Titre : The last hope V2

Auteur : Irissia

Disclaimer : Pour ma plus grande tristesse, les trois quarts des personnages ne m'appartiennent pas mais au CLAMP. Cela dit, je suis sur qu'un jour j'arriverais à kidnapper Kurogane... et accessoirement Fye. Enfin peut être pas si accessoirement que ça.


Note: Pour ceux qui se demanderaient, pourquoi une V2, je vous invite à aller lire ceci qui vous l'expliquera (enlevez les espaces par contre) :http: //chroniqueselfiques. blogspot. com/2010/02/ last-hope-recriture. html

Note 2: Ca fait du bien de s'y remettre!! Un grand merci à Zo-chan et Eva pour leurs bêtas rapides et efficaces !!! Et oui Zo-chan, elle est loin l'époque de Blood Tears et de mes textes catastrophiques... Comme quoi, à force de me faire taper, ça a fini par rentrer!!

Bon lecture à tous et toutes. Et pour me frapper aussi c'est en bas.

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Ce premier jour de printemps semblait s'être levé sous de bons augures. Les pâles rayons du soleil avaient fait fondre les dernières neiges et libéraient la nature du froid mordant de l'hiver. Le vent éloignait les derniers nuages menaçants et quelques fleurs se délivraient de leurs carcans pour s'épanouir aux yeux des passants. Seul un jeune homme, assis sur le rebord de sa fenêtre, n'y prêtait guère attention. Vêtu d'un simple yukata en laine et d'un manteau à peine disposé sur ses frêles épaules, il regardait sans vraiment la voir, la ville qui s'étendait sous ses yeux. Il était bien loin de penser à la beauté du paysage, ou de s'émerveiller de l'éclosion des fleurs de cerisier. Non, à choisir, il aurait préféré que l'hiver dure une éternité. Du palais, particulièrement de sa chambre, il avait une vue imprenable sur la cité de Valéria, et ce qu'il y voyait le faisait frémir d'horreur et de dégoût.

Ca et là, les forges s'étaient remises en marche, et elles le resteraient continuellement jusqu'à la fin de l'été. Les soldats couraient dans tous les sens, et les passants qui avaient le malheur de croiser leur chemin évitaient de rester dans leur passage, au risque de se faire renverser. Les chefs de guerre beuglaient pour accélérer leurs opérations et les chevaux, qui sentaient la nervosité et l'excitation palpable de leurs maîtres, piaffaient d'impatience. Non, la ville n'était pas aux réjouissances et plus les heures s'écoulaient, plus le jeune homme sentait la nausée le gagner.

Comme pour chaque belle saison, comme chaque année, c'était la guerre. Une année de trop, une année que le chef du clan Flowright ne pourrait supporter. Depuis sa plus tendre enfance, une fois le printemps revenu et ce, jusqu'à la fin de l'été, il ne connaissait que souffrance, horreur, mort et sang. Il voyait les siens partir par milliers, mourir par centaines et tomber comme des mouches sur le champ de bataille qui se situait sur une plaine, à l'orée du territoire de Suwa, leur ennemi ancestral. Son père et son frère, devenus tour à tour seigneurs de Valéria, y avaient perdu la vie et sa mère, qui n'avait pas pu supporter la mort de son fils ainé, s'était laissée dépérir de chagrin. Il ne restait plus que lui, Fye Flowright, dernier héritier de sa lignée, dernier roi du clan Flowright, un clan qui allait sans nul doute mourir avec son souverain si celui-ci ne trouvait pas rapidement une solution.

Ce n'était pourtant pas faute d'essayer de trouver un compromis. Depuis son ascension au trône, soit cinq ans plus tôt, il avait fait des pieds et des mains pour trouver un accord. Mais rien n'y faisait. Les mains liées par son gouvernement, du fait de sa trop faible santé, il disposait de bien peu de pouvoir et de crédibilité. Tout juste pouvait-il assister à un conseil sans s'endormir de fatigue au bout de quelques minutes. Alors comment essayer de se faire entendre quand il était impossible de s'exprimer ? Ses conseillers lui certifiaient qu'ils essayaient d'arrêter cette guerre, mais parfois Fye en doutait. Il lui suffisait de lire le mépris dans leurs yeux, cette manière condescendante avec laquelle ils le fixaient, pour savoir qu'ils faisaient comme ils l'entendaient et que ce n'était pas lui, jeune roi malade et faiblard, qui pourrait leurs donner des leçons.

