Confortablement installé au fond de son lit, l'adolescent se réveillait tout doucement. Les rayons du soleil réchauffaient sa peau de façon à ce qu'il veuille rester pour toujours dans cette position. Même si l'été était là, la chaleur ne dérangeait pas le jeune adulte puisqu'il avait passé une jambe par-dessus la couverture. La température était vraiment idéale. La prochaine étape était pour lui de se souvenir si son réveil allait bientôt sonner ou non. Il poussa un léger gémissement ; il n'avait pas envie d'ouvrir les yeux, sinon il ne pourrait pas se rendormir rapidement.
Il resta encore quelques minutes le nez enfoui dans l'oreiller doux et le dos nu caressé par le soleil, jusqu'à ce que son réveil se mette à sonner. Merde, il devait avoir un truc à faire aujourd'hui, mais son état actuel ne lui permettait pas de se souvenir de quoi il s'agissait. L'adolescent avait beau chercher au fond de sa mémoire, accompagné par le "bip bip" strident de la machine du diable qu'il n'avait pas encore éteinte, il n'arrivait pas à trouver. Et puis dans sa tête, une information fit tilt. Pourquoi son réveil faisait-il "bip bip" ? D'habitude son portable sonnait dans un "dring dring" désagréable qui lui vrillait les tympans. Mais pourtant c'était un "bip bip" plutôt agréable qui lui parvenait aux oreilles.
Un grognement endormi se fit entendre derrière lui et il ouvrit les yeux avant de sentir le matelas bouger et une main s'abattre violemment sur son crâne.
"-Aïeuuuh !, hurla la victime en refermant les yeux sous la douleur.
Le lit bougea à nouveau et une masse lui passa dessus sans ménagement pour éteindre le réveil.
-Pardon Stiles, s'excusa l'homme qui l'écrasait avec son torse.
C'est là que la mémoire de Stiles se mit à fonctionner. Il n'était pas chez lui, mais dans l'appartement des Hale. Il aurait bien voulu dire "l'appartement de Derek", mais son oncle vivait avec lui. Stiles était persuadé que c'était uniquement pour écouter tout ce qu'il se disait entre Derek et lui qu'il avait tenu à vivre avec son neveu loup-garou. C'était soit ça, soit parce qu'il préférait vivre avec Derek plutôt que de reconstruire sa propre vie dans son coin. L'ancien alpha était assez sentimental, lorsqu'il n'était pas occupé à tuer des gens dans une folie vengeresse.
Cela faisait maintenant un mois que l'alpha et l'humain sortaient ensemble, et deux semaines qu'ils avaient commencé à dormir dans le même lit. Et pourtant Stiles n'arrivait jamais à s'en rappeler.
-Mais qui êtes-vous, jeune homme ?, répondit simplement l'adolescent avec un air surpris sur le visage, en regardant le loup du coin de l'oeil.
Derek sourit doucement et le tourna légèrement vers lui, laissant sa main sur ses côtes.
-Oh ça va, j'ai pas frappé si fort que ça -lui affirma-t-il en l'embrassant là où le plat de sa main l'avait cogné.- Et puis hier soir je t'avais prévenu que tu dormais de mon côté.
-Hier soir ? Qu'est-ce qu'on a fait hier soir ? -demanda le garçon avec un air de surprise feint- Doux Jésus, pourquoi n'ai-je plus mon pantalon ?, s'inquiéta-t-il.
-Stiles, tu as retiré ton pantalon tout seul hier soir, lui rappela Derek, légèrement blasé.
-Je suis sûr que j'avais mon pantalon ; où est-il passé ? Qu'as-tu fait pendant mon sommeil ?, lui demanda-t-il sur un ton coquin.
-J'ai rien fait, tu n'avais pas de pantalon, insista Derek.
-J'avais mon pantalon.
-Tu ne l'avais pas ...
-Si je ..., essaya de dire Stiles, coupé par son copain qui l'embrassa à ce moment.
Derek finit par se réinstaller à sa place avec un grand sourire sur le visage.
-Okayyy, j'avais peut-être enlevé mon pantalon hier, capitula Stiles en souriant à son tour.
-Ah, tu vois, je ne dis pas n'importe quoi, se moqua l'alpha.
L'adolescent grogna doucement en se couchant à nouveau sur le ventre. Il observa le brun qui se levait, et soupira.
-Tu vas où ?, voulut-il savoir.
-J'ai un entretien d'embauche. Tu sais, je t'en ai parlé l'autre jour, lui rappela-t-il.
Stiles leva un sourcil, et fit mine de se souvenir de cette discussion.
-Ah, oui, oui. Je me souviens, mentit-il.
L'adulte ne parut pas convaincu, mais ne releva pas. Il disparut dans la salle de bain et Stiles entendit l'eau couler.
-Hé Derek, tu l'as où ton entretien, déjà ?, lui demanda l'adolescent.
Son copain mit quelques secondes à réapparaitre dans l'encadrement de la porte, une brosse à dents dans la bouche. Avant qu'il n'ait pu lui répondre, Stiles le coupa.
