TITRE : Lonely Souls
GENRE : Romance x Angst.
PAIRING : Daenerys Targaryen x Jon Snow.
RATING : M
RESUME : Le Bâtard. Voilà la seule chose que connaît Daenerys à propos de Jon Snow. La blonde aux yeux verts. Voici les seuls critères que Jon emploierait pour décrire Daenerys Targaryen. La solitude. Voilà le sentiment qui relie leurs deux âmes depuis la naissance. UA.
AFIN D'EVITER TOUTES CONFUSIONS, LISEZ CECI.
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Bon. J'ai longtemps hésité avant de m'attaquer à GoT car Dieu seul sait que c'est un univers complexe...mais l'inspiration a pris le dessus sur mes réticences. Je ne prétends cependant pas faire quelque chose de parfait : après tout, ce n'est qu'une fanfiction, un essai, et le droit à l'erreur est permis (enfin, je crois). Il n'est nullement dans mes intentions de dénaturer l'oeuvre de l'auteur de GoT. Même si cette fic est un UA, j'ai tenu à respecter au maximum les personnages ainsi que leurs caractères. Seule la sphère dans laquelle ils évoluent change. Les divergences principales sont donc celles-ci :
1 – L'action se déroule à Red Lake, une ville située au sud du continent de Westeros, au sud-ouest de King's Landing. J'ai choisi cette ville pour rester dans la neutralité, ne pouvant pas prendre Winterfell (Daenerys à Winterfell... weird !) ni Pentos ou Vaes Dotherak (Jon Snow n'y aurait pas tellement été dans son élément).
2 – L'histoire se passe au 21e siècle donc dans un monde aussi moderne que celui dans lequel nous vivons actuellement.
3 – Daenerys a 17 ans, Jon en a 18 ½.
Il y aura d'autres petites modifications (par soucis de logique ou juste par fantaisie) et vous les verrez au cours de l'écriture mais rassurez-vous : de là à faire intervenir des aliens issus de Star Trek, il y a un pas.
Je ne sais pas ce que ça va donner...donc j'attends impatiemment vos avis ! Bonne lecture en tout cas.
xoxo,
IACB.
Chapitre I : Regard
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~ Intro – Alt-J ~
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La chambre n'était pas très grande. Du moins, pour ce que l'on pouvait apercevoir de la pièce plongée dans la pénombre de la nuit, elle ne semblait pas très grande. Dix mètres carrés parfaitement agencés entre le bureau placé contre le mur perpendiculaire à celui de la fenêtre, le lit, près de la porte d'entrée, et l'armoire située entre le bureau et la porte de la salle de bain. Porte qui s'ouvrit soudainement, éclairant d'un rayon de lumière la chambre obscure. Une serviette nouée autour des hanches, ses cheveux mouillés gouttant de sa nuque jusque sur son torse, Jon Snow regagna sa chambre à coucher. Après avoir éteint l'interrupteur de la douche, le jeune homme se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit complètement, se faisant accueillir par un souffle de vent frais. Il revînt ensuite sur ses pas pour s'habiller et laissa tomber sa serviette en chemin.
Son sweat à capuche sur les épaules, son short de sport enfilé et ses baskets aux pieds, Jon sortit de sa chambre pile lorsque le radio-réveil de sa table de nuit indiqua minuit. Il descendit les escaliers menant au premier étage et s'apprêta à les dévaler jusqu'au rez-de-chaussée avant de se raviser. Empruntant plutôt le couloir, le brun marcha jusqu'à la seconde porte qu'il ouvrit précautionneusement. Ses yeux noirs balayèrent rapidement l'obscurité de la chambre pour se stabiliser sur la silhouette de Bran qui dormait dans son lit, sa respiration régulière et ses traits décontractés. Comme rassuré par cette vision, son grand frère ferma doucement la porte derrière lui et continua sa route. Les mains dans les poches de son pull, il marcha jusqu'au vestibule d'entrée et passa devant la porte du salon dans lequel son cousin Theon jouait aux jeux vidéos, profitant du retour tardif de sa tante.
A peine Jon eut-il mis un pied dehors que ses mains vinrent rabattre sa capuche sur sa tête, par réflexe. Il descendit les marches du perron et tourna en direction du vaste jardin de la propriété.
« Ghost ! » appela-t-il avant de placer son pouce et son index entre ses lèvres pour siffler. « Ghost ! »
Il ne fallut pas plus longtemps pour que le husky aux poils blancs apparaisse devant son maître et gambade tout autour de lui, excité. Cette petite danse enthousiaste faisait toujours rire Jon.
« Bonsoir à toi aussi. » le salua-t-il en lui frottant le dos. « Alors ? Prêt ? »
A en juger comme l'animal trépignait d'impatience sur place, le brun eut sa réponse. Il se redressa pour sortir son baladeur de sa poche de sweat et calla les écouteurs dans ses oreilles. Sifflant de nouveau à l'adresse de Ghost, le jeune homme indiqua le portail du doigt.
« Go ! » dit-il, et l'animal fonça vers la sortie.
