Auteure : Amanda A Fox
Film : It (Ça) 2017
Couple : Richie Tozier/Eddie Kaspbrak, autres légers couples secondaires
Genre : Romance/Friendship/Drame
Résumé :Richie Tozier pensait que Pennywise avait été l'une des plus difficiles épreuves à braver, mais il avait eu tort de penser ainsi. Un an et demi après la disparition du clown, sa peur viscérale concernant son meilleur ami commença à prendre vie.
Petit Blabla introductif : Ça y est, je me suis mise dans le fandom It qui regorge de sublimes fics, surtout sur Richie/Eddie (Reddie pour les intimes dirait-on), et cette fic m'a emportée loin, l'univers et les personnages sont d'une grande source d'imagination pour moi, et j'espère que cette toute première fic que je produit sur ce couple vous plaira.
Cette fic se déroule donc un peu plus d'un an et demi après la fin du film It 2017 et je ne prends pas vraiment en compte les livres, désolée pour ceux à qui ça pourraient chagriner. Richie a donc 15 ans, et Eddie 14 au début de cette histoire (nous nous trouvons donc en 1991, et les Losers sont en 9th grade qui est l'équivalent de la troisième pour nous)
Voilà j'effectuerai des notes en fins de chapitre au fur et à mesure de l'histoire. Bonne lecture !
Dear Best Friend
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Chapitre 1
C'est malheureusement bien réel
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« Où est Eddie ?! » s'exclama Richie Tozier une fois arrivée à l'accueil de l'hôpital, essoufflé comme jamais.
Son vélo était échoué à l'entrée même du bâtiment et empêchait la plupart des clients et visiteurs de rentrer, mais il ceci était le cadet de ses soucis à l'heure actuelle.
Mme Newman, vielle dame toujours au courant de tout, amie de longue date avec Mme Tozier avec qui elle aimait passer le week-end à jouer au Bridge avait été l'une des premières au courant de l'accident. Pour la première fois, elle avait été présente à la base même du potin, étant sortie étendre du linge lorsqu'une Mercedes 190 Berline avait braqué bruyamment dans le virage. Cette dernière s'était apprêtée à faire de grand geste pour montrer au chauffeur qu'il allait bien trop vite lorsqu'elle avait vu la scène se dérouler sous ses yeux impuissants.
Une fois les ambulances arrivées, elle avait aussitôt appelé les Tozier, sachant que leur rejeton était grand ami de la descendance des Kaspbrak.
Richie Tozier avait entendu vaguement le téléphone sonner, la sonnerie étouffée par la musique assourdissante qu'il avait mise en route dans toute la maison puisque ses parents rentreraient tard ce soir-là. Il se rappela avoir juré et avait lâché sa Game Boy en pleine partie de Metroid II pour ensuite sauter hors de son lit.
Mais lorsqu'il avait décroché avec lassitude tout en se plaquant contre le mur derrière lui, réfléchissant toujours à un moyen pour passer le niveau difficile et complexe de son jeu, la panique qui avait émané de l'amie de sa mère l'avait soudainement éveillé.
Eddie Kaspbrak avait été renversé par une voiture lorsqu'il rentrait du sport.
« Eddie Kaspbrak ! » insista donc Richie à l'hôtesse d'accueil. « Un type du même âge que moi, tout fin, tout bien coiffé, et haut comme ça ! » il plaça sa main un peu en dessous de sa joue pour montrer à la jeune femme la taille du concerné.
Cette dernière demanda donc à un Richie agité d'épeler le nom de son ami, ce qu'il fit, le souffle court. Il allait faire un arrêt cardiaque, impossible autrement. Mme Newman n'avait aucune information concernant l'état d'Eddie, ayant seulement vu de loin qu'il bougeait toujours et que les ambulanciers l'avait embarqué rapidement.
Mais Richie lui en voudra toujours pour ne pas être allée aider Eddie, cette dernière ayant une phobie particulière pour le sang et les hôpitaux. Certes elle avait appelé de ce pas le 911, mais elle l'avait laissé seul avec ce chauffeur de Mercedes douteux.
« Il est au bloc à cet instant, » lui expliqua la jeune femme brune d'un air désolée.
« Je dois le voir ! » insista Richie d'une voix plus forte, ignorant totalement le fait qu'il était dans un hôpital supposé calme.
« Vous êtes de la famille ? » s'enquit-elle donc, connaissant pourtant très bien la réponse.
