Oui oui coucouu ! On continue encore et toujours avec les vampires, même si on change de films/série/livre. Ici, bienvenue dans l'univers de Vampire Diaries.
Disclaimers : Aucun des personnages ne m'appoartiens. Ils sont tous les jouets de CW et de leur auteur originelle.
Je ne gagne pas d'argent avec cette fic.
Pairing : Elena/Damon, Katherine/Damon.
Rating: K
Bonne lecture!
Mille Morsures!
Votre Dévouée auteur.
Eléa Telmar.
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A tous ceux qui aiment et ont aimé.
A Jessica qui m'a vampirisée.
A ma Tour Eiffel.
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J'ai voulu te séparer de lui, tout de suite, brutalement, que tu saches que c'était fini... Que tes souvenirs étaient tirés du vide. Du néant. Que derrière toi il n'y avait plus que le noir, et que la lumière, l'espoir, la vie étaient ici dans notre présent, avec nous.
J'ai tranché derrière toi avec une hache.
Je t'ai fait mal.
Mais toi, la première, en prononçant son nom, tu m'avais broyé le cœur.
Simon dans La Nuit des Temps ; Barjavel.
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2009, Mystic Falls, Virginie.
POV Damon
J'étais revenu. Sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Comme si une attraction irrésistible me guidait tout droit vers ce trou pourri qu'était ma ville natale. Je détestais cet endroit. Même avec les siècles je n'arrivais toujours pas à m'y faire. C'était d'ailleurs pour ça que j'y revenais régulièrement pour y semer le désordre, la terreur et la zizanie. Tout me la rappelait et tous ces gens bien proprets et polis m'hérissaient. Ils étaient les descendants de ceux qui l'avaient condamnée, torturée, tuée. Bref, de ceux qui l'avaient enlevée à moi. Je ne les supportais pas parce qu'ils continuaient de vivre, paisibles et heureux, insouciants alors qu'ils étaient tous les instruments de mon affliction. Ils l'avaient tuée alors qu'elle était la beauté même. La cruauté aussi. J'étais tombé, il y a bien longtemps, dans ce qui fâche tous les hommes. Et croyez moi, ce n'était pas la mer, ou sinon un océan de douleur. J'avais croisé pour mon bonheur puis mon malheur son regard brun qui m'avait envouté et torturé tout à la fois. Une lueur lancinante y brûlait, comme un ange en enfer. Elle m'avait poussé dans mes derniers retranchements, elle m'avait tourmenté. Elle était cruelle. Mais toutes les femmes le sont.
Celle-ci n'échappait pas à la règle…
Katherine…
Ce n'était pas tout à fait une femme. Et pas tout à fait un monstre. Je ne voulais pas la voir ainsi à l'époque. Et encore aujourd'hui je me défends bien de la considérer comme telle. Après tout, désormais, j'appartiens à sa race.
Car, elle comme moi, nous sommes des créatures de la nuit dont le nom seul fait frissonner les pauvres mortels. Ils le murmurent avec dégout, crainte et fascination.
Des vampires.
Nous aurions pu passer l'éternité ensemble. C'était le plan. Et puis il y avait eu Stefan…
Stefan, ce garçon que je détestais, que je poursuivais, que j'embêtais. Celui que j'avais encore une fois pourchassé et qui m'avait mené tout droit, une nouvelle fois, à Mystic Falls. Stefan. Mon petit frère.
Katherine était arrivée dans la pension de famille tenue par mes parents, un jour d'été, ordinaire, à mourir d'ennui. Jusqu'à ce qu'elle pose pied à terre. Un ange était sorti d'une voiture, dans une robe à crinoline aux couleurs tendres. Elle avait juste souri et c'en était fini de nous. Dès le premier regard, elle nous avait asservis à tous ses caprices. Nous étions tombés amoureux. Lui et moi. D'elle. Et nous avions formé un triangle amoureux inédit, qui faisait jaser toute la ville. Nous, autrefois si droits, si vertueux, nous n'avions plus cure de rien que d'elle. Katherine était notre madone, notre déesse, notre sainte. Nous ne vénérions plus qu'elle. Quelque chose en elle nous éloignait du droit chemin. Et, plus nous goutions à ce fruit perverse et empoisonné plus nous y prenions goût. Plus rien n'existait que notre monde, à tous les trois.
Il y avait eu la guerre qui m'avait arraché de ses bras, ce qui avait entrainé ma désertion, à la plus grande honte de toute ma famille. Mon père m'avait renié. Ma mère ne m'adressait plus la parole. Dans la ville, nous les Salvatore nous étions les mauvais citoyens, les couards, les pervertis. Seul Stefan prenait fait et cause pour moi. C'était le temps où nous étions encore insouciants et amis. Où nous nous aimions. Où nous nous respections.
C'était en 1864.
Stefan et moi avions découvert que notre belle demoiselle pouvait s'avérer aussi vénéneuse que sublime. Elle représentait notre pire danger : la mort. C'était d'ailleurs ce péril qui l'enveloppait d'une aura mystérieuse et qui m'intriguait. J'aimais une morte qui me le rendait bien. Mieux encore, c'était une vampire, qui avait promis de me transformer ainsi que mon cadet, afin que nous puissions vivre notre romance tous les trois, jusqu'aux trompettes du jugement dernier. Nous, pauvres mortels, nous restions pantois devant cette offre généreuse qu'était l'immortalité et l'amour d'une si merveilleuse créature. Malheureusement, comme toutes les mauvaises histoires d'amour, elle nous avait été prise. A cause de Stefan. Et de notre père. Les vampires ne supportent pas la verveine. A l'insu de mon frère, notre géniteur en avait introduit dans ses aliments, ses boissons… Et, lorsque Katherine avait voulu se nourrir sur lui, après lui avoir donné son corps, son sang l'avait empoisonnée, la privant momentanément de sa force, de ses pouvoirs. On avait condamné alors la damnée et ses comparses à brûler vifs, dans l'Eglise…
Stefan et moi, nous étions arrivés trop tard.
