Qui l'aurait donc cru. Je rempile pour une nouvelle fic sur Aventures. Qui se construit depuis un bon moment dans mes cahiers et sur mon pc, et que je commence à publier, sans avoir terminer la rédaction. Je suis incorrigible.
Je préviens tout de suite, le petit blabla de début de chapitre va être un tantinet long. Mais après je vous emmerde plus, juré.
A quoi faut-il s'attendre avec ce nouvel opus, si je puis dire? D'une part, cet écrit prend directement place à la fin de la saison 2 d'Aventures et durant les interludes présentés par les joueurs et le MJ pour faire la liaison avec la saison 3. Si je ne spoil pas la saison 3 en elle même, je pars cependant du principe que vous, chers lecteurs, avez assidument suivi les épisodes de la saison 2 et que vous en connaissez parfaitement le dénouement.
Cependant, rapide, très rapide résumé des évènements pour les mémoires les plus récalcitrantes concernant les situations de nos héros :
- Bob a laissé libre court à son démon et a ravagé la campagne aux alentours de Mirage, ville des Intendants. Ce qui a eu pour effet de refaire le paysage et tuer à peu de choses près, tout ce qui se trouvait à proximité. (une pluie de météorites, ça pardonne rarement)
- Grunlek, après avoir protégé Bob (même si très concrètement, vu sa puissance, il n'avait pas besoin de ça en plus) se retrouve plus ou moins plongé dans sa propre psyché.
_ Shin a sauté dans un puits. Oui, c'est un running gag qui marche du feu de dieu, dans cette série.
- Théo, inconscient, s'est fait emmené au loin par son poney magique badass et Paladin par intérim (Lumière, pour ceux qui voudrez des autographes de la part de ce canasson) et se réveille à plusieurs lieues du massacre avec un mal de tête de tous les diables (humour, quand tu nous tiens).
Et les Intendants ont lancé un mandat d'arrêt à l'encontre des Aventuriers (dans le genre mort ou vif) qui doivent désormais fuir mais surtout, se retrouver et reformer leur fameuse équipe que l'on aime tant.
Cette fic peut être lue de manière indépendante à celle que j'ai déjà faite. Mais je suis plus encline à dire qu'elle lui fait totalement suite, puisque j'y intègre de manière durable Sláine Onnen, personnage de mon cru. D'ailleurs, dans les faits, toutes ces aventures font partie d'un cycle, en plusieurs tome et celui ci en est le deuxième. Doooonc, on va dire que les deux fics sont liées.
Qui est Sláine, me demanderont certains. Vous en faites la connaissance dans ma fic "De malédiction et de puits" (remarquez par ailleurs la similitude dans la construction des titres. Quand je vous disais que tout était lié) que je vous invite et incite à aller lire (pub, pub, pub.). Pour ceux, cependant, qui n'ont ni l'envie, ni la curiosité, ni le courage de la lire (juste 5 chapitres. Vraiment, j'ai fait court, je vous le jure, d'autres pourront témoigner en ma faveur.)
Sláine Onnen est une Druide, qui habite un petit village du Cratère et y tient des fonctions d'Herboriste. Petite bonne femme de presque trente ans, cheveux châtains et yeux verts, elle est accompagnée d'un corbeau (son familier, tout comme la Druide de la saison 1 avait des loups) du nom de Vankhaal. Elle rencontre les Aventuriers venus se réfugier dans son village, après l'attaque au moulin (les enfants, l'homme à la rapière, la petite fille et le séjour dans les souterrains, tout frais compris) sur les directives d'une vieille voyante. Cette dernière les a conseillé de lui rendre visite afin de soigner Shin de sa terrible malédiction (attention spoilers) : tomber dans des puits.
Suite à quelques péripéties, ils se quittent en bons termes, Sláine leur offrant dans la foulée son amitié et les quelques recherches qu'elle a pu effectuer au sujet du poison qui ronge Théo.
En gros. Dieu que ce fut long, pour une "introduction". Sur ce, je tiens à rappeler que les personnages, Sláine exceptée, ne m'appartiennent pas (ils sont la propriété de leurs joueurs respectifs, et du MJ), qu'il en va de même pour l'univers dans lequel ils évoluent, les lois qui le régissent, etc. Je ne touche aucun royalties pour cet écrit.
Et je vous laisse à votre lecture.
De diable sous la cendre
Le sentiment grisant du pouvoir est aussi brutal que sa chute. Que la douleur qui éclate dans ses os et fend son esprit en deux.
Le tourbillon de flammes, l'écho des hurlements qui réduisent son monde à un maelström de fureur et de sang.
Il est la mort et la destruction, l'annihilation de toute vie, le chaos incarné dans une forme hideuse qui balaie d'un revers de main dédaigneux les pitoyables mortels à ses pieds. La puissance le porte, le fait sombrer, l'exalte et le terrifie. Il brule, frémit, rit aux éclats, tremble de peur et de froid.
Il lutte, en vain. Devient l'horreur et l'enfer tout entier. Il se tord, se perd. Souffre.
Brule. Consume.
ПϴП
Dévastation.
Ce terme seul était presque trop faible pour appréhender l'envergure du décor qui s'offrait à ses yeux las. Désolation et ravage, le lourd gémissement de vent sifflant sur les terres désertes, brulées jusqu'au dernier brin d'herbe. Calcinée, la nature hurlait sa souffrance en longues plaintes morbides et Sláine grimaça.
Appuyée sur son bâton de marche, elle contempla les ruines de la campagne alentours. Les arbres noirs pointaient leurs branches torturées comme autant de griffes tendues vers le ciel. Qu'elles implorent ou maudissent, la jeune femme n'en n'avait pas la moindre idée mais leur simple vision lui tirait d'effroyables frissons. L'air puait le souffre. L'odeur du sang et de la braise chaude s'attardait sur sa langue et séchait sa bouche. Le vent en rafales hurlait autour d'elle en plaintes lancinantes et macabres.
Qu'allait-elle donc bien trouver, au milieu de ce chaos, si ce n'étaient la mort et la destruction ?
Sláine hésita quelques secondes, scrutant les restes fumants de la forêt, avant de s'engager sur un ancien chemin de terre. A chacun de ses pas, la cendre se soulevait en volutes délicates, maculant sa peau et dansant élégamment autour de ses jambes. Elle n'aimait pas le silence qui régnait en maitre sur les lieux, même si l'absence totale de vie ne l'étonnait pas. Elle avait vue, au loin, le ciel se teindre de sang et s'ouvrir sur l'enfer. Une pluie de météorites invraisemblable, martelant la terre en impacts retentissants. Elle avait senti le monde vibrer à chaque cratère en déformant la surface et son cerveau avait imaginé sans peine les hurlements déchirés des malheureux pris dans la tourmente de feu. Même à cette distance, le souffle de l'explosion l'avait envoyée plusieurs pas en arrière et enveloppée d'une chaleur écrasante.
Jamais elle ne s'était autant félicitée d'arriver en retard à un rassemblement magique.
Les officiels de Mirage avaient lancé un appel aux gens de magie et aux Eglises quelques temps plus tôt, arguant que la caste des Intendants avait fait une découverte hors du commun qui allait changer la face du monde. De quoi attirer les mages les plus curieux, de par l'alléchant mystère qu'ils laissaient planer sur la raison de cette réunion.
