Disclaimer : Tous les personnages et les lieux que vous connaissez appartiennent à JK Rowling et à la Warner Bros. Seuls le scénario, Cloé, et quelques autres persos que vous n'avez sûrement pas remarqués sont à moi (et j'y tiens, vous ne les aurez pas).
Ah zut, il faut que je change de disclaimer, Cloé appartient à un autre univers et vous risquez de remarquer les OC, il y en a comme qui dirait un certain nombre dans cette fic. Mais bref, vous saurez reconnaître ce qui m'appartient de ce que j'emprunte sans aucune honte ^^
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Note de l'auteur : Me revoilà ! Le seul, le beau, le grand, l'unique Goten Askil est de retour pour vous jouer un très bon tour ! Et avec des chevilles toujours aussi enflées, comme vous le voyez ^^ Après avoir exploré le cliché du Potter à Serpentard, on va donc aller s'amuser dans celui du voyage dans le temps, comme le titre de ce premier chapitre vous le fait deviner. Ceci n'est plus ma première fic (même si je ne peux que vous conseiller de lire cette dernière si ce n'est pas déjà fait *sifflote innocemment*), mais je suis encore très friand de conseils en tout genre pour améliorer mon style d'écriture.
Ah si, encore une petite note : j'ai mis un rating M pour pouvoir faire ce que je veux, et c'est ce que je vais faire donc si vous ne voulez pas voir mention de thèmes matures (genre la guerre, le sexe (non explicite), la mort, la torture…), ce n'est pas la peine de continuer. Si vous voulez lire du slash, c'est pareil : il n'y en aura pas.
Mais trêve de bavardage, et place au début de cette histoire.
Le Cadeau du Rat
Première partie : la Désillusion du Serpent
Chapitre 1 : Bienvenue dans le passé
— Alors ? interrogea-t-il avec autorité, sans attendre que l'homme incliné à ses pieds ne se soit relevé.
— C'est fait, Maître. Dumbledore est mort.
— Bien, sourit Lord Voldemort. Des pertes ?
— Gibbon a été touché par un maléfice de Rowle et ne s'est pas relevé. Amycus a reçu un mauvais sort au visage mais il s'en remettra. De leur côté, un des fils Weasley a été laissé en sang par Greyback, je n'en sais pas plus.
— Et le jeune Malefoy ? A-t-il accompli sa mission ?
Voldemort nota une hésitation presque imperceptible avant que la réponse ne vienne, aussi dépourvue d'émotion que le reste du rapport :
— Il a fait rentrer vos hommes dans le château, Maître, ce que tout le monde pensait…
— Je parle de son autre mission et tu le sais très bien, Severus, coupa le Seigneur des Ténèbres en plissant les yeux d'un air menaçant. Qui a eu le plaisir de lancer le sortilège qui a mis fin aux jours d'Albus Dumbledore ?
— C'est moi, mon seigneur. Drago avait Dumbledore à sa merci, désarmé, mais l'Ordre n'allait pas tarder à arriver et il prenait trop de temps, alors c'est moi qui aie eu l'honneur de l'achever.
Voldemort sentit en l'écoutant que Rogue cachait quelque chose. Il n'y avait nulle trace dans sa voix de l'honneur dont il parlait. Severus avait toujours été doué pour maîtriser ses émotions, mais là quelque chose ne collait pas.
— Je vois. Dans ce cas, toutes mes félicitations, Severus, tu dois te sentir soulagé de ne plus avoir à faire semblant de supporter ce vieil imbécile amoureux des Sang-de-Bourbe, déclara-t-il d'un ton léger en lançant une attaque de Légilimancie informulée.
À sa grande surprise, il ne sentit qu'une ombre des considérables murailles d'Occlumancie qui protégeaient d'ordinaire les pensées du potionniste. Nullement homme à laisser échapper une telle occasion, il en profita immédiatement pour épier les derniers moments de Dumbledore avec un plaisir sadique. En revanche, sentant que l'état d'esprit de Rogue avait été à ce moment empreint de culpabilité plus que de joie, il continua de creuser plus profondément dans les pensées, éveillant les derniers souvenirs que Rogue avait du directeur alors qu'il commençait péniblement à tenter de le repousser. Voldemort n'était pas le Légilimens le plus accompli des temps modernes pour rien, cependant, et maintenant qu'il était dans la tête de Rogue il serait difficile de l'en faire sortir avant qu'il n'ait appris tout ce qu'il voulait savoir. La dernière conversation d'importance que Rogue avait eue avec Dumbledore, en revanche, le choqua au point qu'il perdit un instant le contrôle de son sortilège et qu'il fut expulsé de l'esprit de son Mangemort.
— Qu'est-ce que…
— Je peux vous expliquer, Maître, c'est…
— Misérable traître ! vociféra Voldemort en dégainant sa baguette magique, expédiant dans le même geste Rogue contre le mur opposé, suffisamment fort pour qu'on entende le craquement des os. Comment as-tu pu oser ?
— Maître, ce n'est pas ce que vous croyez, je…
— Endoloris ! coupa-t-il. Pas ce que je crois, Severus ? reprit-il d'un ton doucereux en relâchant le maléfice, faisant taire les hurlements de Rogue. Dumbledore t'a dit qu'il était presque certain qu'une part de mon âme était logée dans le corps de Potter, et pourtant tu n'as jamais jugé bon de m'en informer. Alors dis-moi ce que je suis censé croire, si ce n'est que tu es un traître ?
— Maître, je ne pouvais pas… en parler… haleta tant bien que mal Rogue en essayant de se relever. J'ai tué Dumbledore, vous l'avez vu ! Je vous suis…
— Parlons de ce meurtre, justement, interrompit Voldemort. Peut-être peux-tu expliquer cet élan de remords que j'ai senti quand je t'ai vu lancer le sortilège ?
