
Isaac indiqua Derek d'un signe de tête.
-Attends tu me dis qu'il fait partie de l'équipe de natation, qu'il est plus rapide qu'eux, alors qu'il est dispensé de natation ce trimestre.
-Juste pour la précision et parce que tu es mignon quand tu fronces les sourcils d'incompréhension. Derek est le capitaine de l'équipe.
Et en effet, Stiles fronça les sourcils, sans savoir si c'était à la mention de lui comme étant "mignon" ou à celle de Derek en tant que "capitaine"
-Je ne comprends pas.
Sur ces paroles il remit ses lunettes de lecture sur son nez et reprit les annotations dans son livre.
Le trajet en bus parut interminable. Encore une fois il se retrouvait seul avec sa paire d'écouteurs. Ça ne le dérangeait pas vraiment mais il saisissait désormais la lourdeur de la solitude qui pesait sur lui à Beacon Hills. Cette journée avait été plus que ce qu'il avait pu espérer. Il avait rencontré des gens, marché dans les couloirs sans peur des regards, il avait vécu la vie d'un adolescent normal. Lorsqu'il descendit du bus, la lumière s'éclipsait derrière les arbres. Il regarda sa boite aux lettres qui s'inclinait moqueusement devant lui et cela lui valut un nouveau coup de pied.
Stiles taillait les citrouilles avec précision, Halloween avait toujours été l'une de ses fêtes préférées et cette année il était sûr que ses citrouilles n'allaient pas être piétinées. Un couteau dans une main, un petit marteau dans l'autre, il taillait l'écorce du fruit, réduisant au minimum son épaisseur pour que les dessins gravés dans sa chaire, apparaissent à la lueur de la bougie. Il admira les dizaines d'œuvres trônant sur l'ilot central de la cuisine et se retourna vers le plan de travail. Il arrêta ce qu'il faisait pour se mettre à la confection de cupcakes, tourtes, soupes ou encore jus de citrouille. Il ne voulait pas gâcher un gramme du fruit. Même les graines seront replantées pour l'année suivante. Il se reconcentra à nouveau sur le sculptage de ses citrouilles et lorsque son père rentra son labeur était pratiquement terminé. Stiles avait trouvé la technique pour gérer son problème de concentration. Il se concentrait sur sa tâche ne serait-ce que cinq minutes mais il s'y concentrait pleinement. Il faisait une pause puis le reprenait plus tard de nouveau pleinement investi. C'est grâce à cette méthode qu'il avait réussi à accomplir tout ce qu'il avait prévu, à la perfection. Le shérif déposa sa veste à cheval sur un dossier de chaise et vit son fils courir dans toute la cuisine. Les spots du plafonnier illuminaient les citrouilles qui semblaient rayonner d'une lumière orange éclatante. Dehors c'était la nuit et la brume avait pris sa place autour des arbres comme préparant la fête du lendemain. Leur maison était à la bordure de la ville et ils seraient le clou du spectacle, tout devait être prêt à la perfection pour le lendemain. Ils s'affairaient à l'extérieur, placèrent les citrouilles, testèrent l'effet avec les bougies et vérifièrent les pièges qu'ils avaient imaginés. Au-dessus de la boîte aux lettres trônait une petite caméra qui préviendrait l'arrivée des enfants, Stiles n'aurait plus qu'à presser le bouton de sa petite télécommande et la boîte s'ouvrirait sur une tête décapitée. Stiles rentra et regarda vaguement par la fenêtre de sa chambre, donnant sur le lac. Demain, ils seraient là. Il avait été surpris lorsque Scott s'était présenté chez lui. Il s'attendait à ce qu'il demande un dédommagement pour son accident mais au lieu de ça, il demanda à voir le père de Stiles. Il fut également surpris de voir son père céder à la requête du brun, lui donnant l'aval pour accéder au lac du domaine dès lors qu'ils le prévenaient quelques jours à l'avance. Il regarda la tablette sur son lit et l'alluma. Il observa la rue devant chez lui attendant que son père lui fasse signe pour qu'il puisse presser le bouton. Il regarda son téléphone, il n'avait qu'un message de Lydia lui disant qu'elle avait presque fini de lire le livre qu'il lui avait prêté. Ça ne lui avait pris que deux semaines. C'était étonnant sachant qu'elle devait être attentive à chaque mot et commenter chaque passage de l'œuvre. Deux semaines. Il avait eu le temps de faire ses preuves en natation, pas en plongeon où le plat le guettait à chaque instant mais il gérait plutôt bien le crawl, le papillon, la brasse et même la culbute. Il n'avait eu que quelques notes, des A, il avait pris une large avance à Beacon Hills, la tête plongé dans ses livres de classe pour oublier que sa vie était un cauchemar.
