NOUVEAU
DÉPART
Une nouvelle aventure de l'Ombre
Chapitre 1
Sur Coruscant, une semaine avait passé, et le Seigneur Vador fut convoqué par l'Empereur qui voulait avoir un rapport sur l'interrogatoire du garde du corps de l'Ombre. Il était plutôt mécontent car, jusqu'à maintenant, cet interrogatoire ne leur avait rien apporté si ce n'est des informations périmées. Quand Vador arriva, il fut immédiatement reconduit à la salle du trône, où l'Empereur l'attendait, dans une attitude plus qu'impatiente. À peine Vador se fut-il incliné devant son maître que ce dernier lui demanda, d'un ton mécontent :
- Alors, avez-vous avancé dans l'interrogatoire de l'agent Rebelle, Seigneur Vador?
- Non, mon Maître. Sa résistance est extraordinaire et il refuse obstinément de parler. Il se tut quelques secondes pour réfléchir et ajouta, d'un ton un peu plus optimiste : Nous avons cependant réussi à apprendre qu'il était le fiancé de la jeune Tiana, cette jeune rebelle qui nous avait causé quelques tracas il y a quelques mois.
L'Empereur sembla méditer sur cette information pendant quelques minutes et Vador attendit patiemment qu'il ait terminé. Au bout d'un certain temps, ce dernier releva la tête et dit :
- Cela pourrait nous être utile… Sa propre souffrance ne lui importe peut-être pas mais qu'en est-il de celle de sa fiancée? Il eut un sourire peu engageant avant de poursuivre : Seigneur Vador, mettez tout en œuvre pour capturer cette jeune personne. En attendant, laissons notre jeune ami reprendre des forces. Il va en avoir besoin…
- Bien, mon Maître. Vador réfléchit quelques minutes et ajouta, sur un ton interrogatif : Se pourrait-il que cette jeune personne ne soit nul autre que l'Ombre elle-même, mon Maître? Elle possède les qualités requises et est entrée dans la Rébellion quelques jours seulement avant que l'Ombre ne fasse sa première apparition.
L'Empereur réfléchit quelques minutes et hocha finalement la tête, avant de poursuivre en disant :
- C'est une proposition intéressante, Seigneur Vador… Nous ne tarderons pas à être fixés. Si l'Ombre disparaît de la circulation quand vous aurez capturé la jeune Tiana, nous aurons alors notre preuve. Vous pouvez disposer, mon ami.
Sur ces paroles, Vador s'inclina et quitta la pièce d'un pas rapide. Il avait une mission à mettre sur pieds et peu de temps pour le faire…
*
**
Dans sa cellule, Kevin se remettait péniblement de sa dernière séance de torture. Il avait mal dans tout le corps et avait l'impression que la mort serait une véritable délivrance. Il commençait à perdre le contrôle de lui-même un peu plus après chaque nouvelle séance et la souffrance lui faisait dire des choses qu'il aurait préféré garder pour lui. Rien de vital, pour l'instant, mais il savait que, la prochaine fois qu'il serait entre les mains de Vador, il pourrait craquer et dire tout ce qu'il savait. Cette pensée était pire que la torture elle-même pour Kevin, qui se savait incapable de résister plus longtemps dans son état de faiblesse actuel. Il sentait que quelque chose d'extérieur à lui le retenait parmi les vivants car lui-même était prêt à jeter les armes depuis plusieurs jours déjà. Il sentait l'essence de Tiana qui s'accrochait à lui de toutes ses forces mais sentait aussi qu'elle n'avait pas conscience de cette emprise sinon elle l'aurait libéré de ses tourments depuis bien longtemps déjà. Quand la porte de la cellule s'ouvrit, il en eut à peine conscience dans l'univers de souffrance qu'était devenue sa vie et on du le secouer et l'aider à se redresser car il était trop faible pour le faire lui-même. Il pu alors voir que son visiteur n'était nul autre que son tortionnaire, le Seigneur Vador lui-même. Quand il fut un peu plus réceptif, Vador recula de quelques pas et lui dit :
- J'ai une bonne nouvelle pour vous, jeune homme. Vous allez avoir quelques jours de vacances.
Kevin en fut tout d'abord soulagé puis se demanda avec une certaine appréhension ce qui lui valait ce traitement de faveur. Il ne se rappelait que vaguement de ce qu'il avait dit ou non lors de la dernière séance qu'il avait enduré et se dit que cela devait être en rapport avec ses propos. Il eut un frisson et se demanda s'il avait sans le vouloir dévoiler des informations importantes qui pourraient s'avérer désastreuses pour l'Alliance. Vador ajouta, d'un ton teinté de menace :
- Votre propre souffrance est peut-être de peu d'importance pour vous, Rebelle, mais qu'en est-il de votre fiancée, la jeune Tiana? Il fit une pause, comme pour laisser le temps à son prisonnier d'assimiler l'information, puis poursuivi : Elle viendra vous rejoindre sous peu. Je la capturerai personnellement.
Kevin prit un air horrifié et tenta de se relever mais en fut incapable dans son état de faiblesse. S'il avait su à quel point il était près de craquer… Il n'avait pas besoin de Tiana! Il lança, en guise de défi :
- Tiana est trop intelligente pour tomber dans un de vos pièges, Vador. Elle vous glissera entre les doigts comme de l'eau d'un panier percé.
- Ce serait sans doute vrai si elle savait d'où va venir le piège, mais il n'en sera rien. Il prit un ton très menaçant pour conclure : Elle sera bientôt entre mes mains et vous ne pouvez rien y faire.
Sur ces paroles, il quitta la cellule et Kevin, en voulant encore se lever, tomba sur le sol. Il y resta prostré et versa des larmes d'impuissance en pestant contre sa faiblesse qui l'handicapait et lui interdisait tout mouvement. Il épuisa ainsi ses dernières réserves d'énergie et de volonté et s'endormit avec en tête une seule idée : prévenir Tiana par tous les moyens possibles.
Après ce qui lui parut une éternité il se retrouva en un étrange lieu fait de blancheur. On aurait dit que sa substance même était faite de lumière. Il vit également, après avoir baissé les yeux sur son corps, que toutes les traces de tortures s'étaient effacées et qu'il semblait en pleine forme. Il releva les yeux et vit une silhouette se dessiner devant lui, celle d'un homme d'âge mûr vêtu d'une étrange manière. Il portait en effet une grande tunique brune par-dessus une chemise beige et des pantalons noirs, le tout agrémenté d'une large ceinture à laquelle pendait un long cylindre de métal ouvragé qu'il ne pu reconnaître. L'homme prit la parole d'une voix douce et amicale :
- Il y avait un moment que je voulais rencontrer le fiancé de ma petite fille, jeune homme. Il le regarda des pieds à la tête avec un sourire et ajouta, un peu moqueur : Je ne suis pas déçu de ce que je vois, je dois dire!
