Hello !

Je me décide enfin à publier cette fiction, où j'intègre les personnages de The 100 dans l'univers de The Hunger Games. Pour des raisons évidentes de logique dans l'histoire, j'ai été obligée de faire subir quelques modifications aux personnages (notamment au niveau des âges, vous découvrirez ça).

Je pense publier un chapitre par semaine (pour éviter les longs délais par la suite), peut-être plus si les reviews suivent.

J'espère que ça vous plaira. Bonne lecture :)

Estelle


Chapitre 1 : Partie de chasse

« En plein dans le mille ! »

Assise sur les quelques marches qui mènent à l'entrée de la maison familiale, Clarke Griffin contemple le district douze, qui s'étend sous ses yeux. Le district du charbon. Son district. Ce n'est pas le plus riche de Panem, loin de là. Elle a bien conscience que des inégalités y règnent, que certains vivent dans la misère la plus totale. Mais elle y est heureuse.

Clarke le sait, elle fait partie des privilégiés. Sa mère, Abby, est à la fois maire du district et docteur, ce qui en fait une personnalité très appréciée dans le douze. La jeune fille travaille souvent avec elle, pour apprendre la médecine. C'est ce qu'elle veut faire plus tard. Soigner les gens, les aider à aller mieux. Alors elle s'exerce dur pour ça.

Sa vie s'écoule calmement, rythmée par les journées d'école en compagnie de ses amis Wells et Finn, les fins d'après-midi au centre hospitalier avec Abby et les soirées en famille, avec ses parents.

Son père, Jake, est un scientifique. Le seul du district douze. Un peu à la marge, un peu dans son monde, il travaille sur des choses que personne ici ne comprend. Mais tout le monde l'aime bien, Jake. Il est souriant, il aide les gens du douze, crée des petites choses pour améliorer le quotidien de son district… Clarke est fière de son père.

Elle redresse la tête, les yeux clos, profitant du soleil matinal et du léger vent qui fait danser ses boucles blondes. Elle savoure les derniers instants de calme avant la tempête. Demain, c'est la Moisson pour les Hunger Games, les Jeux de la faim. Un garçon et une fille du district, âgés de 12 à 18, vont être sélectionnés au hasard pour devenir des tributs. Quitter leur famille, leurs amis, leur quotidien, et partir pour le Capitole, le cœur de Panem. Et se battre à mort contre d'autres jeunes, dans une arène et devant les caméras, pour le divertissement des gens du Capitole.

Ce sera peut-être elle. Ce sera peut-être Wells Jaha, son meilleur ami d'enfance. Ce sera peut-être Finn Collins, son camarade de classe. Ou sa voisine. Ou ce petit garçon, qui travaille à la boulangerie de la Ville le soir, avec ses parents. Ou ce jeune homme adorable, qui leur vend des fruits de la forêt et de la viande. Ou sa petite sœur. Ou ce garçon de l'école, désagréable, toujours grognon, mais pas bien méchant au fond.

- Alors Clarke, tu rêves ?, lance une voix, interrompant le cours de ses pensées.

Wells. Elle ouvre les yeux en souriant. Il se tient debout, devant elle, à côté de Finn. Elle les attendait. Pas d'école aujourd'hui. L'agitation de la Moisson commence à se faire sentir. Sa mère est très prise par les préparatifs et l'accueil des équipes du Capitole. Son père l'aide. Clarke a donc proposé à ses amis de passer chez elle.

- On peut rentrer dans ton humble demeure, ou on est obligés de continuer à se prendre le soleil dans la face ?, demande Finn en râlant.

- Allez, on rentre !, réplique la jeune fille en se levant et en les entraînant à l'intérieur.


À quelques kilomètres de là, hors des limites officielles du district, dans la forêt, Bellamy Blake avance doucement, sans un bruit. Sa lance, qu'il tient fermement à la main, est prête. Il a repéré sa proie. Un gros lièvre. La viande sera dure, il n'arrivera probablement pas à la vendre aux gens de la Ville. Mais ça fera l'affaire pour la Plaque, le marché clandestin du district. Il lève le bras droit et, avec précision, expédie son arme directement dans la tête de la pauvre bête.