— Je regrettais simplement de devoir vous désobéir et prendre la tâche de Drago Malefoy, Maître, se justifia précipitamment Rogue en se retrouvant finalement sur ses pieds. Pourquoi aurais-je tué le vieux fou si je lui étais fidèle ?
— C'est exactement ce que j'allais te demander, répondit Voldemort en s'approchant, la baguette baissée. Quel était le plan de Dumbledore ? N'as-tu tué qu'un pantin, un faux ? Est-ce qu'il est encore en vie, quelque part, attendant de me prendre par surprise ? Ou sa mort faisait-elle partie d'un quelconque rituel destiné à causer ma perte ? RÉPONDS-MOI ! Endoloris !
En même temps que son maléfice, Voldemort lança une nouvelle attaque de Légilimancie, mais Rogue était prêt pour l'un comme pour l'autre. Les boucliers d'Occlumancie étaient bien en place, cette fois, et Rogue sortit à son tour prestement sa baguette en esquivant le Doloris. Il répliqua d'un sortilège que Voldemort ne s'abaissa pas à identifier avant de le dévier négligemment, et de retourner une volée de maléfices aussi douloureux que non létaux. Il avait encore des réponses à obtenir.
— Tu montres enfin tes vraies couleurs, Severus ? Tu es pourtant bien placé pour savoir que jamais tu ne pourras faire le poids contre Lord Voldemort !
— Maître, vous devez m'écouter ! Ce serait une terrible erreur de me tuer, je ne suis pas un traître !
— Voyons, Severus, je ne n'ai jamais eu l'intention de te tuer, rétorqua tranquillement le Seigneur des Ténèbres en continuant son barrage de sortilèges sans laisser à Rogue le temps de riposter. Du moins pas tant que tu ne m'auras pas dit tout ce que Dumbledore savait sur les Horcruxes.
Le directeur n'avait pas prononcé le mot, mais entre cette conversation et le journal intime que la négligence de Lucius lui avait mis sous les yeux, il était fort probable qu'il ait fait le rapprochement. Aussi brillant soit le vieillard, il n'avait certainement pas eu l'intuition qu'une part de son âme s'était détachée lors ce funeste jour d'Halloween sans raison préalable de suspecter qu'il avait fait des expériences sur son âme. Et donc Dumbledore avait sans doute au moins émis l'hypothèse qu'il ait fait des Horcruxes. Voldemort devait tout savoir des conclusions qu'il avait atteintes. C'était peut-être l'information la plus primordiale qu'il ait eu à apprendre de sa vie, et Rogue était le seul à la posséder.
— C'est la première fois que j'entends ce mot, Maître, je vous en fais le serment !
— Par contre, rien ne m'empêche de te faire souffrir un peu pour te faire regretter de m'avoir trahi, se contenta de répondre Voldemort en touchant Rogue d'un maléfice qui allait progressivement répandre la nécrose dans tous les tissus non vitaux de son corps –extrêmement douloureux, et un sorcier en bonne santé pouvait survivre des années avec une telle malédiction. Tu finiras par me dire toute la vérité, Severus, tu le sais aussi bien que moi, alors pourquoi ne pas nous faire gagner du temps à tous les deux ? Ce n'est pas comme si tu allais un jour sortir d'ici, de toute manière.
— Je vous ai déjà dit la vérité, Maître, vous l'avez même vue dans mon esprit ! répliqua Rogue en lançant un sortilège paralysant –le Seigneur des Ténèbres lui reconnaissait au moins l'effort de maintenir sa comédie en n'utilisant pas de sorts vraiment dangereux, même si ça allait causer sa perte. Je vous suis fidèle, Maître, je…
— Avada Kedavra !
Les deux combattants furent aussi surpris l'un que l'autre d'entendre ce cri, et aucun n'eut le temps de faire un geste avant que l'éclair vert ne frappe le dos du traître. Il s'écroula sans vie, et Voldemort vit que derrière lui, venant juste de passer la porte, se tenait Bellatrix Lestrange, la baguette encore levée et le sourire satisfait étirant toujours ses lèvres.
— J'ai toujours su qu'il n'était qu'un sale traître, mais je ne le croyais pas en plus stupide. Comment a-t-il pu croire…
— Espèce d'idiote ! l'interrompit Voldemort en sentant la fureur monter en lui à grande vitesse. Pourquoi as-tu fait cela ?
— Mais Maître, il levait sa baguette sur vous, il…
— Endoloris ! Crois-tu un instant qu'il représentait le moindre danger pour moi, Lord Voldemort, le plus puissant sorcier que cette Terre ait jamais vu naître ? Rogue n'était rien de plus qu'un insecte face à moi ! vociféra-t-il par-dessus les cris de douleur de Bellatrix.
— Maître, ce n'était qu'un traître, il ne méritait pas de vivre, haleta-t-elle quand il relâcha enfin le sortilège.
— Bien sûr qu'il méritait la mort, et il aurait fini par la recevoir. Mais sais-tu comment j'ai appris sa trahison, Bella ? Sais-tu ce qui m'a permis de découvrir dans quel camp était réellement Severus ?
— Non, je…
— Évidemment que tu l'ignores, idiote, puisque tu n'étais pas là ! explosa-t-il de nouveau de fureur. Rogue m'espionnait pour le compte de Dumbledore depuis le début, et à cause de toi je ne saurais jamais tout ce que le vieux fou avait appris ! Endoloris !
