A/N: I'M BACK ! Hem, pour ceux qui me connaissent déjà, avant que vous ne me balanciez des pierres ou un quelconque objet qui se trouve à votre portée, je tiens à préciser tout de suite que cette histoire est bien au chaud dans mon PC depuis un certain temps, et qu'elle est entière finie ! Je compte donc publier un chapitre par semaine, si tout se passe bien~ Comment cela, ça n'excuse pas le fait que mes autres histoires ne soient pas finies ?
...Certes. Mais voilà, ce serait dommage de se priver de celle-ci, n'est-ce pas ? :D
Pour ceux qui ne me connaissent pas (et fort heureusement pour eux/elles, ils sont nombreux !), je vous encourage à ne pas me prendre au sérieux, et à vous laisser emporter dans ce monde délirant qu'est celui du Pays des Merveilles!
Hmm, qu'y a-t-il d'autre à ajouter...? Ah oui ! Bonne lecture ! :)
SWEET DREAMS
Chapitre un: Le début de la fin
Le murmure d'une caresse, accompagné de quelques chuchotements imperceptibles. Une excuse, un vœu insensé, et cette ombre grandissante qui l'engloutissait. Cette sensation d'étouffement, puis un soulagement immense et une obscurité bienvenue. Elle était libre, elle flottait dans cette vaste immensité; aucune limite, aucune frontière. Rien que ce vide à parcourir, à découvrir et à aimer.
Elle ouvrit les yeux. Elle se demanda un instant où elle se trouvait, se sentant soudainement prisonnière d'une réalité qui ne lui appartenait pas. Des draps soyeux, un oreiller moelleux des murs bleus, un mobilier classique. Sa chambre. Elle se releva légèrement, et ramena les couvertures sur elle lorsque celles-ci glissèrent. Elle se prit à observer son miroir, à dévisager la jeune fille aux grands yeux marrons, perdus dans un monde rien qu'à elle, délicieusement incompréhensible. Ses traits étaient encore enfantins malgré son âge, comme si elle était figée dans cette perpétuelle jeunesse. Elle n'était pas exceptionnellement belle. Non, son charme résidait ailleurs. C'était cette étincelle dans son regard, cette passion que l'on entendait dans ses propos dès qu'elle daignait parler de ce qu'elle voyait d'extraordinaire dans divers objets, plus banals les uns que les autres. Tout prenait vie autour d'elle, et même l'anecdote la plus inintéressante devenait une incroyable histoire dans sa bouche. Son imagination était incontrôlable, et elle se plaisait souvent à penser que celle-ci était en fait un être à part, qui prenait vie de lui-même, l'accompagnant perpétuellement et l'empêchant de se plonger dans cette solitude dérangeante à laquelle elle était soumise depuis le mariage de sa grande sœur Lorina.
Lorina, la fille parfaite dont ses parents étaient si fiers, incarnation même de l'idéal féminin que décrivaient les manuels de bienséance. Elle était aimable, souriante, et tellement patiente. Elle était la seule qui daignait écouter ses histoires farfelues, acceptant sa différence avec un calme et un amusement palpable. Elle était celle qui la réprimandait gentiment en la retrouvant endormie dans l'herbe fraîche, tout en sachant pertinemment que ce ne serait ni la première, ni la dernière fois. Elle était l'exemple, la perfection, celle qu'elle souhaiterait quelquefois être. Mais elle savait aussi que Lorina était emprisonnée dans cette réalité, soumise à ces règles dont elle tentait de s'échapper par la lecture des livres, et en écoutant ses récits. Elle connaissait les espoirs qui reposaient sur elle; elle avait vu la fatigue qui s'était ancré petit à petit sur son visage parfait. Alors elle n'avait pu lui en vouloir lorsqu'elle avait annoncé ses fiançailles avec ce bel étranger qui l'abreuvait de mots doux, et qui lui arrachait sa grande sœur adorée. Elle avait accepté son départ avec le sourire, bien qu'elle ait envie d'hurler son désaccord, de montrer au monde entier que nul homme, quel qu'il soit, n'était en droit de lui voler sa camarade de toujours, prête à l'écouter et à rire avec elle en toute occasion. Elle avait perdu une partie d'elle-même pour toujours, et elle se surprenait souvent à tourner son regard vers la porte, avec l'espoir insensé de voir Lorina entrer calmement, avant de s'asseoir à ses côtés, comme si elle ne l'avait jamais quitté.
