Alors, les personnages sont la propriété de JK Rowling comme tout le monde le sait si bien. Je gagne rien à écrire cette histoire (dommage, je ne serais pas contre quelques euros).
Ce petit OS contient un léger spoiler du tome 7 et est loin d'être gai. Comme toutes mes fics d'ailleurs.
Bonne lecture !
L'erreur d'un père
Regulus Arcturus Black
1962-1980
Deux mots et deux dates gravée à même le marbre. C'est tout ce qui me reste de toi à présent. Une tombe froide et vide.
Le ciel est menaçant. Le vent est assez fort. Il fait froid. Pourtant, je ne bouge pas. Je reste là, silencieux, face à toi. Toi qui ne peux plus me voir ni m'entendre, toi qui a cessé de penser.
Tout le monde est déjà parti. Même ta mère. Elle ne s'est pas retournée, n'a pas pleuré. Je sais qu'elle n'a pas de coeur – ou du moins qu'elle ne le montre pas, mais j'ai osé espérer que pour les funérailles de son fils elle aurait fait l'effort de paraître triste ou de montrer sa peine. Encore une fois, mes illusions ont été vaines.
Tu me manques déjà Regulus. À peine trois jours que tu nous as quitté et si tu savais à quel point ton absence me pèse. Jamais trois jours ne m'ont paru si longs, si lourds.
Tu es parti beaucoup trop tôt. Tu étais trop jeune. Tu n'aurait pas dû mourir. Et certainement pas de cette manière. S'il y a une personne à blâmer, à faire payer, c'est moi. Pas toi. Tu n'en serais pas là si j'avais été à la hauteur de mon rôle de père. Sirius ne se serait pas enfui. Tu n'aurais pas été marqué. Nous aurions pu presque ressembler à une famille. C'est de ma faute. Pardonne-moi.
Si j'avais été un bon père, si je n'avais pas suivis ces stupides règles de conduite, je n'aurais pas perdu mes deux fils. Les deux personnes qui comptaient le plus à mes yeux sont partis. Toi, tu es mort et ton frère a préféré me fuir.
Cela fait beaucoup de culpabilité pour un seul homme. Mais je la mérite amplement. Je sais ce que tu m'aurais dit, Regulus. Tu m'aurais contredit. Tu m'aurais dit c'est faux, que ce n'est pas ma faute. Tout pour soulager ma conscience ; ou ce qu'il en reste. Le penserais-tu réellement seulement ? Car oui, Regulus, je te demande ta vraie pensée. Ton véritable avis. Et non, l'hypocrisie que t'a enseigné la harpie qui te sert de mère. Sirius, lui, m'aurait largement approuvé, peut-être un peu trop. Il a toujours tendance à en rajouter. Oui, je connais cette manie qu'a Sirius à se mettre en avant ainsi que ses idéaux. J'espère seulement que cela ne lui attira pas trop d'ennui.
Je ne prétends pas vous connaître, ton frère et toi. Certes, j'ai su apprendre quelques traits de vos caractères, les principaux. Mais certainement pas comme un père doit connaître ses enfants. Ma vision de vous est tellement artificielle. Si peu profonde. En réalité, je penche à croire que je ne vous connais pas. Ou du moins autant qu'un simple voisin. Presque un inconnu.
Qu'ai-je à dire sur vous ? Sirius : le petit rebelle, prêt à tout pour se faire remarquer, trop turbulent, trop confiant. Regulus : le fils idéal, obéissant, respectueux, poli, discret. Vous paraissez si différents. Parfois, j'ai peine à croire que vous êtes vraiment frères.
Tu me manques tellement. Tu as laissé un terrible vide en moi. Dans le manoir aussi. Parfois, la nuit, il me semble entendre ta voix, ton rire. Mais je sais que c'est impossible. Ce n'est qu'une illusion. Une illusion, cependant, très douloureuse.
Ces derniers jours, je les ai passés plongé dans mes souvenirs. Ta naissance, ton enfance. Le peu que je connais de toi, dont je me souviens, n'a cessé de tournoyer dans mon esprit. Mais ce n'est pas cela qui te fera revivre. Ma culpabilité et mon malheur n'ont pas non plus ce pouvoir. Rien ne te ramènera. C'est ce qui est sûrement le plus douloureux à penser, à se dire, à accepter.
Mais je ne parviens pas à accepter. Je refuse d'admettre que je t'ai perdu à jamais. Même ton corps, je l'ai perdu. Cette tombe est vide. Vide comme mon coeur.
Où es-tu passé Regulus ? Au bout de deux jours, tu as été déclaré mort. C'est court, je sais. Mais en temps de guerre, ce genre de chose est vite expédiée. Quand une personne disparaît sans laisser de trace soit elle a été enlevé par les Mangemorts et on ne la retrouvera que morte soit elle est déjà morte. Alors, on l'enterre rapidement et l'on passe à autre chose ; sauf pour les proches de la victime.
J'espère que tu n'as pas souffert. C'est tout ce que je peux te souhaiter à présent.
Aujourd'hui, une pierre tombale portant ton nom a été dressée. J'ai l'impression qu'on a brisé la folle espérance qui subsistait en moi en ce jour maudit. Le soir, j'attendais dans le petit salon du rez-de-chaussée que tu rentres. J'espérais que tu rentrerais. J'étais stupide. Maintenant, je le sais. Mais cela n'empêche pas la douleur de ta perte. Oh non ! au contraire, elle ne la rend que plus forte, plus vive. Un faux espoir est plus douloureux qu'une vraie peine.
Je t'aime, Regulus. Je t'aime, mon fils. Je ne pense pas te l'avoir assez dit. Je ne pense pas te l'avoir dit du tout même.
Alors, je te le dis – même s'il est à présent trop tard – je t'aime, Regulus.
Adieu.