Voldemort se calma légèrement en voyant le corps de Bellatrix se convulser de nouveau de douleur. Les rumeurs qui la disaient encline à prendre autant de plaisir en recevant un Doloris qu'en le lançant n'aurait pu être plus infondées : nul ne pourrait se tromper sur la nature de ses hurlements, et encore moins les confondre avec la joie presque orgasmique qu'elle éprouvait quand c'était elle qui torturait ses victimes jusqu'à la folie.
— Nettoie-moi ça, Bella, lança-t-il en la libérant finalement. Je dois réfléchir.
— Bien, M… Maître, bégaya-t-elle en se levant difficilement.
Il devait tout de même reconnaître que Bella disposait d'un seuil de tolérance à la douleur beaucoup plus élevé que la moyenne, songea le Seigneur des Ténèbres en la regardant léviter le cadavre hors de la salle. Il n'avait jamais vu personne se relever aussi facilement après avoir reçu le maléfice Doloris. Potter avait été le seul à l'approcher, mais c'était le soir où il avait récupéré son corps, il avait encore été faible –selon ses critères personnels, du moins.
Penser à Potter lui rappela immédiatement la conversation dont il avait été témoin dans l'esprit de Rogue. Dumbledore avait été persuadé que le soir où il avait perdu son corps, il avait également perdu une part de son âme, qui s'était logée dans le corps du bébé Potter. Si le vieux fou avait raison –et compte tenu de ce qu'il savait de la "connexion" qu'il partageait avec le Survivant, Voldemort n'avait pas assez d'éléments pour éliminer cette possibilité–, il était impossible qu'il meure tant que Potter vivrait. Son pire ennemi, et même son seul véritable ennemi s'il fallait en croire la prophétie, était également sa meilleure assurance vie. Quelle délicieuse ironie. Cependant, il devait absolument s'assurer de la sécurité de ses autres Horcruxes, car il était probable que Dumbledore ait deviné, au moins en partie, leur existence. Après son journal, Voldemort ne pouvait prendre le risque de perdre d'autres parties de son âme.
Il devait également trouver un moyen de mettre Potter en sécurité tout en l'empêchant d'accomplir la prophétie. Les Mangemorts avaient déjà ordre de ne pas le toucher et de le lui laisser, mais le gamin était beaucoup trop inconscient pour prendre le risque. Il avait déjà été mordu par un Basilic, par Salazar ! Mais que faire de lui ? Il pouvait toujours l'enfermer dans un cachot, mais ce pitoyable Ordre n'aurait de cesse de lutter tant qu'ils ne l'auraient pas retrouvé, et il était de toute façon risqué de le garder trop près de lui. L'envoyer à l'étranger ? Il ne possédait pas encore suffisamment d'influence hors des frontières britanniques pour cela, et quel que soit l'endroit où il l'enverrait, il y avait toujours la possibilité qu'un autre traître le fasse échapper. Il ne pouvait se permettre de garder Potter captif trop longtemps.
Pourtant il ne pouvait pas le tuer, car d'après toutes les recherches qu'il avait faites sur les Horcruxes vivants, la parcelle d'âme libérée devrait automatiquement revenir dans le corps de son propriétaire d'origine –c'était l'unique différence avec un Horcruxe classique, sans âme propre. Voldemort n'avait jamais eu l'intention de faire de Potter un Horcruxe, mais il ne comptait pas perdre un tel avantage –rien de moins qu'une immortalité sans aucune faille. Il devait envoyer un Potter dans un lieu où il pourrait mourir sans détruire le Horcruxe, un lieu où lui, Voldemort, n'existerait pas pour que son âme ne se reforme pas. Un endroit où il n'existait pas… C'était insoluble ! Lord Voldemort existait dans ce monde, et il était persuadé qu'aucune distance n'importerait si son âme cherchait à se réunir.
L'idéal serait de laisser le Horcruxe s'accoutumer au corps de Potter pour qu'il y reste fixé à la mort du gamin, mais il faudrait des décennies pour cela, des décennies pendant lesquelles le Survivant continuerait d'être une menace. Si seulement il avait eu cette idée dans sa jeunesse, il aurait pu… Voldemort interrompit ses pensées en ouvrant brusquement les yeux, pris d'une inspiration soudaine. La solution était-elle si simple ? Si Potter se retrouvait dans le passé, dans un passé suffisamment lointain pour que Voldemort ne soit pas encore né, et s'il mourait de manière naturelle –ou en tout cas pas à cause d'une des quelques manières de détruire un Horcruxe–, alors il était certain que le morceau d'âme continuerait d'habiter le corps mort, et aurait le temps de s'y habituer pour garantir éternellement que personne ne pourrait jamais tuer Lord Voldemort.
Le Seigneur des Ténèbres eut un sourire satisfait alors que les détails se mettaient en place à toute vitesse dans son esprit. Le rituel de Détemporalisation était horriblement complexe, mais le plan était parfait. Il suffisait d'envoyer Potter dans un endroit désertique, sans sa baguette, et il finirait par mourir de lui-même, le rendant invincible et annulant cette stupide prophétie. Il ne devait cependant pas négliger ses autres protections, car Potter avait un don pour faire échouer même les plans les plus élaborés. Il vérifierait l'état de ses Horcruxes pendant que ses Mangemorts chercheraient certains des ingrédients les plus rares dont il aurait besoin. "L'ingrédient" le plus indispensable étant bien entendu Potter lui-même, qui se croyait caché chez son oncle moldu.