- Vous êtes le grand-père de Tiana? ! C'est impossible, vous êtes mort depuis presque un an, maintenant! S'exclama Kevin en retour.
- Tiana ne vous a pas raconté l'histoire de notre famille, Kevin?
- Heu… Kevin réfléchit quelques instants et la lumière finit par percer les brumes qui enveloppaient son esprit. Il dit alors : Bien sûr! Elle m'a dit qu'il y avait des Jedi dans sa famille! Que son grand-père… Il ouvrit alors des grands yeux puis eut un éclair de compréhension : Elle a dit que vous avez été un Maître Jedi, lors des dernières années de la République.
L'homme eut un sourire d'approbation et hocha la tête. Il prit ensuite un air plus grave pour continuer, car ce qu'il avait à dire pourrait choquer le jeune homme et le faire reculer, il le savait. Il dit donc d'un ton plus prudent :
- Il faut que je t'explique quelque chose, mon garçon. Il soupira et poursuivit : Par amour pour toi, Tiana s'accroche à toi de toutes ses forces et elle refuse de te laisser partir. Pourtant, il le faut, car tu ne pourras supporter une autre séance de torture entre les mains de Vador et tu diras alors tout ce que tu sais, pour le plus grand malheur de l'Ombre et de l'Alliance tout entière. Il n'y a que toi qui puisses convaincre ma petite fille de lâcher prise, Kevin.
Kevin prit un air horrifié mais hocha néanmoins la tête en se disant que Tiana était assez têtue pour refuser de le lâcher peu importe les conséquences. Il demanda ce qu'il devait faire et le vieil homme lui dit qu'il suffisait de l'appeler de toutes ses forces. Quelques minutes plus tard, une nouvelle silhouette commença à se dessiner et Tiana apparut progressivement devant eux, l'air un peu déroutée. Elle regarda autour d'elle et vit d'abord son grand-père, qu'elle courut embrasser. Il la serra dans ses bras puis la prit par les épaules pour dire :
- Il y quelqu'un ici qui veut te parler, ma chérie. Il fit un signe derrière elle et elle se retourna.
Quand elle vit Kevin, elle alla se jeter dans ses bras et le couvrit de baisers, lui laissant à peine le temps de sourire pour la saluer. Il finit par la repousser et prit un air grave pour dire :
- Tiana…. Il faut que tu sache que Vador lui-même s'est mis à ta poursuite… à cause de moi. Il faut que tu me laisses partir tout de suite sinon, je vais te trahir et c'est pire que toute la souffrance de la galaxie, pour moi. Il la vit reculer avec un air horrifié en secouant la tête, comme pour chasser une vision déplaisante. Il reprit, plus fermement : Je vais mettre l'Alliance elle-même en danger, Tiana, essaie de comprendre!
- Comment peux-tu me demander une chose pareille! Je t'aime! Il y a sûrement encore une chance de te ramener…!
Elle fut alors interrompue par son grand-père qui lui dit d'un ton autoritaire qu'elle ne lui connaissait pas :
- Il n'y en a aucune, ma petite. C'est l'unique solution pour empêcher l'Empire d'avoir accès à toutes les informations qu'il possède et les tiennes, par la même occasion! Il prit un ton plus doux pour continuer : Crois-moi, s'il y avait une autre solution, je te la donnerais sans hésiter, Tiana, mais il n'y en a pas.
Tiana sentait monter dans sa poitrine une telle vague de colère qu'elle eut du mal à la contenir. Elle sentit alors une sorte de caresse froide et séductrice à la limite de sa conscience et se rappela sa dernière conversation avec son grand-père, quand il lui avait dit que sa colère pouvait la détruire. Elle associa cette sensation de froid à ce qu'il avait appelé le « côté obscur » de la Force. Elle eut un frisson de dégoût et s'efforça de calmer sa colère. Elle regarda alors son grand-père et vit qu'il était sincère, puis se tourna vers Kevin. Elle s'approcha de lui et se lova dans ses bras pour la dernière fois peut-être, puis l'embrassa avec passion et une certaine dose de désespoir. Elle le regarda alors dans les yeux pour demander :
- Est-ce vraiment ce que tu veux, mon amour?
Elle vit dans ses yeux qu'il était certain de son choix. Il préférait mourir plutôt que trahir tous ses amis, même contraint et forcé à force de tortures et de menaces. Tiana en eut les larmes aux yeux mais prit son courage à deux mains et demanda à son grand-père comment elle devait faire pour relâcher l'esprit de son bien-aimé. Il lui expliqua que le processus serait long et fastidieux et qu'elle devrait rester concentrée sur sa tâche constamment, sans aucun relâchement. Il lui dit que même les plus grands Maîtres Jedi hésitait à faire ce genre de chose. Il la guiderait dans toutes les étapes du processus. Cela prit plusieurs heures, mais son grand-père lui dit de ne pas s'inquiéter car le temps s'écoulait différemment ici, plus lentement, et qu'une seule heure avait passé en réalité. Elle en était arrivée à la toute dernière étape de cette tâche douloureuse quand elle retint son geste, de nouvelles larmes dans les yeux. Elle n'y avait pas vraiment pensé, avant, mais maintenant, cette notion la frappait de plein fouet : elle était sur le point de tuer son fiancé, l'amour de sa vie. Voyant son hésitation, Kevin l'encouragea en demandant :
- Est-ce que ce serait plus facile pour toi si tu voyais dans quel état je suis en réalité, Tiana?
Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête et son grand-père fit alors un geste vers Kevin. Ce que Tiana vit alors la bouleversa tant qu'elle faillit relâcher sa concentration avant que son grand-père ne retienne pour elle l'âme de son fiancé. Elle courut alors s'agenouiller auprès de lui car il s'était écroulé au sol, et elle prit sa tête sur ses genoux. Il était pâle, amaigri et avait de grands cernes violets sous les yeux. Il portait aussi des marques évidentes de tortures, dont certaines étaient encore très récentes. Elle comprit alors la situation parfaitement et accepta de relâcher son âme. Elle reprit en main le processus et franchit la dernière étape. Alors qu'il commençait à s'effacer, il lui dit quelques mots :
- Je t'aimerai toujours, ma bien-aimée, et je t'attendrai patiemment, mais ne gâche pas ta jeunesse au nom d'un souvenir, aussi beau fut-il. Trouve quelqu'un d'autre et soit heureuse jusqu'à ce que nous nous retrouvions de l'autre côté. Son dernier mot se perdit dans le lointain : Adieu…
Tiana pleurait à chaudes larmes quand elle sentit brusquement derrière elle une présence maléfique. Elle se retourna d'un bond et vit une silhouette sombre et glaciale. Elle vit son grand-père faire un geste et, inconsciemment, fit le même geste en disant, d'un ton autoritaire qu'elle ne se connaissait pas :
- Partez! Vous n'avez rien à faire ici!
