Mémoire d'Elilah
Et voila la dernière des fics que j'ai écrite … ouh là l'année dernière déjà damned …
Comme les précédente, je laisse mes commentaires idiots en tenant ABSOLUMENT à PECISER qu'ils sont d'EPOQUE ! (pas ma faute si l'année dernière j'étais vraiment plus atteinte qu'aujourd'hui !)
Bonne lecture à vous :D
Manga: Tsubasa Reservoir Chronicle
Disclamer: Euh ... une fois de plus, les perso ne sont pas à moâââââ T-T. Par contre le scénario bizarre oui! (Pour une fois :D)
TADAM ! Me voila revenue de vacances avec une histoire bien ficelée un peu plus courte que la précédente (6 chapitres au total)! Je l'ai tout comme la précédente, écrite durant mon stage et laissée à l'abandon tout le mois d'Aout ... pour la finir hier ... Passionnant tout ca !
Je change complètement de registre, déjà plus d'AU, et aussi, j'ai essayé le COMIQUE (ouais ca se voit pas trop, si vous voyez des blagues lourdingues, c'est moi qui tente de faire de l'humour!). Ca a été assez difficile de faire cette espèce de trame policière, il fallait que je fasse attention aux indices et à l'ordre dans lesquelles je voulais les divulguer, un vrai casse tête ! Je me suis aussi bien retenue afin de ne tuer personne cette fois ci, quel effort, je mérite un césar là ! Moi qui aime tellement faire souffrir les héros ! :D
Bref, et je dédie cette fic à Nancy ! C'est dans cette merveilleuse ville que j'ai fait mon stage et j'ai adoré la ville, vraiment, elle est trop belle, vive les rues piétonnes, l'Art Déco, et le Caméo :p Les gens hallucinaient toujours de voir une pauvre Toulousaine débarquer dans leur bourgade nordique, mais bon, je publie mon amour pour les villes du Nord, comme Lille et Bruxelles ! Tout le monde s'en fout, mais c'est pas grave T-T
Mon histoire peut commencer ! Bonne chance à ceux qui on fait leur rentrée ! Et ceux qui l'auront !
Chapitre 1 : Eveil, amnésie, et étrange compagnie.
Depuis combien de temps déjà errait-il dans ce grand labyrinthe qu'était devenu son esprit? Des heures? Des jours? Une plus longue période lui paraissait tout bonnement inenvisageable, car trop terrifiante à son goût. C'est vrai que s'imaginer dormant des dizaines années durant et se réveillant tel un pruneau desséché, ce n'était pas la meilleure perspective d'avenir à laquelle on pouvait songer... Mais chercher un chemin, une issue dans cet espace clos, sombre et hermétique relevait plus de l'impossible que de la quête à présent...
Comment était-il arrivé ici? Pourquoi? Quel était son dernier souvenir en date? Se rappelait-il au moins de qui il était? La moindre réflexion lui causait une migraine atroce et l'enfonçait un peu plus dans le dédale de ses méninges en compote.
Soudain, en réponse à un appel de détresse informulé, une lueur déficiente se mit à étinceler au fond de ce qui lui semblait un sentier ténébreux. Au fur et à mesure qu'il s'en approchait, la lumière vacillait, alors il courut pour attraper la seule entité de ce qui lui semblait venir de « l'extérieur ». Au moment ou il arriva à sa hauteur, toute son âme et tout son cœur formulèrent le même vœu.
Je veux sortir, et j'y arriverai.
La lueur s'intensifia alors et ses sourcils se froncèrent, protégeant ses yeux de cet éclat violent, auquel ses prunelles ne s'étaient pas préparées. Au bout de quelques instants, ses paupières tremblèrent... et s'ouvrirent.
oOo
La première chose que je remarquais fut le plafond. Il me vint aussitôt à l'esprit que je n'étais pas à Shirasaki, car aucune des pièces du palais à ma connaissance ne présentait cet aspect de traverses en bois. Ma tête bougea lentement de sorte à ce que je me fasse un bref aperçu de ce lieu inconnu, et ce que je vis ne fit que renforcer ma surprise. Une pièce étrange comme je n'en avais jamais vu, une porte en bois étrange à la place du shoji, des murs épais de couleurs étranges pas en papier de riz, des épais rideaux étranges obstruant la clarté du jour qui perçait à travers une étrange fenêtre... Ma migraine ne fit qu'empirer à l'analyse rapide de cette tanière on ne peut plus... étrange.