- En plein dans le mille !, s'exclame, derrière lui, Nathan Miller, son meilleur ami et partenaire de chasse.

- Comme d'habitude, non ?, réplique Bellamy avec un sourire, en allant récupérer la carcasse de l'animal.

Il passe rapidement une petite corde autour du cou du lièvre et l'accroche avec le reste de son butin.

- On fait une pause ?, propose Nathan en désignant le petit étang, non loin d'eux.

- Allez, on l'a bien mérité.

Leur partie de chasse a été très fructueuse. Quelques écureuils, trois lièvres, deux beaux lapins et même un petit chien sauvage, que Nathan trimballe sur son dos depuis maintenant une bonne heure. Ils s'assoient un moment au bord de l'eau, sans parler, profitant de l'ambiance apaisante de la forêt. Jouant avec la corde de son arc, Nathan brise soudain le silence.

- Pas trop stressé pour demain ?

- Non. Ce n'est pas ça qui changera mon destin, répond Bellamy dans un souffle, en passant sa main dans ses boucles brunes. Tu as tout de même bien de la chance d'en avoir fini avec tout ça !

Nathan a eu 18 ans il y a un mois. Il n'a donc plus à s'inquiéter de la Moisson.

- Et dire qu'à deux jours près, tu y échappais aussi, grogne Nathan.

- C'est comme ça…

Dans deux jours, soit quarante-huit heures après la Moisson, Bellamy aura 18 ans. Il était à 48 heures d'éviter une nouvelle édition des Hunger Games.

- Allez, avec un peu de chance, ça va passer pour moi, continue le jeune homme.

- Puisse le sort t'être favorable, raille son ami, reprenant le slogan idiot des Jeux de la faim.

Bellamy lâche un petit rire.

- On y retourne ?, propose-t-il.

- En route !

Mais alors qu'il se redresse, Bellamy se rend compte que sa lance est abimée. La lame de fer menace de se détacher de la hampe de bois à laquelle elle est fixée.

- Ca va être impossible pour moi de continuer à chasser avec ça, grimace le jeune brun.

- Tu veux mon arc ?, propose Nathan. Je peux porter toute la viande si tu veux.

- Non, ça va aller. Je vais plutôt ramasser des racines de sagittaire pour la Plaque et cueillir des fruits, je les vendrai aux gens de la Ville. C'est peut-être la dernière fois que je peux faire ça, ajoute-t-il, songeur.

- Il faut que tu t'entraînes à l'arc ! Imagine, si tu pars aux Jeux, ça peut te servir, plaisante Nathan pour détendre l'atmosphère.

Bellamy part alors dans un grand éclat de rire.

- Mais oui ! Franchement, tu imagines vraiment quelqu'un gagner les Hunger Games avec un arc et trois flèches ?


Dans le salon des Griffin, Clarke est assise à même le sol, penchée sur la table basse. Elle dessine, sous le regard admiratif de ses amis. Wells la connaît depuis leur naissance, voilà dix-sept ans. Finn, depuis une bonne douzaine d'années. Pourtant, tous deux n'arrivent toujours pas à s'habituer au talent de la jeune fille. Elle peut tout dessiner. Absolument tout. Des portraits, des paysages, des scènes de vie. Parfois, des trucs sans queue ni tête. Mais la composition est toujours belle.

- Des fois, je me dis que tu devrais changer de plan de carrière, laisser tomber la médecine et aller vendre des œuvres d'art à des crétins du Capitole, qui les achèteraient des sommes folles, affirme Finn, sans réussir à détacher le regard de ce que Clarke est en train de dessiner.

Les couleurs sont magnifiques. Mais c'est sombre. Très sombre. Une scène de chasse. Ou du moins, ce que Clarke imagine être une scène de chasse. Car elle n'a jamais mis les pieds hors du district.

- C'est parce que ce sont des crétins qu'ils mettraient des sommes folles pour les acheter ?, demande Clarke en riant.

Elle a bien fait de dire à ses amis de venir. Ce lui permet de couper, de faire une parenthèse, une pause avant la journée de demain, qui s'annonce, comme tous les ans, forte en émotions.

- Tu sais bien ce que je veux dire, réplique le jeune homme.

- Et tu sais bien que je n'ai aucune envie d'aller vivre au milieu de toute cette folie.