Je n'avais pas pu la sauver.
Pire, je m'étais fait abattre, de sang froid par mes concitoyens.
Et puis après tout, qu'est ce que ça pouvait leur faire de m'assassiner ? J'étais l'amant de celle qui avait tué leurs enfants, leurs femmes, leurs frères ou leur époux. J'étais l'allié du diable. Et vous qui m'écoutez, qu'est ce que ça peut vous faire, ce qui m'est arrivé ?
Oui j'ai aimé quelqu'un.
Oui quelqu'un m'a aimée.
Comme les enfants qui s'aiment simplement savent aimer. Avec déraison, avec ferveur, oubliant les conséquences. Ils s'aiment et sont capables d'aller jusqu'au bout pour conserver un peu de la beauté de leur premier émoi. Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout, contre les portes la nuit, à n'importe quel moment. Ils ne se rassasient jamais de l'autre et dès qu'elle s'enfuit on manque d'air… Les passant les désignent du doigt avec mes railleries. Mais les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne. Leur bonheur insouciant excite la rage des passants. Leur rage, leur mépris, leurs rires, leurs envies. Ils ne comprennent pas. Ou sinon ils sont jaloux. Et moi, entrain de me vider de mon sang, je m'en moquais. Je mourrais pour Katherine, je mourrais pour mon amour. Je ne la sauvais pas alors je ne méritais pas de vivre. Mon père en serait dévasté, apprenant le trépas de ses deux enfants et c'était tant mieux pour lui. Il avait condamné Katherine, il méritait de souffrir. Je ne regrettais pas. Devant moi du rouge partout et des cris. Des flammes. C'était Katherine qui brûlait, Katherine qu'on tuait. Alors je cessais de lutter. Mon cœur battait fort, mes poumons me brûlaient, la mort arrivait… Je revis le visage de Katherine avant de ne plus rien entendre. La fin était là, toute proche. Un dernier regard. Un dernier souffle. Et puis le noir. Oui, les enfants qui s'aiment ne sont plus là pour personne. Ils sont ailleurs, bien plus loin que la nuit, bien plus haut que le jour dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
J'étais mort et pourtant… La mutation avait opéré, Katherine nous ayant déjà fait boire de son sang, première étape de la transformation en vampire. Quand j'avais ré-ouvert les yeux, le silence absolu régnait autour de moi. La nuit aussi. Je m'étais réveillé sur une nouvelle vie, plein d'amertume, d'angoisses, de désespoir. J'avais perdu Katherine. J'avais donc tout perdu. La folie avait obscurcit mon esprit et j'avais saccagé tout sur mon passage. J'avais enterré tous les sentiments humains, exacerbant les autres qui caractérisaient les monstres. J'étais devenu un monstre. Un vrai. Pour ne plus ressentir ce déchirement lorsque je pensais à elle. Cette solitude. Ce sentiment d'abandon. Je m'étais raccroché à la seule émotion qui valait encore la peine ; la haine.
J'avais haï, méprisé, détesté. Et celui que je tourmentais depuis plus d'un siècle s'avérait être mon imbécile de frère, Stefan. Il cristallisait mon désespoir.
Il avait rejeté sa nature. Il avait voulu trouver la rédemption, passer à autre chose. Il se nourrissait de répugnants écureuils ou autres lapins, on aurait dit Louis dans Entretient avec un Vampire. Moi, j'étais Lestat. Sans morale, insatiable de sang humain, cruel. Je ne voulais pas que mon cadet trouve le repos. Il n'en avait pas le droit. Pas le droit d'être heureux alors que moi je souffrais, encore, toujours. Je voulais qu'il endure ce que j'avais enduré. Je voulais qu'il soit détruit, comme moi. Alors je le poursuivais, l'empêchant de mener cette existence « humaine » à laquelle il semblait tant aspirer.
Oui, c'était sans doute aussi à cause de ça que je me retrouvais coincé ici, dans cette maison aussi sordide que vaste, avec lui.
Ma haine m'avait aveuglée tout d'abord. Puis il y avait eu une apparition. Une éclaircie dans tout ce noir ambiant. La noirceur des abysses avait volé en éclat. La lumière s'y était installée. Et moi, Damon Salvatore, je faisais tout pour qu'elle ne se ré-empare pas de mon âme. Je voulais rester celui que j'avais toujours été depuis ma transformation, luttant contre la bonté qu'on avait réveillé en moi. Je souhaitais rester l'éternel cynique, conserver cette carapace confortable et sûre. Et pourtant, elle s'effritait. Je ne me reconnaissais plus depuis que j'avais croisé l'humaine…
Si quelqu'un m'avait dit qu'un jour je ressentirais de nouveau de la compassion ou même n'importe quoi d'autre que la soif face à cette stupide race, je lui aurais ri au nez. Mais l'humaine de Stefan avait réveillé un peu mon ancienne personnalité. Je voulais lui plaire. J'en avais besoin. Un besoin incroyable qui m'irritait. Je n'aimais pas cette dépendance, ce souci que j'avais pour sa sécurité. Et pourtant, force était de constater que je ne restais pas indifférent à cette fille. Elle avait une façon adorable de hocher la tête, un regard d'où suintait l'intelligence, une voix souple et musicale, des mains fines de pianiste, un corps gracile et longiligne. Je l'avais observée, elle et sa mine triste, au cimetière, alors qu'elle écrivait son journal intime. Lugubre et romantique. D'abord, j'avais voulu la tuer.
