Alors... que puis-je dire ? Ne nous laissez jamais dans une pièce parce que nous finirons de toutes façons par parler de Reborn! et que cela résultera en des histoires avec des couples farfelus.
Donc, voici le résultat de notre dernière conversation sur le couple Alaude/OC.

Aussi non, cette histoire (à l'humour complètement ridicule et de bas étage) est un Three-Shot (trois chapitres en total quoi...) et nous publierons quotidiennement ;D

Sans oublier un point important : dans cette fic, les personnages parlent plusieurs langues. L'espagnol sera mis en italiques, l'italien en gras et italiques et ils seront tous les deux suivis de traductions entre parenthèses :D

Comme tout a été dit, bonne lecture !


Alouette, gentille alouette~


Elle savait qu'elle n'aurait jamais du accepter cette offre d'être une jeune fille au pair à Paris.
D'accord, elle voulait apprendre le français et comment mieux le faire qu'en étant dans la ville des Lumières ?
Cependant, lorsqu'elle avait accepté (en jeune fille naïve qu'elle était), elle n'aurait jamais imaginé que ça finirait ainsi...

À savoir dans une galerie réputée en train de chercher les deux démons qu'elle était censée surveiller.

- Jean ? Michel ? appela-t-elle avec son accent étranger décelable dans sa voix grave. Où être vous ?

Des ricanements purement démoniaques résonnèrent dans la galerie peuplée de français qui faisaient leurs courses pour les fêtes de fin d'année et la jeune fille au pair continua à chercher tout en essayant d'ignorer son mauvais pressentiment. Les deux enfants étaient en train de faire une bêtise, elle en était certaine !

Et elle avait raison car une colonne de fumée s'éleva lentement dans la galerie pour ensuite se propager dans celle-ci. La jeune fille écarquilla de pure frayeur ses yeux et se précipita vers l'endroit d'où provenait la fumée car il n'y avait jamais de fumée sans feu. Et qu'il n'y avait jamais de feu sans avoir un des démons dans les parages...

Lorsqu'elle arriva sur place, elle aperçut les deux enfants agenouillés autour d'un feu de camp (comment avaient-ils réussi à faire un feu de camp dans cette galerie?) et hurla leurs prénoms pour qu'ils sachent qu'elle était là.

- Jean ! Michel ! Vous méritez une bonne fessée ! cria-t-elle en utilisant la seule phrase qu'elle connaissait par cœur.

Les deux garçons sursautèrent et ouvrirent largement leurs yeux de frayeur car ils savaient qu'elle ne rigolait jamais avec cette menace. Puis, ils sourirent et se tournèrent vers l'homme qui se trouvait dans leur dos.

- C'est elle, Monsieur l'agent, déclara l'aîné (Jean) en désignant la jeune fille au pair.

- Oui, Monsieur, affirma le cadet en opinant du bonnet. C'est elle qui a allumé ce feu !

L'homme, qui était vêtu de l'uniforme caractéristique de la police française, fronça ses sourcils et tourna sa tête blonde vers la jeune fille qui frissonna sous le regard meurtrier de l'agent de l'ordre.

- Vous, l'interpella-t-il en s'approchant de cette dernière et en sortant une paire de menottes en acier. Êtes-vous la responsable de cette débâcle ?

- ¡Si lo hubiera sabido, no os hubiera dejado solos ! (Si je l'avais su, je ne vous aurais pas laissés seuls!), persifla la jeune en menaçant les deux enfants qui lui firent de grands sourires derrière l'agent.

- Ce n'est pas en parlant ce galimatias que vous vous en sortirez, rétorqua le policier en mettant la menotte autour du poignet de la jeune fille.

- ¿Qué? ¿Pero, por qué? ¿Qué he echo? (Quoi ? Mais pourquoi ? Qu'ai-je fait?), balbutia cette dernière en tentant d'enlever l'objet.

- Suffit, tonna l'homme en la traînant jusqu'au commissariat le plus proche. Vous êtes en état d'arrestation pour feu sur la voie publique...

- ¿Qué ? s'étrangla la jeune fille en essayant de ne pas bouger. ¡No puedo ! ¡Tengo que vigilar a los hijos del Demonio ! (Quoi ? Je ne peux pas ! Je dois surveiller les enfants du Diable!)

Cependant, le policier ne l'écouta pas (ou alors, ne la comprit pas) et il la guida jusqu'au commissariat pour ensuite la forcer à s'asseoir sur une chaise branlante devant un bureau.