-Si tu me dis 'dans ton cul', je pense que je pourrais me vexer, lui dit-il avec un demi-sourire
-Hé, che chuis plus mature que cha, protesta l'adulte en fronçant légèrement les sourcils.
-Le problème, c'est que t'es trop mature. Du coup, on peut jamais s'amuser comme il se doit, soupira Stiles.
-Exhuge moi d'être adulte. Faut bien que che chois achez réchonnable pour nous deux, ajouta-t-il en faisant de grands yeux.
-C'est pas vrai, je suis tout à fait mature ... Et tu m'a toujours pas dit où tu allais, lui rappela le garçon.
-'e 'ais au 'un'le ...
Stiles leva un sourcil, perplexe.
-J'ai absolument rien compris ..., souffla-t-il en grimaçant.
Le loup-garou leva les yeux au ciel et retourna dans la salle de bain pour cracher le dentifrice qui moussait dans sa bouche.
-Je vais au Jungle, lui redit-il avant d'utiliser sa brosse à dent à nouveau.
L'adolescent se releva d'un coup, manquant de tomber du lit.
-Quoi ?! Mais ça va pas la tête ? Pourquoi tu veux aller te trémousser devant des gars en chaleur qui voudront te culbuter ?! Je te préviens Derek Hale, si je retrouve un seul billet dans ton caleçon je ... Je ... Je brûle ce club !, le menaça-t-il en pointant son doigt en sa direction.
Il réalisa son erreur lorsque le visage de Derek s'assombrit, alors qu'il avait commencé à sourire devant sa tirade. Sa mâchoire se crispa et il retourna vers le lavabo.
-P...Pardon Derek, je sais que parler de faire brûler un endroit sachant ce qu'il est arrivé à ta famille c'était pas malin ... Je suis désolé, j'ai parlé avant de réfléchir ..., s'excusa-t-il en baissant les yeux au sol.
Il entendit l'eau couler à nouveau et Derek réapparut. Ce dernier s'approcha de lui et lui prit le visage entre ses deux mains avant de l'embrasser doucement.
-C'est bon Stiles, -lui souffla-t-il- je sais bien que tu es maladroit. C'est pas grave, je t'ai choisi comme ça.
Il l'embrassa une nouvelle fois avant de lui caresser la joue avec son pouce.
-Et rassure-toi, tu ne retrouveras pas de billet dans mon caleçon ; je vais postuler pour être barman, pas strip-teaseur, lui assura-t-il en souriant.
Derek se recula et attrapa une chemise ainsi qu'un pantalon qu'il enfila rapidement. Stiles s'assit sur le lit et essaya de prendre une pose aguicheuse.
-Hé, pourquoi tant de haine ? J'aurais voulu en profiter encore un peu, bouda-t-il en se pinçant les lèvres entre ses dents.
-Tu pourras en profiter ce soir si tu veux, répondit malicieusement Derek.
Les yeux de l'adolescent se mirent à briller.
-C'est une invitation ?, demanda-t-il en laissant légèrement dépasser sa langue de ses lèvres entre ouvertes.
L'alpha leva un sourcil, énigmatique, et se dirigea vers la porte de la chambre.
-On se voit plus tard, lui dit-il comme seule réponse.
-Assez tôt, non ? Il ne me semble pas que tu sois qualifié en tant que barman, lui cria Stiles, toujours vautré dans le lit.
-Je ne vous entends pas, toi et tes moqueries, souffla de dédain le loup-garou en disparaissant dans le couloir."
L'adolescent soupira en se passant une main sur le visage. Même s'il avait ri devant le futur travail de son amoureux, il souhaitait qu'il ait le poste. Avoir un travail l'occuperait un peu, et il aurait moins d'occasion de voir Peter ce qui lui enlèverait l'envie constante de vouloir étrangler son oncle.
Après un nouveau soupir, Stiles finit par se lever et se rhabilla tranquillement. Il remit son pantalon en se demandant si Derek finirait un jour par l'enlever lui-même. Ils s'étaient mis d'accord sur le fait de ne pas avoir de relations plus intimes pour le moment, mais Stiles tentait tout de même d'exciter le loup-garou à chaque fois qu'il en avait l'occasion. Cela ne marchait pas vraiment bien.
Lorsqu'il quitta l'appartement, Peter n'était pas là. Au moins ce vieil obsédé ne ferait pas de commentaire sur sa relation avec Derek.
Stiles arriva plusieurs minutes après avoir quitté le foyer des Hale, chez lui. Ou plutôt chez son père. Lorsqu'il rentra dans la grande maison, le shérif était justement en train de se préparer pour sortir. Les deux hommes s'arrêtèrent de bouger, surpris de se voir l'un et l'autre.
"-Ah Stiles, tu ... Tu es là ? Je pensais que tu passais la journée avec ... Enfin ... Chez ton ... Petit ami, lui dit son père comme si les mots lui brûlaient la bouche.
-Non. Il est pas là. Derek a un entretien d'embauche, il va sûrement avoir le poste, annonça-t-il fièrement.
