Hep hep hep ! Toi, avant de lire la fiction, lis plutôt ça :

L'histoire se passe avant que Clary arrive, etc... En fait, rien de cela ne s'est passé, et on est à L'Institut de New York, comme on l'a toujours été avant que Clary ne vienne tout chambouler.

Au fait, c'est une "mini" fiction ! Il n'y aura pas 15 chapitres, quoi... Aussi, avertissement : j'écris très lentement !

Il n'y a aucun spoiler sur les livres, mais c'est mieux si vous avez lu le 1er tome. D'ailleurs, je m'appuie sur les descriptions des personnages du livre.

Et puis, j'ai écris en écoutant une playlist musicale que j'ai créée pour l'occasion, donc si vous aimez lire en musique, j'essaie de mettre les liens dans les commentaires, mais les playlists sont aussi présentes sur Deezer (où mon nom est payrwinn) et sur Youtube (où mon nom est Noémie). Elles ont à chaque fois le nom du chapitre (en majuscules aussi) avec marquer à côté "OS Jalec". Dites moi dans les commentaires si ça marche pour vous !

Merci d'avoir lu cette longue note. Je te laisse tranquille maintenant... Bonne lecture à toi !

(j'aimerais bien avoir ton avis par la suite, donc n'hésite pas à écrire un commentaire constructif ! )

Affectueusement, N.


Alec arriva devant la chambre. La porte était grande ouverte, alors il s'arrêta avant d'être visible de l'intérieur. Des milliers de questions tournaient dans sa tête, le torturaient, le déchiraient. Il passa ses mains nerveusement dans ses cheveux, les fit glisser sur son visage comme s'il venait de se réveiller. Ses entrailles étaient remplies de plomb, et une boule dans sa gorge s'était formée. S'il ne le faisait pas, il allait étouffer en moins de deux. A chaque nouvelle pensée que son cerveau formulait, il avait l'impression de prendre une gifle de plus en plus forte. Il se sentait prêt à entrer dans la pièce, mais ses pieds voulaient faire demi-tour. Il serra la mâchoire sa respiration devenait saccadée et il semblait au bord des larmes. Il ne s'était jamais senti aussi mal dans sa peau. Ce qu'il était sur le point de faire lui avait toujours semblé ridicule, surtout à ce moment, mais c'était nécessaire pour qu'il puisse mieux vivre qu'auparavant. Le poids dans sa poitrine augmenta à cette pensée.

Il regarda ses chaussures. « Alexander, tu es plus fort que ça. Tu es un Chasseur d'Ombres, et en plus un Lightwood. Mais avant tout, tu es Alec. Tu resteras toi-même, et quand tu es toi-même, tu es fort, courageux, généreux, un parfait guerrier. » songea-t-il, les paroles de sa sœur se répétant dans sa tête. Il prit une profonde inspiration, expira longuement. Il se redressa, et se tint le plus droit possible.

« Quand tu es toi-même, tu es un parfait guerrier » Les mots résonnaient toujours.

Il se mit en marche non sans grand effort. Il apparut dans l'encadrement, et frappa sur la porte ouverte.

Jace, assis sur son lit, un livre sur les genoux, se retourna. Ses yeux aux reflets d'or s'emplirent de surprise un instant.

_Hey ! déclara Alec.

_ Hey ! Salut, répondit son parabatai, en souriant. Qu'est-ce qui t'amènes ici ?

« Alexander, tu es plus fort que ça. »

_ Je… Une visite de contrôle ne fait jamais de mal.

Le blond sourit de plus belle. Alec lui rendit. Il voulait paraître décontracté, mais le poids dans son ventre n'arrangeait guère les choses.

_ Je ne savais pas que tu faisais du sarcasme, remarqua Jace.

_ Occasionnellement, je crois que tu déteins sur moi, dit l'autre.

Jace haussa les épaules, et ils rirent tous deux de bon cœur. Alec s'abandonna à ce plaisir fraternel, jusqu'à ce qu'il se souvint de la raison de sa venue. Le coupant dans ses pensées, son ami demanda :

_ Pourquoi es-tu là ? Tu veux qu'on aille s'entraîner ?

