Rosalie, une nouvelle vie
Bonjour à tous et à toutes,
Voici le premier chapitre de ma nouvelle fanfic'. Elle sera centrée sur Rosalie, sa transformation en vampire et ce qui s'ensuit.
Tous les personnages sont de Stephenie Meyer et les passages en gras sont directement issus d'Hésitation.
J'espère que vous apprécierez.
Je vous souhaite une bonne lecture et n'hésitez pas à laisser des reviews.
Chapitre 1
Rochester, 1933. La nuit était douce lorsque je quittais mon amie Véra. Je venais de passer quelques heures merveilleuses. Elle en avait de la chance ! Elle avait épousé un jeune charpentier qui la rendait heureuse. Ce n'était pas le meilleur parti de la ville, mais il était bien. Cependant, les parents de Véra ne le voyaient pas ainsi. Issu d'une basse classe sociale, Alan n'était en rien le gendre qu'ils espéraient Ils avaient tout fait pour empêcher cette union, mais Véra n'en avait fait qu'à sa tête. Maintenant, elle et son mari vivaient dans une petite maison meublée avec goût. Véra et moi avions passé l'après-midi à discuter autour d'un thé et de petits gâteaux. Une discussion qu avait surtout tourné autour de mon futur mariage avec Royce King. Nous avions été interrompue par Henry, son garçon de quelques mois. Ce qu'il était adorable, avec ses petites fossettes et ses cheveux noirs bouclés…Un vrai petit ange. Alan, le mari de Véra, était rentré de bonne heure et nous avions dîné tous les quatre.
Il était tard lorsque je décidais de rentrer chez mes parents. A pied, il me faudrait environ 30 minutes pour parvenir à destination, mais cela ne m'effrayait pas. Que pouvait-il m'arriver ? Il n'y avait presque personne dans les rues et, de toute manière, personne n'avait jamais été agressé dans ce quartier. Profitant du calme et de ma solitude, je pensais à ce qui m'attendait : mon mariage, ce jour tant espéré.
D'aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours attiré les regards masculins. J'étais fière de ma beauté et j'y veillais. Ma peau blanche n'était pas dépareillée par des traces de bronzage. C'était réservé aux femmes des ouvriers, celles qui travaillaient. Ma vie était tout autre. Grâce à l'argent de mon père, j'avais grandie dans un cadre protégé. Je savais que je n'aurai pas besoin de travailler et que ma vie ne serait remplie que par des loisirs et la famille que je voulais fonder. Nul souci ne viendrait rider mon front. Mes mains resteraient toujours d'une douceur parfaite, aucunement altérées par un labeur quelconque. Je surveillais ce que je mangeais, désirant conserver ma taille fine. Pas question de se laisser aller à l'embonpoint comme nombre de filles de ma connaissance. Je passais du temps, le matin, à coiffer mes longs cheveux blonds. Leur aspect soyeux et brillant réhaussait ma beauté. Je ne me voyais absolument pas les couper, comme c'était la mode. Leurs ondulations ajoutaient de la sensualité à ma démarche. La beauté était un atout, et j'étais fière de la mienne.
D'ailleurs, c'était également l'opinion de mes parents. Ils voulaient ce qu'il y avait de mieux pour moi et étaient persuadés que ma beauté m'ouvrirait toutes les portes. Ils parlaient tellement souvent de ce qu'ils rêvaient pour moi que je me mis à désirer ces choses-là. Un grand mariage à faire pâlir d'envie toutes mes amies. Une immense maison avec des domestiques. Aucun souci matériel. Tout ce que j'aurai à faire, c'était de rester belle, donner naissance à mes enfants et m'amuser. Cet avenir me plaisait. J'étais jeune, mais je me sentais tellement prête…
J'aimais sentir les regards sur moi. Même ceux des hommes accompagnés. J'avais su très tôt comment, d'un seul regard, je pouvais obtenir ce que je voulais du sexe opposé. Personne ne m'avait encore résisté. Je ne pouvais m'empêcher de me comparer aux autres filles, et trouvais invariablement que j'étais plus belle qu'elles. Ce n'était pas de la vanité, mais un simple fait. Peut-être pas objectif, mais pour l'instant, personne ne m'avait détrompée.