Alors que je poussais un profond soupir et laissais tomber l'enclume qui me servait de caboche sur l'oreiller, une présence que je n'avais pas sentit auparavant se fit nette à mon esprit, et avant que je n'aie eu le temps de porter la main à mon katana pour dégainer, une créature blanche et poilue de la taille d'une pastèque se jeta sur mon visage en criant d'une voix perçante:
« PUUUUUU! Kuro-daddy est réveillééééééééééé! »
Je me saisis sans plus attendre de l'intrus qui restait accrochée à mes cheveux comme une sangsue et fit face à deux grands yeux brillant de joie et d'excitation, ce qui ne réfréna pas ma réplique brutale:
« Mais lâche-moi, t'es quoi toi d'abord?! »
La joie et l'excitation citée si dessus disparurent derrière doute et interrogation.
« Mokona c'est Mokona! » Répondit-elle à une octave toujours trop élevée pour mes oreilles comateuses.
Mais devant mon regard qui devait être tout aussi sceptique qu'ahuri, la peluche envahissante couina:
« Kuro-daddy ne se souvient pas?
_ Je pense que si j'avais rencontré un truc comme toi auparavant ça aurait traumatisé mon esprit, donc non, je ne me souviens pas. Je ne me souviens pas de grand chose à vrai dire. Ajoutais-je sous le regard outré de la créature, visiblement choquée de l'emploi du terme « truc ». Ou « traumatisé » que sais-je...
« Où suis-je? Osais-je enfin demander après quelques secondes de silence.
_ On est à l'ouest du Pays d'Elilah, dans les Terres Connues... Tu ne t'en souviens pas?
_ C'est plutôt ma tête qui est à l'ouest... Et je ne connais aucun Pays des Lilas près du Japon.
_ Mais... on est pas au Japon, Kuro-piu... Cela va faire le 10ème Monde que l'on visite depuis ton départ du Japon!
Mon Dieu, une peluche qui parle qui me dit que je suis actuellement dans un autre monde... je ne sais plus contre quoi je m'étais cogné mais je m'étais pas loupé...
« ''Monde'' »? Je ne comprends pas... Pourquoi je ne suis pas au Japon, qu'est ce que c'est que cette histoire de fous... ?
_ Tous les cinq on s'est rencontrés chez Yûko et on voyage de monde en monde!
_ « Tous les cinq »? Ne me dis pas qu'y'a trois autres boules de poils grandes gueules avec moi!
_ Oooh ! Kuro-miu a vraiment tout oublié? Tu ne te souviens pas de Shaolan?
_ Ca ne me dit rien, c'est un humain au moins?
_ Oui et il est en quête pour sauver l'âme de Sakura! Tu ne te souviens pas non plus de la Princesse? »
Me voilà bien, dans un monde inconnu, avec un farfadet poilu, un héros et sa princesse...
« La seule princesse que je connaisse est Tomoyo. »
Le regard de la bestiole s'agrandit et cette fois, l'effroi balaya toute surprise ou autre étonnement:
« Kuro ne se souvient même plus de Fye?! »
Intense réflexion. Trou noir.
« Non, c'est qui celui là, notre dragon apprivoisé? »
Ce n'était visiblement pas la bonne réponse puisque la boule de poil sautilla partout en criant:
« Kuro-daddy ne se souvient plus de rien !!! Il a même oublié Fye-mummy !! »
Alors que je songeais sérieusement à éclater cette bête insupportable contre le mur, la porte s'ouvrit et un jeune adolescent en costume étrange (décidément ce mot est approprié à toutes les situations se présentant à moi), aux cheveux châtains et à la carrure athlétique surgit dans la pièce.
Mon regard croisa immédiatement le sien et je fus étonné de voir au fond de ses prunelles sombres une force et une témérité bien rare et trop puissante pour les jeunes enfants de son âge. Mais ce qui me choqua plus que cette maturité apparente, ce fut la tristesse et le regret qui tentaient de se cacher derrière un courage apparent.