Deux vagues d'énergie blanche frappèrent l'ombre noire en même temps et celle-ci fut catapultée hors du rêve avec une force extraordinaire. Tiana se tourna alors vers son grand-père et demanda :
- Qu'est-ce que c'était que cette chose?
- L'Empereur, ma chérie. Il est arrivé ici par erreur, je crois. Tu dois repartir immédiatement et cacher tes dons. J'espère qu'il n'a pas eu le temps de te reconnaître…
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Dans sa chambre de méditation, au Palais Impérial, sur Coruscant, l'Empereur fut brusquement tiré ou plutôt expulsé, de sa méditation et se retrouva sur ses pieds avant même d'avoir vraiment compris ce qui lui arrivait. Les deux gardes royaux en faction un peu plus loin sursautèrent et se raidirent, en attente. L'Empereur lança alors d'un ton d'urgence :
- Appelez tout de suite le Seigneur Vador!
Quelques instants plus tard, ce dernier arriva au pas de course et ne ralentis qu'une fois arrivée devant les portes de la salle de méditation. Il entra alors d'un pas plus posé et s'inclina devant son maître, qui dit :
- Allez tout de suite vérifier l'état de votre prisonnier, le jeune Rebelle. J'ai l'intuition que vous allez être déçu…
Vador appela immédiatement le centre de détention et demanda que l'on vérifie l'état de santé du jeune homme. Quelques minutes plus tard, il reçut un nouvel appel qui vint lui annoncer que le Rebelle était mort, de toute évidence pendant son sommeil. Vador jeta alors au pauvre communicateur un regard meurtrier, évidement dissimulé par son masque, et le broya entre ses doigts comme s'il était en carton. Il sentit monter en lui une grande colère car sa meilleure chance de découvrir qui était l'Ombre venait de lui glisser entre les doigts. Il serra les poings et plusieurs objets alentours se brisèrent en mille morceaux. Voyant cela, l'Empereur eut un petit rire et dit :
- Il n'est plus nécessaire de capturer sa fiancée, maintenant, Seigneur Vador. Il baissa un peu la voix pour continuer : Nous savions que la jeune fille avait des dons dans la Force, mon ami, mais je viens de voir qu'elle recevait aussi de l'aide d'un Maître Jedi. J'ai l'impression qu'elle y est pour quelque chose dans la mort de son fiancé… Il demeura silencieux quelques instants puis conclut : Vous pouvez retourner à votre chasse aux Rebelles.
Décidant de ne pas tenir compte de la manière cavalière dont il venait d'être congédié, Vador se contenta de s'incliner à nouveau avant de tourner les talons et de partir. Il était en rage car son prisonnier le plus intéressant venait de mourir avant de n'avoir pu lui fournir aucune information valable. Quelqu'un devrait payer pour cela. D'un autre côté, il finirait bien par mettre la main sur cette jeune fille, Tiana. Il avait l'intuition qu'elle était d'une importance capitale tant pour la Rébellion que pour l'Empire. Pour le moment, il voulait trouver un moyen de passer sa colère et se rendit au centre de détention. Un certain commandant en charge de ce centre allait passer une mauvaise nuit…
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Quelques part dans l'espace, à la base centrale de l'Alliance Rebelle, Tiana se réveilla à son tour, en larme et bouleversée. Elle vit qu'Arisa était assise près d'elle et la regardait avec inquiétude. Elle lui demanda, quand elle vit qu'elle était réveillée :
- Qu'est-ce qui se passe, Tiana? Pourquoi pleures-tu?
À travers ses larmes, elle parvint à dire, d'un ton désespéré :
- Il est mort.
Il n'en fallut pas davantage pour qu'Arisa comprenne de qui Tiana parlait et elle en fut, elle aussi, bouleversée et des larmes lui montèrent aux yeux à son tour. Elle sera Tiana dans ses bras et ses tentacules crâniens vinrent s'enrouler autour de leurs épaules à toutes les deux en signe de tristesse. Elles restèrent ainsi quelques minutes jusqu'à ce qu'Arisa demande à Tiana de lui expliquer ce qui s'était passé exactement. Celle-ci commença par lui expliquer comment elle avait été comme appelée et était arrivée dans un lieu qu'elle connaissait bien pour y avoir souvent rencontré son grand-père en rêve. Kevin était là et il lui avait demandé de l'aider à mourir parce que c'était son amour qui l'empêchait de partir.
- Tu as accepté de faire ça? ! S'écria Arisa d'un ton catastrophé.
- Je n'avais pas le choix! Il m'a expliqué qu'il allait trahir l'Alliance, qu'il allait me trahir! Elle avala sa salive et poursuivi d'un ton plus hésitant : Ensuite, il m'a montré dans quel état il était et… si tu avais vu… c'était tellement affreux… Je ne pouvais pas le laisser souffrir comme ça, Arisa. Il n'était plus que l'ombre de lui-même!
- Mais… Comment as-tu fais… pour l'aider à mourir. Je ne comprends pas, Tiana.
