Une de mes histoires préférées. Plus les histoires passent, plus il y aura des lemons alors attention. Bonne lecture :)
Au-delà des montagnes embrumées,
Non loin des sombres cavernes du passé,
Dans l'aube bleutée, il faut aller
En quête de nos palais enchantés.
Les pins rugissaient, hauts et fiers.
Les vents gémissaient dans la nuit d'hiver.
Rouge le feu sur mille lieues,
Flambaient les arbres, torches de lumière.
Bilbon frissonna dans son lit et ramena ses genoux contre sa poitrine. Les voix graves des nains résonnaient jusque dans sa chambre, pleines de mélancolie et de nostalgie.
Bilbon avait de la compassion pour ses invités inattendus, il était triste qu'ils aient perdu leur maison mais cela ne changeait pas le fait qu'un hobbit comme lui n'avait pas sa place dans pareille aventure. Bilbon était un Sacquet et les Sacquet n'allaient pas vagabonder hors de la Comté pour une raison ou une autre...
Les voix puissantes des nains interrompirent ses réflexions. Cette fois-çi, ils ne chantaient pas, on aurait dit qu'ils demandaient poliment quelque chose, une nouvelle facette que découvrait Bilbon chez ces nains rudes et bruyants. Puis une seule voix se fit entendre. Une voix douce qui appartenait sans doute à ce jeune nain aux manières douces, celui qui portait un gilet en laine qu'il avait sans doute tricoté lui-même. Bilbon réussit à entendre ses paroles car la salle devint subitement très calme.
Bien qu'il ait l'impression d'être une sorte d'intrus, Bilbon ne put s'empêcher d'écouter cette voix mélodieuse. Le nain racontait uen histoire, une histoire triste et terrible. Des mots d'horreur, de misère et de désespoir décrivaient les sentiments de son peuple qui tentait de sauver sa vie et d'échapper au souffle du dragon qui leur arrachait leur maison : Erebor.
Il s'endormit avant la fin de l'histoire, épuisé par les événements stressants de la journée. Deux traînées de larmes coulaient sur ses joues.
Le lendemain, Bilbon se retrouva en train de monter un poney aux côtés d'un des nains.
De toutes les raisons qui avaient poussé Bilbon à rejoindre la Compagnie, c'était la triste histoire qu'avait raconté le jeune nain qui l'avait convaincu ainsi que la belle et triste chanson qu'ils avaient tous chanté à Cul de Sac.
Le nain avec le drôle de chapeau, celui qui se trouvait à côté de Bilbon, l'avait informé que le jeune nain se nommait Ori. En fait, il lui donna le nom de chaque membre de la Compagnie ainsi que leurs liens de parenté et leurs métiers. C'ést ainsi que Bilbon découvrit que Fili et Kili étaient les neveux du chef de la Compagnie.
Quand ils montèrent le camp, Bilbon interpella Dori pour le complimenter sur le talent de son jeune frère timide.
-Je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter l'histoire d'Ori sur la prise d'Erebor, la nuit dernière. C'était assez impressionnant !
-Oui, je dois admettre que mon frère est un excellent scribe, convint Dori dont le visage avait viré au rouge, ravi par ce compliment.
-Oh, il est scribe ? demanda Bilbon, qui n'en savait rien car Bofur ne le lui avait pas dit et qui comprenait maintenant comment le jeune nain avait pu raconter une histoire aussi dramatique. Ori n'est pas trop jeune ? Il n'était pas né à cette époque.
-Bien sûr que non ! Il a fait quelques recherches mais c'est surtout dû à son imagination, s'écria Dori avec une certaine fierté de pouvoir clamer que son frère cadet pouvait créer une histoire aussi sérieuse.
Bilbon hocha respectueusement la tête et alla aider Bofur en pensant à la réponse inattendue de Dori. Mais il ne s'en formalisa pas, les moeurs des nains étant si différentes de celles des hobbits.
Plus tard cette nuit-là, Bilbon était assez ennuyé. Le dîner avait été assez bon, bien qu'il soit quelque peu rustique. Mais la Compagnie s'était alors installé autour du feu de camp et Ori avait commencé à raconter une autre histoire. En khuzdul.
Bilbon savait que la nuit précédente, il n'était pas censé avoir écouté, mais franchement, entendre une langue qu'on ne comprenait pas était assez désagréable. Bilbon observa attentivement Gandalf. Le magicien écoutait avec des yeux pétillants, un sourire malicieux gravé sur ses lèvres. Bilbon était donc bien le seul de la Compagnie à ne pas comprendre un traître mot de ce que disait Ori. Il fuma tranquillement sa pipe tandis que les autres s'amusaient et commentaient l'histoire à grands coups de cris et de rires.
C'est alors qu'un nain, celui avec la coupe en forme d'étoile, s'approcha. Bilbon se souvint que c'était l'autre frère aîné d'Ori.
-Ne vous en faites pas, je vais demander une bonne histoire pour demain. A moins que vous ne vouliez le faire vous-même, déclara Nori.