Avant même qu'il ait retrouvé un corps, Queudver lui avait déjà dit tout ce qu'il avait appris chez les Weasley à propos du dénommé Dursley, et ses contacts au ministère avaient rapidement appris l'adresse de Potter dans le Surrey. Les Barrières mises en place par Dumbledore empêchaient de faire du mal au sang de Lily Potter –même en ayant emprunté ce même sang pour renaître–, mais elles arriveraient à leur terme le jour de la majorité de Potter. Cela laisserait largement le temps de préparer le rituel pour l'envoyer dans le passé. Il devrait également vérifier que la trahison de Rogue ne mettait pas en péril ses autres plans pour le ministère, et s'assurer de la sécurité de ses Horcruxes pendant ce délai. Dans quelques mois tout au plus, le monde sorcier tomberait entre ses mains, et y resterait pour l'éternité.
Quelques heures plus tard, il avait fini de mettre son plan au point et avait envoyé quelques Mangemorts écumer le marché noir international. Il se tenait à présent avec les quelques élus à qui il avait une mission plus personnelle à confier, caressant distraitement la tête de sa Nagini. Ces trois là étaient sans doute les moins susceptibles de le trahir d'une manière ou d'une autre. Il connaissait Jonathan Mulciber depuis les bancs de Poudlard, Queudver avait bien trop peur de lui pour s'opposer à lui, et Bella… il savait pertinemment que Bella ne rêvait de rien plus que d'être dans son lit. Lord Voldemort ne faisait confiance à personne, mais il savait que ces trois là ne feraient rien contre lui.
— Queudver, rappelle-moi ce que tu sais de l'oncle de Potter, finit-il par exiger.
— D'après les conversations que j'ai entendues chez les Weasley, il déteste Potter et le néglige autant que possible. Avant sa deuxième année, les trois plus jeunes fils ont même été obligés d'aller le chercher en voiture volante parce qu'il était séquestré dans sa chambre.
— C'est bien ce qu'il me semblait. Jonathan ! Je veux que tu trouves ce Dursley, et que tu découvres tout ce qu'il y a savoir sur lui. Utilise tes connexions, fais affaire avec lui, gagne sa confiance, utilise tous les moyens nécessaires, mais je veux connaître son point faible, et en utilisant le moins de magie possible pour éviter de te faire repérer par l'Ordre.
— Si je comprends bien, Maître, vous voulez que l'oncle de Harry Potter reçoive une petite visite de Sir Jonathan ?
De nombreuses familles de Sang-purs méprisaient le choix des Mulciber de conserver des contacts avec le monde moldu, mais Voldemort avait toujours su que cela pouvait s'avérer utile, et c'était le cas aujourd'hui. Le titre de noblesse qu'ils avaient reçu plusieurs générations auparavant pouvait grandement faciliter ses tractations avec Dursley. Et dans le cas contraire, Jonathan avait un talent rare pour le maléfice de l'Imperium.
— Exactement. Trouve comment l'atteindre, et tiens-toi prêt à intervenir dès que je t'en donnerai l'ordre. Dans peu de temps il faudra que Mr Dursley collabore avec nous. Volontairement ou non.
— À vos ordres, Maître.
— Très bien, Queudver et toi, occupez vous de ça dès maintenant. J'ai encore un mot à dire à Bella.
Les deux hommes s'inclinèrent avant de partir, le laissant seul avec une Bellatrix cachant à peine sa jubilation d'être en sa compagnie.
— Te souviens-tu de ce que je t'ai confié, il y a de cela des années, Bella ?
— Vous voulez dire la coupe de…
— Sssilence. Oui, c'est de ça que je parle. Y a-t-il un moyen de savoir si elle est toujours bien cachée là où tu l'as laissée ?
Voldemort haïssait de devoir demander des informations à quiconque, mais n'ayant jamais eu de coffre à Gringotts, il ne savait rien des procédures en vigueur à la banque. Ses connaissances de l'établissement tenu par les gobelins se réduisaient à ce qu'il avait appris en le cambriolant six ans auparavant.
— Comme je suis recherchée, ces répugnants gobelins préviendraient le ministère si je leur écrivais pour leur demander. Mais si nous attaquions Gringotts, je pourrais en profiter pour visiter mon coffre.
— Cela attirerait trop l'attention. Tu vérifieras l'état de ton coffre quand le ministère nous appartiendras. La capture de Potter est prioritaire, mais sans Dumbledore le ministère ne tiendra plus très longtemps.
— Si je peux me permettre, Maître, pourquoi tant d'intérêt pour Potter, soudainement ? Vous avez toujours dit qu'il n'était pas assez important pour se débarrasser de lui, et que nous pouvions laisser l'Ordre perdre son temps à le protéger.
— Maintenant que Dumbledore n'est plus là, le soi-disant Survivant est le dernier espoir de tous les idiots qui s'opposent à moi. Les perdre tous les deux coup sur coup leur fera définitivement perdre toute illusion de victoire. Laisse-moi, maintenant.
Il ne permettrait pas qu'une autre personne, aussi fidèle lui fût-elle, apprenne l'existence de ses Horcruxes. Pas tant que le corps de Potter ne serait pas bien en sécurité enterré dans les sables du Sahara.
-~~O~~-
Plusieurs semaines avaient passé et l'inquiétude de Lord Voldemort n'avait cessé de s'accentuer. Les ingrédients qu'il avait demandés avaient mis bien plus de temps à arriver qu'il ne l'aurait voulu, sans les contacts de Rogue dans le marché noir. Et après cela, il avait encore fallu laisser mijoter la potion nécessaire au rituel une semaine entière pendant qu'il y ajoutait le souffle de Nundu solidifié et le sable de Retourneur de Temps. Il avait bien sûr dû préparer la mixture lui-même, puisqu'elle beaucoup trop complexe pour qui que ce soit d'autre. Il devrait activement chercher un nouveau préparateur de potions, même si en trouver un autre du calibre de Rogue serait difficile.