La jeune fille au pair s'éclaircit la gorge avec un air gêné lorsque ses mains furent libérées et elle bougea nerveusement sur sa chaise instable alors que l'homme s'asseyait sur le siège derrière le bureau.

- Je suis l'agent Alaude, se présenta-t-il en sortant une feuille (probablement pour faire un rapport). Quel est votre nom ?

Les yeux sombres de la jeune étrangère s'illuminèrent en reconnaissant une phrase qu'elle pouvait traduire dans sa langue maternelle et elle s'empressa d'y répondre.

- Maria del Sacramento de la Santissima Virgen Azalea Aurora Vicente del Prado, déclara-t-elle poliment.

L'agent écrivit le premier prénom pour ensuite froncer ses sourcils et inscrire le dernier nom de famille. Voyant l'erreur dans le rapport, Maria tendit sa main et saisit de force la plume du policier pour ensuite tourner la feuille et barrer proprement l'erreur afin d'y inscrire son nom complet.

- Voilà, sourit-elle gaiement.

Alaude plissa ses lèvres en une moue agacée et il reprit sa plume ainsi que son rapport. Il chiffonna ensuite la feuille et la jeta dans la corbeille la plus proche pour après prendre un nouveau fichier. Et y inscrire une nouvelle fois Maria del Prado.

- Oye, marmonna la jeune en fronçant ses sourcils. ¿Me estas tomando el pelo ? (Hey ? Tu te fous de moi?)

- Date de naissance ? demanda le policier sans prêter attention à sa question.

Maria vit rouge et prit une nouvelle fois la plume ainsi que la feuille pour barrer salement le nom et y inscrire le sien. Puis, reconnaissant quelques mots dans la ligne suivante, elle y inscrivit sa date de naissance. Ses yeux passèrent en revue la question suivante et elle hocha doctement sa tête, se rappelant des cours de français qu'elle avait reçus avec son tuteur lorsqu'elle vivait encore en Espagne.

Raison pour arrestation : « Crétin de policier m'a prise pour une délinquante alors que c'était la faute de deux gamins diaboliques » écrivit-elle dans sa langue maternelle avec sa plus belle lettre.

Satisfaite du résultat, la jeune espagnole tendit le rapport au policier avec un sourire fier d'elle-même et manqua de faire un arrêt cardiaque lorsque ce dernier déchira proprement la feuille qu'il avait reçue.

- Mais, pourquoi ! hurla-t-elle en utilisant les rares mots de français qu'elle connaissait.

- C'est à moi d'écrire les rapports, répondit sérieusement l'agent Alaude en prenant un nouveau fichier pendant que Maria secouait avec incrédulité sa tête.

- Seras idiota (Tu es idiot...), marmonna-t-elle.

- Insulte les autorités... je note, ajouta le policier en écrivant proprement les faits qu'il avait retenus contre la jeune fille.

- Hijo de la gran perra...

- Je note, répéta sérieusement Alaude.

- ¿Eres un imbecil, lo sabias ? (Tu es un imbécile, tu le savais?)

- Vous passerez donc la nuit dans une cellule, Mademoiselle Del Prado, cingla le policier en déposa sèchement sa plume sur son bureau et en se levant brusquement.

Maria, n'ayant absolument rien compris de ce qu'avait sorti l'homme, se contenta de ciller et suivit l'adulte lorsque ce dernier lui fit signe de le suivre. Pour s'arrêter derechef devant la porte grande ouverte d'une cellule.

- Non, refusa-t-elle directement. Ni lo sueñes... (Même pas en rêves...)

- Si vous ne rentrez pas là-dedans, menaça le policier en saisissant ses menottes. Je vous coffre en prison...

Ayant compris le dernier mot, Maria soupira et rentra dans la cellule du commissariat tout en se plaignant à mi-voix en espagnol. Puis, elle garda le silence alors qu'Alaude se rendait à nouveau dans son bureau (qui était à quelques mètres de sa cellule, le commissariat n'étant pas particulièrement grand). Les heures passèrent lentement et la jeune espagnole commença rapidement à s'ennuyer et à s'inquiéter pour son travail. Comment allait réagir la famille qui l'avait prise au pair s'ils se rendaient compte qu'elle avait été arrêtée alors qu'elle surveillait leurs enfants ?

