« Hé, Rukia... »
La shinigami ne répondit pas.
Elle d'habitude si fière.
Elle d'habitude si droite - ne reculant devant rien.
Son corps tout entier était à présent secoué de tremblements. Elle osait à peine expirer l'air présent dans ses poumons et avait depuis longtemps perdu le contrôle de son cœur - affolé, qui battait à tout rompre. Mauvais présage - et s'il pouvait l'entendre lui aussi ?
L'odeur âpre et métallique, si facilement reconnaissable, régnait dans la pièce close, amplifiant la terreur dans laquelle était plongée.
Elle était lasse, fatiguée. Avait perdu la force et l'envie de se battre depuis longtemps.
Rukia ne se souvenait plus de comment c'était arrivé. A qui était appartenait tout ce sang ? Où étaient les autres ? Une fraction de seconde à peine, et son monde s'était écroulé. Il lui semblait entendre encore les rires de leurs compagnons raisonner au loin.
« Rukia... »
Elle dût mordre sa langue jusqu'au sang pour ne pas laisser échapper un cri d'horreur lorsqu'elle sentit le souffle du bourreau contre sa joue. Brise glaciale.
Il était de retour. Les larmes se mêlaient maintenant à la sueur et au sang - et la shinigami, sans un son, était en train d'asphyxier. Sa seule résolution étant de garder coûte-que-coûte les yeux clos.
Refuser d'affronter son assaillant du regard était une manière d'échapper à ce qui était devenu sa réalité.
Quelques secondes encore et tout serait fini - elle aussi.
Ce n'était qu'un cauchemar, un de plus, dont elle ne se réveillerait pas, cette fois.
Et puis brusquement, il n'y eut plus rien. Plus de pression, plus d'emprise, plus d'air. Rien.
Comme si...
Un craquement sinistre se fit entendre - il avait fait un pas en arrière.
Il l'observait sans un mot. Mais c'était comme si elle ne le reconnaissait pas.
Il la surplombait de toute sa hauteur, projetant une ombre menaçante sur ce corps frêle sur qui il avait le droit de vie et de mort.
Il aurait dû en profiter. Saisir cette occasion pour l'achever, l'abattre salement. C'était ce qu'elle méritait.
Mais il n'en fit rien - non, se contentant de la contempler silencieusement. D'attendre qu'elle ouvre les yeux, et qu'elle le voit et l'admire, lui.
Les secondes s'écoulèrent douloureusement ainsi, lentement - jusqu'à ce que la shinigami ne soit finalement obligée de relever la tête à cause d'une crampe.
Tic. Tac.
Elle ne comprenait plus rien. Que se passait-il ? Pourquoi ne pas mettre un terme à ses souffrances ?
Le sort en était jeté depuis trop longtemps - à quoi bon lutter, à présent ? Elle s'abandonnait à la mort, prête à tout pour que cesse sa vie.
Le bourreau était toujours là, elle pouvait encore sentir son odeur et sa présence - il n'avait pas bougé.
La shinigami froissa les poings et protégea ses yeux avec. Elle ne devait pas craquer - qu'il lui prenne tout, sauf ça.
Il profita de ce moment pour annihiler de nouveau les quelques mètres les séparant. Le dos de la brune était collé contre le mur - elle n'avait plus aucun moyen de pouvoir reculer. Plus aucune échappatoire. Ces gestes, cette fois-ci, se firent moins brusques - comme il n'osait plus directement la toucher.
Les sens de Rukia, pourtant, restaient en alerte et lorsqu'il voulut lui effleurer la joue, elle recula mécaniquement et heurta son crâne un peu plus contre la pierre.
Il n'insista pas et, à la place, souleva un mèche de cheveux pour laisser entrer ses mots.
« Je suis désolé Rukia. »
Cette voix... Les pleurs silencieux de la shinigami redoublèrent d'intensité.
L'intonation si particulière qu'il mettait dans son nom.
La façon qu'il avait de s'excuser à chaque fois, comme si le fait qu'il n'ait pu arriver à temps était de sa faute.
Ce regard qui la brûlait malgré le voile physique qu'elle mettait entre eux - c'était le sien. A nouveau.
Témoin d'une détermination sans faille.
Imperceptiblement teinté de remords.
Elle avait de nouveau besoin de voir.
Oubliant instantanément les cadavres de leurs amis éparpillés quelques mètres plus loin, Rukia se mit à y croire - et brusquement habitée par le futile espoir que cela puisse vraiment être lui, ses paupières s'ouvrir.
. Comme si elle venait enfin de se réveiller.
Il était de retour - et avec lui, elle se sentait elle-aussi revenir.
« I-Ichigo ? »
Il faisait sombre, mais elle crut reconnaître son sourire et sa douce étreinte. Ses bras puissants entourèrent ses épaules - mettant fin à ses tremblements et elle se laissa enfin faire, nichant sa tête dans son cou, comme à l'accoutumée. S'abandonnant complètement à lui.
Il nota distraitement que c'était la première fois qu'elle se montrait aussi vulnérable face à lui :
« I-Imbécile, parvint-elle à dire entre deux sanglots, je t'aime telle...- »
Elle s'écroula sans avoir eu le temps d'achever sa phrase, une lame sombre plantée dans le dos.
Une lueur étrange animant ses yeux, il lui asséna le coup de grâce avant de piétiner son corps sans vie :
« Echec au roi, ma reine. »
Besoin d'un bon coup de fluff non ? Ahah, en espérant que vous ayez tout de même apprécié votre lecture, à bientôt !
