On Verra Bien, Tome I

« Nara, lève-toi ! »

Shikamaru traita mentalement celle qui le réveillait de pétasse et grogna de mécontentement. Il entendit les rideaux s'ouvrir d'un coup et enfonça sa tête dans l'oreiller. Une pression sur le matelas se fit sentir à ses côtés et il s'en éloigna d'autant qu'il le pouvait.

« Allez. Sinon j'appelle ta mère, dit-elle en le secouant par l'épaule.
- Casse-toi. J'veux dormir.
- Tu veux que je te dise comment je me suis habillée aujourd'hui ? »

Shikamaru fronça les sourcils dans l'oreiller à l'entente de cette question.

« Dis toujours.
- J'ai des sous-vêtements rouges. Avec des petites dentelles toutes fines. Un jean et un débardeur.
- Merci. J'aurai une pensée pour toi en ouvrant mon FHM.
- Par-dessus mon haut, il y a une jolie veste que ta mère m'a acheté. Et j'ai déjà mis mes chaussures…
- Intéressant.
- Et, dans ma main, ce que je tiens, il y a mon sac de cours. Gros Con ! »

Le brun se releva d'un coup pour se frapper le front de la paume de sa main.

« La rentrée. »

Il fusilla la blonde du regard alors que celle-ci se relevait du lit. Nu comme un vers, il se hâta d'attraper de quoi se vêtir pendant quelle s'en allait de la maison dans un dernier ricanement. Sans se laver les dents, ni même le visage, sans prendre de petit déjeuner, Shikamaru s'habilla, attrapa son sac vide de cahier et sortit vivement de chez lui. Dans un élan de folie, il se mit à courir jusqu'à l'arrêt du bus scolaire d'où il voyait celle qui l'avait réveillé s'engouffrer en lui glissant un sourire mauvais. L'engin démarra et le brun s'arrêta, essoufflé et tremblant.

« Grognasse. »

Il attrapa son téléphone portable, faisant défiler les numéros jusqu'à atteindre celui qui l'intéressait. Il laissa la composition se faire et l'approcha de son oreille.

« M'allô.
- Chienne.
- Ah Nara ! Que puis-je pour toi ?
- Tu vis chez moi. Tu dors sur le canapé de Ma chambre. Tu utilises Mes shampoings, Mes savons. Tu piques Mes sous-vêtements. Alors explique-moi.
- T'expliquer quoi ?
- Mais merde Temari ! C'est un manque de respect total. Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé ?
- Tu avais le piquet. »

Cette phrase le cloua sur place.

« Le-le piquet ?
- Oui, le piquet. Bon je te passe Tenten. Elle a une question à te poser. »

Il se remit en marche, sachant pertinemment qu'il ne serait jamais à l'heure.

« Shikamaru.
- Oui ?
- Elle fait combien de centimètre.
- De-de quoi ?
- Ta bite, imbécile. Temari m'a dit qu'elle devait être petite parce qu'à travers les draps…
- Que… Quoi ?! »

Il rougit fortement et raccrocha pour accélérer le pas.
Temari. Temari. Il allait lui casser la gueule à cette chieuse ! Pour qui se prenait-elle ? Elle vivait chez lui depuis que son père se trouvait en procès en huis clos et dès lors sa mère l'avait prise sous son aile. La jeune fille s'était donc retrouvée à vivre avec Shikamaru, dans sa chambre. Il l'avait très mal pris. C'était comme une violation de sa vie privée.
Il aimait dormir nu. Les premiers temps de leur colocation, Shikamaru avait préféré s'habiller entièrement alors qu'elle se fichait éperdument de ce qu'il pouvait bien penser, se contentant de dormir habillée d'un T-shirt deux fois trop grand pour elle et d'un short minuscule. Il fumait aussi dans sa chambre. Et, Temari détestant cela, il avait dû sortir par la fenêtre pour s'échapper un peu.
Puis il y avait la douche. Horrible lieu que la douche.

Temari avait les mêmes horaires que lui pour la douche. C'est quand elle se déshabillait qu'il était entré. Il avait été incapable de bouger et elle l'avait ignoré pour se cacher derrière le rideau de douche et se laver sans faire vraiment attention à lui. Shikamaru était resté sans bouger, pas tant excité qu'horrifié d'apprendre que cette fille qu'il n'aimait décidément pas avait un joli corps.

Revenant à lui, il grimaça. Son téléphone sonna et il répondit sans se presser.