Sa tablette sonna et il vit son voisin promener son chien. Il laissa l'animal faire ses besoins devant chez eux et tourna la tête de droite, à gauche, prêt à partir sans nettoyer. Stiles pressa sournoisement le bouton et vit l'homme sursauter avant de ramasser prestement les déchets de son chien avec un mouchoir et de partir, moitié courant. Stiles sursauta à son tour lorsque l'on frappa à sa fenêtre. Il l'ouvrit et commença à houspiller Isaac pour la frayeur qu'il lui avait faite. Mais ses mots moururent dans sa gorge lorsqu'il vit l'adolescent. Il était magnifique. Son visage était peint de blanc et de noir en un crâne faisant ressortir ses yeux de ciel nocturne, ses cheveux étaient tirés en arrière, aristocratiquement, le tout donnant un tableau envoûtant et mystérieux.
-Wow. Isaac.
-Je pourrais en dire autant de toi, bien que tu ne sois pas vraiment dans le thème !
Stiles rougit, il avait bien saisi le flirt à peine voilé d'Isaac et essayait tant bien que mal de ne pas avoir l'air de le remarquer mais il ne pouvait contrôler l'afflux de sang qui frappait contre ses joues lorsque le blond se penchait pour lui chuchoter à l'oreille, ne serait-ce que pour lui poser une question en maths.
La tablette du brun sonna et il pressa le bouton de sa petite télécommande.
-Tu ne comptes pas te déguiser ?
-Je ne suis pas aussi doué que toi pour ça. Et il reste demain pour trouver un truc.
-J'ai vu les gravures sur tes citrouilles et tu es loin d'être moins doué que moi. Laisse moi t'aider. Je vais te maquiller ce soir comme ça tu seras prêt pour le lycée demain.
Il sortit une trousse à maquillage de nulle part et s'affaira autour du visage de Stiles, il ne lui fallut qu'une demi-heure pour parvenir à un résultat époustouflant. La moitié du visage du brun était dévoré par le maquillage, l'autre avait simplement été palie. L'adolescent se regarda dans le miroir de la porte de son dressing et ouvrit la bouche stupéfait.
-Isaac c'est… magnifique.
-C'est un kitsune. Un Nogitsune plus précisément. C'est une sorte de démon à tête de renard. Ça te va bien
-Les oreilles sont magnifique
-Des mouchoirs en papier, un peu de peinture, un peu de colle et le tour est joué !
-C'est époustouflant.
Le côté droit du visage droit du visage de Stiles était d'une pâleur maladive, le changement se faisait très discrètement en un dégradé au niveau de son nez avant de repartir en couleur renard de l'autre côté du visage. Le côté gauche de son nez ressemblait désormais à un museau et ses yeux étaient soulignés par un trait de crayon noir. Il cacha une partie de sa tête du plat de sa main et l'autre partie ne ressembla plus qu'à un renard.
Le blond dans son dos enroula son bras autour de lui puis posa sa main à plat sur le côté droit du visage de Stiles et ce dernier ne ressembla plus qu'à un renard.
-Isaac… je ne...
Le reste de sa phrase fut étouffé par les lèvres d'Isaac qui avait relevé son menton vers le haut. La tablette sonna mais Stiles ne pressa pas le bouton. Ses lèvres se mouvaient contre celles du blond. Il se sentait enfin lui pour la première fois depuis des mois. Libre d'être un garçon qui aime les garçons. Il se laissa à l'étreinte d'Isaac alors que la sonnette retentissait. La langue du plus grand taquina ses lèvres et il ouvrit la bouche pour lui en libérer l'accès. Leurs langues se trouvèrent et ne se quittèrent plus, elles se caressèrent avant de repartir. Ils cessèrent leur baiser puis se regardèrent un instant avant de réunir leurs lèvres en une multitude de baisers fiévreux. Malgré leur empressement leurs langues se frayaient toujours un passage dans leurs ébats.
-Stiles, tu devais tester la...Je n'ai rien vu, je m'en vais, je n'ai rien vu !