Elle fut tirée de ses pensées par un mouvement dans la direction générale du miroir. Ses grands yeux marron se tournèrent vers celui-ci, et elle s'aperçut que sa surface mouvait, comme le ferait l'eau sous l'effet du vent. Elle resta un instant bouche bée, incapable de formuler la moindre pensée, se contentant simplement d'observer l'étrange phénomène. Elle fut tentée de se lever pour aller étudier tout ceci de manière plus approfondie, mais elle hésitait. Elle n'avait guère envie de quitter son lit bien chaud, où elle se sentait à l'abri du monde extérieur. Elle resta immobile encore quelques instants, sa Curiosité naturelle et sa Paresse entrant dans un débat pour le moins grandiose pour savoir quelle conduite adopter. Alors que la Paresse venait de clamer haut et fort un argument de taille (« C'est dangereux ! On ignore ce qui se terre derrière ce miroir ! »), ce à quoi la Curiosité répondit avec acidité (« Justement ! Ce n'est pas en restant coincé dans ton pauvre lit que tu risques de savoir ce qu'il y a derrière ! »), un nouvel élément fit son entrée dans cette situation pour le moins surprenante.
Une main apparut, suivit d'un bras, puis ce fut le corps entier d'un homme qui passa le cadre de son miroir. Son accoutrement était composé d'un costume aux couleurs vives, sa veste verte contrastant horriblement avec son pantalon orange, dont une des pattes était remontée pour dévoiler une chaussette rayée multicolore. Ses chaussures rouges venaient compléter l'ensemble, ainsi qu'un haut de forme tout aussi verdoyant que sa veste, accompagné d'une plume rayée de jaune et de rouge. Elle crut un instant qu'il était possible de perdre sa faculté de vision si on en venait à le fixer trop longtemps. Son visage était caché par son chapeau, car il s'était abaissé pour passer au travers de son miroir, et elle fut surprise de voir que son couvre-chef tenait admirablement bien sur sa tête, malgré sa position pour le moins précaire. Il se releva brusquement, ses yeux parcourant la pièce avant de se poser sur elle. Elle remarqua distraitement que ses cheveux étaient blancs comme neige, et elle se demanda par quel moyen il était parvenu à une telle couleur. Peut-être était-ce naturel ? Cela paraissait peu probable, mais il était bien passé au travers de son miroir comme s'il s'agissait d'une porte.
Il s'approcha d'elle en à peine trois pas – ses jambes étaient véritablement immenses ! –, avant de s'asseoir sur le lit. Elle réalisa qu'elle était seule avec un homme, dans sa chambre. N'était-ce pas une situation que l'on jugeait normalement scandaleuse pour une jeune fille de bonne famille sans attaches ? Elle avait le souvenir d'avoir lu cela quelque part… Ou était-ce Lorina qui lui en avait parlé ? Ah, sa mémoire était si peu fiable ! Elle fronça les sourcils, contrariée.
« Bonjour ! »
Sa voix était plus grave qu'elle ne l'avait imaginé. Elle fut surprise du sourire éblouissant qu'il lui offrit, ainsi que la jovialité qui émanait de lui. Venait-il souvent dans les chambres des jeunes femmes via leur miroir pour les saluer de manière aussi engageante ? Elle n'eut pas le courage de l'ignorer, et lui rendit son salut timidement. Il n'en sembla pas contrarié, et s'approcha un peu plus d'elle. Elle fut tentée de lui faire remarquer que ce n'était pas poli de sa part d'envahir ainsi son espace vital, surtout au vu de son statut d'inconnu, mais son sourire innocent l'en dissuada. Mon Dieu, elle était terriblement faible.
« Je suis le Chapelier Fou, mais tu peux m'appeler Chapelier ! »
. . . Il s'appelait Chapelier Fou ? Chapelier Fou ? Elle sentit ses lèvres s'étirer en un sourire, bien malgré elle. Il ne fallait pas se moquer, c'était mal. Surtout au vu de l'allégresse et de la joie qui semblaient gravées sur ses traits. En même temps, qu'était-elle supposée attendre d'un homme accoutré aussi excentriquement, et qui avait débarqué dans sa chambre de manière si originale ? Ses yeux – étaient-ils turquoise ? – l'observaient avec impatience, et il attendait visiblement qu'elle retourne la courtoisie.
