Avertissement: Non rien n'est à moi... :)

Une nouvelle histoire... un nouveau fandom après quelques années d'absence... Je ne vous promets pas de la continuer, je ne vous promets pas de la mettre à jour rapidement, je ne vous promets pas de la terminer (je suis très nulle dans ce genre de promesses...).

Ceci est un AU... qui repose sur deux principes:

- J'ai changé l'âge de Lucille en la rajeunissant un peu et je suis partie de l'idée que le sang de Khan engendrait chez elle des mutations. Ce concept que j'ai trouvé excellent m'a été inspiré par une très bonne fic du domaine anglo-saxon dont le nom est Safe and sound (que vous devriez aller lire et reviewer dès maintenant d'ailleurs !). C'est la seule ressemblance entre cette histoire et la mienne avec probablement la scène où Lucille agresse avec une force surhumaine un enfant qui lui fait du mal à la récréation (mais c'est également une inspiration d'xmen où les premières manifestations des mutations se produisent généralement lors d'un contexte émotionnellement chargé... Rappelez-vous ce qui arrive à Magneto). Je reconnais ma dette vis à vis de Mia Vaan qui est une auteur talentueuse de ce que j'ai pu lire d'elle. Mon univers est néanmoins beaucoup plus sinistre et déprimant (ne lisez pas ce chapitre si vous êtes triste !).

-Scotty refuse de tirer sur Khan lors de la confrontation avec l'amiral Marcus... Ce qui entraine d'autres conséquences: par exemple, Kirk n'essaie pas de sauver l'Enterprise au péril de sa vie, n'est pas irradié, et ne reçoit pas de sang de Khan

Et, sinon, oui à un moment le trajet de tout ce petit monde va se croiser ! :)

Bonne lecture

LVEB

Lucille

Un cri qui fait peur te transperce les oreilles. Tu ouvres les yeux. Près de ta tête, il y a Pantoufle, ton lapin en peluche. Le cri continue. Tu fermes les yeux, tu serres Pantoufle contre toi et tu espères très fort qu'il n'y a pas de méchant dans la maison. Tu attends. Tu voudrais bien que Papa et Maman arrivent… Ils ont promis de venir s'il y a un monstre dans l'immeuble ou des brigands sous ton lit. « A moins que cela ne soit l'inverse », a dit Papa en rigolant…

Toi aussi, tu voudrais bien rigoler pour être brave comme Papa mais le cri continue et tu n'es pas sûre d'être très si courageuse. Tout se tait. Quelque chose de chaud et d'humide coule entre tes jambes. Maman ne va pas être contente. Mais c'est juste parce que Pantoufle a peur, n'est-ce pas ? Tu ne vas pas te faire gronder ? Pantoufle hoche la tête comme pour dire non. Pourquoi Papa et Maman ne sont pas là ? Peut-être que c'est juste un cauchemar ? Peut-être que tu vas te réveiller ?

Le silence est encore pire. Tu te pinces très fort. Tu es déjà réveillée et ton cœur bat comme un petit animal en cage. Tu prends ton courage à deux mains. Pantoufle est avec toi. Tu sors de ton lit. L'aisance avec laquelle tu bouges devrait te surprendre. Après tout tu es malade et cela fait six mois que tu n'as pas quitté ton lit. Mais tu as sept ans et tu crois que la magie existe, que les enfants guérissent et que Pantoufle est un vrai lapin.

Un bruit étrange… un long sanglot qui monte et descend comme la marée. Tu sens que Pantoufle se blottit contre toi.

- Courage, Pantoufle ! Papa va venir...

Mais Papa ne vient pas et tu t'approches de la porte entrebâillée. Tu inspires très fort et tu ouvres un peu les bras : Pantoufle veut voir aussi.

A terre, il y a maman. Maman qui pleure. Maman qui pleure ? Est-ce que les grandes personnes peuvent pleurer, elles aussi ? Tu croyais que les grandes personnes étaient les plus fortes et qu'elles gagnaient toujours… ce sont les bébés qui pleurent ! Tout d'un coup tu te sens un peu bébé, toi aussi. « Ma grande fille… », dit toujours Papa quand tu sèches tes larmes

- Ne pleure pas Pantoufle ...

« Ma grande fille… » dit Papa dans ta tête et tu as comme une grosse boule qui fait mal dans la gorge.