Et puis, j'avais trouvé dans son visage torturé un reflet du mien. L'analogie m'avait frappé, si bien que je n'étais pas passé à l'action.
Cette hésitation qu'elle avait su provoquer en moi fut son salut : Stefan était arrivé, m'empêchant de parvenir à mes fins. Il avait sauvé son humaine, cette humaine qui m'irritait autant qu'elle m'intriguait.
Elena.
Ce qui m'avait stoppé dans son élan était certes cette reconnaissance de moi-même en elle, mais surtout sa ressemblance avec Katherine. Deux gouttes d'eau.
Sauf qu'elle était humaine.
J'avalais une gorgée de bourbon et observait avec minutie le plafond de la maison. Je me demandais où ils pouvaient bien se trouver. Ce qu'ils se disaient. Ce qu'ils faisaient. Et toutes ces questions me torturaient. Je détestais l'admettre mais la petite humaine me grisait. Son contact, sa présence m'apaisait. J'avais envie de voir une seule fois, même l'espace d'un millième de seconde, dans ces prunelles chocolat la même adoration pour moi que celle dont elle gratifiait Stefan. Oui, je devais en convenir, nous étions partis sur de mauvaises bases : j'avais vampirisé la copine de son frère. Je m'étais nourri sur Caroline, sa meilleure amie. J'avais voulu la séduire en utilisant mon pouvoir sur elle. J'avais triché. J'avais menti. J'avais tué. Et je tuais encore. Et elle le savait. Elle savait tout. Mais malgré tout, elle ne me fuyait pas. Il y avait chez elle cet espoir que je puisse, un jour, devenir quelqu'un de bien. L'espoir…
J'éclatais de rire devant ce sentiment si… humain. Après tout, « tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! ». Mais moi j'étais mort et je n'en avais donc plus. Ma compagne s'appelait Habitude et sa meilleure amie répondait au doux nom de Résignation. Paradoxalement, il y avait quelque chose entre nous, qui n'appartenait qu'à nous et qui était unique. Elle me comprenait. Elle ne pardonnait pas mais elle comprenait. Nous jouions à un jeu dangereux, pour elle et pour moi. Elena répliquait à toutes mes piques, elle se rebellait devant ma froideur, elle n'avait pas peur de moi. De rien. Elena était capable de tout. Même de me trahir. Parce qu'elle savait que moi aussi, si mon éternité en dépendait, j'étais capable d'une telle bassesse. C'était le cas, au début. Maintenant, je ne savais plus. Et ne plus pouvoir répondre de moi-même m'irritait. Je n'aimais pas cette faiblesse que l'humaine avait pernicieusement fait naitre en moi. Elle en ignorait tout, évidemment, tout comme Stefan. Je prenais bien soin, je mettais un poing d'honneur à continuer mon jeu de « méchant vampire ». Il le fallait, il en allait de ma réputation et de ma santé mentale !
Vous-mêmes qui lisez ces lignes, vous devez vous dire que je suis fou. Sans aucun doute et je revendique ce luxe. La folie est mon amie, elle me permet de vivre une journée de plus. Je suis comme je suis, je suis fait comme ça, quand j'ai envie de rire et bien oui, je ris aux éclats. Mais mon rire glace le sang, il accompagne toujours le trépas. J'aime celle qui m'aime, mais est-ce ma faute à moi si ce n'est pas la même à chaque fois ? Je suis comme je suis, je suis fait comme ça. C'est ma nature, mon essence, je m'abrutis de fêtes, d'alcool, de danses et de futilité pour oublier la vacuité de mon existence. Plus rien n'a de gout, plus rien ne vaut la peine. L'immortalité m'a enlevé un certain plaisir de vivre. Cynique. Lubrique. Manipulateur. Implacable. Je suis comme je suis, je suis fait comme ça. Que voulez vous de plus ? Que voulez vous de moi ?
POV Elena
Stefan se trouvait à mes côtés, chez Grams. Nous devions faire un choix. Pour moi, il était évident qu'il fallait rendre à Damon sa chère Katherine. C'était le seul moyen de le faire quitter la ville et de trouver de nouveau la paix. Nous devions nous plier à son caprice. Il en allait de notre vie.
Mon amoureux me couvait du regard, il voulait me protéger. Je lui en étais reconnaissante d'ailleurs, c'était assez rassurant de le savoir là, à mes côtés. Mais à cet instant précis, nos différences étaient exacerbées. Il ne comprenait pas la quête de son frère pour ce souvenir, il n'arrivait pas a accepter qu'il puisse tuer, massacrer afin de se satisfaire et d'être heureux.
Moi si.