« Je suis son meilleur pote ! Sa mère est une vraie tarée, il a besoin de moi ! » insista Richie en serrant les poings contre le comptoir en bois.
Après l'affaire de Pennywise qui datait d'un an et demi maintenant, Eddie avait été plus distant avec sa mère et peut-être un peu plus rebelle, mais cette dernière avait intensifié son instinct de protection et ses directives personnelles pour garder Eddie en bonne santé et près d'elle. Richie savait que son ami aurait besoin de lui. Il le savait, il le connaissait comme jamais.
« Je suis encore une fois désolée, mon garçon, » fit la jeune femme en secouant lentement la tête. « Ce sont les ordres, pour le moment, seuls les membres de la famille sont autorisés. »
Richie bouillonna intérieurement, sachant que s'il n'avait pas la chambre ou le couloir précis d'où se trouvait son ami, il ne pourrait jamais le retrouver dans cet hôpital gigantesque.
« J'suppose il est trop tard pour dire que je suis son frère… ? » lâcha Richie entre ses dents.
L'hôtesse d'accueil laissa échapper un petit sourire amusé, et hocha cette fois-ci la tête.
« En vrai, c'est mon copain, vous savez, copain, » reprit Richie qui voulait tout tenter. « Donc future famille. Capiche ? »
Encore une fois un mensonge, car si jamais Sonia Kaspbrak savait cela, Eddie serait privé de sortie jusqu'à la fin de sa vie. Mais cette vision des choses ne le dérangeait en aucun cas, et ne dérangerait surement pas les parents de Richie non plus qui se fichait pas mal de ce que leur fils faisait de ses fesses.
Si seulement Eddie pouvait penser la même chose…
« Écoute, même si je te donnais le numéro du bloc, tu ne serais pas en mesure de le voir. Pas tout de suite en tout cas, » reprit la jeune femme patiente et aimable.
« Alors dites-moi s'il va bien, s'il vous plaît. »
« Je n'en sais pas plus que vous. Mais selon les dossiers, il est en vie. »
Cette petite infirmation eut don de le relaxer un petit peu. Il hocha donc la tête, laissant donc tomber l'idée d'avoir l'emplacement d'Eddie au beau milieu de ce bâtiment puant le propre et bien trop blanc pour lui. Il remercia la jeune femme d'un bref signe de tête et se retourna.
Mais c'était mal connaître Richie. Il n'allait pas laisser tomber si vite.
Rapidement, il rejoint le hall d'attente là où quatre téléphones étaient accrochés au mur, et pendant qu'il se dirigeait vers celui qui était libre, il fouilla les poches de son jean et récupéra trois pièces qu'il introduisit dans la machine. Le premier numéro qu'il composa fut celui de Stanley Uris.
« Famille Uris, » fit la voix du juif à l'autre bout du fil.
Richie remercia un Dieu quelconque pour que Stan ait répondu à la place de son père flippant ou sa mère atone. Il n'avait pas non plus de temps à perdre à chercher à joindre autrement Stanley.
« Hey, Stan ! » s'exclama Richie en tapotant nerveusement du bout de son index la cage du téléphone. « Faut que tu te ramènes, besoin de toi pour te faire passer pour le frère d'Eddie. »
« Me faire passer pour son frère ? Tu rigoles j'espère ? » lâcha aussitôt Stan qui avait reconnu la voix précipitée de son ami.
« Vous avez la même morphologie ! » insista le Grande Gueule du groupe.
Il n'y avait pourtant pas photo, Stan et ses cheveux bouclés comme la laine ne pourraient jamais se faire passer pour le grand frère d'un Eddie au visage tout à fait différent du sien.
« Il se passe quoi ? » reprit Stan après un temps d'attente, ayant surement compris que quelque chose clochait. « J'entends ta respiration pleine de stress jusqu'ici. »
Richie tenta de se calmer et ferma un instant les yeux, encore secoué par la nouvelle. Il ne l'avait encore jamais dit tout haut et sa gorge demeurait serrée.
« Eddie a eu un accident, il est à l'hôpital et ils refusent de me laisser aller le voir. »
Il maudit sa voix qui avait déraillé vers la fin, trahissant son mal-être. Il entendit Stan lâcher une exclamation quand il rouvrit les yeux, remarquant ainsi que ses cils étaient humides.
« Est-ce qu'il va bien… ? » demanda Stan d'une voix rapide.