Maria soupira et se recroquevilla sur la paillasse qui traînait dans le fond de sa cellule tout en appuyant sa tête sur ses genoux. Était-il temps qu'elle se prépare pour rentrer en Espagne ? Et qu'elle affronte les regards désobligeants de ses parents qui l'avaient envoyée en France pour s'assurer qu'elle trouve un mari convenable car ils étaient convaincus que tous les Français étaient des hommes polis, romantiques et pleins aux as...

La jeune fille secoua vivement sa tête et réalisa alors qu'elle était gelée. Le commissariat semblait ne pas avoir de cheminée (ou alors, fait plus probable, Alaude ne voulait pas dépenser en charbon pour sa poêle) et sa cellule était devenue rapidement aussi froide qu'un pays nordique.

- EEHHH ! appela-t-elle avec sa voix grave tout en secouant bruyamment ses barreaux qui firent un boucan de tous les diables. TENGO FRIOOOOO ! (J'AI FROIIIIIIID !)

Un soupir résonna dans le commissariat et Maria étrécit ses yeux. Bien, le blond n'était toujours pas rentré chez lui, elle avait encore une chance de s'en sortir ou de recevoir de quoi se réchauffer s'il refusait une nouvelle fois de la laisser partir...

- Señor Alaude ! fit-elle avec une intonation pressente et en claquant des dents. ¡Tengo frio !

Seul le silence lui répondit et cela agaça prodigieusement la jeune fille.

- J'ai dit, hurla-t-elle de toutes ses forces tout en secouant une nouvelle fois les barreaux. ¡Tengo frio !

Cependant l'agent ne bougea pas de son siège (d'ailleurs, que pouvait-il bien faire?) et Maria soupira tout en frissonnant et claquant des dents violemment.

Tout en se jurant que si elle survivait à cette nuit atroce, elle ferait de la vie d'Alaude un enfer, la jeune espagnole secoua une nouvelle fois les barreaux et hurla la phrase qui lui sauverait la vie.

- GOTEN FROI !

Constatant qu'elle s'était emmêlée dans ses mots, Maria ouvrit une nouvelle fois sa bouche pour annoncer qu'elle allait bientôt mourir de froid mais fut surprise par la présence du policier de l'autre côté des barreaux.

- Si vous aviez froid, il aurait suffit de le dire plus tôt, la réprimanda ce dernier en balançant une couverture dans le sol glacial de la cellule.

La jeune fille au pair cilla sans comprendre et son visage s'illumina lorsqu'elle réalisa que l'agent l'avait bel et bien entendue et lui avait donné une couverture. Elle s'empressa de prendre l'étoffe et la porta à son visage pour apprécier le présent (et se réchauffer la tête). Cependant, une odeur pestilentielle s'échappait de la couverture et Maria fit une grimace lorsque les relents nauséabonds l'entourèrent.

- Hey ! appela-t-elle en constatant qu'Alaude se dirigeait vers son bureau.

Le policier ne se tourna pas et Maria fit une grimace avant de sourire largement. Elle prit la couverture pestilentielle et la lança prestement vers l'adulte.

Comme la jeune avait toujours su bien viser (elle était une championne lorsque les deux démons nommés Jean et Michel voulaient faire des batailles de boules de neige), l'étoffe nauséabonde heurta avec précision la tête du policier et s'enroula ensuite avec une lenteur surnaturelle autour de celle-ci.

Un ricanement retentit dans le commissariat et Maria se laissa tomber sur sa paillasse tout en éclatant de rire bruyamment alors qu'Alaude enlevait la couverture pour la jeter violemment dans la corbeille.

Et la nuit passa ainsi, entre le policier qui remplissait des rapports et la jeune fille qui riait roulée en boule sur sa paillasse tout en tremblant de froid.

Le lendemain matin, Maria ouvrit un œil vitreux et constata avec bonheur qu'elle avait survécu à la vague de froid. Mais sans l'aide du policier français se rappela-t-elle en grimaçant.

La jeune fille se leva lentement, ses muscles endoloris par le froid et la position inconfortable qu'elle avait prise pendant la nuit protestèrent violemment et elle tituba maladroitement dans sa minuscule cellule pour ensuite s'étirer tant bien que mal.

- Je vois que vous êtes réveillée, déclara une voix masculine glaciale qui mit automatiquement de mauvaise humeur Maria.

Cette dernière se retourna vivement et aperçut avec contrariété le visage inexpressif du policier qui l'avait enfermée dans cette cellule glaciale la veille et fit une grimace en remarquant que l'homme semblait être en parfaite forme malgré sa nuit blanche.

