31 Décembre 1941 : Un nouveau visage

Il se faisait tard en cette soirée de réveillon. Le soleil avait disparu depuis longtemps en cédant la place à une épaisse couche de neige et les rares étudiants restants à Poudlard pour les vacances d'hiver étaient rentrés depuis longtemps de leurs batailles de boules de neige.

Le professeur Dippet avait décidé d'organiser une petite fête où chacun était convié. Les élèves devaient à présent être occupés à se préparer pour passer la soirée du réveillon. Seuls quelques-uns avaient décidé de profiter des dernières heures de vacances pour peaufiner leurs devoirs. Ces rares étudiants s'étaient regroupés dans la bibliothèque de Poudlard et étaient plongés dans des piles de livres qui, parfois, étaient plus grosses qu'eux.

Parmi eux, près d'une des nombreuses fenêtres, se trouvait un jeune garçon, d'une quinzaine d'année, plongé dans un manuel particulier.

Ce jeune homme avait un visage séduisant. Ses yeux noirs semblaient, malgré son jeune âge, contenir toute la connaissance du monde, ses cheveux aussi noirs que l'ébène étaient ondulés et coiffés avec précision. Il était assis, mais il ne faisait aucun doute qu'il était de grande taille et plutôt bien bâti.

Son allure était raffinée, il tournait les pages du livre qu'il lisait avec un grâce et une délicatesse qui lui avait plusieurs fois permis d'avoir les louanges de la bibliothécaire, Claudia Pince. Ses doigts, longs et fin, parcourait les pages sans jamais les froisser.

Le livre que lisait le jeune homme avait une reliure en or, et la couverture paraissait en cuir. À l'intérieur, chacune des pages représentait un arbre généalogique, plus ou moins long. Certains des arbres étaient grands, parfois ils s'étalaient sur plusieurs pages. Il suffisait d'observer le jeune garçon, élève à Serpentard si on en croyait l'insigne de préfet sur son torse, pour comprendre que même une émeute dans la bibliothèque – dans la mesure du possible – ne pouvait le distraire.

Ses yeux semblaient vouloir dévorer le livre, en assimiler chacun des détails. Un lecteur invétéré aurait déclaré que cela était impossible, le livre en question, qui se nommait Noble par nature : une généalogie de sorciers, contenait bien trop d'informations pour qu'un être humain normal ne les retiennent tous. Mais ce lecteur aurait été dans l'erreur : non pas que l'élève cherchât à apprendre le livre par cœur dans son intégralité – quel aurait été l'intérêt de connaître toute la généalogie des familles de sorciers ? – mais il cherchait, en fait, un détail bien précis.

En effet, Tom Elvis Jedusor recherchait les traces de sa famille, et il y mettait toute sa pugnacité.

Et on pouvait le comprendre. Quel orphelin, abandonné dès la naissance par ses parents, ne chercherait pas ses origines ? À connaître ses ancêtres ? À savoir d'où il vient ? Cela faisait à présent plus de cinq ans que le professeur de Métamorphose, Albus Dumbledore, et Directeur-adjoint de Poudlard était venu le voir dans son orphelinat, lui annoncer qu'il était un sorcier.

Sur le coup, il avait cru qu'on essayait de le piéger, de l'amener à l'asile à cause de sa différence. Car oui, Tom Jedusor était un garçon différent des autres, il l'avait toujours su. Le professeur Dumbledore avait réussi à le convaincre, et, aujourd'hui, il ne regrettait pas de l'avoir cru. Il était entré à Poudlard et découvert d'autres enfants comme lui, partageant ses pouvoirs.

Cependant, Tom avait très vite remarqué qu'il était, même dans ce monde merveilleux de la sorcellerie, un être à part, différent, voué à un destin bien plus noble, bien plus grand que tout ce que ses professeurs lui promettaient. Il se souvenait que l'une des premières questions qu'il eût posées à Dumbledore était si ces parents étaient aussi des sorciers. Le professeur lui avait répondu qu'il l'ignorait et Tom avait supposé pour lui-même que son père devait être sorcier, mais pas sa mère – cette dernière ne serait pas morte en couches sinon.