-C'est bien. C'est très bien ça. Il commence à être responsable, remarqua l'adulte en essayant de sourire.
-Il est responsable depuis longtemps -le corrigea Stiles.- Quand il était à New-York il avait un travail, je te signal, bougonna-t-il.
-Ah oui ? Il faisait quoi ?, voulut savoir le shérif en reposant le pied, dont il avait lacé la chaussure, à terre.
Son fils sembla réfléchir. C'est vrai qu'il n'avait jamais su ce que son copain faisait avant d'arriver à Beacon Hills.
-Bin tu sais il faisait ce truc là ... J'ai perdu le nom, mais ... Je vais bien le retrouver. En tout cas, Derek est responsable, je te jure.
-Si tu le dis, je te fais confiance, soupira M. Stilinski.
-Cool, sourit Stiles.
Le shérif prit la porte et laissa son fils seul pour aller travailler.
-Bon, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire, moi ?, se demanda le garçon."
Il était seul jusqu'à ce que son père rentre le soir, mais partirait surement avant pour retrouver Derek. Il n'avait pas de devoirs à faire, sachant qu'il était en vacances, il ne voulait pas faire de ménage, Scott devait traîner avec Allison et tous les autres membres de la meute étaient probablement occupés les uns avec les autres. Du coup Stiles allait s'ennuyer. Il essaya de se remonter le moral en se disant qu'il allait pouvoir jouer à la console toute la journée, mais il se rappela qu'il devrait se faire à manger. Le garçon s'affala dans le canapé pendant environ 20 minutes, sans rien faire, avant d'allumer la télé. Il tomba sur une chaine de novelas qui, étrangement, le passionna. Il resta toute la journée collé devant, oubliant presque de manger.
Alors que Fernando allait découvrir que Rosita était sa soeur, alors qu'ils allaient se marier, et par la même que son enfant n'était pas le sien mais celui d'Esteban le pêcheur, le téléphone de l'adolescent vibra dans sa poche. Il décrocha, les yeux toujours rivés sur l'écran.
"-Allo Stiles ? Je t'appelle pour te dire que ...
-Oh Mon dieu, non ! Esteban, ne tue pas Fernando, il a le droit de savoir !, hurla le garçon avec une voix coupée.
À l'autre bout du téléphone, Derek regarda son mobile pour voir s'il ne s'était pas trompé de numéro, en en fronçant légèrement les sourcils.
-M'appeler Miguel ça ne te suffisait plus ?
-Pardon Derek, mais je regardais la télé et ... On s'en fiche -se coupa-t-il en éteignant la télévision.- Tu voulais me dire quoi ?
-Bin tu sais bien, mon entretien.
-Ah oui ! -se rappela Stiles- Alors, ça s'est passé comment ? Tu as eu le poste ? Oh nan, t'as pas eu le poste, c'est pour ça que tu m'appelles, parce que c'est moins humiliant de me le dire par téléphone, mais tant fait pas, je t'aime Derek, et c'est pas parce que tu n'as pas eu le poste que je vais te larguer. Je vais rester avec toi, je te le promets, le rassura-t-il avant de reprendre son souffle.
-Euh c'est ... C'est bien de savoir que je peux compter sur toi si jamais il m'arrive quelque chose, mais j'ai été pris. Je suis le nouveau barman du Jungle, lui annonça fièrement le loup-garou.
-Quoi ?! Mais c'est génial ! J'ai jamais douté de toi Derek, je savais que tu y arriverais !, le félicita son copain.
-Oh oui, je n'en doute pas une seconde, se moqua Derek.
-Tu commences quand ? Je pourrais venir te voir ?, voulut savoir Stiles.
-Mon premier jour, c'est ce soir. Et je sais pas si j'ai vraiment envie de te voir dans un bar gay. T'es trop mignon, tu te ferais draguer par tout le monde, grogna l'alpha en grimaçant.
-Et toi alors ? Tu pourras même pas te sauver dans la foule si un gars te drague, se lamenta l'adolescent.
Derek rit doucement.
-Mais c'est mon métier, Stily, lui rappela-t-il.
-Aaaaaaaaarg -manqua de s'étouffer le garçon.- Ne m'appelle pas comme ça ! C'est affreux, hideux, inutile et dénué de sens !, s'énerva-t-il en serrant les dents.
-Hé hé hé, tu te souviens de cet horrible surnom que tu m'avais donné : "Sourwolf", et bin ça c'est une vengeance, se moqua le lycanthrope à l'autre bout du fil.
-On a plus rien à se dire alors !, bouda l'adolescent.
-À ce soir, Stily, lui dit son copain juste avant qu'il ne raccroche."
Stiles croisa les bras sur son torse, mécontent, et se dit qu'il n'avait pas du tout envie de laisser son copain seul, au milieu de tous ces muscles en mouvement constant, qui venaient se rafraîchir de temps en temps et par la même draguer les barmans. En rallumant la télévision, il se dit que sa décision était prise : Stily irait au Jungle ce soir.
