« Luctor et emergo »
Disclaimer: Tous les personnages, l'univers, appartiennent à Kishimoto, seule l'intrigue m'appartient. Je ne me fais pas d'argent en faisant cette fanfiction.
Paring : Naruto U./ Sasuke. U
Genre : Romance/Drama
Rated : M.
Spoils: Je suis désolée s'il y a des incohérences avec l'œuvre mais j'ai arrêté de lire Naruto au commencement de la guerre et ne suis pas au courant du dénouement. Le déroulement de la guerre narré ici est donc pure fiction de ma part. De plus, je n'ai pas lu Naruto depuis très longtemps, donc s'il y a des erreurs sur des événements qui datent d'avant la guerre, merci de me les signaler. Vous l'avez compris, le niveau de spoil n'est pas important et il n'est pas nécessaire d'avoir scrupuleusement lu le manga pour suivre cette histoire. Mais par mesure de précaution, je vous déconseille de lire cette fanfiction si vous en êtes à un stade du manga inférieur à la guerre ninja et que vous ne voulez pas être spoilé. Sinon, bonne lecture.
Summery : Après la guerre, le monde ninja se remet lentement de ses blessures. Naruto, devenu un ANBU blasé enchaînant mission sur mission rencontrera par hasard Sasuke, déserteur en fuite qui ne souhaite à présent plus qu'une vie sereine.
« Luctor et emergo » signifie « Lutter pour ne pas se noyer ».
Survivre
« De nos jours, on survit à tout sauf à la mort », Oscar Wilde.
Je cours. Ma mission est terminée et je n'ai qu'une hâte: rentrer à Konoha. Prendre un bain chaud pour me débarrasser de la crasse accumulée, manger un bon repas et pourquoi pas trouver un corps chaud pour la nuit. Enfin … Si j'en ai le courage car je sens la fatigue s'inciser dans chacun de mes membres. Me connaissant, la seule chose que je vais faire est me réfugier sous mes couvertures pour dormir. La mission n'a pourtant pas été difficile: quelques criminels à exterminer. Ils étaient assez doués je dois tout de même le reconnaître mais une broutille pour moi. C'est comme ça depuis quelque temps. On m'envoie en mission, les plus difficiles car l'Hokage sait que je les accomplirais avec brio. Mais après tout, je suis la crème de la crème des Anbu, comme le dit parfois Sakura. Ce sont des exécutions la majeure partie du temps; ça ne me fait pas grand-chose de tuer de sang-froid, si c'est justifié. J'y ai gagné le surnom de « L'exécuteur ». Mais je m'ennuie. Depuis la fin de la guerre, je n'ai plus personne à affronter, aucun adversaire. Nous avons gagné au prix de nombreuses vies, c'était il y a quelques années déjà mais il faudra du temps pour se reconstruire et a réapprendre à vivre. Le monde ninja est calme et blessé. Il n'y a rien qui rajouterait du piment dans mon existence tranquille. Le petit garçon qui rêvait d'être Hokage et le clamait haut sur les toits est bien loin. Je soupire.
La forêt me recouvre de ces ombres dansantes mais plus pour bien longtemps. La nuit va bientôt tomber, et tout sombrera dans l'obscurité. Je suis encore loin du pays du feu, à une demi-journée environ. Il n'est pas prudent de se déplacer de nuit. Mais je n'ai pas envie de m'arrêter.
La seule chose que je veuille, c'est rentrer chez moi.
Alors je cours, encore et encore, tâchant d'oublier le froid sur ma peau, le vent glacé qui s'engouffre dans mes vêtements, et tout mon corps douloureux qui me hurle de dormir un peu.
Il fait à présent nuit noire. Je devine plus que je ne vois devant moi. Seul l'air glacial me permet de ne pas m'endormir. Des nuages sombres couvrent le ciel, c'est le calme avant la tempête. Raison de plus pour rentrer le plus vite possible. Je ne tiens pas à rester coincé ici. Mais pour l'instant, tout n'est que silence. C'est même trop silencieux. Mes sens sont à nouveau en alerte. Je m'incite au calme et à la discrétion totale. Je suis à l'affut du moindre son suspect. Mais rien. Juste cette légère brise et la lumière de la lune. Je deviens peut être paranoïaque mais j'en doute. Il y a quelque chose ou quelqu'un.