Le jeune roi aurait pu se laisser noyer dans un intense sentiment de solitude, de désespoir et bien des fois, il avait faillit se laisser tenter. Mais, aux tréfonds de son cœur, il y avait toujours une petite voix qui lui murmurait qu'il ne devait surtout pas abandonner, qu'il devait tout tenter, coûte que coûte. Alors il s'était battu, débattu même, parfois avec une angoisse si profonde et palpable, que seuls ses médicaments lui avait permis de dormir un temps soit peu. Il avait réfléchit au point d'en avoir des migraines épouvantables, usé des dizaines de centaines de feuilles afin d'y noter ses idées, ou des missives à délivrer au souverain de Suwa... Mais rien n'y faisait. Cette année, il avait compris que ce n'était pas comme cela qu'il y arriverait. S'il voulait restaurer la paix entre leur deux clans, il allait devoir utiliser des moyens plus expéditifs… Comme se rendre, à l'insu de tous, directement à Suwa.

Il y avait mûrement réfléchi tout l'hiver, pesé toutes les possibilités et particulièrement envisagé tous les risques. Même celui de perdre la vie. Surtout cette alternative, à vrai dire. Mais finalement, il savait intimement qu'il n'avait plus rien à perdre. Si mourir était son destin, alors il l'assumerait pleinement, mais à la seule condition d'avoir réussi à sauver les siens, dans le cas contraire, il ferait tout pour survivre. Seulement, ses conseillers n'accepteraient jamais qu'il s'expose ainsi au danger. Il n'était plus qu'un ornement, une parure qu'on exposait aux yeux de tous pour se jouer de la foule et du peuple, pour leur cacher la vérité : le gouvernement avait tout pouvoir, et leur seigneur n'était plus que fiction.

Toutefois, Fye n'avait pas été élevé dans ce but. Il avait été éduqué pour devenir roi, et non un banal symbole de pouvoir. Son père et son frère avaient su se battre pour leur peuple, ils lui avaient inculqué leur droiture, leur force, leur courage et leur détermination. C'était malheureusement ce qui les avait tués, et Fye s'était promis de ne pas suivre ce chemin, tout en se battant avec la même puissance. Mais depuis son enfance, sa santé n'avait cessé de lui jouer de bien vilains tours. Elle l'avait rendu faible, presque malingre pendant son adolescence, et la voie des armes lui avait été totalement fermée. Parfois, il s'était retrouvé coincé pendant des jours et des jours dans son lit, incapable de se lever, voire de se nourrir. Plus d'une fois, les médecins et sa famille avaient craint pour sa vie et il avait dû goûter à une quantité inimaginable de médicaments, tous plus infectes les uns que les autres.

Son tout nouveau traitement semblait faire davantage effet ; il ne dormait désormais que quelques heures après sa prise, qui avait lieu en fin de journée. C'était d'ailleurs avec un plaisir certain qu'il retrouvait enfin un cycle de sommeil normal, dormir la nuit et vivre le jour… Mais ce soir, ce serait différent. Pour sortir de la cité de Valéria sans se faire repérer et surtout, à l'insu de ses conseillers, il était obligé de partir de nuit. Il serait donc, exceptionnellement contraint de ne pas prendre son remède, dont l'heure approchait à grands pas. Déjà, le disque solaire grandissait à vue d'œil jusqu'à disparaitre peu à peu à l'horizon, tandis que le ciel se teintait d'orange et de rose.

A cet instant, Fye tendit l'oreille, reconnaissant le pas pesant et lourd de son médecin. Il resta calme et ne bougea pas d'un iota quand celui-ci frappa à la porte de sa chambre ; son médecin savait qu'il pouvait pénétrer dans la pièce sans attendre de réponse de sa part, puisqu'il pouvait parfois se trouver fatigué ou alité. Mais c'est avec un certain soulagement que le docteur le trouva appuyé nonchalamment sur le rebord de la fenêtre. Il fronça néanmoins les sourcils en remarquant que celle-ci était grande ouverte et laissait allégrement passer l'air frais dans la chambre. Les vêtements entrouverts de Fye offraient la vision délicate de l'ossature mince, voire maigre de son épaule et de sa clavicule, ainsi que la pâleur de sa peau. Ses longs cheveux blonds, d'ordinaire indisciplinés, voletaient joyeusement devant son visage au rythme paisible et calme de ce vent printanier.