Alec entra dans la chambre, se dirigea vers le lit et s'assit à côté de lui. Il prit un air grave, mais il voulait paraître fort et courageux. Ses intestins lui faisaient subir une torture : il avait l'impression qu'ils voulaient se tordre dans leurs antres jusqu'à ce qu'il capitule.

« Tu es un Chasseur d'Ombres... Tu resteras toi-même... »

Il expira lentement, mais imperceptiblement. Les yeux de Jace reflétaient la curiosité, et un peu le malaise il aimait tout savoir des gens, savoir les décrypter et lire sur leurs visages. Il y arrivait en temps normal, mais Alec cachait bien son jeu derrière sa façade terne.

_Je ne vais pas passer par quatre chemins, dit ce dernier. Je pense que notre première rencontre a été importante pour moi comme toi, je n'avais jamais vraiment vu d'enfants Chasseurs d'Ombres de mon âge. En plus, tu n'étais pas celui qui rentrait dans le moule, et tu m'as beaucoup impressionné. Malgré ton chagrin et le choc après la mort de ton père, tu semblais impassible et toujours aussi talentueux et dévoué. Maman t'as pris sous son aile comme un vrai fils, et je me suis senti diminué. Tu étais mon ami, mais je m'effaçais parce que tu étais trop bien pour moi. Le temps avançait, et à force de s'entraîner ensemble, de faire nos premières Traques seuls, on était plus que des amis, plus que des frères. Le lien de parabatai qui nous lie est plus fort que tous ceux que j'ai pu connaître. On est fusionnels au combat, mais dans la vie de tous les jours, j'aimais passer au second plan. Je sais que je compte beaucoup pour toi, mais c'est comme ça que mes parents m'ont aimé. Les années ont passé, on a changé, on a grandi, on s'est transformés, on s'est rapprochés, et… et … i peine un ou deux ans, je… Ecoute, Jace…

Le blond était resté figé, médusé par les paroles d'Alec. L'incompréhension se lisait sur son visage. Alec, lui, s'était totalement détendu, et les paroles étaient sortis de sa bouche sans aucune gêne. Il s'était impressionné lui-même, puisqu'il n'avait rien préparé à l'avance il s'était décidé sur un coup de tête.

_ Je… Je t'aime.

Un silence s'imposa. Jace ouvrit la bouche, réfléchit, sourit légèrement.

_ C'est normal, annonça-t-il. On est des frères, non ? C'est vrai que ça peut paraître bizarre d'entendre ça de ma bouche, mais on s'aime parce qu'on est des parabatai pour la vie. Nous sommes liés à jamais dans l'Histoire. Tu es comme mon grand frère, et oui, je t'aime beaucoup.

La respiration d'Alec s'était accélérée, il avait arrêté tous mouvements, bouche-bée. Il faillit répondre que oui, c'était bien cela qu'il voulait dire, qu'ils ne se l'étaient jamais dit et qu'il fallait bien le faire un jour ou l'autre. En bref, il voulait mentir à la personne la plus importante de sa vie.

« Alexander, tu es plus fort que ça. Tu es un Chasseur d'Ombre, et en plus un Lightwood. Mais avant tout, tu es Alec. Tu resteras toi-même… »

_Non, je ne crois pas que tu aies compris ce que je veux dire.

Jace fronça les sourcils. Alec reprit :

_ Je t'aime. Je t'aime, je t'aime… Vraiment, véritablement.

Le livre sur les genoux de Jace tomba. Alec n'entendit même pas la reliure toucher le sol. Le temps s'était totalement arrêté pour lui. Il l'avait fait. Il avait réussi. Peu importe la réponse, la réaction de Jace. Au nom de l'Ange, au nom des Lightwood, il l'avait fait. Il se sentait nouveau, presque meilleur. Le plomb dans ses entrailles se transforma en une multitude de petits chatouillis.

