C'était leur premier Noël ensemble et ils le passaient dans l'ancien Manoir Malfoy, n'ayant pour unique compagnie que la leur.

La mère de Draco avait déménagé quelques années auparavant, se dégottant un merveilleux petit cottage sur les côtes françaises. Elle y vivait avec le dernier de leurs Elfes de Maison ainsi qu'un défilé d'amants, ne souhaitant vivre que des histoires sans lendemain. Son père était décédé quelques temps après la victoire de Potter, le stress enduré par son corps après des années de torture sous le règne de Voldemort ayant été fatal.

Il n'avait jamais vraiment réfléchi à revenir au Manoir. Toutes les affaires importantes n'avaient jamais vraiment résidé là, et les fantômes du Manoir ne cessaient de lui rappeler un passé douloureux.

Ils étaient supposés aller chez ses parents à elle pour les vacances, mais son état ainsi que le temps les avaient dissuadés de le faire.

Ils auraient pu aller plus loin, mais il ne voulait pas risquer d'aggraver son état de santé dans le seul but d'échapper à ses fantômes. La propriété donnait sur la forêt, les séparant de Loutry Ste Chaspoule, ce qui signifiait qu'ils n'étaient qu'à quelques kilomètres de sa demeure familiale. Si sa famille trouvait le chemin jusqu'au Manoir, il ouvrirait les portes ternes et les laisserait entrer dans le hall poussiéreux. Il ne les blâmerait pas s'ils essayaient de se frayer un chemin à l'intérieur.

C'était le Réveillon de Noël et la maison était dénuée de tout bruit, excepté les rares chants de Noël qu'elle se fredonnait à elle-même. C'était également vide de toute nourriture, si tant soit peu que l'on puisse appeler nourriture les boîtes de conserves qu'elle avait acheté au magasin du coin ou la boîte de céréales à la cerise qu'il adorait.

La maison était calme, et l'on n'entendait que les bruits de sa bouche mâchant un chewing-gum. Mais cela n'était pas si mal après tout.

« Est-ce que tu penses que nous déménagerons ici un jour ? » demanda-t-elle après avoir terminé un énième bonbon, « ou préfères-tu que nous puissions construire une maison libre de tout souvenir ? ». Il voulut répondre, sentit la réponse au bout de sa langue mais elle ne voulut pas sortir. Elle ne pouvait pas. Il ne connaissait pas vraiment la réponse.

Le Manoir était rempli des fantômes de son passé, de mauvais sorts persistants et de vestiges macabres.

Cependant, il se rappelait également avoir été un petit garçon de 5 ans, regardant son père placer de fragiles ornements sur le sapin de Noël, le soir du Réveillon, ses mouvements précis éclatant de différentes couleurs. Il se rappelait danser au milieu du salon avec sa mère quand son père était à l'extérieur pour le travail. Il se rappelait se tenir au côté de ses parents, le jour où le nouveau venu entrait dans le monde.

Plus il vieillissait, plus les ténèbres du Manoir l'effrayaient. Mais il se rappelait avoir été un enfant, avec le hall du Manoir rempli de lumière, en pensant que tout irait bien et que ses parents seraient toujours là pour lui.

« Je ne sais pas », finit-il par répondre, chaque mot soigneusement prononcé pour ne pas trahir l'émotion le prenant à la gorge, « mais quoi que nous choisissions, nous l'aimerons ».

« Je sais », dit doucement Ginny, posant sa main sur son ventre très arrondi.

Draco échangea un léger sourire avec sa petite amie, quittant ses yeux uniquement pour regarder l'évidente arrivée de leur futur enfant.

« As-tu toujours des décorations ici ? Nous devrions décorer ! »

Il se tourna pour plonger son regard dans le sien, la détermination marquant son visage.

« Oui, oui, nous devrions ».

Ce n'était pas un choix, pas une décision sur le lieu où ils allaient vivre. C'en était même la confirmation, pensa-t-il.

Il l'aimait et elle l'aimait, et leur futur enfant ne douterait jamais de l'amour qu'ils lui porteront. Peu importe ce qu'ils traverseront.

« Joyeux Noël, Draco », dit-elle lorsqu'il apporta la première boîte de décorations, « je t'aime ».

« Joyeux Noël, mon amour », répondit-il, et il l'embrassa doucement.