La Druide n'avait pas officiellement été convoquée à Mirage pour ce « meeting improvisé » et qui avait, visiblement, relativement mal tourné. N'appartenant à aucune Eglise, elle n'y avait guère sa place, mais elle avait eu vent, par quelques connaissances, des sujets qui seraient sans aucun doute abordés durant les cercles de discussion. Et certains l'inquiétaient au plus haut point.
Jusqu'à présent, elle devait l'avouer, Sláine s'était tenue relativement éloignée des dernières découvertes magiques soi-disant révolutionnaires. Elle en avait vu passer, des magiciens du dimanche se prenant pour ce qu'ils n'étaient pas et qui échouaient lamentablement. Leurs prétendues réalisations se retournaient bien souvent contre eux, par ailleurs et tous n'en tiraient plus de mal que de bien. Trop prise par ses propres recherches et ses devoirs de Druide, elle n'avait que faire des divagations de charlatans et des manigances des sorciers et des Eglises. Moins elle avait affaire à eux, mieux elle se portait, pour tout avouer. Les fanatiques n'étaient déjà pas bien fréquentables pour les gens comme elles, mais ceux maitrisant la magie étaient bien pires.
Seulement, au cours des dernières semaines, elle avait ressenti des fluctuations inquiétantes dans les courants de mana. En tant que Druide, Sláine était naturellement plus sensible à ces énergies latentes qui coulaient à travers le monde et dispensaient la magie aux quatre coins du Cratère. Les siens étaient, entre autre, chargés de veiller au bon équilibre de monde et de prévenir les instances concernées lorsque les perturbations captées pouvaient être en mesure d'affecter le règne du vivant comme de l'immobile.
Et ces derniers mois, les choses bougeaient beaucoup trop pour qu'elles fussent parfaitement normales. Les forêts s'agitaient, les montagnes ronflaient de murmures inquiétants. Et Sláine avait eu un désagréable aperçu des menaces qui rodaient dans l'ombre.
Les bois derrière sa cabane avaient toujours été relativement calmes, rarement agités par les prédateurs qui descendaient naturellement des steppes pour se réfugier plus en aval lorsque l'hiver se faisait trop rude pour les hautes altitudes. De ces quelques nuisibles, elle s'en était toujours occupée seule et sans la moindre difficulté.
Mais depuis quelques temps —et avec du recul, les dates concordaient étrangement avec le passage de ces Aventuriers étranges que seuls les Dieux du Destin avaient pu poser sur sa route—, les arbres frissonnaient sous les présences inhospitalières qui rongeaient leurs troncs. Si elles ne s'étaient pas immédiatement montrées, tapies dans l'ombre et en cet instant, encore inoffensives, Sláine avait pris le pari de surveiller étroitement tout mouvement suspect aux abords du village et dans les profondeurs des bois.
En l'occurrence, ses précautions s'étaient révélées fort à propos. Surgies de nulle part, des nuées d'araignées monstrueusement énormes avaient déferlé sur leurs terres et cette brusque invasion avait nécessité une prise en charge musclée et radicale. Il y avait eu d'âpres combats et quelques blessés malgré leurs précautions à tous mais fort heureusement, personne n'avait eu à y laisser la vie. Ils avaient réussi à acculer les bêtes dans une concave éloignée du village où elle s'était elle-même chargée de s'en débarrasser à grand renfort de flammes.
Une victoire en soi, car Sláine, passé le moment d'incrédulité et de panique engendré par ces apparitions cauchemardesques, avait fait quelques recherches sur les rescapées dont elle s'était servie pour ses études. Elle n'avait eu aucun mal à reconnaitre le poison dégoulinant des mandibules d'un petit spécimen —cinquante centimètres de large, il devait sans doute s'agir d'un nouveau-né. Et le dernier individu en date qu'elle avait rencontré, et porteur de ce mal, avait été un Paladin de la Lumière. Et même sa Foi n'en n'était pas venue à bout.
Ce n'était pourtant pas faute d'avoir cherché un remède. Sláine y avait par la suite sacrifié de nombreuses nuits et heures de travail acharné, malheureusement en vain. Ses collègues et amis, versés eux aussi dans l'art magique, n'étaient malheureusement pas plus avancés qu'elle sur la question. Les émanations magiques et mortelles qui fleurissaient aux quatre coins du Cratère, les révoltes et autres manifestations de violence, de plus en plus nombreuses, inquiétaient jusqu'aux gardiens même de son Ordre. Les maitres Druides étaient adeptes de l'observation et de l'immobilisme, notions à laquelle chaque membre de leur disciple devait tendre mais que Sláine avait bien du mal à mettre en place. Elle n'était pas faite pour l'inaction et la sagesse immuable des Anciens.
Elle avait pris la route vers le Cercle des Druides le plus proche pour réclamer des réponses, des informations, qu'on avait été bien en peine de lui donner et qu'elle s'était décidée à trouver elle-même. Et sous le couvert des chuchotements craintifs et des regards jetés en coin par-dessus les épaules, les gemmes de pouvoir avaient discrètement refaits surface et embrasé les esprits des érudits et magiciens, rencontrés au long de son voyage.
Pour la deuxième fois en l'espace de quelques mois, la Druide entendait parler de ces pierres délétères, forgées dans la magie sombre et le sang. En soi, les minéraux servant de catalyseur à la magie ne leur étaient pas inconnus ; là où les courants de mana se croisaient, les gisements de pierres étaient nombreux et naturels. Parfois si intenses qu'ils faisaient l'objet d'une surveillance accrue et d'une utilisation réglementée. Leur commerce était encore trop peu développé, les Eglises se chamaillant les quelques gisements les plus importants, que des Druides et autres factions neutres s'efforçaient de protéger et de cacher de l'avidité des hommes.
Peut-être était-ce là la raison pour laquelle des mages peu scrupuleux et autres alchimistes adeptes des arts obscurs s'étaient tournés vers la création des cristaux artificiels. Gorgés de magie et utilisés à une grande échelle, ces nouveaux matériaux ne pouvaient annoncer que de funestes présages pour le Cratère et ses habitants.
Telle était la raison de sa présence à Mirage, où les Intendants criaient à qui voulaient l'entendre qu'ils étaient en passe de révolutionner leur ère. Elle devait rapporter ses constations au plus vite au Grand Cercle. Les Anciens devraient prendre une décision rapidement, sans quoi les choses ne feraient qu'empirer et les monstres marcheraient entre les hommes.
Et Sláine se tenait maintenant debout devant les restes fumants des campements installés là par les Eglises, elles aussi conviées à la fête. L'ombre triste et morne de Mirage se dressait sur sa gauche, figure écroulée de la puissance des mages qui n'avaient su prendre le dessus sur la catastrophe qui avait ravagé les environs. Elle entendait sonner au loin les glas en l'honneur des hommes et femmes tombés en cette triste journée.
La fumée montait encore des ruines du campement, quelques silhouettes pâles et solitaires se découpant à travers le voile gris qu'avait déposé la cendre. A la recherche de survivants, sans doute, même si la lande brulée laissait peu de place à l'espoir.
Quel qu'ait été le plan des Intendants, il avait lamentablement échoué et causé la perte de centaines de vies.
