Bonjour (bonsoir peut-être).

Voici ma nouvelle fic inspiré de l'univers de Ludwig Revolution. Les personnages ne m'appartiennent pas. En revanche Clarina et Céliane viennent de mon imagination (tordue certes).

Bonne lecture.

XXX

La forêt était si lumineuse, si belle. Les arbres laissaient filtrer des grands rayons de lumière qui allaient illuminer les gouttes de rosées perlant des larges feuilles vertes. La mousse colorée par la saison tapissait le sol et les troncs, formant une peinture tout à fait agréable. De rares champignons commençaient à y apparaître, phénomène du aux pluies d'automnes arrivées bien plus tôt cette année. Un écureuil s'aventura sur le sol, les oreilles en l'air, prêt à réagir au moindre danger. Le cadre était donc celui d'un conte de fées. Personne n'aurait été surpris de voir apparaître une petite fée, une biche blanche ou un lutin, tout droit sorti d'un de ces contes de fée pour enfant. Et peut-être même un prince charmant sans prétention, richement vêtu, arrivant sur un cheval blanc pour délivrer une quelconque princesse en détresse, traversant le silence paisible de l'endroit…

- J'en ai marre ! pesta Ludwig.

- Nous arrivons bientôt mon prince, lui dit Wilhelm.

- Tu as déjà dit ça il y a une demi-heure ! Rends-toi plutôt utile, va me chercher une boisson fraiche. J'ai envie d'un jus goyave mangue avec des glaçons et quelque chose à grignoter. Tout de suite !

- Mais, mon prince, comment voulez-vous que je trouve tout ça dans cette forêt ?

- C'est pas mon problème ! Obéis !

Et cela durait depuis des heures. Pour tenter de s'occuper le prince essayait différentes coiffures. Il avait encore du mal à se faire à sa coupe plus courte. Lui qui prenait tant soin de ses magnifiques cheveux roux. Il avait d'ailleurs une valise entière rien que pour ses produits capillaires. Ainsi qu'une autre pour ses produits du visage, une pour ses chemises, une pour ses fourrures… Et ainsi de suite.

- Bon, redis-moi où on va au moins !

- Chez une femme et ses deux filles magnifiques à fortes poitrines mon prince. La mère a décidé que ses filles resteraient avec elles jusqu'à leurs morts et n'épouseraient donc personne.

- C'est ridicule ! La vieille mourra avant elles.

- Non, c'est une sorci…

Dorothéa venait d'apparaître à la fenêtre de la calèche, interrompu par Ludwig qui avait eut le réflexe de lui foutre son pied sur le visage, au grand plaisir de la jeune femme. Le prince réalisa alors qu'on venait de lui parler :

- Excuse-moi, tu disais ?

- Que c'est une sorcière.

Dorothéa s'était assise à la fenêtre, peu gênée du vent qui la fouettait et peu inquiète de la trace bien rouge de soulier sur son visage.

- Elle est peu connue certes mais elle s'est fait remarquer il y a quelques temps dans le milieu.

- Avec quoi ? demanda Wilhelm, plus trop rassuré à présent.

- M'en souviens plus !

- Comme d'habitude, tu sers à rien ! dit Ludwig en détournant le regard.

Il s'ennuyait ferme ! La jeune sorcière s'en alla, criant qu'elle allait chercher à en savoir d'avantage. Ludwig regarda son valet du coin de l'œil. Il semblait frissonner de peur. Quelle belle andouille ! Il tremblait vraiment pour un rien. Ses grands yeux ne cessaient d'aller et venir, de regarder dehors. On aurait dit un gamin. Ludwig étouffa un soupir ! Il avait hâte d'arriver. Ne serait-ce que pour pouvoir regarder sa belle personne dans un vrai miroir.

Il fut exaucé une heure plus tard. Le carrosse s'était arrêté devant une immense bâtisse construite selon un schéma tout à fait improbable. Il n'y avait aucun ordre dans les tours assez hautes pour toucher le ciel, aucune harmonie ni symétrie. Les quelques fenêtres apparentes n'étaient pas toutes à la même hauteur. Et pour finir la grande porte aurait pu faire passer dix éléphants posés les uns sur les autres et dix autres de front. Les deux hommes mirent pied à terre. Wilhelm se rapprocha de son prince :

- Vous voulez vraiment continuer mon prince ?

- Trouillard !

Une voix résonna alors à leurs oreilles. Elle avait quelque chose de métallique dans son intonation, comme la bande-son d'un magnétophone qui aurait bien trop servit. C'est d'ailleurs la première pensée qu'eut Ludwig. La voix disait :

- Repartez d'où vous venez ! Ou subissez ma malédiction éternelle !

