Bon bah voilà, un OS d'un couple que je voulais trop faire ne serait-ce qu'une fois dans ma vie, parce que je trouve (Et ma meilleure amie aussi, d'ailleurs) que ces deux-là sont magnifiques ensemble. Et aussi parce que j'aime innover xD.

Bon, sinon, comme d'habitude, les personnages d'Eyeshield 21 ne m'appartiennent pas.


« Dans le local, à treize heures trente précises. Pigé, fuckin' sex-toy ? »

Le fuckin' sex-toy en question hocha brièvement la tête pour seule réponse, avant de jeter un coup d'œil à ses deux compères qui semblaient n'avoir aucunement remarqué le succinct dialogue, si l'on pouvait véritablement le nommer ainsi. A peine quelques indications, pas même de verbe... Ce n'était pas une phrase, encore moins un dialogue. Mais cela n'avait rien d'étonnant, son interlocuteur avait toujours été économe en paroles.

Il poussa un infime soupir afin de ne pas être entendu de ses compagnons, ceux-ci palabrant visiblement d'un quelconque nouveau jeu vidéo duquel chacun des deux avait un avis différent qu'ils confrontaient. Sans doute était-il censé, lui aussi, émettre une opinion, cependant, ceci lui serait quelque peu ardu vu qu'il ne savait même de quel jeu il s'agissait.

« Eh, Juumonji, t'en penses quoi, toi ? , l'interpella l'un de ses amis.
-Il... – Le jeune réfléchit quelques instants – Il est bien, répondit-il finalement en haussant les épaules.
-Tu déconnes, j'espère ?! Pas besoin d'être un génie pour se rendre compte que c'est une daube totale, ce truc !
-Mais ta gueule, t'y connais rien ! , rétorqua hargneusement l'adolescent aux lunettes aux verres teintés oranges.
-Moi j'y connais rien ?! Mais retourne à tes mangas merdiques au lieu de ramener ta fraise !
-Quoi ?! Merdiques ?! Mais c'est tes jeux à la con qui sont merdiques !
-Les mecs, vous êtes lourds, intervint placidement Juumonji en retenant les deux qui s'apprêtaient à en venir aux mains. En plus, Togano, tu sais très bien que c'est Kuroki, le connaisseur en jeux vidéos, alors le cherche pas pour rien. »

Les deux se jaugèrent du regard quelques instants avant de souffler de concert, indiquant au troisième qu'ils s'étaient calmés et qu'il pouvait donc les lâcher, ce qu'il fit sans tarder. Ils reprirent plus posément leur discussion, se souciant peu du blond qui retourna à ses pensées.

Dans le local à treize heures trente, hein ? , se dit-il avec un enthousiasme mitigé. Faudra encore que je sèche les cours. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter comme connerie aux deux, là...

Cela faisait quoi ? Deux semaines que ça durait ? Trois ? Lui-même ne saurait le dire avec exactitude. Il n'empêchait qu'il avait déjà du mal à gérer cette situation. En effet, il devait de plus en plus souvent sécher les cours, et convaincre ses deux acolytes de ne pas le suivre devenait toujours plus épineux.
Il laissa de nouveau échapper un soupir qu'il ne prit même pas la peine de contenir un minimum.
Heureusement, ses compagnons faisaient fi de ce genre de choses, n'étant pas des plus subtils lorsqu'il était question de se rendre compte des états d'âme d'autrui. Le jour où ses affidés se rendraient compte de son humeur maussade des derniers jours...

Mais qui ne serait pas maussade s'il avait la sempiternelle impression d'avoir été pris au piège ? S'il était sans cesse habité par le sentiment de n'être qu'un simple jouet que son maître ne prenait même la peine de duper, ne le jugeant sans doute pas nécessaire ? Si, lorsque la vaine ambition de se délivrer de l'emprise de son bourreau, des liens invisibles l'entravaient ?

Cependant, si son tortionnaire ne s'était pas donné le mal de le berner, c'était pour l'humiliante raison qu'il savait parfaitement qu'il n'en avait pas besoin. Cela devait être ça, à n'en pas douter. Kazuki n'aurait jamais la prétention de croire que s'il ne l'avait jamais embobiné, c'était parce qu'il ne le considérait pas comme un jobard car face au patibulaire pouvoir de manipulation de son geôlier, tout le monde l'était. Alors, par déduction, cela ne pouvait être que ça. Cette bride qui le réduisait à l'état d'esclave sexuel.

Il ne pouvait même pas la reprocher avec hargne à son tourmenteur puisque, d'une certaine manière, ce joug, il se l'était lui-même imposé. Après tout, pouvait-il accuser son despote de l'avoir fait succomber à ses charmes ? Était-il en droit de l'incriminer d'avoir fait naître en lui ce sentiment échappant à toute logique, l'amour ? Non. Même lui, pouvant se faire tyran d'une vie de par toutes les informations qu'il détenait, ne pouvait décider des sentiments qu'auraient les autres vis-à-vis de lui.