-Demander une histoire ? répéta Bilbon, perdu.
-Oui, Ori peut imaginer une histoire en un clin d'oeil. Mais il vaut mieux que vous le lui demandiez le matin : ça lui laissera plus de temps pour la peaufiner. Et s'il vous plaît, parlez-lui des détails coquins en privé. Ori est si timide quand il ne travaille pas...
-Quoi ? s'étrangla Bilbon qui rougissait à vue d'oeil, se demandant où diable le nain voulait en venir avec ces "détails coquins". Je ne ferais jamais... Attendez, vous avez dit quand il ne travaille pas ?
-Oui, mon gars. Vous ne savez pas ce que fait Ori ?
-Dori m'a dit qu'Ori était scribe, répondit Bilbon en jetant un coup d'oeil vers son frère aîné qui écoutait attentivement l'histoire et ne leur prêtait pas la moindre attention.
-Et c'en est un, un très bon ! Mais c'est aussi un écrivain, un auteur de fictions. C'est pour ça qu'Ori a été embauché pour la quête. Et moi aussi, je suis la preuve vivante que Thorin aime beaucoup les histoires de mon frère. Vous savez, je n'ai pas très bonne réputation auprès des nains des Ered Luin. Je ne suis pas le genre de nain que cotoie un roi, expliqua fièrement Nori en faisant un clin d'oeil à Bilbon. Ce soir, Glóin a expressément demandé à Ori que l'histoire soit en khuzdul parce que vous savez... c'est à propos de sa femme.
Nori avait pris un ton énigmatique, lui avait fait un nouveau clin d'oeil avec un sourire suggestif en faisant onduler ses hanches. Puis il se dirigea vers la forêt avec une démarche arrogante. Bilbon ralluma sa pipe en méditant sur les paroles du nain. Comment un scribe pouvait inventer une histoire à la demande ? Et où Nori voulait-il en venir avec tous ces clins d'oeil et ces sourires ?
-Les nains sont un peuple joyeux mais ils peuvent être très renfermés en présence d'inconnus, intervint soudainement Bilbon qui sursauta alors qu'il était perdu dans ses pensées. Est-ce que vous savez que les naines sont très rares ? Et qu'elles ont des barbes aussi magnifiques que celles de leurs maris ?
-Oui Gandalf, je sais. Glóin m'a parlé de sa femme et de sa longue barbe toute la journée. C'est pour ça que je me demande pourquoi il ne veut pas que j'entende une histoire sur son épouse lorsqu'il n'a pas cessé de m'en parler, répondit Bilbon avec humeur.
-Oh, mais c'est une histoire tout à fait privée, informa Gandalf qui vit Bilbon être de nouveau perplexe alors qu'il se rappelait des sourires complices de Nori et de ses paroles mystérieuses avant de prendre un air scandalisé alors qu'il comprenait enfin ce qui se passait. Oui, mon cher, ce genre d'histoire.
-Glóin n'a quand même pas pu demander... Mais c'est son épouse ! Ori n'est pas en train de..., s'exclama Bilbon, choqué alors que Dwalin se retournait vers lui en faisant chut pour se concentrer de nouveau sur le scribe qu'il écoutait avec admiration.
-Ce n'est pas vraiment son épouse, Bilbon. Ori ne la connaît même pas, pas de cette façon en tout cas. Ce n'est qu'une histoire inventée, un divertissement amusant et inoffensif, expliqua Gandalf en tentant d'apaiser le hobbit. Après tout, c'est la principale raison pour laquelle Thorin l'a engagé.
-Mais... mais c'est scandaleux ! s'écria Bilbon, ce qui lui valut un nouveau chut de la part de de Dwalin.
-Peut-être que ça l'est dans la Comté, accorda Gandalf. Toutefois, j'ai vu qu'il y avait certains livres dans votre bibliothèque...
-Ce n'est pas la même chose ! s'exclama Bilbon en se disant que Dwalin pouvait bien lui dire chut si il veut, choqué que le magicien l'accuse d'une telle indécence. Ce n'est pas du tout pareil ! C'est... de la littérature. Et c'est privé ! Et... et... et je suis célibataire !
Dwalin ne fut pas le seul à jeter un regard noir au hobbit mais Bilbon les ignora royalement et partit fumer près des poneys. Après tout, pourquoi devrait-il rester écouter une histoire racontée dans une langue qu'il ne comprenait pas ?
Gandalf remarqua que le regard de Thorin était tourné vers Bilbon. L'héritier de Durin était sans doute en train de réfléchir à propos du semi homme. Eh bien, ces deux-là allaient devoir apprendre à respecter les différences qu'il y avait entre leurs peuples respectifs. Oui, ce sera très drôle à voir.
Le lendemain soir, Bilbon fit en sorte de se trouver loin du feu de camp après le dîner. Il était assis sur une grosse bûche et fumait tranquillement sa pipe, attendant que le divertissement de la nuit prenne fin pour pouvoir dormir en paix.