En tout cas, c'était le cas jusqu'à ce qu'ils arrivent en ville. Je ne les avais vu que deux fois, mais il m'était impossible de les oublier. Le docteur Cullen, sa femme Esmée et son jeune frère, Edward. Je les avais rencontrés lors d'une soirée chez des amis. J'avais l'habitude que, lorsque j'arrivais à une réception, tous les regards se tournent vers moi. Et là, ce ne fut pas le cas. Une partie de mes admirateurs habituels restait concentrée sur un couple que je ne connaissais pas. Le fils de l'hôte de la soirée, Bradley Stevenson, est venu m'accueillir et s'est empressé de me présenter aux nouveaux venus. Malgré le choc que j'ai ressenti, j'ai réussi à conserver une attitude amicale et enjouée. Je devais bien avouer que la femme était plus belle que moi. Sa peau blanche n'avait aucun défaut, ses cheveux auburn était magnifiques, sa voix douce et chantante, sa taille parfaite, son maintien royal. Ses yeux mordorés étaient réellement sublimes, leur couleur inhabituelle ajoutant à sa perfection. Cela, à la limite, j'aurai pu l'accepter. Après tout, il était réaliste que je ne sois pas la fille la plus belle sur terre. Mais ce qui était insupportable, c'était que j'avais trouvé que les deux hommes aussi étaient tout simplement superbes et me surpassaient. Le docteur et son frère avaient tous deux la peau aussi pâle et parfaite que celle d'Esmée, et leurs corps respectaient des proportions irréprochables. Les cheveux blonds soigneusement plaqués du docteur contrastaient avec la chevelure rousse en désordre d'Edward. Ils avaient exactement les yeux de la même couleur, celle de l'or foncé. Leur façon de se tenir et de parler montrait clairement la bonne éducation qu'ils avaient reçue. Je ne pus m'empêcher de remarquer que, même si ma peau était blanche, elle n'avait pas ce grain parfait qui était le leur. J'avais beau être fine, mon ventre n'était pas tout à fait aussi plat que celui d'Esmée. Mes cheveux ne reflétaient pas la lumière de la même façon que les leurs. Mes yeux bleus étaient loin d'avoir la profondeur du regard des Cullen. Je me sentis presque empotée lorsque je remarquais avec quelle grâce ils bougeaient. Mais le plus inadmissible, ce fut l'attitude d'Edward à mon égard. Oh, il avait été poli, mais il m'avait regardé de la même manière que les autres invitées de la soirée. Je n'avais pas vu dans ses yeux cette petite étincelle que les hommes avaient en me voyant. Comme si je n'avais pas plus d'intérêt pour lui que toutes les autres grues qui papillonnaient autour de lui ! Il m'avait traité, moi, Rosalie Lilian Hale, exactement de la même façon que Louisa Seagall, avec son embonpoint, ses tâches de rousseur, ses cheveux ternes, sa grosse bouche et ses yeux trop rapprochés ! Je n'avais pas pour habitude d'être ignorée de la sorte. Pour cacher mon embarras, je m'étais montrée plus enjouée que de coutume, regagnant rapidement ma petite cours de jeunes hommes. Cependant, je n'avais pas cessé de l'observer. J'avais l'impression qu'il s'ennuyait. Mais même appuyé nonchalamment au balcon, il conservait toute sa perfection.
Tout en marchant, je secouais la tête. Si je continuais à penser à eux, j'allais me mettre en colère. Je préférais songer à ma rencontre avec Royce King. Lorsqu'il avait commencé à reprendre la direction de la banque qui appartenait à son père et où le mien travaillait, mes parents avaient conçu le projet de m'unir à lui. Il représentait un parti formidable, d'après eux. Lorsque, sur l'insistance de ma mère, j'apportais son déjeuner à mon père, je ne fis guère attention à Royce. Il était agréable à regarder, avec ses cheveux d'un blond clair et des yeux d'un bleu délavé. Il respirait la confiance en soir et, bien entendu, il m'avait remarqué et suivi des yeux tout le temps où j'étais à la banque. Le soir même, il envoya des roses à la maison. J'étais émue par cette attention. Surtout que chaque jour commençait avec la livraison d'un bouquet de roses ou de violettes. Mes parents appréciaient et encourageaient cette relation. Confiante et charmée par tant de délicatesse, je me mis à voir Royce différemment. Il représentait le prince charmant de mes rêves. Avec lui, je serais à l'abri du besoin et aurais tout ce que je désirais. J'aimais l'idée de me marier avec lui, de vivre la vie que je souhaitais si fort. Deux mois plus tard, nous annoncions nos fiançailles.