« Shikamaru ! Mais qu'est-ce que tu fiches ? Le prof t'a appelé trois fois. Où es-tu ?
- Salut Ino. Excuse-moi, je ne me suis pas réveillé à l'heure.
- Ça on l'a bien compris. Tu arrives bientôt ?
- 'Suis pas loin. J'en ai pour dix à quinze minutes.
- Alors à tout de suite. Tu es en 1D. »

Il tourna par la droite et ralentit plus encore son allure.


« Tiens donc. Qui êtes-vous, jeune homme ? »

Un grand blond l'invita à entrer dans la salle et lui montra une place au premier rang.

« Je suis Nara Shikamaru »

L'homme le nota présent et lui tendit plusieurs feuilles qu'il devait remplir pour le semestre.


Le midi, les professeurs lâchèrent leurs élèves jusqu'au lendemain et Shikamaru pu prendre le bus qu'il avait manqué dans la matinée. Une blonde à l'œil caché par une mèche l'invita à s'asseoir à ses côtés mais il l'ignora d'un signe de main et s'installa à côté de Temari qui regardait par la fenêtre.

« Le respect, tu connais ?
- Hum ?
- Je ne t'en demande pas tant. Juste de respecter un peu mon espace. À me respecter aussi par la même occasion, moralisa-t-il la blonde. »

Elle le regarda dans les yeux, prête à lui lancer une réplique cinglante mais se ravisa et l'ignora pour retourner à la contemplation de l'excrément de volatile collé à la vitre.

« Temari ! Réponds et dis-moi que tu veux te faire pardonner de ton comportement.
- Écoute, Nara. Nous vivons peut-être ensemble, mais ce n'est pas une raison pour m'ennuyer. Toi et ton petit sexe. »

Les lèvres de Shikamaru se retroussèrent et il ne pipa mot de tout le trajet jusque chez lui. En arrivant, sa mère le salua d'un sourire auquel il ne répondit pas.

« Eh bien, tu as une mauvaise tête aujourd'hui. Que t'arrive-t-il ?
- M'man, laisse tomber. Mes profs sont nuls, mon emploi du temps laisse trop à désirer et j'en ai marre de Temari.
- Qu'a-t-elle à voir là-dedans ? questionna l'intéressée qui retirait ses chaussures de ville.
- Temari ne m'a pas réveillé ce matin. J'ai raté mon bus et suis arrivé en retard. »

Contre toute attente, sa mère encouragea la blonde, traitant son propre fils d'incapable.

« Ca m'soule. »

Il grigna et s'enferma dans sa chambre. Sa chambre. Ce devait être une garçonnière mais il voyait par-ci par-là des vêtements de fille. Sur son propre lit même ! Une jupe à volant, un débardeur en coton, une chemise, des ballerines, du violet, du rose, de la lumière.
De la lumière.
Shikamaru n'avait pas pour habitude d'ouvrir ses volets. Par simple aspect pratique : pourquoi ouvrir pour refermer ? Depuis que Temari vivait chez lui, sa chambre sentait le propre. Elle sentait la lessive, le savon, l'anti-poussière. C'en devenait insupportable. Il envoya son pied dans le sac de linge de sa colocataire, laissant s'envoler partout dans la pièce des sous-vêtements. Oubliant la fureur dans laquelle elle serait, il s'intéressa à la lingerie fine qu'il n'imaginait pas sur Temari.

Elle met vraiment ça ? Plein de dentelle, de fioriture, pensait-il. Je l'aurai plus imaginé en short et brassière de sport.

Il garda le vêtement qu'il tenait en main et le cacha dans la poche de son pantalon. Le reste pouvait attendre. Il attrapa l'une des revues qu'il avait depuis longtemps abandonné de cacher aux yeux de Temari et partit s'enfermer dans les toilettes. Bien qu'elle ne l'excite pas tant que cela, ses dessous l'obligeaient à reconnaître qu'elle devait être sexy dedans.

« J'ai des sous-vêtements rouges. Avec des petites dentelles toutes fines. Un jean et un débardeur.
- Merci. J'aurai une pensée pour toi en ouvrant mon FHM.
»

Chose faite.
Une main sur sa virilité et l'autre soupesant le vêtement, il se laissa aller. Fantasmant sur une correction sexuelle qu'il infligerait à Temari pour avoir dit qu'il n'était pas parfaitement membré. C'en était… Grisant.
Les minutes passaient à une vitesse folle et il ne se lassait pas de son autosatisfaction. Quelqu'un tenta d'entrer mais fut bloqué par le loquet.