Bofur et Nori brisèrent ses espoirs quand ils vinrent le prendre par les deux bras pour le forcer à s'asseoir devant le feu. Alors, et seulement alors, Ori commença à parler.
-Ce soir, j'ai choisi la demande de Nori.
Quelques nains applaudirent. Apparemment, Nori était réputé pour choisir de bons sujets d'histoire. Bilbon se tortilla, gêné : il aurait préféré qu'Ori raconte l'histoire en khuzdul.
-Ce sera un peu explicite. Je dis ça juste pour être sûr de n'offenser personne mais ce sera une histoire assez drôle et un peu piquante, déclara Ori en offrant un sourire d'excuse à Bilbon. Il y aura de la violence mais aucun moment intime.
Bilbon tenta de s'enfuir avant le début de l'histoire mais deux paires de mains le maintinrent en place. Puis Ori commença.
La nuit était froide, surtout à l'intérieur de la montagne. Et c'était pire dans les bas quartiers des Ered Luin. Notre héros se promenait dans le quartier rouge.
Bilbon ne fut pas le seul à se raidir face au nom du quartier. Dori fixa Nori et secoua la tête en signe d'incrédulité.
Il était interdit d'entrée dans la plupart des bars à hôtesses. Il se rendit donc dans son bar préféré : Le Joyeux Marteau.
-Oh, je t'en prie, Dori, je ne lui ai jamais dit ça ! C'est lui qui a inventé le nom ! se défendit Nori en levant les mains en l'air face au regard désapprobateur de son frère aîné avant de se tourner vers le jeune scribe. Mais c'est un bon nom, mon frère.
-Ferme-là et laisse le môme continuer ! grogna Dwalin.
Bilbon sourit en voyant l'échange des deux frères. D'une certaine façon, c'était assez drôle que Dori s'inquiète de la bienséance alors que son petit frère était sur le point de raconter une histoire qui était une véritable atteinte à la pudeur.
Mais l'histoire se révéla être plus drôle et moins osée que ce à quoi il s'attendait. Il y avait beaucoup d'action où Nori se battait contre des gardes avant de prendre la fuite. Cette partie ennuya sensiblement Dwalin. Mais fidèle à sa parole, le scribe décrivit quelques scènes épicées mais pas trop explicites où Nori embrassait passionnément quelques prostituées qu'il tatônnait un peu.
Bilbon ne fut pas déçu que les scènes osées restent un peu vagues. Ou en tout cas, c'est ce qu'il essaya de se dire.
La quête n'était pas aussi terrible que Bilbon le craignait, en tout cas quand ils n'étaient pas sous des pluies diluviennes ou quand d'agaçantes petites pierres entraient dans son sac de couchage.
Les principes de Bilbon l'obligeaient à garder son premier avis sur le divertissement nocturne des nains, même si il était de plus en plus désireux d'écouter d'autres histoires à mesure que les jours passaient. Il avait appris que, comme lors de la soirée à son domicile, on pouvait demander plusieurs types d'histoires : des récits d'aventure, des histoires de famille ou même des histoires qui faisaient peur. Mais la plupart des nuits, quelqu'un rappelait à Ori une histoire demandée précédemment et le scribe, toujours aimable, ajoutait une petite histoire suggestive au programme du soir. Habituellement, Bilbon se trouvait déjà dans son sac de couchage à ce moment-là, un petit sourire honteux sur les lèvres.
Bilbon en vint finalement à admirer Ori. Le jeune nain était vraiment un scribe hors pair : pour satisfaire son public, Bilbon avait même été témoin qu'Ori avait retranscrit une histoire qu'Oin avait demandé à cause de la surdité du vieux nain. Mais il était capable d'inventer des histoires très rapidement et savait parfaitement tracer la base d'un récit et improviser en quelques secondes. Le jour, cependant, Ori était un nain extrêmement timide qui rougissait à la moindre louange.
Un jour, après avoir monté le camp, Bofur aborda le scribe pour lui demander une histoire. Bilbon, qui était proche du mineur comme à son habitude, pouvait entendre ce qu'il disait.
-Hé mon gars, j'ai une demande pour mon frère. Il avait une amie dans les Ered Luin avant de rencontrer sa femme. Elle était aussi grosse que Bombur l'est maintenant, si ce n'est plus. Je sais qu'il aimerait se souvenir de ces moments agréables..., déclara Bofur d'un ton amusé.
-Ok, je vais y réfléchir, accepta Ori avant de rejoindre son frère aîné pour l'aider avec leurs sacs de couchage.
-Je ne sais pas si vous avez eu raison de faire ça, Bofur, intervint Bilbon, une fois qu'ils furent seuls. Bombur est assez timide d'après ce que j'ai compris.
-C'est bien pour ça que c'est moi qui l'ai demandé à Ori. Bombur n'aurait jamais osé le faire, vous savez, répondit Bofur, toujours souriant.