Peut-être était-ce parce qu'il était une âme nocturne mais Jon préférait Red Lake éclairé par la Lune plutôt que sous les rayons du soleil. Car qui disait soleil disait jour. Qui disait jour disait foule. Et Jon détestait la foule. Tous ces yeux scrutateurs, promptes à la moquerie et au jugement. Il haïssait le regard des gens. Alors il préférait vivre lorsque le soleil se couchait, lorsque les rues étaient vides, lorsqu'il n'y avait que lui, Ghost et personne d'autre. Il profitait de ce temps pour faire son footing journalier.
Son chien toujours à ses trousses, sa musique dans les oreilles, le brun passa en quelques enjambées par la rue principale du centre-ville, dépassant le seul établissement ouvert situé à l'angle de l'Avenue. Passé minuit, l'enseigne du restaurant-bar Stormborn était l'une des seules du secteur à être encore allumée. C'était habituellement dans ces heures tardives que le pub servait les derniers clients à moitié ivres morts qui restaient collés coûte que coûte au comptoir, semi-conscients. Cette soirée ne manqua pas. Le jukebox passait la même musique pour la soixantième fois, à la demande d'un des consommateurs qui ne tenait même plus debout sur ses jambes et chantait la moitié des paroles à tue-tête. Les tables du milieu de la salle servaient de table à débats hautement philosophiques et extrêmement arrosés pour les quatre autres clients restants. L'un d'eux se retourna en faisant claquer son verre contre la table.
« A boire ! » réclama-t-il, rapidement suivi par ses comparses. « Eh ! Eh petite ! Ramène tes jolies p'tites fesses ici et sers-nous d'la vraie bière d'hommes ! Et qu'ça saute ! »
Abandonnant le balais avec lequel elle nettoyait le sol, Daenerys Targaryen étouffa un soupir en se redressant. Elle marcha d'un pas fatigué vers le comptoir et remplit un pichet de bière à l'aide du robinet à pression.
« Sois pas radine, Blondie ! Mets-en plus ! » postillonna le client qu'elle servait.
« Eh, prends pas tout pour toi ! » rouspéta son voisin en voyant la mousse dégouliner allègrement du verre de son compère.
« Et moi alors, tu t'actives de me servir, oui ? » brailla le troisième client en posant avec brusquerie sa choppe devant Daenerys.
La jeune adolescente se pencha pour remplir sa portion de bière et sentit alors une main lui caresser les fesses puis les lui empoigner avec rudesse.
« Tu nous la fais gratuitement cette tournée ma belle, hein ? » susurra le quatrième ivrogne, son haleine fétide empoisonnant l'air de la blonde.
« Danny. » l'interpella une voix derrière elle.
Viserys, son grand frère, était adossé à l'embrasure de la porte menant aux cuisines et semblait assister au spectacle avec la plus grande des indifférences. Il lui fit néanmoins signe de venir et sa cadette s'exécuta avec joie, s'extirpant de l'étreinte dégoûtante des quatre consommateurs.
« Tu as fini. » décréta Viserys. « Va te coucher. »
Il lui fit signe du menton de disposer puis la dépassa pour aller chasser lui-même les retardataires carburant à la bière. Daenerys fila donc dans la cuisine, y laissa son tablier et sortit par la porte de service. Atterrissant dans la petite cour intérieure, la jeune adolescente s'arrêta pour lever les yeux au ciel et prit trois profondes inspirations. La nuit était belle et éclairée par une Lune d'une rondeur parfaite, des petits astres éparpillés apportant un supplément de lumière à l'étendue bleu foncée. Ses iris verts toujours fixés sur le plafond étoilé, la blonde traversa le carré séparant le restaurant du petit duplex dans lequel son frère et elle vivaient. Une fois sur le pas de sa maison, Daenerys observa une dernière fois le ciel. Puis fronça soudainement des sourcils. Il lui semblait avoir aperçu une étoile filante... Mais cela avait été si furtif qu'elle n'en était même pas sûre.
Jon, lui, l'avait parfaitement vue. Allongé sur l'herbe bordant le Lac Rouge, le jeune homme s'octroyait une pause en fixant les cieux, ses mains croisées sur le haut de son torse. Ghost était certainement allé faire un tour pour se dégourdir les jambes – le brun ne s'en inquiétait pas ; le chien serait de retour dans un quart d'heure au plus tard. Il ne s'inquiétait pas également de trouver un vœux en vitesse lorsque l'astre traversa le ciel sous ses yeux. Il le regarda tout simplement disparaître dans la cime des arbres peuplant le bois, quelques mètres plus loin. Cela faisait bien longtemps qu'il ne croyait plus à ces conneries de vœux. Il ne croyait plus en grand chose, d'ailleurs. Jon ferma les yeux.
« Hmmm... »
Quelque chose de chaud et humide frottant sa joue à répétition réveilla le jeune homme. La langue de Ghost. Le brun se redressa en grognant puis essuya son visage mouillé à l'aide de sa manche de sweat. Il s'était encore endormi au large du Lac. Cela devenait une habitude, ces derniers temps. Il se sentait presque mieux ici que dans sa chambre. Dans sa maison, en général. Mais s'il s'écoutait, ce n'était pas une simple sieste qu'il ferait sur la berge du courant d'eau mais sa nuit toute entière. Et la dernière fois qu'il l'avait fait, Arya avait paniqué en ne le voyant pas le matin. Mais il avait également rencontré Ygritte ce jour-là. Un mal pour un bien, donc.