Mais le rituel en lui-même n'était pas ce qui l'inquiétait, loin de là. Voldemort s'était rendu dans la masure autrefois habitée par les Gaunt, ainsi que dans la caverne qu'il avait visitée pour la première dans son enfance, et il n'avait pu que constater la disparition de deux de ses Horcruxes. Il ne pouvait s'assurer de leur état, ou de la sécurité de la coupe ou du diadème tant que le ministère ne serait pas à lui, mais le pire scénario pouvait ne le voir plus qu'avec deux sauvegardes : Nagini et Potter. Il devenait donc d'autant plus urgent de capturer le Survivant et de l'envoyer dans le passé, et c'était pour cela qu'il faisait les cent pas en attendant le retour de Mulciber.
— Maître, salua ce dernier quelques instants plus tard en entrant dans la salle de bal du manoir Malefoy.
— Alors, comment cela s'est-il passé ?
— Dursley a parfaitement accepté le plan, et semblait étrangement heureux de se débarrasser de son neveu. C'est peut-être Potter, mais qu'un porc de son espèce ait autant de mépris pour un membre de sa propre famille…
— A-t-il bien tout compris ? coupa impatiemment Voldemort.
Il n'avait jamais saisi la valeur que la plupart des Sang-purs accordaient à la famille. Lui-même n'en avait plus, et il ne s'en portait que mieux.
— Je m'en suis assuré par Légilimancie, Maître. Demain matin, Dursley va verser le somnifère dans le petit déjeuner de Potter, et quand celui-ci sera profondément endormi, il le mettra dans une grosse valise et l'amènera, avant d'aller travailler, au point de rendez-vous que nous avons décidé. Il me laissera la malle et la baguette de Potter, et s'attendra à recevoir cent mille livres sterling pour son effort.
— Et si l'Ordre l'interroge sur cette malle ?
— Il dira que c'est du matériel pour son travail en évitant de les regarder dans les yeux, récita diligemment Mulciber, répétant les détails du plan que son Seigneur avait mis au point. Vu son attitude depuis qu'il sait que je suis un sorcier, cela ne devrait pas sembler inhabituel.
— Bien. N'oublie pas d'utiliser la baguette de Potter pour le tuer, et de la laisser sur place. Laissons ces imbéciles du ministère se demander pourquoi leur héros a tué son oncle avant de disparaître.
— Ce sera avec plaisir, Maître, s'inclina le Mangemort. Potter sera ici avant huit heures demain matin.
Alors qu'il sortait, Voldemort relut une dernière fois les calculs arithmantiques déterminant la quantité de sable de Retourneur de temps à ajouter à la potion. Le moindre grain de trop pouvait changer la date d'arrivée de plusieurs siècles, aussi avait-il cherché les meilleurs résultats aux ASPIC d'Arithmancie parmi ses Mangemorts pour gagner du temps pendant qu'il s'occupait d'autres détails plus complexes encore. Il avait été surpris de constater que Pettigrow détenait la palme, mais les calculs étaient parfaits. À présent, tout ce qui pouvait compromettre son plan génial était une erreur du moldu. Et si cela arrivait, alors le Surrey disparaîtrait de la carte à la seconde où Potter en serait parti.
Il avait tort de s'inquiéter, cependant : le lendemain, Mulciber revint à l'heure dite en faisant léviter le corps inconscient de Harry Potter devant lui. Voldemort arracha d'un sort un petit morceau de peau à l'adolescent et l'ajouta au chaudron bouillonnant doucement devant lui. Il ordonna ensuite à Mulciber de déposer le corps au milieu de la salle, et de lui présenter sa marque des Ténèbres. Il utilisa ensuite la potion pour tracer un cercle de runes magiques autour de Potter sans faire attention à ses hommes qui entraient un par un pour se mettre en place autour de lui. Quand il se redressa, tous étaient rassemblés en silence, le masque camouflant leurs traits.
Sans leur dire un mot, il fit de Potter –ou plus exactement des vêtements qu'il portait– un Portauloin à usage unique et commença à réciter la longue et ancienne formule magique qui apporterait la touche finale au rituel. Il espérait presque qu'un nouvel espion se cache parmi eux pour pouvoir rapporter à l'Ordre la nouvelle que leur dernier espoir était perdu. Ce ne fut que quand il prononça le dernier mot de l'incantation et que Potter et le cercle de runes disparurent tous les deux dans un grand éclair de lumière qu'il s'autorisa à rompre sa concentration pour éclater d'un grand rire.
— Mes amis, vous venez d'assister à la dernière étape du plan visant à assurer définitivement mon immortalité. Plus rien ni personne ne peut plus se mettre en travers de mon chemin, et ceux qui essaieront comprendront une bonne fois pour toutes ce qui arrive aux ennemis de Lord Voldemort !
Ses Mangemorts applaudirent, même si peu devaient comprendre à quel point ses paroles étaient justes. Potter avait suffisamment de somnifère dans le sang pour dormir encore quelques jours, et même la physiologie plus robuste d'un sorcier ne pouvait survivre aussi longtemps sans eau en plein cœur du Sahara. Faisant apparaître un verre de vin pour chacun de ses Mangemorts, il leva le sien et proclama d'une voix qui laissait deviner l'étendue de sa jubilation :
— Portons un toast ! À mon pouvoir, au début de mon règne éternel, et à Harry Potter ! Puisse-t-il avoir profité de la fin de sa vie en Afrique de 1712 !
Voldemort savoura son vin des elfes alors que ses Mangemorts éclataient de rire autour de lui. Que la victoire avait une douce saveur.