Lâchant un soupir désabusé, la Druide resserra son écharpe, couvrant son nez en espérant retrouver entre les fibres du tissu, un semblant d'air respirable. Rien n'y fit, cependant, et elle toussa sèchement, le son s'évasant dans ce désert gris sans trouver âme qui vive. Masqué par les nuages, le soleil suintait d'un jaune maladif sur les décombres calcinés et accentuait tous les contrastes en un tableau effrayant et morbide.
En prime de ce décor assourdit par le silence, le poids des magies infernales pesait lourd sur les épaules et la gorge de la Druide, courbant son dos et bloquant sa respiration. La femme passa une main douce sur le tronc d'un chêne abattu. La nature reprendrait ses droits en temps voulu, comme elle le faisait toujours, mais à l'heure actuelle, elle restait sourde à ses appels. L'écorce rugueuse était encore chaude sous sa paume, quelques images terrifiantes traversant brièvement ses pensées alors qu'elle essayait de se concentrer sur la voix de la forêt. Les arbres n'étaient plus en mesure de communiquer entre eux, arrachés à leur sol, et les seules informations qu'elle pouvait leur soutirer n'étaient que les lueurs de leur derniers instants. Terrifiants derniers instants. Tout n'était que confusion, détresse et folie, peint sur une toile de flammes rouges et noires, sorties d'un néant impossible et maléfique. Même les plus grands mages de Feu de l'école de la Tour Rouge n'étaient pas en mesure de faire pareil ravage.
Elle ne connaissait qu'une seule créature suffisamment puissante pour anéantir le sol et ses habitants sans en laisser la moindre trace. Et elle ne tenait pas spécialement à la rencontrer.
Cependant, sa nature de Druide —et humaine, après tout— la poussait à rechercher d'éventuels survivants et leur apporter son secours. Même si elle restait profondément persuadée qu'elle ne trouverait que des os et des cadavres sous les couches de poussière et les débris des tentes.
Consciencieuse, la femme s'appliqua dans ses fouilles. Peut-être pourrait-elle être d'un quelconque secours pour les pauvres bougres qui arpentaient encore le champ de bataille dans le même but qu'elle. Soulevant parfois de lourds piquets de bois qui avaient, par elle ne savait trop quel miracle, survécu à l'incendie, la Druide dénicha plusieurs corps calcinés. D'autres, clairement inidentifiables tant ils avaient été mutilés et broyés au sein de la tourmente, en étaient même boudés par les quelques charognards qui commençaient tout juste à investir les lieux.
Sláine leva les yeux au ciel, cherchant Vankhaal des yeux. Le corbeau l'avait accompagnée depuis sa cabane, allant et venant en s'acquittant de sa tâche de sentinelle avec la dévotion qui le caractérisait tant. Elle l'avait perdu de vue quelques temps plus tôt, juste après l'explosion mais le savait proche et près à l'avertir en cas de danger.
La jeune femme abandonna ses recherches au bout d'une demi-heure, abrégeant les souffrances de deux mourants que seule la chance lui avait permis de repérer au milieu des décombres. Les malheureux, dévorés par la chaleur et les flammes, n'étaient que râles et souffrance et les dieux seuls savaient depuis combien de temps. D'une main ferme, sa dague était allée se loger sans heurts dans leur poitrine, arrêtant la course laborieuse de leur cœur et le silence était retombé comme un linceul sur la scène. A nouveau sur ses pieds, Sláine essuya sa lame sur le bord déchiqueté d'un étendard et épousa du regard le paysage désolé.
Elle n'avait définitivement plus rien à faire ici et devrait aller chercher ses réponses ailleurs. La Druide ne tenait pas à s'attarder plus longtemps que nécessaire sur les lieux. Les forces noires qui suintaient encore du sol la mettaient en émoi et si jusqu'à présent, elle n'avait pas vu l'ombre d'un adversaire roder sur le champ de bataille pour se repaitre des âmes des morts, elle ne tenait pas spécialement à tomber nez à nez avec la créature responsable de ce massacre. Ce n'étaient pas ses maigres compétences martiales et sa dague courbe qui la sauveraient d'une attaque. Ici, ses pouvoirs seraient presque sans effet et elle ne tenait pas à subir le même sort que tous ces malheureux.
Tournant les talons, elle reprit sa marche. Peut-être irait-elle jusqu'à Mirage, voir si ses services ne seraient pas d'une quelconque utilité et récolter quelques renseignements supplémentaires. Quand bien même elle avait assisté au « spectacle » depuis les collines environnantes, elle ignorait encore qui avait pu libérer de telles puissances sans aucune considération pour les innocents autour de lui.
Etait-ce là la grande découverte des Intendants ? Un être redoutable qui leur avait finalement échappé ? Et si une telle créature était en effet capable de telles horreurs, elle se devait d'en apprendre le plus sur elle et rapporter immédiatement son savoir au Cercle des Druides. Le Cratère tremblait sur ses fondations et les Piliers, fragilisés, ne le supporteraient pas plus longtemps s'ils ne se décidaient pas à agir en conséquence.
Ne laissant pas sa prudence retomber, Sláine retourna lentement sur ses pas, évitant les débris et les cadavres qui jonchaient le sol, témoignage éphémère de la violence qui s'était ici déchainée. Malgré le silence assourdissant et le lourd tambour de son cœur nerveux, elle sursauta vivement lorsque le souffle brisé d'un corps à l'agonie fendit l'air tel un coup de poignard. Elle se raidit, ses mains se serrant convulsivement autour de son bâton alors que les tatouages sur ses bras émettaient une faible lueur verte. Sur le qui-vive, la Druide laissa couler au sol un peu de mana afin de repérer le gisant qu'elle devrait guider dans son dernier soupir.
Elle mit un certain temps avant de retrouver son corps étendu, dissimulé sous la cendre, s'agenouillant lentement à ses côtés. Le malheureux s'était trouvé près d'un point d'impact d'une des météorites, si l'on en jugeait par l'impact au centre duquel il se tenait. Lorsqu'elle balaya les débris chauds d'une main douce, attentive à ne pas engendrer davantage de douleur, elle dut retenir un hoquet de stupeur horrifiée. La peau de l'homme était intacte, noire, couverte de suif et parcourue de veines rougeoyantes, malsaines, qui palpitaient et brulaient sous ses doigts.
Sláine sentit sa gorge se serrer brutalement, comme si une force invisible cherchait à l'étouffer. Elle trembla, retira vivement sa main en reculant, comme frappée de douleur. Le corps était chaud, pas au point de la blesser sérieusement, mais anormalement bouillant et fiévreux. Mais là n'était pas la raison de son brusque retrait. Elle déglutit douloureusement, la bouche sèche.
_ … Demi-diable…
Son premier réflexe fut, de par sa nature de Druide et son devoir de protéger les innocents, d'abattre sans sommation ce rejeton des enfers. Elle méprisait les diables et les démons plus que n'importe quelle créature du Cratère. Les runes sur sa peau brillèrent à nouveau, galvanisées d'énergie et sa mâchoire se serra fortement, ses doigts se crispant au-dessus de la tête de l'hérésie.
Elle hésita. Une fraction de seconde, qui scella le sort du pauvre bougre dont le visage épousait la terre et la respiration laborieuse sifflait dans l'air.