« Nara, qu'est-ce que tu fous ? J'ai besoin d'aller aux toilettes.
- Dégage, haleta-t-il, je suis occupé.
- Comment ça occupé ? Ça fait vingt minutes que tu l'es.
- Je… Laisse-moi, merde.
- Shikamaru, ne me dis pas que…
- Que quoi ?
- Tu te masturbes. C'est ça ? Dis-moi que c'est bien ça ! J'en aurai des choses à raconter à Tenten. »

Malgré tout ce qu'elle pouvait dire, il ne débanda pas et préféra ne pas répondre.

« Attend, je reviens dans trente secondes. »

Il se demanda pourquoi et la réponse lui apparut sous forme de double-décimètre glissé sous la porte.

« Alors, combien de centimètres ? Dis-moi, supplia Temari. Je Veux savoir. Dix-huit centimètres c'est un bon standard.
- Temari ! Fous l'camp !
- Okay, okay. Je voulais juste t'aider à te justifier. »

Il entendit qu'elle partait et ramassa la réglette. Si elle pouvait servir au moins… Son membre tendu, il le tint d'une main et se mesura. Dix-huit… Dix-sept ou peut-être seize. D'où fallait-il mesurer pour savoir ? Cette question resta sans réponse et il s'énerva. Pas possible ! Même en essayant d'être sympa elle l'emmerdait plus encore. Il se relâcha bien vite à cette constatation. Nara sortit des toilettes tout en cachant vêtement et bouquin. Il vit Temari passer devant lui pour rentrer dans la chambre et la suivit de près avant d'être bloqué. Elle s'arrêta d'un coup, la porte grande ouverte, et se retourna vers lui les sourcils froncés.

« Nara… Pauvre fou. »

Il ne comprit son comportement que quand elle s'écarta pour le laisser entrevoir le bazar dans la chambre. Des sous-vêtements complètement féminins jonchaient le sol, éparpillés un peu partout. Il déglutit difficilement en sachant pertinemment qu'elle le ferait souffrir par pure vengeance. La blonde l'attrapa avec force et le jeta sur le lit pendant qu'elle refermait la porte à clé. Suivant ses mouvements des yeux sans anticiper, il la vit s'installer sur lui et enserrer sa gorge.

« Dis-moi, Nara. Connais-tu les raisons de la condamnation de mon père ?
- N-non.
- Il va se retrouver au trou pour quelques décennies parce qu'il a torturé un homme. Il compte plaider la folie. »

Elle desserra sa prise et posa ses mains sur le matelas, de part et d'autre de sa tête.

« Je ne l'aime pas. Mais je dois sûrement avoir hérité de quelques graines de folie. Alors, juste un conseil : fais-toi oublier. »

Elle se releva et sourit en prenant le tissu qu'il gardait caché dans sa poche.

« C'est à moi. Et je n'aime pas qu'on touche à mes affaires. C'est privé. Te masturber dessus m'horripile d'ailleurs. Tu me débectes. »

Elle lança son sous-vêtement dans la poubelle et s'en alla, laissant Shikamaru confus et paralysé.
Une folle. Voilà ce qu'elle était. Comment avait-elle su pour le vêtement ? Il l'avait bien caché, aucun bout ne dépassait. Malgré tout, cette situation l'excitait. Il n'aurait su dire pourquoi mais il se sentait comme un chien fou et l'attitude de Temari l'attirait plus qu'il ne l'aurait pensé.
Il se rattrapa et décida de remettre les affaires de la blonde dans le sac, laissant de fugaces images lui prendre le cerveau.

« Shikamaru, tu viens nous aider à mettre la table ? demanda sa mère à travers la porte, sans l'ouvrir.
- J'arrive dans une minute, juste le temps de finir mon rangement.
- C'est étonnant mon chéri. Habituellement tu ne ranges jamais rien. Cette Temari a peut-être une bonne influence sur toi, finalement. »

Le fils serra les dents alors que sa mère s'en allait vers le salon.

« Connerie, marmonna-t-il. Cette fille pourrie ma vie. Dix-huit centimètres. Qu'elle aille se faire voir ! Je suis au-dessus de la norme. Elle attend de moi une bite de cheval ou quoi ? »

Il continua ses ruminations jusqu'à avoir fini son rangement et rejoint la salle à manger où se trouvait Temari, posant les assiettes et les repose-plats sur la table.

« Tiens donc, un revenant, s'amusa son père. Ta mère m'a dit que tu avais rangé ta chambre. »

La blonde se retourna vers lui d'un air mauvais auquel il répondit par un haussement de sourcil.