Ainsi c'est lui, le « héros ».
« Kurogané-san, vous allez bien? » Sa voix était sérieuse et posée, en opposition à celle du premier intrus qui continuait de bondir sur le plancher, mais elle trahissait une certaine crainte et appréhension.
« Visiblement non. »
Je me redressais difficilement et m'assis sur le rebord du matelas, bien plus haut que les futons sur lesquels j'avais l'habitude de dormir. Je sentais bien que je devrais m'habituer à d'autres éléments et coutumes différentes, car il fallait croire que je n'étais pas en train de délirer, mais de vivre un vrai cauchemar éveillé.
Je finis par demander au gamin qui me fixait toujours en silence:
« Pourrais-je avoir de ta part des explications plus claires que celle de cette boule de poils?
_ C'est aussi à vous de nous donner des explications.
_ Des explications... sur quoi précisément?
_ Sur ce que vous avez découvert, avant de perdre connaissance près de la Frontière.
_ Bah ça va pas être évident, grognais-je.
_ Kurogané ne se souvient de rien !!! Hurla le Mokona en se jetant dans les bras du jeune homme. Il a tout oublié, le voyage, les plumes, et nous! »
Les yeux du garçon s'écarquillèrent puis il me fixa avec effroi. Et déception.
« Oui bon je ne te reconnais pas, je sais pas si je dois en être désolé, vu que je ne sais pas si tu es un allié, un ennemi, qui tu es et où je suis.
_ Kurogané-san...
_ Alors on va faire bref, tu veux bien me donner quelques détails afin que la purée qui me sert de cervelle se solidifie un peu?
_ Oui bien sûr, murmura le jeune homme, que voulez vous savoir au juste?
_ Ton nom.
_ Je m'appelle Shaolan et je viens du pays de Clow.
Aïe, merdouille, encore un pays inconnu, ça sentait le truc bien compliqué...
_ Tu ne viens pas de ce monde, ni du mien ?
_ Non, et Fye-san non plus.
_ Ok, comme ça m'a l'air bien prise de tête, je vais commencer doucement... Où sommes-nous?
_ Au Pays d'Elilah. En Terres Connues. Il ressemble un peu au pays de Jade mais... vous ne vous souvenez probablement pas de ça aussi...
_ J'ai dormi longtemps? Coupais-je
_ Oui, deux jours entiers.
_ Et on est arrivé ici quand exactement?
_ Il y a un peu moins d'une semaine.
_ Et qu'est ce qu'on fait dans ce monde ? »
Ce fut le Mokona qui sauta sur mes genoux qui prit la parole:
« Pour résumer, le méchant Fei Wang Reed a volé la mémoire de Sakura qui s'est éparpillée sous forme de plumes et se sont envolééééées à travers les dimensions. (Mokona tourna sur lui-même certainement pour mimer une plume qui vole, mais si c'était le cas, sa prestation me faisait plutôt penser à une boule de neige qui roule...). Ensuite Shaolan est venu chez Yûko-san, la sorcière des dimensions pour sauver Sakura! Et Fye et toi êtes arrivés et on a décidé de voyager tous ensemble pour retrouver les plumes!
_ Ca a sûrement du être la décision la plus stupide de toute ma vie, j'arrive pas à croire que j'ai accepté une telle chose.
_ Hé hé, mais Kuro-kuro n'avais pas le choix, s'il voulait rentrer chez lui, il était obligé de suivre Mokona, car c'est grâce à Mokona que vous pouvez traverser les dimensions!
_ De plus quelques détails concernant nos motivations de voyage ont récemment changés. » Murmura Shaolan, le regard grave.
Je ne dis mot, trop soulagé que ce soit quelqu'un aux propos sobres et intelligibles qui prenne la suite. Il désagrafa sa veste épaisse pour dévoiler une tunique noire sur laquelle était brodé un symbole rouge, qui me fit aussitôt frémir des pieds à la tête. Une décharge électrique le long de mon échine et en un bond qui fit tomber la peluche au sol, j'étais sur mes pieds, cherchant à tâtons sur mes hanches mon katana que je ne trouvais pas...
« Qu'est-ce que… ?
