Le cauchemar de Mme Bennet
Mme Bennet fait un cauchemar sur l'avenir qui l'attend si elle persiste à essayer d'atteindre son but : obliger Lizzie à épouser Mr Collins. Il y aura quelques ajouts à ce chapitre. J'attends vos commentaires. J'attends vos commentaires sur cette petite histoire que j'ai écrit sur un coup de tête.
Mme Bennet faisait un cauchemar.
Elle s'était tellement réjouie d'avoir trouvé le moyen de forcer Elisabeth à épouser Mr Collins pour assurer son propre avenir. Elle avait pourtant vu la haine dans le regard de sa fille et elle lui avait juré qu'elle le regretterait. Et elle avait reçue une paire de gifles en guise de réaction. Lizzie ne lui avait plus jamais adressé la parole. Lorsque Lydia s'était enfuie avec Wickham, son père n'avait pas levé le petit doigt pour elle. Elle avait probablement fini sa vie dans un bordel comme une fille de son genre le méritait. Jane était morte peu de temps après. Mary et Kitty avaient quitté la maison pour vivre avec les Gardiner. Elles avaient réussi à se marier mais avaient coupé les ponts avec leurs parents. Et lorsque Mr Bennet était mort, Lizzie relégua sa mère dans la plus petite des chambres. Elle informa les commerçants que sa mère ne pourrait rien acheter sans sa permission. Elle empêcha la mauvaise femme de détruire l'esprit de sa fille avec ses idées ridicules. Elle n'avait eu que deux enfants avant de faire clairement comprendre à Mr Collins que cela suffisait.
Lizzie ne s'était jamais abaissée devant lady Catherine. La femme avait naturellement compris qu'elle avait affaire à une femme intelligente et avait tenté de la rabaisser. Sans succès.
Lizzie l'avait froidement priée de se mêler de ses affaires. Elle n'avait jamais tenu compte de ses conseils, se montrait polie avec elle, sans plus. Et quand la femme avait osé prétendre qu'elle aurait été une grande musicienne si elle avait appris à jouer du piano, elle lui avait demandé avec mépris ce que sa gouvernante avait bien pu lui enseigner, à part, peut être, à se vanter de compétences inexistantes. Ce qui avait rendu la dame folle de rage.
Mr Collins était mort d'apoplexie deux mois après le décès de Mr Bennet. Sa mère avait cru que cela changerait les choses, mais elle se trompait. Elle n'était pas autorisée à sortir pour faire des ragots. Elle était durement punie chaque fois qu'elle se permettait de parler à haute voix en soirée.
Et lorsqu'elle avait commencé à réclamer Lydia, à se plaindre qu'on l'avait abandonnée et qu'elle ne méritait pas son malheur, Lizzie lui avait ordonné de se taire. Elle ne voulait pas qu'elle souille les oreilles de ses enfants en prononçant le nom de cette putain ! Si quelqu'un était responsable de ses malheurs, c'était elle. Elle ne lui avait jamais appris les règles de la bienséance, la laissant faire tout ce qu'elle voulait comme si c'était normal. Et Lydia avait subi les conséquences de son idiotie. Elle ferait donc mieux de réfléchir aux conséquences de ses actes.
Elle lui avait dit aussi qu'elle était la responsable de la mort de Jane. Son comportement indécent et ses vantardises honteuses avaient poussé le prétendant de Jane à s'enfuir sans espoir de retour. Ce n'était pas la première fois, mais il semblait que la leçon ne lui profite jamais. Elle ne lui pardonnerait jamais d'avoir causé la mort de sa sœur bien-aimée à cause de ses ragots. Et maintenant, qu'elle récolte ce qu'elle avait semé !
Lady Catherine n'avait pas réussi à obtenir ce qu'elle voulait. Mr Darcy s'était marié quelques mois après Elisabeth, mais pas avec Anne de Bourgh. Elle avait été folle de rage et cela avait provoqué une rupture entre eux.
