Howdie !

Ceci est extrait du second épisode de la troisième saison, appelé "Angel and Monster", que j'ai trouvé particulièrement approprié pour cette scène, tellement parfait que je n'ai pas pu m'empêcher de le reprendre comme titre de fic.

Ceci est donc du spoil si l'on a pas vu la (fantastique) troisième saison (je pense qu'elle n'est pas encore sortie sur les écrans français...). En fait, le fantastique troisième volume, vu que le volume quatre est juste "WTF".

Angela, "l'ange" et F!Peter le "monstre"... (F!Peter étant l'abréviation communément admise pour Future Peter, le Peter du futur, déjà aperçu dans l'épisode 20 de la première saison).

Cette scène m'a particulièrement plu à la seconde où je l'ai vue, réellement inspirante. N'ayant pas une folle passion pour Angela, j'ai néanmoins eu un coup de cœur monstre (c'est le cas de le dire) pour la relation qu'elle entretient avec F!Peter. Les deux personnages se vouent l'un l'autre aux gémonies, je trouve que cela transpire dans toutes les scènes où ils se côtoient. Du coup, partie pour faire un OS, je me suis retrouvée avec deux parties : le point de vue d'Angela pour la première partie de la scène, et celui de F!Peter pour la seconde partie.

J'espère que vous apprécierez de le lire autant que j'ai eu à l'écrire.

Biz Scat

PS : Bonne lecture.

DISCLAMER : Aucun des persos ne m'appartient, même si je le voudrais, vu que je ne m'appelle pas Tim Kring.

Angel and Monster

Angela toqua quatre fois, attendant que la porte s'ouvre. Elle était perturbée et se maudissait de voir sa main trembler. Elle accusait le choc émotionnel, le contre-coup de sa vision au moment le plus mal choisi. Elle se sentait faible comme au sortir d'une longue convalescence et en était furieuse. Elle reprit confiance en elle et toqua à nouveau, trois fois.

Elle aurait voulu que ses coups soient encore plus brefs, plus secs. Empreints d'autorité et de maîtrise de soi. Pour rien au monde elle ne lui aurait montré qu'elle ne savait plus quel avenir se dessinait devant eux.

Elle avait l'impression que la route toute tracée était devenue incertaine. Ses contours s'étaient brouillés sous des cavalcades, une foule trop pressée dont les empreintes de pas avaient tout effacé. L'avenir apparaissait plus noir et plus dangereux que jamais à présent, et tout cela parce qu'il se trouvait exactement là où il n'aurait jamais dû être. Parce qu'il avait pris la place de son Peter.

Quand il ouvrit la porte, la seule vision de son visage lui apporta la force nécessaire pour lui accorder un regard méprisant et froid et passer devant lui sans lui accorder trop d'attention.

Il représentait une aberration. Il n'était pas son Peter. Elle ne reconnaissait pas son fils dans ce regard dur et glacé où toutes les illusions s'étaient fanées, ni dans cette voix légèrement voilée comme un orage qui grondait à l'horizon.

Cet homme debout devant elle n'était pas Peter et elle refusait de reconnaître en lui celui que son second fils pouvait devenir. Elle n'éprouvait pour lui que dégoût et aversion.

Elle savait bien que sa voix trop cassante la trahissait chaque fois qu'elle s'adressait à lui et il semblait lui vouer la même haine furieuse, atténuée par une ironie acerbe.

D'ailleurs, le signe même de cet échec, de cet avenir raté, était visible aux yeux de tous : sa cicatrice qui lui barrait le visage. Cruelle ironie. Il était un défaut qu'il fallait qu'elle élimine, fusse t-il de ses propres mains.

-J'ai fait un autre rêve.

Elle baissa la voix et la tête, inconsciemment.

-Un de ceux que je préfère ne pas répéter.

Elle se retint de frémir à l'évocation de la vision prémonitoire qui l'avait conduite à l'appartement et revit dans un flash les scènes sinistres.

Hiro, le katana fiché dans la poitrine, les yeux vides et la bouche légèrement entrouverte. Même dans la mort, ses lunettes n'avaient pas glissé de son nez.

Matt Parkman, la tête renversée sur le dossier du fauteuil dans lequel il était assis, révélant la plaie béante qui lui tenait lieu de gorge.

Le visage de Claire, déformé par la peur, la souffrance et peut-être de la colère, suivi de son cri étranglé lorsque Knox l'avait violemment poussée contre le mur, dans un recoin.

Les lunettes brisées de Noah Bennet, dont la main reposait sur sa poitrine comme s'il s'apprêtait à prêter serment.