Les lèvres roses, le parfum de citronnelle et de savon, les boucles blondes, les yeux noisette aux reflets d'or l'appelaient. Dans un élan de fierté, et sûrement de folie, il se pencha vers Jace. Après ce qui lui apparut comme une éternité, leurs lèvres se touchèrent. Ils les entrouvrirent pour s'embrasser. Alec donna à Jace le baiser le plus tendre, le plus amoureux, le plus heureux, le plus assuré, le plus beau qu'il n'ait jamais reçu. Tout ça ne ressemblait pas aux baisers fougueux qu'il avait eus par des jeunes filles d'un soir. Celui-là était spécial, comme si tout l'amour et la souffrance du monde avait été mis dedans.

Soudain, Alec recula. Il était troublé, abasourdi par ce qu'il s'était passé. Sa tête tournait. Il porta sa main à son front.

_ Par l'Ange, qu'est-ce que j'ai fait …

Il se leva, tourna le dos à Jace, et, en partant, il dit sèchement:

_ Je te demande pardon…

Il passa sa main dans ses cheveux et alla dans le couloir. Là, ses quatre membres se mirent tous à trembler frénétiquement.

Il ne pouvait plus prendre appui sur ses jambes. Il avait vu des choses terribles, mais n'en avait jamais ressenti. Il faillit trébucher plusieurs fois mais il se retint grâce au mur qu'il frôlait en marchant. S'il était tombé, il n'aurait pas pu se rattraper car ses bras ne pouvaient plus le soutenir non plus.

Sur son chemin, il ne s'arrêta pas, malgré les tremblements violents qui agitaient son corps. Quand il arriva devant la porte de la chambre de sa sœur, il s'appuya sur le pan de mur qui entourait le chambranle. Il posa la main sur la porte, n'ayant pas la force de frapper. Il appela Isabelle. Sa voix était devenue rauque et faible. Il se sentait totalement vide.

_Isabelle… répéta-t-il.

Cette fois-ci, elle ouvrit la porte. Derrière, elle trouva son grand frère tremblant comme une feuille. Il était pâle, et sa tête lui donnait l'impression de ne plus tenir sur son cou.

Alec vit Max assis en tailleur sur le lit d'Isabelle, une de ses lectures terrestres illustrées de personnages aux traits asiatiques dans la main.

_Salut Max, s'efforça-t-il de dire en souriant, dans un souffle.

Il essaya d'avancer, mais les tremblements ne s'étaient toujours pas calmés. Alors, il bascula en avant, mais Isabelle le retint de justesse. Il avait oublié à quel point sa sœur était forte, physiquement comme mentalement. Il pensa que, s'ils avaient échangé leurs places, il n'aurait sûrement pas été capable de faire ce geste pour elle.

Il se redressa, et se mit à marcher difficilement. Il arriva vers le lit, et s'y allongea sur le dos. A côté de lui, Max semblait choqué par l'état de son frère. Alec songea à l'exemple qu'il lui donnait, comment serait-il plus tard à cause de lui.

_ Alec ! Qu'est-ce qu'il y a, grand frère ?

Il s'était penché sur lui, et remontait ses grosses lunettes sur son nez. Mais Alec n'avait même plus la force de lui sourire tout tournoyait autour de lui. Il entendit Isabelle demander :

_ Tu vas bien ? Pourquoi es-tu comme ça ?

Des soubresauts agitaient sa cage thoracique. Même allongé, il était secoué par les tremblements de son corps. Il était essoufflé, et ressentait comme des convulsions.

_ Tout dit… à Jace… souffla-t-il.

Il savait qu'elle comprendrait. Elle était la seule à savoir.

La jeune femme se figea, et son regard se remplit d'un mélange de joie, de curiosité et d'inquiétude. Elle bafouilla quelque chose dans sa bouche, puis dit :

_ Max… Tu veux bien aller chercher un verre d'eau pour ton frère, s'il te plait ?

Le petit hocha la tête sans quitter Alec des yeux. Il descendit du lit et courut dans le couloir en refermant la porte derrière lui.