Il avait su, par les gens de l'orphelinat, que son père n'avait pas été présent lors de sa naissance, et il en avait déduit que probablement son paternel avait abandonné sa mère peu de temps avant. Au début, il n'avait pas très bien compris ce comportement. Il lui semblait même indigne et honteux.

Pourtant, très peu de temps après son arrivée à Poudlard, Tom avait appris, de par ses camarades de Serpentard, qu'avoir du sang Moldu dans les veines n'était pas la meilleure chose – c'était même une souillure – et qu'il valait mieux éviter cette vermine. Tom avait donc gardé pour lui son ascendance illégitime et avait consciemment menti en affirmant que ses parents étaient des sangs purs.

Il savait qu'être à Serpentard lui conférait un rang quasi-royal, même si des histoires sombres et ténébreuses planaient au-dessus de la maison. Le fondateur de la maison, Salazar Serpentard, n'était-il pas un des plus grands Fourchelang de l'Histoire ? Et cette capacité de parler aux serpents n'était-elle pas apparentée à la Magie Noire ? Tom s'était plusieurs fois amusé à terrifié ses camarades de classes en leur parlant dans cette langue si noire.

Sa notoriété avait grandi au sein de sa maison, et de l'école, il jouissait d'un certain pouvoir sur bon nombre de ses professeurs et il aimait en jouer. Son comportement irréprochable et ses notes au-delà de toutes félicitations lui assuraient une tranquillité que les autres élèves n'avaient pas forcément.

Tom avait commencé à former son petit cercle « d'amis », avec lesquels il préparait les plus mauvais coups pour prôner la suprématie de Serpentard et des Sang-purs. Un Sang-de-Bourbe se trouvait d'ailleurs à l'infirmerie depuis plusieurs semaines déjà pour avoir « essayé » de transplaner dans l'enceinte de l'école.

Néanmoins, les questions sur ses origines avaient peu à peu rongé Tom de l'intérieur et il en était arrivé à la conclusion qu'il devait en être sûr.

Bien sûr, il ne savait pas si son père était un Sang-pur – son comportement laisser cependant présager que c'était le cas – ni s'il avait été reconnu pour une quelconque action. Dès sa troisième année, il avait commencé à fouiller dans les livres de la bibliothèque de Poudlard à la recherche de la lignée des Jedusors, ou d'un fait qu'un de ses ancêtres avaient pu accomplir. Mais plus d'une année de recherches n'avaient rien donné.

Il n'existait aucun Tom Jedusor dans les lignées de Sang-purs, ni dans les registres de Poudlard. Bien sûr, on lui avait dit que l'inscription à l'école de sorcellerie n'était pas obligatoire et bon nombres de sorciers avaient pu accomplir de grandes choses sans avoir terminé leurs études. Le Mage Noir Gellert Grindelwald, qui sévissait en Europe centrale, n'avait-il pas été renvoyé de Durmstrang ? Et n'était-il pas en train de devenir le plus grand Mage Noir qu'on n'ait jamais vu depuis Herpo l'Infâme lui-même, le créateur du Basilic et de bien autres sortilèges de Magie Noire ?

Tom avait donc cherché dans les livres de hauts faits magiques, remontant de plus en plus loin dans le temps, allant même jusqu'à l'Antiquité. Mais aucun Jedusor n'apparaissait, comme si cette famille n'avait jamais existé.

Se sentant différent des autres, Tom n'appréciait pas qu'on l'appelle par son prénom. Il avait donc lancé court à son imagination pour trouver des surnoms, plus mystiques les uns que les autres. Beaucoup avaient été oubliés depuis ces débuts à Poudlard, mais un en particulier était resté dans les mémoires des étudiants : Lord Jedusor. Ce nom signifiait pour lui son appartenance au monde magique, son rang royal.

Malheureusement, au fil de ses recherches, Tom avait dû se rendre à l'évidence d'une chose : son père n'avait pu être un sorcier. Ou alors, il s'agissait d'un sorcier médiocre n'ayant rien accompli dans la vie.