Ludwig souleva un sourcil. Quel accueil ! Il esquissa un sourire qui terrifia bien plus son valet que le château et la voix réunis. Le roux se mit à crier à son tour dans un mégaphone apparut soudainement dans sa main :

- Je suis un grand prince chevauchant par monts et par vaux afin de découvrir le monde. Je m'appelle Ludwig, Louis pour les intimes, et j'aimerais passer quelques jours chez vous afin de me reposer et me restaurer. J'imagine bien que vous aurez assez de cœur pour me laisser rentrer.

Wilhelm regarda son maitre sans comprendre. Depuis quand parlait-il aussi bien, aussi poliment surtout ? Si il ne le connaissait pas il aurait pu s'attendre à un vrai prince. Qu'est-ce que cela cachait ? Et surtout, d'où sortait-il encore ce mégaphone ? Son attention fut bientôt attirée par une forme sombre sur un des remparts. Une vieille femme était apparue. Elle sembla détailler un peu le convoi qui se présentait à sa porte avant de prendre la parole.

- Mouais… Je veux bien vous croire. Mais aucun homme ne rentrera ici ! C'est un coup à ce qu'il s'éprenne de mes filles et me les vole ! Jamais ! Elles resteront avec moi !

- Oh ne vous en faites pas pour ça, cher madame, dit Ludwig avec un grand sourire.

- Et pourquoi donc ? demanda la vieille d'un air soupçonneux.

- Je suis gay, répondit le prince du tac au tac sans changer de ton, un air tout à fait sérieux sur le visage.

Wilhelm regarda son prince, l'air choqué, sans comprendre. Son cerveau fonctionnait au ralenti. Qu'est-ce qu'il avait inventé encore pour s'occuper ? Pendant qu'il tentait de réfléchir, Ludwig continuait son dialogue avec la vieille :

- Je ne te crois pas, disait-elle.

- Oui je comprends. Un prince aussi beau que moi ne peut être qu'un homme à femmes, les collectionnant. Pourtant je dédaigne volontiers la gente féminine. Un mâle bien viril a bien plus d'attraits pour moi.

Le valet reconnaissait tout à fait l'éducation stricte de son maître et ses origines princières. C'était si rare ! Pourtant la vieille femme ne semblait toujours pas convaincue.

- Et qui est le brun à coté de toi ?

- Mon compagnon évidemment !

Le cerveau de Wilhelm était définitivement hors-service. Il tenta de prononcer une parole mais n'en eut pas le temps. La sorcière avait apparemment demandé une preuve. Ce que Ludwig s'était empressé de faire : il s'était retourné et avait embrassé passionnément son valet. Ce dernier était stupéfait. Une partie de son cerveau s'était activée et il commençait à y croire. Son corps réagissait très bien d'ailleurs. Surtout quand il sentit la langue du roux forcer le barrage de ses dents et se nouer à la sienne. Wilhelm se sentit fondre et il serait surement tombé si le bras de Ludwig ne le tenait pas fortement serré contre lui.

Le prince se détacha enfin de lui, les laissant tous les deux essoufflés. Wilhelm s'adossa à un arbre proche pour ne pas s'écrouler. En revanche Ludwig ne perdait pas le nord :

- Convaincu mamie ?

- Vous pouvez rentrer… Mais je vous tiens à l'œil !

Pendant que la maîtresse des lieux faisait descendre le pont-levis, Wilhelm rassembla les diverses bagages du prince, sans oser le regarder. Il sentait encore les lèvres chaudes contre les siennes. Il rougissait comme une jeune pucelle. De son coté, Ludwig ne montrait aucun signe de gêne. Il attendait paisiblement de pouvoir rentrer, les bras croisés, presque détendu. Si seulement le avait su ce qui se cachait réellement dans la tête de son prince.

Une fois le pont-levis abaissé la vieille femme les attendait de l'autre coté, deux jeunes filles se tenant sagement derrière elle.

- Voici mes filles : Clarina et Céliane.

Les rumeurs n'étaient pas fausses pour une fois. Clarina était aussi brune que Céliane était blonde. Et pourtant on aurait dit des clones parfaits. Des cheveux ondulés, des joues roses, les grands yeux ouverts et éveillés, un maintien digne des reines, des jambes qui n'en finissaient plus qui se devinaient sous les grandes robes échancrées et surtout des poitrines totalement improbables. Tout était semblable. Wilhelm en resta stupéfait. En revanche Ludwig ne perdit pas de temps. Il avait déjà baisé la main des deux jeunes filles et avait commencé à déblatérer ses compliments. Wilhelm avisa dans le même temps le regard noir de la mère. Il émit un raclement de gorge, faisant se retourner le prince. Le voyant ouvrir la bouche le brun s'attendait à être engueulé pour cette familiarité. Il aurait peut-être fallu. Il ne s'attendait vraiment pas à un :

- Oui, qu'est-ce qu'il y a … mon chéri ?