Miss Bingley avait été fort dépitée de ce mariage. Elle avait tenté de trouver quelqu'un d'autre pour satisfaire ses ambitions, mais avait échoué. Personne n'avait voulu d'elle et elle avait fini sa vie comme une vieille fille aigrie.
Elle avait tenté de convaincre son frère d'épouser miss Darcy, mais même cette tentative avait échoué. Charles Bingley avait quitté l'Angleterre et elle n'avait plus jamais eu de nouvelles.
Louisa Hurst était morte en couches avec son enfant. Mr Hurst avait rompu toute relation avec Caroline qu'il méprisait. A force de dépenser plus que son revenu, elle avait fini par se ruiner presque complètement et elle avait été obligée de quitter Londres et de mener une vie modeste dans un petit village.
Lizzie avait revu Mr Wickham, quelques années plus tard, alors qu'il s'apprêtait à enlever une riche héritière. Elle savait qu'il était recherché pour dettes et l'avait dénoncé. L'homme avait fini sa vie en prison, dans l'incapacité de pleurnicher sur ses malheurs. S'il avait tenté de demander l'aide de Mr Darcy, il était évident que celui-ci n'avait pas daigné se soucier de lui.
Mme Bennet avait compris que sa fille ne lui pardonnerait jamais d'avoir fait sciemment son malheur en l'obligeant à épouser un homme qui lui répugnait. Et qu'elle comptait se venger en faisant du reste de sa vie un enfer. Elle n'avait pas le droit de parler à ses enfants hors de sa présence. Elle lui avait fait clairement comprendre qu'ils n'avaient pas besoin d'entendre ses idées ridicules et que ce n'était pas à elle de décider de l'éducation de ses enfants. Elle n'avait qu'un seul droit : celui de se taire. Telle était sa récompense pour avoir voulu satisfaire ses désirs égoïstes.
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Mme Bennet se réveilla en sursaut. Elle se redressa dans son lit et regarda autour d'elle d'un air affolé. Le jour se levait et elle se rendit compte qu'elle se trouvait dans sa propre chambre, celle de la maîtresse de maison.
Dans le couloir, elle put distinguer les voix de Jane et d'Elisabeth. Jane ? Mon Dieu ! Alors, tout cela n'était qu'un affreux cauchemar ! Rien ne s'était passé. Un soupir de soulagement lui échappa. La veille au soir, Lizzie était venue dans sa chambre. Elle lui avait dit clairement qu'elle n'avait aucunement l'intention d'épouser Mr Collins et que si, par quelque moyen que ce soit, elle cherchait à lui forcer la main, elle lui promettait de faire de sa vie un enfer.
Elle s'était contentée de hausser les épaules, persuadée que sa fille ferait son devoir, mais ce cauchemar prouvait le contraire. Elle allait devoir changer ses plans. Peut être pourrait-elle détourner l'homme vers Marie. Bien sûr, il faudrait qu'elle convainque celle-ci de porter des couleurs moins tristes et de cesser de faire la morale à tout le monde. De plus, elle devrait s'occuper d'autre chose que de ses livres. Peut être devrait-elle lui enseigner les devoirs d'une maîtresse de maison.
Et il y avait Wickham. Etait-il réellement un homme méprisable comme dans son rêve ? Ce qui s'était passé lui donnait des sueurs froides. Lydia allait-elle oublier toute décence au point de s'enfuir avec un tel homme alors qu'elle n'avait aucune raison de le faire ? Il faudrait qu'elle cherche à en savoir plus sur l'homme.
Et il y avait Jane, sa pauvre Jane. Avait-elle réellement été responsable de son malheur ? Alors, il fallait qu'elle change les choses. Elle ne dirait plus rien à son sujet. Il fallait aussi qu'elle surveille Lydia. Si sa favorite se conduisait mal, elle devrait être capable de s'en rendre compte. Oui. Elle allait d'abord diriger l'attention de Mr Collins vers Marie. Elle était si facile à manipuler. Il lui suffirait de lui dire qu'elle s'était rappelée que sa seconde fille était presque engagée avec John Lucas, qui était absent pour le moment, et qu'elle l'avait oublié. Elle ne voulait pas qu'il perde son temps à courtiser une jeune fille qui aurait de bonnes raisons de le refuser. Marie lui conviendrait beaucoup mieux et ce serait un souci de moins pour elle car elle était, elle en était consciente, celle qui serait sans doute la plus difficile à marier.