- « J'ai… relâché mon emprise sur son âme et elle est partie. » Elle lui cita alors ses dernières paroles, puis conclut, un peu couverte par les pleurs de son amie : « Je vais respecter ses dernières volontés. Je vais honorer sa mémoire en trouvant le bonheur qui lui a été refusé. » Elle serra les dents pour conclure : « Un bonheur que l'Empire lui a arraché… Ils vont me payer sa mort au centuple. »
Arisa frissonna devant le ton glacial et déterminé avec lequel Tiana avait prononcé cette dernière phrase, un ton qu'elle ne lui avait jamais entendu auparavant. « Sauf juste après la destruction d'Alderaan… » Pensa alors Arisa. Les deux amies ne purent se rendormir de toute la nuit et Arisa s'efforça de réconforter Tiana en lui remémorant tous les bons souvenirs qu'elle gardait de Kevin, depuis leur première rencontre dans la navette qui les avaient amenées de Coruscant jusqu'à leur dernière rencontre à la base centrale un mois plus tôt. Elle eut un succès mitigé, mais Tiana réussit tout de même à se rendormir au bout de quelques heures. Quant à elle, elle ne pu se rendormir et songea que leur groupe commençait déjà à se disloquer. D'abord Davis, il y a deux semaines, puis maintenant Kevin. Qui allait être le prochain? À partir de ce moment, Arisa ne réussit plus à chasser cette pensée désagréable de son esprit et se demanderait toujours qui allait être le prochain de leurs amis à disparaître…
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Le lendemain, peu avant le dîner, Tiana et Arisa furent convoquées dans le bureau du Général Madine qui les fit entrer dès qu'elles se furent annoncées. Il n'était pas seul. Mon Mothma était là elle aussi, et tous deux avaient un air grave. Quand le chef suprême de l'Alliance prit la parole d'un ton solennel, Tiana su tout de suite ce qu'elle allait dire mais la laissa tout de même poursuivre, par respect. Elle commença donc :
- Si je vous ai fait convoquer ici, mesdemoiselles, c'est pour deux raisons. La première vous concerne personnellement, Tiana. Nous venons d'apprendre que votre fiancé était mort en faisant son devoir. Il a protégé votre identité jusqu'à la fin. Elle soupira et baissa les yeux quelques instants avant de reprendre d'un ton attristé : Il est toujours triste de perdre quelqu'un qui nous est cher mais nous devons l'assumer. Kevin savait ce qu'il risquait en acceptant ce poste. Savoir mourir pour la cause, cela fit partie de notre devoir en tant que membre de l'Alliance.
- Oui, Madame, je comprends. Répondit Tiana, et elle ajouta d'un ton plus amer : Ça ne veut pas dire que je l'accepte, cependant. Je ferai payer cette mort très cher à l'Empire, j'en fais le serment.
- Faites attention avec la vengeance, mon amie, elle peut entraîner votre perte. Je comprends vos sentiments mais ne les laisser pas prendre le pas sur votre raison. L'avertit Mon Mothma en la regardant dans les yeux.
Ces paroles lui rappelèrent une conversation précédente qu'elle avait eue avec son grand-père dans le royaume des rêves, sur le Côté Obscur de la Force et ses dangers. Elle eut un frisson intérieur. Elle ne changea cependant pas d'expression et garda un visage impassible pour dire :
- Bien sûr, Madame, je comprends et je serai prudente. Répliqua Tiana sans baisser le regard.
Arisa avait observé l'échange avec une certaine appréhension et elle sentait deux très fortes volontés s'affronter à ce moment précis. L'instant passa et la tension revint à la normal dans la pièce. Arisa poussa un soupir intérieur et prit note de ne jamais tenir tête à Tiana car elle aurait très peu de chances de l'emporter dans un duel de volontés tel que celui-ci. Elle se demanda si l'Empereur lui-même pourrait lui tenir tête tout en espérant qu'un tel évènement ne se produira jamais et en ayant le sentiment, au fond de sa conscience, que cela allait se produire un jour. Elle osa alors prendre la parole pour demander, d'un ton sérieux :
- Quelle est la seconde raison de notre présence ici, madame. Sauf votre respect, bien sûr! Ajouta-t-elle précipitamment.
Se détournant de Tiana, Mon Mothma se tourna ver Arisa pour répondre, d'un ton beaucoup moins solennel :
- J'ai une nouvelle mission à vous confier, mesdemoiselles. Elle eut un sourire avant de poursuivre : Vous êtes officiellement en vacance pour deux semaines. Je vous envoie sur M'haeli, où nous avons un petit avant-poste. C'est un monde agricole, parfait pour prendre du repos. Après l'épreuve que vous venez de traverser, Tiana, vous en avez bien besoin. Voyant que Tiana ouvrait la bouche pour protester, elle reprit en levant une main pour la faire taire : Ne discutez pas, je vous en pris! Votre permission est commencée depuis ce matin alors profitez-en, mesdemoiselles. Vous pouvez disposer.
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Une fois revenues dans leurs quartiers, Tiana fulminait littéralement. Elle referma la porte avec plus de force qu'il n'était nécessaire et arracha sa cape et son brouilleur d'un geste rageur avant de les jeter violement sur le lit. Arisa regarda cela avec un certain malaise et finit par enlever, elle aussi, sa cape et son brouilleur, mais avec des gestes plus posés et les déposa avec soins sur son lit. Tiana se mit à rager à haute voix :
- En vacance! Et puis quoi, encore! Comme si j'en avais besoin! Je me sens très bien, au contraire!
- Excuse-moi, Tiana, mais je ne suis pas d'accord. Tu as subi beaucoup de pression ces derniers temps et tu as traversé des épreuves que la plupart des gens hésiteraient à traverser, ou du moins, pas sans dommages. Tu as besoin de ces vacances. Elle se tut quelques instants puis ajouta, en la regardant dans les yeux : Penses-tu vraiment que Kevin aimerait te voir dans cet état?
Elle lui jeta un regard meurtrier qui voulait dire : c'est un coup bas, ça! , et se détourna en baissant les yeux. Elle réfléchit en silence plusieurs minutes en pensant à ce que Kevin aurait dit s'il avait été là. Elle se rendit alors compte qu'elle se conduisait comme une gamine, ou comme Nykhi quand elle était contrariée, elle faisait du boudin première classe. Elle rougit légèrement de honte et se dit que ce n'était décidément pas digne de l'Ombre de bouder comme une petite fille contrariée. Elle se reprit en main avec fermeté en se disant : « Arrête, Tiana, tu te conduis comme une petite idiote! Réfléchit un peu! Pense à ce que la Princesse Leia ferait dans une telle situation! Un peu de dignité, s'il te plait! Que penserait grand-père, s'il me voyait! » Une voix, en son for intérieur, lui dit qu'elle avait passé l'âge de bouder et elle crut reconnaître la voix de son grand-père. Elle se tourna vers Arisa et lui dit, contrite :
- Excuse-moi, je me conduis comme une vraie gamine. Ce n'est pas digne de l'Ombre…
- Ce n'est pas grave. Tu t'es retrouvée très jeune avec des responsabilités d'adulte et il faut que tu te conduises comme tel. En grattant un peu la surface, je suis sure qu'on pourrait trouver la petite fille qui jouait à la poupée. Elle ajouta, moqueuse : Et de toute façon, tu es une gamine!