_ C'est le symbole de l'homme qui a tué votre mère, vous l'aviez expliqué par le passé. C'est ce même homme qui a volé la mémoire de la princesse, attaqué mon pays, et qui m'a retenu prisonnier jusqu'à peu. Je ne suis pas dans son camp, je ne peux que vous demander de me croire.
_ Si vous n'êtes pas mon ennemi, pourquoi m'avoir désarmé? Où est Ginryuu ?
_ Kurogané l'as donné à Yûko!
_ PARDON? »
Une telle absurdité me paraissait inconcevable. Ce n'était pas croyable, il s'était passé trop de choses louches en mon absence. Impossible que j'ai été sous l'influence de l'alcool, mille barriques de saké ne viendraient pas à bout de ma conscience... Avais-je été sous le contrôle de quelqu'un pendant tout ce temps, qui n'était pas moi? Etais-je devenu schizophrène ?!
« Kurogané ne voulait pas, mais il n'a pas eu le choix, c'était le prix pour voyager avec nous!
_ Où je peux trouver cette Yûko de malheur, criais-je en attrapant Mokona, que je récupère mon bien!
_ Yûko est en vacances en Australie pour photographier des kangourous! Et elle ne me contactera que s'il se passe quelque chose de grave!
_ Mais C'EST grave ! Tonnais-je en secouant l'insolente créature.
_ En effet Mokona, ajouta Shaolan, je me demande s'il faut l'avertir de l'amnésie de Kurogané.
_Oui, Mokona voulait le faire mais Mokona noir est resté garder la boutique. Yûko voulait de vraies vacances et surtout pas entendre « le mec en noir l'agresser de réclamations futiles ».
_ « FUTILES? » Hurlais-je.
_ Ce sont ses propos...
_ Bon alors si j'ai bien compris, je vais devoir attendre qu'une sorcière frappadingue finisse son safari avant d'avoir des explications sur ma perte de mémoire...
_ Yûko n'est pas frappadingue, couina Mokona.
_ Je pense que cela ne vous enchante guère, Kurogané-san, ajouta Shaolan, mais en attendant, vous allez devoir nous croire, et nous faire confiance. »
Une fois de plus, je croisais son regard, prêt à affronter la tempête de mes iris écarlates, puis je soupirais, vaincu par la droiture et la fermeté de son aura.
« Je suppose que je n'ai pas choix... mais je devrais y arriver. »
Les commissures des lèvres du jeune garçon se relevèrent légèrement ce qui me laissa penser que c'était là un bref sourire. Voilà un héros qui semblait bien dépressif. Ca va être drôle je sens cette aventure...
« Vous devez être très épuisé, fit-il d'une voix posée comme pour m'annoncer ma « bienvenue » dans ce groupe.
_ C'est sûr j'ai passé deux jours à roupiller, quoi de plus épuisant...
_ Euh, non, je veux dire, bafouilla-t-il, vos muscles doivent être affaibli, et puis, vous devez avoir faim.
_ Je ne suis pas contre un casse croûte.
_ Mokona aussi a faim, claironna le ventre sur pattes, on descend? »
Je suivis donc mes deux compagnons de voyage hors de la chambre.
On déboucha sur un long et étroit couloir. Les autres portes devant lesquelles nous passâmes devaient être les chambres et salles d'eau, puis nous descendîmes l'escalier en bois qui craquaient dangereusement sous nos pas pour arriver dans une petite salle, peu lumineuse et aérée mais d'apparence confortable et intime vu l'accumulation de coussins autour d'une petite cheminée éteinte.
Juste à côté, sans séparation matérielle, la cuisine. Pas très grande non plus et garnie de peu de meubles que je n'avais jamais vu dans tout le pays, j'en conclu donc que nous n'étions pas une riche compagnie et que ce petit logis était notre demeure de fortune pour le moment.
Mon regard s'attarda sur la silhouette féminine affairée en cuisson qui me tournait le dos. De fins cheveux courts et flamboyants dévoilaient un cou blanc et délicat. Une tenue farfelue à dentelles qui différait des bons vieux yukatas laissait entrevoir de longues jambes effilées, et je remarquais cinq ou six lanières de cuir fermement attachées autour de sa cuisse et de son mollet droit.