« Tout ce que je sais c'est qu'il est en vie, Stan… Je ne sais pas dans quel état il est, s'il lui manque une jambe, un bras, s'il sera capable de nous reconnaître, j'en sais putain de rien ! »
Son poing vint s'encastrer contre le mur à côté du téléphone, faisant tourner quelques têtes curieuses vers lui, alertés aussi par le son de sa voix puissante. Richie ignora la douleur qui irradia ses phalanges et secoua vivement la tête, essayant de se reprendre. Il jeta un bref coup d'œil derrière lui pour voir s'il avait beaucoup attiré l'attention, n'ayant pas franchement envie de se faire virer d'ici.
« Je préviens les autres et j'arrive, dac' ? »
Mais Richie fut incapable de discerner les paroles de son ami car ses yeux s'étaient perdus vers un homme à la veste en cuir noire et au jean de la même couleur qui boitait vers la sortie. Il écarquilla les yeux de surprise, se rappelant des paroles de Mme Newman à propos de ce chauffeur fou : Un type en costume de motard, boiteux et aux cheveux aussi blancs que moi.
Et les cheveux peroxydés de cet homme ne pouvaient pas être un hasard.
Sans demander son reste, il raccrocha vivement le téléphone et se dirigea à grande enjambée vers l'homme en question, ignorant les quelques larmes qui avaient coulé le long de ses joues. Non, là un sentiment tout autre prenait place dans son cœur.
« Hey ! » s'exclama Richie aux poings serrés tout en se plaçant entre la sortie et le motard sans casque.
L'homme de la quarantaine et à l'air désabusé le regarda avec un certain mépris, détaillant l'exactitude de Richie Tozier et ses un mètre soixante-cinq.
« Vous êtes le type qui conduit cette foutue Berline ? » lâcha Richie qui voulait être sûr que cette personne était le chauffeur en question.
« Yup, qu'est-ce que tu m'veux ? » marmonna l'autre homme d'une voix rauque.
Et là, la colère qui scintillait dans le cœur de Richie explosa d'une acidité extrême. Cette soudaine adrénaline fit serrer son poing très fort et la droite qu'il envoya contre le nez de cet individu fut d'une rare violence.
Le chauffeur fou cria de douleur et tomba en arrière, surpris par le coup administré par le jeune garçon mais avant que Richie ne puisse sauter sur lui et le rouer de coups, un homme à la peau noire et baraqué lui attrapait déjà les bras pour l'arrêter.
« Sale bâtard ! J'vais te défoncer tu m'entends ! » hurla Richie en se débâtant comme un animal sauvage. « J'vais te défoncer et t'amener aux pieds d'Eddie pour que tu t'excuses à genoux et dans ton propre sang ! »
Il y eut d'autres exclamations quand l'autre homme se leva, près lui aussi à faire payer à Richie cet affront. Mais deux hommes et une femme vinrent arrêter le motard de Mercedes.
« T'es mort, mon gars ! » s'époumona Richie, totalement déstabilisé par tous les événements.
Résultats des courses, il fut amené à l'extérieur près du parking, mais grâce à l'hôtesse d'accueil qui avait compris toute l'histoire, aucune plainte ne fut retenue contre le Tozier encore agité.
Assis sur le rebord du trottoir, l'homme à la peau noire et au t-shirt blanc qui avait su le bloquer était placé à côté de lui, et regardait les voitures se garer, partir ou bien stationner, d'un regard doux comme si chaque scène de la vie était un spectacle.
« Il faut que tu saches te contenir, petit, » fit l'homme en jetant ensuite un regard vers Richie qui fixait le sol, sourcils froncés. « La vengeance n'a jamais apporté satisfaction, hormis pour l'égoïste. »
Richie lui lança un regard lourd, n'ayant pas besoin d'entendre cela maintenant. Ne pas connaitre l'état d'Eddie le rendait de très mauvais poil.
« Vous êtes un prêtre ou c'est comment ? » lâcha Richie peut-être un peu sèchement.
« Non, je suis mécanicien, mais je participe à la messe du dimanche, » lui sourit l'inconnu pourtant loin d'être outré par le ton de Richie.
Et le sourire bienveillant de cet homme eut finalement don de calmer un peu l'autre garçon qui remarqua que son attitude pouvait être un peu puérile. Mais ceci n'empêchait pas sa colère d'être toujours fortement attisée.