-Je ne pense pas qu'il va apprécier entendre parler de... ça. Les autres vont penser... qu'il a vraiment fait quelque chose d'inconvenant avec cette dame..., déclara Bilbon, embarrassé.
-Et il a fait quelque chose, en effet ! Cette jeune naine était si fougueuse qu'à chaque fois que mon frère rentrait à la maison la nuit avec...
-Mais, mais ... ils n'étaient pas mariés ! s'écria Bilbon qui était tellement scandalisé qu'il ne se rendait me^me pas compte qu'il était sur le point de révéler un détail révélateur avec cette phrase.
-Et où est le problème, mon gars ? La plupart des nains ne se marient pas avant leur centième anniversaire et certains ne se marient jamais, compte tenu du faible nombre de naines, expliqua Bofur en remarquant à quel point les joues de Bilbon avaient rosi. Les hobbits n'ont pas de rapport sexuel avant le mariage ?
Le visage de Bilbon était de plus en plus rouge. Bien qu'il connaissait la réponse à la question qu'il allait poser pour en avoir discuté avec le hobbit, Bofur demanda :
-Vous êtes seul, Bilbon ?
-C'est juste que... ce n'est pas bien, répondit Bilbon en regardant le sol avant de regarder à nouveau Bofur qui était bouche bée et inhabituellement calme et le hobbit se dit que pour la première fois, il avait réussi à faire taire le nain. Je vais... je vais aller aider Bombur avec le dîner.
Il a fallu beaucoup de temps à Bofur pour retrouver ses esprits. Pour les nains, la virginité était un sujet particulier : c'était le début d'une des rares joies de la vie. Quand un nain trouvait son Unique, le couple restait toujours fidèle et ne cherchait pas à entamer une liaison. Mais jusqu'à ce jour, les nains profitaient de toutes les joies que la vie pouvait offrir. C'était la raison pour laquelle ils n'attendaient d'avoir trouvé le bon partenaire pour consommer une union, sans quoi leurs longues se retrouveraient être bien solitaires dans de nombreux cas tant qu'il ne trouvait pas leur véritable âme soeur.
Bofur se demanda un instant ce qu'il ressentirait si il devait diriger le rite de passage de Bilbon. Le nain en était venu à se soucier du hobbit au menton lisse. Bofur appréciait son caractère aimable et ses goûts casaniers. Même avec les manières étranges du peuple de Bilbon, celui-çi essayait toujours de comprendre les blagues de Bofur et ses commentaires joyeux, même si parfois son sourire pouvait être réprobateur.
Il se leva et se dirigea d'un pas déterminé vers Ori.
-Hé mon gars, j'ai une autre demande. Elle n'est pas pour moi non plus. C'est Bilbon, tu sais comment il est chaque soir, il est tout rouge. Je pensais que si tu pouvais raconter une histoire pour lui... pas trop osée, quelque chose de léger. Et... il l'accepterait mieux si il était associé à quelqu'un en qui il a confiance... comme moi. Tu sais, on parle beaucoup lui et moi et on monte souvent ensemble. Il met son sac de couchage près de celui de ma famille.
Ori hocha la tête avec un petit sourire entendu. Dori vit les joues de son frère rougir et les rejoignit, sachant à quel point son frère était timide quand il n'était plongé dans l'invention de ses histoires.
-Cette nuit, il est temps que nous ayons un nouveau chapitre du Nain des Ered Luin, le Briseur de Coeurs, intervint Dori.
Ori avait créé une saga faisant l'éloge de la beauté de son frère qu'il avait commencé avant que la Compagnie n'arrive dans la Comté.
-Ce n'est pas pressé, prends le temps d'y penser, mon gars, assura Bofur avec son sourire habituel.
Puis il alla aider son frère à préparer le dîner et il ne put s'empêcher de lorgner Bilbon.
Cette nuit-là il n'y eut pas d'histoire ni pour Dori ni pour Bofur. La seule aventure qu'il y eut ce soir-là arriva dans la vraie vie. Un conte effrayant avec des trolls, des orques et même un magicien fou qui voyageait avec un traîneau tiré par des lapins. Des lapins de Rhosgobel.
La nuit suivante, à Fondcombe, Bilbon fut le seul à accepter la chambre que les elfes leur offraient. Il n'allait pas refuser un lit bien moelleux quand il était si gentiment offert, surtout après avoir passé plusieurs nuits sous de maudits rochers. Thorin et Gandalf dînèrent à la table du Seigneur Elrond. Le reste de la Compagnie s'assembla autour du feu qu'ils avaient allumé à l'aide de meubles elfiques.
-Racontes-nous une histoire, Ori ! demanda joyeusement Nori. Mettons un peu de joie à ce lieu sinistre.
-Ouais ! hurlèrent plusieurs nains tandis que le reste approuvait en rugissant.
-Eh bien, je pense que c'est le bon moment pour moi de répondre à plusieurs demandes que certains d'entre vous m'ont fait au sujet de notre cambrioleur.