Frottant ses yeux à l'aide de ses poings, Jon se mit sur ses pieds en titubant, son chien suivant chacun de ses mouvements en jappant.
« Allez, on rentre. » souffla-t-il en recommençant à courir.
Les deux acolytes firent le trajet inverse, repassant par la grande rue principale. L'enseigne du Strormborn ne clignotait plus.
Viserys regarda distraitement le coureur remonter l'Avenue tout en fermant les stores du restaurant. Il se retourna ensuite pour passer un coup de chiffon sur chacune des tables puis bailla en quittant la salle principale. Le bar fermé, le blond traversa d'un pas rapide la cour intérieure et gagna son appartement. Trouver la lumière de la cuisine allumée mais la pièce vide lui arracha un soupir exaspéré.
« Qu'est-ce que je t'ai dis à propos de la lumière, bon sang ? » pesta-t-il avant d'ajouter plus bas, comme pour lui-même : « C'est pourtant pas compliqué... »
Il entra néanmoins dans la petite salle exiguë pour se servir un fond de vin qu'il descendit la seconde suivante. Puis un autre encore. Éteignant l'interrupteur derrière lui, l'adulte de vingt-deux ans gravit les marches de l'escalier jusqu'au premier étage.
« Tu dors pas ? » demanda-t-il en ouvrant la porte de la chambre de sa sœur.
Daenerys sursauta, assise en robe de chambre devant sa coiffeuse.
« Si. » dit-elle. « J'y vais. »
« Vas dormir maintenant. Tu as ta rentrée demain, je te signale, et tu dois finir de nettoyer le restaurant avant d'aller en cours. »
Sa soeur se leva pour gagner silencieusement son lit.
« J'éteinds la lumière. » la prévînt Viserys avant de s'executer.
Il resta quelques secondes sur le seuil sans prononcer un mot puis marmonna :
« Bonne nuit. »
« Bonne nuit. » lui répondit Daenerys avant que sa porte ne soit fermée.
La blonde fixa le plafond blanc, cherchant ce fameux sommeil qui l'avait empêchée de se tenir debout une demi-heure plus tôt. Elle porta sa main à son cou et tâta sa gorge à la recherche de sa chaîne. Lorsqu'elle la trouva, ses doigts jouèrent machinalement avec le pendentif du bijou. Un petit dragon en argent ayant autrefois appartenu à sa mère. L'une des seules choses la rattachant à elle. Comme chaque fois lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil, l'adolescente ferma les yeux et imagina cette même créature fantastique cracheuse feu traverser sa fenêtre un soir pour la prendre. Elle monterait alors sur son dos, scellerait ses bras autour de son cou et s'y accrocherait fermement tandis que la bête prendrait son élan et volerait au-dessus de sa maison, l'arrachant de sa vie antérieure. Et avant même qu'elle ne s'en rende compte, la jeune fille était déjà tombée dans les bras de Morphée.
Bras dans lesquels Jon ne demandait qu'à tomber, lui aussi. Après avoir remis Ghost dans sa niche, le brun regagna le hall d'entrée de sa maison. A en juger l'absence de Theon dans le salon – habituellement, ce-dernier n'hésitait pas à passer la nuit entière dans cette pièce à combattre zombies et créatures surnaturelles sur sa console – le jeune homme déduisit que Catelyn était rentrée. Passant la tête par l'encadrement de la porte de la cuisine, il entrevit justement sa belle-mère de dos, un bol de tisane dans les mains, encore en tailleurs. Avant qu'il n'ait eu le temps de s'éclipser sans demander son reste, cette-dernière se retourna brusquement vers lui, ayant senti une présence derrière elle. Et Jon observa comme sa figure se revêtit d'un voile de froideur quelque peu atténué par la fatigue.
« Bonsoir. » le salua-t-elle de cette voix distante qu'elle utilisait chaque fois qu'elle s'adressait à lui.
« Bonsoir. » répondit Jon.
Il y eut un moment de battement puis :
« Tu étais sorti ? » demanda Catelyn plus pour alimenter la conversation qu'autre chose – chacun ici savait que l'adolescent faisait des virées nocturnes quasiment tous les jours.
Il hocha néanmoins la tête et elle en fit de même, portant sa tasse à ses lèvres pour boire une longue gorgée de son breuvage. Jon comprit alors que leur échange s'arrêtait là. Après avoir pris congé de la mère de famille en la saluant d'un bref mouvement de tête, il monta quatre à quatre les marches et rejoignit sa chambre pour se jeter sans concession sur son lit. Il resta dans un état léthargique pendant une période indéterminée, ses yeux vitreux fixant la lune régnant au loin sur le ciel de Red Lake. Puis, progressivement, ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes. Son radio-réveil indiquait trois heures du matin lorsqu'il s'endormit complètement.
Theon sortit de sa chambre en caleçon et s'étira avec la grâce d'un ours émergeant d'une longue hibernation. Sa cousine, Sansa Stark, passa devant lui alors qu'il entamait un long et sonore baillement et lui lança un regard désapprobateur auquel il répondit par un sourire insolent.
« Joli short ! » lui lança-t-il en lorgnant le boxer rose moulant qui servait de pyjama à l'adolescente de quinze ans.
« Ne me dis pas que tu matais les fesses de ta propre cousine... » intervînt la voix de Robb derrière lui.
