Voici OS en réponse à un défi, le Ghost's Challenge. Je participe après avoir lu les écrits des autres participants, ça n'a pas été facile d'en faire abstraction. Mais Little Bones m'a convaincu d'en être, donc je me suis lancée. Ce n'est clairement pas l'OS du siècle, mais j'espère que vous l'apprécierez.

Les trois conditions du défi se trouvent après l'OS pour ne pas gâcher la surprise de ceux qui ne les connaissent pas. Je les ai respectées, même si leur place n'est peut-être pas aussi importante qu'elle aurait pu l'être. Vous me direz ça en review. Bonne lecture !

Disclaimer : L'univers et les personnages de Zorro ne sont pas ma propriété


La promenade

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Diego avait été idiot cette fois. Il devait le reconnaître. Sinon il ne se serait pas retrouvé dans cette situation.

Sa réussite à faire peur aux soldats il y a quelques mois l'avait décidé à réitérer l'expérience. Comme il l'avait fait au monastère avec le moine fou, il avait décidé d'inventer de nouvelles histoires susceptibles d'effrayer les lanciers à différents endroits de la région. Ainsi pourrait-il s'en servir pour se cacher ou prendre de l'avance sur les lanciers lors d'une nouvelle course-poursuite avec eux.

Il n'en avait raconté que deux jusque là. Il n'avait jamais eu à s'en servir, mais ce n'était pas plus mal. Il avait aussi fait quelques allusions pour une troisième histoire. Il voulait la raconter ce soir-là. Garcia et Reyes la lui réclamaient. Que s'était-il donc passé pour que cet indien devienne un fantôme ? Hantait-il vraiment les profanateurs de son lieu de repos ?

Il avait dû remettre son récit à plus tard. L'orage menaçait, ils avaient convenu de se retrouver un autre jour pour dîner ensemble à la taverne. Il fallait mieux pour lui regagner l'hacienda avant que l'orage éclate. Bernardo et lui l'avaient heureusement atteint quand une pluie diluvienne s'était mise à tomber.

Après s'être retiré pour la nuit, il avait gagné la grotte. Voilà plusieurs jours qu'il n'était pas sorti avec Tornado et, puisque que ce n'était pas encore possible ce jour-là, il comptait au moins passer un peu de temps avec lui. Problème, son compagnon avait un peu trop d'influence sur lui.

Il l'avait poussé de la tête vers la selle puis avait indiqué l'entrée de la grotte avec un hennissement. Il voulait sortir. Plus exactement, il voulait qu'ils sortent tous deux cette nuit.

Le tonnerre s'était tu voilà une heure déjà et il savait le gros de l'orage déjà loin d'eux. Ne restait que la pluie tombant sans discontinuer des nuages couvrant le ciel. Pas de quoi arrêter Tornado. Pas non plus de quoi arrêter Diego.

Rester à l'intérieur l'ennuyait prodigieusement et il n'avait pas sommeil. Se balader sous la pluie était la dernière chose à faire sans doute. C'est justement pour cette raison qu'il sella Tornado. Un bref changement de vêtement plus tard, Zorro grimpait sur son dos et ils passaient à l'extérieur.

Il avait laissé l'animal choisir leur direction. L'eau ruisselait sur chacun d'eux. Elle refroidissait à peine l'air encore chaud de ces derniers jours caniculaires.

Tornado avait pris la direction de la sierra à une allure tranquille. Rien ne devait normalement venir entraver leur ballade. Ce que ni l'un ni l'autre n'avait prévu, c'était que Garcia se retrouve sur leur chemin.

Un ranchero avait été trouvé le docteur Avila pour le conduire dans une des haciendas environnantes auprès d'un blessé. Le sergent et un lancier les y escortaient. Avec ce temps, la voiture du médecin risquait de s'enliser, il était plus sûr qu'ils les accompagnent pour les aider au besoin. Du moins Zorro l'avait-il supposé en voyant l'équipée.

Dès qu'il l'avait vu, Garcia s'était lancé à sa poursuite, commandant à Sotello de poursuivre la route avec les deux autres. La foulée de Tornado s'était allongée. Il était parti au galop là où son maître l'avait décidé, l'endroit hanté par le fantôme de l'indien dont Diego n'avait pas encore raconté toute l'histoire.

La pluie nuisait à la visibilité. Il avait entraîné Tornado vers le mauvais chemin.

L'eau rendait l'ascension des collines escarpées difficiles. Le cheval peinait à trouver prise sur la boue. Il avait glissé et, en cherchant à retrouver son équilibre, son cavalier avait chuté.

La réception avait été douloureuse. Zorro avait senti sa cheville prendre un mauvais angle. Il n'y avait eu aucun craquement, mais une entorse ne valait pas mieux qu'une cheville cassée. Il avait eu toutes les peines du monde à remonter sur sa monture. Garcia avait alors gagné beaucoup de terrain.

Renonçant à grimper, le Renard avait lancé Tornado vers le bas des collines, évitant le sergent de justesse quand il avait fait tourner son cheval pour les longer.

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Voilà comment il s'était retrouvé dans cette situation, à chevaucher avec seulement quelques mètres d'avance sur Garcia, un pied dans le vide, très proche de se faire attraper. Tout ça parce qu'il avait été imprudent, ou plutôt parce qu'il avait été idiot.