Les deux adolescents se séparèrent brusquement à l'entente de la voix du shérif. Stiles n'essaya pas de le retenir et s'assit plutôt aux côtés d'Isaac sur le lit.
-Isaac, je ne pense pas qu'on devrait faire ça.
-Ouais.
Et leurs lèvres se retrouvèrent à nouveau.
Ses doigts frôlèrent ses lèvres. Sa main retraça le trajet qu'avaient pris les siennes le long de ses bras. La chair de poule envahit sa peau au souvenir des mains contres ses hanches, remontant son flanc. Il entendit son père partir à travers la porte et se hâta de filer dans la salle de bain. Lorsqu'il sortit, la voiture de son père n'était plus dans l'allée. Il allait être en retard s'il ne se dépêchait pas. Il emballa quelques cupcakes dans son sac et fila, il jeta un regard à la boîte aux lettres et vit le bus arriver à toute vitesse vers lui. Il adressa son coup de pied matinal à l'objet et ferma les yeux espérant ne pas se faire heurter par le véhicule. Celui-ci prit comme d'habitude plaisir à s'arrêter, le rétro extérieur à un centimètre de la tête de l'hyperactif. Il soupira et monta dans le bus. Lorsqu'il monta, tous les élèves présents le regardèrent. Tous étaient déguisés mais personne ne rendait aussi bien que lui. Stiles était d'ailleurs étonné de la résistance du maquillage d'Isaac. Il était sec et n'avait pas été abîmé par leurs activités nocturnes ni par sa toilette matinale. Stiles augmenta le volume essayant de ne plus y penser pour effacer la rougeur qui envahissait ses joues. Pas qu'il n'avait pas aimé. Il avait adoré. Il avait demandé et redemandé et quelle plus belle façon de perdre sa virginité que de la perdre avec quelqu'un que l'on aime. Il aimait Isaac, mais pas de cette façon, c'était une expérience superbe que de le faire avec lui, mais il resterait un ami et son ventre se nouait à l'idée de le faire souffrir.
Lorsqu'il arriva devant lycée, il resserra la prise des sangles de son sac sur les épaules et pris une grande inspiration en passant les doubles portes.
Ce qu'il avait fait avec Isaac, aussi génial ce fut, pouvait détruire son équilibre chèrement acquis. Il toucha les oreilles que le blond lui avait confectionnées et son regard se fit plus ferme. Il n'était plus le Stiles qu'un rien pouvait démolir, il était fort et il assumait ses actes. Il avança dans le hall et les regards se tournèrent vers lui. Il faut dire que son maquillage était plutôt impressionnant. Il vit beaucoup de personnes dont le maquillage ne résidait que dans une toile d'araignée dessinée maladroitement au coin des yeux ou même un chapeau de sorcière et se sentit important pour la première fois depuis qu'il était entré au secondaire.
Isaac vient bientôt se poster à sa gauche et ils remontèrent tous deux le couloir. Un instant Stiles tapa dans le bras du blond et fit mine de marcher au ralenti et ce fut dans un fou rire que tous deux prirent place en classe. Les cours se passèrent sans problème et beaucoup de professeurs s'arrêtaient une ou deux minutes pour fixer Stiles, Isaac ou même Derek ou Lydia. Puis il reprenaient leur cour non sans parfois s'arrêter une seconde fois, fascinés.
Stiles sentit son ventre gargouiller au même instant où la sonnerie qui annonçait la pause méridienne retentissait. Il suivit l'oiseau oxymorique qu'était Lydia à travers les couloirs menant à la cafétéria. Son visage était lui aussi séparé en deux, l'un des deux côtés était pur, un rouge à lèvre rose pâle, les yeux souligné d'argent, le teint pâle. L'autre côté était charbonneux, le noir encerclait ses yeux et s'estompait en remontant vers le haut de son visage. Elle portait une robe mi blanche, mi noire, dégradée en gris au milieu. Des plumes blanches étaient accrochées sous la manche droite alors que sous la gauche, par symétrie, des plumes noires défiaient le diable lui-même. Elle était magnifique et cela n'était pas remarqué que par Stiles. Tous la dévoraient du regard et la jeune rousse faisait mine de ne pas le remarquer bien qu'un petit sourire suffisant démontrait le contraire. Ils s'installèrent à leur table habituelle et Stiles ne prit qu'une pomme malgré son appétit intense. Il ne se sentait pas de manger autre chose. Lydia lui rendit son livre et Stiles le vit baptisé d'une multitude de marque-page collants roses. Il sourit en lisant les commentaires de Lydia, ils étaient pertinents et très bien construits bien que parfois se laissaient aller à la superficialité. Parfois, par exemple, lorsque l'auteur décrivait la tenue d'un personnage, la rousse s'amusait à relever les fautes de goût. Ils discutèrent du livre et ils s'avéraient qu'ils avaient tous deux eu un coup de cœur sur le personnage de Marin, un personnage en soi très simple au premier abord, mais débordant de complexité dans la suite du roman. Lydia discutait avec Erica lorsque Stiles sentit ce regard caractéristique dans son dos. Il se retourna et tomba dans les yeux verts du démon face à lui, le visage ravagé par des flammes noires, une partie de son visage semblait brûler en enfer, l'autre moitié était froide et blanche, l'un de ses yeux était recouvert d'une lentille de contact rouge, aux pupilles semi-fendues. Ses yeux étaient totalement immergés dans ceux de Derek lorsque la main d'Isaac se posa sur son épaule.