Tiana pouffa de rire et lui jeta un coussin par la tête. Arisa fut contente de retrouver la Tiana qu'elle avait rencontré sur Coruscant plusieurs mois auparavant. Elles préparèrent leurs bagages en vitesse et elles partirent vers le quai d'embarquement, où une navette les attendait. Tandis qu'elles marchaient dans le couloir, Tiana, revêtue de sa cape verte et de son brouilleur, vit dans le regard de tous ceux qu'elles croisaient une lueur de respect. Elle en était toujours un peu gênée car on la saluait maintenant avec autant de respect que si elle était le chef suprême de l'Alliance. Elles montèrent dans la navette et celle-ci décolla. Elle prit la direction de M'haeli et entra dans l'hyperespace.
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Sur M'haeli, le commandant reçut un message urgent, blêmit un peu et ordonna à ses officiers de faire un grand ménage de la base car ils allaient recevoir la visite d'un personnage important. L'excitation gagna toute la base : on s'intéressait enfin à leur petit trou perdu! L'un des soldats, cependant, ne se joignit pas à l'effervescence ambiante et se demandait qui était le personnage important qui devait venir ici. Le commandant voulait garder le secret jusqu'à l'arrivée du personnage en question et le soldat ne savait pas quel nom donner à son futur problème. L'agent Nolan travaillait pour les services secrets impériaux depuis presque trois ans et il n'aimait pas les surprises, car elles signifiaient souvent des problèmes. Sous prétexte d'une patrouille hors de la base, il put communiquer avec le vaisseau impérial le plus proche, le destroyer Émancipateur. Le responsable des communications lui répondit et lui passa immédiatement l'Amiral quand il lui eut donné ses codes d'identification. Il commença par dire :
- Bonjour Amiral Kornwall. J'espère que vous allez bien.
- Trêve de bavardages, Nolan! Venez-en au fait! Que se passe-t-il sur M'haeli qui vaille la peine que vous appeliez un destroyer impérial directement! Vous ne respectez plus les procédures dans les services secrets? Répliqua Kornwall avec froideur.
- Il y a une grande excitation sur la base Rebelle. Il semblerait que nous attendions la venue d'un personnage important. Malheureusement, le commandant de la base garde cette information pour lui et je n'aime pas ça du tout. Les surprises ne m'ont jamais rien apporté de bon, voyez-vous, Amiral.
- En quoi cela est-il intéressant pour moi, Nolan? Demanda l'Amiral.
- Peut-être vous permettre de capturer un haut dignitaire de la Rébellion, Amiral, ce qui serait très bien sur votre dossier, non? Vous êtes plutôt en disgrâce auprès de l'Empereur, à ce que j'ai pu comprendre. C'est pour cela qu'il vous aurait envoyé en patrouille dans cette partie de la galaxie, non? Répliqua l'agent d'un ton sarcastique.
- Je vous avertis, Nolan, ne jouez pas avec mes nerfs! J'ai encore des alliés hauts placés dans l'Empire qui pourraient vous faire tomber en un rien de temps! Retourner à la base et avertissez-moi quand vous saurez de qui il s'agit. Il ajouta, beaucoup plus menaçant : Et surtout, ne faites pas l'erreur de me menacer de nouveau, Nolan. Vous pourriez le regretter.
- A vos ordres, Amiral! Répondit Nolan d'un ton moqueur avant de couper la communication.
Il retourna alors à la base et se prépara à recevoir ce dignitaire important avec la même curiosité que les autres, tout aussi impatient de savoir de qui il s'agissait que les Rebelles.
*
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Pendant le voyage, Tiana tenta de se relaxer en faisant un peu de méditation, mais son esprit était en ébullition et elle ne parvenait pas à se concentrer suffisamment. Elle se rabattit donc sur une conversation agréable avec Arisa, qui se fit un devoir de reprendre ses leçons sur les principes de pilotages qu'elles avaient débutées il y a quelques semaines. À son grand désespoir, Tiana ne semblait pas du tout intéressée. Exaspérée, Arisa finit par dire :
- Hé, l'Ombre, je vous parle! Vous voulez que je vous apprenne à piloter, oui ou non?
- Oui, c'est juste que, pour l'instant, je n'aie pas la tête à ça. Et ne me parle pas d'acrobaties spatiales. Ça me donne la nausée juste d'y penser! Répondit l'Ombre d'un ton irrité.
- C'est bien, ça! Le meilleur agent de l'Alliance à des nausées juste au simple fait de penser à piloter! Elle eut un soupir résigné et dit : On m'a donné l'ordre de vous apprendre à piloter et je vais le faire, même si ça doit me prendre 10 ans!
Autour d'elles, les gardes eurent des rires moqueurs et l'Ombre se tourna vers eux dans une attitude offensée et ceux-ci s'arrêtèrent aussitôt de rigoler et prirent un air gêné. L'Ombre les toisa un par un et dit :
- Vous avez quelque chose à ajouter, peut-être, messieurs? Je vous en pris, je suis tout ouie!
- Non, chef! Répondirent les gardes en prenant un air penaud d'enfants pris en faute.
- Très bien, dans ce cas! Reprenez vos occupations, si elles ne consistent pas à rire de moi! Et quelqu'un pourrait-il m'apporter un verre d'eau, je vous pris? Elle sourit en voyant les 10 gardes se bousculer pour lui obéir et ajouta, sarcastique : J'ai dit un verre, pas dix! Je n'ai pas soif à ce point-là!
Une fois qu'elle eut son verre d'eau, elle retourna s'asseoir auprès d'Arisa, qui reprit sa leçon tant bien que mal. Deux heures plus tard, le copilote vint leur annoncer qu'ils allaient atterrir dans 15 minutes et qu'ils feraient bien de boucler leurs ceintures et de prendre patience. L'appareil se posa en douceur et Tiana pu déboucler sa ceinture et aller chercher ses bagages dans la soute. Elle n'eut pas besoin d'aller très loin car le chef de ses gardes lui dit qu'ils allaient s'occuper de ses bagages. Elle le remercia et se dirigea vers la rampe de l'appareil qui commençait à descendre.
À l'extérieur, l'agent Nolan attendait avec les autres soldats Rebelles, qui formaient pour l'occasion une haie d'honneur. Il ne savait toujours pas qui ils attendaient mais se dit que se devait être un personnage très important pour occasionner tout ce branle-bas autour de son arrivée. La rampe s'abaissa et il tendit le cou pour mieux voir, comme tout les autres. Une boule de glace se forma soudainement dans son estomac quand il vit qui était le personnage qui sortait de la navette. Il reconnut tout de suite la frêle silhouette en cape verte encapuchonnée et devinait même le brouilleur qui dissimulait le bas de son visage et rendait sa voix semblable à celle du Seigneur Vador. Il vit aussi son assistant en cape bleue nuit qui la suivait de près. Il tenta de cacher qu'il avait blêmit et se tint aussi raide que les autres, mais il pensa : « Ho, non, c'est l'Ombre! Je suis cuit… . Il vit l'Ombre s'avancer et s'arrêter juste devant lui alors que le commandant de la base venait à sa rencontre. Il réprima son mouvement de recul et se mit à écouter la conversation.