Un silence s'installa dans la chambre. Isabelle fixa son frère un moment. Elle vint s'installer à côté de lui. Ses tremblements s'étaient un peu atténués, mais il se sentait perdu dans un monde de songes trop grand pour lui. Il ne savait plus vraiment comment réagir à ce qu'il avait fait. Il tenta de s'asseoir. Isabelle le soutint en même temps qu'il se relevait avec peine.

_ Alec, tu lui a vraiment tout dit ? C'est pour ça que tu es comme ça ? s'inquiéta-t-elle.

Elle cachait mal sa curiosité.

Il reprit sa respiration. Pourquoi son corps avait-il réagit si faiblement ?

_Je… Oui, et je l'ai… Je crois que je l'ai, ou on s'est…

Elle ouvrit de grands yeux. Elle continua :

_ Tu l'as embrassé ?

Il hocha la tête. Les spasmes reprirent dans tous son corps. Elle le prit dans ses bras. Son étreinte était si réconfortante. Il ne pleurait pas tout son organisme semblait paralysé. Il prit part à l'étreinte, et doucement son corps se détendit.

_ Alexander, tu es plus fort que ça. Tu es un Chasseur d'Ombres, et en plus un Lightwood. Mais avant tout, tu es Alec. Tu resteras toi-même, et quand tu es toi-même, tu es fort, courageux, généreux, un parfait guerrier, souffla Alec. C'est que tu m'avais dit, tu te souviens ? Quand je t'avais avoué que je l'aimais ?

Les bras de sa sœur se resserrèrent autour de ses épaules.


Jace était toujours assis dans sa chambre, sous le choc. Son livre était resté par terre. Une infinité de questions lui vint soudain en tête. Avait-il été assez aveugle pour ne pas voir les ressentiments de son ami ? Pourquoi s'était-il laissé faire ? Pourquoi n'avait-il pas été plus présent pour aider Alec ? L'interrogation qui le fit le plus douter lui était « pourquoi avait-il prit part au baiser et ressenti tant de choses à ce moment-là ? » Tout le temps qu'il avait passé chez les Lightwood était remis en cause, ainsi que sa personnalité qu'il avait forgée avec eux.

Des réponses lui manquaient. Il en avait besoin, voulait tout savoir, tout connaître à nouveau. Pourquoi Alec l'avait-il choisi ? Pourquoi lui ? Pourquoi eux deux ? Jace pensait qu'il avait eu assez de problèmes dans sa vie d'avant, et que tout allait finir rapidement. Apparemment, il avait tort, et il détestait avoir tort.

Il réalisa qu'il ne s'était jamais demandé si Alec était beau. Il pensait que c'était « un truc de filles » de se demander si son ami était charmant ou plus charmant que soi. Cette fois-ci, la réponse s'imposa à lui comme une arme à un combattant. Oui, il était beau, avec ses yeux d'un bleu aussi profond que celui des lacs d'Idris, ses traits délicatement taillés, ses cheveux noirs toujours en bataille en contraste avec sa peau blanche angélique, son corps fait pour se faufiler entre les ennemis et ses doigts d'archer. Il était plus beau qu'il n'osait le croire. Après réflexion, il semblait même parfait. Il n'avait peut-être pas le physique qu'on attribuerait à un ange, mais il fallait juste lui rajouter des ailes dans le dos pour se rendre compte qu'il en était un. De plus, il était un très grand guerrier : vaillant, généreux, fort… Auparavant, Jace avait beaucoup réfléchit à leur lien de parabatai, mais jamais simplement à Alec. A cette pensée, il eut une envie irrésistible de se lever et de se taper la tête contre le mur jusqu'à ce qu'il oublie à quel point il avait été égoïste.

Soudain, quelqu'un toqua à la porte. Jace se retourna en un sursaut. C'était Max, le regard inquiet. Le blond se racla la gorge.

_ Oh, Max ! Content de te voir ! s'exclama-t-il avant de ramasser son livre hâtivement.