- Petit-déjeuner, ajouta ce dernier en glissant un plateau par l'entrebâillement des barreaux.

Affamée parce qu'elle n'avait pas mangé depuis la veille à midi, Maria s'approcha avec bonne humeur du plateau et se figea net en apercevant les mets qui y étaient. Ou plutôt, le met.

- C'est quoi ça ? grinça-t-elle en saisissant le quignon de pain sec et le verre d'eau.

- Petit-déjeuner, répéta le blond avec agacement.

- ¿Y donde estan los panecillos ? ¿Los croissants ? ¿El jugo de naranja ? (Et où sont les petits pains ? Les croissants ? Le jus d'orange?), se plaignit la jeune fille en balançant le quignon vers le policier.

Néanmoins, ce dernier semblait être désormais habitué à être une cible car il évita sans problème le morceau de pain sec tout en se rendant vers son bureau et Maria croisa ses bras avec mauvaise humeur. Avant d'apercevoir le verre d'eau et de faire un large sourire.

- Monsieur Alaude, appela-t-elle avec une voix polie.

Le français arqua un sourcil et revint une nouvelle fois devant la cellule pour regarder avec son air impassible la jeune fille.

- Qu'y a-t-il, mademoiselle Del Prado, demanda-t-il avec une voix qui laissait sous-entendre le peu de patience qu'il possédait.

- Cadeau ! s'exclama-t-elle avec un large sourire tout en sortant le premier mot français qu'elle avait appris à Paris.

Le policier haussa encore plus un sourcil et s'approcha légèrement des barreaux pendant que Maria en faisait de même.

- Que voulez-vous dire par là ? s'enquit-il en penchant faiblement sa tête sur le côté et en scrutant attentivement le visage souriant de l'espagnole.

- Cadeau pour vous, expliqua-t-elle en lançant son verre d'eau vers l'agent.

Alaude recula brutalement et poussa une léger grognement lorsqu'il sentit l'eau glacée et croupie mouiller son uniforme. Saisissant ses menottes, il se tourna vers la captive et fronça ses sourcils en constatant que cette dernière se roula sur le sol de la cellule tout en rigolant aux éclats.

- ¡En toda la jeta ! (Dans la face!), gloussa-t-elle en essuyant ses larmes d'hilarité.

- Très bien, grinça Alaude en se tournant sèchement vers la cellule où se trouvait la jeune espagnole. Si vous le prenez ainsi, je suis sûr que vous serez ravie de rester ici quelques jours en plus...

Comme elle ne comprenait rien de ce qu'avait murmuré le policier, Maria se contenta d'acquiescer tout en riant aux éclats.

- Como quieras~ (Comme tu veux...)

Ce ne fut qu'après quelques heures que la jeune fille comprit ce qu'elle avait accepté plus tôt...

- Alaude ! appela une voix masculine alors que les portes du commissariat français s'ouvraient avec un grincement. Où es-tu mon ami ?

Maria ouvrit péniblement un œil et se retourna lentement sur sa paillasse pour apercevoir depuis sa cellule qu'un jeune homme blond (qui n'était pas le crétin de policier qui l'avait retenue captive depuis deux jours...) se trouvait à l'entrée.

- El señor Alaude no está aquí (Monsieur Alaude n'est pas ici), déclara-t-elle en comprenant que le nouveau-venu recherchait le démon qui l'avait emprisonnée dans cette fichue cellule glaciale.

- Oh ? s'exclama avec surprise l'inconnu blond en s'avançant vers l'endroit où résidait depuis deux jours Maria. Alaude non è qui ? (Alaude n'est pas ici ?)

Les yeux marrons de l'espagnole s'écarquillèrent en entendant l'italien et elle acquiesça vivement tout en faisant un large sourire à l'homme qui se trouvait désormais devant elle.

- Si, si, fit-elle gaiement. Parli spagnole ? (Parles-tu espagnol ?)

- No, mi dispiace (Non, j'en suis désolé), s'excusa l'adulte en secouant doucement sa tête. Chi sei ? (Qui es-tu ?)

- Maria del Sacramento de la Santissima Virgen Azalea Aurora Vicente del Prado, se présenta la jeune en s'inclinant poliment malgré le peu de place dans sa cellule. E tu ? (Et vous ?)

- Giotto di Vongola, répondit avec un large sourire le dénommé Giotto en s'inclinant à son tour. Dove è Alaude ? (Où est Alaude ?)