Mais après tout, me dis-je après un court instant de réflexion, qu'importe. Ça ne me concerne pas et je ne suis pas en état de lancer une recherche, qui si ça se trouve, me dirigera vers des écureuils. Je sais très bien que cela ne se peut mais tant pis. Je soupire une nouvelle fois et continue ma route, ignorant la faible vague de culpabilité qui m'asseye. Je ne suis qu'un homme, pas un héros.
Une chouette pousse un hululement qui retentit dans la nuit, dans mes oreilles. Je sursaute et ouvre brusquement les yeux. Puis je regarde autour de moi. Je m'étais assoupi contre un arbre contre lequel je m'étais accordé une pause. Je me retiens de jurer et lève la tête vers le ciel. Nous devons être au milieu de la nuit. J'ai vraiment besoin de dormir. Je décide de trouver un endroit pour. Tant pis si je ne rentre que demain, je ne pourrais pas continuer comme ça bien longtemps. Je me remets en marche, cherchant attentivement un coin un peu confortable autour de moi et surtout, un endroit où je pourrais trouver un peu de chaleur.
Une lueur un peu plus loin retient mon attention. Je ralentis les battements de mon cœur et fais attention en marchant. Je m'approche. C'est un feu en train de s'éteindre. En me rapprochant encore, je vois une ombre devant, de dos, contre un arbre. Peut-être quelqu'un en train de dormir. Il doit faire une chaleur agréable autour du reste de flammes, je pourrais m'approcher un peu et me cacher dans un arbre pour dormir. De cette façon, j'aurais chaud et serais caché à l'individu. Puis je remarque quelque chose. Mes battements de cœur s'accélèrent. Ce n'est pas possible. Je regarde encore une fois mais je vois bien le blason qui m'a poursuivi toute mon enfance. J'ai besoin de vérifier. J'avance d'un pas prudent. Et puis, soudainement, je capte un mouvement vif dans l'air. J'ai juste le temps de me retourner et de saisir une arme pour contrer le katana qui sans ça se serait plaqué sur ma gorge. Je lève la tête sans plus tarder et je rencontre des yeux rouges, sharigans activés. Des yeux qui je reconnais immédiatement. Mes pensées font écho à mon cœur: « Sasuke ». Le Sasuke que je n'ai pas vu depuis la guerre. Le Sasuke que je pensais ne jamais revoir.
Nous nous fixons une seconde puis il semble me reconnaître lui aussi.
-Naruto … ? murmure-t-il.
Je hoche doucement la tête. Son expression reste impassible si ce n'est que ses sourcils se froncent. Il se méfie de moi.
-Qu'est-ce-que tu fais là ?
Sa voix est un tantinet agressive. Apparemment, il a autant envie que moi d'aller dormir.
-Baisse ton arme, lui dis-je d'une voix calme. Je ne te veux rien.
Son sourcil se hausse. Je pense avec un sourire dissimulé que ça doit être son seul mode d'expression. Les sourcils. Je vois néanmoins aux mouvements de sa gorge qu'il s'est légèrement détendu mais il ne désactive pas ses sharigans pour autant.
-Rien ? Répète-t-il.
-Rien, confirmais-je.
Il me fixe d'un air encore plus sceptique.
-Aucun « Je suis venu te ramener à Konoha ? »
Son ton est légèrement cynique. Ça m'amuse. Je souris un peu.
-Non, aucun. Notre rencontre n'est due qu'au hasard.
Il abaisse son katana lentement et je remets également mon sabre dans son fourreau.
-Et que vas-tu faire ? Demande-t-il une dernière fois.
Je passe ma main -il met immédiatement la main sur son katana- dans mes cheveux et souris légèrement. Je ne pense pas qu'il me veuille du mal. Moi non plus. C'est parfait.
-Dormir, répondis-je en toute franchise. Si tu permets.
Ses yeux s'écarquillent un peu et je suis sûr qu'il soupire de soulagement. Ses sharingans se désactivent enfin. Il semble me sonder une dernière fois avant d'aller se réappuyer contre l'arbre de tout à l'heure. Avant de fermer les yeux il me dit,
-Installe-toi près du feu si tu veux. Faisons une trêve, je n'ai aucune envie d'être tué dans mon sommeil. Et puis, il fait assez froid.