« Si jamais ce type a tué Eddie ou même abîmé son visage ou son corps pour la vie, j'vous le jure monsieur l'prêtre, je vais le traquer et le tuer. »
« Ne t'occupes pas l'esprit de cela maintenant, » répliqua pourtant l'homme en secouant lentement la tête. « Ton esprit doit uniquement être focalisé sur ton ami, tu m'entends. La seule chose dont il a besoin c'est de toi et ta stabilité. »
Pendant quelques secondes, Richie médita là-dessus. Néanmoins, Eddie ne savait rien de tout ça, il pouvait donc aller assassiner cet homme dans son sommeil sans qu'il ne le sache, ça ne lui ferait pas de mal, si ?
Mais le sourire si bienveillant du mécanicien faisait lourdement réfléchir Richie.
Soudain, il vit dans le lointain son groupe d'ami arriver en vélo et déposer leurs bicyclettes contre le grillage. Richie se leva donc aussitôt et le mécanicien comprit que les amis du garçon étaient arrivés pour lui. L'homme noir se leva et Richie se retourna un instant vers lui.
« Les jurées sont toujours en train de débattre… Mais si ça peut vous rassurer, je ne vais pas foutre encore une fois le bordel dans l'hôpital, » lui promis Richie avec un air qu'il voulut las.
« Tu m'en vois rassuré, » lui sourit l'autre homme avec un bref signe de tête.
Signe de tête que répondit Richie avant d'accourir vers Stan, Bill, Beverly, Ben, mais aussi, Mike. Ils étaient tous là pour soutenir Eddie.
O
Richie Tozier bouillonnait. Le club des Losers avait fini par être acceptés jusqu'au couloir où se trouvait Eddie une fois sorti du bloc, mais Mme Kaspbrak refusait qu'ils entrent voir son fils. C'était donc elle qui monopolisait la chambre d'Eddie depuis une bonne heure, et Richie allait devenir fou.
Assis sur la chaise du couloir, il harcelait pourtant chaque médecin qui passait afin d'avoir des nouvelles, mais les ordres étaient les ordres. Seuls les membres de la famille pouvaient connaître l'état du jeune garçon, et donc, tout reposait sur la mère d'Eddie.
Berverly et Bill durent s'y mettre à plusieurs fois pour calmer Richie qui allait finir par tous les faire virer de l'hôpital s'il continuait de crier à l'injustice comme cela. L'attente était injuste, Richie ne pouvait pas rester de marbre et attendre bien gentiment comme le faisaient des personnes bien élevées tels que Stan ou Mike.
Soudain, la porte de la chambre appartenant à Eddie Kaspbrak s'ouvrit sur la mère de ce dernier qui la referma aussitôt derrière elle avec un certain retard et Richie fut le premier à quitter son siège, le regard ampli de crainte. Mme Kaspbrak renifla et essuya une énième larme à l'aide de son mouchoir en tissu et darda un regard éreinté vers le groupe.
Richie resta paralysé, son cœur battant frénétiquement contre sa cage thoracique à tel point que ça en devenait douloureux. Jamais il n'avait vu pleurer la mère d'Eddie, et pourtant, Dieu sait le temps qu'il avait passé chez eux.
Berverly n'osa cependant pas bouger pour aller réconforter la mère d'Eddie, sachant que malgré le temps qui était passé, elle la voyait toujours d'un très mauvais œil. Ainsi, ce fut Ben que tout le monde aimait qui vint près d'elle en plaçant une main contre son bras afin de lui apporter une certaine assurance.
« Eddie est, selon les médecins hors de danger, » avoua finalement Mme Kaspbrak en remerciant Ben du regard pour ensuite observer le groupe des Losers qui se tenait devant elle. « Mais pour le moment, il est plongé dans un coma… »
Un frisson d'horreur parcourut le corps tout entier de Richie. Pour une fois, il resta muet de stupeur, n'ayant pas les mots.
« Le coma ? » répéta Stan visiblement lui aussi tout aussi éberlué.
« Pour combien de temps ? » demanda aussi sec Bill tout en plaçant une main contre l'épaule de Richie à côté de lui pour lui apporter un brin de réconfort.
Malgré l'importance de la conversation, le Tozier semblait planer. Tout était flou autour de lui, comme si son esprit tentait désespérément de monter une barrière psychique afin de se protéger de toutes ces mauvaises nouvelles. Il déglutit et ses bras se mirent à trembler, ne ressentant même pas la main chaude de son ami contre son épaule.