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Ce que Mme Bennet ignorait, c'était que Lizzie avait eu le même cauchemar qu'elle. Et qu'elle en avait été horrifiée. Cela l'avait obligée à réfléchir, en particulier sur l'histoire de Mr Wickham. Elle avait alors compris qu'elle avait eu tort de croire aussi facilement ce que lui racontait un parfait inconnu. Surtout qu'elle l'avait fait uniquement parce que Mr Darcy l'avait blessée dans sa vanité, et non pas parce qu'elle avait fait appel à son bon sens. Mr Wickham n'avait donné aucune preuve de son histoire. Et elle se rappela qu'il avait prétendu qu'il ne dénoncerait pas Mr Darcy par respect envers la mémoire de son père. Pourtant, n'était-ce pas ce qu'il avait fait en racontant son histoire à la première inconnue qu'il rencontrait ? Elle l'avait sans doute encouragé en laissant paraître son aversion pour Mr Darcy. Elle se rendait compte, qu'en réalité, elle ne le connaissait pas du tout et qu'elle était mal placée pour le juger.
Elle avait laissé entendre que Mr Darcy était vaniteux, mais n'était-ce pas la sienne qui l'avait amené à croire aussi facilement l'histoire de Mr Wickham ? Elle avait peut être un moyen de découvrir la vérité. Elle se rappela, qu'au cours de leur conversation, il avait mentionné Lambton. Hors, c'était, elle ne l'ignorait pas, la ville natale de sa tante, Mme Gardiner. Peut être pourrait-elle demander à celle-ci de renouer contact avec ses amies d'enfance pour essayer d'obtenir des renseignements sur Mr Wickham et Mr Darcy.
Elle allait aussi essayer de découvrir ce que signifiait les regards de Mr Darcy. Charlotte prétendait qu'il l'admirait. Elle ne comprenait pas pourquoi. Après tout, il avait fait son opinion très claire lors du bal de Meryton.
Pourtant, en revoyant la scène, elle se rendit compte qu'il l'avait à peine regardée. Il avait laisser clairement entendre à Mr Bingley qu'il n'aimait pas la danse. Etait-il possible qu'il ait dit cela juste pour se débarrasser de Mr Bingley ? Eh bien, il aurait pu s'y prendre autrement ! Savait-il seulement qu'elle l'avait entendu ? Elle n'en était pas certaine. Elle se rappelait qu'elle était passé près de lui en arborant un sourire moqueur et qu'il avait eu l'air surpris, mais peut être n'avait-il pas fait le rapprochement.
Elle se rappela aussi l'avertissement de Charlotte, concernant Jane. Il est vrai que sa sœur montrait fort peu ses sentiments, même en privé. Mais il n'était pas impossible que les sœurs de Mr Bingley, et même Mr Darcy, se servent de cette raison pour le décourager de poursuivre ses attentions à Jane en lui faisant croire à son indifférence. Elle allait donc lui parler pour lui conseiller de lui montrer clairement sa préférence, sinon, il risquait de partir, en croyant qu'elle n'accueillait ses attentions que par politesse.
Cinquante ans plus tard.
Debout devant la fenêtre dans son petit boudoir à Pemberley, Mme Darcy regardait ses arrière-petits-enfants qui s'ébattaient dans le parc. Elle songeait à tous les évènements qui s'étaient déroulés au cours de toutes ces années et comment elle avait évité beaucoup de souffrance à sa famille.
D'abord, sa mère avait détourné l'attention de Mr Collins d'elle sur Marie, à son grand soulagement.