« Oui, mais sommairement. Juste quelques babioles qui traînaient. »

La blonde, rassurée retourna à ses affaires et le brun l'aida en plaçant les couverts, frôlant avec attention le dos de son esclavagiste pour lui glisser quelques mots.

« Tes dessous sont à leur place. Je les ai reniflés avec délectation. »

Elle lui écrasa le pied avec conviction et rajouta : « J'espère que tu en as bien profité. J'ai pris ton argent et je compte bien le dépenser pour de nouveaux dessous. »

Elle lui glissa un clin d'œil amusé en sortant une liasse de billet de sa poche de pantalon.

« Allez, sans rancune. »


Depuis que Temari dormait dans sa chambre, Shikamaru ne se masturbait plus. Il l'avait fait une nuit et la blonde l'avait incendié le lendemain au réveil en le traitant d'astiqueur chronique. Dès lors, il avait limité ses mouvements à une caresse discrète avant de dormir.
Mais c'en était fini. Il ferait ce qu'il voulait. Temari-même ne dirait rien. Elle avait, tout contre sa poitrine, une liasse de 500 billets et il se savait incapable d'agir pour les récupérer.

Tu vas morfler, pétasse, pensa-t-il aigrement.

Le jeune homme avait récupéré un soutien-gorge du sac avant qu'elle n'aille se coucher et il savait qu'elle ne s'était aperçue de rien. Elle allait en baver. Oh oui !
Nara attendit les deux heures du matin pour agir et sortit de sa taie d'oreiller le vêtement soyeux. Il savait qu'elle ne le louperait pas…
Tout d'abord, une mise en situation. Tiens, Temari lui enserrant le cou et l'embrassant en même temps sur le lit, habillée de cet ensemble rouge qu'il s'imaginait toucher du bout du doigt.
C'était pour lui la première fois qu'il s'imaginait en condition avec elle. Il y avait déjà eu d'anciennes camarades de classe, des professeurs, des femmes qu'il n'avait vu qu'une fois ou encore des actrices. Jamais avant aujourd'hui la blonde n'avait fait partie de ses fantasmes et il ça lui plaisait.
Alors qu'il se caressait à n'en plus finir - Temari, la tête en arrière et en pleine extase - il sentit un coup sur son crâne et son fantasme se stoppa net quand il ouvrit les yeux, sa colocataire les poings sur les hanches.

« Que tu te branles dans les toilettes passe encore ! Même avec mes affaires. Mais là, je n'entends que toi, tes soupirs, tes mouvements. Et c'est quoi ce soutien-gorge sur ton nez ? As-tu un… Problème ? murmura la blonde, à bout de nerf.
- Mon fric, continua-t-il sur le même ton.
- Quoi ton fric ?
- Tu me rends mon fric et j'arrête.
- Même pas en rêve.
- Alors je ferais ça toutes les nuits. Et je t'épuiserai.
- On pari ? »

Il se releva, entièrement nu et toujours excité, et lui attrapa le bras.

« Quand tu veux ! »

Le jeune homme serra la demoiselle contre lui et l'embrassa franchement. Temari, sentant le sexe du Nara contre sa cuisse nue, geignit et Shikamaru reprit la parole : « Je gagne, tu deviens mon esclave. Tu gagnes, je fais tes devoirs pour tout le semestre.
- Ca marche, acheva-t-elle dans un souffle. »

Ils se rallongèrent chacun de leur côté.
Shikamaru ne dormit presque pas cette nuit-là. Tantôt excité, tantôt apeuré. Il frisait l'arrêt cardiaque. Nara avait embrassé cette fille. Pourquoi ? Cette question flotta au-dessus de sa tête un bon moment. Il aurait aussi bien pu lui serrer la main. Et puis… il l'avait collé à lui, tout dur qu'il était, elle n'avait pu que le sentir.

Cette nuit-là, Shikamaru, dix-sept ans, domicilié à Konoha, se tourna et se retourna jusqu'à se sentir à bout de nerf.

« Galère. »

Puis il se laissa dormir.


Au réveil, Shikamaru était encore épuisé. Il s'était endormi à cinq heures pour se réveiller à sept heures et demie. Temari se leva au même moment que lui, s'étirant en se redressant. Elle semblait bien plus en forme que lui et lui accorda même un sourire.