L'aîné des Stark apparut à côté de lui, ses mains occupées à boutonner sa chemise, ses cheveux bruns encore humide de la douche qu'il venait de prendre.
« Eh bien techniquement, nous ne sommes pas vraiment cousins étant donné que nous n'avons pas le même sang. » spécifia Theon, son rictus ne se départissant pas de ses lèvres.
« Oh, Greyjoy... N'as-tu donc aucune limite ? » soupira Robb en secouant la tête.
« Je ne faisais que la complimenter sur son short, Robbie, où est le souci ? » feignit l'innocence Theon.
« Quel souci ? » demanda une petite voix ensommeillée à côté d'eux.
Toujours un peu dans les vappes, Arya Stark longeait le couloir en titubant de sommeil, sa chevelure coupée à la garçonne totalement hirsute. Ce qui ne s'arrangea pas lorsque Robb ébouriffa affectueusement ses cheveux.
« Ca va, championne ? Bien dormi ? »
« Mmmh... » grogna Arya en se dirigeant vers les escaliers.
« Jolie chemise ! » lui dit alors Theon, s'attirant le regard sidéré de Robb. « Je blaguais, bon sang..! » roula-t-il des yeux avant d'éclater de rire.
Son voisin soupira une seconde fois, dépité, puis tourna des talons. Il regagna sa chambre en terminant de boutonner sa chemise et ferma la porte derrière lui à l'instant même où Jon ouvrait la sienne. Totalement habillé, son sac à bandoulière sur l'épaule, le jeune Snow était prêt à attaquer sa dernière année de lycée. Il avança dans le couloir tout en réajustant sa lanière et passa devant Theon qui ne le salua pas, préférant comme à son habitude lui lancer un regard hostile. Indifférence totale de la part de Jon. Il n'attendait plus rien de cet attardé débordant d'hormones, de toutes les façons. C'est pourquoi il contourna son cousin sans ménagement et continua sa route. Il descendit les escaliers jusqu'au premier étage et se dirigea vers la chambre de Bran, prenant la peine de toquer avant d'entrer. Ne recevant aucune réponse, Jon en déduisit que le préadolescent devait encore dormir et actionna la poignée pour entrer.
« Eh...bonhomme... » le réveilla-t-il en secouant doucement son épaule. « C'est l'heure de se réveiller. »
Il dut s'y reprendre à deux fois pour que le jeune Brandon Stark ouvre les yeux puis s'assit en bordure de son lit.
« Bien dormi ? »
L'enfant hocha la tête.
« Aucun cauchemar ? » insista son grand frère.
« Aucun. » lui assura Bran d'une voix encore enrouée.
Jon eut un début de sourire.
« Bien. »
Il se leva alors pour cueillir le jeune handicapé du lit et le mettre sur sa chaise roulante. L'accompagnant dans la salle de bain, Jon l'aida à se débarbouiller ainsi qu'à se laver puis lui fit enfiler des vêtements propres pour descendre dans la salle à manger où ses deux soeurs étaient déjà attablées.
« 'lut Bran ! » lui lança Arya tout en essuyant grossièrement le chocolat qu'elle avait autour de la bouche à l'aide de sa manche de pyjama.
Son petit frère lui répondit par un simple sourire tandis que Jon rangeait son siège devant la table. Sansa les salua quant à elle d'un approximatif et négligeant mouvement de tête, ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles.
« C'est nouveau ce jean ? » questionna Arya en désignant ce que l'aîné de la pièce portait.
« Ouais. Pourquoi ? » demanda-t-il tout en continuant à préparer le petit-déjeuner de Bran.
« Pour rien. Il te va bien. »
Jon s'arrêta un instant de beurrer la tartine qu'il tenait pour se tourner lentement de côté.
« Ok. Qu'est-ce que tu veux ? » devina-t-il.
Arya laissa échapper un sourire, démasquée, puis joignit ses mains en signe de supplication.
« Jon, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît. J'ai besoin d'argent pour un achat urgent. Une question de vie ou de mort. »
« Drogue ? » s'assura-t-il, faisant rire Bran au passage.
« Mieux. Une épée. »
« Bien évidemment... » roula des yeux le brun.
Quelques fois, son demi-frère se disait qu'il ne manquait plus qu'à remplacer le deuxième chromosome X d'Arya par un chromosome Y pour qu'elle soit officiellement un garçon. La jeune fille était en effet plus proche du sexe opposé que de son côté féminin. Cela se voyait dans sa gestuelle, dans sa manière de parler, de se comporter, de s'habiller en passant par sa grande passion ; le combat à l'épée. Sans parler de sa coupe de cheveux qui prêtait à confusion. Catelyn avait essayé de féminiser le loisir principal de sa fille en l'inscrivant dans un club d'escrime mais c'était la seule victoire qu'elle avait pu avoir car Arya continuait parallèlement à entretenir une collection impressionnante d'épées et de couteaux en tous genres, certains pouvant trancher un tronc d'arbre d'un seul coup net.