Ensuite, elle avait eu une conversation franche et honnête avec Mr Darcy, qui lui avait fait comprendre que son opinion sur Mr Wickham était clairement erroné. Cela lui avait été confirmé par sa tante qui, comme elle le lui avait demandé, avait écrit à ses amies d'enfance de Lambton et découvert que Mr Wickham était un voleur, un joueur invétéré et un coureur de jupons. L'histoire avait fait le tour de la ville. Les commerçants, inquiets de se retrouver avec un homme insolvable, avait refusé de lui faire crédit. De plus, ils gardaient leurs filles sous haute surveillance. Mr Wickham n'était plus le bienvenu dans les maisons respectables.
Ce fait avait rendue Lydia folle de rage. Pour la punir, Mme Bennet avait décidé qu'elle n'aurait plus le droit de s'approcher des officiers hors de sa présence. Et elle devrait changer son comportement ou elle n'aurait plus le droit de sortir. Elle lui avait fait clairement comprendre qu'il était temps qu'elle cesse de se conduire comme une petite fille gâtée et qu'elle apprenne à agir comme une dame.
Lydia avait été très choquée. C'était la première fois de sa vie qu'elle se faisait réprimander par sa mère. Mais elle avait découvert que ce n'était pas fini. Mme Bennet ne lui permettait plus de prendre ce qui appartenait à Kitty et lorsqu'elle avait essayé, elle l'avait punie en la privant d'argent de poche pendant un mois. Elle l'avait aussi obligée à rembourser ses dettes envers ses sœurs car elle ne tenait pas à ce que l'on dise d'elle que sa fille était une voleuse.
Elle s'était bien conduite pendant le bal de Netherfield. Lydia et Kitty avaient dû rester auprès de leur mère et attendre que les messieurs viennent par eux-mêmes les inviter. C'est ainsi qu'elles avaient découverts qu'elles n'étaient pas aussi appréciées qu'elles le croyaient. Lydia n'avait pas pu se conduire à sa guise, ce qui ne l'avait pas rendue heureuse du tout. Kitty, quant à elle, se rendit compte que suivre tout le temps sa cadette ne la rendait pas heureuse et elle avait donc décidée de se détourner d'elle et de suivre le même chemin que ses aînées.
Miss Bingley n'avait pas réussi à convaincre Mr Darcy à éloigner son frère de Jane Bennet car il s'était rendu compte que les sentiments étaient partagés. Même s'il aurait préféré voir son ami faire un meilleur mariage, son bonheur comptait beaucoup plus à ses yeux. Il avait froidement rappelé à miss Bingley que miss Bennet était la fille d'un gentleman et elle-même la fille d'un commerçant. Par la naissance, Jane Bennet occupait un rang supérieur au sien. Cela avait rendu la demoiselle folle de rage, car elle oubliait autant qu'elle pouvait ce fait. Quoiqu'il en soit, ses tentatives d'empêcher un tel mariage avaient échouées.
Mr Collins avait épousé Mary, mais heureusement, le mariage avait été de courte durée. Mary avait eut un fils et Mr Collins était mort d'une indigestion, peu de temps après la naissance. Elle était revenue à Longbourn avec son fils, après avoir découvert, avec stupeur, que son défunt beau-père était un homme très riche. Elle n'avait révélé ce fait qu'à son père et Lizzie. Elle n'avait aucune envie que sa mère ne s'imagine que l'argent pourrait être gaspillé pour des achats inutiles destinés à Lydia.
Et il y avait Mr Darcy. Son cher Mr Darcy. Le chemin pour le bonheur avait été long pour tous les deux. Il avait fallu du temps à Mr Darcy pour se rendre compte que ses sentiments pour elle étaient trop puissants pour être ignorés. Lizzie avait oublié son aversion pour lui, causé par des paroles qui ne lui étaient pas destinées et empirées par la malveillance d'un homme jaloux de lui. Mr Wickham avait fini sa vie comme il l'avait mérité. Il avait commis l'erreur d'emprunter de grosses sommes d'argent à des membres importants de la pègre de Londres. naturellement, il n'avait rien remboursé. Lorsqu'ils l'avaient retrouvé, il avait découvert qu'il avait commis une grave erreur en croyant qu'il pouvait leur échapper. Ils lui avaient brisé les bras et les jambes et l'avaient défiguré avant de l'abandonner à son sort. Cela avait été la fin pour lui. Il avait fini avec un poignard entre les omoplates, le nez dans une flaque de boue, dans les bas-fonds de Londres.