Damon souffrait. Et, il le faisait payer. Il voulait que le monde entier souffre avec lui. Il n'acceptait pas le bonheur, il l'écartait encore et toujours. Pourtant, lorsqu'il m'avait sauvé la vie, après cet accident de voiture, qu'il m'avait « enlevée » pour 24 heures à Atlanta, j'avais découvert une facette d'humanité derrière le masque du monstre. Damon était ténébreux, maléfique, intrigant et mystérieux. Il était capable de tout pour arriver à ses fins. Je le savais. Et, curieusement, une voix en moi criait que jamais il ne pourrait me faire de mal. Je veux dire attenter à ma vie. Autrefois sans doute, mais plus aujourd'hui. Quelque chose avait changé entre nous lors de cette escapade. Nous nous détestions et nous nous estimions tout à la fois. Nous étions dissemblables et pourtant nous avions un point commun : l'amour.
Car la cruauté de Damon, paradoxalement résidait dans sa passion dévorante et destructrice pour Katherine. Toutes ces atrocités qu'il avait commises, je le devinais, c'était au nom de son amour pour elle. Une bien étrange et macabre façon d'aimer… Ou peut être d'abandonner ? Car le vampire toujours tout de noir vêtu tuait afin de se venger, j'en étais persuadée. Les humains ignorants et froussards avaient assassiné Katherine. Il leur faisait payer. J'avais découvert cette évidence par hasard, après un rêve où il m'était apparu. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, Damon était capable d'aimer. Je veux dire d'aimer d'amour vrai. Et c'était cet amour qui lui avait fait perdre toute son humanité, terminant de le transformer en monstre.
Bonnie ma meilleure amie observait sa grand-mère, apeurée. Ramener à la vie vingt-quatre vampires ne la bottait pas tant que ça. Et moi non plus d'ailleurs. Grams quant à elle échangeait quelques paroles avec Stefan. Il fallait agir au mieux. La colère de Damon serait une tornade, nous ne pourrions plus le maitriser puisque nous avions perdu sa confiance en le flouant une première fois. Mais, si Katherine revenait, il partirait sans doute, cesserait de pourchasser Stefan et les meurtres s'arrêteraient à Mystic Falls. Il fallait espérer que les autres vampires les suivent. C'était un pari risqué. La vieille dame souffla alors, sentencieuse, mettant fin à notre conflit :
-« J'ouvrirai le tombeau, puis, toi Stefan, tu iras chercher l'amie de ton frère… Et tu brûleras tous les autres… Ainsi, tout sera terminé ».
Le plan était simple, limpide. Il me plaisait. Mais il y avait un os (sans mauvais jeu de mots !) Stefan le souligna avant que je n'ai pu ouvrir la bouche :
-« Il nous faut l'accord de Damon. »
Erf, c'était là que tout risquait de se corser. Damon. Cette tête de mule ne serait pas facile à convaincre. C'était même mission impossible. J'osais quand même :
-« Il a déjà été d'accord une fois. »
Mais la conviction n'y était pas. Il nous faudrait un petit miracle.
-« Ouais, Elena. Il a été Okay… et puis on l'a doublé, tu t'en souviens ? » Répliqua Stefan avec morgue. Yep, on n'avait pas été très fin pour le coup. Mais bon… Mon amoureux continua : « Et de ce fait, il est en colère. Tu sais, une de ses colères… NOIRE ! »
Je n'étais pas d'accord avec lui. Sans savoir pourquoi je défendais une ordure, je rétorquais avec véhémence :
-« Il est blessé. C'est différent. »
Je me sentais très nerveuse. Pourquoi ? Aucune idée. Il fallait trouver quelque chose pour le faire se soumettre à nos volontés. Alors, mon cœur se mit à cogner dans ma poitrine avec férocité. Tellement fort que je crus qu'il allait sortir de ma cage thoracique. Je flageolais. Je savais. Mes mains tremblaient, je me sentais fiévreuse. Mais au moins j'avais la solution. Et elle était toute simple. La clé du problème, ce qui pourrait faire basculer Damon dans notre camp c'était…
Moi.
Stefan fit un pas pour me réconforter en me prenant dans ses bras. Je me reculais d'autant. Etonnement je ne voulais pas de lui. J'avais besoin d'agir seule. Toute seule. De me sentir de nouveau forte et normale. Je respirais profondément avant d'asséner d'une voix que je voulus calme et posée.
-« Je pense que je sais quoi faire. »
POV Damon
Je m'apprêtais à sortir pour prendre l'air quand j'entendis son pas léger. La pièce qui quelques instants plus tôt m'étouffais me sembla idéale. Je respirais de nouveau. Et pourtant, cette fureur, cette colère, cette amertume ne s'en allait pas. Oui j'étais en colère contre elle, contre Stefan. Ils avaient joué avec mes sentiments. Jamais je n'avais accordé ma confiance à quiconque depuis ma transformation, mais, il y avait quelques jours, j'avais cru en eux… Et ils avaient tout gâché. Je me sentais bafoué, trahi. Incapable. Mes muscles se contractèrent, j'étais prêt à la tuer. Son sang battait dans ses veines avec force, ses pulsations cardiaques effectuaient un son élégant.
C'était tentant. Vraiment. Je me pris à m'imaginer la douceur de sa peau, le fumet de son sang. Mes dents pénétrant dans la chair de son cou comme dans du beurre. Ses petits gémissements. Sans doute se débattrait t'elle… Ce serait d'autant plus excitant et amusant. Et ça ferait souffrir Stefan. Oui, j'aurais eu tout à gagner en m'abreuvant à sa jugulaire. Cependant quelque chose que je ne comprenais pas me laissait cloué sur place, m'obligeant à l'observer dénouer son écharpe avec sensualité.
