Anciennement : WereWolves & Foxes.


« On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux. » Antoine de Saint-Exupéry


CHAPITRE 1


Les vagues allaient et venaient dans un mouvement lent. Elles essayaient de gagner du terrain sur la plage déserte. Sans relâche, elles attaquaient gagnant quelques millimètres à chaque aller-retour. Les rayons du soleil s'amusaient, caressant l'eau de leur lumière. Le bruit était apaisant. Tout semblait aller pour le mieux.

Pourtant, le regard hanté d'une jeune femme fixait les vagues dans leurs danses continuelles. Elle se tenait là, assise face à l'immensité océanique. Silencieuse, comme absente du spectacle qui l'entourait. Ses cheveux balayés par le vent s'emmêlaient, le sable entrait dans ses vêtements, mais rien ne la faisait réagir. Son esprit semblait à des kilomètres de son corps.

Des heures durant, sans bouger ne serait-ce que pour se remettre dans une position plus confortable, elle fixa l'étendu d'eau. Elle cherchait des réponses à des questions que même une entité aussi ancienne que l'océan lui-même ne pourrait lui fournir. Quand l'obscurité remplaça le jour, elle se releva d'un mouvement lent et elle marcha. Quittant la plage, ses pas la guidèrent jusqu'à une maison non-loin de l'océan. Elle y vivait depuis seulement six mois. Elle s'y était installée quand sa tutrice avait décidé qu'il était nécessaire qu'elle quitte son Japon natal.

Elle poussa la porte de cette demeure qu'elle détestait et retira ses sandales avant de gagner la salle d'eau pour enlever le sable qui avait élu domicile dans ses cheveux et ses vêtements. Elle prit son temps et ne sortit que quand sa tutrice la somma de descendre pour manger. Elle s'installa en silence à table, attendit que l'autre se serve pour en faire de même.

_ Cela fait six mois, Saki, soupira l'autre. Tu ne vas pas continuer à bouder comme une gamine de trois ans.

_ Je ne « boude » pas, je n'ai rien à dire, aucune raison de me réjouir, alors je me tais.

L'autre soupira à nouveau. Elle regrettait presque d'avoir décidé de la prendre avec elle, mais cela était nécessaire. Elle ne pouvait pas faillir, pas maintenant : ça approchait. Elle observa la plus jeune d'un regard attentif, avant de dissimuler un sourire satisfait. Elle reprit en silence son repas.

_ Je vais me coucher, prévint Saki en débarrassant son assiette.

Elle n'attendit pas de réponse avant de disparaître dans sa chambre, qu'elle n'appréciait pas à l'instar du reste de sa vie depuis son arrivé ici. Elle tenta d'observer les étoiles depuis la fenêtre de sa chambre, mais d'opaques nuages l'en empêchaient. Elle soupira encore deux ans à tenir. Deux avant qu'enfin, elle puisse s'échapper de ce qui lui semblait être une prison.

O0o0O

L'orage grondait au loin et la jeune femme soupira sachant qu'elle ne pourrait pas retourner sur la plage aujourd'hui. Son regard tomba sur le cadre, où sa mère souriante la regardait d'un air bienveillant. Elle plissa les yeux avant de retourner le cadre pour ne plus voir l'image figée dans le temps d'un être qu'elle ne verrait plus jamais. La mort de sa mère était aussi étrange qu'inexpliquée. Elle s'était comme évaporée et n'avait laissé que pour seul signe de son existence son collier qui jamais ne l'avait quitté. La perle au milieu était fendue et elle avait su que jamais elle ne reverrait sa mère.

O0o0O

_ Joyeux anniversaire, Saki, s'exclama sa tutrice d'un ton qui se voulait enjoué. Dix-sept ans ! Ca se fête, un restaurant ça te dit ?

Elle haussa simplement les épaules, faisant mine de ne pas relevé le ton forcé de son interlocutrice. Elle avait une migraine capitonnée et son seul souhait serait une aspirine et quarante-huit heures de sommeil en plus. Elle avait l'impression que son corps la brûlait de l'intérieur et elle venait de découvrir des muscles qui, elle en était sur, n'étaient pas là hier. Ses yeux lui montraient tout en flou et en double. La journée serait longue.

_ Aller ! Lève-toi, je t'ai préparé de quoi déjeuner.

Déjeuner ? Elle regarda brièvement son horloge et constata qu'il était près de treize heures. Ça ne lui arrivait jamais de se réveiller aussi tard. Le départ de sa tutrice lui enleva un poids, cette femme l'asphyxiait, sa seule présence arrivait à la rendre malade. Elle se leva, essayant d'oublier son mal. Elle était rarement voir jamais malade, la dernière maladie qu'elle avait eu remontait à des années auparavant.

Elle se leva et s'habilla avant de gagner la salle à manger où un repas l'attendait effectivement. Elle mangea sans avoir faim, elle écoutait simplement l'autre déblatérer sur elle ne savait qu'elle sujet. Elle fit ensuite sa part de ménage et retourna dans sa chambre sans plus de cérémonie.