Sláine ne se considérait pas comme une justicière. Ce n'était pas à elle de tuer les immondices issues de l'infra-monde —cette tâche était réservée aux Paladins et aux Inquisiteurs— et nettoyer le monde des hérésies marchant parmi les hommes. Elle n'était pas sans connaitre la douloureuse condition des sang-mêlé, qu'ils soient à demi-divin ou démoniaque. Rejetés des uns car trop impurs, méprisés par les hommes qui ne le considéraient pas comme leurs égaux, leur vie en ce monde n'était faite que de solitude et se soldait bien souvent par une mort aussi vaine qu'elle était cruelle et douloureuse. Sláine abhorrait les démons mais ne pouvait oublier la part humaine des demi-diables.
Voués au malheur et à la destruction, les pauvres bougres finissaient souvent fous —dans le meilleur des cas— et n'étaient que souffrance tout au long de leur existence. La douleur était telle qu'ils laissaient finalement le démon prendre le pas sur l'humanité et causaient mort et destruction jusqu'à ce que les réserves de leur hôte se consument entièrement.
Mais l'homme qui lui faisait face…
Sláine respira lentement. Prudente, elle avança à nouveau sa main, laissant vrombir la magie sous sa peau. S'il avait été mauvais par essence, son diable aurait dévoré jusqu'à la moindre parcelle de son âme et il n'aurait resté de son corps qu'un amas de chairs suppliciées. Quel évènement avait bien pu le pousser à laisser sortir sa part d'ombre et commettre pareil acte de barbarie ? Elle grimaça légèrement sous la chaleur s'évasant sous sa paume mais entreprit toutefois de le faire rouler sur le côté, dégageant son visage et ses voies respiratoires. Elle ignorait l'étendue de ses blessures et si elle risquait de les aggraver, mais l'urgence de la situation la poussait désormais à envoyer paitre ses considérations. Elle ne donnait pas cher de leurs peaux à tout deux si des membres des Eglises revenaient ici ; ils avaient moins d'empathie qu'elle au sujet des demi-diables, c'était certain. Et elle ne serait pas en mesure de faire rempart de son corps ou se battre pour l'âme encore humaine de ce malheureux. Et si les Paladins ne venaient pas à eux, les charognards ne perdraient pas cette chance. Dans les plaines brulées, ils étaient des proies faciles.
A gestes lents et précautionneux, elle allongea son nouveau patient sur le dos, maintenant sa tête droite. Sous ses doigts, elle sentait poindre deux excroissances discrètes et lisses, perdues dans la masse de cheveux roussis qui lui mangeaient le visage. Avec délicatesse, elle écarta les brins qui masquaient ses traits tirés par la douleur et l'épuisement.
La grimace de Sláine se transforma subitement en rictus ironique. Les Anciens Dieux avaient décidé de se jouer d'elle, aujourd'hui, en posant sur sa route un demi-diable qui ne lui était pas inconnu.
_ Balthazar Octavius Barnabé Lennon… Je vous avais deviné puissant, mon bon seigneur, mais pas à ce point.
Au loin, elle entendit le rugissement d'un cor militaire. Un appel au rassemblement, plus en amont dans la vallée. Sláine se redressa brutalement.
Elle n'avait croisé que quelques personnes sur le champ de bataille. De loin, du moins, elle n'avait pas fait mine de s'approcher tout comme elle avait pris garde à ne pas se montrer particulièrement belliqueuse à leur encontre. Des aides de camp, avait-elle supposé sans trop chercher à leur faire face, ne tenant pas à devoir se justifier de sa présence ici. Mais à priori, elle avait sans doute plutôt à faire avec des militaires venus balayer la zone.
Pour retrouver l'auteur de cette folie.
Elle ignorait ce qui avait pu pousser l'Aventurier à laisser sortir le diable en lui, et la volonté qu'il avait dû manifester pour le faire à nouveau disparaitre. Elle ignorait pourquoi l'homme se retrouvait seul, sans l'ombre de ses compagnons. Elle n'avait malheureusement pas le temps de fouiller les alentours plus attentivement.
Par les Racines. Elle avait besoin de quitter l'endroit avant qu'on ne les débusque.
En d'autres circonstances, Sláine n'aurait pas pris le risque de cacher ainsi la présence d'un demi-diable aux membres des Eglises. Elle n'aimait pas particulièrement leurs méthodes, en termes de jugement, mais elle ne pouvait nier cependant que certains individus de sang mêlés étaient d'une dangerosité sans nom. Cependant, trop de paramètres lui échappaient et elle était intimement convaincue que la situation présente n'était pas étrangère au mage étendu à ses pieds.
Mais durant les quelques jours où elle les avait côtoyés, lui et ses camarades, Sláine avait su que leurs destins étaient étroitement enchevêtrés à celui du monde. Et si elle voulait des réponses, elle devrait les obtenir de la bouche du mage lui-même. Si tant soit peu qu'il survive à ses blessures. Un patient restait un patient ; elle n'avait pas à le juger sur ses actes, son serment l'y obligeait. Même si pour le coup, c'était plus son affection —si tant soit peu que l'on puisse parler d'affection alors qu'elle connaissait à peine le bonhomme, au final— qui la poussait à retrousser ses manches.
Se redressant, la Druide s'empressa de ramasser les plus solides branchages qu'elle put trouver aux alentours, arrachant les restes des étendards et des tentes pour confectionner un brancard de fortune. En grondant sous l'effort, elle y roula le pyro-mage, agrippant fermement le harnais tressé à la hâte avant de le trainer laborieusement à l'abri.
ПϴП
Il n'était que douleur et feu. Du bout des pieds jusqu'à la pointe même de ses cheveux roussis ; il avait l'horrible impression de bruler de l'intérieur. Peut-être même était-ce le cas. Son démon l'avait finalement dévoré, consumé dans les affres de l'enfer, et les Portes de Souffre lui tendaient les bras. Le ramenaient sur le chemin de la maison.
Le contact frais sur son front dans cette mer de souffrances flamboyantes le poussa à ouvrir —tenter, du moins— les yeux et chercher du regard cette divine providence qui se posait sur lui avec la légèreté d'un ange. Si l'Enfer était ainsi, il allait reconsidérer sa signature sur le contrat de son âme.
_ Ne bougez pas, Balthazar. Vous êtes loin d'être en état.
Dans les brumes de son mal être, l'interpelé tiqua. Une diction douce et ferme, la voix d'une femme qui connaissait son nom. En d'autres circonstances, cette simple idée l'aurait terrifiée. Peu étaient ceux connaissant son identité, si ce n'était ses plus proches amis. Et ses ennemis. Il ignorait volontairement sa famille ; son père n'avait jamais aimé se transfigurer en femme et il doutait sincèrement que sa mère ait trouvé la force de venir le chercher si loin de son foyer. Dans un effort surhumain, il poussa sa gorge rêche à délivrer un filet de voix misérable.
_ Qui…
_ Sláine. Onnen Sláine, si la mémoire vous vient encore. Je suis Druide.
Sláine. Sláine, Sláine… le nom trouva en lui l'écho de souvenirs qui lui paraissaient à mille lieues de là. Son esprit appelait au repos, son corps luttait pour le préserver dans la conscience mais abandonnait lui aussi une bataille perdue d'avance.