Lydia avait été la seule à tenter de le défendre, mais cela ne lui avait pas porté chance car elle était devenue un objet de risée de tous. Comme elle refusait de changer son comportement, elle était restée une vieille fille aigrie et colérique, comme miss Bingley.
Lizzie se rappelait la scène, au presbytère d'Hunsford, où son cher William s'était agenouillé à ses pieds, avant de lui déclarer son amour et lui demander sa main. Pour dire la vérité, elle avait été totalement abasourdie. Que Mr Darcy l'admire était déjà une chose qu'elle avait du mal à croire, mais qu'il l'aime et soit prêt à l'épouser en dépit de leurs différences sociales était encore plus surprenant. Et pour dire la vérité, sur le moment, elle n'avait pas su quoi répondre, surtout qu'elle le croyait fiancé à sa cousine. Quand elle l'avait interroger à ce sujet, il s'était contenté de répondre qu'il s'agissait seulement du désir de sa tante, pas du sien et qu'il n'avait fait aucune démarche qui l'engageait envers sa cousine. Celle-ci était trop fragile pour se marier et il était douteux qu'elle puisse avoir des enfants. Il pensait que sa tante s'illusionnait en croyant que sa fille deviendrait solide et en bonne santé.
Bien qu'un peu gênée, car elle s'était rendue compte qu'il s'agissait probablement de calomnies, elle avait demandé à Mr Darcy sa version au sujet de la cure. Elle avait été surprise qu'il lui réponde sans la moindre hésitation. Il lui avait montré une grande confiance en lui révélant la tentative d'enlèvement de sa sœur par Mr Wickham. Elle avait été horrifiée par une telle chose.
Lizzie se rendit compte alors qu'elle ne connaissait pas vraiment Mr Darcy. Elle lui avait expliqué qu'il était trop tôt pour qu'elle accepte sa demande, qu'elle avait besoin de mieux le connaître avant de prendre sa décision.
Il avait été surpris et même déçu par sa réponse, mais il avait compris aussi que son rang et sa fortune n'avaient, à ses yeux, que peu d'importance, et qu'elle privilégiait les sentiments d'affection et le respect, à ces autres aspects. Il avait compris alors, qu'il avait sans doute rencontré la seule femme qui serait prête à l'accepter pour lui-même. Il avait donc accepté la proposition qu'elle lui avait faite. Elle allait séjourner à Londres, chez son oncle et sa tante, et il pourrait venir lui rendre visite pour la courtiser. Ainsi, ils pourraient prendre le temps de se connaître. Elle ne voulait pas que cela se passe à Longbourn, car sa mère était capable de tout gâcher en essayant de lui forcer la main.
Elle avait écrit une lettre à son père pour tout lui expliquer et, bien que surpris, il avait accepté son plan.
Elle avait passé des moments merveilleux à Londres. Mr Darcy lui avait présenté sa sœur et elles s'étaient très vite entendues. Les choses s'étaient très bien passées. Miss Bingley s'était rendue compte de ce qui arrivait et elle avait compris qu'elle n'obtiendrait jamais ce qu'elle espérait.
Lorsque Lizzie était revenue à Longbourn, c'était avec une bague de fiançailles.
Mr Bennet avait donné son consentement lorsqu'il avait compris que sa fille souhaitait réellement ce mariage.
Naturellement, lady Catherine avait été folle de rage et avait tenté, en vain, d'empêcher ce mariage. La rupture entre eux avait duré longtemps, mais les choses avaient fini par s'arranger.
Lizzie eut un léger sursaut en entendant un bruit de pas, derrière elle, puis deux mains placées autour de sa taille.
- A quoi rêvez-vous ainsi ? murmura la voix de son mari.
Lizzie se retourna pour se retrouver face à lui.