« Ils ne savent pas. Ça peut-être des jours, des mois… » avoua la mère d'Eddie en reniflant à nouveau pour ensuite se moucher bruyamment dans le mouchoir humide.
La scène aurait pu être burlesque et Richie n'aurait très certainement pas hésité à faire une belle blague concernant madame Kaspbrak, mais la situation était loin d'être prompt à la plaisanterie. Il sentit ensuite les yeux lourds de larmes de la génitrice d'Eddie croiser ses pupilles tremblantes, et il put y lire une certaine méfiance.
Depuis l'affaire avec Pennywise, elle n'entretenait pas une très bonne relation avec Richie, surtout depuis les derniers mois où Eddie commençait à plus sortir avec ses amis et à disputer les principes de sa mère. Elle savait que le comportement d'Eddie changeait à cause de Richie. Mais Richie lui savait que c'était simplement son meilleur ami qui murissait et suivait sa propre voie.
Et madame Kaspbrak ne l'acceptait pas.
« La bonne nouvelle est pourtant qu'il n'a rien de cassé hormis une côte et une entorse au poignet, » reprit Sonia en délaissant Richie des yeux pour regarder Bill qu'elle avait toujours considéré comme le plus mature du groupe.
Et elle n'avait surement pas tort sur ce coup-là.
« Alors pourquoi est-il dans ce putain de coma ?! » s'emporta soudain Richie en faisant un pas en avant, Bill étant contraint de le lâcher.
« Baisse d'un ton, Richard, tu es dans un hôpital, » le sermonna Sonia en foudroyant Richie du regard, lui lança une seconde menace.
Mais Richie n'en avait rien à faire. De toute manière, ce n'était pas comme si Eddie se reposait là-derrière le mur.
Ce type à la Mercedes, il allait le tuer. Le tuer.
Mais avant qu'un nouveau scandale n'éclate dans les couloirs de l'hôpital, Beverly fut plus judicieuse et s'approcha de Sonia en espérant qu'elle ne puisse pas empirer les choses.
« Nous souhaiterions voir notre ami, » fit-elle d'une voix aussi douce que possible. « Nous aimerons le voir et lui parler… »
Richie se calma et hocha vivement la tête mais Bill le tira par la manche avant même qu'il ne puisse dire un potentiel commentaire désobligeant. Sonia quant à elle inspecta un instant la jeune fille du regard à la salopette bleue marine et finalement, emportée par les mots simples et gorgés d'émotions de Bev', elle hocha la tête.
« Vous pouvez aller le voir. Je vous donne dix minutes. Après vous déguerpissez, Eddie a besoin de respirer un peu. »
« Dix minutes ?! » siffla aussi sec Richie avant que Stan ou Bill n'ait pu le tirer par l'oreille ou par le col. « Et vous ? Vous croyez l'avoir laissé respirer en-… »
« Viens Rich', arrête de chercher partout les ennuis, » coupa ensuite Stan en poussant Richie sur le côté.
Mme Rapsbrak lui lança un regard quelque peu hautain que Richie se décida alors d'ignorer, finalement trop heureux de pouvoir se diriger vers la porte close de la chambre en question. Stan le laissa abaisser la poignée et lança un regard lourd de sens à Beverly juste à côté de lui.
Ils étaient venu certes pour Eddie, mais aussi, une petite partie pour Richie qui risquait de mal vivre ce qu'il allait éventuellement pouvoir découvrir aujourd'hui.
Richie coupa sa respiration et ouvrit la porte pour faire face à une chambre d'hôpital pourtant relativement coquette bien que sombre et puante de produits médicaux. Les stores des fenêtres séparant le couloir et la chambre étaient totalement poussés et les rideaux du fond à moitié tirés, laissant faiblement entrer la lumière du soleil couchant.
La blancheur de la chambre prenait une couleur orangée. Le sol, les murs, l'écran de la télévision, et même les draps. Mais cette lumière était bien assez intense pour se repérer et Richie n'avait pas pour objectif d'allumer la lumière de la pièce et tout de suite prendre conscience de l'état dans lequel se trouvait son ami.
Ainsi, il fut le premier à se diriger vers le lit aux draps parsemés de jolies couleurs orangées et finalement, une fois la porte close derrière Mike, ils furent tous face au garçon allongé dans le lit en question.
