Disclaimer : les persos ne m'appartiennent pas
Genre : UA, OOC, Romance
Question existentielle
Bibliothèque de l'université de Sanc – mercredi soir 19h38 – temps… pourri
Nombre de jours avant les partiels : Jour J-16
« Heero ? », murmure un étudiant en psychologie le plus discrètement possible.
« Hn. », répond très sobrement l'interpellé sans toutefois cesser de griffonner des notes sur un cahier déjà bien noirci de formules (…formules s'apparentant au martien pour toutes personnes non initiées aux mathématiques quantiques).
« Je peux te poser une question ? »
« Hn. », répète-t-il en tournant la page de son livre de cours, version encyclopédie universelle.
« Est-ce que tu coucherais avec moi si je te le demandais ? »
Le bruit d'une mine de crayon cassée se fait entendre, très vite suivie par un grommellement étouffé.
Heero tend la main, attrape sa trousse pour en sortir un taille-crayon vert fluo où l'on peut y lire « I'm sexy » inscrit une dizaine de fois à l'indélébile noir (… souvenir d'un cours très ennuyeux durant lequel son amie, Réléna, n'a rien trouvé de mieux à faire que de se défouler sur le pauvre objet sans défense).
Il commence à tailler son crayon avec le plus de discrétion possible... effort totalement vain et qui n'empêche pas les autres étudiants de le fusiller du regard.
Une fois, la mine parfaitement aiguisée, Heero repose soigneusement l'objet du délit bien à l'abri dans sa trousse avant de se replonger dans ses cours.
Après quelques instants de silence, il finit par lâcher un :
« T'as de drôles de questions. »
« Je sais. »
Il termine de noircir sa feuille et passe à la suivante.
« T'as pas répondu. », fait très justement remarquer son vis-à-vis.
« Parce que je suis obligé de répondre ? »
« J'aimerais bien oui. »
Heero grogne avant de prendre sa gomme et d'effacer la phrase qu'il venait d'écrire.
« Pourquoi tu me poses une question pareille ? »¨
« Parce que tu es mon meilleur ami et que si je ne peux pas te la poser à toi, je ne vois pas à qui je pourrais bien le demander. »
« Et qu'est-ce qui te fait croire que je pourrais être… de ce bord là ? »
« Le fait que tu aies roulé une pelle monstrueuse à Barton pendant la beuverie de samedi. »
« J'étais soul. »
« C'est pas une excuse. »
« C'est lui qui m'a embrassé. »
« C'est pas ce qu'il dit. »
Regard meurtrier de la part de Heero à l'empêcheur de tourner en rond mais non moins ami : Duo Maxwell.
« Je vois toujours pas le rapport avec ta question. », rétorque-t-il d'une voix agacée. « Et puis, c'est quoi ce genre de question d'abord ?! »
« Fais pas ta mauvaise tête… après tout c'est une demande tout ce qu'il y a de plus innocente. »
« Innocente ?! Tu viens de me demander de coucher avec toi ! »
« Rectification : je t'ai demandé SI tu pourrais envisager de coucher avec moi SI je te le demandais. »
« C'est la même chose. »
« Pas du tout. »
« Oui. »
« Non. »
« Oui. »
« Non. »
« C'est pas bientôt fini vous deux ! », finit par intervenir une blonde assise deux tables plus loin.
« Occupe-toi de tes sourcils Dorothy. », répond Duo avant de l'ignorer royalement pour planter son regard indigo dans les iris bleus de celui qui semble être devenus sa nouvelle excuse pour ne pas réviser.
Mais lorsqu'on a 18 sur 20 de moyenne, a-t-on réellement encore besoin de bachoter ses cours ?
« Alors ? »
« Alors quoi. »
« Tu coucherais avec moi si je te le demandais ? »
« Non. », répond platement Heero avant de fouiller dans son sac à dos pour prendre un petit étui en faux cuire.
Il ouvre la boîte et en sort une paire de lunettes rectangulaires à fine monture qu'il pose sur son nez. Puis, il reprend le fil de ses révisions.