- Monsieur Alaude est chez les brigands, fit Maria en sortant en français ce que lui avait dit plus tôt le policier en quittant le commissariat. De retour à quatre heures.

- Je vois, murmura le blond en repassant également au français. Et pourquoi êtes-vous dans cette cellule ? Je doute fort que vous soyez une racoleuse...

Maria pencha sa tête sur le côté, n'ayant rien compris et Giotto élargit son sourire en réalisant subitement la raison pour laquelle la jeune fille s'était retrouvée derrière les barreaux.

- Non parla une parola di francese, giusto ? (Tu ne parles pas un mot de français, n'est-ce pas ?), demanda-t-il en s'asseyant sur la chaise brinquebalante qu'avait utilisée Maria lors de son interrogatoire.

- Es verdad (c'est vrai), admit-elle à contrecœur. Je suis une jeune fille au pair espagnole.

Décidément, elle était dans une bonne journée ! En moins d'une heure, elle avait su glisser deux phrases en français ! Ses parents allaient être fiers d'elle (et horrifiés parce qu'elle avait été enfermée dans une cellule crasseuse pendant deux jours et plus...).

- Hai detto a Alaude esso ? (Tu as dit ça à Alaude?), demanda Giotto avec un sourire entendu.

Maria écarquilla ses yeux de surprise et secoua sa tête tout en se maudissant d'être si tête-en-l'air.

- No, marmonna-t-elle en fermant ses yeux de lassitude.

- Alaude ! s'exclama alors le blond en se levant brusquement.

La jeune fille sursauta et constata que le désagréable policier était bel et bien là. Avec un homme menotté devant lui.

- Qui est-ce ? s'enquit Giotto après avoir serré la main du français qui poussa le prisonnier vers son bureau afin de l'interroger.

- Une vermine des bas-fonds de Paris qui a cru bon de venir saccager ma ville, marmonna l'agent en forçant l'homme menotté à s'installer sur la chaise qu'il avait au préalable replacée devant son bureau.

L'Italien remarqua alors l'air contrit de Maria et se remit à sourire tout en s'avançant vers Alaude qui avait commencé son interrogatoire.

- Comme tu n'étais pas là, commença Giotto en s'appuyant sur le bureau du policier qui se contenta de l'ignorer tout en claquant sa langue avec énervement. J'ai discuté avec la petite Maria...

- Qui ça ? marmonna Alaude tout en notant le nom du malfrat.

Depuis sa cellule, la jeune fille au pair grogna. Elle était certaine que ce crétin de policier obtus venait de l'insulter ou de la rabaisser...

- Voyons, continua le jeune Vongola en riant avec amusement (il semblerait que tout l'amusait). Je parle de la charmante espagnole qui est récemment domiciliée dans cette cellule...

- Ah, elle... constata faiblement le français tout en inscrivant les délits qu'avait faits l'homme menotté. Et ?

- Figure-toi qu'elle parle très bien l'italien, commenta Giotto en haussant ses épaules et en jouant avec un des rapports qui traînaient sur le bureau en bois du policier.

Ce dernier n'apprécia guère ce fait et prit une nouvelle paire de menottes pour essayer de capturer le bras du blond. Cependant, Giotto sembla prévoir cela car il évita sans problème les bracelets en acier et sauta habilement du bureau pour ensuite s'approcher de la cellule où résidait le sujet de leur conversation.

- Et qu'elle ne parle pas un mot de français, termina-t-il en hochant doctement sa tête.

Alaude cessa d'écrire sur sa feuille et leva sa tête pour regarder avec un air indéchiffrable le jeune italien.

- Vraiment ? fit-il en déposant doucement sa plume dans son porte-plume. Dans ce cas, comment se fait-il qu'elle m'ait parlé en français ?

- Elle connaît sûrement quelques mots par-ci, par-là, déclara Giotto en haussant ses épaules. Ça ne m'étonnerait pas... D'ailleurs, pourquoi l'as-tu arrêtée ?

- Feu sur la voie publique, marmonna Alaude en recommençant à écrire.

- Feu sur la voie publique ? répéta avec incrédulité le blond. Elle ? Mais elle a l'air inoffensive !

- Méfie-toi de son apparence, lança le policier tout en rangeant son rapport dans la farde correspondante. C'est une vraie teigne...

Giotto secoua sa tête tout en riant doucement et se tourna ensuite vers Maria qui les avait écoutés parler attentivement.