« Tu la verrais » commença Arya, des étoiles pleins les yeux « tu tomberais amoureux. Le manche offre une prise parfaite et est décoré de petites fantaisies médiévales. La lame fait environ soixante centimètres, elle est souple, assez fine et il y a les initiales du premier propriétaire gravées dessus ! »
Elle fixa son grand frère avec excitation, comme si elle s'attendait à ce qu'il saute de joie. Au lieu de ça, Jon leva nonchalemment un sourcil, ne se contentant que d'un :
« ...et ? »
« Bon sang mais tu comprends pas ? Ca veut dire que c'est une pièce de collection ! Un bijou ! Une relique ! Cette épée doit avoir traversé les siècles pour parvenir jusqu'à nous ! Elle a toute une histoire ! D'ailleurs c'est un miracle que la lame soit encore aussi tranchante après tout ce t...oh, c'est aujourd'hui le jour de ta rentrée ? C'est dingue, moi aussi ! » changea-t-elle brusquement de sujet d'une voix un peu trop douce pour être crédible.
Jon roula des yeux, devinant sans avoir besoin de vérifier que ce changement de conversation était dû à l'entrée de Catelyn dans la pièce. L'avocate ne supportait plus d'entendre sa fille déblatérer nuit et jour à propos de telles futilités réservées de surcroît aux garçons.
« Bonjour Maman. » l'accueillit-elle mielleusement.
Catelyn lui lança un regard suspicieux mais lui embrassa tout de même le front.
« Bonjour ma chérie. » lui répondit-elle avant de se tourner vers son voisin. « Bien dormi, Bran ? » s'enquit-elle d'un ton soucieux.
« Parfaitement bien, maman. Merci. » la rassura-t-il tandis qu'elle lui embrassait la joue.
Catelyn se redressa et adressa un rapide coup d'oeil à Jon.
« Bonjour. » le salua-t-elle, lui tournant le dos pour aller se faire un café.
« Bonjour. » répondit poliment son beau-fils.
Pendant cinq minutes, personne ne pipa mot, le bruit de la cafetière ainsi que la musique s'échappant des écouteurs de Sansa se faisant concurrence. Jon termina son propre café puis se leva de table.
« J'y vais. » annonça-t-il.
Catelyn haussa des sourcils en guise de réponse, sa tasse vissée à ses lèvres.
« Bonne journée ! » lui souhaita Bran.
« Et par rapport à notre, hum, truc..? » lui rappella Arya avant qu'il ne s'éclipse.
« J'y penserai. » lui promit-il avant de percher son sac sur son épaule pour sortir de la cuisine.
Il ne vit pas les yeux de Sansa détailler son habillement de la tête aux pieds alors qu'il sortait. C'était comme un tic vestimentaire chez la jeune rousse ; chaque fois que quelqu'un passait devant elle, ses yeux scannaient automatiquement l'ensemble des affaires qu'il portait.
Tic vestimentaire que partageait également Viserys chaque fois que sa jeune soeur descendait de sa chambre pour prendre son petit-déjeuner. Rares étaient les fois où il n'avait rien à redire. Le jour de sa rentrée en Terminale ne fut bien évidemment pas une exception.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » demanda-t-il en désignant la jupe en dentelle que portait Daenerys avec des sandales.
« Une jupe. »
« Me prends pas pour un con. » siffla-t-il. « T'as vu où ce truc s'arrête ? On voit presque toutes tes cuisses ! »
La jeune blonde baissa les yeux sur son habit. Le tissu s'arrêtait à deux petits centimètres de ses rotules. Comme d'habitude, son frère exagérait.
« Ce n'est pas si court que ç... »
« Tu me prends pour un aveugle maintenant, c'est ça ? Comment ça 'ce n'est pas si court que ça' ? ! »
Daenerys garda la bouche fermée cette fois-ci. Il commençait à s'énerver. Et ce n'était jamais bon lorsque Vyseris s'énervait.
« Maintenant tu files en haut te changer, et en vitesse. » lui ordonna-t-il en désignant l'escalier qu'elle venait d'emprunter. « Il est absolument hors de question que tu sois attifée comme une prostituée pour ton premier jour de cours. »
Docile, sa petite soeur regagna sa chambre. Après avoir fermé la porte, elle s'allongea sur son lit et enfonça la seconde suivante sa tête dans son oreiller pour hurler tout son soûl, ses cris étouffés dans le carré en plumes d'oies. Lorsqu'elle se fut calmée, la blonde troqua sa jupe contre un jean, laissant son haut et ses chaussures intacts.
« Beaucoup mieux. » hocha la tête Viserys, son verre de vin du matin devant lui.
Daenerys se contenta de prendre son petit-déjeuner en silence à ses côtés puis lava ses couverts.
« A ce soir. » lui dit-elle, une fois prête à partir.
« Arrête de bouder, va. Je fais ça pour toi, tu sais ? » lui dit-il tandis qu'elle se dirigeait vers la porte de la cuisine.
« Je sais. » mentit Daenerys, plus pour avoir la paix qu'autre chose.
Et la paix, elle la trouva aussitôt qu'elle posa les pieds hors de l'appartement. Ce beau soleil de fin d'été l'accueillant réactiva sa bonne humeur et elle marcha en direction de la station de bus d'un pas enthousiaste. Assises sur le banc, Doreah, Irri et Jhiqui l'attendaient déjà, Doreah se remettant une couche de mascara à l'aide de la vitre du petit abri. Fidèle à elle-même, se dit Daenerys et elle ne sut pourquoi cela lui décrocha un sourire.