_ Reposez-vous, lui conseilla la femme une nouvelle fois. Ne luttez pas.
Et malgré l'envie de poser mille et une questions ; le mage s'exécuta.
ПϴП
_ Te voilà enfin, poltron.
Courroucé, Vankhaal gonfla les plumes et croassa bruyamment à l'adresse de sa maitresse, assise à quelques pas de lui sur une pierre écroulée. Posé sur un petit tertre, il sautilla d'une patte à l'autre avant de s'envoler et venir se poser sur l'épaule de la Druide. Affectueux malgré les critiques de la jeune femme, il lui picora légèrement la tempe, emmêlant quelques brins de cheveux châtains dans son bec. Sláine sourit doucement, lissant les plumes de l'oiseau d'une main calme alors que son regard vert se portait sur le paysage autour d'eux.
Le soleil couchant jetait sur les pierres dressées une lueur orangée des plus charmantes, qu'elle aurait aimé pouvoir contempler en toute quiétude. Hélas, la fatigue de son voyage l'avait cassée en deux et son inquiétude pour son nouveau compagnon de route n'avait en rien arrangé les choses.
Sláine avait marché pendant près de deux heures avant de rendre les armes et décréter que poursuivre son chemin en pleine nuit n'était pas une bonne idée. Elle ne s'était arrêtée brièvement que pour prendre quelques gorgées d'eau et tenter de faire de même auprès du mage, toujours évanoui et plus mort que vif. Sans plus de temps pour une expertise plus poussée, la Druide n'était pas en mesure de déterminer s'il était seulement inconscient ou bien carrément dans le coma. Elle trouvait déjà formidable qu'il soit encore en mesure de respirer et se tenait pour l'instant à ce simple indicateur.
Ses épaules et ses bras étaient douloureux d'avoir trainé sans relâche le lourd brancard de bois et de lianes. Elle s'était même demandée si prendre le mage à bras le corps n'aurait pas été moins laborieux —cet homme était un sac d'os ambulant— plutôt que de le bringuebaler le long des chemins. Malheureusement, Sláine ignorait l'étendue de ses blessures, n'ayant pas pris le temps de s'en inquiéter davantage. Elle désirait gagner au plus vite un endroit calme, où les énergies naturelles l'aideraient à poser un diagnostic fiable et des soins appropriés. Elle espérait juste ne pas l'avoir paralysé à vie mais soupçonnait que le diable en lui pourrait remédier à cela. Tout comme il pourrait l'en empêcher. Sláine ignorait si ses rituels et ses sortilèges habituels pourraient fonctionner correctement sur le mage ; elle n'avait encore jamais pratiqué sur un demi-diable et redoutait l'instant où elle devrait s'y atteler. Quand bien même il restait humain, une part de lui était liée aux magies noires et décadentes. Ce qui rentrait peu en adéquation avec ses propres instincts et compétences.
Vankhaal croassa, indiquant à sa maitresse qu'il était temps de se remettre en route, au moins pour trouver un endroit plus abrité du vent que le chemin qui serpentait actuellement entre les pierres. Sláine n'avait pas prévu d'aller plus loin que le chaos de roches pour aujourd'hui. C'était déjà un miracle en soit qu'elle ait pu réussir à s'y rendre en une seule journée. L'endroit était calme, peu fréquenté car trop escarpé et peu pratique d'accès, où il était bien aisé de s'y perdre. A flanc de montagne d'une faible envergure —elle tenait plus de la grande colline que d'autre chose— les parois étaient percées de quelques cavités qui pourraient leur servir de toit pour la nuit. Malheureusement, un feu ici serait incroyablement voyant et il lui faudrait ruser pour ne pas se faire débusquer. Tant par des bandits de grand chemin qui aimaient trainer dans le coin pour détrousser les voyageurs imprudents et perdus, que les prédateurs qui habitaient le chaos et savaient se dissimuler aux yeux des non-avertis.
Sláine soupira avant de se remettre sur ses pieds, ses mains agrippant solidement les lianes qui lui servaient à tracter le brancard. La terre était suffisamment sèche pour qu'ils ne laissent pas de traces dans leur sillage et elle ne tarda pas à gagner la petite grotte que lui avait dénichée Vankhaal. Elle dût néanmoins lutter et s'escrimer pendant de longues minutes pour gagner le léger promontoire rocheux et y amener son patient, hissant sa couchette à l'aide d'un système de palan rudimentaire, qui manqua par ailleurs de se briser. Sans ce souci de se mettre à l'abri des chasseurs nocturnes et de se garantir un minimum de sécurité, la Druide ne se serait certainement pas embarrassée à grimper à plus de trois mètres du sol.
La niche de pierre était sèche, vierge de toute trace de vie animal et suffisamment enfoncée pour qu'ils ne risquent pas de rouler à l'extérieur dans leur sommeil. Elle fit glisser Balthazar au plus proche de la roche, s'assurant qu'il était bien installé et respirait encore avant de crapahuter jusqu'à la terre ferme, armée d'une serpe qu'il lui faudrait affuter sans tarder, à la recherche de combustible.
Fidèle à sa fonction, Vankhaal resta aux côtés du mage, dardant sur lui un œil sombre et attentif. Sa dame revint près de vingt minutes plus tard, lançant son fagot grossièrement noué dans la grotte qu'elle regagna en grognant.
Le soleil n'était plus qu'une ligne sanglante à l'horizon, désormais, et si elle plissait suffisamment les yeux, Sláine pouvait encore distinguer les tours écharpées de Mirage dans le lointain. Ils avaient parcouru bien moins de cinq lieues, la Druide ne pouvant forcer la marche avec le poids supplémentaire du demi-diable et ses propres bagages, qu'elle entreprit de déballer.
Elle dinerait sommairement ce soir encore, piochant dans ses maigres réserves. Comme d'habitude, la Druide avait fait en sorte de se charger le moins possible afin de voyager rapidement. Elle avait compté sur le fait de pouvoir se restaurer et se préparer au départ à Mirage mais cette option était tombée à l'eau lorsqu'elle avait ramassé le brun. De nature, la femme mangeait peu, sa force tenant plus de son exposition à la nature et au soleil qu'à quelque chose de plus consistant mais il lui fallait néanmoins se sustenter. Et elle n'avait clairement pas de quoi tenir longtemps pour alimenter deux personnes. Pour l'heure, heureusement, Balthazar ne semblait pas être en mesure d'avaler quoique ce soit, si ce n'était un maigre bouillon qu'elle lui devrait lui faire boire de force.
Après quelques aménagements, principalement destinés à cacher au maximum la lueur des flammes à l'aide de grandes pierres plates qu'elle avait dénichées dans un coin de leur tanière, Sláine s'attela à la préparation d'un potage simple, qu'elle laissa mijoter pour porter son attention vers le sorcier.