-~~CR~~-
Vernon Dursley souffrait de graves insomnies depuis qu'il avait été menacé par des sorciers sur le quai de la gare un an auparavant, et aucune méthode médicale ne semblait en mesure de l'aider à dormir. Il était tellement désespéré qu'il avait surmonté son aversion de la magie et gardé une bonne partie du somnifère soigneusement caché pour le jour où il aurait le courage d'essayer. Lord Voldemort ignorait ce détail, ce qui expliquait sa légère erreur de calcul : quand Harry Potter se réveilla, il avait certes très chaud et très soif, mais il était encore assez loin de mourir de déshydratation.
Harry ouvrit difficilement les yeux et toussa en sentant à quel point sa gorge était sèche. Prenant appui sur ses mains pour essayer de se relever, il remarqua à peine qu'il était couché sur du sable avant que le sol se dérobe et il tomba en roulant sur lui-même sur ce qui lui sembla être une dizaine de mètres. Quand enfin il s'arrêta, il manqua s'étouffer à cause de la poussière et parvint tant bien que mal à se relever. Il fit le point sur sa situation, et le constat n'était pas bien brillant : il avait atterri entre deux immenses dunes de sable, il transpirait à grosses gouttes sous le soleil de plomb, et il avait un mal de crâne à rendre jalouse sa cicatrice dans les meilleurs moments de Voldemort.
Harry se creusa la tête pour essayer de se rappeler ce qui lui était arrivé, mais il ne se rappelait de rien d'autre que du petit déjeuner chez les Dursley. Il avait été étonné que l'Oncle Vernon ait déjà préparé quelque chose –et surtout qu'il lui ait réservé une part–, mais ce n'était qu'une preuve de plus de la sympathie factice dont il avait bénéficié depuis que les Dursley avaient appris qu'il serait libre d'utiliser toute la magie qu'il voudrait à partir de son dix-septième anniversaire. Ses pensées lui rappelant soudain qu'il était un sorcier, Harry plongea ses mains dans ses poches et fit une découverte plus alarmante encore que tout le reste : sa baguette magique avait disparu, alors qu'il ne s'en séparait plus. Il était habillé exactement comme dans son souvenir, y compris la cape d'Invisibilité cachée sous son T-shirt trop grand, mais aucune trace de sa baguette.
Après avoir difficilement avancé d'une vingtaine de mètres, il put voir à côté des dunes l'entourant, mais n'aperçut rien d'autre qu'une immense étendue de sable s'étendant à perte de vue. Il n'avait peut-être pas été dans beaucoup de cours de Géographie depuis quelques années, mais il n'était pas idiot au point de ne pas avoir une idée de l'endroit où il s'était retrouvé. Il avait entendu dire –probablement par Hermione– que le froid glacial de la nuit était plus dangereux dans un désert que la chaleur suffocante de la journée. Le soleil était encore haut dans le ciel, mais à vue de nez il n'avait aucune chance de trouver un abri avant la nuit, et il devait vite partir d'ici. Il n'était pas certain de pouvoir transplaner sans baguette, mais c'était la seule solution. Il se concentra de toutes ses forces sur l'image du Terrier et tourna sur lui-même en libérant d'un coup sa magie. Peut-être que l'Ordre pourrait l'aider à comprendre ce qui s'était passé.
Il fut soulagé de retrouver l'impression d'être dans un tuyau en caoutchouc en train de se déplacer à grande vitesse, mais au moment où il croyait étouffer –ce qui correspondait la plupart du temps à la fin du voyage–, il se sentit brusquement tiré en arrière. Sonné par le choc, il ne réalisa pas immédiatement qu'il était réapparu, et pas devant le Terrier. Le point positif était qu'il était dans une pièce aux murs de pierre, et donc qu'il allait sans doute pouvoir trouver de l'eau quelque part. Le point négatif était que trois sorciers l'entouraient, la baguette magique pointée droit sur lui alors qu'ils criaient dans une langue qu'il ne connaissait pas. Il eut le réflexe de lever les bras dans un geste universel de reddition en essayant d'expliquer :
— Désolé, je ne comprends pas ce que vous dites.
L'un des hommes, qui avaient tous les trois la peau noire comme la nuit, remarqua-t-il avec un temps de retard, se tourna vers son collègue et lui raconta quelque chose auquel Harry ne comprit qu'un seul mot : "Anglais", qu'il identifia comme étant du français. Remerciant mentalement Fleur d'avoir essayé de leur inculquer les bases de sa langue natale l'été précédent –ce qui n'était pas simple, Ron étant toujours sensible à son Charme de Vélane et Ginny sachant se montrer non-coopérative–, Harry intervint pour dire à peu près les seuls mots qu'il connaissait en français. À savoir pour confirmer qu'il était bel et bien anglais et qu'il ne parlait pas leur langue. Il aurait voulu ajouter qu'il n'était pas armé et qu'il n'y avait pas besoin de tenir en joue, mais ça dépassait ses talents.
— Pourquoi essayer de passer frontières ? demanda celui de ses interlocuteurs qui avait reconnu sa langue avec un accent à couper au couteau.
— Je n'ai pas fait exprès, je me suis réveillé dans le désert et j'essayais de retourner chez moi, répondit-il lentement. Je ne sais même pas où je suis.
— Ministère de la Magie du Mali. Depuis combien de temps vous êtes là ?
Harry passa ensuite un bon moment à leur expliquer qu'il ne se rappelait de rien et ne savait pas comment il était arrivé là, puis au moins autant de temps à leur faire admettre qu'il n'avait pas de baguette et qu'il voulait juste retourner dans son pays. Les Aurors maliens finirent par le croire et l'emmener pour qu'il attende le prochain Portauloin international après plusieurs heures d'interrogatoire poussé –heureusement, ils avaient accepté de lui donner à boire dès qu'ils avaient établi qu'il ne représentait aucun danger. Ils prirent son identité, et il fut surpris de ne provoquer aucune réaction particulière, ou même que sa cicatrice n'ait pas été reconnue plus tôt, maintenant qu'il y pensait.
