Voici la traduction de la fic' To Walk In On The Ocean de punctuatedbyphilosophy!

J'avais bien aimé cette fic, alors j'ai décidé de la traduire, pour qu'elle soit plus accessible!

Words have been spoken; things that were bottled
have burst open and to walk in now
would be to walk in

on the ocean.

-At Sea by Simon Armitage

1.

John n'avait jamais pensé que retourner chez lui serait si dur. Même après tout ce temps, les gens lui jettent toujours des regards de pitié et il y avait du mépris muet figé sur les lèvres de tous les passants. Le pluie londonienne qui lui tombe dessus, commence à le remplir d'un sentiment de défaite. Plaçant un pied sur la marche sur laquelle il aimait autrefois venir, il espéra retrouver le courage qu'il n'avait su rassembler. Quelque part, il trouva dans cette action la force de continuer, non pas pour lui, mais pour son ami.

«Il aurait voulu que je sois ici.»

Les doigts de l'homme frôlèrent les chiffres en cuivre, sans vraiment croire qu'il était de retour après si longtemps. Il plaça sa main plate sur la porte, surface noire, et senti le souvenir d'une vie vécue ici, irradier à travers la peinture et le bois.

John était revenu car aujourd'hui était un bon jour, un jour d'espoir où il s'était permis de croire à l'impossible : que son ami n'était pas mort. Il pensa que son ami pourrait être revenu, il ne savait pas pourquoi, son instinct certainement, et en montant ces vieux escaliers usés, il commença à y croire.

« Il est vivant.»

Il entendit cette simple phrase, encore et encore, cette croyance douloureuse tourbillonnait dans son esprit. Il ressentit cette écoeurante sensation d'anticipation, semblable à ce sentiment de crainte qui a tourmenté son esprit chaque nuit sans sommeil depuis ce jour. Il semblait que peu importe ce qu'il ferait, John Watson ne pourrait jamais gagner contre ses blessures intérieures. La porte de son appartement se tenait devant lui et, comme toutes les autres choses présentes dans cet immeuble, elle lui criait un mot. Un nom. En regardant le couloir, il se remémora le rire qu'ils avaient tous les deux partagé et comment John avait oublié tout ce qui le hantait. Le moment où il a réalisé que cet étrange mais magnifique homme l'avait sauvé. Il poussa un profond et rude souffle pour se préparer à tout ce qui pouvait se tenir derrière la porte, mais une étrange, mais pas inconnue, sensation de peur et de frissons serrait si étroitement sa poitrine qu'il ne pouvait qu'aspirer des rapides gorgées d'air. La main de John s'accrocha à la poignée, pendant qu'il tentait de supprimer les merveilleuses pensées qui troublaient sa raison et qui tiraient sur ses tempes, déjà bien usées.

Plus il essayait d'être rationnel, plus une idée puissante s'infiltrait dans son esprit, y prenait racine et grandissait.

«Il pourrait être à l'intérieur en ce moment, allongé sur le sofa, ses mains jointes, placées sous son menton, en train de réfléchir et de déduire, comme si il n'était jamais parti. Il me saluerait avec un sourire ou avec un regard chargé de remords, parce qu'il m'a laissé, et il est désolé mais il n'est pas mort, il est complètement vivant, et ...»

John poussa la porte, qui émit un bruit sourd et vit une pièce vide. Son corps sembla se vider de toute la vie qu'il contenait. Le scintillement que son espoir avait donné à son visage s'évanouit complètement. Cellules par cellules, du plus profond de son coeur vers l'extérieur, il commença à s'effondrer. La douleur transperça son corps. Son meilleur ami n'était pas là.

Comprenant, une fois de plus, que son ami était parti, John découvrit que se tenir debout et droit lui était impossible. Il s'effondra sur le sol, son épaule et sa tête appuyés inconsciemment sur le mur à sa droite.

«Il n'est pas là.»

Quelque part dans le coin le plus sombre de son esprit se trouvait une idée qu'il admettait en présence d'autres personnes, mais qu'il n'avait jamais crue un seul instant. Une pensée qui a hanté les mauvais jours, les jours sans espoirs.

«Il est vraiment parti.»

Il ramena ses genoux sous son menton, et ferma les yeux. Ce soldat était si fort auparavant, mais plus maintenant.

Blotti sur le sol, immobile, John resta là où il était tombé jusqu'au coucher du soleil tandis que les lumières de la rue s'allumaient. Pas totalement sûr de ce qu'il allait faire maintenant, John observait ce qui l'entourait, essayant désespérément de trouver un indice qu'il aurait loupé, lui indiquant où se trouvait son compagnon. Il regarda le mur sur lequel il était appuyé et vit la tête peinte à la bombe avec des trous de balles en guise d'oeils et se souvint une fois de plus de ce qu'il avait perdu. Le souvenir de leur vie tous les deux était toujours là, mais le plus important de tous, celui qu'il voulait garder pour toujours, ne l'était pas. Assis seul dans cette pièce remplie de souvenirs, il ressentit un besoin désespéré d'abandonner, de rester là où il était jusqu'à ce que tout soit fini.