Alors qu'elle avait entreprit de lire un livre quelconque, une odeur horrible et dénaturalisée la frappa. Il y avait quelque chose. Elle se figea terrifiée. C'était trop sucrée ou amer. Peu importe ! Elle se leva prudemment et s'avança jusqu'à la porte entre-ouverte de sa chambre. Elle agrandit l'espace pour s'y engouffrer et avança sur la pointe des pieds jusqu'à l'escalier. Elle retint sa respiration : il y avait quelqu'un avec sa tutrice et c'est de cette personne qu'émanait cette odeur horrible.

_ Alors comment ça avance ?

_ Bien je dirais. Au vue de son caractère insupportable, je pense pouvoir dire qu'une certaine relation de confiance s'est installée. Elle ne me fuit plus autant et me tient une conversation une fois par jour.

Ils parlent d'elle comprit-elle, ses yeux s'agrandissant de surprise. Qui était cet homme pour venir ici et demander comment se passait leur cohabitation ? Elle fronça les sourcils et écouta la suite.

_ Cette gamine est vraiment, ricana-t-il sans pour autant terminer sa phrase. Enfin, elle a dix-sept ans, ça ne devrait pas tarder à apparaître. Elle sera éveillée totalement à ses dix-huit ans. Enfin, c'est ce que j'ai réussi à faire cracher à l'autre garce avant qu'elle m'exaspère et que je lui arrache la gorge.

Saki se figea. Cet homme venait-il d'avouer avoir tué quelqu'un ?! Elle retourna aussi calmement que possible jusqu'à sa chambre. Elle ouvrit sa fenêtre malgré la pluie qui tombait. Elle étouffait. Elle s'assit sur son lit essayant tant bien que mal de calmer son état de panique. Son cœur battait la chamade. A force de concentration elle finit par calmer les tremblements de son corps. Elle ne savait pas quoi faire. Prévenir la police ? Elle ne savait pas à quoi l'homme ressemblait ? Sa tutrice démentirait puisqu'elle avait l'air bien au courant.

La jeune femme passa une main sur son visage. Elle secoua doucement son visage… Elle avait sûrement mal entendu. Son imagination avait dû lui jouer des tours, elle avait trop lu de bouquins policiers. Elle avait forcément mal entendu.

O0o0O

Trois jours étaient passés et Saki était toujours paniquée. L'air de avait toujours des relents de l'odeur de l'homme. Ça lui rappelait chaque jour les paroles horrifiantes qu'elle avait entendu. Elle évitait par tous les moyens sa tutrice. Elle passait le plus clair de son temps à la plage avec un livre. Elle n'osait pas aller à la police et l'homme n'était pas revenu, sa tutrice n'en avait pas parlé. Elle avait finit par se convaincre qu'elle avait mal entendu.

Elle s'inquiétait aussi pour les autres paroles de l'homme. Celles qui la concernaient. Que pouvait-il vouloir dire par « elle sera éveillée totalement à ses dix-huit ans ». Cela tracassait grandement.

La Takamura n'arrêtait pas de tourner et retourner la phrase dans sa tête. Aucune conclusion ne lui paraissait plausible. S'éveiller à quoi d'abord ?

Saki s'allongea sur le sable et fixa le ciel. Ses pensées se mélangeaient et s'entremêlaient, elle n'arrivait à rien. Ses théories s'effondraient les unes à la suite des autres comme un château de cartes.

Elle se rassit et entoura ses jambes de ses bras. La peur la tenaillait. Elle n'avait qu'une envie : fuir. Disparaître. Purement et simplement.

O0o0O

Saki se réveilla haletante. Elle était en sueur et essoufflée. Elle avait l'impression d'étouffer, sa peau irradiât de chaleur. Elle songea un instant à prévenir sa tutrice, puis se ravisa en sentant qu'elle ne pouvait pas faire confiance à cette femme. A la place elle se dirigea tant bien que mal jusqu'à sa salle de bain ou elle prit une douche froide. Elle regarda ses mains tremblantes. Elle était incapable de mettre des mots sur son état. C'était si étrange.

Elle devait découvrir ce qu'il se passait. Depuis la mort de sa mère plus rien ne semblait aller, tout tournait à l'envers.

Elle avait besoin de savoir.

O0o0O

Le moment approchait. Certaines révélations se devaient d'être faites.

Un nouveau chemin se traçait, un chemin où solitude n'existait plus.

Un chemin semé d'embuche où le plateau de jeu était aléatoire et plein

D'embuches tous les coups y sont permis. Le jeu va commencer.

Soit prête !


Voici le chapitre 1 de cette version réécrite. En espérant qu'il vous ait plut.

.Fanfiction commencée le 21/09/2014 ; Réécriture le 03/07/2016.