Le bruit que nous fîmes dû l'interpeler et elle se retourna en sentant notre présence. Un visage aux traits fins mais visiblement épuisés, une peau laiteuse sur laquelle prônaient encore une ou deux blessures presque complètement cicatrisées, de grands yeux à la lueur émeraude quasi éteinte, ce n'était pas le cliché que je m'étais fait de la princesse du groupe...
La lueur de vie dans ses prunelles se raviva néanmoins lorsqu'elle me fixa avec surprise et elle lâcha brusquement son torchon avant de se précipiter vers moi en boitillant.
« Kurogané-san! » Soupira-t-elle en atterrissant dans mes bras et tentant de m'étreindre de ses maigres forces. Je passais mes propres bras autour de ses frêles épaules pour la soutenir et murmurais-je un rapide « Bonjour princesse. » avant que Shaolan, inquiet, ne se précipite vers elle:
« Sakura-hime, tout va bien? »
Un imperceptible mouvement de recul me choqua alors que ce brave gars ne voulait que lui venir en aide, et elle répondit en baissant les yeux.
« Oui, tout va très bien, je me remets vite, ne vous en faites pas. »
Un immense silence que je trouvais extrêmement gênant, pesant, long et inquiétant fit suite à son murmure lorsque Mokona, dont j'avais presque oublié la présence tant il s'était fait silencieux pendant une minute, sauta sur la tête de la Princesse:
« Sakura n'a presque plus de blessures et son œil est complètement guéri! Ses forces reviennent très vite et elle a même voulu cuisiner aujourd'hui !
_ Oh, j'étais de congé puisque l'auberge est fermée ce soir, et il fallait bien que quelqu'un le fasse, Fye est de sortie. » Répondit-elle en rougissant.
Ses joues ainsi teintées de roses redonnèrent un éclat lumineux à son teint quelque peu cadavérique et je songeais qu'un sourire eut été le bienvenu pour la rendre bien plus adorable.
« Oui, chantonna Mokona. Pendant que Papa dort c'est Maman qui sort! »
Cette phrase chantonnée sur un ton joyeux n'eut pas du tout le don de me faire sourire, au contraire.
« Pardon?!
_ Mokona, arrête, soupira Sakura en retournant à ses fourneaux.
_ Tu n'as pas honte de roupiller et laisser travailler ta femme tes enfants, Kuro-pii... »
Alors là, ce fut le blanc total dans mon cerveau (ça changeait du noir au moins). Mon corps fut parcouru d'un frisson incontrôlable et une bouffée de chaleur me fit tourner la tête.
« ''Papa''? ''Maman'' ?!
_ Oui, continua Mokona sur le même ton, tu ne te souviens pas non plus de vous, Kuro-daddy, Fye-mummy? Et de vos enfants, Shaolan et Sakura? »
Alors là, j'étais probablement sous l'influence d'une drogue hallucinogène que les jeunes ninjas de Nihon fument de temps en temps... Ce genre de truc dont on ne précise pas assez bien le mode d'utilisation, et que j'avais dû avaler en quantité faramineuse au lieu de le fumer...
Mais ce n'était pas possible!! Je devais être en train de rêver, ou alors j'avais été préalablement propulsé dans une autre vie, une réincarnation, mais bordel que cette aventurière de sorcière quitte ses dindons à poche et ramène son cul pour qu'on m'explique en vitesse !!
« Kurogané-san, vous êtes tout pâle ... s'inquiéta la jeune fille.
_ Sakura, intervint Shaolan, c'est qu'en fait, Kurogané-san a perdu une partie de sa mémoire.
_ Oh mon Dieu! S'écria-t-elle en plaquant ses mains sur sa bouche pour étouffer - un peu tard - un cri qui venait d'aggraver mon tournis. Est-ce ma faute? Est-ce la faute d'une de mes plumes? Ce sont les Terres Inconnues?
_ Du calme, on ne sait rien pour l'instant, mis à part le fait que je l'ai découvert en effet à la limite de la Frontière des Terres Inconnues. Il ne sait pas non plus comment il a perdu connaissance mais il ne tardera sûrement pas à se souvenir de tout...
_ Je crois bien que j'ai très peur de me souvenir de tout, au contraire. » Gémis-je en m'affalant sur une chaise, la tête entre les mains.