Maintenant, je ne ressentais plus de jalousie lorsque j'allais chez Véra. Bien au contraire. Je savais que j'allais avoir une plus grande maison que la sienne, que ma vie serait plus douce que la sienne. J'imaginais mes enfants, forcément beaux et blonds, jouant sur la pelouse de l'immense propriété des King, alors que son petit Henry devrait se contenter d'un modeste jardinet. J'imaginais déjà la réussite de mon futur mari, le bonheur de voir nos enfants grandir et s'épanouir, la vie parfaite qu'ils allaient avoir… Tout ce qu'une jeune fille pouvait désirer. Je ne craignais même pas la perte de ma fine taille à cause des grossesses. Naïvement, je m'imaginais avec un joli ventre arrondi par la promesse de la vie à venir. Je m'arrangerai bien pour retrouver mes courbes agréables sitôt l'accouchement passé. Je me voyais si bien, telle que j'étais présentement, avec deux enfants adorables près de moi. Ces doux rêves amenaient un peu de rouge à mes joues. Je devais être la fille la plus heureuse de la terre. J'avais tout : la beauté, un fiancé charmant (même s'il était légèrement distant, à mon goût), un avenir radieux. Que pourrais-je demander de plus ?
Soudain, un léger frisson s'empara de moi, me ramenant à la réalité. En cette fin avril, il faisait vraiment très froid. Je resserrais les pans du manteau (encore un cadeau de Royce) autour de moi. Ce temps m'inquiétait. Dans une semaine avait lieu mon mariage. Pourvu qu'il fasse beau et bon. Je ne me voyais pas du tout mettre un manteau sur ma superbe robe de mariée. J'avais déjà fait 3 essayages et, à chaque fois, je me trouvais de plus en plus belle dedans. De fines manches en tulle, un bustier en dentelle, une longue jupe évasée avec une traîne plus qu'appréciable, j'allais être vraiment une reine ce jour-là.
Un second frisson me fit presser le pas. Les rues étaient sombres, malgré les réverbères. J'étais soudain pressée de rentrer chez moi. Je pensais à la douce chaleur de notre maison et accélérais encore un peu. Je sursautais en entendant soudain des éclats de voix. Par réflexe, j'en cherchais la provenance. Un peu plus loin, sur l'autre trottoir, un groupe de cinq hommes s'esclaffait, près d'un réverbère cassé. Un bref instant, je regrettais de ne pas avoir appelé mon père pour qu'il vienne me chercher chez Véra. Mais le trajet était si court que je n'avais pas voulu le déranger pour si peu. Et puis, ces ivrognes étaient bien trop occupés à rigoler. Je n'allais même pas passer à côté d'eux, puisque je devais tourner à la rue suivante, à ma droite. Pas de quoi avoir peur. Je me remis en route lorsque j'entendis qu'on m'appelait.
- Rose !
Surprise, je constatais que cet appel familier venait de la bande d'ivrognes. En regardant mieux, je m'aperçus qu'il s'agissait en fait de Royce et de quatre de ses amis, des fils de riche comme lui et qui riaient bêtement.
- Voilà ma Rose ! brailla mon futur époux, s'esclaffant avec la bande, l'air tout aussi idiot qu'eux. Tu es dehors bien tard, chérie. Tu nous as fait attendre si longtemps que nous sommes transis.
Je ne l'avais encore jamais vu dans cet état. D'habitude, il ne buvait que très peu, lors de soirées. Il m'avait confié qu'il n'appréciait guère le champagne. Dans mon innocence, je n'avais pas relevé et m'était dit que j'avais de la chance d'avoir un fiancé qui n'aimait pas l'alcool. Or, je découvrais qu'il adorait cela. En vérité, le champagne était trop doux pour lui, il appréciait les boissons plus corsées. Et cela, je le compris dans le temps qu'il me fallut pour le rejoindre. Ce n'était pas que j'avais très envie d'être près de lui. Mais il aurait été fort impoli de ma part de ne pas aller le saluer, ainsi que ses amis. Un petit bonjour, et je me dépêcherai de rentrer chez mes parents. Rien que cinq minutes à passer avec eux…Surtout que Royce avait dit qu'ils m'avaient attendue. D'ailleurs, comment cela se faisait-il ? Nous n'étions pas supposé nous voir ce soir. Et il savait que j'étais chez Véra, comme très souvent. C'était la seule véritable amie que j'avais. Je ne comprenais pas le sens de sa dernière phrase, mais je mis cela sur le compte de l'alcool.