Le petit s'avança. Il avait l'air alarmé, un peu confus. Jace était encore plus désarçonné qu'avant.

_ Par l'Ange, que se passe-t-il chez les Lightwood ? interrogea ce dernier.

_ C'est Alec. Il est bizarre, répondit Max. Il tremble, il a l'air d'avoir sans cesse envie de vomir. Tu sais ce qu'il a ?

Jace le regarda avec de grands yeux. Il détourna son regard du garçon et fixa le mur.

Alec l'avait-il si mal ressentit ? Etait-ce si douloureux pour lui ? D'un côté, Jace pensait que son parabatai avait toutes les raisons de se sentir comme ça, d'avoir peur. Et, d'un autre, il pensait que c'était stupide. Une véritable guerre entre ces deux parties éclata à l'intérieur de son crâne.

_ Je ne sais pas, désolé, lança-t-il.

Un silence. Un long silence. Du coin de l'œil, le blond remarqua que Max regardait le sol attentivement, comme s'il était concentré. Ses yeux étaient bizarrement humides derrière ses épais verres de lunettes.

Jace se tourna vivement vers lui, le prit par les épaules.

_ Hé, Max ! Ne pleure pas, s'il te plait.

Le petit s'essuya les yeux.

Jace avait toujours était comme son grand frère, ce qui gênait beaucoup se dernier car il semblait toujours plus important aux yeux de Max qu'Alec. Son cerveau en vint à l'idée que Jace se faisait d'Alec dans la famille : le grand frère, son grand frère ainsi que son parabatai. Après l'évènement de tout à l'heure, cette pensée semblait très loin de la réalité, comme si elle existait mais dans une autre vie.

_J'ai peur, Jace ! J'ai peur pour Alec, sanglota encore le petit Lightwood.

_ Ne t'inquiètes pas pour ton frère. Son parabatai et son frère préférés seront toujours là pour le sauver.

Un sourire se dessina sur le visage de Max.

_ J'étais allé chercher un verre d'eau pour lui, annonça ce dernier. C'est Isa qui m'a envoyé. Mais quand j'ai vu que tu étais tout seul dans ta chambre…

_ Attends… Tu as dit Isa ?

_ Oui ! J'étais avec elle dans sa chambre quand Alec est arrivé.

Alors, Isabelle le savait depuis le début… Et Jace était resté aveugle aussi longtemps ! Il tenait beaucoup à sa famille, essayait de toujours savoir ce qui n'allait pas. Mais il n'avait jamais fait attention à ce genre de heurts.

_On va aller tous les deux chercher son verre d'eau, d'accord ?

Le petit acquiesça, et tous deux se mirent en route pour la cuisine.

Le verre dans la main de Max, ils arrivèrent devant la chambre d'Isabelle. Jace se sentait anxieux, sans raison valable. Et si c'était Alec qui ouvrait la porte, que se passerait-il ? Une image s'imposa à sa rétine : lui sautant au cou d'Alec, l'embrassant avec fougue et ressentant ce délicieux mélange de sentiments au creux de son ventre. Il en ressentait comme un besoin il était accro. Il secoua la tête pour se débarrasser de ce songe.

_ Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Max, de nouveau alerte en le voyant gigoter.

_ Saleté de mouche ! s'exclama Jace avec rage, pour cacher son malaise.

Le petit lâcha un petit rire timide. Il était toujours inquiet. Jace se laissa attendrir par cet amour seulement fraternel.

Ils s'arrêtèrent devant le panneau de bois. Jace leva la main pour toquer, mais Max l'interrompit en criant :

_ I-SA-BELLE !

_ Tu en as mis du temps ! grogna cette dernière derrière le battant.

Elle ouvrit la porte et stoppa son mouvement. Max fila sous son bras pour aller rejoindre son frère, assis dans un coin du lit, les genoux repliés contre son torse, agité de soubresauts. Il était livide. Quand le petit lui tendit le verre, il le lui prit d'une main tremblante et lui adressa un merci d'une voix rauque que Jace ne lui connaissait pas.