Il attendit le départ de son Portauloin en réfléchissant à ce qui lui était arrivé, mais ne comprenait décidément rien. Le matin même, il prenait son petit déjeuner chez les Dursley, et la prochaine chose dont il se rappelait, c'était son réveil en plein cœur du Sahara, sa baguette ayant disparu entre-temps. Il aurait été facile de soupçonner Voldemort, mais pourquoi le mage noir ne l'aurait pas tué sur-le-champ, au lieu de l'expédier sur un autre continent ? Mais qui d'autre aurait eu le pouvoir de l'atteindre derrière les protections dressées par Dumbledore lui-même ? Les sorts avaient-ils disparu à la mort du vieux mage ? Tout cela n'avait strictement aucun sens, et il n'était pas plus avancé quand son Portauloin international finit par partir. Son voyage ne fut pas meilleur que ses précédentes expériences avec les Portauloins, voire même pire compte tenu de sa longueur.
— Portauloin numéro 29PPQ 88-5 en provenance du Mali, entendit-il en arrivant, daté du 5 août 1976 à dix-huit heures vingt-trois, heure anglaise. Un voyageur parti, un arrivé, tout est en ordre. Veuillez dégager l'aire d'arrivée pour le prochain Portauloin, s'il-vous-plait.
Il y avait un autre léger détail que Lord Voldemort ignorait.
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Peter souriait comme tous ses camarades Mangemorts après la réussite du plan de leur Maître, mais pas pour la même raison qu'eux. Il avait toujours eu une dette envers Harry Potter, non seulement parce qu'il lui avait sauvé la vie quand Sirius l'avait retrouvé, mais surtout parce que c'était sa faute si le Gryffondor avait grandi orphelin. Il savait que le plus cher désir de Harry était de pouvoir enfin connaître sa famille –Ron et lui en avaient parlé quand ils étaient en première année–, alors quand le Maître lui avait prêté son exemplaire de Le Futur dans le Passé : Une Quête d'Éternité en lui demandant de déterminer la quantité de sable nécessaire à envoyer un adolescent d'à peine dix-sept ans au moins deux cents ans dans le passé, il avait vu une opportunité.
Son point fort à l'école avait toujours été l'Arithmancie, il n'avait donc pas eu trop de mal à calculer la quantité de sable à ajouter ensuite pour modifier l'époque de destination de Harry. Il s'était introduit, sous forme de rat, dans la salle surprotégée où le Seigneur des Ténèbres avait laissé reposer sa potion, et avait ajouté les ingrédients nécessaires sans que personne ne s'en aperçoive. Il ne savait pas si cela suffirait à garantir la survie de Harry, mais il avait fait ce qu'il pouvait pour aider le jeune homme à accomplir son rêve. Peter considérait que sa dette était remboursée, à présent.
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Lucy paya le hibou de la Gazette et s'apprêtait à tendre le journal à son père quand elle vit le gros titre et qu'elle poussa un cri de surprise.
DÉCOUVERTE MACABRE À LITTLE WHINGING, SURREY :
HARRY POTTER, UN MANGEMORT EN HABITS DE HÉROS ?
Par Rita Skeeter
L'émoi fut grand hier au ministère de la Magie quand Arabella Figg, une Cracmolle habitant non loin de l'adresse d'été du Survivant, a rapporté la disparition de Harry Potter ainsi que de son oncle, chez qui il était hébergé depuis la mort tragique de ses parents. Les Aurors se sont immédiatement rendus sur place et ont rapidement constaté qu'en effet, il n'y avait plus aucune trace du jeune héros dans la maison.
— Qu'est-ce qui t'arrive, ma chérie ?
— Papa, c'est horrible, Harry a disparu ! Et la Gazette dit que c'est peut-être un Mangemort !
— Fais-moi voir ça.
Lucy montra le journal à son père, espérant de tout cœur qu'il lui dirait que ce n'était qu'une farce et que Harry allait bien. Il le regarda à peine un instant avant de le lui prendre des mains pour le lire. Elle ne put se retenir longtemps et posa la question qui la tenaillait après seulement quelques instants :
— Ce n'est pas vrai, hein Papa ? Harry n'est pas un Mangemort, hein ?
— Bien sûr que non. C'est Rita Skeeter qui a écrit ça, il ne faut pas faire attention. Le grand héros en armure scintillante de ma petite fille ne peut pas être un méchant, non ? la taquina-t-il avec un petit sourire.
— Papa ! lui reprocha-t-elle en baissant la tête pour qu'il ne voie pas qu'elle rougissait.
Elle réalisa cependant qu'il avait raison : elle n'avait vu Harry Potter que dans la salle commune à Poudlard, mais tout le monde à l'école savait que c'était un héros, même les deuxièmes années comme elle. Et les héros ne devenaient pas des Mangemorts, surtout les héros aussi beaux que Harry, songea-t-elle en rougissant encore plus.
Les Aurors ont bien entendu mené leur enquête aux alentours de la ville, et ont pu déterminer que le jeune Potter était parti hier matin en compagnie de son oncle Mr Vernon Dursley quand ce dernier est allé travailler. On ignore encore les raisons pour lesquelles le Survivant aurait voulu faire cela, mais en suivant leur piste les représentants du ministère sont arrivés dans un lieu abandonné, un vieux bâtiment moldu inutilisé depuis plusieurs années. Là, ils découvrirent le corps sans vie de Mr Dursley, le pauvre homme ayant succombé au sort de la Mort. La baguette ayant servi à l'assassinat se trouvait négligemment abandonnée à côté du corps, et l'enquête a par la suite montré que c'était celle de Harry Potter.