Elle n'avait pas suffisamment d'eau pour le laver tout entier et le débarrasser de la cendre qui le couvrait de la tête aux pieds, maculant sa peau de noir et de gris. Se contentant d'un bout de chiffon pour essuyer le plus gros de la crasse, elle inspecta soigneusement son corps inerte sous toutes les coutures, à la recherche de blessures et autres plaies. Bien que chaud sous son touché, l'homme ne paraissait pas souffrir de fièvre ou de quelque autre maux. Il respirait certes superficiellement —et sans doute trop rapidement— mais semblait davantage être pris dans une transe dont lui seul pouvait se sortir, que de douleur. Soigneuse, la Druide manipula le moindre de ses membres, s'assurant que tous ses os étaient en place et qu'il ne souffrait pas de lésions internes. Elle dut se rendre à l'évidence cependant, et relativement rapidement, qu'elle devrait employer les vieilles méthodes pour le soigner. A peine avait-elle posé ses mains sur sa peau que ses runes s'étaient violemment illuminées pour mourir dans l'instant suivant, inutiles face à la nature sombre qu'il abritait.
Somme toute, le mage ne semblait pas être en mauvais état, seulement particulièrement épuisé, à tel point qu'il lui faudrait sans doute des jours entiers pour récupérer pleinement toutes ses capacités. Le fait qu'il se soit éveillé, un peu plus tôt dans la fin de journée, la réconforta sur le rythme de sa guérison prochaine. Il reprendrait conscience rapidement, et pleinement humain, même si la Druide ignorait par quel miracle il parvenait à tenir son démon en échec avec un corps aussi faible.
Retournant à son diner, elle prit le parti d'en faire boire quelques gorgées chaudes à l'alité en espérant qu'elle n'ait pas à devoir faire un transfert buccal comme c'était le cas dans certaines situations des plus dramatiques. Non pas que Balthazar était désagréable à l'œil et qu'il y ait là quelques sous-entendus-pseudo romantiques —ils ne se connaissaient pas, après tout et elle ne voyait en lui qu'un collègue magique et pourquoi pas une connaissance sympathique— mais si elle pouvait éviter ce genre d'échange, elle n'était pas contre. D'autant que la fourberie des démons était bien connue et que s'il paraissait tout à fait inoffensif, étendu sur ce mélange de tissus et de branches, elle n'allait pas se monter imprudente pour autant.
Après lui avoir laborieusement fait ingurgiter quelques cuillères de potage, Sláine entreprit de l'emmitoufler plus étroitement dans le paquet d'étendards pour le prévenir du froid de la nuit. Il n'avait plus le moindre vêtement, bien entendu, sans doute brulés lors de l'attaque, libération, peu importait et elle ne pouvait le laisser aller nu de la sorte. N'ayant pas de quoi le vêtir, elle s'était contentée des moyens du bord et l'avait habillé d'une toge sommaire, grossièrement taillée dans ce qu'elle avait pu trouver d'à peu près propre sur le champ de bataille à Mirage. Il devrait se contenter de ça jusqu'au prochain village ou hameau. Cela dit, au vue de la température naturellement élevée de son corps ; il ne subirait sans doute guère les assauts assassins des températures changeantes. L'hiver approchait à pas lents, s'annonçant rude mais pas insurmontable et ils étaient encore loin des grands froids qui paralysaient le gros de l'activité agricole et maritime du Cratère. Et ainsi attifé, il se dégageait de lui un charme enfantin réellement attendrissant.
Après une dernière vérification de son état, Sláine passa à l'inventaire de ses affaires et tira une carte froissée d'un des replis de sa besace fatiguée. Elle connaissait peu la région mais avait besoin de rallier un village le plus rapidement possible. Ils ne tiendraient pas longtemps sans vivres et le mage avait besoin d'un endroit sec et chaud pour se reposer. La Druide soupira en se plongeant dans ses notes.
ПϴП
Deux jours de marche si elle tenait le rythme. Sláine grimaça, vaguement dépitée de son estimation alors qu'elle lorgnait sa carte, traçant et retraçant méthodiquement les chemins qu'elle devrait emprunter. Elle n'avait pas d'autres alternatives, les sentiers qui auraient pu lui servir de raccourcis étaient trop étroits et impraticable avec son fardeau.
Fardeau qui gémit bruyamment, soudain pris d'un soubresaut violent qui tira un coassement aigu à Vankhaal. Pendant quelques secondes, elle crut qu'il n'avait pas encore regagné la conscience et que son corps seul était victime de violents frissons. Mais les yeux papillonnants et perdus du mage l'alertèrent et elle se précipita à son chevet.
_ Balthazar ? Lennon, m'entendez-vous ?
Le demi-diable prit une respiration sifflante et douloureuse, laissant échapper un gémissement cependant que son regard peinait à se focaliser sur son interlocutrice. Par réflexe, Sláine porta les mains à ses épaules pour l'aider à se redresser et soulager quelque peu sa souffrance. Ses doigts à peine en contact avec sa peau, elle sentit la ruée d'émotions négatives la prendre au cœur, l'écho de voix hurlantes agressant ses sens. Elle haleta, la respiration laborieuse et se recula, écartant ses mains. Elle ne ressentait aucune douleur physique mais sentait l'âme à l'agonie de son patient et crut un instant ployer sous son impuissance à l'aider.
Presque aussi soudainement que la crise était arrivée, le corps frémissant de Balthazar s'apaisa, ses gémissements se perdant dans un silence presque inquiétant. Mal à l'aise, Sláine revint vers lui, se penchant doucement pour se présenter à son champ de vision rétréci. Il clignait méchamment des yeux, les traits tirés et livides, ses joues marquées de fièvre.
_ Bob ?
Il ouvrit la bouche, éructant une phrase incompréhensible et la Druide, précautionneuse, l'aida à se redresser —elle prit grand soin cette fois ci à ne pas le toucher directement— et lui présenta une tasse d'eau. Dérouté, le demi-diable se laissa manœuvrer sans protester et s'étouffa presque sur la première gorgée, tirant un sourire amusé à la jeune femme. Elle le laissa reposer contre la roche et réarrangea machinalement le tissu sur ses épaules en le voyant frissonner.
_ Vous êtes avec moi ? Vous souvenez vous de qui vous-êtes ?
L'homme mit un certain temps à répondre, clairement épuisé mais semblant cependant en possession d'une grande partie de ses moyens.
_ Je pense que je m'en souviens, oui, lâcha-t-il avec un sourire faible qui se voulait amusé. Ravi de vous revoir, Dame Onnen.
_ Sláine suffira bien, rectifia la Druide, soulagée de constater que ses souvenirs ne semblaient pas s'être altérés durant cette épreuve. Comment vous-sentez-vous ?
Il grimaça en essayant de bouger ses jambes et ses bras, étouffant un gémissement de souffrance. Assurément, elles étaient moindres que celles qui l'avaient maintenu dans l'inconscience mais n'étaient pas absentes pour autant et il lui faudrait de longs jours pour récupérer totalement.
_ N'est-ce pas à vous de me dire ça, normalement ?
_ La magie des Druides n'est pas très efficace sur les demi-diables, malheureusement. Je n'ai pas pu vous apporter autant de soins que je l'aurai aimé. La douleur est supportable ?
Elle le laissa quelques secondes le temps d'aller chercher sa besace et fouiller à l'intérieur, le mage la suivant distraitement du regard avant de porter son attention sur ses alentours. L'air sentait la pierre et les herbes sèches, le faible rougeoiement du feu étirant les ombres sur les parois de la grotte en un ballet hypnotisant dont il fallut le tirer. Sláine s'était à nouveau installée en tailleur près de lui, un bol d'onguent posé sur les cuisses et une fiole d'il ne savait quelle mixture dans les mains.
