Honesty

Attention tout le monde, me voilà de retour. Cette histoire est un royai (exclusivement, compris) Je suis bel et bien Radiklement et si vous avez aimé Fullmetal Lover, j'espère que vous aimerez Honesty. RoyXRiza à fond la caisse. Je n'ai pas trop le temps de parler, alors, j'explique en quelques mots. Je vais reprendre les bouts de la manga (total spoilers) pour retracer la liaison amoureuse de nos deux soldats préférés jusqu'à ce qu'ils se décident à être un vrai de vrai couple. Ça risque d'être mimi tout plein! Allez, je préfère vous laissez juger par vous-même. (Avertissement, l'auteur ne se donne pas de date limite pour mettre la suite, alors, soyez tous patient(e)s!) Elle étudie quand même à l'université maintenant la fille! Allez, bonne lecture!

Honesty

Chapitre 1 - Souvenance d'autrefois…

La porte craque, elle grince sur ses gonds. La maison est vieille et ridée par le temps. Le ciel est lourd et le malaise dans son être l'est tout autant. Il entend les grillons ciller au loin. Il hume l'air, inspirant profondément avant d'entrer dans l'antique demeure. Il n'y a plus qu'une raison pour le mener dans cette maison. Elle est un peu plus jeune que lui. Juste un peu. Mais quand ils se croisent, ils éprouvent le même malaise. Bientôt, elle se déshabille devant lui, en lui tournant le dos. Ses gestes sont maladroits et il voudrait l'aider, mais il est incapable d'oser faire un geste dans sa direction. Dans son esprit et dans son cœur, elle lui semble encore l'inaccessible et intouchable fille de son maître.

Bientôt, il peut voir son dos nu et marqué par l'œuvre d'un grand scientifique. Il est à la fois terrifié et hypnotisé par le dessin qu'on a gravé sur cette chair blanche et qui paraît si douce à son regard de feu. Il tend une main, aux doigts hésitants, sans savoir quoi des secrets de cette femme ou de ce code qu'elle lui dévoile l'intrigue plus que le reste. Bientôt, il lui suffira de claquer des doigts pour faire des flammes. Mais il en est encore incapable. Sans elle, il lui semble qu'il n'aurait jamais été capable de rien. Et pourtant, elle tremble quand il ose enfin la toucher, en ayant l'impression de profaner un trésor qu'il ne mérite pas.

Et il la veut, Roy en est sûr. Il se fiche du secret marqué dans son tatouage, il se fiche de savoir qu'elle est la fille de son maître et qu'il la considère presque comme sa sœur. Il la désire plus qu'aucune autre femme, son envie refroidie uniquement par l'impression que s'il ne trouve pas vite le secret de l'alchimie du feu, elle se mettra à pleurer.

-Riza…

En prononçant ce nom, le colonel Mustang se réveilla en sursaut de son rêve, alors qu'il se trouvait aux côtés d'une toute autre femme que son premier lieutenant. Il avait oublié où il se trouvait et ne retrouva la mémoire de ce qui s'était passé au début de la nuit qu'à ce moment. Il en éprouva un pincement au cœur avant que sa compagne ne se redresse sur le lit.

-Qui c'est Riza? demanda-t-elle.

-…

Il était incapable de répondre. Il aurait besoin de mois pour décrire tout ce qu'était Riza à ses yeux.

-Bon, si tu le prends comme ça. Tâches juste de te rappeler que je m'appelle Sonia.

Le soldat se sentit dégoûté de lui-même. Il se leva, s'habilla en vitesse et fila à l'anglaise sans demander son reste. Il ne pouvait plus mener une pareille vie. D'abord parce que ses devoirs d'alchimiste et de soldat l'accaparaient beaucoup trop et ensuite parce que la compagnie charmante des dames qu'il rencontrait et avec lesquelles il sortait galamment devenait particulièrement assommante. Il aurait voulu trouver une femme qui le rendait fébrile et pourtant, avec laquelle il serait à l'aise peu importe la situation, ou presque.