« Hey ! Danny ! » l'interpella Jhiqui en la voyant arriver.
Daenerys parcourut les quelques mètres qui la séparait de la station et salua ses amies en leur faisant la bise.
« Je t'ai appellé je ne sais combien de fois pour qu'on se voit pendant ces vacances ! Tu as perdu ton portable ou quoi ? » lui demanda Doreah tout en lui faisant une place sur le banc.
« Je crois que ça ne captait pas très bien là où j'étais. » mentit Daenerys avant d'embrayer rapidement sur un autre sujet. « Alors ? Vous êtes allées où ? »
Il n'en fallut pas plus pour que la brune se lance dans un récit animé de ses vacances rythmées par de nombreuses amourettes de plage, l'arrivée du bus ne ralentissant pas le débit de son flot de paroles.
Et c'en était reparti pour la routine qui avait rythmé ces deux dernières années de lycée. Doreah, Irri, Jhiqui et elle ; le quatuor. Certains auraient rêvé de changements, de bouleversements d'habitudes depuis le temps. Pas Daenerys. Elle s'accrochait maladivement à ce train de vie comme s'il était un gage de sa normalité. La jeune fille tentait de parer désespérément ce sentiment de vide qui creusait sa poitrine et la rongeait lorsqu'elle était seule ou en compagnie de son frère. Ce sentiment était oppressant, incurable et douloureux. La solitude.
Alors elle écoutait les histoires rocambolesques et très souvent crues de Doreah. Elle essayait de conseiller la timide Irri dans ses relations de couples assez conflictuelles. Elle coiffait les longs cheveux noir jais de Jhiqui des mêmes tresses qu'elle effectuait sur sa propre chevelure le matin. Et elles traînaient ensemble aux récréations. Et elles mangeaient ensemble à midi. Et elles prenaient le même bus le soir.
Jusqu'ici, tout allait plutôt bien.
« Non mais regardez-moi cette barraque... » soupira Doreah tandis que le bus passait devant une demeure aux allures de château. « C'est à se demander s'ils ne se perdent pas dedans ! »
« C'est pas la maison des Stark, ça ? » demanda Jhiqui.
« Waouh, bravo ! 17 ans à Red Lake et ce n'est que maintenant que tu apprends cette information capitale ? » ricana Doreah.
Jhiqui roula des yeux et se renfonça dans son siège.
« C'est la maison du Bâtard. » spécifia alors Irri.
Daenerys se retînt de demander pourquoi est-ce que tout le monde s'entêtait à appeler cet homme « Le Bâtard ». Certes, il était né d'une infidélité mais elle doutait qu'il soit le seul dans ce cas, dans la ville. Mais chaque personne prenait un plaisir pervers à l'appeller par ce surnom, comme se rejouissant de son malheur. Daenerys soupçonnait une certaine jalousie derrière tout ça. En effet, il était certes issu d'une union extra-conjugale mais il n'en restait pas moins résidant de cette immense propriété aux allures de palace qui surplombait la ville. Peut-être était-ce pour cette raison que les gens s'acharnaient parfois sauvagemment sur lui, comme pour lui faire payer le fait qu'il soit aussi chanceux malgré ses origines indignes. « Bâtard ». Avec toute cette propagande malsaine, Daenerys ne connaissait même pas son vrai prénom.
« En parlant du loup... » dit Doreah en regardant quelque chose par la vitre du fond.
Les trois autres filles se penchèrent en arrière et observèrent la silhouette de l'adolescent qui marchait sur le trottoir, son éternelle capuche sur la tête.
Tandis que le bus passait à côté de lui, Jon repêcha son baladeur dans sa poche de jean pour changer de chanson, restant toujours dans le registre du métal. Certain n'y voyait que du bruit sur fond de guitares mal accordées et hurlements guturaux. Pour Snow, le métal était sa catharsis. Lorsqu'il était énervé au point de ressentir une dangereuse montée de violence en lui, ce rock poussé à l'extrême le calmait, paradoxalement. Un peu comme si écouter un tel concentré d'agressivité musicale le purgeait de sa propre agressivité. Mais quelques fois, cela ne suffisait pas. Pire : cela l'encourageait dans sa spirale de fureur. Et c'était là qu'intervenait la boxe. Jon déchargeait dans ce sport toute la haine qu'il lui restait jusqu'à épuiser son dernier gramme d'énergie. Car il contenait beaucoup de haine en lui. On le lui avait souvent dit, chose à laquelle il avait toujours répondu : et à qui la faute ?
Avait-il demandé à venir dans ce monde pour qu'on se fiche de lui en permanence ? Avait-il voulu que son père trompe Catelyn avec Dieu sait quelle inconnue d'on-ne-sait-où ? Avait-il planifié de mettre en péril l'équilibre des Stark en s'imposant dans leur vie du jour au lendemain ? Avait-il désiré qu'on le persécute, qu'on le mette à l'écart dès son plus jeune âge, qu'on le montre du doigt ? Avait-il souhaité devenir cet homme aussi renfermé et sur la défensive qu'il était maintenant ? Non. Il n'avait rien demandé. Mais malgré ça, tout lui retombait sur le coin de la gueule. Alors à qui la faute ?