Son pied gauche lui faisait trop mal pour qu'il le passe dans l'étrier. À prendre appui sur l'autre, il gênait la course de Tornado. L'animal sentait en outre qu'il n'était pas bien. Il se refusait à accélérer de peur d'aggraver la situation et de voir son cavalier chuter encore. Une fois lui avait suffi, il avait suffisamment eu peur pour lui à ce moment là.

- Arrêtez-vous, Zorro ! commanda dans son dos Garcia pour la énième fois.

Le Renard ne répondit pas, trop concentré à chercher une solution face au poursuivant qui gagnait sans cesse du terrain. Elle lui apparut au détour d'un rocher.

- Vous ne pouvez pas continuer, sergent Garcia ! cria-t-il à l'adresse du soldat.

- Quoi ?

- Regardez où vous êtes !

Il profita que l'attention du militaire se portait sur son environnement pour faire bifurquer Tornado vers la gauche. Et le grondement sourd qui en venait.

- Arrêtez, Zorro ! lança Garcia.

Cette fois, sa voix était tintée d'inquiétude. Le sergent venait de reconnaître la description du rocher de l'ours qu'en avait fait don Diego. L'amas pierreux marquait le passage sinueux entre les hautes falaises formant ensuite un canyon de plusieurs centaines de mètres. Canyon où était mort un mystérieux indien il y a bien longtemps. Indien dont le militaire ne savait pas tant de choses, à l'inverse de Zorro apparemment, et qui affolait son imagination à mesure que le grondement environnant se faisait plus fort.

Zorro incita Tornado à accélérer. Derrière eux l'allure du cheval du soldat ralentit sensiblement. Ils disparurent de leur champ de vision au profit d'un virage.

- Partez avant qu'il soit trop tard ! cria Zorro. Ou il vous tuera !

L'écho donnait à sa voix un air effrayant. Garcia tressaillit.

- Il... non, il ne me fera rien, se dit-il.

Sa voix résonna jusqu'au Renard qui éclata de rire. Garcia arrêta totalement son cheval cette fois. Il ne savait trop s'il tremblait de peur ou de froid. L'air était ici bien moins chaud qu'ailleurs et il était trempé.

Il remit sa monture au pas, franchissant le virage qui avait fait disparaître Zorro à sa vue, lequel semblait avoir disparu. Il n'entendait plus les sabots de son cheval sur le sol, l'homme s'était tu. Seul restait le grondement presque assourdissant à cet endroit. Comme si le tonnerre s'était concentré sur quelques mètres carrés.

La lumière de la lune qui peinait déjà à transpercer les nuages n'était pas visible ici. Le crépuscule avait complètement laissé place à la nuit. C'était à peine si le sergent pouvait distinguer les parois autour de lui.

Il y eut un rire terrifiant puis un hurlement qui lui glaça le sang. Le lancier imagina terrifié l'indien décidé à faire payer la profanation de son lieu de repos, arme à la main. Aussi peu rassuré que lui, son cheval n'hésita pas quand il lui demanda de faire demi-tour. Et c'est avec un cri d'effroi que Garcia s'enfuit.

Plus loin, Zorro dut se retenir de rire. Il ne voulait pas faire échouer sa manœuvre maintenant. Ses yeux se posèrent sur le cours d'eau ruisselant au milieu du canyon. Il n'était ni large, ni profond, mais il cascadait régulièrement sur les rochers. Le bruit qui en résultait était amplifié par l'écho du canyon et plus encore par l'étroitesse du passage menant jusqu'à lui. Même en sachant de ce dont il s'agissait, c'était impressionnant. Effrayant aussi.

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Le trajet du retour se passa sans problème. La pluie n'avait pas cessé, mais la lune perçait à travers des nuages lointain. C'était plus que suffisant pour Tornado et son cavalier.

Ils pénétrèrent dans la grotte avec soulagement. La fatigue se faisait sentir.

- Diego, enfin !

La voix de don Alejandro tira une grimace au jeune homme. Bernardo et lui l'attendaient de pied ferme depuis un moment semblait-il. Et ils ne semblaient pas ravi de sa sortie nocturne.

- Père ?

- Qu'est-ce-qui t'a pris ?

Diego retira masque et chapeau, puis détacha sa cape.

- Tornado avait besoin d'exercice.

- En plein orage ?

- Il est passé.

- Pourtant tu es trempé.

- Je n'ai pas dit qu'il ne pleuvait plus.

Il laissa glisser au sol, retenant un gémissement de douleur quand son pied toucha le sol. Ni Alejandro ni Bernardo ne ratèrent cependant sa moue douloureuse.

- Qu'as-tu, Diego ? Tu es blessé ?

Le jeune don soupira. Les explications s'annonçaient longues, sans compter qu'il lui faudrait ensuite trouver une excuse pour son pied et revoir l'histoire de fantôme qu'il avait conçu pour le canyon. Car celle qu'il comptait raconter aux lanciers avait besoin de modification suite à son équipée. Après ça peut-être pourrait-il dormir. Enfin, ça, c'était s'il survivait à l'ire de ses compagnons quand ils connaîtraient toute l'histoire.

Et c'était loin d'être gagné...


Déjà fini, eh oui, c'était court. ^^ Un avis à donner ?

Et voici les trois conditions du défi étaient, dans n'importe quel ordre : 1 - Zorro blessé est pourchassé par Garcia qui est à deux doigts de l'attraper. 2 - Zorro fait peur à Garcia en utilisant l'écho d'un canyon. 3 - Il y a une histoire de fantôme et d'indiens.