« Je m'appelle Alice Liddell. Enchantée… »
Elle eut un moment d'hésitation.
«… Chapelier. »
Il sembla ravi de la voir employer son nom, et saisit une de ses mains pour la secouer fermement.
« Moi aussi, Alice, tu peux me croire ! Je suis émerveillé, épaté, ébloui ! Je ne savais pas trop où le miroir allait m'emmener cette fois-ci, mais je dois dire que j'ai eu de la chance, n'est-ce pas ? Il est toujours un peu capricieux, et il m'a déjà joué de ces tours ! Ah, comme cette fois où j'avais perdu mon chapeau – imagine, mon précieux chapeau, cette extension de moi-même, cet ami dont jamais, au grand jamais je ne me sépare ! – et que je n'ai réalisé que bien plus tard que je l'avais égaré lors de l'un de mes voyages – oui, je voyage énormément, j'adore ça ! Découvrir de nouveaux endroits, visiter des lieux plus improbables les uns que les autres, comme cette chambre par exemple ! C'est très particulier, bien qu'un peu terne… Mais le bleu te convient oui, c'est ta couleur, ça, j'en suis convaincu ! »
Il termina sa tirade par un hochement de tête vigoureux, et elle resta silencieuse, assommée par la vitesse de son discours, et l'absence de fil conducteur. Elle remarqua distraitement qu'il n'avait toujours pas lâché sa main.
« Mais au fait, quelle heure est-il ? »
Elle tourna la tête vers son horloge, bien décidée à lui répondre et l'informer éventuellement que ce n'était pas tout à fait l'heure d'accaparer les jeunes filles qui avaient besoin de sommeil, mais il tira une montre à gousset de sa poche, et poussa une exclamation de surprise.
« Six heure ! Il est déjà six heure ! Alice, c'est terrible ! Horrible, affreux, épouvantable ! »
Elle fut tentée de le nier, et de lui dire qu'il était une heure du matin. Elle se tue.
« C'est l'heure du thé ! Te rends-tu compte ? Rater le thé ! Mais c'est impensable, absolument inenvisageable ! Une telle catastrophe ne se produira pas de mon vivant ! Non, non, non, je le refuse catégoriquement ! On ne m'empêchera pas de prendre le thé ! Je me battrai s'il le faut, je défendrai mon droit jusqu'au bout, car oui, c'est un droit ! »
Il continua à s'exclamer, le volume de sa voix augmentant au fur et à mesure. Elle l'interrompit, craignant qu'il ne réveille ses parents. Malgré leur indulgence habituelle avec elle, elle doutait qu'ils apprécieraient l'explication qu'elle leur fournirait quant à la présence d'un homme dans sa chambre en plein milieu de la nuit.
« Chapelier, ne devriez-vous pas y aller, plutôt que de vociférer en vain ? »
Il se tue, avant de tourner son attention vers elle. Ses yeux étaient brillants, un mélange de bleu et de violet.
« Dis-moi, Alice, aimes-tu le thé ?
-Oui, je suppose –
-Parfait ! Apprécier le thé est essentiel dans ce monde qu'est le nôtre ! Ceux qui sont incapables de savourer son arôme si particulier ne sont que des ignares, des sots, des imbéciles finis ! Mais bien sûr que tu n'en fais pas partie ma chère Alice, c'est évident ! Comment ai-je pu douter de toi ? Ah, je suis confus, terriblement confus ! Ma bêtise n'a quelquefois pas de limites, et j'espère que tu me pardonneras, dans ton immense mansuétude ! Tu me pardonnes, n'est-ce pas ?
-Oui, mais je pense que—
-Merci, ma tendre Alice, merci ! Bien, maintenant que tout est réglé, allons-y ! »
Il resserra sa prise sur sa main, et la tira hors du lit. Elle trébucha, et il la rattrapa avec une facilité déconcertante; elle ne vit pas son regard se teinter d'orange, avec de forts reflets rouges.
« Aller ? Mais aller où ? »
Il rit à gorge déployé, avant de la tirer à sa suite.
« Voyons, c'est évident ! »
Elle devait avoir manqué un épisode, dans ce cas !
« Aux pays des merveilles ! »
