Bonjour à tous !
Quelques notes préliminaires avant de commencer l'histoire :
- Naruto et ses personnages appartiennent à Kishimoto. Gomyen, le passeur, le vieil ivrogne et quelques autres personnages sont de moi, mais leur rôle est minimal.
- le yaoï est présent mais surtout vers la fin de l'histoire (8 chapitres normalement).
- cette fic se passe dans le Japon médiéval mais ne m'en voulez pas pour les éventuelles incohérences ou erreurs historiques, je n'ai pas fait de recherches approfondies.
- de même, pour les éventuelles fautes de frappe ou de français. J'espère les avoir éradiquées, mais on ne sait jamais.
- les personnages sont parfois OOC : Naruto n'est pas spécialement stupide, et assez sombre, par exemple.
- si vous êtes fans de Néji en tant que seme, cette fanfiction n'est pas pour vous ^^
Je pense avoir tout passé en revue. Bonne lecture, n'hésitez pas à commenter :D
Chapitre premier : La Taverne du Vieux Fou
À deux jours de cheval au nord de Tokyo, Honshu, le port de Kyan. On n'y voit guère qu'une dizaine de barques à fond plat, agglutinées au bout de la jetée dévorée par les coquillages. Une unique jonque sans ailes, en réparation, domine le paysage de la crique. Paisible village de pêcheur, ignoré de tous et surtout – ce qui importe – des seigneurs de l'île, le clan Uchiha.
Mais il y a des gens pour savoir que la jonque sans ailes est à quai depuis des années et qu'elle sert de refuge à des devins chinois exilés. Comme il y a des gens pour savoir que les espions déguisés en moines aveugles ne sont pas ceux des Uchiha, mais des Hyuga, les seigneurs de Shikoku, dont l'ambition dévorante allait causer la perte. Les mieux informés connaissaient la Taverne du Vieux Fou, qui occupait la cave de l'Iris Mauve, unique bordel de Kyan et alentours.
L'établissement était miteux, mais à la tombée de la nuit, il s'emplissait de clients au visage masqué, et les conversations enfermées dans les vieilles pierres du Vieux Fou étaient de celles qui pouvaient faire exploser le monde. Le patron, un grand homme à la langue coupée, s'occupait seul des commandes, du service, de l'encaissement et du nettoyage. Les corps nourrissaient les poissons.
À l'une des tables, un homme gras au visage de fouine chuchotait à vive allure, fébrile et surexcité. Son interlocuteur se tenait face à lui, le dos au mur. C'était un homme de grande taille, large d'épaules, vêtu d'une longue cape. Son casque orné d'une tête de renard forgée était rabattu sur son visage. Ce qui attirait le plus l'attention sur lui était la queue-de-cheval qui dépassait de sous son casque, qui n'était ni noire ni grise, mais couleur de soleil levant. Cependant, à la Taverne du Vieux Fou, nul n'était assez imprudent pour regarder de trop près les autres clients.
– Qu'as-tu à m'apprendre ? fit le grand homme d'une voix basse mais sèche, coupant court aux politesses. Les platitudes effrayées lui portaient sur les nerfs. Mais il faut dire que beaucoup de choses l'énervaient très facilement.
– La princesse ! Hyuga Hinata ! Elle s'est enfuie ! Elle traverse le pays sans autre escorte qu'une servante et un garde du corps, à ce qu'il paraît ! répondit l'autre à toute vitesse. Bien sur, il avait un peu peur de l'homme devant lui, mais la convoitise avait bien plus d'emprise sur lui que la peur.
– A c'qui paraît, ouais... C'est trop énorme, y aurait eu des fuites parmi les serviteurs du palais... La prochaine fois qu'tu m'emmerdes avec des conneries pareilles, j'te tranche la gorge.
– Mais c'est vrai ! C'est Lou-ynfll...
– Qu'est-ce qu'j'ai dit ?