- Hai acceso un fueco per la strada ? (As-tu allumé un feu dans la voie publique?), demanda-t-il à la jeune fille.

Cette dernière secoua vivement sa tête et se mit aussitôt à babiller en italien tout ce qui s'était passé avec les deux démons qu'elle était censée surveiller et qui avaient su s'échapper quelques secondes pour ensuite mettre le feu à la galerie.

- Voilà ta réponse, déclara Giotto en faisant un large sourire à son ami. Elle n'a pas allumé un feu mais ce sont les deux chenapans qu'elle surveillait qui l'ont fait.

Alaude étrécit ses yeux pâles et se leva brusquement de sa chaise pour ensuite se rendre devant la cellule où se trouvait la source de ses problèmes actuels.

- Noms des enfants ? siffla-t-il en croisant le regard défiant de l'espagnole.

Agacée par son manque de politesse, Maria voulut le lui rappeler en lui sortant une des rares phrases en français qu'elle avait apprises une fois à Paris.

À savoir « On dit s'il-vous-plaît. ». Cependant, et elle ne savait pas pourquoi, ce fut une autre phrase qu'elle répétait également fréquemment qui sortit.

- Avez-vous lavé vos dents ?

- Plaît-il ? demanda Alaude en fronçant ses sourcils pendant que Giotto éclatait d'un rire peu discret dans son dos.

- Non, se corrigea aussitôt Maria en constatant son erreur. Queria decir... (Je voulais dire...) Si vous avez été gentil, je vous le donnerais !

- Pardon ? s'étrangla quasiment le policier alors que son ami pleurait de rire.

La jeune fille au pair commença à paniquer, elle n'était pas habituée à être regardée aussi méchamment par un homme alors qu'elle essayait sincèrement de communiquer. (Bon, d'accord, elle avait surtout voulu le corriger mais le barrage linguistique avait été trop fort...)

- ¡No ! dit-elle presque en sanglotant. Vous méritez une bonne fessée !

Cette phrase scella sa vie. Car sitôt qu'elle l'eut prononcée, Giotto s'écroula sur le sol crasseux du commissariat et se mit à convulser tout en poussant des gloussements alarmants pendant qu'Alaude restait figé devant les barreaux alors que Maria se terrait sur sa paillasse.

- Qu'avez-vous dit ? siffla le policier avec un air purement démoniaque qui fit couiner de terreur la jeune fille.

- Vous avez été de vilains garçons, vous méritez une bonne fessée, pleura-t-elle tout en recouvrant ses yeux de ses mains pour ne plus voir le visage assombri par la colère du français.

Giotto poussa un râle et serra avec force le col de sa chemise tout en continuant à pleurer de rire.

- Pietà ! Pietà ! (Pitié ! Pitié!), parvint-il à glisser entre deux rires alors qu'il continuait à se convulser sur les pieds d'Alaude. Abbi pietà di me, Maria ! (Aie pitié de moi, Maria!)

La jeune fille continua à trembler de frayeur et le policier français soupira bruyamment tout en se tournant vers le malfrat qui était toujours menotté à son bureau.

- Ne bougez pas, lança-t-il à l'étrange duo.

Ensuite, Alaude enleva les menottes du poignet du bandit et força ce dernier à le suivre dans l'arrière-cour du commissariat. Des cris et grognements de douleur résonnèrent peu de temps après pendant que Giotto essayait de calmer son fou rire.

- Non ci credo... Dove hai preso queste frasi ? (Je n'y crois pas... Où as-tu trouvé ces phrases?), demanda-t-il en essuyant ses dernières larmes. Sono quasi morto dal ridere... (Je suis presque mort de rire...)

- Lo siento (Je suis désolée), s'excusa Maria en inclinant piteusement sa tête. Je ne voulais pas ça...

- Ce n'est pas grave, dit doucement le blond en souriant faiblement. Je sais que tu ne pensais pas à mal.

- Che cose ho detto in francese ? (Quelles choses ai-je dites en français?), s'enquit-elle timidement.

La jeune fille craignait déjà ce qu'allait lui dire l'italien... Cependant, elle n'aurait jamais pensé avoir sorti autant de stupidités en aussi peu de temps et se mit à rougir violemment lorsqu'elle comprit à quel point sa maladresse l'avait enfoncée dans le pétrin.