Elle marque une pause, avant d'avouer aux garçons ce qu'elle a sur le cœur.

- J'ai peur pour demain. J'ai 17 ans, c'est ma dernière Moisson, j'en ai déjà connu plusieurs. Mais ça me fait peur.

Wells et Finn échangent un regard. Ils comprennent. C'est le premier qui prend la parole.

- C'est normal d'avoir peur, Clarke. Mais statistiquement, ça devrait aller. Tu n'as pas eu à prendre de tesserae.

Les tesserae sont une sorte de monnaie d'échange. Contre une année d'approvisionnement en huile et en grain pour une personne, un enfant voit son nom inscrit une fois de plus dans l'urne de tirage au sort lors de la Moisson. Et le nombre d'inscriptions augmentant automatiquement avec l'âge, les plus pauvres du district, âgés de 16 ou 17 ans et issus de familles nombreuses, se retrouvent parfois avec une quarantaine de papiers à leur nom dans l'urne.

La famille de Clarke ne manque de rien. Son nom n'est inscrit que six fois dans l'urne. Wells a raison. Statistiquement, ça devrait aller.

Statistiquement.


C'est donc les bras chargés de bêtes mortes et leurs sacoches remplies de divers fruits de forêt que Nathan et Bellamy retournent vers le douze, dans l'après-midi. Précautionneusement, ils franchissent la barrière électrique, inactive depuis des années. Depuis toujours, en fait. Ils s'enfoncent dans le district, traversant la Ville, saluant au passage des connaissances, des amis.

- Salut Bellamy !, lancent, en chœur, trois jeunes filles alors qu'ils passent devant la boulangerie du centre-bourg.

Il leur adresse un vague signe de la main, sous le regard amusé de Nathan.

- Quel bourreau des cœurs…

- Allez, ferme-la Miller, grogne Bellamy.

- En même temps monsieur Blake, avec tes petites bouclettes brunes et tes tâches de rousseur, tu les fais toutes craquer.

- Évoque encore une fois mes tâches de rousseur et je t'en colle une. Crétin.

Ca y est, Nathan est parti dans un fou rire incontrôlable. Bien qu'agacé d'être le sujet des moqueries de son meilleur ami, Bellamy doit admettre que ça lui fait du bien, d'entendre un tel rire. Ca lui permet d'oublier l'échéance du lendemain.

- Alors les gamins, qu'est-ce que vous m'amenez aujourd'hui ?, s'exclame Jackson, alors qu'ils pénètrent dans la Plaque.

Le marché, installé dans un ancien entrepôt à charbon, est fidèle à lui-même : noir, sale, désordonné, extrêmement bruyant. Mais vivant. C'est une vraie famille.

Bellamy et Nathan s'avancent vers Jackson, un cuisinier à qui ils ont l'habitude de revendre leurs prises. Âgé d'une trentaine d'années, il arbore le teint olivâtre et les yeux noirs typiques des gens de la Veine. Mais surtout, il n'a pas son pareil pour accommoder la moindre bête que lui ramènent les garçons, pour en faire un plat appréciable et nourrissant, qu'il peut à son tour revendre à d'autres personnes de la Plaque. Une chaîne bien organisée.

- Et voilà pour toi, annonce Bellamy alors qu'ils déposent le chien sauvage, les écureuils et les lièvres sur le comptoir.

Ils gardent les lapins, dont la viande est plus tendre, pour les vendre à des gens de la Ville.

- Et bien, vous n'avez pas chômé ce matin, souffle Jackson, admiratif.

Tous trois négocient un petit moment les prix, qui varient chaque jour, et Jackson tend finalement quelques pièces aux deux jeunes amis, qui se les partagent ensuite équitablement.

Cet argent va permettre à Bellamy de prendre soin de sa petite sœur, Octavia. Elle a 14 ans et est la personne la plus importante à ses yeux. Leur père est mort il y a dix ans, emporté par la maladie. La mairie du district leur a alors remis une petite bourse, qui leur a permis de vivre quelques mois. Mais une fois l'argent épuisé, la situation est devenue très compliquée.