Autour de maman, il y a des policiers (tu te demandes bien pourquoi.) et des officiers de Starfleet. Tu sais que ce sont des officiers parce qu'ils ont le même uniforme que Papa. Tu cours voir Maman, Pantoufle entre tes bras. Pantoufle voit le regard incrédule que les étrangers posent sur toi. Mais toi, tu ne vois que maman.

- Maman ?

Elle ne te regarde pas. Tu insistes :

- Maman ? Maman ! Maman ! MAMAN !

Maman te repousses encore et encore sans rien dire avec juste des petits gémissements qui déchirent à chaque fois quelque chose au fond de toi. Tu ne sais pas très bien quoi. La boule dans ta gorge, elle, elle t'empêche presque de respirer.

Pantoufle est par terre et te regarde tristement. Les hommes autour de toi murmurent pour ne pas que tu entendes mais Pantoufle a de grandes oreilles. Il comprend que papa a fait quelque chose de terrible. Il comprend que des tas de gens sont mort à cause de lui. Il comprend que papa est mort mais que c'est toi qui devrait l'être. Mais il ne comprend pas le mot « terroriste ».

Tu es en colère. Parce que d'abord ils se trompent : Papa n'est pas mort ! Parce que papa ne peut pas mourir : Papa est le plus fort comme Superman !

Tu essaies de dire ça à Maman avec toute la conviction dont tu es capable. Papa est un superhéros, et ce sont tous les autres qui se trompent.

- Tu vois maman, comme Superman… Ou comme Wolverine… Tu sais bien ? Le X-men le plus cool des dessins animés!

Tu précises parce que Maman, elle est vraiment nulle en dessin animé. Elle rigole toujours quand Papa et toi vous les regardez ensemble sur le holo-pod. Elle dit à Papa qu'il est un grand enfant. Parfois Papa et toi vous vous moquez d'elle parce qu'elle ne ferait pas la différence entre le professeur Xavier et Magneto. Alors elle soupire très fort, et elle vous fait plein de bisous à tous les deux.

Mais cette fois… Cette fois, elle ne répond pas. Pour la faire réagir, tu te blottis tout contre elle. Et aussi parce que tu as très peur (Mais il ne faut pas le dire. Les superhéros n'ont jamais peur…).

Elle ne te repousse plus mais c'est encore pire. Elle se balance comme si elle ne te voyait pas, comme si elle ne sentait pas tes mains sur sa peau et tes bisous dans ses cheveux. Comme si tu n'existais pas. Peut-être que, finalement, c'est toi qui es morte...

Pantoufle te saute dans les bras. Tu respires son pelage. Il sent la lessive et l'odeur de tes draps. Le terrible gémissement a recommencé. Est-ce que c'est vraiment Maman qui pleure comme ça ? Tu serres Pantoufle fort. Son petit nez de lapin frémit. Vous êtes ensemble. Tout seuls au monde mais ensemble.


Pantoufle déteste l'école. Il l'aimait bien avant. Mais maintenant ce n'est plus pareil. Tout est gris.

-« Terroriste ! Terroriste ! Terroriste ! »

Les autres enfants sont autour de toi. Et ils scandent le mot que Pantoufle ne comprend pas. Tu as demandé à la dame qui vient s'occuper de maman ce que ça voulait dire pour lui expliquer. Elle t'a dit de ne pas poser de questions. Que maman souffre déjà assez comme ça. Maintenant tu te sens encore plus coupable et tu n'as pas osé regarder la définition sur internet.

-« Terroriste ! Terroriste ! Terroriste ! »

Pantoufle tremble dans tes bras. Tu fermes les yeux. Tous les deux vous êtes plus forts.

-« Tu fais moins la fière maintenant que ton père est crevé , hein la terroriste ? »

« as crevé », tu corriges mentalement. «est crevé » ça ne veut rien dire. « Bravo ma petite princesse ! » dit la voix de Papa dans ta tête comme quand il est content parce que tu as eu une bonne note. Tu ignores cette voix. Papa est mort.

-« Oh la terroriste !… ça te fais de la peine de savoir que ton père a explosé ? »

Oui, maintenant tu sais que papa est mort et que Superman n'existe pas. Ni Wolverine. Tu as essayé de demander à maman ce qui arrivait aux morts quand ils étaient dans la terre. Mais on t'a éloigné. Tu fais de la peine à maman. De toute façon, maman ne répond ni ne réagit plus. Pantoufle la déteste. Parce qu'elle est vivante et que papa...