- Monsieur Alaude... fâché ? demanda-t-elle en regardant avec crainte la porte qui menait à l'arrière-cour et d'où parvenaient encore les cris de douleur. Por mi culpa ? (Par ma faute?)

- Pas vraiment, la rassura aussitôt Giotto en continuant à sourire doucement. Il est juste comme ça... Alaude n'aime pas vraiment qu'on se moque de lui.

Maria hocha sa tête et se mit peu à peu à faire la traduction de ce que venait de lui dire l'Italien. Ne pas aimer, elle connaissait. Après tout, les démoniaques Jean et Michel avaient l'habitude de le dire lorsqu'elle leur servait des épinards.

À la simple pensée des plats que refusaient les enfants, son estomac grogna bruyamment et elle soupira tout en appuyant son front contre le mur glacial de sa cellule.

- J'ai faim... grommela-t-elle en frappant doucement sa tête contre la parois. Je veux une paella... cocido... calamares... Comida...

- Tu as faim ? demanda le blond en la regardant avec un air étrangement sérieux si on prenait en compte le fait que peu de secondes avant il avait été occupé à se rouler à terre tout en riant comme un possédé. Quand as-tu mangé pour la dernière fois ?

- Deux jours, répondit-elle en faisant un fin sourire parce qu'elle avait compris la phrase et su répondre en français.

Giotto fronça ses sourcils et se dirigea sans un mot vers l'arrière-cour pendant que Maria fermait ses yeux et songeait aux nombreux plats qu'elle rêvait de manger. Des bruits de conversation animée la sortirent de ses songeries éveillées et la jeune espagnole constata avec surprise qu'Alaude était revenu dans le commissariat. Sans le malfrat.

Oh.

- Tu ne lui as pas donné à manger ? s'insurgea l'Italien en faisant de grands mouvements avec ses bras.

Le français garda le silence et croisa ses bras tout en gardant ses menottes à portée de main.

- Je pensais que tu suivais les règles, commenta sèchement Giotto en accroissant son froncement de sourcils. C'était d'ailleurs pour ça que je t'ai fréquenté... Dans ce cas, pourquoi ne lui as-tu pas donné la nourriture, comme le disent les règles ?

- Les règles ne servent à rien si elle te jette la nourriture à la figure comme un vulgaire singe, persifla Alaude en s'asseyant derrière son bureau.

- Combien de fois t'a-t-elle jeté de la nourriture ? voulut savoir Giotto en arquant un sourcil.

- Une, admit le français en rangeant ses dossiers dans les fardes correspondantes.

- Et juste pour une fois, tu as décidé qu'elle serait mieux sans nourriture ?

- Si je lui donne à manger, tu retourneras en Italie ? s'exaspéra le policier en se levant et en marchant vers le placard où se trouvaient les vivres.

- C'est possible, déclara l'autre blond en le suivant.

Giotto se figea alors en apercevant ce qui se trouvait dans le placard.

- Tu veux sérieusement qu'elle mange ça ? s'exclama-t-il avec un indignation. Je comprends qu'elle te l'ai jeté à la figure... Moi-même, je l'aurais fait !

- Je ne vois pas en quoi c'est mauvais, déclara Alaude en arquant un sourcil. Je mange ça également et je ne m'en suis jamais plaint...

L'Italien retint de justesse une remarque sur le régime pain sec-eau de son ami et passa une main dans sa chevelure déjà suffisamment ébouriffée pendant que Maria les observait faire en silence.

- Abbastanza ! (Suffit!), maugréa-t-il en maudissant la migraine qui l'entraînait chaque fois qu'il essayait de contredire son ami français. Je vous emmène au restaurant. Les deux.

Le policier voulut refuser, arguant qu'il était encore en service et que Maria était tout simplement emprisonnée mais Giotto ne l'écouta pas et ouvrit simplement la porte de la cellule de la jeune fille avec la clé qu'il avait discrètement volée à Alaude pendant leur discussion.

- Si elle en profite pour s'échapper, je te coffrerais, maugréa ce dernier en finissant par les suivre.

- Maria ne fera jamais ça, n'est-ce pas ? sourit le blond en donnant son bras à l'espagnole qui était sortie de sa cellule avec un pas titubant.

Maria ouvrit sa bouche pour demander ce qui venait de se passer mais se rappela rapidement ce qu'elle avait auparavant sorti au policier et referma aussitôt sa bouche, refusant de se ridiculiser encore plus.