Plus il avançait vers son lycée, plus Jon ressentait ce frisson mélangeant effroi et dégoût parcourir son échine. Ces deux sentiments représentaient à merveille ce qu'il ressentait pour les quelques trois-cent cinquantes élèves de l'établissement. Les voir empoisonnait sa vue, respirer le même air qu'eux lui donnait envie de suffoquer et le simple fait de les savoir encore en vie en dépit de toute la méchanceté qu'ils portaient en eux était pour Jon une véritable énigme de la science. Peut-être était-ce pour l'élucider qu'il avait choisi la section scientifique en classe de Première. En attendant, le brun agissait comme si toute cette population détestable n'existait pas et occultait leur présence tout autour de lui. Il était seul dans son monde et l'une des seules personnes ayant le pass privilégié pour entrer dans son univers était Sam. Ce-dernier l'attendait d'ailleurs sur un banc du fond de la cour, plongé dans ce qui semblait être un magasine répertoriant les dernières trouvailles informatiques. Jon s'approcha furtivement de lui par derrière puis dit d'une voix forte près de son oreille :
« Ben alors Tarly ? On lit des magasines cochons ? »
Samwell Tarly sursauta sur son siège puis roula des yeux en découvrant son meilleur ami.
« Super cochon, en effet. » dit-il en désignant le modèle de PC tactile qui était présenté sur la double page du livret. « Mais remarque, avec toutes les options que présentent ce gadget, je serais limite capable de faire des rêves impurs le soir. Tu te rends compte que cette bête est non seulement équipée d'un système de sauvegarde XFHP 76 S mais elle possède également un circuit interne amovible qui... »
« En français, qu'est-ce que ça donne ? » l'interrompit Jon qui avait mal à la tête chaque fois que Sam se lançait dans un langage informatique compliqué.
« En gros » essaya de schématiser Samwell. « C'est comme si tu te levais un matin et que ton petit-déjeuner était servi au lit – avec des croissants, des donuts, des gauffres au sucre, du bacon, des crêpes au chocolat et à la chantilly, des tartines de confiture, des marshmallows grillés...bon sang, je commence à avoir encore faim...bref – par un canon de beauté qui t'apprenais que vous êtes mariés depuis un mois et qu'au passage, elle est milliardaire mais qu'elle te cédait toute sa fortune et oh ! Une autre jolie fille habillée en pompom girl entre dans la pièce pour t'apprendre qu'en fait, tu es polygame. »
Jon haussa des sourcils.
« A ce point ? »
« Oh que oui ! » acquiesça Sam avant de désigner l'ordinateur portable. « Ce PC, Snow, vaut tous les magasines cochons de Westeros. Il surpasse toutes choses sur cette Terre. »
« Même les muffins framboise-cannelle ? » le tenta Jon, sachant qu'il s'agissait là de son talon d'Achille.
Sam resta un instant indécis, comme dans une intense lutte intérieure. Il sembla être plusieurs fois sur le point de répondre mais retombait à chaque fois dans ses réfléxions. Puis il finit par admettre :
« Non. Tout de même pas. »
Au même instant, les haut-parleurs du lycée se mirent à grésiller pour laisser entendre la voix du Proviseur.
« Chers élèves, bonjour. Je suis honoré de vous rencontrer, pour les nouveaux ainsi que les élèves de Seconde, ou de vous retrouver pour effectuer cette année tous ensemble. J'espère que les vacances ont pu vous reposer et vous mettre d'aplomb pour entamer un nouveau cycle scolaire qui, je l'espère... »
« Et blablabla... » roula des yeux Jhiqui. « C'est hallucinant tout ce speech qu'il fait à chaque fois pour nous dire au final de tout simplement consulter les listes des classes dans le hall. »
« Que veux-tu ? Chacun profite de son quart d'heure de gloire à sa manière. » soupira Doreah.
« ...la discipline et l'ordre. J'ose croire que vous serez tous respectueux vis-à-vis de ces points là. Vous remarquerez également que certains locaux ont été rénové. Pour ne citer que quelques uns : le laboratoire de science, la salle de projection... »
« Tu fais quoi après les cours, au fait ? » demanda Sam à son voisin.
« Boxe. » répondit Jon. « Puis peut-être que je vais voir Ygritte. »
« Où ça ? »
« J'en sais rien. Là où elle apparaîtra. »
Et le verbe 'apparaître' était le seul approprié pour qualifier Ygritte. Un jour, Jon se promenait autour du Lac et surprise ! elle était derrière lui. Puis un autre jour, il était avec Samwell dans un magasin de BD de collection et devinez qui passe le pas de la porte ? Ygritte était comme ça : elle débarquait, comme sortie de nulle part, puis se volatilisait Dieu-sait-où. Depuis que cet électron libre avait débarqué à l'improviste dans leurs vies, Jon et Sam n'avait jamais su exactement où elle vivait. Ils n'avaient jamais su son âge ni son nom également. Ils ne savaient même pas si elle était scolarisée. Les seules choses qu'ils savaient à son propos étaient qu'elle était aussi rousse qu'ils étaient tous les deux bruns, qu'elle avait un petit problème avec les règles en général et que sa langue natale était le sarcasme.