Cette dernière phrase ennuya Bofur. Combien avaient demandé une histoire avec Bilbon ? se demanda-t-il. Il pensait être le seul à avoir eu cette idée. C'est moi son meilleur ami, se dit-il, submergé d'un sentiment possessif et irrité.
-Mon frère est si intelligent. Il a choisi le premier soir où le prude Monsieur Sacquet n'est pas avec nous ! s'exclama Nori d'une voix moqueuse.
Bofur se sentit vexé au nom de son ami mais il resta silencieux, ne voulant pas vendre la mèche et trahir le secret de Bilbon. Surtout parce que, si Nori et les autres apprenaient que le hobbit était vierge, tous demanderaient plus d'histoires à son sujet. Sans doute que même l'un d'entre eux tenterait quelque chose auprès de lui. Et Bofur n'aimait pas cette idée, mais alors pas du tout.
-Ouais, Ori est très intelligent, convint Dwalin. Il n'aurait pas pu choisir de meilleur moment. Même Thorin n'est pas là et nous savons tous à quel point il apprécie le semi homme.
Quelques rires et sifflements prouvèrent que la Compagnie savait très bien le mépris que Bilbon inspirait à leur chef. Seul Balin resta silencieux. Il était le plus proche de Thorin et savait ce que ces regards voulaient réellement dire. Si Thorin le méprisait vraiment, il ne lui prêterait aucune attention, il se contenterait de l'ignorer.
-Donc, cette histoire est un solo, informa Ori, ce qui valut un bon nombre de plaintes de la part de ses camarades jusqu'à ce que Dwalin leur fasse un geste grossier pour les enjoindre à se taire, donnant une chance à Ori de s'expliquer. Je pensais qu'ainsi, je respecterai les principes de Bilbon. De plus, je ne connais toujours pas l'anatomie exacte d'un hobbit. Demain, je demanderai au Seigneur Elrond l'accès à sa bibliothèque.
-Tu n'as qu'à partager les bains avec Bilbon demain. C'est bien mieux que de demander une faveur à un elfe. Bien sûr, seulement dans un but scientifique, intervint Dori, toujours soucier de préserver la vertu de son jeune frère.
-Ou tu pourrais demander à Bofur ! ajouta Nori avec un sourire sarcastique. C'est lui qui a partagé les bains avec le hobbit, aujourd'hui.
Pour une fois, Bofur ne souriait pas. Surtout parce que, bien qu'il ait effectivement partagé les grands bains elfiques avec Bilbon, le discret hobbit avait réussi à ne dévoiler que d'infimes parties de son corps pur.
-C'est pas ton problème qui se baigne avec qui, grogna Dwalin en fusillant le voleur du regard.
Le sourire de Nori s'élargit encore plus car il savait bien avec qui le grand guerrier aimerait se baigner. Mais cela n'arriverait pas tant que lui et Dori auraient leur mot à dire.
-Bien, maintenant je vais commencer, annonça le scribe, ce qui eut pour effet de calmer la Compagnie qui n'appréciait guère l'environnement froid et hostile dans lequel ils se trouvaient.
Bilbon Sacquet regrettait beaucoup de choses de sa maison, surtout ses mouchoirs qu'il tenait comme à la prunelle de ses yeux.
Quelques rires se firent entendre chez les nains face à cette petite note amusante.
Un soir, alors qu'il faisait sombre et qu'il était parti se soulager dans la forêt, il réalisa à quel point sa vie privée lui manquait.
-Moi, je veux bien l'aider à se soulager en privé ! s'écria Nori qui reçut une gifle sur la nuque de la part de son frère aîné avec l'approbation silencieuse de Bofur.
Une semaine sans être seul, une semaine sans aller voir les jeunes filles hobbites du bordel de Bree.
-Mais non, mon frère ! Notre célibataire endurci n'irait pas voir les cocottes de Bree ! Il préférerait un mec, crois-en l'expérience de ton grand... Hé ! se plaignit Nori en recevant une nouvelle claque.
-Tu vas laisser Ori raconter son histoire ou est-ce que je vais devoir te bâillonner ? prévint Dori d'un ton menaçant.
Nori souffla mais garda son sourire filou.
Après ces pensées alléchantes, il ne pouvait pas ranger immédiatement son sexe de hobbit dans son pantalon qui avait commencé à réagir lorsque son esprit avait commencé à dériver. Bilbon jeta un coup d'oeil à gauche puis à droite et se caressa juste un peu. La peur d'être pris était si forte. Il pressa son dos contre un arbre et se força à rester vigilant et à ne pas fermer les yeux. Mais ce ne fut pas facile quand il reprit les mouvements de sa main. Il se mordit la lèvre pour faire taire un gémissement qui tentait de s'échapper de sa gorge.