Et ce fut un choc pour le groupe qui en réalité, n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer quelqu'un plongé dans le coma. Eddie leur ami depuis un temps déjà, était là, les yeux fermés, la bouche entrouverte, sous perfusion et au bandage épais entouré autour de son crâne. Son visage était pâle, hormis ses joues rougies et égratignées par endroits, mais mis à part tout cela, il paraissait… tout simplement dormir.
« C'est une blague, hein ? » lâcha Richie en brisant le silence pesant dans lequel étaient tombés lui et le gang. « C'est une grosse blague. Eds ne fait que pioncer, hein ? C'est un putain de gag, j'le sens. »
Mais la dernière partie de sa phrase trahissait sa détresse et sa tristesse. Sa voix avait totalement déraillé, et aussitôt, Richie se mordit vivement la lèvre inférieure.
« Il se ré-réveillera, » lui assura Bill à voix basse comme pour ne pas réveiller un potentiel endormi. « Il a déjà survécu à b-bien pire. Comme à It. »
Mais les plus belles paroles du monde n'avaient aucun effet sur Richie qui ne pouvait pas y croire. Eddie paraissait si proche de lui. Si proche. Et pourtant, si loin.
Le temps passa. Peut-être deux minutes, ou vingt, Richie n'en savait trop rien. Il entendit vaguement ses amis parler entre eux ou bien carrément à Eddie, lui souhaitent un bon rétablissement ou lui offrant une petite blague.
Mais Richie resta figé près du lit. L'une de ses mains vint légèrement se lever, en direction de la paume échouée d'Eddie près de son bassin. Si proche, mais si loin. Sa main retomba finalement et il serra le poing, partagé entre colère et tristesse. Il aurait voulu secouer Eddie par les épaules et lui hurler de se réveiller.
« Tu peux lui tenir la main, tu sais, » glissa soudain Beverly située à côté de lui.
Il ne l'avait pas sentie venir jusqu'ici, la croyant encore près de la fenêtre à observer le coucher de soleil dans un profond silence. Richie lui lança un bref regard, cette dernière ayant surement remarqué son geste inutile.
« Non… Non… » fit Richie en secouant lentement la tête, reculant ainsi d'un pas.
Il ne savait pas réellement si ses amis avaient découvert ou non l'attirance qu'il avait définitivement pour Eddie et il s'en foutait royalement au final. Mais ce que lui avait demandé Bev' était impossible pour lui pour une tout autre raison.
Bill et Mike lancèrent quelques furtifs regards vers Richie, surpris que leur ami soit aussitôt sur la défensive.
« J'ai peur de sentir sa main, » avoua soudain Richie, la respiration rapide et le teint soudain pâle. « J'ai peur de la sentir gelée. »
Les paroles profondes du Trashmouth de service en glacèrent plus d'un et Stan lui lança un regard désolé et peiné. La seule fois où ils avaient vu Richie Tozier dans un état semblable c'était lorsqu'il avait perdu la montre de son père qu'il avait ramené à l'école pour narguer ses amis et attirer les filles de primaire.
« Ouais, j'suis putain d'effrayé, » marmonna Richie dans souffle en surélevant ses lunettes d'une main pour frotter l'arête de son nez et son œil droit qui allait céder une larme.
Et Hormis la fois où Pennywise était venu les enquiquiner il y a de cela plus d'un an, jamais Richie ne parlait de ses angoisses et ses craintes, détestant voir la pitié dans les yeux d'autrui.
« Richie… » commença Bev' en tendant une main vers lui.
Mais Richie recula à nouveau vivement, ses semelles de chaussure crissant contre le sol ciré. Il quitta des yeux Eddie et fit volte-face contre le mur derrière lui pour y encastrer bruyamment son poing.
Le coup fit crier Ben et Beverly de surprise et Stan fut le premier à se jeter vers Richie pour tirer sur son poignet et voir l'état de sa main. Mais Richie le repoussa aussi sec et détala tel un fou hors de la chambre, ne pouvant supporter de rester dans cette ambiance de mort plus longtemps.
Pardon, Eds !
La jointure de ses doigts piquait d'une douleur acide et un liquide chaud et rouge s'y échappait pour glisser le long de ses phalanges compressées.
Mais cette souffrance fut d'une fraîcheur absolue, lui faisant ressentir pleinement la vie qui l'entourait et le corps qu'il possédait.
Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Hâte de voir vos avis c:
Kiss