– Lou-Yun-Fen, marmotta avec obstination l'informateur, malgré la lame enfoncée dans les plis adipeux de sa gorge.
Les yeux de l'agresseur se plissèrent, scrutant le visage de son interlocuteur dans la pénombre du renfoncement dans lequel se trouvait leur table. Finalement, il rengaina son poignard. Il passa une main dans ses curieux cheveux blonds et demanda d'un ton détaché :
– Et... il aurait dit où s'trouvait la princesse en c'moment ?
– Mmm... peut-être... vous savez que Fen n'est pas très précis, mais il se pourrait...
– Parle, le coupa impatiemment le blond, je donnerais tout.
Les yeux de l'informateur brillèrent de convoitise, mais il resta silencieux. Comprenant, l'autre avança sur la table une lourde bourse, délia les cordons et en montra le contenu.
L'autre déglutit.
– Je... Seigneur, je...
– Où est-elle ?
– Elle... on dit qu'elle est en route vers le Nord...
– Gomyen... où est-elle, répéta l'étranger, la voix basse, le regard fixe.
Gomyen lut la mort dans l'effrayante clarté de ces yeux.
– Ils ont passé Nikko, en direction de la côte Ouest, livra-t-il finalement.
– Déjà ? murmura pensivement l'autre. Et personne les a repérés, depuis Shikoku ?
– Ils ont fait taire tout le monde, et comptaient sur la deuxième princesse, Hanabi.
– C'est qu'une enfant encore, elle a pas l'âge de prendre un homme... Très bien Gomyen... Je vais te laisser à présent.
– Non ! Seigneur ! Seigneur je, je sais encore beaucoup de choses !
– Qui ne m'intéressent pas. Adieu...
– Non ! Non ! Le... le kusanagi d'Honshu !
Le propriétaire de la bourse, qui s'était levé de table, s'immobilisa. Les kusanagi étaient des chasseurs d'exception au service des quatre seigneurs des quatre îles. Des chasseurs aux proies humaines.
Lui était le premier kusanagi de Kyushu, la plus méridionale des îles, impénétrable décadence au climat tropical, où vivaient les esprits et les démons des cultes des îles supérieures, démons d'une laideur et d'une cruauté absolue, à la peau bleue, aux cheveux rouges. Gomyen voyait devant lui l'un d'eux.
– Uchiha Sasuke... murmura le démon. Il est à sa poursuite ?
Gomyen opina faiblement. Devant lui, la peau de la bourse frémit sous un vent invisible.
– Peu importe, finit par cracher l'autre, cette fois-ci je l'aurai ! La princesse sera à moi, et avec, les terres des Hyuga ! Ainsi j'pourrais enfin écraser Uchiha Sasuke et tout son clan...
Le démon relâcha la tension de ses épaules et sourit. Son sourire était joyeux, lumineux, communicatif. Les coins des lèvres de Gomyen se retroussèrent, mais avant d'avoir fini, le blond avait ordonné « Attaque ! » au petit serpent à la morsure fatale qui se tortillait dans la bourse. Le reptile avait jailli.
Gomyen s'affaissa sur la table, les veines gonflées, les lèvres bleues. Le kusanagi de Kyushu sortit calmement de l'auberge miteuse sans se départir de son sourire.
La traque commençait... Et si Sasuke était là aussi, ce n'en serait que meilleur de lui arracher sa proie. De le battre. Rien qu'à penser à la mine défaite de son rival, son pouls s'accélérait. Il le battrait, capturerait la princesse, l'épouserait par la force ou le chantage. Kyushu avait un mouchard à Naruto, la ville où s'était installée la Cour Hyuga, qui pourrait faire tomber le roi une fois la succession prête.
Naruto... oui, son maître ne s'était pas trompé en lui donnant le nom de la ville où il règnerait d'ici peu. Son heure était enfin venue.
Le monde allait entrer dans l'ère du Renard !
