Titre : Tes regards enflammés.
Ni Florent, ni Mikele, ni aucune autre personne ne m'appartient. Je ne touche pas d'argent, je ne connais pas personnellement les personnes desquelles je parle.
Point de vue de Florent : 7 mars 2008
Lyon. Je meurs de peur, je ne veux pas monter sur scène. Hors de question, je n'irais pas. Mikele me regarde. Son sourire me donne du courage. Bon aller, je me lance. Ils m'ont posé une question, je dois y répondre… (…)
Et il saute sur scène, semblant fou de joie. Je le regarde des coulisses, il sourit, chante, se déhanche. Il est vraiment TROP mignon. C'est mon tour de rentrer sur scène. J'adresse un clin d'œil à la caméra, caméra qui n'a pas été témoin de ce qui vient de se passer.
On ne peut pas en dire autant de Maeva, Solal, Claire et Mélissa, qui nous regardent tour à tour en se jetant des œillades complices. La chanson se termine. Il hurle « Merci ! Tout va bien ? » avec son accent horriblement chou.
Solal chauffe le public, et nous commençons à chanter Le Bien qui fait Mal pour la première fois. Je brûle, j'ai peur, mais je chante. Et j'aime ça. J'aime entendre ma voix, la notre, celle de la troupe. Toutes nos voix mélangées pour n'en faire au final qu'une… Je trouve ça magique.
Je regarde discrètement Mikele qui soutient mon regard, amusé. Je détourne les yeux, et me rend compte que Mélissa me fixe. « Chante », elle semble vouloir me dire. Et je pars dans un solo. C'est si bon de souffrir… Je pousse le hurlement final, sous un tonnerre d'applaudissement.
Mikele me dévisage en souriant, un peu étonné de mon courage soudain. Il m'invite d'un mouvement de tête à le rejoindre au milieu de la scène pour la dernière interprétation de la soirée. Notre morceau préféré, à Mikele et à moi. Vivre à en crever.
La musique commence, et il se penche à mon oreille et y glisse un « je t'aime aussi », pose sa main sur mon épaule puis recule en riant. Je reste paralysé.
Enfin, sa voix inonde la salle, je n'ai d'yeux que pour lui. C'est magnifique. Tout autour de nous n'existe plus. Il n'y a plus que lui, sa voix merveilleuse, et moi. Il plante ses yeux dans les miens, je frissonne.
Je porte le micro à ma bouche, et une voix douce que je ne me connaissais pas en sort. Je ferme les yeux. Je ne veux plus quitter la scène, mais je ne veux plus qu'on me regarde. Je veux juste à jamais entendre la voix de ce garçon mélangée à la mienne. J'aimerai que ce moment ne se finisse pas.
Quand nous nous disons « On se reverra », il se passe quelque chose de vraiment étrange en moi. Comme un genre de prise de conscience. Bien sur qu'on se reverra. Ça me semble grotesque qu'on puisse, l'espace d'un jour, ne pas se voir.
Flash-back
« Bon, Flo, Mikele, les filles ? On fait comme d'habitude ?
Bien sûr ! Hurlent en cœur les trois filles
Ouais ! dit Mikele, qui, se tournant vers moi fait, Tu es d'accord, Flo ?
Heu oui, oui… »
Comme d'habitude, pour Solal, ça équivaut à se lancer des défis, faire le jeu qu'on faisait dans les cours de récréations lorsque nous étions enfants, « actions ou vérités ? », histoire de se déstresser un peu avant de monter sur scène.
« Moi d'abord ! crie Claire, Mélissa ! Action ou vérité ?
Euh… Action ?
Tu dois… Embrasser Solal !
… Ok. »
Et elle le fait. J'envie son aisance. Sa manière d'être et tout le reste.
« Bon, j'ai réussi, à mon tour. Flo ? Action ? »
Je préférerai éviter. Avec son esprit tordu, elle est capable de me faire faire n'importe quoi.
« Non, vérité, plutôt.
Très bien… Elle jette un regard entendu aux filles et à Solal, et fait «Est-ce que tu aimes quelqu'un ? »
Génial. La question que je redoutais. Mikele me regarde avec intérêt. Je me sens rougir, c'est atroce.
« Ahah, vu comment tu rougis, on sait que oui ! me lance Maeva.
Alors, répond ! dit Solal en posant sa tête sur l'épaule de Claire.
Non mais… Non !
Aller, dis-nous, fait Mikele en souriant.
Elle fait parti de la troupe ? demande Mélissa »
Je ne sais pas comment répondre. La personne que j'aime fait partie de la troupe, certes, mais ce n'est pas une « elle ».
« Je… Oui… Non…
Moi ? Demandent en même temps les trois filles.
N… Non…
C'est un homme ? demande Solal
Je… Arrêtez ! (je rougis encore) ça ne vous regarde pas ! Et puis, on se connait à peine…
C'est moi ? interroge Solal
Non…, mon regard se pose sur Mikele, qui me fixe, tout en souriant.
Donc c'est moi… fait Mikele. »
Fin du flash-back
Nous retournons dans notre loge, tous ensemble. Mikele et moi nous asseyons autour de la table pendant que nos quatre acolytes s'installent sur la banquette, en continuant de nous regarder, sourire aux lèvres. Je regarde Mikele, il semble timide.
Ça fait vraiment bizarre de le voir dans cet état. Il triture la nappe, et a les yeux dans le vague. Quand il voit que je le fixe, il baisse la tête en rougissant. Il a l'air gêné. Il se rend compte que je suis encore plus mal que lui.
Nos quatre amis chuchotent dans leur coin, et j'entends même un
« 5 euros que c'est Florent qui embrasse Mikele en premier !
T'es folle ! 10 euros que ça sera Mikele ! Regarde, Flo est tout blanc…
… Les boulets. Je tourne la tête vers lui, il prend mon visage entre ses mains et pose avec beaucoup de douceur ses lèvres sur les miennes.
J'ai gagné 10 euros, Maeva !
… Tu soules, Solal ! Laisse nous profiter, roh !
Ouah l'excuse ! (je crois que c'est la voix de Mélissa) »
Mikele s'écarte tout doucement.
« Hum… Et si on les laissait ?, dit Claire
Laissez tomber. On doit tous rentrer de toute façon, non ? » fait Mickey
Je le regarde, un peu déçu. Il me tapote la tête et sourit. Il ramasse ses affaires et sort.
« A demain ! »
La loge est soudain plongée dans le silence. Claire me lance un drôle de regard.
« Tu sais, j'étais convaincue que je sortirais avec toi. J'pensai pas que t'étais gay. T'as pas la carrure… »