Tom continua à croire, au cours de sa quatrième année, que son père était celui qui lui avait donné le sang de sorcier, s'accrochant à cette vérité comme si sa vie en dépendait, mais peu avant les vacances d'été, il avait dû finalement se rendre à l'évidence : son père avait été un Moldu et c'était sa mère, celle qui était morte peu après l'avoir mis au monde, qui avait été une sorcière.

Il appréciait de moins en moins que l'on appelle par son surnom, et les autres étudiants l'avaient très vite compris. Les complications firent alors leur apparition. Car Tom n'avait aucun indice sur le nom de famille de sa mère, ni même son prénom. Tout ce qu'il savait, c'est que son deuxième prénom, Elvis, venait de son grand-père maternel.

Dès son retour à Poudlard pour sa cinquième année, quatre mois plus tôt, Tom – ou plutôt Dark Lord, comme on l'appelait à présent à cause de sa pratique de plus en plus aboutie de la Magie Noire – avait orienté ses recherches sur la famille de sa mère. Il lui était très vite apparu qu'aucun Elvis n'avait mis les pieds à Poudlard.

Ce fut à ce moment que Tom commença à se répugner lui-même, pensant être un infâme Sang-de-Bourbe. Il cacha les résultats de ses recherches, même à ses camarades les plus proches, honteux de devoir leur dévoiler sa véritable ascendance.

Pendant quelques semaines, il arrêta de se plonger dans les livres, dégoûté de lui-même. Il envisagea plusieurs fois de mettre fin à ses jours, mais se ravisa presque aussitôt à chaque tentative. Ses parents étaient peut-être des Moldus, mais lui allait devenir le plus grand sorcier de tous les temps. Même Merlin ferait pâle figure à côté de celui qu'il allait devenir.

Il décida pour cela qu'il devait à tous prix devenir immortel, ce qui lui conférerait un pouvoir qu'aucun autre n'avait. Cela lui éviterait également de connaître le sort honteux de sa mère : un sorcier se devait de ne pas mourir. Tom commença ses recherches sur l'immortalité, mais très vite il se frotta à l'inconnu.

Aucun livre de la bibliothèque ne mentionné de sortilèges, ou de potions, permettant d'obtenir cette immortalité. Il y avait la Pierre Philosophale, bien entendu, mais cela impliquait une dépendance qu'il ne voulait pas.

Plus Tom avançait dans ses recherches, plus il réalisa qu'il avait omit un point essentiel dans son raisonnement. Sa quête de l'immortalité, en plus que de conserver le pouvoir absolu qu'il obtiendrait, avait pour but d'éviter de connaître le même sort que sa mère, en supposant qu'elle avait été une sorcière. Son dégoût envers lui-même fut bientôt remplacé par une soif de connaissance intarissable : il ne pouvait pas être un Sang-de-Bourbe.

Ça lui était impossible.

Il ne pouvait être qu'un Sang-mêlé, descendant d'une lignée de Sang-purs. Sa mère n'était rien d'autre qu'une traître à son sang. Il mit entre parenthèses ses recherches sur l'immortalité, vu que cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avançait pas, et s'était de nouveau replongé dans la recherche de sa généalogie. Il était déterminé à prouver qu'il venait d'une famille dont le sang était aussi pur que la neige.

Son grand-père n'ayant visiblement pas mis les pieds à Poudlard, il n'avait pu trouver aucune information sur le nom de famille de sa mère, et donc faire des recherches à ce niveau. Son seul indice était ce grand-père maternel inconnu, le seul qui pouvait le conduire. Il n'avait pas encore regardé dans les livres relatant les généalogies de sorciers, préférant avant de trouver un nom. Puis, au début des vacances de Noël, il réussit enfin à trouver ce qu'il cherchait.

N'ayant rien trouvé dans aucun livres de la bibliothèque – et préférant ne pas faire un tour du côté de la Réserve – Tom s'en était remis aux vieux articles de journaux que conservait Poudlard. Certains remontaient aux premiers temps de La Gazette du sorcier, mais il savait qu'il n'avait pas à remonter si loin. Il savait que sa mère était jeune lors de sa mort, ce qui permit à Tom de réduire son champ de recherche.