« ...à présent, je vous invite à vous rendre dans le hall du lycée afin de prendre connaissance de votre future classe et de vous y diriger. Je vous remercie de votre attention. »
Les baffes grésillèrent puis le son fut coupé. Un mouvement se forma aussitôt en direction des listes affichées, certaines personnes poussant presque les élèves devant eux pour y accéder au plus vite. Quelqu'un bouscula l'épaule de Jon et marcha sur son pied. Le brun resta calme mais fut tenté de faire parler ses poings lorsque l'impoli lui lança :
« Ben alors, le Bâtard, t'es encore là ? T'es pas allé chercher ta mère, depuis le temps ? »
Jon regarda droit devant lui, continuant à marcher au gré de la foule, seule une veine palpitant nerveusement sur sa tempe trahissant son état intérieur.
« Paraît qu'elle travaille dans un bordel de King's Landing. Vu le nombre de personnes qui lui passent dessus à la minute, tu dois avoir des milliers de frères et soeurs dans tout Westeros ! »
A l'instant où son bras se leva pour le frapper, Sam l'attrapa, stoppant de justesse son geste. Jon ferma les yeux et inspira profondément, se maudissant d'avoir cédé aussi facilement.
« T'occupe pas. » lui assura Sam avant de lui montrer un petit passage dans le groupe de personnes. « Viens, on avance. »
Jon obtempéra d'un pas robotique, tentant de faire abstraction de ces élèves qui s'écartaient sur son passage en grimaçant, l'interpellant de ce si doux surnom qui lui donnait envie de régler leur compte dans un bain de sang. Il réussit néanmoins à atteindre les listes et remarqua avec amertume que Sam et lui ne finirait pas le lycée dans la même classe. L'année allait être très longue. Il se retourna pour annoncer la nouvelle à son meilleur ami, laissant la place à la nouvelle vague d'élèves qui venait chercher leurs noms. Daenerys se hissa sur la pointe de ses sandales et plissa des yeux pour regarder les noms de familles de fin d'alphabet. ...Sigmund, Snow, Solnel, Steward, Sunnenberg, Tallendell, Targaryen. Terminale S2.
« Dis-moi que tu es avec nous toutes en S3 ! » lui demanda Irri à peine se fut-elle retournée.
A en juger la figure navrée qu'afficha Daenerys, les filles eurent leur réponse. Au terme d'adieux déchirants, le groupe se sépara, la blonde se dirigeant du côté opposé à celui de ses amies. Elle fit la queue devant la porte fermée de sa classe, détaillant les élèves qui allaient partager son année, et ses yeux s'attardèrent sur la silhouette encapuchée restée en retrait du groupe.
« Excusez-moi du retard ! » fit une voix masculine forte depuis l'autre côté du corridor. « Il fallait que je fasse quelques photocopies. Ca va ? Vous avez passé de bonnes vacances ? »
Jorah Mormont, le professeur de philosophie qui explosait le baromètre de capital sympathie auprès des élèves, se fraya un chemin pour atteindre la porte.
« Ok, alors, avant toutes choses » spécifia-t-il tandis que les adolescents se précipitaient sur les tables pour avoir les meilleures places. « Je vais vous demander de vous mettre par ordre alphabétique – oui, je sais, c'est un peu rasoir de demander ça en Terminale – pendant les trois premières semaines de cours de façon à ce que je puisse mémoriser vos noms, prénoms et visages. Puis ensuite, vous serez libres de vous mettre avec qui vous voulez. »
Dans un soupir collectif, les élèves se relevèrent pour prendre les places que leur dictait Mr Mormont. Comme chaque année, le nom de Targaryen clôturait la liste, ce qui plaçait Daenerys en fond de classe, juste à côté de la fenêtre. Elle posa son sac sur le coin de la table et commença à sortir ses affaires lorsque la voix du professeur l'interpella :
« S'il vous plaît, au fond à droite, les couvre-chefs sont interdits une fois entré dans la salle de classe. Je vais vous demander de baisser votre capuche. »
Daenerys resta un instant immobile, ne comprenant pas un tel ordre sachant qu'elle n'avait aucune capuche. Elle comprit bien vite que Mr Mormont s'adressait non pas à elle mais à son voisin. Comme pour lui confirmer cela, un des garçons du rang devant elle se retourna et siffla :
« Baisse ta capuche ! T'entends quand on te parle, le Bâtard ? »
Jon lui lança un regard glacial mais finit par découvrir sa tête, obéissant au professeur. Il sentait les yeux de la personne assise à côté de lui le dévisager avec insistance. Comme si être au centre de cette attention malsaine lui avait cruellement manqué. Le regard fixé sur le tableau, il tenta de rester impassible, regardant sans vraiment le regarder Mr Mormont faire ses présentation sur l'estrade. Et soudain, il entendit une voix, une voix féminine, lui dire :
« Salut. »
C'était tout simple. C'était même si simple, si dénué de méchanceté que Jon crut un instant que cela ne lui était pas destiné. Sa curiosité piquée, il finit tout de même par tourner la tête en direction de la voix et rencontra deux grands yeux verts posés sur lui. On n'y sentait aucune moquerie ni dégoût. Juste de l'intérêt, comme si Jon était une bête curieuse à examiner. Et c'était bien la première fois qu'on le regardait de cette manière.
« Salut. » répondit-il alors.
Voilà... J'espère que ce début en vaut le coup. Dites-moi ce que vous en avez pensé ! & merci d'avoir lu :)
xoxo,
IACB.