Leur sortie au restaurant fut étrange pour la qualifier en un mot. Entre Maria qui n'osait pas parler et s'empiffrait comme si elle n'avait pas mangé depuis des lustres (ce qui était vrai...), Giotto qui discutait gaiement de tout et de rien et Alaude qui gardait un silence maussade, ce ne fut en rien un dîner agréable et convivial. En rien.

Néanmoins, la loi du silence implicite entre le policier et la jeune fille au pair vola en éclats lorsqu'ils sortirent du restaurant et prirent la direction du commissariat.

- Ni lo soñeis (Ne le rêvez même pas), grogna-t-elle avec animosité tout en restant plantée sur le trottoir face à l'établissement judiciaire. ¡No voy a volver alli ! (Je ne vais pas retourner là!)

- Si tu nous disais le nom de la famille qui t'a accueillie ici, tu pourrais partir, Maria, déclara calmement Giotto en comprenant ce qui se passait avec la jeune fille.

- Les Dupré, marmonna-t-elle en refusant de croiser le regard des deux hommes qui l'accompagnaient. Je suis une jeune fille au pair chez les Dupré.

- Une fille au pair, murmura Alaude en saisissant pensivement son menton. Ça expliquerait sa maîtrise pitoyable du français...

Se sentant une nouvelle fois insultée, Maria fusilla des yeux le français et s'assit sur un banc public avec un air buté.

- Je n'irais pas, assura-t-elle en croisant ses bras. Je reste ici.

Le policier soupira et se dirigea vers son commissariat en silence, laissant les deux étrangers assis sur le banc en silence. Peu de temps après, Alaude sortit du bâtiment et les rejoignit pour ensuite jeter une feuille à l'espagnole qui la saisit avec curiosité.

- Vous avez été renvoyée, déclara l'agent avec sa voix impassible. Voici l'adresse où se trouvent vos affaires.

- Quoi ?! s'exclamèrent à l'unisson les deux autres pendant que Maria serrait avec force la misérable feuille de papier qui contenait tout ce qu'elle possédait.

- Mais où va-t-elle aller ? s'enquit Giotto en fronçant ses sourcils. La pauvre est hors de son pays et ne sait pas parler français !

Alaude haussa ses épaules et se contenta de répondre que sa fonction n'allait pas jusque là. Il était policier, pas le Messie.

- Je suis... murmura Maria en tremblant frénétiquement. Suis sans maison... sin hogar... (sans maison)

- Si vous aviez été présente ces derniers jours pour surveiller les enfants, vous n'auriez pas été renvoyée, commenta le policier en secouant sa tête face à l'inutilité notoire de la jeune fille.

- E 'colpa tua ! (C'est ta faute!), réalisa froidement Giotto en pointant son index vers Alaude. Si tu ne l'avais pas arrêtée pour une chose qu'elle n'avait même pas faite et enfermée pendant deux jours sans raisons, elle aurait encore une maison !

- ¡Es verdad ! affirma l'espagnole en opinant du bonnet. ¡Todo es culpa tuya !¡Si no hubieras sido tan idiota, todavia estaría al cargo de los hijos del Demonio ! (C'est vrai ! Tout est de ta faute ! Si tu n'avais pas été aussi idiot, je serais toujours en charge des enfants du Diable!)

Accusé de tous côtés par des langues qu'il ne comprenait guère, le policier souffla bruyamment et finit par lever une de ses mains afin de demander du silence.

- Bien, déclara-t-il sèchement. Si je l'engage comme femme de ménage, j'aurais la paix ?

Le visage sérieux de Giotto se fendit alors d'un large sourire satisfait et il acquiesça pendant que Maria penchait sa tête sur le côté, n'ayant comme d'habitude rien compris. Remarquant cela, le policier saisit l'une des mains de la jeune fille et la tira vers le commissariat avec agacement.

- Pourquoi ! hurla-t-elle en se débattant. Moi rien faire de mal !

- Toi travailler là, répondit tout aussi fort Alaude en priant les cieux pour avoir la patience de supporter l'espagnole.

Celle-ci se mit alors à sourire gaiement et sautilla vers le commissariat en tirant le bras de l'agent afin d'y aller plus vite.

- Plus vite, Monsieur Alaude, plus vite, l'enjoignit-elle tout en pressant le pas. Moi beaucoup travailler aujourd'hui !

- Ne sont-ils pas adorables, gloussa Giotto en restant assis sur le banc public et en regardant son ami être entraîné de force par une jeune fille enthousiaste. À quand le mariage ?


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