Octobre, 1997.
J'ai mal. J'ai perdu mon humanité. J'ai perdu ma place dans la société. En échange, le destin m'a encombré de l'existence de quatre créatures. J'ai tout fait pour les semer, mais une m'a suivie, peu importe mes détours jusqu'ici. Les trois autres ont suivi la première…
Je présume que je devrais m'en sentir responsable. Je les ai achetés, comme compagnie pas trop exigeante. Je les ai entrainés malgré elles dans ce combat. Puis je les ai échappés dans ce liquide qui m'a éclaboussé et dérobé la seule chose qui me restait. Mon corps.
En ce moment, elle me regarde, d'un regard fixe. Elles ont sûrement faim mais elles ne peuvent pas parler. Elles sont prises au piège ici, avec moi dans cet environnement hostile que sont les égouts new-yorkais. Je ne savais où cacher ma monstruosité et d'ailleurs connaissant peu cette ville où j'étais encore un étranger. Je suis encore trop choqué pour m'occuper de ces créatures. Si je fais comme si elles n'existaient pas, peut-être qu'elles s'en iront. Il me suffit d'éloigner celle aux yeux bleus. Celle aux yeux de phosphores suit toujours celle-là comme son ombre. Les deux autres, d'apparence plus chétives semblent craintives et hésitent peu à suivre les deux dominantes. Si celle aux yeux bleus tourne sa carapace, je serai débarrassé également des autres. Mais je ne veux pas qu'elles meurent. Je vais leur indiquer de l'eau potable dans le réservoir de l'aqueduc. Pour la nourriture, elles se débrouilleront. Ce sont des animaux, des reptiles, même sous cette apparence difforme. Elles doivent avoir un instinct de survie. Même sous cette apparence difforme Mais qui suis-je pour juger de l'apparence. Moi, un rat géant. Pourtant, je ne perçois aucun dégout dans ces paisibles yeux de lac sous un ciel d'été. ..