Sonia n'était pas cette femme. Jamais il n'avait connu une pareille femme. Sauf une. Aujourd'hui, elle était son bras droit et, il osait le croire, une de ses plus grandes amies. Il la connaissait depuis qu'elle était enfant. Ils avaient fait la guerre d'Ishbal ensemble. Mais malgré tout, un mur les séparait. Riza Hawkeye était devenue plus rigide depuis son arrivée dans l'armée. Autrefois, elle était une jeune fille intimidée par sa prestance, fragilisée par la mort de son père. Elle lui avait donné déjà beaucoup. Mais aujourd'hui, ils agissaient avec un peu plus de distance, se contentant d'échanger des regards chargés de message secret et de complicité.

Jusque-là, il y avait trouvé tout le réconfort dont il avait besoin, mais maintenant, Roy avait besoin de plus. Il avait l'impression que chaque jour qui passait l'éloignait de son lieutenant et augmentait l'écart qui s'était creusé entre eux depuis leur séparation, 8 ans plus tôt, avant la guerre. Il avait déjà éprouvé la terrible crainte de la perdre. Si cela devait se reproduire.

-Aahhh, soupira-t-il en se laissant tomber dans son lit, une fois rentré dans ses quartiers du QG. Pourquoi est-ce que je me sens nostalgique tout d'un coup ? , se demanda-t-il tout haut.

Il jeta un coup d'œil vers la photo de Maes, qui se tenait accrochée au mur. Le défunt père de famille lui faisait un clin d'œil du fond de son cadre.

-Tu crois que c'est parce que je deviens vieux? Demanda-t-il à son vieil ami.

Au fond de lui, Roy savait que ce n'était pas le cas. C'était juste qu'il se passait tellement de choses. L'armée évoluait à toute allure et les découvertes inquiétantes qu'il y faisait ne l'enthousiasmaient pas. Elles l'inquiétaient franchement. Ce qu'il aurait donné pour revenir à ces moments intimes où Riza s'était dévoilé à lui, l'aidant à devenir un flame alchemist. Il ferma les yeux.

Il s'y revoyait encore…

Il faisait froid le jour de l'enterrement et malgré lui, le jeune Roy frissonnait dans son manteau. Le vent fit virevolter les cheveux courts de Riza, qui semblait si petite à côté de lui et si fragile dans sa robe au subtil décolleté de dentelles.

Vous êtes si jolie lieutenant, pensa-t-il en se remémorant tout aussi exactement que possible.

-Si jamais vous avez besoin de mon aide un jour, pour quoi que ce soit, vous pourrez me retrouver à cette adresse.

-Une caserne de l'armée, s'étonna-t-elle.

-Oui. Je risque d'y rester toute ma vie. Mais c'est la seule façon que j'ai trouvé de contribuer à améliorer la vie des gens de notre pays.

Elle ne répondit pas tout de suite, serrant le papier qu'il lui avait donné entre ses doigts. Elle lui avait jeté un rapide regard quand il lui avait demandé ce qu'elle prévoyait faire. Puis elle avait secoué la tête. Riza venait de perdre son père et son dernier parent vivant et se sentait terriblement marquée par cette séparation brutale. Dans ce drame, il n'y avait eu que deux personnes pour lui apporter un peu de support. Roy, qui avait été là pour l'aider à remplir toutes les paperasses reliées à l'enterrement.

Puis, il y avait Derek, son petit ami qui croyait qu'il détenait une nouvelle source d'énergie révolutionnaire. C'était un scientifique chevronné qui réussissait presque tout ce qu'il entreprenait. Il avait été l'assistant de monsieur Hawkeye et le premier garçon auquel le père de Riza donnait le droit d'approcher de sa fille. Celui-là, Mustang ne le connaissait pas encore au temps de l'enterrement. Et de toute façon, il ne voyait pas comment on pouvait appeler son petit ami l'homme qui ne prenait même pas la peine de venir vous voir à la mort de votre père.