Bien entendu, on penserait immédiatement à un complot pour faire accuser le Survivant : qui serait assez stupide pour laisser l'arme du crime en pleine vue ? Mais en poussant la réflexion plus loin, quel sorcier abandonnerait sa baguette magique en des temps aussi troublés ? Il est de "notoriété publique" que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a fait du jeune Potter sa cible prioritaire, alors pourquoi n'est-ce pas son corps qu'on a retrouvé, s'il est à présent sans défense ? Nul doute que le Seigneur des Ténèbres aurait eu à cœur de ne pas cacher cette victoire.
À moins que la victoire ne soit justement le fait que Harry Potter soit toujours en vie et ait réussi à berner le monde sorcier tout entier. De nombreux élèves de Poudlard, ainsi que la propre tante de Potter, anéantie par le chagrin, ont témoigné que le jeune homme haïssait sa famille moldue. « Ce monstre nous a toujours détestés, malgré tout ce que nous avons fait pour lui, nous dit-elle. Il y a deux ans, il a utilisé son horrible m…magie sur mon Duddlynouchet et encore deux ans avant, il avait gonflé ma belle-sœur comme un ballon ! »
— Cette espèce de sale face de jument décérébrée !
— Ron ! réprimanda sa mère, mais elle ne semblait pas moins en colère que son plus jeune fils.
— C'est vrai, maman ! Il a sauvé son cousin des Détraqueurs, il aurait mieux fait de le laisser se faire embrasser ! Et cette grosse truie de Skeeter, comment peut-elle accuser Harry alors qu'il s'est fait enlever ?
— Ne t'inquiète pas, Ron, intervint Bill qui passait beaucoup de temps au Terrier en préparation du mariage. L'Ordre tout entier est en train de retourner le pays à la recherche de Harry, on finira par le retrouver.
— Va dire ça à Ginny, marmonna son frère, pensant à la jeune fille qui n'avait pas quitté sa chambre depuis que Hestia Jones avait annoncé la disparition de Harry.
Tout héros qu'il soit considéré par la plupart de nos compatriotes, Potter n'en est pourtant pas à sa première suspicion d'acte criminel. Outre les accusations rappelées par sa tante, et pour lesquelles l'administration Fudge l'a à chaque fois disculpé sans aucune conséquence, il ne faut pas oublier que Potter a pris pour habitude d'être le seul témoin de morts plus que suspectes. Personne n'a jamais pu confirmer que c'était bien le Seigneur des Ténèbres qui était responsable de la mort tragique de Cédric Diggory (alors principal concurrent de Potter lors du Tournoi des Trois Sorciers) le soir de son retour, ni expliquer comment Potter, qui n'avait que quatorze ans à l'époque, a pu se tirer sans une égratignure des griffes de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et de ses Mangemorts.
Plus récemment, Potter a de nouveau été bien prompt à accuser Severus Rogue du meurtre d'Albus Dumbledore. Il est étrange de constater que dans les deux cas, Potter a fait montre de beaucoup d'empressement à mettre en cause un de ses ennemis reconnus alors même qu'il était le seul présent sur les lieux. Il faut espérer que les Aurors à sa recherche sauront trouver le Fléreur parmi les chats de gouttière et ne se laisseront pas aveugler par l'aura du héros national.
Rufus Scrimgeour reposa la Gazette du Sorcier, l'air sombre. Cela ne lui faisait pas particulièrement plaisir d'autoriser la publication de telles inepties sur Potter –il fallait vraiment être idiot pour imaginer qu'il rejoigne Voldemort ou qu'il en soit désormais à son troisième assassinat–, mais cela valait mieux que l'alternative. Le gamin avait trouvé le moyen de se faire enlever, et il était probablement mort à l'heure qu'il était, mais il ne pouvait pas l'annoncer comme ça à la population, cela ruinerait le moral du peuple. Or le moral du peuple était à peu près tout ce qui lui permettait de garder son poste et de continuer à lutter contre le Seigneur des Ténèbres.
Dans le pire des cas, si le corps de Potter était retrouvé, la peine du sorcier lambda serait atténuée après avoir haï quelques temps le Survivant. Il ferait un discours pour déplorer le stratagème de Celui-Dont-On-Ne-Devait-Pas-Prononcer-Le-Nom, et s'en servirait pour remotiver le monde sorcier. Il fallait simplement qu'il trouve une nouvelle figure de proue pour cristalliser tous leurs espoirs, et si possible quelqu'un qui ne soit pas l'homme de Dumbledore, cette fois. Ce n'était pas simple de gouverner en temps de guerre…
Et voilà pour ce premier chapitre, qui fait un peu office de prologue ! Ça vous a plu ?
Quelques petites infos pour la suite : non, il n'y aura pas de passage sur ce qui se passe dans le présent (ou dans le futur, ça dépend comment on se place), et non il n'y aura pas de PDV récurrent dans cette fic à part celui de Harry. Peut-être une ou deux scènes par-ci par-là, mais rien du genre de Cloé dans l'Âme (snif). En tout cas si je ne change pas d'avis ^^
Sur ce, à bientôt pour le chapitre 2, où l'histoire commence à bouger !
Goten Askil
PS : Comme d'habitude, n'hésitez pas à me faire part de vos questions/commentaires/suggestions/remarques/insultes/conseils, je suis preneur ! Bon, pas trop pour les insultes, quand même ^^