- Qu'est-ce que je te disais, John ? croassa-t-il en m'attrapant par le bras pour m'attirer à lui. N'est-elle pas plus mignonne que toutes tes fleurs de Georgie ?
En prononçant ces quelques mots, il m'envoya un souffle chargé d'alcool en plein visage. Je dus me retenir pour ne pas froncer le nez. Rien que cette odeur me donnait la nausée. Redressant les épaules, je regardais ce fameux John. Puisque Royce était, comme d'habitude, fier de mon physique, je me devais de lui faire honneur. Dans l'obscurité, je ne distinguais pas bien les traits de ce John. Tout ce que je voyais avec certitude, c'était ses cheveux bruns et son teint mat. Plus grand que Royce, il fit un pas vers moi. Je pus alors mieux le voir. Il avait le visage fin, anguleux même, avec des pommettes qui ressortaient. Ses yeux noirs auraient pu être beaux, si des veines rouges ne venaient en dépareiller le blanc. La façon dont il me regardait me mettait mal à l'aise. Ce n'était pas le regard d'un homme appréciant le physique d'une femme. C'était plutôt le même regard qu'avait mon père lorsqu'il regardait un cheval ou une marchandise de prix. Voilà, c'était exactement cela. J'avais l'impression d'être un objet dont on essayait de déterminer la valeur. La colère commençait à monter en moi, mais je me tus. Hors de question de me donner en spectacle devant ce malotru ! A la place, je mis toute la colère que je ressentais dans le regard que je lui renvoyais.
- Difficile de juger, répondit [John] avec un accent du sud traînant. On ne voit rien, sous ces fanfreluches.
Non mais quel toupet ! Il ne pensait tout de même pas me voir dans une de ces tenues légères qu'affectionnent les filles dans certains endroits ! Le mépris remplaça instantanément la colère dans mes yeux. Dès demain, lorsque Royce aurait dessoûlé, il allait falloir que nous ayons une petite discussion, tous les deux, au sujet de ses fréquentations et de ses mauvaises habitudes. S'il croyait que j'allais tolérer que ces amis me parlent de cette manière, il se trompait lourdement. Mais pour l'instant, je restais coite. Parler à John serait lui donner trop d'importance. Et Royce qui ne prenait même pas ma défense ! Au contraire, il riait avec les autres, comme si John avait dit une bonne plaisanterie. L'image de mon beau prince charmant était en train de se fissurer rapidement.
Subitement, sans que je m'y attende, Royce m'arracha ma veste. J'étais tellement stupéfaite que je remarquai seulement que tous les boutons avaient sauté, se répondant par terre. Comment osait-il agir de la sorte ? Je me sentais terriblement humiliée. J'étais là, avec ma jupe et ma chemise fine, en face de ces quatre individus, avec Royce qui me tenait fermement un bras. Je me retournai vers mon fiancé, prête à le gifler, mais il ne m'en laissa pas le temps.
- Montre-lui donc tes attributs ! s'exclama-t-il, hilare en me retirant mon chapeau cette fois.
Mais il le fit si maladroitement que les épingles qui retenaient mes cheveux se prirent dans mon couvre-chef. Sentant une légère résistance alors qu'il pensait retirer rapidement le chapeau, Royce tira un grand coup. Je ne pus retenir un cri en sentant les épingles m'arracher des cheveux. Je portai la main à mon crâne afin de voir si je saignais ou non. Royce riait, mais d'une façon presque démente. Ma colère s'évanouit aussitôt, bien vite remplacée par la peur. Jamais personne n'avait levé la main sur moi. Je n'avais jamais souffert. Au contraire, j'avais toujours été choyée, protégée. Et là, j'étais humiliée en public, malmenée par mon futur époux. Je jetai un regard terrifié vers les quatre amis de Royce. Ils riaient et me regardaient étrangement. J'avais trop vu des yeux désireux se poser sur moi pour ne pas reconnaître ce regard, même embué par l'alcool.
- C'est déjà mieux, poursuivi John, goguenard. Mais je ne vois toujours pas bien comment elle est fichue, ta belle.
- Eh bien, on va voir ça tout de suite, lui répondit Royce, raffermissant sa prise sur mes bras.