« Alors, bien dormi ?
- Mmh.
- Tu sais, je t'ai entendu remuer toute la nuit. Ce pari te turlupine autant ?
- Non.
- D'ailleurs, ne m'embrasse plus. Surtout tout en sueur. C'est vraiment désagréable. »

Nara grinça des dents, quel idiot il faisait ! Elle sortit de la chambre et Shikamaru s'habilla de façon sommaire pour le petit déjeuner. Ses parents n'étaient plus là et il vit Temari, habillée de son haut ultra large qui découvrait ses épaules et une grande partie de ses jambes, se préparant un thé, accoudée au lavabo. Nara la vit alors d'un œil différent. Peut-être avait-il les idées mal-placées, mais ça ne l'empêcha pas de la trouver diablement sexy. Sans la quitter des yeux, il mit en marche la cafetière.

« Arrête de me fixer, ça devient gênant, fit Temari en déposant sa tasse vide dans l'évier. Tu devrais te dépêcher, le bus passe à quinze. Et il est déjà cinquante. »

Elle s'en alla et Shikamaru se prépara sa tasse de café pour la boire d'une traite quitte à se brûler le gosier. Il reprit le chemin de sa chambre et hésita un peu avant d'entrer. Elle était en sous-vêtement, sa liasse de billet entre les seins, soutenus par les baleines de son soutien-gorge. Il fixa avec intensité la poitrine comme s'il pouvait attraper les feuillets avec ses yeux. Mais Temari enfila un T-shirt qui lui cacha la vue de son argent.

« Laisse tomber, ce week-end je compte m'acheter pour 500 balles de sous-vêtements. Je ne te laisserai pas un centime. Et je ne serai pas non plus ton esclave. Tiens-le-toi pour dit. »
- On verra bien, je t'épuiserai. »

Elle enfila un pantalon et attrapa son sac de cours.

« Il te reste un quart d'heure. »


Shikamaru, épuisé comme jamais, s'installa au fond du bus et posa sa tête contre la vitre. Pari débile ! Deux semaines qu'il se fatiguait de minuit à deux heures du matin et elle ne montrait aucun signe de fatigue.

« Alors, on s'épuise ? »

Il se retourna vers Temari qui s'était installée à côté de lui.

« Beaucoup même. Explique-moi comment tu tiens.
- En fait, je dois t'avouer que ce que tu fais m'excite.
- Comment ça ?
- Ca m'excite, Nara. J'aime surtout les soupirs de résignation quand tu te retiens de jouir pour ne pas salir tes draps. Je trouve ça craquant
- Tu viens donc de dire que je t'excite.
- Pas tout à fait, je viens de te dire que tu devrais abandonner. J'ai dépensé ton argent depuis longtemps. N'insiste pas.
- Si, j'insiste.
- Très bien. Mais fais quand même attention à ne pas finir en sex' addict et de ne pas tomber de fatigue. »

Elle resta à côté de lui pendant qu'il somnolait contre son épaule, éreinté comme jamais. Le bus démarra et il entendit à moitié Temari et son amie Tenten parler.

« Dis-moi, Tem', qu'est-ce qu'il fiche contre toi ?
- Il est fatigué. Je n'ose pas l'envoyer bouler.
- L'ancienne Temari n'aurait pas hésité une seconde.
- Mais l'ancienne Temari ne vis pas chez lui.
- Et quand est-ce que tu pars déjà ?
- Dans deux jours. Je l'ai déjà annoncé à ses parents.
- Et à lui, tu ne l'as pas dit ?
- Je préfère que ses parents lui annoncent quand je serai déjà chez mon tuteur.
- Mais tu seras toujours à Konoha, tu ne peux pas l'éviter indéfiniment.
- Je sais.
- Et puis, il va falloir que tu m'expliques pourquoi ça t'ennuie autant de partir sans lui annoncer. »

Alors elle allait partir de chez lui, de sa chambre. Plus de jeux de mot cru, de discussion à caractère sexuel, de scène interdite, de joute verbale. Et en plus de cela, elle ne comptait même pas lui en parler. C'était un comble !

« Et sans parler de malheur, combien de centimètres ? »

Tenten !

« Je dois bien t'avouer qu'on n'a pas eu l'occasion de se pencher sur son cas, avoua Temari d'une voix joueuse. Mais, pour le beau jeu, je parie sur dix-sept centimètres.
- Pas mal, répondit Tenten en pouffant. Bon, ça ne vaut pas celle de Neji, mais… »