Par les dieux ou l'enfer, qu'est ce qu'elle fichait ici ? Qu'avais-je fait pour qu'on m'envoie pareille harpie à ma poursuite ? Car cette fille ne pouvait avoir été crée que pour mettre mon âme noire au supplice ! Savait-elle seulement l'effet qu'elle produisait sur moi ?
A en juger pas sa mine désolée, pas du tout. Mais bon sang, pourquoi fallait-il qu'elle revienne encore et toujours ? Ne pourrions-nous pas rompre définitivement ? Ne pouvait-elle pas me détester, comme Stefan y parvenait si bien ? Et moi, pourquoi n'arrivais-je pas à me détacher d'elle ?
Tout ceci était… irritant. Et incompréhensible !
Afin de lui faire comprendre que je n'étais pas d'humeur à entendre son bavardage, je terminais de mettre mon blouson en cuir noir, tentant de détacher mon regard d'elle. En vain ! J'étais contrarié de cette nouvelle. Quand allais-je redevenir le Damon cynique et froid ? J'en avais plus qu'assez de me ramollir ! Maudite humaine va !
-« Je vais devoir faire changer les serrures, histoire que tu ne puisses pas rappliquer à toute heure, surtout quand je n'ai aucune envie de te voir, petite fouine.
-Tu es toujours aussi accueillant ? » Ironisa t'elle malgré les battements irraisonnés de son cœur. Elle avait peur. Tant mieux, j'allais pousser ma chance, la terroriser et elle me foutrait la paix !
-« Seulement avec les menteuses, trompeuses et tricheuses. Et malheureusement pour toi, Elena, tu rentres dans les trois catégories ! » Répondis-je calmement, avec un ton très distant. Je lui balançais un sourire narquois pour appuyer ma pique et continuais de vaquer à mes occupations. Un lourd silence c'était installé dans le hall. Chouette, finalement, je n'avais même pas eu à l'effrayer ! Ma méchanceté naturelle avait fait tout le travail. Finalement je ne m'étais pas trop amollit ! J'en jubilais presque.
Mais ma joie fut de courte durée. Elle toussota. Okay, elle n'était pas partie comme je le supposais. Mais pourquoi s'accrochait t'elle, comme un bernique à son rocher ? Je n'avais rien demandé moi !
-« Tu as organisé une évasion pour venir me voir?
-Non Stefan sait et...
-Ah, frérot. L'amour fraternel, tout ça… » Me moquais-je, cinglant. Elena sursauta et se tordit les poignets, mal à l'aise. Tant mieux ! Je m'accoudais avec nonchalance au canapé en cuir et attendis qu'elle me déballe la raison de sa visite puisqu'elle ne semblait pas vouloir en démordre. Dieu que cette humaine pouvait être… Irritante !
POV Elena
Damon n'était pas dans un de ses bons jours, il ne me rendrait pas la tâche facile. D'ailleurs je pouvais le comprendre. Mais tout de même, il n'était pas très fair-play. Après tout, lui aussi avait manipulé, manigancé. J'étais un agneau face au grand méchant loup. Quoique là, il me faisait plutôt penser à un lion. Pourquoi avait-il pris cette position ? Ainsi, tout en noir, de ce noir qui s'accordait parfaitement à sa chevelure, il était divin. De toute façon, Damon était toujours beau. C'était presque agaçant. Ses iris d'un bleu limpide me toisaient. Je pouvais y lire de l'amusement devant mon hésitation mais aussi de la curiosité et de l'étonnement. Ma respiration se fit quelque peu erratique. Je ne savais pas comment amener la chose. Après tout, il fallait que je me la joue subtile, il pouvait tout de même se mettre en colère. Un frisson parcourut mon échine. J'avais peur. Atrocement peur. Il ressemblait vraiment à un vampire ainsi, immobile, avec cet air victorieux et sadique. Alors, je cherchais en lui des détails pour reprendre courage, pour me le rendre un peu plus humain. Sa fossette provoquée par son sourire narquois. Sa mèche ébène qui lui retombait devant les yeux. Sa chemise dont il avait laissé ouvert les deux boutons du haut. Son blouson avec ses Ray Ban coincées dans la poche. Son jean un peu délavé et ses All Stars noire. Ainsi vêtu on aurait dit une star de cinéma. Et voilà, il redevenait un peu plu réel, un peu moins…
-« Stefan ou le Chevalier Servant. Comme toujours… » Ricana t'il, amer.
Oups, j'avais attendu sans doute pris un peu trop de temps pour me calmer… Car pointait derrière cette remarque d'apparence anodine une petite pointe d'agacement. Okay, il n'avait apparemment pas envie qu'on se parle. Et cette vérité me blessa, à mon grand étonnement. Je n'avais pas envie que Damon ne m'apprécie plus. Nous n'avions jamais été proches, pas même amis, mais tout de même… Il y avait ce truc et…
-« J'ai convaincu Bonnie de t'aider. »
Je m'étonnais de ma propre audace. Les mots étaient sortis tous seuls, évidents. C'était sans doute le mieux que je pouvais faire. Lui dire la vérité, platement. Il fronça les sourcils et répondit du tac au tac :
-« C'est faux.
-C'est vrai !
-Non.
-Si !