Paniquée, je sentis qu'il m'entraînait. Je criais et me débattais, tentant de me libérer. Mais pourquoi étais-je rentrée si tard ? Il n'y avait plus personne dans les rues. Pourquoi n'avais-je pas appelé mon père ? Je continuais à crier, à appeler à l'aide mais tout ce que je récoltai, ce fut une formidable gifle de Royce. Il me frappa si fort que j'en eus le tournis. Mais je me repris très vite, surtout lorsque je sentis une main se poser sur ma taille. Alors que je donnais des coups de pieds à Royce, quelqu'un me les saisit ! Je ne pouvais plus rien faire et je fus transportée, toute hurlante, dans une des ruelles sombres à proximité.
La ruelle était étroite et tellement sombre que je ne voyais pas plus loin que Royce. On me lâcha brusquement les jambes et mes pieds heurtèrent violemment le sol. Je me rendis alors compte que j'avais perdu mes chaussures. Royce me plaqua contre le mur et me gifla à nouveau. J'en fus tellement choquée que je cessais de crier.
- Arrêtes de hurler comme ça ! cria mon futur mari. On veut juste voir comme tu es belle. Tu aimes ça, hein, le regard des hommes sur toi ? Alors profites !
Il posa une main sur ma gorge, coupant presque ma respiration. Je l'agrippais, voulant le faire lâcher prise, mais il était trop fort. L'alcool et l'excitation décuplaient ses forces. De son autre main, Royce agrippa mon chemisier et tira si violemment dessus qu'il déchira en même temps ma fine combinaison, dévoilant mes seins. Des larmes se mirent à couler sur mes joues. Il cessa soudain de rire. Dans un bref sursaut d'espoir, je crus qu'il allait arrêter ce jeu cruel, me demander pardon et me raccompagner chez moi, ou au moins me laisser partir. Mais je déchantai très vite.
Il avait les yeux fixés sur ma poitrine. Il arracha alors complètement ma combinaison. Ses copains se rapprochèrent, admirant le galbe parfait de mes seins. Le froid me fit frissonner et, dans un mouvement pitoyable, je tentais de cacher ma poitrine avec mes bras. Avec sa main, il se saisit d'un de mes poignets et me força à écarter mon bras, qu'il plaqua contre le mur.
- Voyons, pourquoi veux-tu cacher pareilles merveilles ? murmura-t-il, doucereux.
Je vis soudain John à ses côtés. Avec effroi, je le regardais tendre sa main mate vers moi. Mais Royce le repoussa.
- C'est ma fiancée ! vociféra-t-il.
- C'est vrai, approuva John. A toi l'honneur.
Alors, John s'empara de mes bras, les releva au-dessus de ma tête et les écrasa contre le mur. Le froid me faisait frissonner. Baissant la tête, je vis avec horreur que mes seins se dressaient.
- Mais regardez, elle aime ça, fit Royce, souriant. Ma chérie, il fallait me le dire plus tôt. En fait, tu es une vraie garce, n'est-ce pas ?
Avec brutalité, il s'empara d'un de mes seins et le pétrit violemment. Je poussai un cri de douleur. J'essayais de me libérer, je bougeai pour échapper à cette caresse immonde.
- Elle en redemande, la petite, fit une voix que je ne connaissais pas. Pas si coincée que ça, ta bourgeoise.
La main de Royce descendit et s'agrippa à ma jupe. Il tira dessus avec brusquerie. Mais le tissus résista, en s'enfonçant dans ma peau. Je gémis, les sanglots étouffant ma voix. Royce tira encore, et encore, jusqu'à ce que le tissu cède, laissant une traînée rouge sur ma taille. Ma culotte fut arrachée en une seconde et Royce s'écarta, me contemplant.
- Je ne t'avais encore jamais vue ainsi. Tu es magnifique, me complimenta Royce.
- J'admet qu'elle est superbe, renchérit John.
J'entendis des grognements approbateurs. Je vis avec terreur Royce se rapprocher une nouvelle fois de moi et sentis, contre ma cuisse, sa virilité durcie par l'excitation.
- Mais tu trembles, ma chérie. Laisse moi te réchauffer. Toi, pousse-toi, ajouta-il à l'adresse de John, en l'écartant.
Il se plaqua contre moi. Je tentais de le repousser avec mes mains et mes jambes. J'entendis à peine les rires de ses acolytes qui se régalaient apparemment du spectacle.
- Mais c'est que tu en veux plus ! Quelle impatiente tu fais !
Je me débattis de plus belle, retrouvant suffisamment ma voix pour crier. Soudain, Royce me frappa violemment au ventre avec son poing. J'en eus le souffle coupé et m'affaissais légèrement.
- Je vais te faire crier d'une autre manière, ma belle.