Je souris et vais m'installer sur le sol, non loin du feu.
-Merci Sasuke, dis-je. Mais je te le répète, je n'ai plus aucune raison d'être ton ennemi. Et je ne suis pas en mission de toute façon.
Il ne répond pas et je le sens se détendre, pour dormir. Je sais toutefois qu'il ne le fera pas avant que je ne dorme moi-même. Je ferme les yeux. J'ai dit la vérité. La seule chose que je veuille est me reposer même si je dois avouer être content de cette rencontre. Sasuke a l'air plus serein. Il a l'air d'aller bien. Tant mieux. Le feu me réchauffe tranquillement la peau. J'ai intérêt à en profiter car je sais que le froid reviendra dès qu'il sera éteint.
Je suis réveillé quelques heures après en sursaut. Une pluie torrentielle semble s'être abattue sur la région. En tout cas, sur moi. Je jure. J'entends un « oh putain! » qui me fait me retourner, pour voir un Sasuke passablement énervé, fixant le ciel d'un air rageur. Je l'avais oublié un instant. J'avais cru que notre rencontre n'était qu'un rêve. Il se tourne vers moi à son tour,
-Bientôt ça va être la tempête. Il ne faut pas rester là, me hurle-t-il pour essayer de se faire entendre malgré le bruit de la tempête.
Je hoche la tête et emporte mes quelques affaires. Il fait de même. Je suis étonné de voir à quel point il en a peu. Je me mords la lèvre en me traitant d'idiot: s'il en a si peu c'est pour pouvoir se déplacer régulièrement et rapidement. Après tout, il reste un déserteur recherché.
Il commence à courir et je le suis instinctivement, il a l'air de savoir ce qu'il fait. Il court à travers la forêt, sans une once d'hésitation, et comme un animal. Il se déplace et court bien mieux et plus vite que moi. L'habitude sans doute. Puis, une bourrasque plus forte nous secoue et je me sens reculer. La force du vent est terrible. Sasuke revient vers moi et m'attrape la main en marmonnant quelque chose qu'incompréhensible mais le mot « Idiot » ressors. J'aurais sans doutes souri quelques années auparavant. Mais plus maintenant. Car j'ai l'impression qu'aucun de mes sourires n'est sincère. Qu'ils ne m'apportent plus aucune chaleur. Il me traine derrière lui mais je le rattrape vite et cours à ses côtés. Il me jette un regard surpris. Je ne sais pas vraiment comment je dois le prendre mais je n'ai pas le temps de cogiter plus longtemps: la tempête augmente en intensité, des éclairs recouvrent le ciel et la terre. Puis Sasuke serre un peu plus fort ma main pour attirer mon attention. Je me tourne vers lui et vois ce qu'il désigne: une grotte camouflée, qui saurait surement nous protéger de ce temps. Nous sautons tous deux sans hésiter à l'intérieur.
Une fois entré, je reprends un peu ma respiration tout en regardant autour de moi. La grotte est bien mieux que ce que je pensais, elle nous protégera presque totalement si nous allons tout au fond. Puis Sasuke me fait comprendre qu'il voudrait récupérer sa main. Je m'exécute avec un sourire d'excuse avant de ne pouvoir m'empêcher de le questionner:
-Comment connaissais-tu l'existence cette grotte ?
Il avance un peu dans celle-ci et secoue ses cheveux noirs pour en ôter l'eau. Les gouttes ont un mouvement esthétique sur les cheveux encres. Un mouvement fascinant.
-Je venais de la quitter, explique-t-il simplement, coupant court à mes réflexions.
Il va ensuite au fond de la grotte, je le suis, et il sort d'un trou de la roche du bois avant de le disposer sur le sol. Il me jette un bref coup d'œil et dit,
-Je vais faire du feu. Tu devrais protéger tes affaires mouillées.
J'acquiesce et sors de mon sac des aliments et des rouleaux de formules. Je les étale en contemplant l'étendue des dégâts. Si les aliments sont presque intacts, étant protégés par des feuilles, les rouleaux sont dans un piètre état. Je grimace. Tsunade ne va pas être contente.
Enfin. Je me retourne et vis avec satisfaction le feu que Sasuke a dressé. Il en a allumé dans plusieurs trous dans la roche, afin que le vent ne les détruise pas.