-Elena, je déteste qu'on me prenne pour un imbécile. Une fois est amplement suffisante, donc maintenant…
-Mais puisque je te dis que…
-Je n'ai pas envie que…
-Maieuuh
-Avril ! » Lâcha t'il, pince-sans-rire. C'était quoi cette réplique pourrie ? Et pourtant, malgré moi, je me sentis sourire. Très vite je me repris et le toisais de toute ma hauteur. Il n'avait pas bougé d'un pouce et lui aussi me sondait. Nous nous défiions du regard et je lâchais, revêche :
-« Ecoute Damon, je ne vais pas te dire que je suis désolée qu'on t'ait doublé, qu'on ai pris ce foutu grimoire de sorcière qui appartenait à l'ancêtre de Bonnie, parce que je ne le suis pas. »
J'avais avancé et descendais calmement les escaliers. Je n'avais plus peur. On allait crever l'abcès. Après tout, c'était aussi pour ça que j'étais là, seule avec un vampire dont le met préféré était le sang d'adolescente. Damon avait croisé ses bras, barrant son torse. Ce geste faisait deviner ses muscles noueux mais bien dessinés. Sa mine renfrognée soulignait la finesse de ses traits et le creux de ses pommettes, si caractéristique de sa personne. Arrivée en bas, je poursuivis :
-« En fait, je n'ai vraiment aucun regret. »
Il sourit et rejeta sa tête en arrière. Amusé mais aussi acerbe, il se contenta de répondre, ancrant ses prunelles acier dans les miennes :
-« Au moins tu es honnête .Pour une fois. Je ne peux rien attendre de plus de toi, Elena»
Alors qu'il s'approchait de moi, devinant qu'il voulait mettre fin à cette conversation sans m'avoir comprise ni pardonnée, je ressentais l'urgence de tout lui expliquer. J'avais besoin qu'il comprenne.
-« Je protégeais les gens que j'aime, Damon. »
Il se stoppa net, choqué par mes propos.
Sentant une faille, je m'y engouffrais, forçant ma chance.
-« Mais toi aussi, à ta manière, tu agis de la sorte. Et aussi difficile que ça paraisse, on est tous du même côté. On veut tous la même chose... » Continuais-je tout en essayant à nouveau de m'approcher de lui. Il se tendit, contracta sa maxillaire, signe de contrariété chez lui et lâcha, revêche :
-« Pas intéressé. »
Avant que je ne puisse esquisser un mouvement, il s'était détourné de moi et s'apprêtait de nouveau à me quitter. Damon avait tourné les talons et s'en allait pas une porte à l'opposée de moi.
Il me fuyait. Il m'abandonnait. Il ne m'écoutait pas. Il me reniait.
Avec toute la fureur du désespoir et de l'impuissance, je répliquais :
-« Si, tu l'es. Tu voulais bien travailler avec nous hier. »
Le vampire se retourna et me toisa comme si j'avais perdu l'esprit, ce qui sans doute était le cas. Puis, il eut cette moue ironique et machiavélique dont il aimait tant user en ma présence.
-« Tu m'as dupé une fois, Elena, honte à toi d'ailleurs. »
Je n'y arrivais pas… Il fallait que je trouve quelque chose pour l'arrêter pour qu'il reste pour que je puisse le convaincre pour que… Oh, idée !
-« Damon, quand on était à Atlanta, pourquoi n'as-tu pas essayé de me contrôler ? »
POV Damon
Je ne m'étais pas attendu à cette question venant de sa part. J'étais tellement sous le choc que les livres que je venais de ramasser m'échappèrent des mains.
Atlanta.
Ca me semblait si loin désormais. J'avais failli y être tué par le petit ami d'une vampirette que j'avais assassiné pour rester moi-même en vie. J'avais « kidnappé » Elena peu avant suite a son accident de voiture produit pas d'autres vampires dont j'ignorais encore l'identité.
Atlanta.
J'avais emmené cette fille, inconsciente dans mon périple. J'aurais très bien pu la ramener à Mystic Falls, nous n'étions qu'à quelques kilomètres. Mais non.
J'avais ressenti ce besoin de la garder avec moi, pour moi. De la connaitre. De comprendre ce qui m'arrivait. Et en plus cela avait fait enrager Stefan. Pour moi, c'était tout bénef.
Atlanta…
Je me tournais vers elle, complètement perdu. Cependant, je n'en laissais rien paraitre et conservais mon air suffisant, intouchable et ailleurs. Je ne voulais pas lui montrer ma faiblesse à cet instant. Faussement amusé, je répondis :
-« Et qui te dis que je n'ai pas essayé, à Atlanta, de te faire faire tout ce que je voulais ? »
Elena allait d'un pied à l'autre, mal à l'aise soudain. Elle réfléchissait. Puis, victorieuse, elle répliqua :
-« Non, tu ne l'as pas fait. »
POV Elena
Damon m'offrit une mimique qui en tant normal m'aurait fait éclater de rire. Il venait de faire tourner sa tête à la manière « L'Oréal » avant de tordre sa bouche dans un effet théâtral irrésistible. Mais il ne pouvait plus me tromper. J'en avais l'intime conviction.
Je repris, sereine :
-« Je sais que tu ne l'as pas fait. Que tu ne t'es pas introduit dans mon cerveau pour me contrôler comme une poupée. Je le sens. Mais tu aurais pu. » Concédais-je, de mauvaise grâce. Je détestais ce pouvoir là chez les vampires.