Toutefois, il trouva à l'intérieur de lui la force de se relever et une fois qu'il était de nouveau sur ses pieds fatigués, de traverser lentement la pièce. Chaque objet était doté d'une anecdote qui allumait un feu au creux de sa poitrine. Chaque endroit de cette pièce lui rappelait sa vie perdue.

John avait essayé de revenir à une vie normale, à sa vie avant Sherlock Holmes, mais il découvrit rapidement qu'il ne pouvait le supporter. Ils ont été si heureux ici pendant ces jours chargés de mystères, et Sherlock occupé à impressionner une nouvelle personne. Un ami. Bientôt, il sentit cette sensation attendue et bien trop familière, de larmes coulant sur ses joues. Il ne pouvait pas croire qu'il lui restait encore des larmes à verser pour cet homme. Il a tellement pleuré, seul, la nuit, pendant les heures où il ne pouvait se débarrasser de cette image de sang coulant sur des yeux bleus, brisant son esprit déjà bien trop abîmé.

John était un homme fort; il n'a jamais pleuré devant d'autres gens et après une semaine, a commencé à jouer à l'homme qui recommence à vivre sa vie. Un étranger pourrait avoir été trompé et penser qu'il parlait à un homme qui n'était pas brisé, mais tous les sourires de John étaient faux et ses yeux, en regardant bien, ne montrait rien que de la peine. Cela pouvait rappeler à ceux qui le connaissait avant, sa manière d'agir quand il revenait des combats. Ce qu'ils ne pourraient jamais comprendre toutefois, était que la guerre qui faisait rage dans la tête de cet homme était bien plus importante que son expérience en tant que docteur militaire. Une guerre dans laquelle John combattait seul et qu'il commençait lentement à perdre.

Pendant l'absence de son esprit, le corps de John a commencé à tourner autour du fauteuil de l'autre homme. Il s'imagina très clairement la personne qui s'asseyait ici auparavant, grand et mince dans un tee-shirt serré, ou simplement vêtu d'un drap provenant de son lit. John vit, plutôt brutalement, le corps animé de son ami s'agiter, taper du pied, attendant une enquête. Il le revoit se moquant de l'infériorité de John, de son «simple esprit», l'aperçoit en train de boire un café bien trop sucré dans une tasse délicate, lui jette un coup d'oeil pendant qu'il crie, tire, déduit, et le meilleur, mais en même temps le pire, sourire. Sherlock souriant à John avec ses yeux brillants et si vivants. Tous ces mirages lui rappelèrent les moments qui lui avaient tant manqués l'année passée, et toutes les choses qu'il avait prises pour acquises sur le moment mais qu'il ne reverrait désormais plus jamais. Il retint les bruyants sanglots qu'il avait enfermé, et se plongea, yeux fermés, dans ses souvenirs en essayant de se souvenir de chaque morceau de cette bouche dédaigneuse. Il réalisa qu'il ne pouvait qu'à peine se la remémorer.

«Comme les souvenirs sont fragiles. Peu importe combien tu tiens à quelqu'un, ils seront toujours et irrémédiablement oubliés

Plusieurs heures étaient passées maintenant, depuis que John était arrivé. Le temps s'écoule si lentement, bien qu'il n'y fasse que très peu attention. Il n'a aucune idée du temps qu'il a passé à regarder dans le vague. Son corps était raide, ses pieds étaient douloureux et il était prêt à s'asseoir quand il remarqua une chose plutôt insignifiante, mais qui remua quelque chose en lui. Sa main courut le long de la partie supérieure en cuir mat du fauteuil, le tourna pour le mettre face à lui, et le regarda avec un sourire. La poussière. Il se souvint de son ami lui disant à quelle point la poussière était éloquente. Évidemment, il avait raison. La poussière sur le bout des doigts de John racontait des histoires et elle racontait le conte d'un grand homme qui était partit trop tôt.

Il plaça son propre fauteuil en face de là où il imaginait son ami, mais voir son fauteuil vide ne fit que le blesser. Soupirant profondément, il ferma les yeux, en espérant secrètement que, quand il rouvrirait ses yeux, son colocataire serait assis dans son propre fauteuil. John a toujours souhaité qu'il réapparaîtrait quand il regarderait à nouveau le monde réel après l'obscurité derrière ses paupières. C'est pourquoi, comme il l'a dit à sa psychiatre, les matins sont le pire.

«C'est juste dans mes rêves», lui dirait-il, «il est si vivant, si vif et réel chaque matin. C'est... C'est lui... Mourant. Encore et encore.»

John fut seulement sorti de son sommeil quand Mme Hudson le trouva, ses mains serrant les accoudoirs dans une agonie insupportable. Elle lui demanda de partir, l'avertissant qu'il lui avait été demandé de le surveiller et de ne pas le laisser revenir, mais il demanda s'il il pouvait laisser un message, juste dans le cas où il avait raison et que son ami était toujours vivant et qu'il reviendrait ici, pour l'anniversaire de la veille de sa mort. Mme Hudson observa John avec un regard bienveillant, pendant qu'il griffonnait une lettre et qu'il la glissait, pliée, sous le crâne sur le manteau de la cheminée.