Sans que je comprenne comment, je me retrouvai allongée sur le sol, Royce sur moi. Il se souleva un peu, le temps de tripatouiller son pantalon, avant de s'affaler à nouveau sur mon corps. Je me débattis avec l'énergie du désespoir. Cela n'eut pour résultat qu'une nouvelle volée de coups. Je sentis qu'il essayait d'écarter mes jambes avec les siennes et je me concentrais afin de les maintenir serrées. Mais je ne tins pas longtemps, entre la volonté de Royce et ses coups. Mes cuisses s'écartèrent brusquement et Royce me pénétra violemment. La douleur fut telle que j'en hurlais à m'en arracher les cordes vocales. Je criais tout en me débattant, mais cela l'excitait au plus haut point. Comment l'être si charmant que je connaissais pouvait-il être en fait un monstre de la pire espèce ? Mes larmes roulaient sur mes joues sans s'arrêter et mes sanglots étouffèrent ma voix. Lorsqu'enfin Royce se retira, je me recroquevillais. Je me sentais sale. Une douleur inouïe irradiait de mon bas-ventre et je n'avais pas besoin de regarder pour savoir que je saignais. J'ignorais comment j'allais trouver la force de me lever et de rentrer. Mais mon calvaire n'était pas fini.
- A mon tour, déclara John, très calmement.
- Ne te retiens pas, lui conseilla Royce. Elle aime la brutalité.
- T'inquiète. Je sais comment mater ces petites péronnelles. Je ne serai pas aussi rapide que toi.
John se monta encore plus brutal que Royce. Il cherchait à me faire mal, aimant m'entendre crier, n'hésitant pas à tordre mes seins lorsque ma voix faiblissait. J'eus l'impression que ces assauts duraient une éternité. Je ne sentais plus rien d'autre à part cette douleur abominable. Le froid n'avait plus prise sur moi, ni les cailloux que je sentais s'incruster dans la peau de mon dos. Enfin, il s'affala sur moi. Brisée, je repliai mes jambes, surprise d'être en vie et de ressentir encore quelque chose.
Les trois autres amis de Royce me prirent à leur tour, s'ingéniant à force de coups et de griffures, à faire bouger mon corps meurtri. Lorsque le dernier eut fini, Royce recommença. Il m'arracha des cheveux, me faisant gémir. Je sentais que je perdais le contact avec la réalité. Il avait beau me pincer, me griffer, me tirer les cheveux, mon corps ne régissait plus. C'est à peine si je frémis lorsque son poing me cassa le nez. Il termina néanmoins son affaire et se releva. Pas un frisson n'agita mon corps. Je ne sentais plus que la douleur.
Je les entendis rire, se congratuler et s'éloigner. Mais tout cela semblait venir de si loin… Ils devaient croire que j'étais morte. Ce qui était bien près de la réalité. Pourtant, j'étais encore en vie. A mon grand étonnement, à mon grand désarroi. Tout mon corps me semblait être à vif, pas un seul endroit n'était épargné par la douleur. Je m'évanouis.
Soudain, quelque chose effleura ma conscience, me ramenant dans le monde réel. Surprise, j'ouvris les yeux. Il me fallut quelques secondes avant de réaliser que ce qui m'avait réveillé, c'était une sensation de froid sur le visage. Je constatais, stupéfaite, qu'il neigeait. J'étais encore capable de ressentir le froid qui m'entourait ! La seule chose qui me couvrait, si je puis dire, c'était les lambeaux de ma chemise. Je me sentais frigorifiée, et cela m'irrita. J'étais ébahie de pouvoir ressentir autre chose que ma douleur. Lentement, je réussis à bouger mon corps meurtri. Je me mis sur le côté, ramenant mes jambes vers moi. J'avais du mal à respirer. J'ignorais si c'était à cause de mon nez cassé qui continuait à saigner, ou si j'avais des côtes cassées. Je sentais que ma vie s'échappait, au fur et à mesure que je perdais du sang et que je me refroidissais. Brisée, je n'avais pas la volonté de me battre pour survivre à ce qui m'était arrivé. Je désirais la mort, je l'appelais de toutes mes forces. Je trouvais qu'elle mettait trop de temps à venir. Une douce torpeur m'envahit, atténuant la douleur. Esquissant un sourire, je me laissais glisser dans un état de demi-conscience bienvenu. Je ne sentais plus rien, comme si j'étais détachée de mon corps. Doucement, je m'enfonçais de plus en plus dans l'inconscience, heureuse en songeant que je mourrai enfin.
7