« Pourquoi ? »
Heero pousse un soupir et lève son visage vers Duo.
« T'es pas mon genre. », lâche-t-il en replongeant son nez dans ses bouquins.
Quelques minutes passent durant lesquelles seul le bruit des pages tournées vient troubler le silence de la bibliothèque.
« Et c'est quoi ton genre ? »
Si Heero avait pu, il se serrait frappé la tête contre la table.
« Duo ! J'essaye de réviser si t'as pas remarqué ! »
« Hey ! Tu viens de blesser mon ego ! Maintenant va falloir que tu m'expliques pourquoi tu me trouves pas bandant ! »
Un « CHUUUUUUUUUUUUUUUUT » général fait échos la réplique de Duo.
« Non mais t'as pas bientôt fini ! », souffle Heero avant de prendre son livre entre les mains et de se replonger dans sa lecture, bien décidé à ne plus se faire distraire pas les questions idiotes de son ami.
Et contre toute attente, son vœu semble se réaliser.
Cinq minutes passent…. Puis dix… sans que Duo n'ouvre la bouche.
Heero tourne les pages de son livre.
Se gratte le bout du nez.
Change de position une fois…
Deux fois…
Trois fois…
Puis pose son livre sur la table avant de fixer son comparse qui, de toute évidence, est en train de bouder.
« Ok… c'est quoi exactement le problème ? »
Le sourire réapparaît chez Duo.
« Explique-moi juste pourquoi tu ne coucherais pas avec moi si je te le demandais. »
« J'en sais rien. », répond Heero en frottant l'arrière de sa nuque. « Parce que c'est toi. »
« Ca veut rien dire ça. »
« Tu voulais une réponse. Je te l'ai donnée ! »
…
…
…
« C'est à cause de mes cheveux ? »
« Mais qu'est-ce que tu racontes ?! »
« Ben… t'aimes peut-être pas les cheveux longs. »
« Rien à voir. »
« T'es sûr parce qu'il y a beaucoup de gens qui trouvent que les cheveux longs chez un mec c'est pas sexy. »
« Tes cheveux sont très bien comme ils sont. », répond Heero en se demandant comment il avait pu se laisser entraîner dans une conversation de ce type.
…
…
…
« Mais tu préfères les mecs avec les cheveux courts. »
Gros soupir de la part de celui qui semble être la cible des interrogations existentielles (et capillaires) de Duo Maxwell.
« Qu'est-ce qui te fais penser un truc pareil ? »
« Barton a les cheveux courts. »
« J'étais cuité Duo. »
Cette réponse ne semble pas satisfaire l'étudiant en psychologie qui s'enferme dans un mutisme ne collant pas du tout avec son attitude habituellement survoltée.
Heero fait mine de poursuivre ses révisions.
« T'es très attirant Duo. », dit-il sans relever les yeux de son bouquin.
« Tu dis ça pour me faire plaisir. »
« Non. D'ailleurs, t'es pas le seul mec avec les cheveux longs que je trouve… agréable à regarder. »
« Ah ouai ?! », chuchote son ami en posant les coudes sur la table pour s'approcher un peu plus de son vis-à-vis. « Raconte. »
« Ca te regarde pas. »
« Allez 'ro ! T'en as trop dit… ou pas assez. »
Le harcelé repose pour la énième fois son livre, se maudissant d'avoir proposé à Duo de venir réviser à la bibliothèque avec lui.
« Merquize. », répond-t-il platement.
« Sérieux ?! »
Son ami acquiesce en silence.
« C'est vrai que pour un prof… il a un joli p'tit cul. », murmure Duo pour lui-même en faisant une moue suggestive.
Heero se perd quelques instants sur le contour des lèvres de son ami, avant de replonger dans ses cours.
Le silence règne à nouveau.
Mais très vite, l'enquiquineur revient à la charge.