Il s'était astreint cette laisse de sa propre initiative, son dictateur ne faisait qu'en profiter pour le promener plus aisément. Cela n'avait rien de déconcertant, venant de lui. Pourquoi n'aurait-il pas profité de cette situation qui l'avantageait grandement ? Après, n'était-il pas de ceux qui prenaient ce dont ils avaient besoin sans jamais rien demander à personne pour la simple et bonne raison que, de toute manière, il savait pertinemment que personne n'aurait les tripes de s'opposer à lui ? Alors pourquoi en serait-il autrement pour lui, Kazuki Juumonji ? Rien n'aurait justifié un quelconque ''traitement de faveur''.

Quoi qu'il en soit, de traitement de faveur il n'y eut point...

Le jeune homme se lavait dans les douches du vestiaire, seul. En temps normal, il y aurait, non loin de lui, ses deux éternels compères ainsi que tout le reste de l'équipe ; seulement, aujourd'hui, Hiruma avait décidé, pour une raison qui lui était inconnue, de lui faire faire une demi-heure d'exercice en plus.

Kuroki et Togano, trop impatients de se démolir allègrement par l'intermédiaire d'un jeu de combat, étaient partis à la salle d'arcade du coin où il devait les retrouver une fois ses exercices supplémentaires terminés. Il en était d'ailleurs particulièrement heureux. Rester seul avec le démoniaque quarterback, le surveillant distraitement du coin de l'œil tout en tapotant mécaniquement sur le clavier de son ordinateur portable, était loin d'être une partie de plaisir. Pour être plus précis, c'était carrément pénible, de par l'embarras qui lui chauffait les joues (Fort heureusement, la teinte écarlate qu'elles avaient prise pouvait aisément être justifiée par son entraînement). Ce qui était assez compréhensible. Qui ne serait pas incommodé s'il se retrouvait seul avec un individu pour qui il... ressentait quelque chose ? Surtout s'il n'était pas sûr de ce que pouvait être ce quelque chose.
La ligne séparant l'amour et l'admiration était semblable à celle discernant l'amour et la haine, mince, si simple à franchir que cela en était effrayant... Et lui n'arrivait pas à définir s'il se positionnait encore dans la partie admiration où s'il l'avait quittée depuis longtemps, lui préférant inconsciemment le côté amour.

Il fallait bien le reconnaître, Youichi Hiruma, aussi fourbe, insensible et cruel qu'il soit, forçait le respect, lorsqu'on le connaissait un tant soit peu. En premier lieu, il y avait cette stupéfiante intelligence, si grande que l'on pouvait presque parler de génie à l'état pur. Et puis, il y avait cette presqu'opiniâtre façon de s'accrocher à ses rêves de victoire. Une telle ténacité ne pouvait que susciter une certaine estime. De là à dire qu'il s'était épris de lui... Pourtant, il y avait certains signes qui ne trompaient pas, comme le malaise ressenti lorsqu'il était resté seul avec lui ainsi que cette difficulté olympienne qu'il avait à le regarder dans les yeux. D'un autre côté, rares étaient ceux ayant le courage (Ou la stupidité, selon le point de vue) de darder son regard dans les minces pupilles émeraudes du démon. Seulement, en ce qui le concernait, ce n'était pas cette crainte de la menace que celui-ci représentait de par tous ces événements inconvénients qu'il connaissait de son existence qui lui inspirait ce sentiment de peur mais le fait que, d'un simple contact oculaire, il puisse lire en lui certaines choses qu'il était préférable pour lui qu'il ne sache pas. Pour justifier cette angoisse absurde, ne pourrait-il pas rappeler que les yeux étaient considérés comme étant les miroirs de l'âme ? Délivrer son esprit à Satan n'avait jamais apporté rien de bon à qui que ce soit.

Ce fut sur ces pensées qu'il s'apprêta à fermer le robinet d'eau chaude lorsqu'il sentit un corps se presser contre le sien et une langue râpeuse parcourir son cou, le faisant frissonner.

« Qu'est-ce que... commença t-il en grommelant, amorçant un mouvement pour s'éloigner de l'intrus. »

Ce dernier enserra un bras autour de sa taille avec dextérité et posa son autre main contre ses lèvres avant de reprendre sa besogne. En jetant un coup d'œil au bras qui le retenait captif, il constata que son geôlier devait être assez chétif, vu la maigreur de son membre.

Il n'eut pas le temps de tenter d'établir un lien quelconque car celui qui le retenait avait capturé entre ses lèvres en bout de chair de son cou qu'il commença à suçoter avidement, soutirant à Juumonji un soupir d'aise. Aise qui fut inopinément remplacée par la douleur lorsque l'autre planta violemment ses dents dans la parcelle de peau.