Enfin, tout cela pour en venir à cette histoire de caserne. Devant son silence, Roy, qui ne voulait pas la quitter tout de suite, remarqua avec un léger soupir qu'il passerait sûrement toute sa vie dans cette caserne.

-Promettez-moi de ne pas mourir, fit-elle, en le regardant avec des yeux chargés d'inquiétude.

Quand il y repensait, Roy se demandait si ce n'était pas le premier signe qui lui avait mis la puce à l'oreille. Il s'était sentit gêné par sa requête.

-Ne parlez pas de malheur…

De fil en aiguille, ils avaient continués de parler, Riza fixant la tombe de son père et lui fixant sa nuque, jusqu'à en arriver aux secrets que son père avait laissé.

Elle avait baissé un peu plus la tête tout à coup et Roy avait pu voir le début d'un cercle en suivant la ligne de son cou. Cette robe était plus légère qu'elle ne le semblait. Quand il comprit que l'alchimie de son maître était entièrement tatouée en codes sur le dos de la jeune femme, il ressentit un mélange de consternation, de curiosité et d'inquiétude. Quel genre d'homme tatouait son enfant avec ses secrets?

-Si cela pourrait aider à ce qu'il y ait plus de gens heureux dans ce monde, je voudrais prendre part à votre rêve, ne serait-ce que pour le supporter de mes épaules. Croyez-vous que je pourrais le faire?

-Vous ne me devez rien vous savez.

Il ne voulait pas lui donner l'impression de vouloir profiter d'elle. Il craignait ce qu'elle pourrait penser de lui s'il acceptait son offre et en même temps, il voyait au moins deux bonnes raisons qui l'empêcherait de refuser. Elle l'attirait comme un aimant et il avait toujours souhaité connaître le secret de son maître sur l'alchimie du feu.

-Non, mais mon père avait confiance en vous. Et moi-même, j'ai confiance. Vous êtes peut-être un idéaliste, mais moi aussi, je crois qu'on doit nourrir des rêves d'idéal. Si je peux aider à en rendre un réel, ce tatouage ne m'aura pas servi à rien.

Comme il ne répondit rien, se contentant de fixer un point au loin, elle déduisit qu'il acceptait.

-Venez chez moi demain, en après-midi. Vous essaierez de percer les secrets de cette alchimie à laquelle je ne comprends rien.

-Cette science ne vous a jamais intéressé?

-Non. Honnêtement, si vous voulez que je vous le dise, elle me fait peur. Mais elle est censée servir le bien, alors, je ne devrais pas en avoir peur, n'est-ce pas?

Elle voulut partir, mais Roy devina qu'il manquait quelque chose. Il la rattrapa par le poignet comme elle s'éloignait.

-Vous n'êtes pas obligé de faire cela. Surtout si vous ne le désirez pas, la prévint-il.

-Mais au contraire. Je le fais pour mon père. C'est ce qu'il aurait voulu. Venez à la maison demain. Si vous le voulez bien.

Il relâcha la jeune femme, qui semblait encore plus mal à l'aise depuis qu'il avait posé sa main sur son bras. Elle s'efforçait de retenir ses larmes, comme durant les derniers jours, entre tous les préparatifs de l'enterrement. Et Roy se sentait si impuissant à la voir dans cet état, désoeuvrée et résignée. Il s'était promis de prendre soin d'elle, comme son maître le lui avait demandé. Mais ce dernier n'aurait pas eu besoin de demander qu'il l'aurait fait malgré tout.

-Je viendrais, si vous le désirez tant.

-Merci, fit-elle entre ses lèvres serrées par l'effort qu'elle déployait pour ne pas verser de larmes.

-C'est moi qui vous remercie.

Elle secoua doucement la tête, avant de paraître à deux doigts de lui tomber dans les bras. Il aurait voulu la tenir contre lui et la laisser pleurer tout son saoul. Il aurait voulu connaître une façon d'effacer toute sa peine. Mais elle réussit à se détourner de lui, pour regagner sa maison et ses mystères. Et bien qu'il eut envie de le faire, Roy ne partit pas à la course après elle. Il était lui-même encore trop peiné par sa propre souffrance pour être un parfait réconfort pour la jeune fille. Il se décevait lui-même.