Alors leur mère, pour subvenir à leurs besoins, a commencé à offrir des faveurs à des hommes, contre rémunération. Une pratique totalement interdite dans les districts. Les Pacificateurs, qui font régner la loi pour le Capitole, l'ont appris, il y a quatre ans de cela. Ils l'ont exécutée sans ciller, sur la place centrale du douze. Les deux enfants Blake ne doivent leur salut qu'à l'intervention d'Abby Griffin, la maire du district, qui a empêché les Pacificateurs de les tuer eux aussi. Depuis, Bellamy voue une haine sans limite à ces soi-disant gardiens de la paix.

- On fait nos achats et on va vers la Ville, Bell' ?, propose Nathan

- Vous allez essayer de vendre vos lapins ?, suppose Jackson.

- Tout juste, répond Nathan.

- On va passer chez la maire, ajoute Bellamy. Sa fille adore le lapin.

Jackson et Nathan échangent un regard complice.

- « Sa fille adôôôre le lapin », répète Nathan d'un ton mielleux.

- Si Clarke Griffin adôôôre le lapin, autant lui apporter du lapin, renchérit le jeune cuisinier.

- Je rêve ou vous êtes encore en train de vous foutre de moi ?, réplique Bellamy.

Les deux autres explosent de rire.

- Pas du tout, on constate.

- Y'a rien à constater, bougonne le jeune homme.

- Allez Bell', on sait tous que tu en pinces pour la petite Princesse, s'esclaffe Nathan en lui tapant sur l'épaule.

- Lâchez-moi avec ça, vous êtes lourds, grogne-t-il en retour, dégageant la main de Nathan d'un mouvement d'épaule. Et bouge toi Miller, on se met en route.

Ils saluent un Jackson hilare et font le tour de la Plaque, chacun de leur côté. Bellamy achète du pain au père de son amie Raven, quelques médicaments aux parents de son pote Jasper, un peu de ce produit qui sert à nettoyer les vêtements et récupère même quelques petits biscuits sucrés qu'Octavia adore, même s'ils ont rarement les moyens de s'en acheter. Après tout, c'est une veille de Moisson, Bellamy peut bien accorder un petit plaisir à sa sœur.

Alors qu'il s'apprête à rejoindre Nathan à la sortie de l'entrepôt, il passe devant le stand de tissus. La plupart sont ternes, voir abimés. Mais les gens de la Veine s'en moquent. Ca leur permet de s'habiller et c'est déjà bien assez. Pourtant, au milieu de la toile de jute, des vagues tricots, de bouts de draps gris, d'étoffes usées, il repère de la couleur. Un seul et unique ruban, d'un très joli bordeaux.

- C'est de la soie, lui lance le vendeur en remarquant son intérêt.

- De la soie ?, répète Bellamy, surpris de voir un tel tissu dans le district 12.

- Enfin, une sorte de soie, un mélange, bafouille l'autre.

- Tu fous quoi, Bell' ?, demande Nathan en le rejoignant, lassé de l'attendre. Tu veux acheter un cadeau pour la petite Clarke ? Ou pour moi ? C'est adorable, ça ira très bien avec mon teint métissé…

- Mais non, idiot. Pour Octavia.

- Oh. Tu sais, ce n'est pas forcément utile…, tente son meilleur ami, sachant que ce genre de ruban coûte cher et que Bellamy n'est vraiment pas riche.

- Mais ça lui fera plaisir. Et ça lui ira bien. En plus, on a gagné pas mal d'argent aujourd'hui. C'est décidé, je le prends. C'est combien ?

Il négocie un moment avec le vendeur et arrive à s'en sortir pour un prix correct, ainsi que la promesse de lui ramener quelques fruits la prochaine fois qu'il repassera par la Plaque. Le ruban bien au chaud dans la poche de sa veste, il se dirige vers la maison des Griffin, Nathan à ses côtés.

- À toi l'honneur, lui dit son ami alors qu'ils arrivent devant la porte.

Bellamy lève les yeux au ciel avec un sourire, mais donne trois petits coups contre le panneau de bois blanc.


Voilà, je vous dis à la semaine prochaine, ou peut-être avant. Et n'oubliez pas : les auteurs passent des heures à écrire, ça prend deux minutes d'écrire une review et ça motive beaucoup :)

Estelle