- Euh… prin… mon… il faudrait monter se reposer… je pense.

- Tu as tout à fait raison, dit Ludwig en se redressant.

Il prit Wilhelm par le bras.

- On y va… mon chéri, insista t-il.

XXX

Une fois bien installé, Louis convoqua son valet. Il ne se retourna pas quand le brun entra et s'inclina.

- Ecoute ce que ma royale personne a imaginé. Tu as surement compris qu'il nous faudra jouer un rôle. Tu seras mon compagnon. Mais nos rangs respectifs ne permettent pas cette idylle. Une histoire bien tragique qui me permettra de me rapprocher au mieux des deux charmantes jeunes filles de maison, qui font surement du F d'ailleurs. Donc tu dormiras ici et sera toujours à mes cotés. Compris ?

- Oui mon prince.

- Bien. Et j'attends toujours mon jus goyave mangue et de quoi grignoter !

Wilhelm ne dit rien de plus et sortit sans dire un mot. Ludwig contempla la porte fermée en silence. Il alla ensuite s'appuyer à la fenêtre, contemplant le ciel sans le voir.

- Imbécile, murmura t-il.

XXX

Céliane vint un peu avant la tombée de la nuit dans la chambre déjà relookée du prince.

- Le repas est servi prince Ludwig.

- Je vous en prie, appelez-moi Louis.

- Très bien prince Louis.

- Bon on s'en contentera…

Il suivit docilement la jeune fille dans le dédale des couloirs. Le prince en profita pour détailler le mobilier et la décoration. Enfin, le peu qu'il y en avait. Tout était délabré ou vieillot. Les teintures avaient besoin d'un bon dépoussiérage ou d'être jetées carrément. Louis avait abandonné de retenir le chemin. A la place il imaginait comment il redécorerait tout ça. Il avait de grandes idées et largement les moyens pour les réaliser. Il se voyait déjà maitre des lieux.

Ils arrivèrent dans la grande salle à manger en même temps que Clarina suivie de Wilhelm, qu'elle avait trouvé dans la cuisine selon ses dires. La vielle femme, déjà assise au bout de la table, invita tout le monde à s'asseoir. Elle se tourna ensuite vers le prince :

- Je me suis permis d'inviter votre compagnon à notre table.

- Je suis touché de votre attention, grimaça le prince.

Ils s'installèrent et la conversation, longue à démarrer, dériva sur le royaume du prince. Les deux jeunes filles ne disaient pas grand chose et leur mère n'arrêtait jamais. Ludwig en eut vite marre. Seule sa bonne éducation et la vue des belles poitrines en face de lui l'empêchait de tout envoyer bouler. Vint alors la question qui fâche :

- Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ?

Wilhelm allait ouvrir la bouche quand il sentit le pied de son maître écraser le sien violemment. Il se mordit la lèvre pour ne pas crier. Lui seul sembla remarquer le regard noir que lui lança le prince alors qu'il répondait gentiment :

- Plusieurs années. Je ne saurais dire quand cela a commencé exactement. Cela c'est fait… naturellement.

Il prit ensuite sa pose la plus tragique et déclara d'une voix digne des plus grands tragédiens :

- Mais nos conditions respectives ne permettent pas une union. Nous sommes obligés de nous aimer dans le secret. Mon père, et ma mère surtout, m'envoient chercher une fiancée mais je refuse d'être auprès de quelqu'un d'autre que mon cher Will.

Le souffle de Wilhelm resta coincé dans sa gorge alors qu'il écoutait parler le prince. Il baissa les yeux vers son assiette. Il savait qu'il ne pourrait rien avaler de plus ce soir. Le valet laissa passer quelques minutes et se leva.

- Veuillez m'excuser, je ne me sens pas très bien. Je préfère aller me reposer dans la chambre.

- Tu es sur que tout va bien mon amour ? demanda le prince, faussement inquiet.

- Oui je … ça va aller, répondit Wilhelm sans le regarder. Surement la fatigue du long voyage. Bonne soirée à tous.

Il inclina un peu la tête pour s'excuser et sortit de la salle. Ludwig le regarda s'éloigner avant de revenir à la conversation.