« Monseigneur, vous allez attraper froid à rester ainsi !! »

Un mince sourire amusé fendit les lèvres du blond, tandis qu'il se retournait vers son docteur.

« Nous avons passé un hiver si froid qu'il serait triste de ne pas en profiter, vous ne trouvez pas, Jezabel-san ? »

Le dit Jezabel soupira. Quand son souverain lui souriait ainsi, il avait appris qu'il était inutile de tenter de le contredire.

« Vous devriez refermer la fenêtre. Le printemps arrive, cela est vrai, mais n'oubliez pas que le soir, l'air peut être encore très frais… »

« Le printemps prend son temps peut être… Mais pas la guerre. Elle en revanche ne se gêne pas pour fondre sur nous aussi vite que la neige au soleil… » Murmura-t-il.

Jezabel ne dit rien. Que pouvait-il répondre de toute façon ? Lui aussi désirerait plus que tout que cette guerre intestine cesse une bonne fois pour toutes, mais personne ne demanderait son avis à un médecin. Après tout, ce n'était pas les têtes pensantes du clan qui circulaient entre les rangées d'hommes agonisants, ou mourants ; ce n'étaient pas eux qui jugeaient qu'un homme ne pourrait jamais guérir, et qu'il était préférable d'abréger ses souffrances plutôt que de le voir souffrir inutilement… Et puis, que pouvait-il bien connaitre à la politique ? Il releva les yeux et reprit :

« Monseigneur, je suis venu vous apporter votre médicament… »

« Posez-le sur la table, je le prendrai après », répondit le blond d'un ton absent, son regard étant repartit à la dérive, en direction de la cité.

« Monseigneur... Vous savez que je dois m'assurer que vous l'ayez bien pris », reprit Jezabel d'un ton presque accusateur.

Fye soupira, puis attrapa le gobelet que lui tendait le médecin. Il regarda un bref instant le breuvage à l'aspect plus que douteux avant de le laisser glisser entre ses lèvres. Alors que Jezabel partait sans un mot, persuadé que son chef avait bien bu sa décoction, le blond attrapa, encore la bouche pleine du liquide nauséabond, une carafe d'eau, et recracha à l'intérieur tout ce qu'il put. Il la déposa ensuite sur son plateau repas vide que Tchii, sa servante la plus fidèle, viendrait chercher avant la tombée de la nuit. Il retourna ensuite s'asseoir, un peu tremblant, sur le rebord de la fenêtre. Il n'avait pas pu avaler tout son médicament, mais une partie néanmoins s'était infiltrée dans son organisme, il espérait donc que cela ne lui porterait pas trop préjudice pendant sa fuite…

****

« Alors, l'a-t-il encore bu ? »

Jezabel garda les yeux fixés sur le sol, les genoux repliés sous lui. Il savait qu'il devait rester ainsi, que sa vie pourrait basculer de bonheur à cruelle souffrance. Il pouvait cependant sentir le regard inquisiteur de l'homme, assis sur un siège en hauteur. Les ombres mouvantes des draperies cachaient les traits de son visage, et si quelqu'un entrait dans la pièce, il ne pourrait discerner de sa physionomie que ses cheveux noirs d'encre, striés de blanc. Le médecin prit une grande inspiration puis répondit :

« Oui, il l'a pris comme à son habitude mon seigneur, j'y veille toujours personnellement en lui donnant en main propre. »

« Bien, continuez ainsi Jezabel-san et vous serez largement récompensé… » Répondit l'homme, un sourire condescendant sur les lèvres.

Le docteur ne demanda pas son reste. Il se leva, en se retenant de partir en courant et sortit de la pièce. Il ne savait pas pourquoi, mais à chaque fois qu'il allait voir l'homme, il sentait des sueurs froides dégouliner dans son dos et une peur indicible lui nouer les entrailles. C'était comme si…

Comme si cet homme n'était pas humain…