Alors que Ori décrivait comment le hobbit se donnait du plaisir, Bofur ne put s'empêcher d'imaginer ce que le vrai Bilbon penserait dans une telle situation. Se toucher en public alors que personne ne l'avait touché avant. Bilbon se sentirait si nerveux, si sale... Bofur était rouge. Il abattit légèrement son chapeau pour que celui-çi cache partiellement son visage. Mais personne ne faisait attention à lui : en fait, ses joues n'étaient pas les seules à avoir rougies. Il continua donc à s'imaginer sa propre histoire. Il se voyait dans la forêt avec Bilbon. Il n'était pas aussi bon conteur qu'Ori mais il pouvait facilement imaginer le visage du hobbit lorsqu'il remarquerait sa présence. Il rougirait furieusement, honteux et tremblant, sa virilité se balançant dans sa main. Alors... alors peut-être qu'en voyant que c'était lui, Bofur, son cher ami... Bilbon se détendrait. Un peu. Juste assez pour qu'il le laisse s'approcher, plus près de son corps et Bofur pourrait...
-Je vais continuer avec un nouveau chapitre du Nain des Ered Luin, le Briseur de Coeurs, déclara Ori.
Bofur fronça les sourcils : il n'arrivait pas à croire qu'il s'était perdu dans ses pensées au point de manquer la fin de l'histoire. Mais après, il vit Thorin. Bien sûr, leur chef avait refusé d'en entendre plus sur le cambrioleur. Et maintenant, ils devaient subir d'innombrables louanges sur Dori.
Eh bien, il préférait se perdre dans son imagination où un corps intact n'attendait que lui.
La Compagnie resta à Fondcombe pendant plusieurs jours en attendant que la lune ait la bonne forme pour que le Seigneur Elrond puisse lire les runes lunaires. Un soir, Ori décida d'aider Bilbon à mieux s'intégrer dans la Compagnie.
-Maître Bilbon, vous ne voulez pas une histoire vous aussi ? proposa le jeune scribe de son ton le plus poli tandis que la Compagnie se taisait autour d'eux, écoutant avec attention et curiosité. Vous êtes le seul qui ne m'en ait pas demandé.
-Eh bien, puisque vous me le proposez si gentiment, il y a une histoire que je serais ravi d'écouter. Vous êtes scribe, n'est-ce pas ? Vous devez connaître beaucoup de contes. Comme nous sommes à Fondcombe, pourriez-vous nous raconter le lai de Beren et Luthien Tinúviel ?
Soudain, tous les nains devinrent subitement calmes. Aucune plainte ne se fit entendre. La plupart d'entre eux étaient bouche bée.
-Je ne peux pas... ce serait un sacri... c'est sur les elf... je ne connais pas bien cette histoire, finit par dire le scribe.
Son contrat ne stipulait que trois grandes règles :
I. Toutes les relations sexuelles devaient être consentantes.
II. Tous les personnages devaient être majeurs.
III. Aucun elfe à moins qu'ils n'aient le mauvais rôle.
-Oh, soupira Bilbon, déçu. Alors je...
-Si vous voulez une épopée, coupa Thorin. Vous pouvez écouter le Premier Conte des Khazâd : le conte de Farin et Dim.
Ori s'inclina légèrement devant leur chef en acquiesçant. Il se rappela rapidement de l'histoire. Ce conte était très célèbre même parmi les nains qui ne l'avaient pas lu mais il voulait faire bonne impression. Surtout parce que ce n'était que la deuxième histoire que Thorin lui demandait : la première avait été la prise d'Erebor qu'il avait raconté chez Maître Bilbon.
Au Premier Age, les Monts de Fer étaient habitées par les Longues Barbes, commença le jeune scribe en inclinant légèrement la tête vers Thorin et ses neveux. Ils vivaient paisiblement malgré les attaques d'Angband qui se trouvait non loin de là. Mais ils connaissaient leurs propres conflits à l'intérieur de la montagne. De nombreuses générations du peuple de Durin avaient épousé des naines Barbes en Feu, un peuple qui avait été exilé depuis un âge ancestral. Depuis ce jour, tous ceux qui contractaient une union indigne étaient dépouillés du nom de Durin ainsi que tous leurs descendants.
Ori jeta un coup d'oeil à son frère aîné qui avait été le premier à lui raconter cette histoire quand il était enfant. Dori lui avait expliqué que l'histoire de leur famille avait une triste consonance avec celle de Dim.
Les deux familles rivales n'oublièrent jamais leur rivalité : les Longues Barbes n'acceptèrent jamais que certains s'abaissent à s'unir à un peuple dont le Père était tombé et les Barbes en Feu ne pardonnèrent jamais le mépris dont leur famille était victime. Les affrontements entre les deux familles étaient habituels et violents mais, heureusement pour les nains des Monts de Fer, les Longues Barbes et les descendants des Barbes en Feu attendaient souvent que le grand tournoi ait lieu pour faire renaître leur vieille rancune. Chaque année, un représentant de chaque famille s'affrontait dans un combat très attendu qui attirait un bon nombre de spectateurs, et pas seulement les deux familles. Cette année-là, le duel promettait d'être particulièrement spectaculaire. Farin, le neveu du Seigneur des Monts de Fer, était un nain malingre qui préférait les livres aux haches.