- Je repensais à tous les évènements qui se sont déroulés au cours de notre vie. Je me demande ce qui se serait produit, si ma mère et moi n'avions pas eu cet horrible cauchemar qui nous a permis, sans aucun doute, de changer notre destin.
- Votre mère l'a visiblement pris au sérieux parce qu'elle connaissait votre caractère, mais vous, c'était différent.
- Je me suis rendu compte que ma capacité à juger un caractère n'était pas aussi bonne que je le croyais. Ce cauchemar m'a obligée à réfléchir et à me rendre compte qu'on ne pouvait pas juger quelqu'un sur une simple impression. Ce n'est pas une preuve d'intelligence. Si j'avais persisté dans mes erreurs, cela nous aurait coûté cher et nous ne serions peut être pas ensemble.
- Le destin a été bon pour nous. Peut être aurions-nous eu à subir d'autres épreuves. Je suis reconnaissant à Richard et à Anne de m'avoir empêché de vous avoir fait ma déclaration comme je l'avais prévu.
- Vraiment ? Vous ne me l'avez jamais dit ! La vôtre était très romantique.
- Oui, mais seulement parce qu'Anne m'a dit clairement que si je disais ce qu'elle m'avait entendu lui dire, j'aurai beaucoup de chance de ne pas recevoir une paire de gifles pour mon audace. Mes cousins étaient persuadés qu'une telle déclaration me vaudrait un refus clair et net. Ils m'ont obligés à réfléchir et à m'y prendre autrement. Je suis heureux de les avoir écoutés, car je sais maintenant, qu'ils avaient parfaitement raison.
- Je suppose que vous ne me direz pas ce que vous comptiez me dire ?
Il secoua la tête.
- Non. Tout ce que je vous dirais à ce sujet, c'est qu'elle ne me ferait pas honneur et ne vous montrait pas beaucoup de respect. Non, il vaut mieux que vous l'ignoriez.
Elle hocha la tête, puis se retourna de nouveau vers la fenêtre :
- Il s'est passé tant de choses, dit-elle d'un ton pensif. Il y a ceux qui sont partis et ceux qui sont nés. Vous rendez-vous compte que nos petits-enfants sont devenus parents. Notre famille est devenue immense. Cinq enfants, vingt-cinq petits-enfants et dix arrière petits-enfants. Et je ne compte pas les descendants de nos sœurs. Je crois qu'il vaut mieux éviter d'inviter tout le monde en même temps. Cela risquerait d'être trop éprouvant.
- Je ne crois pas que notre maison serait assez grande pour cela. Heureusement que Jane et Georgiana n'habitent pas loin.
- Oui. Je suis heureuse que mes sœurs aient pu se marier. Lydia est la seule qui n'y soit pas parvenue. Je crains qu'elle n'ait gâchée sa vie par son obstination de n'en faire qu'à sa tête.
- Au moins, elle l'a regretté à la fin de sa vie.
- Oui, nous pouvons au moins nous rappeler de cela.
Ses autres sœurs avaient fait des mariage convenables. Kitty avait épousé un pasteur. Tout le monde avait été surpris que Charlotte en fasse autant. Elle avait vécu à Lambton, à la grande joie de Lizzie qui se réjouissait d'avoir son amie près d'elle. Quant à Kitty, elle avait épousé le pasteur de Kympton et avait visiblement été très heureuse avec son mari. Elle avait, de toute évidence, oublié toutes ses idées stupides sur les officiers.
- Eh bien, il y a peut être une morale à notre histoire, dit Lizzie.
- Et quelle est-elle ?
- Il ne faut pas se fier aux apparences. Nous devant prendre garde que l'orgueil et les préjugés ne causent pas beaucoup de mal. C'est ce qui nous serait arrivé si nous les avions laissés dirigés nos vies.
- Je peux difficilement dire le contraire, répondit son mari.
- Alors, tout est bien, dit-elle en prenant sa main. Je crois qu'il est temps de rejoindre la famille.
Il prit sa main dans la sienne et ils s'éloignèrent, unis comme au premier jour, pour poursuivre le chemin de leur vie.