La blonde rit à ces mots, ce qui énerva Shikamaru sans qu'il sache vraiment pourquoi. La taille n'a pas d'importance, ce qui compte c'est la façon de l'utiliser, se répéta-t-il comme il l'avait entendu dire dans un film.
Les deux filles continuèrent à parler jusqu'à ce qu'ils arrivent au point d'arrêt de Shikamaru et Temari. Il fit semblant de dormir et elle le secoua pour le réveiller. Ils descendirent, rentrèrent, sans que Shikamaru n'adresse un mot à la blonde.
La soirée se passa glacialement et les adolescents partirent se coucher sans une parole. Aux alentours de minuit, il entendit Temari se lever pour aller aux toilettes. Il suivit sa silhouette se hâter jusqu'à la porte et sortir de son champ de vision.
Cette histoire de départ ne lui plaisait décidément pas. Temari ne voulait pas lui annoncer par ses propres moyens. Cela signifiait-il qu'elle ne voulait plus lui parler par la suite ? Il croisa les bras derrière la tête, bien décidé à avoir une discussion sérieuse avec elle. Temari revint s'installer dans le canapé convertible pour se glisser sous la couette. Il s'installa de côté, fixant l'endroit où se trouvait la blonde dans les pénombres. Il laissa passer quelques minutes avant d'ouvrir la bouche.

« Temari, tu dors ?
- Non, je t'attends. »

Attendre ? Évidemment…

« Tu as quelque chose à me dire ? murmura-t-il sans l'accuser.
- Non, je ne pense pas.
- Bien sûr. »

Il se rallongea de tout son long, fixant le plafond.

« Tu me fais la tête ? demanda finalement la blonde au bout d'un moment.
- Un peu.
- Pourquoi ?
- Tu t'en rendras bien compte. »

Un ange passa puis elle revint à la charge : « Tu as perdu.
- Perdu quoi ?
- Il est déjà deux heures, et tu n'as rien fait.
- Nous n'avions pas fixé d'horaire. Il fait encore nuit.
- Alors qu'attends-tu ?
- Serais-tu accro, miss ?
- Pas du tout !
- Cht. Parle moins fort… Si : que je me fasse plaisir te fais du bien. Ça t'excite, ça te rend folle. Avoue-moi que tu aimes ça.
- Hum… Okay, tu as raison. J'adore ça. C'est pour ça que tu vas perdre, parce que je ne me lasserais jamais d'entendre tes soupirs.
- Tu veux que je te dise à quoi je pense quand je le fais
- Pas vraiment, ça couperait le charme de l'action. »

Shikamaru se releva et s'avança jusqu'au lit de Temari, sans aucun vêtement sur le dos. Il s'assit sur le matelas de la blonde et approcha son visage d'elle.

« Qu'est-ce que tu fiches, Nara ?
- Je pense à toi. Pas à chaque fois, mais régulièrement. Ces derniers temps tu m'as montré des facettes que je n'aurai jamais imaginées. Ce corps. Ton corps. Ton caractère. C'est toi qui me mets dans cet état. J'ai une irrépressible envie de te retirer ce haut et de te caresser. J'ai envie de t'embrasser, de toucher ta poitrine, tes fesses, de te sentir contre moi. Je sais que c'est assez malsain d'annoncer ça de cette façon. Mais c'est vrai. »

Il avança une main vers la couette mais se retint.

« Tu as bu ?
- Non. Je veux simplement briser cette fausse intimité. Tu finiras bien par partir et cela coupera court à mes envies de te baiser sauvagement. Enfin je l'espère.
- Pourquoi être aussi sincère maintenant ? C'est idiot.
- J'ai entendu ta conversation avec Tenten. C'est lâche de ta part. Tu m'aurais laissé en plan, moi et mon petit sexe ?

- Sois honnête.
- Oui. Je t'aurai tourné le dos sans remords. Prête à t'oublier. Toi et ton petit sexe. »

Il se pencha vers elle, l'embrassant là où il pensait trouver son visage. Elle attrapa sa tête à deux mains et le dirigea jusqu'à ses lèvres. Ils s'embrassèrent une bonne minute. Temari caressant la jambe de Nara avec la sienne alors qu'il se penchait plus pour la plaquer contre l'oreiller, les mains baladeuses. Ils s'arrêtèrent et elle se retourna sous l'étonnement qu'il afficha dans le noir.

« Ce baiser ne veut rien dire. Retourne te coucher. »

Il sentit qu'elle se cachait sous la couverture et s'en alla jusqu'à son lit.

« Je dois quand même me masturber ?
- C'est à toi de voir. Un semestre de devoir de Terminal c'est pas super cool. »

Cette nuit-là, il s'imagina une alternative possible qu'il y ait pu avoir entre eux. Il la savait éveiller et tentait sans trop savoir comment de lui faire comprendre qu'il ne la lâcherait pas si facilement.


Le lendemain, elle ignora allègrement ce qui lui plaisait d'oublier sur ce qu'il s'était passé plus tôt. Ce fait agaça gravement Nara. Nous étions vendredi et samedi matin, très tôt, elle serait déjà partie.
Il la coinça à l'arrêt de bus, sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas l'éviter.