« Alors c'est quoi le problème ? »
« Tu me gonfles Duo. »
« Allez !!! … c'est mon physique ? Tu me trouves pas assez musclé ?
« Raconte pas n'importe quoi. J'te rappelle qu'on fait partis du même club de natation. T'es très loin d'être un vermisseau famélique. Il suffit de voir le troupeau de filles hystériques qui débarque à chaque compète. »
« Je te ferai remarquer qu'elles viennent aussi pour toi. »
« Aucune chance que ce soit le cas. »
« Pourquoi ? »
« Parce que je suis un asocial reconnu de tous. Y a rien de plus gonflant à ce qu'il parait. » (dixit Réléna – autoproclamée experte en relation homme-femme)
« Je me demande où t'as été chercher un truc pareil ?! »
« T'es pas d'accord ? »
« Non… moi je trouve qu'il y a rien de plus attirant qu'un glaçon sur pattes. », répond-t-il en faisant un clin d'œil séducteur.
« Oui mais toi t'es pas net. »
« C'est pas faux. »
Un léger sourire en coin apparait enfin sur le visage de Heero.
…
…
…
« Alors je vois pas ce qui cloche… à moins que tu me trouves stupides ? »
Son ami lève les yeux au ciel sans même prendre la peine de lui répondre.
« Non mais sérieux !!! … faut dire qu'à côté de Quatre… la culture et moi ça fait deux. »
« Winner parle trop. »
« Moi aussi. »
« Toi c'est pas pareil. »
« … »
« … »
« Pourquoi ? »
« Tu me tues avec tes questions Duo. »
« T'as pas répondu. »
« J'en sais rien moi… parce que c'est toi. », marmonne Heero avec une pointe d'agacement dans la voix.
« Comme le fait que tu ne coucherais pas avec moi si je te le demandais ? »
« T'as tout compris. »
« … »
« … »
« Désolé mais j'ai rien compris du tout. », poursuit Duo avec un air des plus sérieux. « Mon look te plaît… mon physique aussi … et de toute évidence, je ne possède pas le cerveau d'un poulpe d'eau douce neurasthénique. »
« Un poulpe de quoi ? »
L'étudiant en psychologie fait un geste de la main intimant à Heero de laisser tomber.
« Alors où est le problème ? »
« J'en sais rien moi ! C'est … c'est une question d'image ! »
« Hein ? »
« Et bien… je t'imagine d'une certaine manière… comme un ami ou plutôt un membre de ma famille. », répond-t-il. « Donc impossible pour moi de te considérer comme un p'tit copain potentiel… Ca serait limite incestueux. »
« T'es sérieux ? »
« Oui. »
« Donc… si je suis ton raisonnement. », poursuivit Duo en faisant mine de réfléchir intensément à la question. « Tu me sauterais dessus si on se connaissait pas. »
« Exactement. », rétorque Heero. « T'es satisfait maintenant ? J'ai répondu à toutes tes questions ? »
Son ami acquiesce.
« Super. Je vais peut-être pouvoir me remettre à réviser. », grogne-t-il en se levant.
« Tu vas où ? »
« Chercher un bouquin… et je croyais qu'on en avait fini avec les questions pour aujourd'hui !!! »
« Ok… Ok… j'ai rien dit. »
Après un dernier regard noir en direction d'un Duo, Heero se retourne et part vers le fond de la bibliothèque, direction la section scientifique.
Arrivé au rayon mathématiques avancées, il se met à parcourir les impressionnants rayonnages mis à la disposition des étudiants et finit par s'engouffrer dans l'allée réservée aux drogués des chiffres.
A cet endroit, le calme est total.
Pas de chaises qui grincent sur le sol, pas de grattement de stylos, pas de questions idiotes.
Bref… le paradis.
« A… B… C… », murmure Heero pour lui-même en parcourant les ouvrages des yeux. « Ca… Ce… Ch… Chang ! Te voilà ! »
Ses doigts agrippent la couverture rouge et tirent le livre hors du rayonnage.
Avec habitude, il l'ouvre à la table des matières et cherche le chapitre qui l'intéresse.