- Soyez la bienvenue sur la base de M'haeli, l'Ombre. Je suis ravi de vous accueillir parmi nous.
- Merci, Commandant. Répondit l'Ombre de sa voix métallique avant d'ajouter : Je suis venue me reposer deux semaines sur votre base et je vais en profiter, si vous le voulez bien, pour regarder les dossiers de votre personnel afin de m'assurer qu'il n'y a aucun agent impérial dans votre groupe. Ça m'aidera à me reposer car il n'y a rien qui me repose davantage que cela.
- Bien sur, l'Ombre, vous pouvez regarder tous les dossiers que vous voulez! Cependant, je ne crois pas que cet avant-poste soit assez important pour attirer l'attention de l'Empire. Répondit le Commandant Stern avec un sourire qui se voulait rassurant.
- Si ça ne vous dérange pas, Commandant Stern, j'en jugerai par moi-même. J'ai déjà trouvé des agents impériaux dans des endroits bien plus désolés qu'ici, croyez-moi!
- À votre guise, l'Ombre, mais laissez-moi d'abord vous reconduire à vos quartiers, avec votre assistant. Accepta Stern en s'inclinant.
L'Ombre s'apprêtait à partir quand elle tourna la tête vers Nolan. Celui-ci sentit une sueur froide lui couler dans le dos et blêmit un peu plus. Il se traita intérieurement de tous les noms en se disant : « Reprends-toi, enfin! Tu vas te faire repérer en deux minutes, sinon! Où est donc passé ton sang-froid face à l'ennemi? » Finalement, l'Ombre prit la parole et lui dit :
- Vous sentez-vous bien, soldat? Vous avez l'air un peu pâle…
- Heu… J'ai seulement quelques désagréments au niveau de l'estomac, l'Ombre. Sûrement quelque chose que je n'aie pas digéré… Dit Nolan d'une voix un peu nerveuse.
Au moment même où il finissait de parler, il s'aperçut de l'erreur de débutant qu'il venait de commettre. Il avait levé les yeux vers la gauche! L'Ombre n'allait pas manquer de le remarquer! On disait, dans les services secrets impériaux, que c'était ainsi que l'Ombre avait démasqué son premier agent et qu'elle était capable de prendre n'importe quelle apparence. Il se traita encore une fois de tous les noms et sentit alors le regard de l'Ombre le transpercer comme un rayon laser qui le scannait jusqu'au fond de son cerveau. Il fixa son regard sur le profond capuchon de l'Ombre et ne pu voir que deux points brillants là où auraient du se trouver ses yeux. C'était le regard le plus perçant qu'il ait jamais eut à affronter. L'Ombre finit par parler de nouveau et dit :
- Si vous ne vous sentez pas bien, aller vous soigner, soldat. Dit l'Ombre en gardant les yeux fixés sur lui.
Elle tourna ensuite les talons et partit avec le Commandant Stern. Quand ils furent hors de portée d'oreille, elle demanda à consulter le dossier de ce jeune homme en premier car il lui avait laissé une impression dérangeante. Quant à Nolan, il était sous le choc de cette rencontre avec le meilleur agent Rebelle de l'Alliance. Les autres soldats l'entourèrent en lui disant qu'il avait dû se sentir honoré de s'être fait remarquer par l'Ombre. Il leur dit cependant que l'Ombre possédait le regard le plus perçant qu'il avait vu jusqu'à présent. Il s'excusa auprès d'eux en leur disant qu'il allait soigner son estomac malade. Une fois hors de vue, il courut jusqu'à ces quartiers et commença a emballé ses affaires. Il se dit qu'il devait partir dans les plus brefs délais. Il attendit cependant la nuit.
Pendant ce temps, l'Ombre étudia le dossier du jeune soldat et releva plusieurs incohérences flagrantes. Elle appela le commandant et lui mit ses résultats d'enquête sous le nez. Il ouvrit de grands yeux étonnés et annonça qu'il allait procéder immédiatement à l'arrestation de l'espion. L'Ombre lui répondit :
- Faites vite commandant. Je ne crois pas qu'il attendra sagement qu'on vienne l'arrêter. De plus, je viens avec vous. L'Ombre se tourna vers son assistant et lui dit : Attends-moi ici, je ne serai pas long.
- Très bien, chef. Lui répondit Arisa
Dans sa chambre, Nolan, voyant que la nuit était tombée, ouvrit la fenêtre et l'enjamba. Dès qu'il fut à l'extérieur, il entendit qu'on défonçait sa porte. Il se plaqua contre le mur juste sous la fenêtre et écouta la conversation qui se déroula dans la pièce. Il entendit le commandant ordonner de partir à sa recherche, qu'il ne devait pas être très loin. Il entendit aussi la voix de l'Ombre qui ordonna qu'on lui emmène le prisonnier dès qu'on l'aurait retrouvé, qu'elle se chargerait elle-même de l'interrogatoire. En entendant cela, Nolan blêmit et fila à toute vitesse en rasant les murs. Il savait que les Rebelles n'étaient pas loin derrière lui et fila jusqu'à sa machine de communication, qu'il s'empressa de mettre en marche et entra en contact avec le destroyer Émancipateur. Il débita alors son message à toute vitesse et annonça que l'Ombre était sur M'haeli. Il voulut ajouter quelque chose mais reçu un tir paralysant dans le dos et s'écroula au sol, inconscient, et la communication fut coupée…
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Sur l'Émancipateur, l'Amiral Kornwall reçut la communication de l'agent Nolan par le biais de son responsable des communications. Il ordonna que l'on passe le message sur haut-parleurs. La voix de Nolan paraissait particulièrement affolée et il disait :
- L'Ombre! C'est lui le visiteur que les Rebelles attendaient! Il m'a repéré alors qu'il venait à peine de descendre de la navette! Je crois… Il y eu alors un bruit de blaster et la communication fut coupée.
Sur la passerelle, tout le monde resta silencieux un moment, puis tous se mirent à discuter en même temps d'un ton excité. Khaled, le fils de l'Amiral, demanda d'un ton intrigué :
- Qui est l'Ombre, père?