Il commença à chercher du côté des articles parut plus de cinquante ans avant sa naissance, puis remonta petit à petit. Ne trouvant rien, il avait cru tout abandonné une nouvelle fois, mais il tint bon et persista. Ce fut alors qu'il le trouva. Un petit article, une manchette, d'un des numéros datant d'un peu plus d'un an avant sa naissance. Il n'y avait pas de photos, mais le contenu ne pouvait l'induire en erreur.

Une vieille famille de sorciers incarcérée à Azkaban

Le Magenmagot vient de rendre son verdict concernant une affaire sur l'attaque d'un jeune Moldu par l'un des membres de notre Communauté. L'agresseur en question, Morfin Gaunt, a en effet abusé d'un sortilège de Cuisant sur la personne de Tom Jedusor, Moldu provenant d'une famille respectable de la région.

Mr Gaunt a affirmé avoir « voulu faire comprendre à ce mécréant qu'il devait me lécher les bottes ! ». Le coupable avait déjà été contacté par le Service d'usage abusif de la magie pour une agression similaire sur le même Moldu. Accusé de lui en vouloir personnellement, Mr Gaunt aurait répondu ne pas pouvoir « voir sa tête de Bandimon ». Ne répondant pas à la convocation lancée par le Ministère, Mr Gaunt aurait reçu la visite du chef de la Brigade de Police Magique en personne, Bob Ogden.

Celui-ci aurait rencontré une résistance non seulement de la part de l'agresseur, mais aussi du père de ce-dernier, Elvis Gaunt. Mr Ogden a déclaré « J'ai dû m'enfuir avant de me faire égorgé par ces malades. La pauvre fille était maltraitée, je me devais d'intervenir. Je suis revenu plus tard avec une escouade et Mr Gaunt et son fils ont livré un duel acharné pour ne pas être pris ».

La fille en question, Mérope Gaunt, n'aurait pas pris part aux évènements et serait restée chez elle. Selon les dires de Mr Gaunt « Cette Cracmole a intérêt à être là quand je rentrerai à la maison ! Et elle va m'entendre ! Déshonorer ainsi notre famille en tombant amoureux d'un Moldu de pacotille ! ». Elvis Gaunt a été condamné à six mois de détentions à Azkaban, et son fils à trois ans.

Ce n'est pas la première fois que la famille Gaunt fait entendre parler d'elle… (Suite page 17)

À la fin de la lecture de cet article, Tom n'avait eu qu'une idée en tête : retrouver le reste de sa famille. Maintenant qu'il avait un nom de famille, il savait où chercher, et ses recherches purent prendre une nouvelle impulsion. L'article était sans équivoque possible : le nom de famille de sa mère était Gaunt, et de toute évidence il s'agissait d'une lignée de Sang-purs, comme il l'avait supposé. La mention du statut Moldu de son père agrandit encore plus sa haine envers cet être qui l'avait abandonné avant même sa naissance, et ce nom qu'il lui avait donné.

C'est ainsi que pendant les deux semaines des vacances, Tom avait remonté petit à petit la lignée des Gaunt. Il s'aperçu qu'il s'agissait d'une famille très ancienne, et qui avait des liens avec de nombreuses autres lignées. Une de ses ancêtres s'appelait Black – ce qui impliquait que Tom était cousin avec quelques-uns de ses condisciples – et vécu plusieurs siècles plus tôt.

Encore plus loin, il s'aperçut qu'il avait des liens avec la famille des Peverell, une très ancienne famille dont le nom avait aujourd'hui disparu. En remontant plus loin dans le temps, il vit qu'en réalité, la plus grande partie des sorciers descendaient de cette famille : presque toutes les branches remontaient à trois frères, qui avaient vécu peu de temps après la création de Poudlard.

Cela le dégouta de nouveau : lui qui était promis à un avenir si prometteur venait-il réellement d'une famille commune à tous les sorciers ?