« On s'est embrassé.
- Faux, tu m'as embrassé.
- C'est toi qui m'as dirigé jusqu'à tes lèvres.
- Non, tu as tâtonné jusqu'à trouver.
- Tu m'as caressé avec ta jambe.
- Pas du tout : Tu as essayé de me monter. »

Inutile de continuer. Elle faisait barrage à toutes ses affirmations. Il fallait la surprendre. Il se posa contre le poteau d'arrêt, la tête en arrière.

« J'ai une envie folle de coucher avec toi.
- Tais-toi. Et oublie-moi un peu. »

Le bus s'arrêta et ils montèrent l'un derrière l'autre.
Shikamaru n'arriva pas à se concentrer de la journée. Il pensait à Temari. Ces derniers temps ils s'étaient redécouverts l'un comme l'autre. Comment aurait-il pu imaginer que cette fille qu'il considérait comme une brute puisse avoir un côté aussi sensuel et désirable ?

« Je crois que monsieur Nara n'a pas l'air passionné par l'histoire du Japon, s'exclama son professeur d'option. Pourriez-vous nous partager vos pensées ? »

Shikamaru se tourna vers son voisin de droite qui lui lançait un regard d'incompréhension : les boulettes de papier témoignaient de la hargne qu'il avait mise pour le sortir de ses songes.

« Non.
- Très bien. Alors parlez-nous un peu de l'unification du Japon. »

Nara avait beau avoir un une grande capacité intellectuelle, sans une première écoute l'information ne pouvait pas entrer.

« Je ne sais pas.
- C'est encore mieux, ironisa l'éducateur. Inuzuka, accompagnez donc ce rêveur jusqu'en salle de permanence. »

Le jeune Kiba Inuzuka se releva et s'avança jusqu'à la porte principale où Shikamaru l'y rejoint.
Sortis de la salle, Kiba commença à parler.

« Alors, on ne t'entend plus trop en ce moment. Tu expliquerais à ton vieux pote cette histoire avec Temari ?
- Quelle histoire ? »

Inuzuka fronça les sourcils.

« Ne te fiche pas de moi. Tout le monde est au courant. Il se passe quelque chose entre vous deux. C'est évident.
- Tout le monde ?
- Tu devrais regarder les gens qui vous fixent le matin dans le bus. Certains pensent que vous êtes du genre à coucher pour vous occuper quand y'a pas de devoir. D'autres disent que vous faites des trucs pas nets tous les deux. On pense même que vous sortez ensemble ! Alors dis-nous tout !
- Dire quoi ?
- Est-ce que tu la baises !? »

Cette question résonna dans tout le couloir et les jeunes garçons accélérèrent le pas.

« C'est idiot ce que tu me dis. On ne fait rien ensemble. Elle vit chez moi par procuration, rien de plus.
- Alors quand tu monteras dans le bus, regarde ceux qui t'observent. »

Ils se séparèrent quand Shikamaru entra dans la salle de permanence, les idées troubles tous les deux.


Quand Shikamaru Nara monta dans le bus scolaire, il étudia avec une vue neuve l'ensemble des élèves qui lui adressait des œillades pas forcément discrètes. Prêt à s'installer à côté de Temari, il se ravisa pour rejoindre Kiba.

« Qu'est-ce que je te disais ?
- Effectivement. Mais d'où viennent toutes ces rumeurs ?
- Aucune idée. Elles sont arrivées par la porte d'entrée et on les accueillit avec bonhomie. »


« Temari, tu dors ?
- Pas encore, mais j'essaye.
- Tu savais que tout le lycée soupçonne une relation informelle entre nous deux ?
- Peux-tu préciser, Nara ?
- Ils pensent qu'on couche ensemble.
- D'où vient cette rumeur ?
- Je ne sais pas. Je l'ai appris par Kiba.
- Inuzuka est un chien en chaleur, ce genre d'action l'excite.
- Alors que doit-on faire ?
- Les ignorer. »

Elle coupa court à la discussion et Shikamaru se leva pour avancer jusqu'à la blonde. Il caressa ses épaules du bout des doigts.

« Casse-toi. »

La tête enfoncée dans l'oreiller, elle le repoussa avec difficulté.

« Personnellement, je pense qu'on devrait le faire.
- Faire quoi ?
- Coucher ! »

Temari se releva d'un coup.