- Rien de moins que le meilleur agent des renseignements Rebelles, Khaled. Il se tourna alors vers son officier en second et dit : Commandant, déroutez le vaisseau vers M'haeli. Nous avons une prise très intéressante qui nous attend…
- À vos ordres, Amiral. Répondit l'officier, puis il se tourna vers le centre de la passerelle pour transmettre les ordres nécessaires.
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Sur M'haeli, l'agent Nolan se réveilla dans une petite pièce cubique et déprimante tant elle était terne. Il s'aperçut aussi qu'il était solidement ligoté sur une chaise extrêmement inconfortable. Quand ses yeux furent un peu plus clairs, il vit que l'Ombre était assise devant lui, avec son assistant à sa gauche et le commandant qui attendait à l'arrière plan. Quand il fut parfaitement réveillé, l'Ombre prit la parole d'un ton badin :
- Vous êtes réveillé? Parfait! Maintenant, agent Nolan, vous avez un choix à faire. Il y a deux options qui s'offrent à vous : nous pouvons utiliser la méthode douce ou la manière forte, à votre convenance. Elle ménagea une pause pour laisser à son prisonnier le temps de bien assimiler la situation, et repris : En ce qui me concerne, je peux vous renvoyer dès maintenant à l'Empereur, et vous savez comment il traite les échecs, ou vous vous mettez à parler et je peux délayer cette rencontre le plus longtemps possible. À vous de choisir.
Nolan demeura silencieux et fixa son regard droit devant lui, bien décidé à ne pas ouvrir la bouche. Il se dit que, puisqu'il était déjà dans la panade jusqu'au cou, il n'était pas dans son intérêt d'aggraver son cas et que le destroyer Émancipateur était de toute façon en route vers M'haeli. Au bout de quelques minutes, l'Ombre parla de nouveau, et son ton était plus froid, cette fois-ci :
- Très bien, Nolan, vous avez fait votre choix. Malheureusement, ce n'était pas le bon. L'Ombre se tourna vers son assistant et dit : « Procédez. » Elle posa de nouveau son regard sur l'agent impérial et ajouta d'un ton léger : Ho, au fait, n'espérez pas recevoir des secours du destroyer que vous avez appelé, Nolan. Nous ne sommes plus sur la base. Elle a déjà été évacuée.
L'assistant sortit alors une mallette de sous la table et l'ouvrit. Nolan vit qu'elle contenait un pistolet d'injection et se dit que le liquide qu'il contenait devait être un sérum de vérité ou une autre drogue de la sorte, faite pour émousser sa résistance. Quand on l'approcha de son cou, il tenta de se dérober et se débattit quelques instants, jusqu'à ce que l'Ombre fasse un geste vers le fond de la salle. Deux gardes approchèrent et lui immobilisèrent la tête pour permettre à Arisa de faire son injection. La sensation fut désagréable et il grimaça un peu. Après quelques minutes, il dodelinait de la tête et une forte envie de dormir le saisit, ainsi qu'une forte envie de répondre à toutes les questions pour qu'on lui fiche la paix au plus vite. L'Ombre posa ses questions une à une et, quand il ne voulait pas répondre à une question, elle la posait encore et encore, jusqu'à ce qu'il craque et réponde. Quand finalement, l'Ombre jugea que ses réponses avaient été satisfaisantes, elle le laissa s'endormir et ordonna qu'on le mette dans une cellule. Elle se dit que, décidément, les agents impériaux devraient revoir leurs techniques car il devenait de plus en plus facile pour elle de les démasquer. Leur aversion pour le changement était une bonne chose pour elle, en fait. Elle quitta alors la base avec les dernières troupes Rebelles et ils se dirigèrent vers les montagnes. À peine y étaient-ils arrivés que des Bombardiers TIE et des chasseurs TIE apparurent à l'horizon et se mirent à pilonner la base abandonnée.
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Sur le pont du destroyer impérial, l'Amiral Kornwall attendait le rapport de ses troupes au sol. Quand il arriva, il fut courroucé de voir que la base était abandonnée. De toute évidence, les Rebelles avaient été avertis de leur arrivée, et il pouvait même deviner par qui. Il reçut plus tard un autre rapport disant que l'on avait retrouvé l'agent Nolan dans une cellule, endormi, probablement drogué. Il ordonna que cet incompétent soit ramené à bord et mis dans une cellule, en attendant plus d'instructions concernant le traitement à lui infliger. Il avait sur lui un mot, le même que celui que l'Ombre laissait sur tous les agents qu'elle capturait : « Avec les compliments de l'Ombre » Il ordonna alors à son fils, qui commandait une escadrille de Bombardiers TIE, de pilonner le secteur pour débusquer les derniers Rebelles.
Dans l'un des hangars, Khaled vit une navette se poser et on en sortit l'agent Nolan, couché sur une civière. On le porta vers l'extérieur du hangar et il fut bientôt hors de sa vue. Se tournant vers son ailier, Khaled commenta, sur le ton de la conversation :
- Je me demande ce qu'il a … Il n'a pas l'air blessé.
- Ho, une rencontre au sommet avec l'Ombre, d'après ce que j'ai cru comprendre, Lieutenant. Il est bon pour passer un mauvais quart d'heure! ... Répondit-il en ricanant.
Ils grimpèrent alors dans leurs chasseurs et six Bombardiers TIE décollèrent et piquèrent vers la planète en contrebas. Ils se mirent en formation d'attaque et allèrent bombarder le secteur proche du camp Rebelle.
Depuis la caverne où elle était cachée avec d'autres Rebelles, l'Ombre entendit le bruit caractéristique de Bombardiers TIE en approche. Peu de temps après, le sol sous ces pieds se mit à trembler. Elle se dit alors qu'ils devaient se débarrasser de ces Bombardiers avant qu'ils ne fassent s'écrouler la caverne sur leur tête. Elle avait en effet entendu des craquements de mauvais augure dans la roche au-dessus d'eux… Il se dirigea vers le commandant, qui avait pris position à l'entrée de la caverne avec ses hommes et lui dit d'un ton d'urgence :
- Il faut nous débarrasser de ces bourdons, commandant, avant que le ciel ne nous tombe sur la tête.
- Ne vous inquiétez pas, l'Ombre, nous attendons seulement le signal du groupe Alpha, qui est dans les montagnes. Ils ont activé les lance-roquettes que nous y avons dissimulés. Lui expliqua Stern en retour.