Visiblement empressé d'en venir à quelque chose de plus charnel, l'homme (Il pouvait l'affirmer car il sentait sa verge contre son postérieur) délivra sa bouche pour se saisir impatiemment de son pénis qu'il caressa d'un lascif mouvement de va-et-vient.

« Aaaah... Me... prends pas... pour un... aaaaah... un... sex-toy, s'opposa t-il fastidieusement. »

Il entendit son vis-à-vis rire. Rire... Ricaner, plutôt. Un ricanement luciférien qu'il reconnaîtrait entre milles.

Découvrant l'identité de l'inconnu qui le tripotait impudemment, tous les membres de son corps se raidirent, malgré l'eau brûlante qui coulait sur lui.

« Oooh, vraiment ? , répliqua l'autre d'une voix narquoise. Pas la peine de te donner de grands airs, je sais que tu en rêves... Fuckin' sex-toy. »

Et depuis, lorsqu'ils étaient seuls, Hiruma ne cessait de l'appeler ainsi. Fuckin' sex-toy. Rien que ce sobriquet dont il l'avait affublé était significatif quant à la manière dont il le considérait, lui ainsi que cette ''relation'' sous-jacente qu'ils partageaient. Et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.

Après la première – Et l'unique, par la même occasion – prise de parole de son geôlier, il ne s'était pas senti la force de s'insurger. Comment aurait-il pu alors que, quelques jours auparavant, il avait eu un rêve pour le moins lubrique dont les principaux protagonistes n'étaient autres que lui-même et cet individu ? Ç'aurait été de la mauvaise foi.

Ainsi s'était-il retrouvé à être le... le jouet sexuel du Commandant des Enfers. Rien de bon pour lui, en somme.


« Hmmm... Plus... Vite... »

Pour toute réponse, il eut droit à ce rire sardonique. Comme le démon qu'il était, il ralentit sciemment la cadence de ses coups de reins, faisant languir davantage son amant qui poussa un grognement de frustration. Et peut-être aussi de mésaise – Ce qui pouvait se comprendre, la table servant habituellement de plateforme pour leurs stratégies n'étant sans doute pas des plus confortables.

« Hiruma... T'es un... Aaaah... un putain... d'enculé, invectiva Juumonji.
-J'te signale que c'est toi qui te fais enculer, fuckin' sex-toy, ricana l'enculé en question avant de finalement accéder à la requête de son interlocuteur, accélérant soudainement le rythme. »

Celui-ci comprit qu'il ne s'agissait pas d'un brusque élan d'apitoiement lorsque, quelques minutes plus tard, le quarterback se vida en lui. Il en fit de même à peine quelques instants après. Le blond se retira et partit à la recherche des feuilles qui reposaient sur le meuble avant qu'ils ne le réquisitionnent sans un mot, alors que lui se laissa gésir sur la table, la chemise ouverte, le pantalon et le caleçon aux chevilles, son corps laiteux moite de sueur.

« Casse-toi de cette fuckin' table, somma hargneusement le capitaine, les papiers à la main. Et remonte ton froc. »

Kazuki s'exécuta en silence alors son amant s'évertua à recréer le décor tel qu'il était avant qu'ils ne viennent le troubler, c'est-à-dire qu'il disposa les fiches sur toute la surface de la table dans le même désordre qu'avant leur passage. Une fois ceci fait, il se dirigea d'un pas sec vers la sortie.

« Hiruma ? »

Le susnommé ne répondit aucunement, mais il s'arrêta, la main sur la poignée froide de la porte. Il ne s'était même pas retourné mais le plus jeune des deux savait qu'il l'écoutait.
Il avait envie d'essayer, malgré le fait qu'il pouvait déjà se figurer quelle serait la réponse du démoniaque quarterback, rien que tenter de donner l'impression qu'il n'était pas esclave, car après tout, il avait une dignité – Du moins avait-il envie de le croire. Il n'avait aucunement la présomption de croire qu'il pourrait se montrer comme tenant un minimum à lui.

« Nos... , commença t-il, avant de se mettre à chercher le mot qui conviendrait le mieux.
-Parties de jambes en l'air.
-Ouais, voilà, marmonna le lineman. Bref, ça nous empêche pas d'avoir une relation à côté, n'est-ce pas ? »

Le maître-chanteur se tut. Il ouvrit la porte, fit un pas, puis tourna la tête. Étrangement, son visage était fermé, dépourvu de tout rictus méphistophélique. Ses minces prunelles émeraude étaient illuminées par une lueur patibulaire. Véritablement comminatoire, d'une toute autre sorte. Pas juste la menace de révéler tous les secrets les plus intimes d'un individu, quelque chose de bien plus terrifiant.
Il prononça quelques mots d'un ton glacial dans lequel grondait une certaine ire à peine contenue. Quelques mots qui ébranlèrent incommensurablement Juumonji, s'attendant à tout sauf à ça. Puis il sortit en claquant la porte.

« Les sex-toys ne sont pas faits pour être partagés. »