Une vitre brisée qui tenait lieu d'auréole à la tête ensanglantée de Peter -son Peter- dont le corps, trop lourd, avait ensuite glissé sur le carrelage. Sa tête qui avait roulé sur le côté, sa poitrine déchirée par une balafre encore sanguinolente.

Knox tirant le corps de sa petite fille, dont la tête restait immobile sur le parquet parce qu'il l'avait décapitée.

Le visage mauvais des quatre personnages, tapis dans l'ombre bleue, qui luisaient à la lueur des néons agonisants et des étincelles provenant des câbles arrachés.

Adam. Niki... Non, plutôt Tracy. Maury. Knox.

Et ces mains qui l'avait saisie par les épaules... Même libérée du cauchemar elle sentait encore le souffle de Sylar à ses oreilles et dans son cou.

Sa voix se fit plus forte lorsqu'elle se ressaisit et c'est en laissant échapper un soupir d'exaspération qu'elle se baissa pour passer sous les fils qui traversaient l'appartement de part en part tout en continuant :

-Et tout ça parce que tu n'est pas là où tu es censé être.

Elle en saisit un du bout des doigts, laissa sa main courir et suivit des yeux sa trajectoire, loin devant, tandis que l'homme retournait attacher une autre corde couleur sang à la carte accrochée au mur :

-Alors retourne d'où tu viens, Peter.

Elle l'avait appelé ainsi parce qu'elle n'avait pas le choix, mais elle l'aurait volontiers appelé Erreur, Aberration, Échec. Rien en lui ne rappelait son Peter, son ange à elle, son gardien personnel. Son Peter était Dieu et ce monstre seuls savaient où.

Mais ce n'était pas une demande ni une prière pleine d'espoir qu'elle venait de prononcer. Angela ne demandait pas, ne suppliait pas, elle exigeait. Et c'était un ordre qu'elle n'avait formulé qu'à moitié. La phrase n'était pas tout à fait terminée.

Ils le savaient l'un comme l'autre, mais le politiquement correct était de mise chez les Petrellis. Les plus grandes trahisons étaient commises sourire aux lèvres. Les plus noirs mensonges étaient ponctués d'une révérence.

C'était une des leçons qu'Angela avait retenu depuis le temps qu'elle côtoyait Arthur et elle avait sacrifié à la tradition qui était devenue une habitude par la suite. Jamais elle n'aurait prononcé devant lui et à voix haute les mots qui lui brûlaient les lèvres. Mais aucun d'eux n'était dupe et pour cela elle lui en était reconnaissante.

Elle savait qu'il avait parfaitement compris le reste de la phrase qu'elle n'avait osé dire. Retourne de l'enfer d'où tu n'aurais jamais dû sortir.

-Désolé, je suis un peu trop occupé à sauver le monde en ce moment.

Elle sourit et tourna la tête. Ce n'était pas celui dont elle avait le secret, celui qu'elle réservait d'habitude à Peter. Celui-là se voulait hautain et amer comme les remarques de l'homme derrière elle dont la voix menaçante mais douce se perdait dans les graves.

Sauver le monde. Combien de fois Arthur, Adam et les autres, lui avaient répété ce leitmotiv auquel elle avait cru un jour, dur comme fer ? Combien de fois avait-elle entendu Peter, les yeux brillants d'excitation, lui répéter ces paroles comme une formule magique ? Sauver le monde : l'obsession de son cadet depuis un an, depuis qu'il s'était découvert des pouvoirs. Peter, l'âme généreuse qui voulait sauver autrui quitte à se perdre lui-même.

Sur cet unique point, il n'avait pas changé et Angela eut pendant une seconde la vision de son fils se superposer au visage balafré.

-Tu n'as jamais été aussi intelligent que tu le pensais. Je vois que quelques années de plus sur cette terre n'y ont rien changé.

Elle lâcha la corde qu'elle faisait rouler entre ses doigts. Son ton avait changé et s'était fait moins dur, mais pas par gentillesse ou par souci de son hôte. Au contraire, elle s'appliqua à distiller toute la haine et la colère dont elle était capable à l'encontre de cet homme, comme un poison.

Il n'était pas Peter et c'était bien pour cela qu'elle se permettait de lui dire ce qu'elle avait parfois pensé tout bas, sans se l'avouer complètement. Peter n'était pas "intelligent" dans le sens où Arthur l'entendait. Il n'était ni assez calculateur ni assez rusé et manipulateur pour pouvoir arriver à ses fins.

Il avait l'intelligence du cœur. Mais l'homme en face d'elle l'avait perdue et elle le détestait pour cela.