Ce petit incident l'avait vraiment mis dans tous ses états, ainsi que Jace en le voyant comme ça.

_Ja… commença à hurler Isabelle avec indignation.

Elle s'arrêta en plein milieu de son mot. Alors, elle ferma la porte discrètement et vint se poster devant Jace.

_ Jace ! répéta-t-elle un ton en dessous.

Celui-ci sourit faiblement. Il se sentait sous le choc après ce qu'il avait vu. Son cerveau était plein de contradictions.

_ Il ne vaut mieux pas qu'il te voit, dit-elle doucement en pointant le battant en bois avec son pouce, par-dessus de son épaule.

Elle s'efforça de faire paraître la gêne et la désolation sur son visage, mais elle cachait mal son excitation. Jace, lui, ne la regardait pas. Il avait les yeux vides et tout se bousculait dans sa tête.

_ Ça va ? demanda Isabelle.

_Tu savais, toi.

Elle soupira.

_Oui, je le savais, avoua-t-elle. Mais je n'allais pas te le dire, quand même ! Alec est mon frère, et je n'allais pas trahir ma parole. Tu es mon frère aussi, bien que la situation soit un peu plus délicate en ce moment, je n'ai pas pris parti parce je ne pouvais te le…

_ Et moi, je suis resté ignorant.

Jace était déçu de lui. Il savait que tout ça avait été difficile pour Isa, mais il lui en voulait quand même. Il s'en voulait aussi à lui de ne pas mieux s'être occupé d'Alec, il s'en voulait d'avoir tant envie de ce baiser et il s'en voulait de penser tout ça à la fois. Il avait toujours appris à suivre son instinct, mais jamais son cœur.

_ Ça lui est tombé dessus comme à toi, le rassura Isabelle. C'est tout à fait normal que tu n'aies rien vu. C'est totalement incroyable, comme l'histoire de notre famille !

Jace sentait qu'elle avait envie de sauter de joie, de crier, de danser et de sautiller sur place. Il pouffa tristement.

_ Vas-y, lâche toi, finit-il par dire. Les muscles de ton visage sont tellement crispés qu'on dirait que ta tête va exploser.

Les yeux d'Isabelle pétillèrent un peu plus, et elle éclata de rire hystériquement. Jace ne put s'empêcher de sourire.

_ Il l'a fait ! s'écria-t-elle. Tu ne peux pas savoir à quel point tout ça l'étouffait ! C'est le meilleur, le meilleur des grands frères que personne d'autre n'aura jamais au monde ! Il est fort, beau…

Elle continua son éloge d'Alec tandis qu'elle trépignait littéralement sur place. Le blond n'écoutait plus rien : le contraste entre ce qu'il voyait et ce qu'il pensait était si important qu'il avait débranché son cerveau de son corps. Jace fut dans un état second jusqu'à ce qu'Isabelle se jette dans ses bras.

Après avoir vu la réaction de sa sœur adoptive, il eut envie de se confier. C'était rare pour lui de ressentir ça, mais à chaque fois que ça le prenait, il se sentait rongé de l'intérieur. Comment Alec avait-il pu vivre si longtemps avec cela, en ayant le centre de son secret devant les yeux tous les jours ?

_ Isa, commença Jace, peux-tu éviter de m'étrangler s'il te plaît ?

_Oh, répondit cette dernière. Excuse-moi… Mais je suis tellement heureuse, tu comprends ?

_ Non, pas vraiment.

Elle lâcha un soupir. Ella aimait bien quand Jace disait ce qu'il pensait, mais sa franchise était parfois assez malvenue. Elle reprit son sérieux.

_ Alec m'a raconté, souffla-t-elle. Je suis désolée…

_Pourquoi donc ?

_ Eh bien, je suis désolée parce qu'il est allé trop loin en t'embrassant. Tu sais, sous le coup de l'adrénaline, il peut faire n'importe quoi.

_ C'est ce qu'il t'a dit ? Qu'il m'a embrassé ?