Ori eut un petit rire après cette dernière phrase mais tout le monde était tellement plongé dans l'histoire qu'il n'y eut ni rire ni commentaire. Seul Dwalin, assis à ses côtés, lui donna un petit coup à l'épaule. Ori rougit et hésita en reprenant son récit.
Son adversaire était... Dim, un nain fort et bien bâti. Il avait quarante ans, le même âge que Farin mais il était plus grand et plus large que lui. En dépit de sa corpulence, ses mouvements étaient souples et rapides. Il semblait être né pour être guerrier. Sa hache était immense et il réussit à désarmer Farin d'un seul coup en faisant une feinte et lui prit son épée. La foule était en liesse. Ce n'était pas tous les jours qu'un Barbe en Feu avait l'occasion d'humilier un Longue deux familles s'insultaient à travers les gradins. Heureusement, les arbitres avaient appris à séparer une foule après un affrontement qui se révélait tragique. Soudain, il y eut un silence de mort. Dim avait rendu son épée à Farin. Personne n'offrait de seconde chance à un adversaire, encore moins entre un Longue Barbe et un Barbe en Feu. C'était tout simplement impensable ! L'acte de Dim, fait en toute bonne volonté, lui fit perdre son avantage et la lutte reprit à zéro. Le second tour commença. La foule put observer un bon combat mais qui était loin d'être aussi vicieux que ce à quoi ils s'attendaient. Dim était peut-être plus fort mais Farin était un excellent stratège et le plus important, tous deux restaient loyaux et fair-play. Finalement, Farin réussit à acculer Dim à l'aide d'une bonne tactique. Le grand nain fut donc désarmé mais Farin savait qu'il pouvait toujours le vaincre par la force, il fit donc la même chose qu'avait fait Dim lors du premier tour. La foule poussa des rugissements d'indignation cette fois-çi dirigés contre les deux combattants.
-C'est la première fois que je vois ma famille et la vôtre avoir une cause commune, remarqua Farin en tendant la main à son adversaire pour l'aider à se relever.
Dim, qui parlait très peu car il était aussi timide qu'il était grand, lui offrit simplement un sourire timide. Et cela suffit pour faire naître une amitié qui dura éternellement. Ils prirent l'habitude de se voir secrètement en dehors de la montagne. Parfois, ils jouaient dans la rivière Deaurouge, parfois ils se contentaient de parler. Ils partageaient leurs connaissances : Farin avec ses livres et Dim avec ses armes. Ils grandirent ensemble, indifférents à la vieille querelle qui opposait leurs deux familles. Jusqu'au jour où Azaghâl, le roi de Belegost, vint demander l'aide des nains des Monts de Fer avant la bataille des Larmes Innombrables. Le Seigneur des Monts de Fer vint à son secours en lui envoyant ses meilleurs guerriers dans l'espoir de mettre enfin un terme à la menace que représentait Morgoth. Dim en faisait partie. Farin était si angoissé qu'il supplia son oncle de le laisser partir avec la petite armée de nains mais le Seigneur refusa, sachant que les seules capacités de son neveu était son esprit et non pas ses capacités physiques. Farin était dévasté à l'idée de voir son meilleur ami s'en aller en guerre contre un ennemi farouche et cruel. Dim tenta de le rassurer, alors qu'il n'était pas sûr lui-même de revenir. Venant d'une famille pauvre, Dim n'avait pas beaucoup à offrir. Toutefois, il offrit son bien le plus précieux à Farin : un petit rubis que sa mère lui avait donné dans l'espoir qu'il puisse un jour le confier à sa bien-aimée pour lui faire la cour. Dim savait qu'il n'aimerait jamais aucune naine. Farin garda précieusement la petite pierre qui devint rapidement son bijou préféré bien qu'il en ait de plus gros et de plus coûteux. Quelques jours plus tard, la petite armée revint, décimée. Azaghâl avait été tué par le Dragon Glaurung bien que le roi nain ait réussi à poignarder la bête dans l'estomac. Dim était introuvable. Farin était si dévasté par le chagrin qu'il se rendit dans les niveaux inférieurs où se trouvait les Barbes en Feu. Ces derniers furent très étonnés de voir un Longue Barbe demander après l'un d'eux mais la douleur qui tordait son visage était si sincère qu'ils eurent pitié de lui et répondirent à sa question. L'annonce fut très dure à entendre : Dim n'était pas revenu depuis le Dagor Nirnaeth Arnoediad. Il n'était pas mort mais sa famille avait perdu tout espoir : personne ne revenait des prisons d'Angband. Mais Farin était un nain instruit et il connaissait le sindarin. Il se souvint que, six ans auparavant, une elfe s'était rendue au coeur d'Angband pour sauver son amant homme. Il demanda donc l'aide de son oncle et lui révéla l'amitié qu'il entretenait avec un Barbe en Feu. Il lui parla même de l'histoire de Beren et Luthien, ce qui ne fit qu'augmenter la fureur de son oncle. Farin prit alors le petit rubis et demanda à un forgeron d'incruster la pierre dans le pommeau de son épée. Et avec cette seule arme, il partit à la recherche de son ami. Il n'était peut-être pas un elfe mais Dim n'était pas un homme, c'était un nain, un nain fort qui pouvait supporter un grand nombre de douleurs. Son ami était un prisonnier de peu d'importance, il devait donc se trouver dans une partie de la forteresse peu sécurisée. Ainsi, Farin put le retrouver sans faire de rencontre indésirable. Dim était inconscient et grièvement blessé mais Farin était si heureux qu'il réussit à le réveiller avec leur premier baiser.