J'aurais du pouvoir faire plus, pensa-t-il, tandis que ses souvenirs courraient à toute vitesse dans son esprit, se superposant les uns aux autres.

La marche pénible jusque chez elle, le lendemain. Les bonjours effacés, les regards fuyants, l'impression de se mentir tandis qu'elle l'envoyait l'attendre dans le bureau. La fascination face à ce qu'il découvrait brutalement. Et la respiration de Riza, qu'il entendait dans ses oreilles alors qu'il se permettait de laisser ses mains glisser sur son dos, pour mieux suivre le tracé des symboles, pour mieux en découvrir le signe.

Il espérait ne pas lui avoir semblé manquer de respect. C'était la dernière chose qu'il aurait voulu faire. Durant ses moments, elle semblait se considérer elle-même comme un objet et il avait fort à faire pour ne pas agir comme si elle en était vraiment un. La curiosité, l'envie qu'instillaient en lui cette peau douce et ces trésors de connaissances qu'on y avait gravés… Mais la colère qu'il ressentait à l'encontre de son maître qui avait osé souillé sa fille et la faire se ployer sous le poids beaucoup trop lourd d'un tel secret.

Parfois, alors qu'elle se déshabillait devant lui, lentement, cachant l'essentiel sous une chemise, une serviette, lui dévoilant son dos et ses épaules, il aurait voulu l'arrêter, la prendre par la taille, la serrer dans ses bras longtemps et la sentir se détendre contre lui. Elle semblait si petite, si fragile, si belle et tendre. Et en même temps, elle était lointaine et rigide, comme une statue de marbre, affichant un sang-froid sans commune mesure. Quand elle frissonnait sous les caresses qu'il finissait par lui faire, consciemment ou pas, il affichait de croire qu'elle avait tout simplement froid. Mais secrètement, il espérait qu'elle prenait un peu de plaisir à ces étranges rencontres qu'ils avaient.

Roy se prit le visage à deux mains, essayant de repousser les images qui s'éveillaient dans son esprit. Il n'avait plus eu l'occasion de voir Riza ainsi. De la toucher. Et elle-même faisait attention. Peut-être n'auraient-ils jamais plus la chance d'être aussi proche l'un de l'autre. Et pourtant, il ne lui semblait jamais avoir été plus loin d'un être humain qu'à ces moments-là. Alors qu'il profanait cette peau vierge de caresse, ces épaules blanches et trop rondes.

Le lendemain, il retrouva ses hommes au travail, comme d'habitude. Hawkeye remplissait des documents. Le temps était au beau fixe dehors. Mais Roy sentait la soupe chaude. Il devinait que quelque chose de louche se profilait. Depuis la mort d'Hugues, il se tenait aux aguets. Non seulement, il y avait Scar, qui ne cessait d'échapper à l'armée, mais il y avait de plus en plus de tension qui régnait partout au sein même du gouvernement de Central.

Et ce jour-là était l'un des premiers où Falman ne viendrait pas au bureau, il vivait avec 66, pour un temps indéterminé. Le temps que la créature vivant dans une armure puisse se prouver utile.

Havoc flottait sur son petit nuage. Il s'était fait une nouvelle copine, une vraie bombe à ce qu'il disait. Breda semblait plutôt jaloux, alors, Mustang osait croire que pour une fois, son second lieutenant avait frappé un gros lot avant lui. Il n'avait pas trop la tête à ça non plus. Le souvenir de Sonia était flou dans sa tête. Il ne se rappelait plus tellement pourquoi il s'était retrouvé chez elle. Pour anesthésier la solitude qu'il s'apprêtait à connaître un soir de plus dans ses quartiers de l'armée, au milieu d'une pile de dossiers et de recherches sur l'alchimie. Parfois, il finissait par avoir l'impression que tout ce qu'il faisait était en vain…

-Colonel, fit Riza, vous avez des dossiers à corriger, mettez-vous y tout de suite, le ramena-t-elle à l'ordre.