-Astucieux, je commente.
Il se contente comme réponse d'un bref sourire. Un souffle de vent parcourt soudain la grotte. Un frisson me parcourt aussitôt et je me rend compte que je porte toujours mes vêtements mouillés. Je commence à les retirer un par un jusqu'à être en caleçon, à peu près sec. De toute façon, je n'ai pas particulièrement envie de me mettre nu. Je fouille dans mon sac mais mon vêtement de rechange et ma couverture sont trempés. Je grimace tout en les sortant du sac et vais les étendre comme je peux sur les murs et le sol. Un autre coup de vent circule dans la grotte. Je frissonne. Je ne vais pas passer une bonne nuit, les feux s'éteindront. Je sais que je tomberais malade avant le matin si je reste seulement vêtu de la sorte. Je me tourne vers Sasuke pour lui demander s'il a une idée et ma phrase se bloque dans ma gorge. Lui aussi s'est déshabillé. Et une réalité me frappe. Sasuke est vraiment beau. Mais pas à la manière dont les filles de Konoha, Sakura, par exemple, le jugeaient à l'époque où il était au village. Il est couvert de cicatrices, tout comme moi. Couvert de ces traces du passé qui ne s'effaceront jamais, rappelant à tout instant la réalité. Et, sans crainte, il les montre. Il ne cache pas ces souffrances, mais il ne les impose pas. Je trouve soudain Sasuke magnifique, couvert de ces plaies. Habité par une force, par un courage qu'il n'avait pas auparavant. Il me lance un regard interrogateur. Je demande,
-Ça m'embarrasse de te demander ça, mais tu as quelque chose de sec ?
Malheureusement, il secoue négativement la tête. Son regard va vers ce que j'ai accroché et il grimace. Apparemment, il comptait sur moi. Je m'approche au maximum des feux et essaye de me tapisser au fond de la grotte. Tous mes poils sont hérissés, j'ai la chair de poule. Je ne dormirais pas, je le sais. Je jette un coup d'œil au brun. Lui aussi s'est replié au fond de la grotte, en face de moi. Il frissonne. Une idée me traverse l'esprit. Je l'étudie dans tous les sens mais c'est la seule qui me vient à l'esprit. Ça ne va certainement pas lui plaire. Je me lève et m'assois à ses côtés. Il se tend aussitôt et m'interroge du regard. Je lui fais signe de venir contre moi, et ses sourcils se froncent alors qu'il s'écrit,
-Mais ça va p...
-La chaleur humaine, tu connais ? Je le coupe. Ou tu préfères mourir de froid et être emporté par la fièvre ?
Il comprend rapidement mon idée et ne réfléchit pas longtemps avant de venir se caler contre mon torse. Je dis, un peu gêné,
-Heu … je ne sais pas pour toi, mais moi je dors allongé alors …
Il pousse un grognement d'excuse -fait auquel je n'avais pas été habitué- avant de s'allonger sur le sol. Je me colle à lui dans une étreinte, et entremêle nos jambes. Il se raidit un peu puis passe ses bras autour de moi et enfouit son visage dans mon cou. Au bout de quelques instants, je soupire de bien-être. C'est beaucoup mieux. Je l'entends faire de même et souris. Je fais peut-être passer une bonne nuit, tout compte fait. Si je ne suis pas mort à mon réveil.
Le bruit d'éclairs me réveille.Là où je suis, il fait bon. Je devine un corps contre le mien. Ai-je finalement eu le courage de me trouver quelqu'un pour passer la nuit ? Puis je me remémore les évènements de la veille. La rencontre avec Sasuke, la tempête … si ce n'était pas un rêve, la respiration contre mon torse doit être la sienne. J'ouvre doucement les yeux. Des mèches de cheveux noirs me chatouillent le visage. Je me sens bien dans ses bras. Je pousse un petit grognement de bien-être et replonge mon visage contre lui, pour dormir encore un ès tout, d'après ce que j'entends, la tempête est loin d'être terminée. J'ai tout mon temps.
