Disclaimer: Eh ben, je n'ai jamais prétendu posséder les inventions de JKR, tirez-en vos conclusions.

Note de l'auteur: Au départ, cet OS ne suit aucun fandom. Mais j'ai toujours associé plus ou moins inconsciemment les personnages à Sirius et Remus.


Je repasserai demain

Il y a un trou. Tes boucles supportent ta tête, avec l'oreiller, appesantie. Il y a un petit trou. Des nuages d'ombres violettes traversent ton visage, ce ciel léger aux cils de fille. Il y a un tout petit trou. Tes paupières ont les jambes brisées, je crois, elles ne peuvent plus se lever. Il y a un tout petit trou dans ton poignet. Les draps blancs t'étreignent comme une robe nuptiale. Il y a un tout petit trou dans ton poignet gauche. Ou comme un suaire ? Il y a un tout petit trou dans ton poignet gauche, et dans ce tout petit trou… Des volutes invisibles s'échappent de tes lèvres lorsque ta poitrine s'abaisse. Et dans ce tout petit trou… A côté de ton lit, je laisse vagabonder mon regard le long des murs. Et dans ce tout petit trou… Mon regard mouillé, qui laisse des traces de pieds salées sur la peinture blanche.

Et dans ce tout petit trou, une aiguille.

000

Une jeune femme entre, me sourit, te jette un coup d'œil tranquille, pose une main fraîche sur ton front plein d'orages, prononce quelque parole que je n'écoute pas, et s'éloigne comme un vol de papillons bruns.

000

Beaucoup de gens, beaucoup de fleurs, beaucoup de bruit, pour rien puisque tu dors encore. Tes narines frémissent un peu à chacune de tes inspirations. Tu ne remues pas, dans ton sommeil.

000

Une autre jeune femme, un autre sourire, doux et fatigué, impersonnel aussi, car il y a beaucoup de chambres, et beaucoup de lits dans chacune de ces chambres. Une autre main fraîche sur ton visage, de nouveaux mots, familiers, à mon oreille, elle me serre l'épaule, et s'en va, sans bruit.

000

Le parfum des fleurs toujours plus nombreuses ne cache pas celui de l'antiseptique. je ne sais pas pourquoi on s'obstine à t'en apporter, puisque tu dors toujours et que l'on sent toujours l'odeur de l'hôpital.

000

L'heure dur repas. Je détourne les yeux, inutilement car je connais les gestes par cœur. La nouvelle bouche, dans ton poignet, aspire goulûment sa soupe. Et l'infirmière repart.

000

Je m'en irai bientôt.

000

C'est l'heure : fin des visites. Je fais comme les autres, je me rassure : je serre tes doigts, je caresse tes cheveux, je te dis au revoir, à demain, passe une bonne nuit. Je me rassure, comme si ces paroles suffisaient à instaurer un dialogue et ignorer ton silence. Je t'embrasse, doucement, je me rappelle le conte et j'ai peur et j'espère t'éveiller. Mais non, tes lèvres ne bougent pas, tu respires paisiblement.

000

Juste avant que je parte, je voudrais te dire que je t'…

00

Je repasserai demain.