Il s'interrompit quand son comlink bipa et se tourna vers l'entrée de la caverne. Quand les TIE refirent un passage, six roquettes furent lancées et se mirent à les suivre à la trace. Cinq d'entre elles touchèrent leur cible et cinq des TIE explosèrent en millions d'éclats minuscules. Le sixième TIE fit une embardée et la roquette toucha seulement l'aile droite, ce qui fit partir le petit vaisseau dans une vrille mortelle. Il sembla se redresser juste avant de toucher le sol et le percuta avec force, en équilibre précaire sur l'aile gauche… Avec des jumelles, l'Ombre vit l'aile droite finir de se détacher et le cockpit s'ouvrir pour laisser le passage au pilote du petit chasseur, qui tituba et s'effondra au sol, juste sous la partie de l'aile qui s'apprêtait à céder. Elle se tourna vers le commandant Stern et dit, d'une voix autoritaire :
- Envoyer une équipe pour sauver ce pauvre pilote, commandant.
- Pour sauver un pilote impérial? Lui ne le ferait pas pour un des nôtres! S'exclama Stern d'un ton haineux.
- Si vous ne le faites pas, j'irai moi-même, commandant Stern! Nous ne sommes pas des sauvages pour laisser un homme mourir alors que nous pouvons le sauver! Elle le regarda dans les yeux et ajouta d'un ton froid : Nous ne sommes pas l'Empire.
- Vous avez raison, l'Ombre. Je suis navré. Je vais envoyer des hommes avec vous.
Ils montèrent tous dans un speeder et se dirigèrent vers la colonne de fumée visible à l'horizon.
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Sur le pont du Destroyer, l'amiral Kornwall faisait les cents pas en attendant un rapport sur l'avancement de l'attaque. Il entendait les pilotes des différents Bombardiers TIE s'interpeller les uns les autres. L'un d'eux lança tout à coup qu'il était poursuivi par une roquette, puis la communication cessa abruptement, remplacée par des parasites. Il en fut de même pour cinq autres chasseurs, avant que quatre d'entre eux ne disparaissent des écrans. Il ne restait qu'un seul chasseur, toujours poursuivi par sa roquette. Il demanda qui était le pilote de ce TIE et l'officier tacticien lui dit que c'était celui de son fils. Il demanda qu'on lui ouvre un canal de communication avec lui. Il dit alors :
- Khaled, fiston, tout va bien?
La voix de son fils lui parvint avec difficulté, brouillée par des parasites, mais il pu quand même saisir ses paroles :
- Cette saleté ne veut pas me lâcher! Il y eut sur les ondes une vague de parasites, suivie d'une explosion. La voix de Khaled reprit, pleine de souffrance : Je suis touché! Je vais m'écraser! Encore des parasites, puis plus rien.
Les dents serrées, l'Amiral demanda l'état du chasseur et l'officier du radar lui dit qu'il s'était posé en catastrophe mais qu'il n'avait pas encore explosé. Il y avait peut-être une chance de sauver son fils. Il ordonna qu'une équipe parte à son secours dès que le droid sonde donnerait sa position exacte. Il demanda alors qu'on l'affiche à l'écran et vit une scène qui le rassura quelque peu. Il vit son fils s'extirper de la carcasse de son chasseur, tituber un moment, puis s'écrouler au sol. Il remarqua alors quelque chose qui lui glaça le sang dans les veines : une partie de l'aile droite pendait de façon précaire au- dessus de son fils et menaçait de tomber sur lui. Il savait que l'équipe de secours n'arriverait pas à temps pour le sauver car ils étaient encore à vingt bonnes minutes de distance. Il entendit alors un bruit de speeder qui approchait rapidement et se dit que ce ne pouvait pas être l'équipe de secours. Il vit alors avec surprise un groupe de Rebelles surgir dans le champ de la caméra, prendre son fils et l'éloigner en vitesse de l'appareil juste avant que l'aile ne se détache et ne tombe juste là où son fils se trouvait l'instant d'avant.
Il ne savait que penser. Il avait peine à croire que des Rebelles risquent leur vie pour sauver un ennemi. La caméra bougea pour mieux cadrer les Rebelles et il vit un landspeeder duquel descendait une silhouette en cape verte parfaitement reconnaissable. Il ouvrit de grands yeux car c'était la première fois qu'il voyait l'Ombre. Il entendit alors l'Ombre parler de sa voix métallique en s'approchant du blessé :
- Comment va-t-il? Est-il gravement blessé?
- Assez gravement, mais il va s'en sortir, Monsieur. Lui répondit un autre Rebelle, de toute évidence un médecin.
- Très bien. Contentez-vous de le stabiliser et de l'installer le plus confortablement possible. Les siens sont sans doute déjà en route et il serait de bon ton que nous ne restions pas ici à les attendre. Reprit l'Ombre qui s'était approché du blessé.
Au moment où l'Ombre se retournait pour partir, le pilote la saisit par le bas de sa cape et lui demanda d'une voix faible pourquoi un personnage tel que lui s'était donné la peine de le sauver, lui, un ennemi. L'Ombre lui répondit qu'ils n'étaient pas l'Empire et n'abandonnaient jamais personne à la mort s'ils en avaient la possibilité, peu importe dans quel camp il était. L'Amiral vit alors l'Ombre relever la tête et fixer le droid. Il eut l'impression que ce regard transperçait la lentille et l'espace pour le fixer, lui, et il en fut un peu troublé. Finalement, l'Ombre remonta dans le landspeeder avec les autres Rebelles et ils repartirent. L'équipe qu'il avait envoyée arriva cinq minutes plus tard et les recherches pour retrouver les Rebelles demeurèrent infructueuses mais, étrangement, l'Amiral en fut soulagé. Il souhaitait remercier cet étrange personnage qui venait de sauver la vie de son fils.
Dans son lit, à l'infirmerie, Khaled ne faisait que penser aux mots que l'Ombre lui avait adressés. Il avait le sentiment que ses propos avaient touchés en lui une corde sensible et commençait à se poser des questions sur la justesse de ses actes dans la flotte impériale. Il repensait à tous les combats auxquels il avait participé et à tous les vaisseaux qu'il avait descendus et, bien qu'il ait toujours été très fier de ses performances de pilote et de tireur, il eut la sensation dérangeante d'être du mauvais côté. Malgré ses blessures, alors qu'il était à terre, il avait ressentis une telle volonté émaner de l'Ombre qu'il en avait été bouleversé, sur le coup, et quand il y repensait, il se disait que, peut-être, l'Ombre avait eu raison. Il relégua ses pensées dans un coin de son esprit et s'endormit…