Non, c'est impossible, pensa-t-il. Je suis unique, je suis le plus grand sorcier du monde, ou du moins je surpasserai tout ce qu'on aura vu. Et un sorcier tel que moi ne peut descendre que d'une famille illustre, une famille digne de cette ambition, une famille n'ayant donné naissance qu'à quelques élus.

Il se sépara donc de la lignée des Peverell et recommença ses recherches, cherchant un lien avec une famille digne de ce nom. Il décida de se concentrer uniquement sur ces aïeux mâles, conservant le nom des Gaunt. Il vérifia systématiquement les mariages de chacun des individus, remontant parfois sur quelques générations pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'ancêtre au sang royal.

C'est ainsi que le jour de son anniversaire, de ses quinze ans, un nom sauta à ses yeux, un nom qu'il n'aurait jamais pensé lire un jour. Un nom qui apparaissait dans sa famille près de trois siècles de plus tôt, un nom dont l'étroite lignée était unique. La branche se terminait exactement à l'embranchement avec la famille Gaunt. Tom vérifia s'il y avait d'autres branches partant vers d'autres familles, mais non.

Toutes les familles liées à ce nom étaient éteinte bien avant qu'elle ne rejoigne l'arbre des Gaunt.

L'engouement s'empara de l'esprit de Tom. Il vérifia une nouvelle fois l'arbre et ne put constater qu'une chose : il était bien le dernier descendant de cette lignée. Sa famille l'était même déjà depuis bien longtemps, Elvis avait été le seul à avoir plusieurs enfants. Tom jeta un coup d'œil autour de la bibliothèque, s'assurant que personne n'avait remarqué son changement de comportement.

Il ne restait plus quelques rares élèves, le parc était plongé dans l'obscurité. Le repas allait bientôt être servi. Mais Tom voulait en avoir le cœur net avant de descendre en bas rejoindre ses condisciples. Après tout, il pouvait s'agir d'une famille apparentée. C'était mieux que rien – ça lui conférait déjà un statut presque divin – mais il voulait en être sûr.

Il pouvait être le dernier représentant de sa lignée à lui. Le seul nom qui pouvait être digne de lui.

Tom remonta l'arbre, suivant exclusivement le nom qu'il avait trouvé, le nom de cette lignée disparue, inconnue aux yeux de tous. Il remonta ainsi sur des siècles et des siècles, devant plusieurs fois changer de pages. Mais il finit par arriver et la vérité n'était on ne peut plus claire.

Il était bel est bien le dernier descendant de l'illustre Salazar Serpentard.

Il en était le digne héritier.

« La bibliothèque va fermer ! s'exclama Madame Pince. Veuillez ranger vos affaires et vous diriger vers la Grande Salle. »

Tom sursauta, mais se ressaisit immédiatement. Personne ne devait deviner son trouble, son agitation. Il se leva lentement, referma le livre. Il le ramena dans son rayon, l'y rangea comme s'il s'agissait d'une relique et resta là à le contempler quelques secondes, encore sous le choc de sa découverte.

Il était l'héritier de Serpentard.

Cela expliquait comment son sang si impur avait été envoyé dans cette maison. Il se souvint que le Choixpeau avait à peine éraflé sa tête qu'il avait déjà décidé de la maison. Comme tout Serpentard, il connaissait la légende de la Chambre des Secrets, mais il savait à présent que ce n'était pas une légende.

La Chambre existait bel et bien et attendait qu'on la trouve. Elle était là, sous les fondations du château, prête à être utilisée par l'héritier de Serpentard. Tom réalisa qu'il était le seul Serpentard à avoir mis les pieds dans ce château depuis des lustres, depuis peut-être même Salazar lui-même ! En effet, aucun Gaunt n'avait été scolarisé, ce qui expliquait qu'il n'avait rien trouvé sur sa famille dans les registres de l'école.

Il arrivait devant les portes de la Grande Salle lorsqu'il se mit en tête de trouver la Chambre des Secrets, de l'ouvrir et de répondre à la demande de Salazar Serpentard : chasser tous ces Sang-de-Bourbes de l'école.