« Ne me fais pas de frayeur pareille, j'ai failli croire que tu y songeais réellement.
- J'y pense sérieusement.
- C'est à cause de ce pari que tu es comme ça ?
- Je ne sais pas, peut-être. »

Oui, peut-être. Sans cette rentrée mouvementée et ses sous-vêtements, jamais Temari n'aurait été aussi importante à ses yeux. S'il avait envie d'elle, ce n'était que grâce à une série d'évènements.

« Il vaut peut-être mieux tout annuler.
- Sûrement pas ! Tu pars demain. Si tu t'en vas, tu auras perdu.
- On verra bien. »

Elle embrassa l'épaule de Nara et se rallongea.

« Bien sûr, on verra bien. »


Yoshino Nara aidait Temari à faire sa valise, scrutant les vêtements légers quelle pliait consciencieusement. Un débardeur rose à tissu quasi-transparent attira son attention. Mettait-elle ce genre d'habit pour aller en cours ?

« M'man, le tuteur de Temari est dans le salon. Il a l'air plutôt impatient.
- Ne t'inquiète pas, nous n'en avons plus pour très longtemps. »

Shikamaru laissa les deux femmes entre elles pour revenir au salon où se trouvaient son père et le représentant légal de la blonde. Ils discutaient. Discussion d'homme à homme sur l'éducation des enfants et des règles de vie à leur faire adopter au plus tôt.

« Elle arrive dans peu de temps. Elle finit de ranger sa valise. »

Quand Temari s'installa sur le siège arrière de la belle voiture de son éducateur, il la vit lui glisser un baiser. Son téléphone sonna quand l'engin tourna au coin de la rue et le numéro de la blonde s'afficha. Il ne prit pas la peine de parler, l'appel ne dura que quelques secondes.

« Ce soir, pense à moi »

La tonalité de raccrochement se fit entendre et il éteignît son cellulaire. Shikamaru passa sa journée à sourire tel un bienheureux. À l'heure du souper, ses parents le surprirent à jouer avec les coquillettes de son assiette, le menton dans la main. Un air rêveur collé au visage.

« Fils, à quoi penses-tu depuis ce matin ? demanda son père sans vraiment vouloir de la réponse.
- À rien, vraiment rien.
- Alors qu'elle est cette allure béate que tu soutiens depuis le départ de Temari ? Es-tu si heureux de ne plus la voir dans cette maison ?
- Pas tellement. »

Nara fils avala ses dernières pâtes pour débarrasser son assiette et partit se prendre une douche. Comme Temari n'était plus là, il pouvait se le permettre et ainsi donc de profiter pleinement de son instant sous l'eau pour se prélasser plus que de nécessaire tout en pensant à elle. Il avait beau avoir été euphorique toute la journée, il n'avait pas vraiment pensé à Temari. Plutôt à ce qu'il ferait maintenant qu'elle n'était plus là. L'ordinateur toute la nuit, la cigarette avant de dormir, les devoirs après la douche.

D'un autre côté, pensa-t-il en sortant de l'eau, il n'y aurait plus de remarques déplaisantes qu'il puisse balayer par une réponse de mauvaise foi. Plus non plus de regard étonné de la part des habitués du bus scolaire. Et puis ces soirées… Des baisers, des répulsions, des excitations, du sexe
Il se sécha et attrapa son paquet de cigarette, enveloppé dans sa serviette. Nara ouvrit la fenêtre et s'installa sur son rebord. Il s'étonna même de son comportement : s'allonger était pourtant mieux. Seulement il préférait nettement aérer la pièce.
Manière de femme.
Quelle fille galère cette blondasse !


Après une partie en réseau sur son ordinateur, Shikamaru éteignit sa machine pour la ranger sous son lit. Il était déjà tard et il se sentait fatigué. Il regarda par la fenêtre. Les rideaux n'étaient pas tirés et ne le seraient plus puisque Temari n'était plus là. La lune n'était pas pleine mais éclairait nettement la nuit. Pas d'étoile, mais des nuages sombres se présentaient et Nara les regarda pour s'endormir.
Il était deux heures et demie quand il entendit qu'on toquait à la vitre de sa chambre. Il mit un long temps de réaction avant de se relever et voir qui insistait autant à sa fenêtre.

« Temari ? »

Le brun s'avança pour lui ouvrir, tout en lenteur.

« On verra bien, déclara-t-elle, amusée. »

Non, ça ne finirait jamais.


« Encore une histoire rondement menée. À l'origine de tout ça, un épisode de Malcom et une anecdote raconté par des mecs de ma classe de seconde. Tout ça pour mon anniversaire… La blague. »

Sandou-Soudy