Jamais mon corps ne m'a paru aussi brulant et ankylosé à la fois. Ce liquide chaud se repend tel un faible ruisseau entrainant avec lui ma conscience. Soudain à genoux, je fais face à mon destin prochain. Mon énergie vitale s'amenuise, serpentant au loin de mon corps. Mon environnement devient de plus en plus brumeux. Et le compte à rebours commence. Je l'entends. Chantonnant avec avidité ma mort prochaine.

10.

Remise de mon étourdissement, les sensations reviennent les unes après les autres : mes genoux abimés par ma chute sur ce parterre de fin gravier, mes cuisses cuisantes de mon dernier et ultime combat, mes mains recouvertes d'ecchymoses douloureuses, mes bras couverts d'égratignures, mes épaules affaissées, mes côtes brisées, mon ventre transpercé.

9.

A nouveau ma vision se fait trouble. Les lumières m'apparaissent telles des boules rayonnantes m'éblouissant de leur force, de leur vitalité. Les sons semblent flou, loin et proche à la fois.

8.

Une chaleur sur mon épaule, quelle est cette sensation ? Peut-être une main, mais la main de qui ? Où suis-je ? Avec qui ? Je ne m'en rappelle aucunement. Ma mémoire a, elle aussi, décidé de me faire défaut en cette triste nuit.

7.

Un liquide me coule sur le visage. Il ne s'agit pas de sang j'en suis certaine. Alors qu'est-ce donc ? D'où, ou plutôt, de qui provient-il ? Une douce caresse sur ma joue m'indiqua la réponse. Des larmes dévalent mon profil. Mais d'autres semblent émaner d'une source étrangère. De qui ?

6.

Un vague faciès me parvient :des cheveux noirs de jais, des yeux gris ou noir en apparence bouffis sans doute dû aux larmes abondantes, un nez assez fin dégoulinant de morve, une mâchoire bien taillée, des lèvres dessinées légèrement rosées malgré le pincement conféré par ses dents. Quel visage gracieux.

5.

Son expression pourtant me déplait au plus haut point. Ce visage d'habitude moqueur teinté d'une malice extrême est peint d'une tristesse déchirante. Ses yeux hurlent son désespoir. Sa bouche exprime sa rage d'impuissance. Ses larmes exultent sa peine insupportable

4.

Enfin ce qu'il murmure me parvient. Mon prénom. Mon prénom répété en boucle tel un vieux vinyle rayé. C'est bien la première fois que je l'entends autant, comme quoi cette situation a ses avantages.

3.

Un petit rire émerge de mes lèvres. Rapidement suivi par ce même liquide carmin dégoûtant. L'homme au-dessus de moi s'agrippe d'autant plus à moi. A présent sur ses genoux, ma tête calée sur son torse, le bruit de son pouls surgit. Me rappelant trop bien le mien fléchissant.

2.

Toussant une nouvelle fois. Je profite du dégagement de ma gorge pour prononcer ces quelques mots.

-Ku… Kuroo...

-Chut. Chut. Préserve tes forces. Kenma va bientôt arriver et tout ira mieux. Dit-une voix roque faible.

Un doigt sur mes lèvres m'incite à suivre son commandement. J'aimerais tellement pouvoir agir comme tu le désires. Malheureusement le temps m'est compté nous le savons tous les deux mais tu refuses de l'admettre, je suppose. Cependant cette fin n'est pas la nôtre. C'est un fait indéniable. Nous nous reverrons, peut-être pas maintenant, pas dans 10 ans non plus, mais un jour nous serons à nouveau réunis. Sois en certain comme je le suis.

1.

Si seulement tu savais à quel point j'aimerais te dire ses derniers mots. Mes derniers mots. Fâcheusement les forces me manquent pour faire cela. Alors je me contenterais de cet ultime mot à toi mon amour en espérant que tu comprendras tous les sentiments et significations dissimulés derrière ce dernier. Forçant un final symbole de notre aventure je dis :

-Souris.

Le suprême son me parvenant fut ton cri de déchirement. Puis, je partis le sourire aux lèvres. Fière de notre vie, notre histoire, notre idylle.

0.

Qu'a-t-il bien pu m'arriver ? Comment en suis-je arrivée là ? Que se passe-t-il ensuite ? Tu te poses la question, hein ? Ne fais pas le timide, je sais que tu es intrigué par cet événement désastreux, cher lecteur. Veux-tu que je te raconte ? Allez, viens, plonge avec moi dans les méandres de cette histoire remplie de joie, de bonheur, tout autant que de désastre et de malheur, de bonnes et de mauvaises rencontres. Revis en ma compagnie l'histoire qui fut la mienne.