Le bruit des conversations le sorti de sa rêverie. La Grande Salle était pleine. Visiblement, tous les élèves partis en vacances étaient déjà rentrés et prêts à reprendre les cours le lendemain matin. Il s'avança fièrement vers la table de Serpentard, rejoignant son groupe « d'amis ». Il s'assit à côté d'eux, écoutant discrètement leur conversation. Aucun d'eux n'avait remarqué sa présence et Tom commença à manger un bon rôti.

« Tu aurais dû voir comment ce Sang-de-Bourbe à pleurer ! s'exclama un des voisins de Tom. Un vrai bébé ! Je l'ai tellement terrorisé qu'il n'ose plus parler.

─ Tu es sûr qu'il ne te dénoncera pas aux professeurs ? demanda une jeune fille.

─ Aucun risque ! Il sait parfaitement que je lui ferrai subir bien pire que tous ces adorateurs de Moldus pourront me faire.

─ Dumbledore commence à avoir des doutes, déclara alors Tom.

─ Dumbledore ?

─ Oui Nott. Dumbledore commence à penser que nous sommes derrière tout ça. Il ne peut rien dire, ni faire, bien sûr. Mon aura auprès de Dippet est bien trop importante pour le moment. Il faudrait que je tue un étudiant devant ses yeux pour qu'il ne daigne me punir.

─ Que vas-tu faire alors ?

─ Tuer un élève, répondit Tom. Un Sang-de-Bourbe.

─ Mais comment comptes-tu t'y prendre ? Si un élève est tué par l'Avada Kedavra, on ferra passé un test à toutes les baguettes et on saura que c'est toi. Et pour un poison, il faudrait que tu te fournisses chez Slughorn. Même s'il t'adore, il remarquera ce que tu essayes de faire ou qu'il manque des ingrédients si tu les voles.

─ Je pourrai utiliser la baguette d'un autre. Cependant, je ne compte pas utiliser l'Avada Kedavra, ni un poison. On finira par remonter jusqu'à moi d'une façon ou d'une autre. Non, je vais ouvrir la Chambre des Secrets et lâcher le monstre sur les Sang-de-Bourbes !

─ Tu sais comment l'ouvrir ? s'étonnèrent tous ses camarades.

─ Je ne vous l'ai pas dit ? demanda Tom faussement fautif.

─ Dit quoi ? »

Tom regarda ses amis quelques instants. En avait-il trop dit ? Non, il pouvait se le permettre. Jamais ils ne le trahiraient, ils auraient bien trop peur. Et puis sa nouvelle découverte ne pourrait que permettre d'avoir une plus grande ascendance sur eux. Dévoiler ses origines ne pourrait que confirmer son statut.

Il jeta un coup d'œil à la table des professeurs et vit que Dumbledore le scrutait depuis sa place, visiblement intrigué. Tom lui répondit par son sourire le plus cordial, bien qu'il sût que son professeur ne se laisserait berner. Il se retourna vers ses camarades.

« Je suis l'héritier de Salazar Serpentard ! révéla-t-il d'un ton conspirationniste.

─ Tu es sûr ?

─ Vous ai-je déjà menti sur mes origines ? Non. Je pensais seulement vous l'avoir déjà dit. Je suis le dernier descendant de Serpentard. Je pense pouvoir ouvrir la Chambre sans problème.

─ Tu sais où elle se trouve ?

─ Pas encore, mais d'ici la fin de l'année, un Sang-de-Bourbe sera mort. Et je m'arrangerai pour que personne ne sache que c'est moi. L'idéal serait de trouver un bouc émissaire.

─ Mais qui Lord Jedusor ?

─ Ne m'appelle plus comme ça! siffla Tom en Fourchelang.

─ Pardon, s'excusa Nott.

─ Je t'ai dit de ne plus m'appeler de cette façon, répéta-t-il en anglais. Si tu me forces à le répéter, il se pourrait bien que je teste le monstre sur toi.

─ Comment veux-tu qu'on appelle alors ?

─ Lord Voldemort, le Seigneur des Ténèbres. »