_Oui, c'est ça. C'est ce qu'il s'est passé, n'est-ce pas ?

Il n'avait donc pas dit toute la vérité sur les évènements. Ou peut-être n'avait-il pas ressenti cette délicieuse chose au creux de son estomac ? Jace fut envahi par un grand désespoir.

_ Je ne dirais pas vraiment ça, annonça-t-il.

_C'est-à-dire ? demanda Isabelle, sa curiosité revenant au galop.

_L'expression que je préférerais utiliser serait « nous nous sommes embrassés ».

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent, et sa bouche s'entrouvrit à cause de la surprise.

Jace était sur le point de dire tout ce qu'il avait sur le cœur, ses doutes, ses certitudes, ses questions et leurs réponses dont il n'était pas sûr d'être les bonnes.

Mais ses lèvres ne se dénouèrent pas. Ses mains se mirent à trembler, et il serra les poings de toutes ses forces. Sa mâchoire se contracta.

_ Ça veut dire que tu l'as aussi… Par l'Ange ! s'exclama-t-elle. Mais comment ?

_ Bah, tu sais, quand ses lèvres ont commencé à toucher les miennes, j'ai…

_Stop, arrête-toi là s'il te plait, le coupa-t-elle. Je n'ai pas besoin de connaître les détails de votre vie privée. Je suis simplement étonnée de ta réaction face à ça.

_ J'ai toujours était étonnant à tes yeux, mais là, je me suis aussi surpris moi-même.

Un silence. Isabelle réfléchissait à tout ce qu'il s'était passé. Jace se gratta la nuque, et remarqua que ses mains tremblaient encore. Cette fois, il ne les empêcha pas. Il était prêt à se confier réellement.

Isabelle vit les mains de Jace toutes flageolantes et déclara :

_ Il y a autre chose qui ne va pas et que tu voudrais me dire.

Jace passa sa main dans ses cheveux automatiquement, le relevant puis les plaquant en arrière. Même si cela n'apparaissait pas sur son visage, il ne voulait pas hésité un instant. Il avait envie de tout dire à Isabelle, sans rien omettre.

Mais une voix lui disait qu'il était stupide, une honte pour sa famille et la race des Nephilims. La voix de son père, comme toujours. Alors, il se sentait coupable de ce qu'il ressentait. Il avait l'impression d'avoir le trident du diable piquant son dos, ou d'être cerné par des personnes lui lançant des signes injurieux. Il avait fait une erreur. Une grosse erreur. Il ne s'était pas encore décidé sur ce qu'il allait faire après, sur ce qu'il ressentait, mais il avait encore le temps de retourner sa veste : tout était encore en jeu.

Ainsi, il raconta à Isabelle tout ce qu'il avait vécu dans la dernière heure. Il énonça absolument tous les faits et sentiments. Et la jeune femme écoutait attentivement, sans rien ajouter. Elle savait bien que la situation actuelle ne permettait aucun écart.

_ Donc, tu l'aimes, conclu-t-elle.

_Non ! s'empressa de répondre Jace. D'après ce que je sais, non.

_ En tout cas, pas encore, soupira Isa.

Jace baissa les yeux. Ce n'était pas possible qu'il aime Alec. Il l'avait considéré comme un frère pendant tant d'années et rien de cela n'aurait pu changer en si peu de temps, après un petit échange et un petit baiser. Mais était-ce réellement un innocent baiser ? Ne serait-ce pas ce qui les ferait basculer encore plus vite dans le creux de l'enfer ?

_ Tu sais, commença Isabelle, j'ai tellement cru en Alexander que j'avais tendance, après un certain temps, à vous imaginer tous les deux… En couple. Je suis désolée, mais tout ce que tu me racontes là m'a l'air tout à fait normal.

_Merci Isa. Tu m'aides beaucoup, là.

Elle souffla.

_Rien n'atténuera donc ton sarcasme !

Un silence s'installa. Ils se regardèrent dans les yeux. Jace avait encore envie de se confier et il essayait de trouver les bons mots.