Je m'éveille à nouveau dès que je sens un mouvement contre moi. Mes muscles se tendent brusquement et j'ouvre immédiatement les yeux. Ce n'était que Sasuke, encore plongé dans un sommeil quelque peu agité. Il a vraiment un air innocent quand il dort, ne puis-je m'empêcher de penser. Un air apaisé. Je remarque que le jour est en train de se lever, et que les quelques rayons roses du lever de soleil qui ont réussi à passer à travers la barrière de nuages, éclairent quelque peu la grotte. Je me redresse doucement, en essayant de ne pas le réveiller. Je me lève et m'habille, mes vêtements ayant plus ou moins séché pendant la nuit. Puis, je décide de me rendre compte de l'état de la météo et me poste à l'entrée de la grotte. La puissance du vent me désarçonne un instant et je dois prendre appui sur la roche. Puis, je relève la tête et fais face à la tempête. Les nuages, sombres, presque noirs, recouvrent le ciel. Des tornades arrachent les arbres, les projetant violemment sur d'autres qui s'arrachent alors à leur tour. Les éclairs tombent, mettant sans cesse le feu que la pluie incessante fait taire. L'orage gronde. La beauté de cette force de destruction me laisse contemplatif, je ressens plus que jamais mon in-importance dans ce monde. Je sens une présence à mes côtés. Sasuke.
Sans un mot, il me fait signe de revenir en sûreté. Je le suis à l'intérieur de la grotte. Il me dit,
-Il faut trouver de quoi manger.
-Attends, je réponds.
Je vais chercher les aliments empaquetés et les lui montre en expliquant,
-C'est tout ce qu'il me reste. Il y a encore quatre rations.
Il hoche la tête avant de me regarder droit dans les yeux. Je vois qu'il est tendu. Je fais un léger signe de la tête pour l'inciter à parler. Il déclare alors,
-Naruto … Qu'allons-nous faire ? Nous sommes bloqués ici, et ce pour une durée indéterminée. Nous … tu as peu de nourriture. De plus, je suis un déserteur de Konoha. Ton devoir est de m'arrêter, de me ramener mort ou vif. J'ai vu ton masque et ton insigne. Tu dois être un ANBU haut placé. Je ne peux donc pas te faire confiance.
La tension monte aussitôt dans l'air. Sa main est près de son katana, tous muscles tendus et prêt à bondir. Mais je le rassure aussitôt,
-Faisons une trêve.
Il écarquille les yeux autant que lui permet son éducation. C'est-à-dire, presque pas. Je continue,
-C'est bien ce que tu as proposé hier, non ? Je suis d'accord. Nous battre n'avancerait à rien. Il faut nous entraider. Tu as bien plus l'habitude de la survie que moi. J'ai autant besoin de toi que toi de moi.
Il semble réfléchir un instant. Puis, il demande,
-Et qu'est-ce qui me prouve que je peux te faire confiance ?
-Rien, répondis-je honnêtement. Enfin … nous avons déjà passé la nuit, non ? Ajoutais-je dans un sourire.
Il répond à mon sourire, tristement, comme tout ceux qui souffrent, mais avec une étincelle de malice. Ça m'étonne de le voir aussi ouvert, qu'il ne bloque plus ces émotions continuellement. Ça me fait plaisir. Il a changé dans le bon sens. Je pense avec une nuance d'amertume que c'est le contraire pour moi.
-Au fait Sasuke, concluais-je, je suis exécuteur.
Il fronce les sourcils et je vois pendant une seconde, la peur envahir ces pupilles d'ordinaire si glacées. Même s'il ne sait pas ce que c'est exactement, mon titre est assez significatif. Je n'ai pas voulu lui faire peur, juste le prévenir.
Il retourne dormir.
Je réfléchis, regardant sans voir la roche devant moi. La tempête devient de plus en plus difficile et d'heure en heure, la caverne bouge un peu plus. Les feux ne tiennent plus. Ils ne s'allumeront plus. Cette nuit risque d'être difficile, bien plus que la veille. Pourrais-je à nouveau quérir sa chaleur corporelle ? Je jette un coup d'œil à Sasuke qui serre ces bras autour de lui. Je suppose que oui. J'espère.
Il doit être dans les environs de midi. Il fait presque sombre, tant les nuages couvrent le ciel mais Je commence à ressentir la faim, je n'ai pas mangé depuis la veille après tout. Je vais prendre deux rations et vais m'asseoir à côté du brun. Je lui demande, abandonnant une certaine fierté, je sais qu'il connaît bien mieux la nature que moi,
-Comment s'organise-t-on pour les rations ?