Damon sembla contrarié que je ne le déteste pas au point ou il s'y attendait. Ce type était vraiment masochiste !
J'avançais d'un pas. Il ne broncha pas. J'ouvris la bouche pour parler, mais aucun son n'en sortit. Après avoir fermé les yeux une seconde, je poursuivis mon propos :
-« Toi et moi… On a quelque chose… »
Je le vis frémir. Quoi ? Qu'est ce que j'avais encore dit de mal ?
POV Damon
Elle ne pouvait pas avoir dit ça. Elle ne pouvait pas penser exactement comme moi. Elle ne pouvait pas !! Et pourtant si, je l'avais entendu de mes propres oreilles. Alors elle aussi, elle sentait ce lien, puissant et pourtant insaisissable qui nous unissait ? Incontrôlable même. J'étais scié. Vraiment, je ne pensais pouvoir être étonné, au bout de plus de 150 ans d'existence. Et bien si. Elena pouvait encore me surprendre…
L'humaine s'était glacée. Sans doute craignait-elle ma réaction. Malgré la folle envie que j'avais de lui foutre une nouvelle fois la frousse, je me fis violence pour tenter de l'encourager à poursuivre. J'aperçus dans le miroir mon visage contracté par l'effort, boursouflé et comique tentant de sourire cordialement et de faire un petit signe de tête agréable. Elle ne rit pas et lui en fus reconnaissant, car c'était pitoyable. Décidément, je n'avais plus l'habitude de me comporter en homme. Je déglutis avec peine. J'étais content qu'elle ressente quelque chose pour moi. C'était tellement étrange de ressentir un nouvelle fois le bonheur. Pas celui qu'on éprouve lorsqu'on attrape une proie après quelques jours de jeun qui s'apparente plus à de la satisfaction, mais celui, brulant et simple de sentir qu'on compte pour quelqu'un. Mon cœur mort se réchauffa quand il comprit que je comptais pour Elena.
POV Elena
Il me semblait perdu, déboussolé. C'était étrange de voir Damon ainsi. J'attendais une pique trempée dans de l'acide sulfurique, une remarque désobligeante, mais rien de vint. Alors je continuais :
«-On se comprend. Et oui, je sais, j'ai conscience que ma trahison t'a blessé. Peut être plus que je ne puis l'imaginer. Et je sais aussi que tu ne me tiens pas autant rancune de toute cette histoire que tu veux bien le montrer. Je t'ai fais mal, d'une façon différente de Stefan. Je sais que pour toi c'était important qu'il t'aide parce que vous l'aimiez tous les deux, mais je te le promets, moi je t'aiderai à retrouver Katherine. »
Il leva les yeux au ciel. Ne me croyait-il pas ? Etait il passé à autre chose ? Je ne saisissait pas cette ironie, ce détachement. Damon n'était pas dans son état normal. Il aurait du se précipiter sur mon offre, il…
-« J'aimerai pouvoir te croire, Elena… »
Oh ! C'était donc ça. Il n'avait plus confiance en moi. Il voulait que je lui prouve que j'étais de bonne foi ! C'était tellement évident !
D'un coup sec, je tirais sur mon pendentif, rempli de verveine, qui me protégeait du pouvoir télépathique des vampires. Ainsi, Damon pourrait s'introduire dans mon cerveau et juger de mes paroles. Je le posais sur le guéridon et le toisait, sure de moi. Le vampire n'avait pas froissé un muscle. Il attendait de voir ou je voulais en venir.
-« Bien, maintenant demande moi si je mens. »
Mon cœur se mit à battre à tout rompre lorsqu'il m'offrit un regard sombre et envoutant. Si le diable avait un visage, c'était sans doute celui de Damon Salvatore. Déjà, rien que son nom indiquait son côté diabolique. Il était sans doute le rabatteur des âmes de pauvres jeunes filles en fleur, dans mon genre. Il avança d'un pas, puis de deux, et toujours ses yeux incandescents ne quittaient pas les miens.
Alors qu'il était tout proche de moi, alors qu'une nouvelle fois, des tremblements incontrôlables montèrent en moi, Il souffla :
-« Rien ne m'arrêtera peu importe ce que je ferais… Tu seras ma poupée, ma marionnette. »
J'aurais du me hérisser, j'aurais pu me saisir de nouveau de mon collier protecteur, j'aurais du répondre quelque chose… Mais les tremblements me clouaient sur place. Je ne voulais pas qu'il les voit. Etait-ce de la peur ? Ou autre chose ? Je n'en avais aucune idée. C'était incompréhensible. Pourquoi ce besoin de le sauver, de le voir heureux ? Pourquoi ?
Il attendait une réponse. Une nouvelle joute verbale, comme les dizaines que nous avions déjà eues. Je n'en avais pas la force. Je m'entendis répondre d'une voix que je ne reconnus pas comme étant mienne:
-« Je prends le risque. »
POV Damon
Ca y est, j'avais trouvé le but du pourquoi du comment Elena était arrivée sur ma route. Pourquoi on l'avait mise dans mes pattes. Pour me torturer. Pour m'énerver. Pour me faire fauter. Parce qu'elle ne pouvait pas ne pas avoir conscience de l'invitation qu'elle venait de me lancer à moi le vampire. J'avais soif. J'avais faim d'un corps de fille. J'avais envie de faire enrager Stefan. J'avais envie de Katherine. J'avais devant moi le double de Katherine. J'avais devant moi une fille que je ne comprenais pas, que je ne cernais pas. J'avais envie de comprendre ce qui nous unissait. J'avais envie de bien des choses, et bon nombre n'étaient pas très catholiques.