Il releva le regard, pris en faute, mais sachant que la mise en garde d'Hawkeye était semblable à celle d'une mère qui surveille son garnement avec un sourire dans le regard. Un sourire bien caché, pour que la menace semble sérieuse, mais un attendrissement certain.

En grognant un peu, surtout pour la forme, Roy se mit au travail. Fuery leur expliqua à tous la terreur qu'il avait éprouvé quand une secrétaire du bureau 104 l'avait accosté pour lui faire certaines propositions. Alors que Breda et Havoc le réprimandait de ne pas avoir sauté sur sa chance, Mustang sentait son regard se poser, d'une façon tout à fait hors de son contrôle, sur Riza, avec insistance. Elle releva la tête de son travail et haussa un sourcil en voyant qu'il l'observait. Elle semblait entre la surprise et la réprimande.

En fait, la jeune femme était tout aussi troublée que son supérieur. Il ne pouvait s'en douter, car elle se composait un masque de professionnalisme pour le regarder sans le dévorer des yeux. Sans essayer de s'imaginer ce qui se cachait derrière cet uniforme seyant qu'il portait si bien. Elle avait déjà une petite idée. Mais elle songeait principalement au cœur battant dans la poitrine de cet homme et à cette idée qui traverse toujours l'esprit d'une femme lorsqu'elle est proche d'un garçon comme Riza l'était de son colonel.

Elle s'était rappelée les échanges qu'ils avaient eus quelques années auparavant, après la mort de son père, elle aussi. Elle était sortit pour promener Black Hayate et avait cru voir Roy disparaître dans la maison d'une jeune femme beaucoup plus belle et ayant plus de classe qu'elle. À une époque lointaine, elle avait cru à leur histoire. À ce que se développe un jour plus qu'une amitié. Elle avait tiré un trait là-dessus. Puis, il y avait Derek à l'époque…

-Rentrez vite! Il fait froid dehors.

Le jeune soldat s'était empressé de rentrer, craignant qu'elle n'apprécia pas qu'il fasse entrer le froid, mais en fait, c'était plutôt qu'elle s'inquiétait qu'il ne prenne froid. Elle lui prit son manteau, faisant attention de ne pas le frôler. Le silence malaisé entre eux était délicieux. D'un œil extérieur, cet instant malhabile, qui les forçait à se rapprocher alors qu'ils n'étaient pas trop sûrs de ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre aurait pu paraître mignon. Mais pour la jeune fille qu'elle était alors, c'était une torture.

Quelques instants plus tard, avec l'impression de ne pas valoir mieux qu'une catin, Riza se déshabillait de nouveau devant lui, pour sentir ses doigts hésitants sur sa peau, pour deviner son souffle nerveux dans son dos et sur sa nuque alors qu'il s'empressait de savoir, de reconnaître les signes, de décoder les symboles. Elle ressentait jusqu'au plus profond de son âme l'excitation et la curiosité enfantine qu'il éprouvait à l'idée de toujours se rapprocher du mystère. Mais en même temps, chaque rencontre devenait plus malaisé, puisqu'ils se connaissaient toujours un peu plus et que ses mains sur sa peau devenaient une habitude, une douce caresse que même son petit ami Derek n'avait pas le droit de lui donner.

Il lui avait suffit de quatre visites de ce genre pour déchiffrer les secrets de l'alchimie du feu. Mais, avant même de savoir créer des flammes en claquant des doigts, Roy avait instillé en elle une volonté brutale et récurrente, un besoin maladif de sa présence, de sa proximité, de sa voix d'homme dans son dos et autour d'elle. Contrairement aux malaises qu'elle avait ressenti quand son père, le maître Hawkeye avait gravé ce tatouage dans son dos, ceux qu'elle éprouvait avec Mustang étaient étourdissants, presque enivrants. Son cœur battait encore la chamade quand il quittait la maison et qu'elle le regardait s'éloigner de chez elle à travers les rideaux, de crainte qu'il ne se retourne et ne la voit l'observer.