-Je l'ignore. Je n'ai jamais vu une tempête pareille, je ne sais pas quand elle va cesser. Ça peut aussi bien être dans une heure que dans un mois.
Une légère déception m'envahit. J'avais espéré qu'il aurait les réponses à mes interrogations.
-Dans ce cas, propose ai-je, autant être prudents et se partager une ration pour deux, qu'en penses-tu ?
Il acquiesce. Je sais à quoi il pense. J'ai quatre rations. Deux par jour, en se passant de petit déjeuner. Nous tiendrons deux jours à ce rythme. Un seul si on ne se prive pas d'un petit déjeuner. C'est trop juste. Nous devrons bientôt sortir, pour chercher à manger. Mais mieux vaux le plus tard possible. Je lui donne la moitié de ma nourriture et mets une main que j'espère apaisante sur son épaule. Il se tend d'abord à mon contact avant de se détendre un peu. Je lui dis doucement,
-Oublions le petit déjeuner pour quelque temps.
Il accepte dans un grognement. Je n'avais pas besoin de lui dire, il avait compris. J'ôte la main de son épaule et nous commençons à manger notre maigre part. Mais ça suffira bien. Après tout, nous sommes ninjas.
Les quelques premières heures de l'après-midi se déroulent sans accrocs. Je me suis reposé, cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'opportunité de ne rien faire. Sasuke ne parle pas. Il me regarde souvent à la dérobée. Même s'il s'est considérablement détendu en ma présence, il reste aux aguets, faisant en sorte de ne laisser paraître aucune expression sur son visage. Mais lorsqu'il pense que je ne le vois pas, ses traits ont une expression si compliquée … désespoir mêlé à une intense réflexion, ou parfois, de la rare détente … je n'y comprend rien et n'en peux plus. C'est une véritable énigme. J'aimerais sincèrement l'aider. Alors, même si je sais que ça produira peut-être l'inverse de l'effet estompé, mais sans pouvoir m'empêcher de vouloir assouvir ma curiosité -chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps-, j'essaye d'engager le dialogue, un peu maladroitement,
-Sasuke … Est-ce-que … est-ce-que tu vas bien ?
Il semble surpris pendant un millième de seconde. En fait, son cœur a battu un trop fort pendant un bref instant. Je grimace. J'ai vraiment en horreur l'habitude que j'ai pris de tout analyser. Mon homologue, une fois la surprise passée, se reprend et répond d'une voix qui montre qu'il n'a pas envie de s'étendre,
-Je survis.
Survivre. Pas oui, pas non. Juste ce je survis. Je ne pensais pas qu'il était si las au point de ne même plus vivre, se contentant de rester en vie, qu'importent les conditions. Car c'est bien ce que signifie ce verbe. Rester en vie. Mais pas vivre. Subsister dans un monde dépourvut de sens, vidé.
-Tu … je commence avant de m'arrêter, à court de mots.
Je me mords la lèvre. J'ai envie de comprendre. Sasuke, si cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas intéressé à quelqu'un, que j'avais ressenti de la gêne. Si tu savais … comme tu me fais en cet instant me sentir vivant. Alors, dans mon égoïsme, je n'ai envie que de continuer. Mais je n'ai pourtant pas envie de te blesser, ce sentiment me dégoute au plus haut point au contraire. Tu as assez souffert, comme nous tous. Je me contente alors de dire simplement, tout bas, en espérant quelque part que tu ne m'entendes pas.
-Moi aussi.
Tu entends parfaitement mais ne dis rien. Tu viens juste maladroitement poser une main sur mon épaule. Je te regarde dans les yeux et ce que je vois n'est que compassion. Nous sommes deux hommes brisés par leur passé. Écorchés à vif, étouffés jusqu'à suffoquer, les chaînes de notre passé et leurs poids nous entraînent vers le fond, sans pouvoir trouver une bouée de sauvetage assez puissante pour nous sauver, assez pour nous permettre à nouveau de respirer.