Un pas.
Un souffle. Un regard maladroit. Un battement de son cœur.
Un pas.
Un soupir. Une moue. Un battement de cœur.
Un pas.
Mon sourire qui ne la quitte pas.
Un pas.
Le collier sur le guéridon. Son visage. Katherine. Elena.
Ne plus bouger. Tout arrêter, même la course de la terre.
L'odeur de la verveine. La brulure sur ma main. Plus rien. La chaleur de son cou. Ses grands yeux callot-marron qui me regardaient, inquiets. Son souffle affolé. Mon sourire confiant qui se reflétaient dans ses prunelles. Mes mains qui glissaient le long de son cou, renouant avec le plus de douceur possible le bijou. Un moment de grâce et de sensualité pure. Elle était belle, comme ça, perdue et déboussolée, Elena. Elle ne comprenait pas ce que je faisais et je devais avouer que moi non plus. Je ne voulais pas la contrôler. Je n'en avais pas envie. Je voulais que ce qui nous arrive soit naturel, réel. Je caressais avec ma main sa peau veloutée, prenant en coupe son doux visage entre mes paumes. J'étais bien de nouveau. Calmement je repris la parole.
-« Elena, si je n'ai pas pris possession de ton esprit à Atlanta, c'est parce que nous nous amusions. Je n'avais pas envie de te transformer en poupée. Je voulais que tout soit réel. Vrai. Je voulais que tu m'apprécies comme j'étais. Pas en avoir l'illusion. »
Elle hocha la tête, visiblement touchée et émue. J'avais prononcé ces paroles naturellement. Comme si c'était une évidence. Ca n'avait pas été trop dur finalement de lui dire ce que je ressentais, même si c'était tout nouveau pour moi. Je poursuivis :
-« Je te fais confiance. Ne me fais pas regretter de l'avoir fait, Elena. Je ne suis pas le gentil vampire. Je ne l'ai jamais été et je ne le serais jamais.
-Tu mens, je le sais.
-Pardon ?
-Tu dis ça pour éloigner les gens de toi, pour leur faire peur. C'est un masque qui te permet de t'enfermer dans ta tour d'ivoire et de rester seul. Là, tu ne peux plus souffrir, tu ne ressens plus rien. C'est triste que tu en sois arrivé là. » Avoua t'elle en tripotant son médaillon, rougissante. Elena était belle naturellement mais s'il y avait bien une chose plus belle qu'Elena, c'était Elena lorsqu'elle rougissait. Je me pavanais :
-« Ce qui a de bon dans la solitude c'est que personne ne jacasse tout le temps.
-Tu adores que je te parle.
-Erreur !
-Menteur !
-Voilà pourquoi je te préfère endormie : tu la boucles ! »
Elle rit, de son merveilleux rire, si rare. Je ne l'avais entendue rire ainsi que lorsqu'elle était avec Stefan. Mais pour une fois, ce son cristallin m'était destiné. Je restais néanmoins glacial.
-« Avons-nous un accord, petite fouine ? »
Elle cessa instantanément de rire et observa ma main tendue. Elena allait la serrer quand je la prévins :
-« Si tu ne donnes ta parole, tu ne pourras jamais la reprendre. Ou, si tu le fais, je jure que je te tuerai. »
Elle frissonna et elle avait raison. Je le pensais. Je ne serais pas capable d'affronter une nouvelle désillusion. L'attente ne fut pas longue. Assurée, elle termina le geste qu'elle avait amorcé.
-« Tu auras Katherine, Damon. Tu auras de nouveau droit au bonheur. Et tu me laisseras vivre le mien. Je te le jure. »
La poignée de main était franche, directe. J'aurais dû me réjouir, exulter. Or, rien de tout cela. J'avais cette impression d'être vide. J'allais retrouver Katherine et je me rendis compte que ça m'importait peu. J'étais sans aucun doute sous le choc. Il n'y avait pas d'autre explication à mon manque de réaction.
Elena me souriait tranquillement et passa ma main sur mon visage, dans ce geste identique au mien, quelques minutes auparavant.
-« Tu es quelqu'un de bien dans le fond, Damon.
-Tout tend à nous prouver le contraire.
-Je vais t'avouer quelque chose moi aussi. J'ai confiance en toi. Un jour tu agiras avec un peu d'humanité. Sans haine. Sans rancœur. Tu voudras savoir ce que ça fait. Savoir quel gout ça a… » Sussura t'elle avant de se détourner de moi. Son mouvement fit voler sa crinière brune et m'offrit sa gorge. L'avait t'elle fait exprès ? Sans doute. Et cette folie ne me la rendait que plus étrange et attrayante. Elle minauda et battit exagérément des cils en riant. Entrant dans son jeu, je soufflais, oubliant mes craintes, mon incompréhension face à mes actes, Katherine même. J'enroulais mes mains autour de ses hanches, pressant son dos contre mon torse et effleurait de mes lèvres sa jugulaire, profitant de la douce torture de sa chaleur. Elena ferma les yeux avant de sourire.
Joueur et profiteur, je murmurais avec sarcasme et douceur :
-« J'ai très envie de savoir quel gout ça a. »
Alors mes lèvres se posèrent sur sa nuque et le monstre reprit sa lutte avec l'ange.