Une fois l'information ciblée, il feuillette les pages noircies de théorèmes, graphiques et autres joyeusetés du genre avant d'arriver à la page qui traite de la matière prévue à l'examen.
Perdu dans sa lecture, il n'entend pas les pas se rapprocher de lui.
« 'ro. », murmure quelqu'un à son oreille.
Surpris, Heero fait un bon sur le côté risquant de peu de se ramasser le rayonnage rempli à ras bord.
« P'tain Duo !!! Tu veux ma mort ou quoi !!! »
« Désolé, je voulais pas te faire peur. »
« Ah ouai ?! On dirait pas ! »
« Crie pas ou Une va finir par nous virer de la bibliothèque. »
« Et à qui la faute ? »
« Ok… ok… j'assume. Mea culpa. », répond Duo sans se départir de sa bonne humeur malgré l'air grognon du brun.
Heero secoue la tête de droite à gauche, se demandant ce qu'il a bien pu faire au ciel pour mériter un tel acharnement sur sa personne.
« T'as besoin de quelque chose ? », finit-il par demander.
« Besoin … non. En fait j'étais venu pour m'excuser. »
« De quoi ? De m'empêcher de réviser ? »
« Non. »
L'étudiant en psychologie abandonne son air insouciant pour expression plus grave.
« Excuse-moi de ne pas vouloir faire partie de ta famille. »
« Mais de quoi tu parles encore ? »
Duo ne répond pas.
Il avance vers lui.
Heero l'observe intrigué avant de reculer à son tour lorsqu'il commence à juger que la distance entre eux n'est plus suffisante.
« Qu'est-ce que tu fais ? », demande-t-il d'une voix un peu éraillée.
« Tu peux rester tranquille une petite seconde s'il te plaît. », répond doucement Duo avant de lui attraper l'avant-bras.
La prise est ferme mais pas douloureuse. Heero voit le visage, toujours aussi sérieux, se rapprocher dangereusement du sien.
« Duo… », commence-t-il avant d'être coupé par des lèvres chaudes et légèrement humides.
Ses yeux s'écarquillent sous la surprise et sa respiration se bloque.
Tout semble disparaître autour de lui. Les seules choses qu'il arrive encore à percevoir sont les battements frénétiques de son cœur. Cet organe, habituellement des plus discret, semble vouloir littéralement sortir de sa poitrine.
Ses oreilles bourdonnent.
Ses mains deviennent moites.
La chair de poule envahit son épiderme.
Et quelques secondes passent… ou peut-être des minutes… sans que Heero ne fasse le moindre geste.
Il reste planté là, avec une tête de merlan frit, tandis que les lèvres de Duo sont sur les siennes.
Mais le contact finit par être rompu. L'initiateur de ce geste se détache lentement comme pour ne pas revenir trop brusquement dans le monde réel.
« Tu vas bien ? », finit par demander Duo en voyant Heero le dévisager comme si un troisième œil avait poussé sur son front.
« Qu… qu'est-ce qui s'est passé ?! »
« Je t'ai embrassé. »
« Tu m'as embrassé ? »
« Oui. »
…
…
…
« Tu m'as embrassé !!! », répète-t-il en sortant enfin de sa transe. « Mais qu'est-ce qui t'a pris ?! »
« J'en avais envie. », répond Duo avec désinvolture.
Mais apparemment, la réponse, ou le ton employé, ne semble pas plaire au principal concerné.
L'expression de Heero se durcit, trahissant la colère qui l'habite.
« Te fous pas de ma gueule Maxwell ! C'est bien la blague la plus vaseuse qu'on m'ai jamais faite ! », crache-t-il avant de poser un index menaçant sur le torse de son vis-à-vis. « T'avise pas de recommencer ce genre de truc ou je mets mon poing dans ta p'tit gueule de connard. »
Puis, sans même laisser le temps à son ami de se justifier, Heero embarque son bouquin et quitte l'allée sans un regard en arrière.