Un long silence où je sentis trois paires d'yeux braqués sur moi fit suite à ma plainte, m'accordant ainsi une minute de méditation bien méritée. Elilah, Terres Connues et Inconnues, Sorcière des Dimensions, Mokona, Papa Maman et... mes enfants (!?)
J'entendis la chaise en face de moi racler le sol, et la voix douce de la Princesse tinta à mes oreilles comme une petite mélodie:
« Kurogané-san, quelle est la dernière chose dont vous vous souvenez clairement?
_ Le Japon, répondis-je précipitamment. Mes parents, et Tomoyo-Hime. Sôma et l'Imperatrice Amaterasu. Le château de Shirasagi et le clan des Ninjas des Plaines. A peu près ça.
_ Il n'a jamais quitté son pays, il n'a jamais commencé de voyage, et toute cette dernière année a été lavée de sa mémoire par...
_ Toute cette dernière année ? M'exclamais-je en dévisageant les deux adolescents qui sursautèrent à mon interruption.
_ Euh... oui à peu près, bafouilla la princesse.
Un truc m'échappait. Non pas qu'un, toute une organisation d'enchainements et une logique de base même, car je m'imaginais mal marié et père de deux adolescents en seulement... un an.
A moins que dans ce monde on enfante en 15 jours et atteigne la puberté en 6 mois, mais cette éventualité transforma la compote de mon cerveau en un fluide encore plus impalpable...
Soudain une porte derrière nous s'ouvrit à la volée et Sakura sauta sur ses pieds.
« Fye-san! »
Shaolan la suivit du regard, un regard absent et mélancolique, alors que la jeune fille courrait en boitant légèrement vers la porte derrière moi. Je l'entendis alors tomber dans d'autres bras, et elle murmura des paroles de bienvenue la tête enfouie sous des vêtements. Elle devait être très attachée à Fye pour ainsi s'inquiéter d'une simple absence, et à la teinte de soulagement et de joie dont sa voix était empreinte à son appel, j'en conclu qu'elle y tenait même énormément...
« Kurogané-san s'est réveillé, mais il ne se sent pas très bien il... il a en partie perdu la mémoire sur... sur notre voyage, et sur nous... »
Je décidais de m'armer de courage (en fait, non, le courage fait partie intégrante de mon psychisme, plutôt de bonne volonté je devrais dire) et me retournais pour faire face à la dernière personne de ce groupe, qui était techniquement et théoriquement ma femme, et... cru que mes nerfs allaient rompre sous l'effet de l'aberration sous la tournure quasi affligeante que prenait la situation.
« Mais c'est un HOMME! » M'écriais-je entre colère, surprise, et panique.
Oui, malgré ce corps fin et une silhouette à l'allure gracieuse, cette grande asperge à la tignasse blonde ne pouvait pas être autre chose qu'un individu de sexe masculin.
« Ouah, notre Kuro n'as au moins pas perdu son sens de l'observation! » Ajouta ce dernier dans un petit rire.
Le trop plein de confusion s'accumula dans ce qui pouvait rester des miettes de mon cerveau et je songeais que si j'avais toujours mon katana à la ceinture, je m'en serais immédiatement servi pour mettre fin à mes jours, là, dans l'instant, avant que ne voie débarquer un défilé de dragons en tutu léger...
Pour me soulager je me dis qu'à présent que toute la bande s'était présentée à moi, rien ne pouvait être pire (je mis ma prochaine rencontre avec la sorcière des dimensions de côté, bien évidemment).
Alors que Shaolan s'était levé pour aider la Princesse à mettre la table, j'étudiais avec plus d'attention le dernier venu: le teint presque aussi pâle que la princesse, un corps chétif et malingre, une démarche sûre et souple, une élégance particulière émanait de cet étrange personnage, d'une beauté tout de même remarquable. Il me sembla bien plus énigmatique encore lorsqu'il me dévisagea et que je vis son œil gauche masqué par un bandeau noir, qui n'étayait en rien la finesse des traits de son visage.
L'autre iris braqué sur moi se révélait être d'un bleu profond, une prunelle océan à l'expression sombre et amère, pleine de confusion et de douleur.
Et beh, ils me semblaient tous bien heureux, ces compagnons qui m'entouraient. Peut être après tout étions-nous une sorte de club pour dépressifs partant en voyage à la recherche de la lumière de la vie...