-« C'est bien fait pour ton père ! Tu crois qu'il a beaucoup souffert, hein, la terroriste ? »

-« Tu parles qu'il a souffert… brulé et explosé en même temps… mon frère m'a dit qu'il ne restait que des cendres ! »

-« Des cendres ? ! T'as entendu la terroriste ? Ton père il est réduit en cendre ! »

Tu regardes les enfants autour de toi. Ce sont des grands... Mais ce n'est pas eux qui font le plus mal. Ce n'est pas quand ils se moquent ou quand ils te bousculent ou quand ils disent des choses si horribles que ta bouche devient sèche et que tu te mords la langue très fort pour ne pas crier. Non ce qui fait vraiment mal, ce sont les autres. Ceux qui regardent. Et aussi quand Jane et Alice tes meilleures amies te montrent du doigt en rigolant et en se chuchotant des secrets à l'oreille.

Pantoufle te murmure de ne pas t'en faire. Tu ne le crois pas même si tu voudrais bien.

-« Fais gaffe… tel père telle fille… y a peut-être une bombe dans la peluche ! »

Toute la cour de récréation rigole à gorge déployée. Un grand t'arrache Pantoufle des mains.

- « Tic… Tac…Tic… Tac… BOUM ! »

Il arrache une des oreilles de Pantoufle. Des rires. Pantoufle te regarde. Il a mal. Tellement mal… Le grand approche la main de son autre oreille

- « Tic… Tac… tic… ta… »

Quelque chose explose en toi. Quelque chose de sauvage et de furieux… quelque chose qui brise tous les verrous, qui pulvérise toutes les barrières… Quelque chose que tu ne peux pas retenir…

Tu bondis sur le garçon. Tu lui saute dessus comme une bête enragée. Tu frappes. Tu frappes. Tu frappes...Tu ne t'arrêtes plus de frapper. Avec tes poings, avec tes pieds, avec ta tête même. Il tombe. Tu mords aussi. Tu arraches, tu déchires et il y a du sang, et encore du sang et des cris terrorisés.

Des mains d'adulte te retiennent à grand peine et te retirent au corps qui git sur le béton. Tu as juste le temps d'attraper Pantoufle. Et tu hurles, tu hurles… on te projette dans un coin et tu te recroqueville comme un petit bébé, Pantoufle contre ton cœur.

Tu es comme maman maintenant. Et Pantoufle, qui n'a plus qu'une oreille, pleure.


Quand ils pensent que tu ne n'entend pas (mais ils ne savent pas que Pantoufle entend toujours...), ils disent que tu es dangereuse. Et qu'ils ne te comprennent pas. ça tombe bien. Toi aussi tu ne te comprends pas. Pourtant, tu comprends de plus en plus de choses.

ça a commencé quand ils ont débuté les évaluations. Ils t'ont posé des questions, ils t'ont fait faire des exercices. Au début, tu as bien répondu mais tu avais déjà fait ça en classe. Et puis tu as continué d'avoir tout bon alors que les difficultés augmentaient. Pantoufle te soufflait les bonnes réponses. Mais quand tu as déduit le résultat d'équations du second degré, il a vu que les grandes personnes commençaient à avoir peur. Après tout tu n'as que sept ans.

Maintenant, tu sais que tu n'es plus normale. Avant tu avais des problèmes pour faire des soustractions avec deux chiffres. Désormais, les nombres te paraissent évidents. Ils sont un nouveau langage. Un langage simple, clair, dénué d'émotions. Pantoufle n'aime pas les mots et tu es d'accord avec lui. Les mots font mal. Tu préfères les chiffres, les équations, les algorithmes, (un nom que tu viens juste d'apprendre...) et tout un tas de choses que tu ne devrais pas savoir faire.

Tu comprends de plus en plus de choses. Mais tu ne comprends pas pourquoi maman ne t'envoies pas de lettres.

-Est-ce qu'elle ne t'aime plus ? Est ce que c'est parce que Papa est mort? Est-ce que c'est de ta faute si papa est mort?, te demande Pantoufle.

Hier tu as réussi à démontrer correctement le théorème de Fermat, sous l'oeil fasciné des docteurs. Mais tu ne sais pas répondre aux questions de Pantoufle. Et ça te fait peur.

