Sirius courait à travers la ruelle comme si le diable était à ses trousses. Il était vêtu d'une chemise d'aspect douteux et d'un pantalon miteux en accord avec la chemise. Ses sandales étaient éreintées à tel point qu'elles ne devaient plus servir à grand chose désormais. Il regarda derrière lui avec un regard de bête traquée. Rien pourtant ne semblait perturber la tranquillité de la douce nuit qui s'annonçait. Il continua sa course effrénée dans une autre ruelle moins exiguë que la précédente. Il finit par s'arrêter sous le porche d'un petit pavillon et frappa à la porte. Aucun bruit ne lui parvînt de l'intérieur. Il tourna la poignée de la porte et découvrit que celle-ci n'était pas verrouillée. Il entra à petits pas dans le logis et s'assit sur une chaise placée au milieu d'une salle de séjour. Il était exténué par sa folle course. Il resta pourtant sur le qui-vive : il eut en effet la nette impression de n'être pas seul dans la pièce. Cependant, avant d'avoir pu confirmer ses soupçons, Sirius reçu un coup de massue sur la tête et s'évanouit.
Le lendemain il émergea dans une pièce assez sombre et lourde d'humidité. Une étroite ouverture cloisonnée par des grilles permettait à la lumière du jour de s'infiltrer difficilement. Que fais-je dans un cachot ? se demanda alors Sirius. Un aspect déroutant de sa prison mit en doute l'affirmation que Sirius venait d'imposer dans sa question. En effet étudiant les cloisons de plus près, il eut la surprise de découvrir que ceux-ci se composaient de chocolat noir. Les barreaux étaient quant à eux faits de canne à sucre. Pouvait-on dans ce cas appeler ce lieu un cachot ?
Au moins je ne mourrai pas de faim, pensa Sirius. Une deuxième surprise se présenta alors à lui : il n'était pas seul dans sa prison-bonbon. Un autre homme allongé paresseusement sur une paillasse de barbe à papa le regardait avec un sourire sur le coin des lèvres. Il avait une sorte de foulard rouge sur la tête, des perles dans ses cheveux longs et des bagues à tous les doigts.
-Euh…Bonjour, dit Sirius interloqué.
-Ah l'ami, je me suis demandé si vous alliez vous réveiller un jour ! s'exclama joyeusement son compagnon de « cellule ».
Sirius regarda l'homme avec méfiance. Pouvait-il faire confiance à ce joyeux excentrique ou fallait-il se méfier de cette sympathie apparente ? Il décida de ne pas se poser de question pour le moment.
-Où sommes-nous ? questionna Sirius.
-Pardieu, mais dans l'antre de Barbossa ! s'écria avec bonhomie l'autre homme. Au fait je suis le capitaine Jack Sparrow pour vous servir, continua-t-il en esquissant une révérence grotesque.
-L'antre de Barbossa ?répéta bêtement Sirius perdu.
-C'est un pirate cruel et stupide qui a réquisitionné mon bâtiment sans ma permission. Il voulait devenir puissant alors il a quémandé l'aide des dieux de la mer et maintenant il peut enfermer qui il veut dans ce monde enfantin . C'est toujours un peu déroutant de se retrouver enfermé dans une cellule en chocolat mais on s'y fait vite vous verrez.
Sirius regarda son compagnon avec des yeux ronds. Il devait sans doute avoir avalé une potion magique qui le faisait délirer. La question était de savoir pendant combien de temps il resterait dans cet état.
- N'empêche ce pourri aurait quand même pu me laisser une bouteille de rhum en lot de consolation, grommela Jack.
-Vous savez depuis combien de temps je suis ici ?
-Deux semaines, paraît que vous êtes entré dans la maison secondaire de Barbossa. Ça a pas du lui plaire, rigola Jack.
-Et vous vous êtes là pourquoi ?
-Bah vieux conflit d'intérêt, en fait ce croûton supportait pas le fait que je sois en possession d'un navire aussi spectaculaire que le Pearl. C'est un éternel jaloux.
Sirius contempla Jack avec perplexité. Il lui donnait l'impression d'être un grand enfant oublié dans son enfance. Ce monde de bisounours avait dû contribuer à cet état d'esprit. Il ne parvenait toujours pas à comprendre comment il avait atterri là. Il eut le souvenir d'une dispute avec le ministère de la magie, une vague vision de course-poursuite avec un détraqueur lui revînt en mémoire, et puis ensuite…plus rien…le vide complet…Et maintenant il se retrouvait dans ce lieu incroyable avec cet homme tout aussi incroyable.
La tête lui tournait et il décida de s'étendre sur une des paillasses roses qui se trouvaient sur le sol. Il contempla le plafond de son cachot et se rendit compte que celui-ci était composé de nougatine ornée de dessins effectués avec un glaçage aux fruits rouges.
Il s'assoupit un moment. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il tomba nez à nez avec une tête de mort. Il poussa un hurlement de terreur à faire pâlir un cerbère. Il vit la mâchoire appartenant à cette tête s'ouvrir puis se fermer et des sonorités parvinrent à son oreille.
-Holà, calmos amigo !
Voilà ce que perçurent les oreilles de Sirius. Celui-ci se rendit compte qu'un squelette complet venait compléter la tête de mort.
-Mon dieu Jack mais que t'es-t-il arrivé ?