« Kuro-daddy, Fye-mummy, les enfants, A taaaaAAABLE! Brailla la boule d'énergie en sautillant autour des couverts.
_ Mokona, rigola Fye en faisant naître un sourire qui sonnait faux à mes oreilles, arrête de nous appeler comme ça, tu vas faire peur à Kuro-pon!
_ C'est bon c'est déjà fait, grommelais-je
_ Aaaah! D'où ton exclamation de surprise à mon arrivée ! Oh, as-tu été déçu? Ajouta-t-il, goguenard. Ne suis-je donc pas ton type, Kuro-Kuro? »
A mon avis pas besoin de chercher loin la cause de mon amnésie. J'ai du en avoir tellement marre de cette bande de clowns que j'ai dû trouver une potion magique dans la première chaumière du bled afin d'en finir avec ses douloureux souvenirs de voyage...
« Vous avez trouvé quelque chose Fye-san? » Demanda Shaolan en détournant la conversation vers un sujet qui mettrait me mettrait moins mal à l'aise.
L'interpelé fixa Shaolan comme si c'était la première fois qu'il lui parlait, puis secoua la tête.
« Les personnes disparues n'avaient aucuns liens entre elles, ni de parentés, ni professionnels, ni intimes... Je me suis approché de la frontière des Terres Inconnues, près du lieu où Shaolan a découvert Kurogané inconscient il y a deux jours, mais aucun indice. Depuis que le Maire a disparu, nous sommes dans une véritable impasse. La seule personne qui semblait avoir découvert quelque chose, c'était toi. »Conclu-t-il en soutenant mon regard, que je ne détournais que pour observer le potage que nous servait Sakura.
_ Oui, bah navré, je ne suis pas plus enchanté que vous d'avoir était le cobaye d'un puissant lavage de cerveau.
_ C'est ce qui me pousse à croire que tu avais découvert un élément important.
_ Un élément à propos de quoi?
_ Bah justement, on ne sait pas puisque tu l'as oublié! » Minauda gaiement le grand bond sur un ton presque ironique qui fit naitre en moi une irrésistible envie de le frapper.
Je concentrais ma pulsion meurtrière plutôt vers la peluche qui avait déjà dévoré la moitié de sa soupe alors que nos trois autres plats étaient encore trop brûlants... Attendez une minute, « trois »?
« Pourquoi t'as pas d'assiette? Demandais-je au gringalet tout sourire, tandis que je venais seulement de remarquer qu'aucun couvert ne lui avait été distribué. T'as pas faim? »
Son amusement s'évapora aussi soudainement que si on avait effacé un sourire à la craie d'un tableau noir. Je ne doutais pas un instant que je devais être celui qui avait assaini le coup d'éponge puisque le regard de Shaolan et Sakura se braquèrent sans gêne sur moi, allant alternativement de mon visage à celui à présent froid de mon voisin. Mokona quant à lui fit mine de ne rien entendre en continuant de lécher son assiette avec appétit.
« Vous lui avez remémoré quelques évènements? Questionna gentiment le blond à Sakura.
_ Mokona lui a raconté le premier jour où l'on s'est rencontré, à la boutique de Yûko! Brailla la boule de poil. Et Shaolan a mentionné très vite Fei Wang Reed, et la quête des plumes de la mémoire de Sakura!
_ Mais nous n'avons pas abordé le sujet de... Tokyo... bafouilla Shaolan. Enfin ça en faisait déjà beaucoup... on ne voulait pas trop précipiter les...
_ Oui c'est bon je comprends, le coupa Fye qui se releva, cachant toute expression derrière sa frange blonde. Je remonte dans la chambre. En fait, non. Je retourne faire un tour, voir si le Maire est de retour on ne sait jamais.
_ Fye-san » murmura Sakura en saisissant sa main.
Il lui jeta un regard que je trouvais terriblement compatissant et lui embrassa le front.
« Je rentrerai ici cette nuit, et je veux te voir couchée. Tu as aussi besoin de repos et ne fatigue pas ta jambe! »
Sur ce il sortit, me laissant seul, seul armé de ma gaffe pour faire face aux regards curieux de ces drôles de héros...