_ Je suis un peu perdu là, dit-il. Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais même plus si je peux encore penser. Je ne sais plus si Alec (Il avait du mal à prononcer son prénom) est mon amant, mon ami, mon frère, s'il existe vraiment… Je ne pense pas l'aimer, sinon je l'aurais remarqué avant. Mais j'ai envie d'un autre de ses baisers (Il grinça des dents quand il dit cela) mais, d'un autre côté, j'ai cette irritante impression d'être hors la loi en suivant cette envie. Je ne sais pas ce que je vais faire quand je vais le revoir, je ne sais pas si je veux l'aimer, être avec lui. Je ne sais pas qui je suis. Je croyais savoir, je savais…

Les yeux de la jeune femme s'étaient lentement remplis de larmes. Jace, lui, n'avait pas la capacité de pleurer, de laisser ses émotions couler sur ses joues en gouttes d'eau salée, et il était content que quelqu'un puisse le faire pour lui.

_ Isabelle, j'ai besoin d'aide, et j'ai besoin de toi. Il me faut une personne sur qui m'appuyer.

_Je suis le pilier du monde, déclara-t-elle en riant malgré sa voix embuée par les larmes. Et…

_Oui, ces mots aussi m'ont troublé quand ils sont sortis de ma bouche, finit Jace.

Isabelle sourit, essuya les larmes qui avaient commencé à se former aux coins de ses yeux.

_ J'ai un dernier conseil à te donner, continua-t-elle. Ecoute ton cœur. Je ne veux pas plus t'influencer dans ton choix, mais je te préviens quand même que parfois j'ai un don pour prédire l'avenir.

Elle tourna les talons et rentra dans sa chambre, en laissant Jace pantois tandis qu'un léger sourire étirait les commissures de ses lèvres.


Isabelle ferma la porte. Elle se retourna, et elle trouva Alec et Max côte à côte, le livre du dernier devant eux. Alec s'était calmé, et n'avait apparemment pas bu son verre d'eau posé sur la table de nuit, plein. Il était toujours très pâle, mais ne tremblait plus et semblait plus enjoué. Max paraissait content que son frère aille mieux. Quand ils relevèrent la tête, elle s'empressa d'essuyer toutes traces de larmes qui auraient pu persister sur son visage. Elle les fixa, son cerveau se vidant petit à petit. Tout ce que lui avait dit Jace quelques secondes auparavant s'envolait loin, loin de ses pensées. Il y avait trop à changer, trop à apprendre en si peu de temps. C'était trop. Elle verrait ça plus tard. Elle avait ses deux frères bien-aimés devant elle, qui attendait une parole, une réaction.

« Les personnes mon entourage vivent tous les malheurs du monde, et c'est à moi qu'on les fait subir ! » songea-t-elle.

Elle pouffa. C'était drôle, comme réflexion. Elle continua à rire doucement, mais des larmes lui vinrent aussi aux yeux. Pas des larmes de joie, non. De vraies larmes de tristesse, de désespoir qui voulaient sortir pour quelqu'un d'autre. Un rire qui voulait aussi éclater pour une autre personne. Elle devint totalement hilare, tout en pleurant autant qu'elle pouvait.

Les deux garçons ne comprenaient absolument rien de ce que leur sœur faisait. Elle semblait complètement hystérique.

Elle vint s'asseoir à côté d'eux sur le lit.

_Qu'est-ce que c'est dur d'être le pilier du monde ! s'exclama-t-elle.

Max se tourna vers Alec en l'interrogeant du regard. Le plus vieux haussa les épaules (non sans penser à Jace, qui aimait beaucoup placer ce geste nonchalamment dans une conversation). Alors, leurs rires rejoignirent progressivement celui d'Isabelle, mélodieux et argentin, comme Alec l'aimait tant.

Elle pleurait, pour Jace : seul, perdu, retrouvant les vieux démons de sa personne, habité par l'étau de son père.

Elle riait, pour Alec : enfin libéré, aimant, aimé, ayant presque obtenu le cœur de celui qu'il affectionnait tant.