Pantoufle n'aime pas les mots mais il déteste encore plus les tests. Toi tu t'en fiches un peu sauf quand ça fait mal. Par exemple, tu n'as rien contre les scans ou les prises de sang. Ou contre les tests d'effort: tu peux courir des heures sans te fatiguer, et tu peux soulever des poids sans t'arrêter.

Mais quand le docteur en chef vient, Pantoufle se cache dans ta chemise. ça a commencé avec des chocs électriques. Juste une petite brûlure au début et puis ça augmente, ça augmente... jusqu'à ce que tu aies l'impression que ta tête va exploser. Dernièrement, ils se sont mis à tester "la régénération des cellules épithéliales." Tu t'es demandé ce que ça voulait dire. Tu n'a pas tardé à découvrir que ça signifiait brûler, couper, griffer, puis observer comment tes plaies se guérissent. Parfois ils rajoutent des facteurs comme dans un problème mathématique. Par exemple: qu'est ce qui se referme le plus vite ? Une coupure où ils ont mis de l'acide dessus ou une avec de la soude ? Ils évaluent, ils chiffrent, ils mesurent. Désormais, tu te méfies aussi des nombres et ne résous plus aucune de leurs équations.

Le soir, quand les tests sont fini Pantoufle pleure très fort mais toi tu gardes les yeux secs. Papa est mort, maman te déteste, et toi tu n'es plus un bébé.

La seule et dernière fois où tu pleureras c'est quand ils amèneront un sujet avec lequel te comparer. Ce sera un lapin comme Pantoufle. Ils mettront du produit qui brûle dans vos yeux à tous les deux. L'assistante du docteur en chef qui imagine qu'elle est gentille (mais Pantoufle sait que c'est un mensonge) t'expliquera qu'ils ont choisi un lapin parce que les lapins n'ont pas de glandes lacrymales.

-Tu vois ma chérie, ça veut dire qu'ils ne peuvent pas pleurer et comme ça le produit reste dans leurs yeux...

Pantoufle pleure pourtant. Est ce que ça veut dire qu'il a des glandes lacrymales ?

-Pantoufle est une peluche... Pas un vrai lapin. Il serait temps que tu arrêtes de croire à ces bêtises. Tu es grande maintenant. Dis-moi plutôt ce que tu sens dans tes yeux ?

Tu diras que ça brûle très fort.

-C'est normal, mon coeur, c'est le but de l'expérience. Sur une échelle de 10, comment notes-tu la douleur ? Plutôt trois ou quatre ? ou plutôt huit ?

Tu diras que ça va. Que cette fois c'est juste entre quatre et cinq. Mais que tu n'es pas très sûre. Parce que c'est peut être un peu moins ou un peu plus. Tu as juste mal. L'infirmière notera les résultats sur son PADD.

-C'est bien. Tu nous es très utile, tu sais. Avec tous ces résultats, je suis sûre qu'on arriveras à soigner beaucoup d'enfants malade grâce à toi. Mais la prochaine fois, on essaiera d'être plus précise, hein ma chérie ?

Et puis elle s'en ira. A travers le brouillard sanguinolent qui voilera tes yeux, tu regarderas le lapin dans la cage. Il ne bougera plus. Tu sauras qu'il a terriblement mal et que lui, contrairement à toi, ne se régénéreras pas (oui tu sauras ce que ça voudras dire à ce moment là). Pantoufle voudra l'aider. Alors tu te lèveras et tu iras le voir. Sous tes doigts il y aura un petit craquement. Et le lapin ne sentira plus rien. Assise par terre, tu pleureras en le berçant avec Pantoufle.

Ils diront à nouveau que tu es dangereuse. Mais qu'ils auraient dû s'en douter. Après tout, tu as tué un garçon quand tu étais encore à l'école ("Peut-être que c'est pour ça que maman ne t'aime plus?" suggèrera Pantoufle).

Ils te mettront à l'isolement, dans une grande pièce blanche, avec des coussins sur les murs. Ils essaieront de t'enlever Pantoufle ("ce lambeau dégoutant" dira une infirmière au docteur en chef). Mais tu résisteras trop fort et ils finiront par céder.

Avant que vous ne vous endormiez, Pantoufle te diras qu'il faut trouver un moyen de vous enfuir.