_ Où sommes-nous ? Demanda-t-il avant de se racler la gorge, sentant sa voix s'y accrocher. Sláine lui prit les mains avec attention, serrant instinctivement la mâchoire en attendant un quelconque assaut de sa partie démoniaque et laissa filer un souffle soulagé lorsqu'il n'en fut rien. Visiblement, la précédente agression n'avait été engendrée que par la panique qui l'avait saisi et Bob avait de nouveau le contrôle sur son démon. Douce, elle inspecta soigneusement ses doigts, attentive aux moindres sons de souffrance qu'il aurait pu émettre.
_ A plusieurs lieues de Mirage, dans les chaos de pierres. A l'abri, pour le moment.
_ Vous m'avez… trainé jusqu'ici ?
_ Il a bien fallu; vous n'étiez pas en état de vous lever. Et un patient reste un patient, ajouta-t-elle en le voyant ouvrir la bouche pour objecter. Surtout lorsqu'il s'agit du mien. D'autant que je suis curieuse de savoir ce qui a bien pu se passer là-bas. Si vous vous en souvenez encore, bien entendu. Tout ceci était assez violent.
Balthazar ferma un instant les yeux. Il se sentait lourd, épuisé, tant physiquement que mentalement. La présence de Sláine à ses côtés, quoique foutrement surprenante —il ne s'était pas vraiment attendu à tomber sur elle au détour de leurs pérégrinations, à lui et ses compagnons— mais réconfortante. Sans se sentir complètement serein, il avait cependant l'impression d'être un minimum en sécurité. La Druide ne semblait pas lui vouloir du mal et son ton léger, sans accusation —alors que bon dieu, elle en aurait bien eu le droit, compte tenu des évènements— lui permettait de ne pas sombrer dans une culpabilité angoissante.
Bob inspira profondément. Il entendait son diable rire au fond de son esprit, lui envoyant par flash les images terrifiantes dont il avait été l'auteur. Il ne regrettait pas son acte. Presque pas. Mais il aurait aimé ne pas avoir à l'exécuter et condamner ainsi des vies innocentes. S'ils s'y étaient pris autrement, s'ils avaient eu plus de temps… Eh bien, les choses auraient sans conteste été bien différentes.
_ Balthazar ?
Le mage regagna la réalité.
_ Bob, je vous en prie. Et oui, je m'en souviens. Même si je ne me rappelle pas vous avoir aperçue au rassemblement.
_ Parce que j'étais en retard, heureusement pour moi. Mais je n'ai pu trouver le moindre survivant. Mis à part vous.
Le poids de ses mots lui tomba sur les épaules avec la puissance et la force d'une chape de plomb sur les épaules. Aucun survivant. Mon dieu. Où étaient les autres ?
_ Vous étiez seul, l'informa lentement la Druide, concentrée sur ses soins —si leste et précise qu'il la sentait à peine— comme si elle avait lu dans ses pensées. Cela ne signifie pas pour autant que vos compagnons ne sont pas quelque part, à chercher après vous.
_ Comme rien ne garantit qu'ils aient survécu.
Sláine ne dit rien, se contentant de terminer sa besogne cependant que Bob se perdait à nouveau dans le tourbillon noir de ses pensées. Il se refuser de songer à une telle éventualité. Où qu'ils soient en cet instant, ses camarades allaient bien. Il devait s'accrocher à cette idée et ne pas perdre espoir ainsi, sans quoi il ne lui resterait plus grand-chose pour avancer.
Mais une partie lucide de son cerveau —et sans doute joyeusement animée par son diable— lui susurrait sournoisement que les chances d'avoir réchappé au carnage qui avait plu sur Mirage et ses environs étaient relativement faibles.
_ Ne vous tourmentez pas, Balthazar. Le peu que j'ai pu côtoyer vos amis, ils me semblaient bien peu enclins à casser prématurément leur pipe. Vous avez survécu à une attaque de grizzly géant, après tout.
Le mage sourit.
_ C'est vrai. Théo est déjà revenu d'entre les morts, après tout, et il a juré de mettre lui-même fin à ma vie. Il est trop têtu pour ne pas tenir sa parole.
Sláine le fixa, clairement déroutée et surprise puis haussa les épaules, fataliste.
_ Les Racines m'en soient témoins ; je n'ai jamais connu de groupe plus… étrange que le vôtre. Et je vois que depuis notre dernière rencontre, vous n'avez pas chômé. Buvez ça. Vous allez vous sentir somnolent mais compte tenu de votre état, vous avez du repos à prendre.
Elle dut l'aider à porter la tasse à ses lèvres tant ses mains étaient incapables de le faire elles-mêmes et veilla à ce qu'il ne s'étouffe pas avec son breuvage amer. Il grimaça, plus habitué aux vins forts des tavernes qu'aux tisanes fadasses, goût branche morte et feuille séchée.
_ Dites-moi qu'il n'y a pas de la bile de je ne sais quelle créature là-dedans, sans quoi je recrache tout.
_ Secret de fabrication. Mais rassurez-vous, il n'y a que des plantes. Ça va vous aider à dormir et vous détendre. Visiblement, vous ne semblez pas souffrir de lésions internes. Et heureusement pour vous, vos cheveux sont suffisamment épais pour couvrir vos attributs démoniques.
Bob mit quelques secondes avant de comprendre de quoi elle parlait puis pâlit sensiblement en élevant immédiatement ses mains jusqu'à son front, fébrile. Patiente, alors que le mage fouillait ses cheveux dans l'espoir de mesurer l'ampleur des dégâts, Sláine lui attrapa les doigts et les lui écarta de la tête, craignant qu'il ne se blesse stupidement.
_ Elles sont petites, vraiment. Ne vous inquiétez pas pour ça pour le moment, d'accord ?
_ Est-ce que j'ai quelque chose d'autre sur le visage ? Quelque chose de voyant ? Mes yeux. Comment sont mes yeux ? Et mon dos ?
La Druide soupira alors que son patient luttait faiblement et maladroitement pour tenter de voir ses omoplates. A nouveau, elle le maintint en place d'une poigne ferme mais douce, se retenant de lui tirer la joue comme elle le faisait parfois avec les enfants turbulents de son village qui trouvaient amusant de venir jouer dans ses plantations.
_ Balthazar. Vous n'avez rien de démoniaque. Votre peau est claire, vos yeux sont parfaitement humains et je peux vous le jurer ; des ailes ne vous ont pas poussé dans le dos durant la nuit. Il vous faudra juste veiller à protéger vos mains quelques temps. Elles ont été sérieusement touchées.
_ Oh.
Soulagé, le mage poussa un soupir si grand qu'il parut se dégonfler sur lui-même et se laissa retomber contre la roche. Bon. Au moins n'aurait-il pas à se cacher et craindre de se faire repérer à chaque croisement. Même si, très concrètement, il ne croyait pas en la douceur de son existence prochaine. S'il y avait eu des survivants au massacre de Mirage, nul doute qu'ils avaient d'ores et déjà relayé l'information aux instances concernées. Qui auraient tôt fait de lui donner la chasse. Sans compter que, s'ils avaient survécu —et il refusait de penser l'inverse à l'heure actuelle— ses compagnons seraient dans un cas similaire au sien.