La tempête se calme. Mais je n'ai pas envie de repartir. Pas encore. La présence de Sasuke, de juste lui et de la nature est apaisante. Il ne parle pas pour rien dire. Il est là, simplement. J'en viens presque à envier sa désertion. Plus de missions. Plus de sang, d'exécutions, plus rien si ce n'est ce vide, mais contrairement à l'ordinaire, est apaisant au lieu de me ronger. J'en ai assez de vivre à Konoha. Mais pas seulement. J'en ai assez de ce monde, des gens. Marre des murmures, de l'hypocrisie. Mon cœur s'affole un peu quand je réalise à quel point la guerre m'a changé. Pourtant, il y a des gens que j'aime … Kakashi, toujours mélancolique, mais qui a repris sa routine, son unique œil est la plupart du temps fermé, et puis il y a Sakura qui a tant besoin de moi, de ma présence … elle est forte, ma coéquipière, et elle fait tout pour le montrer, mais je sais bien qu'elle a un cœur aussi fragile et sensible que du verre. Et puis il y les copains. Seulement nous ne sommes plus une bande, trop sont morts.
Par ta faute, me souffle une voix perfide.
Les mots, la conversation, tout n'est plus que silence gêné. Mais je tiens à eux, comme on tient à un vieil objet rouillé par le temps. Pourtant, j'ai juste envie d'être seul. Ou presque … je coule un regard vers le déserteur. Il scrute l'horizon. S'apercevant de mon observation, il me regarde droit dans les yeux, sans pour autant être agressif. Il ne dit rien, il n'en a pas besoin. Je sais ce que ce regard signifie. « Tu ne rentres pas ? »
Je détourne le regard et il fait de même, se désintéressant de moi. Je vais le rejoindre. Il ne dit rien et ne me regarde pas. Mais il sait que je suis là. Il se rapproche de peu pour que nos épaules se frôlent, ainsi que nos mains. Il est là, et c'est tout. C'est tout ce dont j'ai besoin.
-Je vais repartir.
C'est dit. J'ai parlé spontanément. La nuit est déjà tombée et même si l'orage gronde encore, ce n'est rien d'insurmontable. Et si je ne pars pas, j'ai l'impression que je ne partirais jamais. Sasuke lève ses yeux encres vers moi.
-Je pensais que tu serais déjà reparti.
Je souris doucement. J'aime sa répartie. Mon cœur se serre. J'ajoute,
-Je partirais à l'aube.
Il hoche la tête et dit, d'une voix teintée d'un certain d'humour noir,
-Nous aurions pu avoir une ration chacun.
J'ai brusquement mal au cœur. Une nausée me prend. Je le regarde. J'aimerais lui dire à quel point sa présence m'a fait du bien. À quel point c'était agréable. Et surtout, à quel point il va me manquer. Mais je dis simplement, me rapprochant de lui et parlant au creux de son oreille,
-Sasuke, ne te fait pas attraper …
… car c'est moi qui devrais t'exécuter. Il embrasse ma nuque du bout des lèvres et je me détends. Il ne dira rien, je le sais. Mais par ce geste, il a fait passer bien plus que des mots le pourrait. Je le serre dans mes bras et il me rend mon étreinte. Je le réveillerais peut-être demain en partant mais tant pis. C'est sûrement la dernière fois que je le verrais … et cette étreinte est peut-être le dernier souvenir que j'aurais de lui. J'inspire profondément et c'est avec son odeur que je sombre dans un sommeil paisible.
Je suis prêt. Mon cœur est étrangement noué et ma gorge serrée. Je n'ai pas envie de partir. Cette conclusion me déchire. Mais j'ai des responsabilités. Je hais ce mot. Je m'accroupis à la hauteur de Sasuke et l'embrasse doucement sur la bouche. Je sais qu'il est réveillé et il le sait lui-même. Mais il n'ouvrira pas les yeux. Ce serait dur et inutile pour tous les deux. Je dépose mes rations restantes à côté de lui et m'en vais sans me retourner. Il va me manquer mais ce ne sera rien d'insurmontable. Je survivrais, comme toujours.
Fin de la première partie …
Je suis émue après avoir écrit cette partie, à un point que je trouve presque bête. J'espère que vous l'avez apprécié, n'hésitez pas à laisser votre avis. La deuxième partie se déroule plusieurs mois plus tard et elle est principalement centrée sur Naruto.
Elle arrivera je ne sais pas trop quand car si elle est bien avancée, je laisse la priorité à mon autre fiction « Jeux du sort ».
Merci d'avoir lu jusques là.