-Reprend toi. Tu vas te noyer.
-Désolé j'ai eu un moment d'absence.
-Relax, nous ne sommes pas en couple de ce que je sache. Et tu n'es pas amoureux de moi, moi non plus d'ailleurs.
Il se pencha vers le brun pour lui chuchoter le reste de sa phrase.
-Je suis juste content que tu ais été ma première fois.
Sur ces mots il lui pressa la main avant de repartir dans sa conversation avec Boyd. Stiles était soulagé qu'Isaac ne lui porte pas d'attention amoureuse. Il avait vu comment il regardait Scott, il avait cet air qui ne trompait pas, d'ailleurs lorsque Isaac l'avait surpris en train de se moquer de lui, il avait eu un petit mouvement de tête en direction de Derek et l'hyperactif s'était tu. Il ne savait pas s'il y avait du vrai dans ce que semblait croire le blond. Tout ce qu'il savait c'est qu'il avait actuellement l'estomac à l'envers.
C'était la chose la plus dégoûtant qu'il n'ait jamais faite. Il s'essuya la bouche avec un morceau de papier hygiénique avant de se relever. Il tira la chasse qui emporta les restes de son maigre repas et se traîna jusqu'au lavabo. Son ventre le faisait encore souffrir et il aurait aimé rentrer chez lui, mais ses cours étaient importants, il plongeait un peu en éco et le contrôle approchait, les deux heures suivantes, ne pourraient pas lui faire de mal. Il se sentait assoiffé et avait besoin de se rincer la bouche. Il se pencha sous le robinet et but à longs traits. Il ne se sentait jamais assez empli, il avala ce qui lui semblait être des litres d'eau mais sa soif ne fut pas étanchée pour autant. Il regarda sa montre et vit qu'il lui restait deux minutes pour se rendre en cours. Il se passa de l'eau sur le visage, ne prenant pas le soin de se sécher pour ne pas abîmer son maquillage. Seulement un instant les yeux plongés dans ceux de son reflet il crut apercevoir l'une de ses pupilles se fendre plusieurs fois avant de reprendre sa forme ronde. Il secoua la tête chassant les gouttes de son front et lorsqu'il la releva vers le miroir il vit Derek derrière lui.
-Putain. Merde. Je suis désolé je ne parle pas comme ça d'habitude mais tu m'as surpris.
-Isaac te cherche.
-D'accord, merci.
Il n'avait jamais entendu sa voix, mais il l'avait de nombreuse fois imaginé et il ne s'était pas trompé. Elle était grave, mature, il avait fini de muer et sa voix de déraillait pas dans les virages. Il n'avait pas vraiment examiné le ton, mais ce n'était rien de doux. Ses yeux semblaient rire de la peur qu'il lui avait faite là où ses lèvres ne tressaillaient pas. Il contourna le garçon et prit la direction de sa classe, tout en écoutant les pas du brun résonner derrière les siens.
-Au fait, moi c'est Stiles.
Il ne s'était pas retourné.
-Je sais.
Deux mots qui incendièrent ses joues sous le maquillage, il était content que le brun ne puisse voir que son dos, bien qu'il redoutait que la rougeur se distingue sur ses oreilles. Il se pressa se sachant déjà en retard. Et c'est avec un petit regard réprobateur de la part de la prof, qu'il s'installa à sa table. A part ça, elle n'aurait pas pu faire grand-chose. Elle était plutôt dépressive et les élèves avaient l'ascendant sur elle, ce qui faisait aujourd'hui le bonheur de Stiles, mais l'attristait en général.