Dans sa candeur d'adolescente tout juste femme, elle se demandait ce qu'il pensait de ses rencontres, s'il ne prenait pas graduellement confiance et ne s'imaginait pas des choses.

-Vous n'êtes pas obligée de faire ça.

Combien de fois l'avait-il répété? Qu'aurait-il fallut dire pour qu'il sache qu'elle ne se sentait pas si obligée que ça à la fin? Qu'elle-même y prenait goût et qu'elle avait éprouvé une joie sauvage à le voir devenir alchimiste d'État dans l'armée. Il était comme un grand frère qu'elle avait réussi à pousser dans son rêve.

-Je ne me suis jamais senti obligé de faire quoi que ce soit. Même quand vous avez commencé à me donner des ordres, songea-t-elle pour elle-même.

Leur vie commune dans l'armée leur avait donné l'occasion de renouer avec une partie du passé. Peut-être pas assez. L'autre jour, pour la première fois depuis longtemps, il l'avait vu habillé en civil. Elle avait vu la panique dans ses yeux à voir combien elle avait changé depuis la dernière fois qu'il ne l'avait pas vu en uniforme. Elle avait aimé sentir son regard sur elle, même si ce n'était pas le moment.

-Lieutenant?

-Hum?

-C'est Denver au téléphone, il parle d'un rapport et…

-Vous ne savez pas de quoi il parle?

Roy préféra ne pas l'admettre, pour préserver un peu de son amour-propre. Ce n'était pas sa faute, car Breda finit par réaliser qu'il avait oublié de remettre le rapport à remplir à son supérieur après avoir croisé une meute de chiens toutes dents dehors! En fait, il semblerait que les braves toutous promenés par un petit garçon avait voulu jouer avec l'homme bien en chair, mais ce dernier avait pris la fuite, en panique et sa peur furieuse lui avait fait perdre conscience de toutes les choses importantes qu'il avait à faire, même celle du travail.

-Oui, Denver? Le rapport arrivera dans une demi-heure. C'est une promesse du colonel!

Elle raccrocha, contente d'ainsi prendre sa revanche sur l'homme qui s'était payé du bon temps la veille et qui débarquait le lendemain, l'air dans la vague, alors qu'elle s'était morfondue toute la nuit à essayer de comprendre où elle en était par rapport à lui. Riza le savait déjà, mais l'attitude volage de son supérieur la poussait à se remettre en question.

-Pourquoi vous me faites ça?

Hawkeye ne répondit pas, se contentant de retrouver le document qu'il devrait remplir. Elle le lui remit, avec un léger sourire, et comme il était l'heure de dîner, elle sortit, au lieu de rester pour le surveiller, comme elle le faisait d'habitude. S'il ne l'avait pas regardé comme il l'avait fait tout à l'heure aussi, elle n'aurait pas ressentit tout ce trouble au souvenir de tout ce qu'ils avaient partagés. Elle souffrait un peu parfois en ayant l'impression que tout le passé avait été effacé par leur obligation de soldat.

La porte se referma derrière elle, doucement.

Havoc siffla. Fuery se demanda si le lieutenant n'était pas fâché.

Roy, lui, se doutait un peu de ce qui se passait. Riza avait parfois eu cette manie de le fuir quand les choses n'allaient pas. Il s'en rappelait aussi. Passer des mois sans nouvelles pour apprendre que la situation de la jeune fille était plus ou moins enviable. Elle détestait être dépendante de quelqu'un. Et il n'y a rien qu'un homme aime autant que de se sentir utile et fort.

Sauf peut-être…

-Colonel?

-Hum?

-Qu'est-ce qu'elle a Hawkeye ? , demanda Breda.

Voyant ses trois subordonnés qui le fixaient, les yeux pleins de questions, Roy eut l'impression d'être un accusé devant des juges.

-Pourquoi est-ce que ce serait à cause de moi qu'elle aurait quelque chose? Hein?

Par après, il songea que c'était exactement la question qu'il devait se poser. Car Riza se le demandait à tous les jours…

À suivre! Dans le chapitre 2!