À ce moment, Bilbon, qui était en larmes, s'était blotti contre Bofu. Mais ce baiser le prit de court. N'étaient-ils pas deux nains mâles ? Peut-être s'était-il trompé, après tout, les naines aussi portaient la barbe.
Farin sentit Dim sourire contre ses lèvres.
-Suis-je mort ? demanda le guerrier qui s'imaginait déjà dans les salles de Mahal avec la seule chose qu'il avait voulu toute sa vie : l'amour de son Longue Barbe.
Bilbon était choqué. Il savait qu'il y avait de nombreuses différences culturelles entre les hobbits et les nains mais grâce aux histoires d'Ori, il découvrit qu'il y en avait encore plus qu'il le croyait. Mais c'était... un tabou dans la Comté. Il ne put s'empêcher de demander à Bofur :
-Farin et Dim... c'était... c'était deux nains ? Je veux dire... ce n'était pas des naines...
-Oui, c'était deux nains. Deux nains amoureux, répondit Bofur avec sa gentillesse coutumière qui avait attendu qu'Ori raconte une histoire homosexuelle dans l'espoir de découvrir les goûts de Bilbon et posa sa main sur celle du hobbit.
-Les contes de des nains ne sont pas aussi épiques que ceux des elfes, cambrioleur ? questionna Thorin d'une voix orageuse.
Bilbon rougit honteusement mais ne dit rien, trop offensé par cette remarque cinglante alors que les autres ne se gênaient pas pour parler bruyamment. Bilbon donna un regard d'excuse à Ori pour avoir interrompu son histoire. Le scribe lui sourit et continua.
Il était midi quand ils arrivèrent aux Monts de Fer. Son oncle avait été si inquiet qu'il accueillit Farin avec bonheur et soulagement. Les Barbes en Feu remercièrent chaleureusement Farin et l'accueillirent dans leur famille quand ils comprirent qu'ils étaient plus qu'amis car Farin refusait de s'éloigner de Dim. Le Seigneur des Monts de Fer leur offrit sa bénédiction, un amour qui lia finalement les deux familles en une seule. Et voilà comment Farin et Dim devinrent nos Beren et Luthien.
Ori sourit affectueusement à Bilbon.
Cette fois, il n'y eut pas de cris ou d'applaudissements. Certains accostèrent le scribe pour le complimenter ou tout simplement lui donner une tape amicale sur l'épauel. Le jeune nain était très fier de lui. Bilbon était trop choqué pour parler. Il resta près de Bofur qui lui laissa le temps de recouvrer son sang-froid.
-Ils auraient été rejetés. Vous savez, mon peuple, dans la Comté, il ne les aurait jamais accueilli. Ces... choses-là ne sont pas tolérées, dit Bilbon d'une voix triste.
-Cette chose dont vous parlez, c'est l'amour, Bilbon ? Ils ne respectent pas cela ?
-Non, ça ne marche pas comme ça chez les hobbits. Soit on épouse une hobbite soit on reste seul. Parfois... parfois, deux amis quittent la Comté pour aller vivre ensemble à Bree. Mais ils ne rentrent plus jamais chez eux, même pas pour rendre visite à leur famille.
-Et vous n'avez pas épousé de jeune fille hobbite ?
-Non, convint Bilbon en regardant Bofur.
-Bilbon...
-Bofur, premier tour de garde, interrompit une voix basse.
-Tour de garde ? Mais... ici ? demanda Bofur en fronçant les sourcils.
-Surtout ici. Et vous, Maître Sacquet, vous feriez mieux d'aller profiter de votre lit douillet. Il vous manquera bien assez tôt.
-Bonne nuit, Bofur, dit-il en soupirant et en se levant, fatigué que Thorin ne cesse de lui faire ce genre de remarque blessante.
Lorsqu'il atteignit sa chambre, il vit Balin devant sa porte qui semblait l'attendre.
-Bonne nuit, Balin.
-Oui, oui, il fait bon. Ne vous occupez pas Thorin, mon gars, déclara Balin en essayant de prendre la défense de son roi.
-Ne vous inquiétez pas, Balin. Je sais bien à quel point il me méprise, répondit Bilbon d'un ton résigné mais triste.
-Ce n'est pas vrai. C'est juste qu'il n'a pas eu une vie facile...
Bilbon écouta une autre histoire cette nuit-là : comment Thorin était devenu Thorin.