Oh, ils avaient l'habitude d'être traqués, recherchés —à force de faire connerie sur connerie… Et la bienveillance de Théo était très souvent remarquée par tout à chacun— mais Sláine, elle, n'avait rien à voir avec eux. Il ne pouvait décemment pas lui demander de les suivre dans leurs quêtes absurdes et dangereuses. Elle était Druide, elle avait ses propres responsabilités et devoirs et—
_ Vous êtes mon patient, Balthazar. Tant que vous n'êtes pas capable de marcher par vous-même, je reste auprès de vous.
Bien. Il devait peut-être ajouter « voyante » et « télépathe » dans son palmarès. Bob eut un sourire en coin, croisant difficilement les bras et réprimant une grimace lorsque le mouvement tira sur sa peau mise à mal.
_ Ma présence vous est à ce point agréable que vous ne voulez pas me quitter ? Ah, je savais bien qu'il se passait quelque chose entre nous, la dernière fois ! Ne niez pas, je ne suis pas dupe ! Je suis irrésistible.
Sláine laissa fuser un rire amusé cependant que le mage tentait de prendre un air pompeux au possible, l'atmosphère lourde et pleine d'angoisse se délitant lentement dans l'air du soir. Il était bon de se détendre quelque peu, Balthazar ne prenant véritablement conscience de son stress qu'une fois le sourire sur ses lèvres. Si son inquiétude avait été palpable, elle aurait été drapée sur ses épaules et roulée en boule au creux de son estomac. Tant de questions sans réponse. Plus encore que sa légère confusion du moment —il émergeait littéralement d'une apocalypse, après tout— c'était l'incertitude de son avenir et de celui des siens qui le mettait le plus à mal. Où allait-il aller, désormais ? Comment retrouver les autres, s'ils étaient encore en vie ? Ils ne pouvaient rester ici, mais gagner la civilisation, surtout dans son état, paraissait être également compromis. Il ne pouvait pas demander à Sláine de le trainer le long des routes et la forcer à se cacher le temps qu'il lèche ses blessures. Et les Intendants ? La Mort ? Oh misère. Cette entité était-elle… eh bien, morte ? Ô bienheureuse ironie… et ses improbables enfants des plus noires profondeurs…
_ Qu'y a-t-il ?
La voix calme de Sláine le tira de ses pensées tourbillonnantes et l'apaisa. La Druide était retournée à ses affaires, rageant lentement ses ustensiles dans sa besace, triant soigneusement leurs provisions actuelles. Maintenant que Balthazar était éveillé, les rations ne pourraient se limiter au strict minimum le concernant ; il avait besoin de retrouver rapidement des forces.
_ Les zombies. Ou peu importe ce qu'étaient ces créatures. Des morts qui marchent et se soulèvent de terre. Je les ai vus, avec les autres.
Sláine haussa un sourcil étonné, Vankhaal croassant brièvement comme pour participer lui aussi à la conversation. Le corbeau s'était niché confortablement dans les couvertures que sa maitresse avait sorties pour la nuit et claqua du bec à l'adresse de la jeune femme lorsqu'elle lui caressa distraitement les plumes.
_ Je n'ai rien aperçu, pourtant, renseigna-t-elle, songeuse.
Elle n'était pas familière avec la nécromancie —car des morts debout, il n'y avait que ce genre de magie pour le réaliser— mais en connaissait quelques rudiments ; notamment pour prendre contact avec les esprits. Même si cela relevait davantage de la divination qu'autre chose. Cependant, elle utilisait arcanes magiques le moins possible. Violer les lois fondamentales de la nature, les grandes instances telles que la vie et la mort n'engendrait rien de bon. Et le tribut à payer n'était jamais enviable. Elle frissonna à la simple idée que quelqu'un puisse être assez fou pour réveiller, non pas un mort —ce qui était déjà une aberration en soi— mais plusieurs. Par les Racines, à quel moment le monde avait-il commencé à courir vers sa perte ?
_ Je ne me suis pas enfoncée très loin dans les terres, ajouta-t-elle après quelques secondes de réflexion, tentant de rassembler ses souvenirs. Les morts que j'ai croisé l'étaient bel et bien et ne semblaient pas disposés à aller faire une balade. Tout a brulé. Je doute que ces créatures aient survécu.
Le mage n'en n'était pas aussi certain qu'elle, pour avoir vu ces choses invoquées par un pouvoir dépassant clairement leur compréhension. Ce n'était pas de la magie de faible niveau et les zombies avaient été d'une rare puissance. Peut-être étaient-ils encore debout, attendant dans un coin pour tomber sur des voyageurs égarés ou des imprudents dans leur genre, qui cherchaient après des survivants. Et si jamais ils avaient mis la main sur ses amis…
Bob secoua la tête. Où qu'ils soient en cet instant, ses camarades allaient bien. Malins comme ils l'étaient, ils avaient trouvé le moyen d'échapper à sa folie et s'étaient eux aussi cachés. Il fallait seulement qu'il les retrouve. Voila tout.
_ Nous partirons à l'aube, l'informa tranquillement Sláine en se levant pour venir le rejoindre, l'aidant à s'étendre plus confortablement dans ses couvertures. Elle veillerait encore un peu, pour lui tailler des vêtements plus apprêtés et confortables. Elle ne tenait pas à heurter sa fierté et sa pudeur plus que nécessaire. Il ne fait pas bon de rester trop longtemps ici, compte tenu des circonstances. Et j'imagine que vous avez envie de retrouver les vôtres.
_ Vous savez que vous n'avez pas besoin de …
_ Taisez-vous et dormez. Ordre de votre médecin. Elle sourit gentiment et Bob cligna des yeux, surpris de cet air profondément maternel qui venait de se peindre sur ses traits. Sincèrement. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je n'ai pas pour habitude de laisser les gens que j'apprécie dans leur misère et j'ai aussi quelques tours dans mes poches pour nous garder en sécurité, le temps de votre convalescence forcée. Et si vous ne voulez pas que je vous plonge dans un sommeil éternel, fermez les yeux et reposez-vous.
_ Tout dépend, vous me réveillerez d'un baiser ? Parce que si c'est ça, je signe tout de suite.
Elle se contenta de lui pincer la joue, lui tirant un glapissement douloureux.
Je suis vaguement dégoutée, j'avais trouvé de jolies runes à intégrer en guise de coupures de chapitre, malheureusement, fanfiction ne les prend pas en charge. C'est bien dommage. Je délocaliserais peut être tout ça sur AO3, un jour... (oui, je fais de la pub pour la concurrence, parfaitement), ce qui me permettrait aussi d'ajouter des dessins EN MEME TEMPS que le texte. Ce qui est fort appréciable.
Je ne vous fais pas chier davantage avec encore du blabla ; merci pour la lecture, donnez moi des reviews (c'est ma pitence et mon seul moyen de survie), n'hésitez pas à poser toutes les questions qui vous passent par la tête, à faire des remarques, des critiques, les fautes. Je prends aussi les louanges en compte, et sur ce, à la prochaine.
Naé, pour vous servir.