Les dix premières minutes passèrent comme une heure, la lenteur excessive de la prof ajoutée aux mous "S'il vous plaît, je ne vous ai pas donné la parole !" semblaient étirer le temps. Stiles sentait sa gorge le brûler, comme si la bile remontait en pénétrant sa chaire.
-Dis t'aurais de l'eau s'il te plait ?
Isaac lui fila sa bouteille à peine entamée et l'hyperactif la descendit à longs traits. Il ne prit pas la peine de la rendre au blond qui s'était déjà reconcentré dans la décoration de son cahier. Un vide dans l'estomac, le fit se retourner vers Lydia. Elle le regarda étrangement avant de lui glisser sa bouteille entre les doigts. Encore une fois il la vida rapidement, toujours accompagné de cette sensation de soif insatiable. Il fixa l'aiguille de la pendule noire espérant la convaincre d'accélérer, mais elle semblait ne vouloir que ralentir martelant le vide de son tac incessant. Il faisait chaud. Enfin c'est ce que Stiles pensait. Le son envahissant ses tympans ne se transforma plus qu'en un bourdonnement. Il sentit vaguement une main sur son épaule, mais il était plus concentré sur le vide assourdissant que sur le reste du monde. La bile lui monta dans la gorge et il sentit la soif lui tordre le ventre. Il avait besoin de sortir de cette atmosphère étouffante, de respirer, de prendre une bouffée d'air frais. De respirer. Il avait l'impression de suffoquer. En un clignement, il était dans le couloir. Il lui paraissait si étroit à chaque pas il se sentait toucher le mur. Enfin il atterrit devant les toilettes. Il approcha du lavabo et se pencha pour voir. Il appuya encore et encore sur le pressoir sans avoir l'impression de réellement boire. Il but jusqu'au noir total.
On l'avait retrouvé trempé et délirant contre un mur des toilettes. Il ne savait pas qui l'avait trouvé et ne voulait pas le savoir. C'était tellement humiliant. Le médecin l'avait ausculté et l'avait déclaré en état de déshydratation. Cela avait selon lui assurément causé la fièvre et l'état de transe. Isaac était passé le voir, il n'avait pas l'air très inquiet, juste soucieux, il s'était allongé à ses côtés dans le lit de l'hyperactif et avait glissé sa main dans la sienne. Ils s'étaient regardés plusieurs minutes avant de s'embrasser avec fougue. Ils avaient fini sous les draps, les vêtements au sol, leurs peaux nues en contact, la pulpe excitée de leur peau s'épanouissant l'une contre l'autre. Stiles avait gémit les mains accrochées à la barre de lit tandis que Isaac haletait entre ses jambes. Ils s'aimaient c'est sûr, d'un amour puissant et fraternel. Fraternel à l'inceste mais leur plaisir mutuel les emportait loin et leur suffisait. Quelques fois, les doigts du blond passaient sur des hématomes jaunis qui ne s'effaceraient jamais complètement. Il se penchait et allait les baiser comme purifiant ou bénissant les zones meurtries. Tendre.
Après une accélération, Isaac se libéra en Stiles, s'étalant sur lui. Ils s'embrassèrent, tendrement, amoureusement. Stiles trouvait le blond encore plus beau sans son maquillage, lui-même ayant retiré le sien avec soulagement. Halloween était ce soir mais ils n'avaient pas besoin de se déguiser, pas entre eux.
-Je suis bien avec toi.
-Moi aussi Isaac.
-J'aimerai être amoureux de toi.
-Moi aussi, ce serait tellement plus simple.
La tête du blond alla s'enfouir dans son cou. Son souffle chaud le caressant comme il ne l'avait jamais été. Les coups disparaissaient sous cette tendresse. Ses épaules remontaient. Ils restèrent ainsi de longues minutes, délicieuses. Stiles caressait le dos griffé du blond, allant passer ses doigts papillons sur les fesses de son ami. Isaac remuait de plaisir durcissant en lui, prolongeant leurs ébats. Ils haletaient ne voulant perdre aucune miette de leur plaisir.
Au dehors, la fine barrière séparant les vivants des morts, semblait s'évaporer sous la lumière de l'astre lunaire.
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